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Les origines africaines de la monnaie

 
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Soundjata Kéita
Super Posteur


Inscrit le: 06 Mai 2005
Messages: 1655
Localisation: Au sein de mon Empire

MessagePosté le: Jeu 28 Juil 2005 20:09    Sujet du message: Les origines africaines de la monnaie Répondre en citant

Les origines africaines de la monnaie.
L’INVENTION DE LA MONNAIE EN AFRIQUE PHARAONIQUE EST UNE THÉMATIQUE QUE LA JEUNESSE AFRICAINE, PASSIONNÉE PAR L’ÉCONOMIE ET LES ÉCHANGES INTERNATIONAUX, DEVRAIT CREUSER POUR MIEUX RECONSTRUIRE NOTRE MÉMOIRE HISTORIQUE ET VIVIFIER NOS HUMANITÉS CLASSIQUES AFRICAINES.

28 juillet 2005

par Jean-Philippe OMOTUNDE




Lorsqu’il s’agit d’aborder les thématiques de la comptabilité, de l’économie, de la fiscalité ou du droit, les manuels scolaires occidentaux distillés aux étudiants, font l’impasse sur les racines africaines de ces disciplines et ainsi maintiennent dans l’ombre, l’énorme progrès intellectuel accompli par les Africains de la période pharaonique. Et au vu de la période historique dont il est question (+- 2000 avant J. C.), il s’agit plutôt d’innovations.

Ainsi, la question de la monnaie et de son utilisation en Afrique ancienne reste prisonnière de cette approche eurocentriste de l’histoire d’où la nécessité pour nous, d’explorer cette question.





1- La perception culturelle des métaux précieux

Pour les Africains anciens, certains métaux avaient beaucoup plus de valeurs que les autres. C’est le cas par exemple, de l’or et de l’argent qui revêtaient une symbolique culturelle et spirituelle particulière.

En effet, si l’or représentait la « Chair » même des Divinités (chair lumineuse et scintillante révélée par les rayons du soleil) et des hommes justifiés par Maât [1], l’argent symbolisait lui, la robustesse des os de ces mêmes Divinités créées autrefois par le Dieu unique : Amon.

Ainsi, dans l’art pharaonique, il est très fréquent par exemple de voir les femmes peintes en jaune pour souligner leur aspect divin. Il s’agit en fait de la poudre d’or qui recouvre leur peau noire.

2- Transaction et monnaie en Afrique pharaonique

2.1- Généralités

Les Noirs de l’époque pharaonique désignaient globalement sous l’appellation « argent », tous les types de paiement. Ceux-ci étaient à l’époque, relativement divers (lingots d’or, pièce d’étoffes, cruche d’huile, sac de céréales, pain, etc...).

Chaque type de produit ayant une valeur propre et transactionnelle, il n’était pas rare de voir un débiteur régler sa dette à son créancier en combinant deux, trois voire plusieurs de ces moyens de paiement, selon un « dosage » précis pour parvenir au montant exact de la créance.

La documentation des anciens dévoile par exemple qu’une mesure (héqat) d’huile valait 2 sacs (khars) d’orge ou 3 khars de blé amidonnier.

Sous Ramsès II, 1 khar de céréales valait 0.48 litre d’huile tandis qu’un khar valait 76,88 litres divisible en 16 héqat de 4,80 litres ou 4 quadruples héqat (ou oipè) de 19,22 litres. Cependant, on constate que le rapport de valeur entre ces produits a subit quelques évolutions au fil du temps.

En guise d’exemple, le décompte des salaires versés aux ouvriers travaillant dans la Vallée des Rois (contremaîtres, carriers, tailleurs de pierre, charpentiers, sculpteur, peintres et manœuvres) s’appuie essentiellement sur la remise de sacs de céréales : "Salaire pour le 2ème mois de l’été : le contremaître 7 sacs ½ ; le scribe 7 sacs ½ ; chacun des 17 ouvriers 5 sacs ½ ; soit 93 sacs ½ ; les deux jeunes chacun 2 sacs, soit 4 sacs ; le gardien 4 sacs ½ ; les servantes (ensemble) 3 sacs, le potier 1 sac ½ ; le médecin 1 sac ½".

Pour le professeur Théophile Obenga [2], "Soustrait de la production des biens alimentaires, ces ouvriers recevaient de la part de l’administration pharaonique, quotidiennement pour se nourrir du pain, de la bière, du poisson, des dattes et des légumes et à l’occasion de fêtes particulières, de la viande. L’eau potable leur était également fournie chaque jour. Ils étaient ravitaillés aussi en vêtements et en sandales (...) Chaque artisan recevait (...) un salaire déterminé sous forme de céréales, parfois aussi en métal précieux. La paie, assurée par le Trésor Royal, avait lieu au début du mois, par anticipation. Les céréales faisaient office de monnaie".

