Grioo.com   Grioo Pour Elle     Village   TV   Musique Forums   Agenda   Blogs  



grioo.com
Espace de discussion
 
RSS  FAQFAQ   RechercherRechercher   Liste des MembresListe des Membres   Groupes d'utilisateursGroupes d'utilisateurs   S'enregistrerS'enregistrer
 ProfilProfil   Se connecter pour vérifier ses messages privésSe connecter pour vérifier ses messages privés   ConnexionConnexion 

JOURNAL DE BORD D'UN NEGRIER

 
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet       grioo.com Index du Forum -> Histoire
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant  
Auteur Message
OGOTEMMELI
Super Posteur


Inscrit le: 09 Sep 2004
Messages: 1498

MessagePosté le: Ven 29 Juil 2005 07:31    Sujet du message: JOURNAL DE BORD D'UN NEGRIER Répondre en citant

JOURNAL DE BORD D’UN NEGRIER
Jean-Pierre PLASSE, éd. Le Mot et le Reste, 2005


Ce texte a été publié par Bernard PLASSE. C’est le journal de bord de son aïeul, Jean-Pierre PLASSE, qui fut « subrécargue » sur un bateau négrier au nom de l’Espérance ; c’est-à-dire qu’il était le représentant légal de l’armateur à bord, ayant mission de « traiter » pour le compte dudit armateur. Il s’agit donc de la traduction, en Français contemporain, d’un document original, d’une source directe sur le Yovodah datée de 1762, l’année où a eu lieu cette expédition vers l’Afrique en vue d’en ramener du bois d’ébène. Jean-Pierre PLASSE décrit et explique ce qu’il s’est passé lors de cette expédition, avec une foule d’événements/informations dont il est directement témoin oculaire, sinon protagoniste.

Olivier PETRE-GRENOUILLEAU a été sollicité pour la préface, c’est-à-dire aussi pour estampiller de son autorité l’exceptionnel intérêt de ce document-témoignage précieux sur la « Traite des Noirs ». Bien entendu, le préfacier gourou de la version commercialiste n’y a vu que matière à confirmer ses thèses : « Les chefs locaux et les courtiers sont généralement très mal considérés. A lire Plasse il ne s’agit que de fripons, souvent ivrognes, parfois cruels. Récurrente, cette image est déjà à l’époque un poncif. Traduisant l’irritation des capitaines de négriers obligés de se soumettre aux autorités locales afin de négocier des esclaves, ce stéréotype nous rappelle que les vrais maîtres de l’échange, sur les côtes d’Afrique, sont les Africains eux-mêmes. […] la nécessité de passer par l’intermédiaire des élites africaines explique cette traite itinérante […] Tous les types de traite défilent ainsi, au fil des pages : traite itinérante, troque sur rade foraine ou à terre, achats directs, par le biais de courtiers noirs, de gouverneurs blancs ou de structures étatiques africaines solidement implantées. » pp10-11
Après avoir cité (longuement : désolé) des extraits du texte, je vais montré que ce témoignage oculaire permet de conclure rigoureusement au contraire de Pétré-Grenouilleau : que les vrais maîtres de cette déportation de Nègres sont les Européens, qu’en fait d’« élites africaines » comme prétend OP-G, il s’agit bel et bien « de fripons, souvent ivrognes » comme le décrit Plasse !!! Question de tropisme ? Faut voir…

