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Les Oubliés Papous et autres!

 
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GrandKrao
Bon posteur


Inscrit le: 17 Fév 2005
Messages: 889

MessagePosté le: Dim 24 Juil 2005 12:09    Sujet du message: Les Oubliés Papous et autres! Répondre en citant

J'ai retrouvé un article qui ,parle de personnes noirs souvent oublié quand on parle de racisme ou de ségrégation, sûrement du au fait qu'ils ont dans un pays du tiers monde, lui même colonisé et que certains dans les média voir même que les personnes lamda ont du mal à critiquer: l'indonésie, c'est vrai qu'il est plus facile de l'ouvrir quand il s'agit de l'occident, à moins que l'on considère qu'il n'ya pas de racisme derrière les mauvais traitements que subissent les papous!
Il ya sûrement d'autres peuples noirs dans le monde qui souffrent dans le silence des communautés ou de la communauté noire(s), qui ont su faire se faire entendre sur les situations en afrique et dans les amériques!

Voici l'extrait de l'article,donnez votre avis et les informations que vous avez sur la situation des papous, et voyons à quel niveau nous pouvons nous agir pour eux!


"EN Indonésie, le régime autoritaire du général Suharto vient de traverser sa crise la plus grave en trente ans avec les émeutes dont la capitale, Djakarta, a été le théâtre fin juillet. Le pouvoir continue de jouer sur la peur du communisme pour refuser toute ouverture du système politique. Depuis les récents troubles, les arrestations d’opposants se multiplient. Le régime refuse toute avancée vers la démocratie tandis que, dans l’Irian Jaya, l’armée continue d’imposer sa loi à la population papoue.

Par Philippe Pataud-Celeriez
Journaliste.


