Rico972 Grioonaute
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Posté le: Sam 30 Avr 2005 18:46 Sujet du message: Lettre ouverte à Monsieur Julien DRAY |
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à Monsieur Julien DRAY,
Député de l’Essonne, Conseiller régional d’Ile-de-France, responsable de la jeunesse au sein du Conseil régional d'Ile-de-France
Monsieur, sur votre blog dédié à la jeunesse française, vous commentez les récentes déclarations de l’humoriste Dieudonné (« pornographie mémorielle… »). Notre but n’est pas ici de prendre la défense de l’une ou l’autre des parties.
Cependant vous dites : « On ne peut pas comparer la traite des Noirs et la Shoah, ça n'a aucun sens d'établir un palmarès de la souffrance, aucune souffrance n’est comparable à une autre. Certes, il est scandaleux que la France, comme la plupart des pays occidentaux, ait mal reconnu sa dette à l’égard du continent africain. Mais la Shoah est un moment particulier de l'histoire de l'humanité. »
Qu’entendez-vous par « moment particulier » ?
Selon le dictionnaire de l’Académie Française, particulier désigne un fait ou une chose qui est à part, singulier.
Il est vrai que l’on peut établir quelques différences entre la Shoah et la traite négrière. En effet, l’un a duré environ 4 siècles et l’autre 6 ans, l’un était basé sur des discriminations raciales et l’autre religieuses, l’un a permis d’accroître sérieusement les richesses de tout un continent au détriment d’un autre, donnant lieu aux prémices du déséquilibre de l’ordre économique mondial actuel tandis que l’autre n’as permis qu’à un infime groupe d’individus de s’accaparer des richesses d’une communauté, richesses qui leur ont d’ailleurs été en quasi-totalité rendues. L’un a causé la mort de près de 200 millions d’être humains et l’autre celle de 6 millions.
Cependant en disant que « la Shoah est un évènement particulier de l’histoire » ne participer vous pas à créer un palmarès entre ces évènements, qui n’a de toute façon pas lieu d’être vu les chiffres qui sont assez éloquents.
Qu’entendiez-vous donc par « particulier » ? Si la différence ne peut s’établir au niveau des chiffres, s’effectue-t-elle, alors, au niveau de la qualité des personnes qu’elle a impliquées ? La mort de 6 millions de juifs est-elle donc plus « particulière » que celle de 200 millions d’africains ?
Votre intervention, Monsieur, révèle bien que malgré les efforts consentis par certaines personnes afin d’informer le public sur cette longue période de l’histoire, volontairement oubliée, il subsiste un grave problème de reconnaissance chez certains. Par de tels propos, vous nous montrez donc que vous en faites partie.
Je crois alors qu’il est nécessaire qu’il y ait des personnes médiatisées qui permettent, par leurs propos, de révéler l’inconscient collectif français dans lequel la Shoah est plus « particulier » que la traite négrière. Cette idée omniprésente a été le fruit du travail d’oubli et de dédramatisation commandité par les plus hautes instances de l’Etat français depuis l’abolition de l’esclavage.
Monsieur, élu du peuple, vous êtes donc la vitrine de ses idées. On comprend donc le malaise qui subsiste dans la mémoire collective. Nous vous remercions de les mettre au grand jour. Votre intervention justifie donc du long et lourd travail de mémoire qui reste à effectuer.
Bon courage !
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