Plasse indique des noms de personnes, fleuves, villages, etc. constitutifs du microcosme africain du Yovodah.
P37 : « royaume des Carous » , « vice-roi » au nom de « William ou Guillaume »
P40 : « Tous les villages de la côte ont un vice-roi qui gouverne ses sujets sous les ordres de rois qui se tiennent dans l’intérieur de leurs royaumes. Le vice-roi ici s’appelle Louis. […] Il faut avoir toujours un nègre courtier par rapport à la langue du pays, lequel entend les langues d’Europe comme le Français, l’Anglais et le Hollandais et auquel on donne une bagatelle pour sa peine. »
P41 « village de Mésurade », « celui [village] de Saint-Paul », « vice-roi [de Saint-Paul] appelé Pierre », « Il y a des courtiers nègres qui ont résidé en Europe. L’un des leurs, un nommé Cupidon fut en France avec Monsieur de Leremberg, capitaine de vaisseau de la Compagnie qui l’a gardé le temps convenu avec son père et le renvoya chez lui. »
P47 : « Mana », « Sextos », « Young Sextos », courtier au nom de « Cazary »
P51 : « Witte Klip » ou « Roche blanche », « cap Formosa »
P53 : village de « Corra », « rivière Tabot ou Saint-Jean »
P58 : village et rivière de « Sanguin »
P59 : « village appelé Ratisset », « Sextos Crou nous reste au sud-est depuis Sanguin jusqu’à la pointe de Crou »
P60 : villages de « Drou », « Balou », « Wapo »
P62 : villages de « Growa », « Tabou »
P63 : « rivière Cavalin », « Ce vice-roi était décoré d’une couronne de plumes de coq, il était assis sur une sellette de bois. Tous les assistants de son conseil étaient de grands hommes de taille gigantesque avec de longues barbes ce qu’on ne voit guère aux nègres. »
P65 : villages de « Berbi », « Grand Tabou », « le chef de la bande était un grand homme nègre, rougeâtre et borgne »
P67 : village de « Nove Town »
P68 : « Ils crient tous comme des brigands qu’ils sont, en ont aussi bien la figure avec leur longue barbe de chèvres et leur moustache leur donne l’air cruel. Ce n’est pas sans raison qu’on a nommé cet endroit [Nove Town ?] Côte des Males Gens ; ils le sont en effet. »
P73 : « Capitaine Christ », nom du père d’un courtier nègre.
P74 : village de « Tahou »
P76 : villages de « Drouin » et de « Coffy Anamabou »
P77 : rivière de « Saint-André »
P78 : « ils semblent des brigands, avec leurs longues barbes dont les unes sont en tresses, d’autres en queue avec une paille de riz ou autre chose. »
P79 : « après avoir doublé les collines rouges commence la Côte des Bonnes Gens », « cap Cazou », « cap Lahou », un courtier nommé « Pierre »
P83 : village nommé « Jaque-Jaque »
P84 : « rivière de Bassan »
P86 : village de « Grand Bassan »
P88 : « comptoir d’Axim », « village saint-Appolonie »
P90 : « fort Saint-Antoine d’Axim ». Selon les informations de Plasse, au 16/09/1762 le Gouverneur du fort Saint-antoine était Huy de Cooper. Son « Cavissery », c’est-à-dire son homme d’affaires « était une espèce de mulâtre ».
P92 : « on forma deux puissantes armées dont l’une était composée de gens de terre et l’autre du ressort du fort [Saint-Antoine], c’est-à-dire des villages maritimes pour mettre l’ennemi entre deux feux. »
P95 : « la garnison [du fort Saint-Antoine] n’est pas considérable par le nombre de blancs parce qu’elle est supplée par des nègres attachés à la Compagnie dont ils sont à la solde comme soldats d’Europe. », « Pierre Bomba », un « courtier et quartier-maître »
P96 : « fort Dorothéa à Akoda appartenant aux Hollandais », « Butré ou Boutré, fort Hollandais, situé sur une petite montagne, appelée Ballenslein. Son gouverneur est Monsieur Barréveste. », « Monsieur Jean Barrène, gouverneur du fort de Rory », « Sacondé, autre fort Hollandais »
P97 : « le fort d’Orange de sacondé où monsieur Clockner est gouverneur », « Chamas, lieu où l’on prend des canots pour le service de la traite de Juda », « fort St Sébastien de Chamas » dont le gouverneur est « Monsieur Hendrick Walmsburk », « château de la Mine »
P98 : « la rivière de St Jean », « Tous les enfants [du village de St Jean ?] qui viennent des blancs du comptoir restent dans l’idolâtrie sans que leurs pères se donnent la peine de les instruire à la religion chrétienne. Cependant, ils sont libres en naissant. Les garçons sont employés au service de la Compagnie et les filles restent aussi dans les comptoirs et font, quand elles sont en âge, ce que leur mère a fait. »»