« Dari mana, Tuan ? » (De quel pays es-tu ?). Rituelle pour tout étranger voyageant en Indonésie, la question prend un accent inhabituel en Irian Jaya, lorsqu’elle est retournée au curieux. L’Indonésien, d’abord surpris, hésite quelques secondes est-il Irianais ? puis décline avec fierté sa véritable origine : « Dari Java, dari Sulawesi, dari Sumatra, dari Moluccas ! » (De Java, des Célèbes, de Sumatra, des Moluques, selon l’origine). Le mal papou tient à ces quelques syllabes. Ancienne colonie néerlandaise, la Nouvelle-Guinée occidentale a été rattachée à l’Indonésie en 1969, après un référendum auprès d’un millier de Papous sur une population de 1 million de personnes choisis pour leur complaisance à l’égard du gouvernement de Djakarta (1). Avec 20 % des terres de l’archipel indonésien (480 000 km2) et 25 % de ses ressources naturelles, mais moins de 1 % de ses 190 millions d’habitants, l’Irian Jaya, l’« Ouest victorieux », la « plus grande province de l’Indonésie » et aussi la moins développée, a très vite constitué un nouvel axe de développement économique et politique pour le régime du général-président Suharto (2). Dès le milieu des années 80, des dizaines de milliers de migrants faisaient route vers ce territoire grand comme la France, qui abrite la deuxième sylve tropicale du monde, un territoire fait de montagnes (le Punka Jaya culmine à 5 000 mètres), de forêts vierges et de marécages. Les rumeurs de cannibalisme trouvaient encore quelque écho dans l’imaginaire collectif, mais, grâce aux missionnaires « pacifiant » les quelque deux cent cinquante ethnies papoues et aux travaux engagés par les compagnies sylvicoles ou minières, ces régions étaient prometteuses de richesses (3). En 1993, on dénombrait 170 000 « transmigrants » officiels, essentiellement des paysans musulmans de Java. Soucieux d’alléger la pression démographique 65 % des 190 millions d’Indonésiens vivent à Java , le gouvernement accorde une maison, un lopin de terre ainsi qu’une provision de riz suffisante au colon et à sa famille pour une période d’un an. Les terrains distribués ont été pris aux autochtones en échange d’un peu d’alcool, d’un peu d’argent ou, dans les zones côtières, d’un vieux moteur de bateau. Ces migrants habitent une trentaine de camps, dont les plus importants, ceux de Kuper et de Kumbe, dans les basses terres du Sud, comptent respectivement 34 000 et 20 000 personnes. Hectare après hectare, ils « javanisent » l’Irian Jaya et s’enracinent avec leurs traditions culturelles. Le bol de riz se substitue à la patate douce. Les mosquées se reflètent dans les champs irrigués sous le regard parfois offusqué des Mélanésiens christianisés. Mais 700 000 autres nouveaux venus se sont emparés de l’économie irianaise. Aucune échoppe, nul restaurant ou hôtel n’échappe aux Makassars ou aux Bugis (Célèbes), aux Moluquois ou aux Javanais. Principaux producteurs et consommateurs de patates douces et de sagou (leurs deux aliments de base, selon qu’ils vivent à la montagne ou près des marécages), les Papous se trouvent ainsi évincés de tout circuit économique moderne. Le cochon, qui joue un rôle majeur dans la culture mélanésienne, est tabou chez les migrants musulmans. Les Papous n’ont donc rien à vendre ni à échanger : ils fuient la côte et se retirent à l’intérieur des terres. La population de Sorong, la ville la plus importante de l’Ouest, compte désormais moins de 20 % de Papous. Ceux qui restent, étrangers chez eux et vagabonds, s’évadent et s’étiolent dans les volutes d’alcools artisanaux. L’Eglise catholique, vieillissante, affaiblie par une politique gouvernementale exclusivement favorable aux musulmans, considérés comme dociles et travailleurs, observe, impuissante, ces dégâts. Il ne reste aux Papous que le tourisme, dernier espoir pour financer leur appétit de consommation. Car d’habiles commerçants indonésiens font miroiter les objets modernes du désir comme autant de nouveaux cultes du cargo ces mouvements millénaristes nés dans les sociétés océaniennes, qui attendent de leurs ancêtres le retour des richesses indûment prises par les Blancs. Or les nouvelles générations urbaines, privées de pouvoir d’achat, vivent en pleine frustration. Boire l’alcool des lampes à pétrole est le nouveau divertissement du soir. Les Papous en baskets et jeans toisent ceux dont l’abdomen reste barré d’un étui pénien. Et ceux qui « baragouinent » quelques mots d’anglais appris au contact des missionnaires ou des touristes dénigrent les Pygmées des montagnes, qui n’entendent rien au bahasa indonesia, la langue officielle indonésienne... Perché à 1 500 mètres, Wamena est un nouvel Eldorado touristique. Pas moins de huit avions acheminent quotidiennement visiteurs et marchandises de Jayapura. Derrière les vitres du petit aéroport, sous l’oeil méprisant des policiers, les Papous attendent les touristes qu’ils pourront accompagner pour une marche, occasion de monnayer leurs portraits photographiques et de pratiquer un commerce de pacotilles comme ces pierres, rutilantes reproductions de celles qui tranchaient autrefois les phalanges des femmes en deuil. L’information circule vite autour de Wamena. Beaucoup dévalent des montagnes pour gagner, en un jour, ce qu’ils n’auraient pu gagner en une vie. Les Indonésiens se frottent les mains. L’exotisme remplit les caisses. Et rien ne vaut le tourisme pour transformer de façon irréversible les structures sociales des peuples papous. La plupart des villages occupent des sites difficilement accessibles, délaissés par les policiers indonésiens. Le tourisme « blanc » est donc une aubaine pour les autorités qui, via les surat jalan (permis de circuler dans certaines zones) délivrés aux voyageurs, peuvent contrôler leur identité et surveiller ainsi les contacts avec les indigènes. Certains villages, desservis par un petit aérodrome, comptent un poste de police. Quelques fonctionnaires désoeuvrés examinent le document officiel, puis s’enquièrent de la qualité des accompagnateurs papous. Tête