Il convient de noter que cette rémunération sous forme de sacs de céréales est attestée en Afrique noire dès l’Ancien Empire, soit vers 2800 avant J. C.

Autre exemple, un texte nous révèle qu’un peintre de Deir el Médina, a reçu comme paiement pour la réalisation d’un sarcophage, des produits dont la valeur est notifiée en rapport à une monnaie étalon, à savoir le Séniou. Le décompte de son salaire est donc le suivant :

"Un vêtement tissé d’une valeur de 3 séniou (poids d’argent d’environ 7.6 g) ; un sac d’une valeur de ½ sac de céréales, une natte avec couverture, soit ½ séniou et un vase de bronze valant ½ séniou".

Enfin, sur le tombeau du prêtre juge Kai, un texte nous informe sur la façon dont il a rémunéré ses artisans : "Je les ai payé (les ouvriers) en bière et en pain et leur ai fait jurer qu’ils étaient satisfaits".




2.2 Terminologie

Les Kamites de l’époque pharaonique utilisaient aussi le terme « argent » en faisant référence à une monnaie en métal qui représentait le terme de l’échange. Ce mot « argent » rendu par « Hedj » désignait le métal blanc et brillant (Hedj = blanc).

Cette référence au blanc on la retrouve dans le mot « Hedjet » qui est le nom de la couronne blanche du sud que portait pharaon et « Hedj » la massue du roi qui lui servait à terrasser ses ennemis.

On constate alors qu’un lexique hiéroglyphique relativement étoffé, était utilisé dans le cadre des relations commerciales en Egypte ancienne :

• Di hedj = Donner de l’argent
• Swn = Prix
• Swn = Faire du commerce (autre sens)
• Inin = Acquérir, acheter
• Shouty = Vendeur (un)
• Swnt = Vente
• Montant total d’une somme = Demedj hedj
• Somme des totaux = Demedj hedj neb
• Solde d’un paiement = Pa peh hedj

Si l’or qui servait aussi aux échanges commerciaux, provenait essentiellement de la Nubie, l’argent provenait plutôt de l’Asie Mineur. Ainsi, le rapport or/argent était de 2/1 sous tout le Nouvel Empire.

Mais pour rendre fonctionnel le système financier de l’Afrique pharaonique, il a fallu très tôt statuer sur une unité monétaire. Ainsi, cette unité monétaire appelé « Shâty » depuis l’Ancien Empire, était représentée par un anneau d’argent de 7,6 g qui devint même par la suite une monnaie de compte [3].

D’autre part, pour définir la valeur d’un bien (une maison, un terrain, etc...), les Africains anciens utilisaient le « Shenâ » (ou Shenâou, Shenât, Shenâty), un indice monétaire qui servait à évaluer les valeurs abstraites de bon nombre de biens. Le « Séniou », un poids d’argent d’environ 7.6 g, était aussi utilisé dans le cadre de transactions pour évaluer la valeur d’une denrée par exemple.

Sous le Moyen Empire, un autre étalon servait pour le calcul du poids et de la valeur des métaux précieux, c’est le « Dében », un poids de cuivre de 27,5 g. Ainsi, un Dében d’or valait ½ Dében de cuivre, soit 13,79 g. Des pierres polies d’une taille et d’un poids précis, permettaient aussi, à l’aide de balances, de calculer le poids et la valeur des métaux. [4].

Comme le souligne Bernadette Menu [5], les trois fonctions de la monnaie à savoir la thésaurisation, l’évaluation et l’échange transactionnel était parfaitement assurées en Egypte ancienne.

Compte tenu de ces données, il reste étonnant que certain affirment que l’argent ou la monnaie, n’existaient pas à Kemet. Cet article démontre bien le contraire. Et ce n’est pas tout. La monnaie frappée apparaîtra aussi en Egypte vers le VIème siècle avant J. C.

Reste à l’Afrique à récupérer son ancienne terminologie monétaire et à retrouver son prestige d’autrefois, le jour où des gens sérieux comprendront que le Francs CFA est une ignominie qui sert de base morale au racket international du continent !

Jean-Philippe OMOTUNDE



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Références bibliographiques:

[1] Cf. Papyrus Westcar ou St Fare Garnot, Vie religieuse de l’ancienne Egypte, P. 63

[2] Cf. Théophile Obenga, La philosophie africaine de la période pharaonique, éd. Harmattan

[3] Cf. Stèle-borne Caire JE 42787

[4] A voir au musée du Louvres

[5] Cf. Egypte pharaonique, nouvelle recherche sur l’histoire juridique, économique et sociale de l’Ancienne Egypte, Harmattan


http://www.africamaat.com/article.php3?id_article=352



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