P100 : « on découvre à Commary un fort Anglais et un Hollandais commandé par M. Armand », « le château St Georges de la Mine » où « Monsieur Vourtkeman, [est] sécrétaire du général » et « Monsieur Peter David Crasmis, général »
P101 : « des rimadours qui sont des nègres faits à l’usage de la barre de Juda et autres lieux du bas de la côte »
P102 : « A l’est du dit château [ST Georges de la Mine], sur une montagne, il y a un fort appelé St Gago, son commandant est un enseigne. Ce fort est situé pour tirer sur le village en cas de révolte de la part des nègres. »
P103 : « Le général [Peter David Crasmis] mène le train d’un prince. Ses domestiques sont décorés par de grandes chaînes d’or en bandoulière, au bout desquelles est attachée une large plaque du même métal. Il y a un orchestre de musique instrumentale, tous gens d’Europe qui jouent pendant le dîner auquel n’assistent que les principaux officiers et tous les capitaines des navires en rade. […] Tous les officiers, tant militaires que de la plume, ont une femme négresse des plus jolies qu’ils puissent trouver. Elles sont servies par des esclaves et bien ajustées avec beaucoup de bijoux de toute espèce. », « cap Corse »
P104 : « fort de Nassau de Mourée », « Cornentin, fort Hollandais », « village de Berka », « Acara, où il y a trois forts près les uns des autres, qui sont anglais, Danois et Hollandais. », « rivière de Volta »
P105 : « Grand Popo », villages de « Ruita », « Quita »
P106 : « Quita est un village commandé par un cavissery. […] Celui [le Nègre] dont je me servi, comme intermédiaire dans la traite, est le fils du grand cavissery, appelé Jolly. », village de « Agouja »
P109 : « Porte Neuve », « Abadagris »
P111 : « la pointe des Casins »
P112 : village de «Grégoi »
P113 : Le « gouverneur nègre de Grégoi » est appelé « Yavogand commandant du village, et de la Praye qui est la côte maritime et ses dépendances.», « Dada, roi Dahomé »
Pp124-125 : « Ce pays de Juda était autrefois le royaume d’Ardre qui fut détruit par Dahomé, chef d’une province des environs qui servait ceux qui en avaient besoin contre une somme d’argent. Ainsi il avait été commandé par le roi d’Ardre pour aller combattre contre les gens de Popo avec qui il avait la guerre. Il les battit si bien qu’il s’en rendit maître. Mais au lieu de remettre sa conquête à celui pour qui l’avait faite, il vint à tourner les armes contre lui qui, n’étant pas prévenu d’une pareille trahison, n’eut pas d’autre parti que celui de se sauver pour n’être pas fait prisonnier. Voilà comment ce Dahomé parvint à se faire proclamer roi de ce royaume qui en est à sa troisième dynastie. L’acvtuel monarque s’appelle Dada. Son lieu de domicile est à la ville de Bomé, à trente lieus de Grégoi. Son palais y est fort grand muni de casernes et de vastes magasins. Sa garde est de huit mille hommes bien armés. »
P127 rivières de « Napo, de l’Euphrate et de Jekin »
P129 : « jadis, les Hollandais en avaient un [fort] qui fut rasé par ordre du roi [de Dahomé] et que les Portugais le remplacèrent. Cependant, nous savons que le fort français est le plus ancien de tous et conséquemment il a aussi la préséance sur les autres, l’Anglais et en dernier, le Portugais. […] Quoique le roi soit bien aise qu’il y ait des forts pour garder son pays et pour y maintenir le commerce. »
P130 : « Dans chaque fort [construit au Dahomé] il n’y a que cinq à six blancs et une compagnie de soldats nègres attachés à la compagnie qui leur donne le prêt. […] La distance des dits forts de l’un l’autre est d’une coup de pierrier et sur la même ligne. Pour leurs gouverneurs quels qu’ils soient, la guerre en Europe ne les concerne pas. Ils se fréquentent et donnent des repas très souvent surtout le dimanche. […] Le commerce des gouverneurs est considérable, surtout quand il n’y a pas de navire en rade et qu’ils ont de quoi traiter. C’est alors qu’ils obtiennent les captifs à grand marché et qu’ils vendent plus tard aux navires une once de plus que le cours, c’est-à-dire une ancre d’eau de vie. […] D’ailleurs ils achètent pour l’ordinaire tous les rebuts de camp et ils tachent de vous les donner pour bien bons, se prévalant de quelques petits services qu’ils rendent aux capitaines, lesquels ne peuvent presque rien leur refuser. […] On leur [aux gouverneurs] paye en partant un droit pour les captifs qu’on entrepose dans les cachots du fort. »
_________________
http://www.afrocentricite.com/
Umoja Ni Nguvu !!!