baissée, ceux-ci expliquent le but du voyage. Puis la marche reprend en compagnie de porteurs plus décontractés. Le pays est tellement vaste qu’avec la complicité des autochtones il est possible de circuler sans jamais rencontrer de policiers ni de militaires. Les Papous profitent de la compagnie de certains Blancs pour s’informer sur la situation de leur pays ou sur celle de leurs frères de Papouasie-Nouvelle-Guinée, Etat indépendant depuis 1975 (4). L’armée a toujours su préserver, par la violence, ses intérêts et ceux de ses chefs (5). Le zèle des généraux est à la hauteur des richesses extraordinaires de la région. Un zèle déployé jusqu’à l’excès, comme l’illustrent les déboires de la société minière Freeport Indonesia Company (FIC), monstre de puissance financière et technologique, dans la région de Timika, au sud-ouest de l’Irian Jaya. Filiale à 80 % du géant américain Freeport Mac Moran Copper & Gold (Nouvelle-Orléans), cette firme exploite la mine du Grasberg, à plus de 4 000 mètres, dans les rudes montagnes de Sudirman, après avoir arasé l’Erstberg voisin. Prodigieusement riche en argent et en cuivre, la mine permet aussi à la compagnie d’exploiter le plus gros gisement d’or du monde (6). Et Freeport rapporte des revenus colossaux à l’Etat indonésien : 275 millions de dollars de taxes en 1995 (7). Présente dans cette région depuis 1967, l’entreprise emploie ici quelque 17 000 personnes et a investi plus de 15 milliards de francs. Cette colonisation a spolié les Papous de leurs terres et les maintient dans un dénuement total. Un rapport accablant, mais demeuré confidentiel, de l’association écologique World Wide Fund (WWF) dénonçait, dès 1992, la pollution engendrée : 120 000 tonnes de déchets miniers déversés quotidiennement dans la rivière Ajkwe, près de 50 kilomètres carrés de forêt empoisonnés (Cool. Ainsi, quand les Amungmes et les Kamoros ne sont pas directement intoxiqués par les eaux du fleuve, ils sont guettés par la famine : les poissons et les sagoutiers (une variété de palmiers), base de leur nourriture, disparaissent. Ces montagnes, qu’ils décrivent comme des femmes aux seins nourriciers, ne produisent plus qu’un lait mortel. « Freeport creuse dans le cerveau de notre mère. C’est pourquoi nous résistons », déclare un chef amungme. Aux marches pacifiques, impulsées ou non par le Mouvement de libération de la Papouasie occidentale (9), l’armée indonésienne a répondu par une succession de violations des droits de l’homme. Le comble de la violence a été atteint le 31 mai 1995, avec l’assassinat pendant leurs prières, dans le village d’Hoae, de onze Amungmes, parmi lesquels quatre enfants et un pasteur protestant. L’Australian Council for Overseas Aid (10) avait déjà publié nombre de témoignages sur les exactions commises dans la région. Cette fois-ci, l’Eglise catholique (11) entend faire toute la lumière sur ces crimes. Preuves et récits sont accablants : hommes et femmes torturés dans les containers de l’entreprise Freeport, puis achevés à coups de pied dans la tête ou le ventre. Les arrestations arbitraires précèdent souvent des exécutions sommaires, sans parler des destructions systématiques d’habitations et de plantations. Le coupable, c’est notamment la division Pattimura, unité chargée de la sécurité de la société minière (12). Confirmés par la Commission nationale des droits de l’homme du gouvernement indonésien, ces rapports ont été communiqués à diverses organisations non gouvernementales internationales, qui ont intensifié les pressions sur la société Freeport. Non sans risque : la compagnie minière vient d’exiger de l’université Loyola de La Nouvelle-Orléans (Etats-Unis) le remboursement d’un don de 600 000 dollars. Freeport dément, sans rire, tout lien entre cette décision et les manifestations d’étudiants organisées devant le domicile de son président (13). Un conseiller très spécial : M. Kissinger POUR mettre fin à « ces faux procès qui lui sont faits », Freeport commandite, moyennant 500 000 dollars, un audit social, culturel et écologique de son site à deux sociétés américaines, AS Labat Anderson et Dames & Moore (14). Mais, fin 1995, l’Overseas Private Investment Corporation (OPIC), la compagnie d’assurances publique, partenaire de Freeport depuis vingt-cinq ans, annonce son refus de garantir la société contre tout risque écologique et politique, et ce pour un montant prévu de 100 millions de dollars. Affolé, le président de la maison mère, M. Jim Bob Moffett, va jusqu’à dépêcher à la Maison Blanche un influent (et onéreux) conseiller, l’ancien secrétaire d’Etat Henry Kissinger (15). Freeport débourse aussi plus de 1 million de dollars dans une nouvelle campagne clamant que des groupes économiques étrangers cherchent à « prendre une part du gâteau (16) ». Mais l’OPIC restera inébranlable. « A qui cela profite-t-il vraiment ? », demande ce missionnaire papou, loin des oreilles indiscrètes, au fin fond du district de Fak Fak. « Moins de huit cents Papous travaillent actuellement chez Freeport. Parce qu’on leur donne un casque et des bottes de caoutchouc pour des emplois non qualifiés, les voilà enfin intelligents ! » Et de conclure : « De toute façon, les Irianais seront bientôt des étrangers dans leur propre pays. » Le 9 mars 1996, à Tambagapura, une voiture de la mine renverse un indigène. L’accident déclenche une émeute, qui fait trois morts parmi les Papous. L’Eglise catholique ne cache plus son désarroi et redoute une multiplication de révoltes sanglantes. Une semaine plus tard, les événements lui donnent raison : un militaire et quatre civils meurent près de l’aéroport de Jayapura, dans un conflit entre forces de l’ordre et étudiants mélanésiens venus accueillir le corps d’un indépendantiste décédé de manière suspecte dans une prison de Djakarta. Depuis, c’est le silence. L’« Ouest victorieux » est de nouveau fermé aux étrangers, au grand dam des hôtels et agences touristiques de Wamena."
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