Les Panafricanistes doivent s'unir, ou périr...
comme Um Nyobè,
comme Patrice Lumumba,
comme Walter Rodney,
comme Amilcar Cabral,
comme Thomas Sankara,
Et tant de leurs valeureux Ancêtres, souvent trop seuls au front...
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
OGOTEMMELI
Super Posteur


Inscrit le: 09 Sep 2004
Messages: 1498

MessagePosté le: Ven 29 Juil 2005 07:32    Sujet du message: ONOMASTIQUE ET TOPONYMIE Répondre en citant

Onomastique et toponymie

Depuis le Cap Vert jusqu’à l’ouest de la Côte d’Ivoire (pour prendre des repères actuels), les noms de lieux et de personnes que donne Plasse ont essentiellement une origine européenne. Si bien qu’à si méprendre, on se croirait en Europe : « Saint-André », « Mésurade », « Pierre », « Cupidon », « Saint-Paul », etc. Ainsi au milieu du dix-huitième siècle, ces milliers de kilomètres de côtes africaines de l’Atlantique ont été déjà largement occidentalisées ; c’est-à-dire que leur configuration politico-socio-économique est déjà fondamentalement surdéterminée par le rapport séculaire à l’Europe.
Pis, les fameux rois nègres pourvoyeurs d’esclaves n’y sont que des « courtiers » et « vice rois », dont les services sont payés essentiellement de « bagatelle » et autres « ancres d’eau de vie ». Ils ont généralement des noms très exotiques pour d’authentiques Africains de l’époque, puisqu’ils s’appellent « Cupidon », « William ou Guillaume », « Capitaine Christ », etc. En fait de « royaume », ils règnent sur un « village », selon l’auteur. Mais je pense qu’il s’agit davantage de campements et autres petits hameaux où se sont regroupés quelques Nègres de pauvre condition désireux, effectivement, de vendre leurs services aux Négriers, bien souvent chichement rétribués.
Ces petites gens ont été attirés ou retenus là par les activités des négriers, qu’ils n’ont ni créées, ni sollicitées ; et au contraire dont ils sont la créature. J’entends ici « créature » au sens figuré où ces gens sont là à cause des négriers ; mais également au sens strict : certains de ces Africains sont en réalité des métis, notamment portugais. Cela pourrait expliquer « leur longues barbes de chèvres et leur moustache […] dont les unes sont en tresses, les autres en queue […] ». En tout cas, dès le quinzième siècle les Portugais fondaient des colonies de peuplement dans des îles aux environs du Cap Vert, dont ils exploitaient les terres avec les premiers bois d’ébène. Et l’on sait qu’il y a eu partout des interactions consanguines entre maîtres blancs et esclaves nègres ; notamment lors de viols des derniers par les autres. En outre, des esclaves nègres vivant au Portugal étaient renvoyés en Afrique, en vue d’échanger leur liberté contre quatre nouveaux esclaves. On comprend qu’une fois devenus libres, au fil de siècles, certains descendants de ces Nègres occidentalisés « grillés » auprès de leurs communautés africaines d’origine n’aient eu d’autre choix que de s’établir à part en Afrique même ; lorsqu’ils n’ont pas/pu regagner l’Europe. Ils ne pouvaient s’installer à l’intérieur des terres, où s’étaient progressivement retirées les populations nègres côtières pour se préserver des razzias. Il restait donc à ces sortes de « parias sociologiques » de se tourner vers la mer, vers les négriers auxquels ils servaient de petite main d’œuvre, comme de rabatteurs de bois d’ébène. Evidemment, je ne peux raisonnablement exclure que quelques uns parmi eux aient pu s’enrichir dans cette position particulièrement périlleuse, marginale. Il est bien connu que les plus grandes mutations, les plus grands bouleversements, socio-historiques procèdent souvent de stimuli marginaux… Toutefois, rien dans le journal de Plasse ne vient fonder cette hypothèse ; contrairement à ce qu’en dit Pétré-Grenouilleau !
Quant aux volumes de bois d’ébène que « traitent » ces courtiers et vice-rois, ils ne consistent bien souvent qu’en quelques unités, rarement plus d’une dizaine. Ce ne sont donc aucunement ces grands marchands africains d’esclaves, richissimes, dont une fantasmagorie éculée pourrait faire croire qu’ils étaient capables d’affréter des (milliers de) négriers embarquant chacun, à fond de cale, environ quatre cents bois d’ébène.
D’ailleurs, cette partie de la côte africaine est dite « Côte des Males Gens », car non seulement on y « traite » très peu d’esclaves, avec des gens souvent peu recommandables (des « brigands », « cruels ») ; mais également le négrier est parfois confronté à des populations récalcitrantes, nuisant à la bonne marche des « affaires » par des attaques sporadiques de navires et équipages.

Avant de voir ce qu’il en est de la « Côte des Bonnes Gens », où le business de la déportation massive de Nègres est beaucoup plus florissant, je voudrais élargir le champ de perception de l’Afrique au dix-huitième siècle. De l’Afrique les protagonistes européens de la traite atlantique comme Plasse ne connaissent que les « courtiers », « villages » et « vice-rois » qu’ils rencontrent sur les côtes. Autant dire qu’ils n’en connaissent presque rien, ni sociologiquement (Plasse voit des « marabouts » là où il n’y en a guère), ni encore moins politiquement. C’est à la fin du dix-huitième siècle que commence véritablement l’exploration, « la découverte », de l’Afrique par les Européens ; laquelle atteindra son apogée au dix-neuvième siècle, aboutissant à la colonisation du continent noir.
Le monde africain de cette époque est tout entier concentré autour des grands cours d’eau intérieurs, des fleuves (Issa/Niger des Songhay), Kongo et des grands lacs (Tchad). Et bien entendu, dans cette Afrique là la toponymie est autochtone, avec de véritables villes, dont nombreuses sont cosmopolites : Gao, Kano, Gwanja, Noupé, Damagaram, Mungono, Nguru Ngilewa, etc. Quant aux dirigeants, point de « vice-rois », mais de véritables souverains gouvernant des sociétés politiques dont certaines ont une superficie comparable à celle de toute l’Europe occidentale : Songhay, Kanem, Katsina, Baguirmi, Zamfara, Gobir, etc.

En conséquence, cette traite des Noirs, au XVIIIème siècle , n’a pas lieu en Afrique, avec pour partenaires des souverains africains ; elle se tient dans l’arrière-monde africain, avec un personnel nègre spécialement crée à cet effet. J’insiste sur ce que ce personnel a été « crée » par les négriers, parce qu’il leur était nécessaire, notamment pour des raisons que Plasse évoque. En effet, il ne suffit pas de leur supériorité militaire aux Blancs pour conquérir l’Afrique ; encore faut-ils qu’ils eussent les moyens médicaux d’y habiter : Pp130-131 : « Ce pays est très nuisible pour la santé des Européens qui ne sont pas quinze jours à terre sans tomber dangereusement malades. Il n’en va pas de même pour les Portugais nés au Brésil, dont le climat ne diffère pas beaucoup de celui-ci. Néanmoins ils ne laissent pas de tomber malades à la différence que leurs maladies ne sont pas sérieuses comme celles de ces premiers. » Mêmes dans leurs forts luxueusement arrangés, et militairement protégés, les Européens étaient peu nombreux à y résider, à cause d’une hostilité écologique de l’Afrique à leur constitution biologique. Ces Européens étaient donc absolument obligés d’employer des Nègres pour mettre le grappin sur l’Afrique ; quitte parfois à les contraindre par la force des armes dont ils ne manquaient pas. Pour toutes ces raisons et d’autres encore : la théorie de rois nègres attendant tranquillement les Blancs sur les côtes africaines afin de leur vendre du bois d’ébène est une pure et simple invention d’une honteuse historiographie négationniste !!!
Ce sera à partir du dix-neuvième siècle avec l’application de découvertes scientifiques, notamment de Louis Pasteur (1822-1895), et bien plus tard celle d’Alexander Fleming (1881-1955) que les Européens pourront s’installer en Afrique. A l’exception néanmoins des Boers en Afrique du Sud, dont le climat est tout de même moins hostile aux Blancs…
_________________
http://www.afrocentricite.com/
Umoja Ni Nguvu !!!

Les Panafricanistes doivent s'unir, ou périr...
comme Um Nyobè,
comme Patrice Lumumba,
comme Walter Rodney,
comme Amilcar Cabral,
comme Thomas Sankara,
Et tant de leurs valeureux Ancêtres, souvent trop seuls au front...
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
nehem
Grioonaute régulier


Inscrit le: 27 Mai 2004
Messages: 311

MessagePosté le: Ven 29 Juil 2005 11:34    Sujet du message: Un matraquage contre le matraquage... Répondre en citant

Merci pour cette analyse OGOTEMELLI. Le travail est suffisamment fouillé pour en faire une réponse à Petre-Grenouilleau. Nous aurions besoin d'une liste des journalistes qui s'intéressent à cette question pour formuler de manière systématique ce genre de réponses circonstanciées, car ainsi, ils ne pourront dire qu'ils ne savaient pas. Il faut qu'ils prennent conscience que nous commençons à vraiment ne plus supporter cette forme de négationisme. Nous avons besoin d'un matraquage contre le matraquage !!!
_________________
Nehem
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Envoyer un e-mail
Imhotep
Grioonaute 1


Inscrit le: 25 Mar 2004
Messages: 107

MessagePosté le: Ven 29 Juil 2005 15:01    Sujet du message: Répondre en citant

Merci a Ogotemmeli une fois de plus pour sa juste et pertinente analyse. En lisant le compte-rendu precedent, on a l'impression de se trouver vraiment en presence d'un systeme planifie et mis en place par les europeens aux fins de deportation des Africains. Le recit ressemble tellement a un systeme de "mafia est-europeenne" deportant de jeunes filles pour la prostitution en europe occidentale, a cette difference que dans le systeme negrier, les "vice-rois", les "courtiers" et autres etaient tous des creations des europeens a cette fin la. Chose etrange comme tu l'avais fait remarquer, Ogotemmeli, tous ces personnages soi-disant africains portent des noms etrangement europeens et n'ont aucun nom africain, ce qui est deja bizarre pour cette epoque. En lisant ce livre en perspective avec celui de Omotunde, je crois qu'on se fera une idee claire sur cette histoire des "rois negres vendant leurs propres freres". Comme le disait tantot nehem, il faudra faire vraiment des articles tres documentes, argumentes et intelligemment analyses comme celui que tu fais et les publier dans des journaux populaires pour contrer toutes ces theories revisionnistes. Mieux, il faut penser a faire un ouvrage important sur cette question pour mettre un terme definitif a ces elucubrations revisionnistes eurocentristes. A ce propos que penses-tu, Ogotemmeli de l'idee d'un ouvrage collectif sur Yovodah comme je le proposais dans un autre topic sur le forum?
_________________
"Il vaut mieux vivre un jour debout que mille ans couche" Steve Biko
"How good and how pleasant it would be Before God and Man, to see the unification of all Africans" Bob Marley
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
OGOTEMMELI
Super Posteur


Inscrit le: 09 Sep 2004
Messages: 1498

MessagePosté le: Mer 17 Aoû 2005 15:26    Sujet du message: SUR LA COTE DES BONNES GENS Répondre en citant

Ogotemmeli a écrit:
Avant de voir ce qu’il en est de la « Côte des Bonnes Gens », où le business de la déportation massive de Nègres est beaucoup plus florissant[...]

Voici donc la suite de l'article, que j'ai intitulée "sur la côte des bonnes gens" et qui enfonce le clou sur les pitreries de la Grenouille...


SUR LA COTE DES BONNES GENS

Au début du Yovodah, vers 1441, les Portugais razziaient. Ils tentèrent de s'enfoncer dans les terres avec les lançados pour razzier au-delà des côtes. Mais cette façon de procéder atteignit ses limites, notamment en raison des risques sanitaires, voire militaires, trop importants que cela impliquait. D'autre part, à partir du XVIIème siècle, la demande de bois d'ébène pour les plantations d'Amérique croît exponentiellement. Il devient ainsi structuralement impossible d'y répondre par les moyens habituels de razzias directes. Ainsi, pour se perpétuer, le système du Yovodah devait-il nécessairement recruter du personnel nègre, seul capable de perpétrer des razzias au loin, à l'intérieur des terres. P57 : "Dans ces villages les habitants sont fort pauvres. Ils vendent quelques captifs, qu'ils attrapent à la faveur de la nuit dans les villages intérieurs, quoiqu'il n'y ait point de guerre."

Les premiers contingents de ce personnel sont constitués de Nègres déjà serviles affranchis à cet effet et ramenés sur les côtes africaines. Ce sont vraisemblablement ces fameux "courtiers" et "vice-roi" aux noms si exotiques dont parle Plasse : "Marie Grand, courtier des Français, qui est un Nègre […]" (P57). Ainsi le Yovodah se donne une apparence de "commerce" lorsqu'il demeure fondamentalement de la razzia ; quoique par procuration : les Blancs ne razzient plus directement, mais ils commanditent des razzias, suscitent des guerres, fournissent tant et tant d'armes à feu pour ce faire.

Le fort et son gouverneur sont les pivots du trafic de Nègres
Cette nouvelle configuration du Yovodah prend toute son ampleur sur "la côte des bonnes gens", qui commence depuis le "cap Lahou" (au sud-est de l'actuelle Côte d'Ivoire), peut être subdivisée en "côte de l'ivoire", "côte de l'or"et "côte des esclaves". Plasse y dénombre pas moins de quatorze forts qui sont les institutions maîtresses d'œuvre de ce système. On en compte parfois jusqu'à trois au même endroit, comme à "Acara" et à "Bomé". Il y a même deux châteaux, tel le "Château de la Mine". Ces forts emploient principalement du personnel nègre. Chaque officier a sa Négresse objet sexuel (P103), et les enfants de ces viols sont généralement employés dans l'économie du Yovodah. Certains à de hautes fonctions, telle que celle de "Cavissery", c'est-à-dire homme d'affaires du gouverneur du fort. Ledit gouverneur blanc (ou son homologue général de château) est le véritable parrain de ce trafic de Nègres : (P130) "Pour les gouverneurs, quels qu'ils soient, la guerre en Europe ne les concerne pas. Ils se fréquentent et donnent des repas très souvent surtout le dimanche. […] Le commerce des gouverneurs est considérable, surtout quand il n'y a pas de navire en rade et qu'ils ont de quoi traiter. C'est alors qu'ils obtiennent les captifs à grand marché et qu'ils vendent plus tard aux navires une once de plus que le cours, c'est-à-dire une ancre d'eau-de-vie. […] D'ailleurs ils achètent pour l'ordinaire tous les rebuts de camp et ils tachent de vous les donner pour bien bons, se prévalant de quelques petits services qu'ils rendent aux capitaines, lesquels ne peuvent presque rien leur refuser. […] On leur paye en partant un droit pour les captifs qu'on entrepose dans les cachots du fort."
Certes le gouverneur est, semble-t-il, chichement appointé par la Compagnie, mais il mène grand train, règne militairement en maître sur toutes les contrées alentours, dont les populations sont sous sa protection/domination comme un seigneur blanc dans son fief africain. Ainsi le fort St Gago (P102) "situé pour tirer sur le village en cas de révolte de la part des nègres". P103 : "Le général mène le train d'un prince. Ses domestiques sont décorés par de grandes chaînes d'or en bandoulière, au bout desquelles est attachée une large plaque du même métal. Il a un orchestre de musique instrumentale, tous gens d'Europe qui jouent pendant le dîner auquel n'assistent que les principaux officiers et tous les capitaines des navires en rade."

Le "Dada du Dahomé"
Le récit de Plasse nous donne plus une quinzaine de noms de forts et/ou gouverneurs, pour un seul exemple d'institution africaine rivalisant de puissance : c'est le "Dada du Dahomé", à la tête d'une armée de huit mille hommes bien équipés, capable de faire raser un fort. Il s'ensuit que ce sont bel et bien les Blancs qui contrôlent directement cette économie de prédation de bois d'ébène, à l'exception toute relative du "Dada". Sur l'origine du Dahomé, voici ce que dit Plasse : "Ce pays de Juda était autrefois le royaume d'Ardre qui fut détruit par Dahomé, chef d'une province des environs qui servait ceux qui en avaient besoin contre une somme d'argent. Ainsi il avait été commandé par le roi d'Ardre pour aller combattre contre les gens de Popo avec qui il avait la guerre. Il les battit si bien qu'il s'en rendit maître. Mais au lieu de remettre sa conquête à celui pour qui il l'avait faite, il vint tourner les armes contre lui, qui, n'étant pas prévenu d'une pareille trahison, n'eut pas d'autre partri que celui de se sauver pour n'être pas fait prisonnier. Voilà comment ce Dahomé parvint à se faire proclamer roi de ce royaume qui en est à sa troisième dynastie." PP124/125.

Sous réserve de croiser ces informations de Plasse avec d'autres sources, on peut en déduire ceci : un chef de guerre nègre, appelé Dahomé, vendant ses services au mieux offrant, résolut de circonvenir un territoire sur la côte des esclaves pour son propre compte, grâce à son expertise guerrière. Etait-ce un mercenaire extrayant du bois d'ébène sur commande ? Toujours est-il que la puissance militaire qu'il constitua en fit bientôt un interlocuteur incontournable des Blancs, lesquels l'avaient certainement aidé à constituer une telle puissance, en échange de sa fidèle coopération à leur trafic de Nègres. Aussi selon Plasse, les trois forts de Bomé avaient-ils vocation stratégique à protéger la position du Dahomé dans ce trafic : "quoique le roi soit bien aise qu'il y ait des forts pour garder son pays et pour maintenir le commerce […]" (P129) .

Par analogie, on pense ici aux implantations militaires françaises en Afrique destinées à protéger les dictateurs locaux contre les populations et opposants, mais surtout qui ont vocation stratégique à sécuriser les réseaux françafricains de pillage des ressources naturelles de l'Afrique (dite francophone) par la France ; tout en aidant parfois les potentats locaux à massacrer les populations jugées récalcitrantes (ex : l'extermination des Bamiléké dans les années 1960)…

Cette alliance objective entre le Dada et les négriers n'est pas la cause du Yovodah, elle en est un des effets. J'entends par là que la genèse du Dahomé est surdéterminée par l'existence séculaire préalable de l'économie du Yovodah.

Petré-Grenouilleau est un négationniste négrophobe
Petré-Grenouilleau parle avec évidente exagération de "structures étatiques africaines solidement implantées" (P11) en référence au seul cas du Dahomé ; tout en taisant la quinzaine de forts et châteaux européens, pourtant nommément mentionnés, avec leurs gouverneur, général, cavissery, etc. régnant sur l'économie de cette côte des esclaves. Or avec huit mille hommes, même bien armés, la puissance militaire du Dada n'est que celle d'un petit chef de guerre, comparativement aux armées des principales sociétés politiques négro-africaines du XVIIIème siècle. A titre d'exemple, les Askia du Songhay pouvaient lever, à cette même époque, une armée composée de 30000 sofas, cavaliers, archers, piroguiers, etc. Par conséquent, le Dahomé de 1762 n'a rien d'un puissant Etat africain ; c'est plutôt un jeune "royaume qui en est à sa troisième dynastie", là où les souverains du Songhay alignent une vingtaine de dynastes, depuis les Sonni (Ali Ber) jusqu'aux Askia (Mohamed TOURE).

C'est le lieu d'ouvrir une parenthèse sur les subterfuges négrophobes d'OP-G : "S'il est bon de savoir une chose, il est toujours mieux de se la représenter avec les yeux des contemporains. Sans cela il n'est pas, il ne peut pas être de vraie histoire." Sauf que les yeux de Plasse ont vu tout le contraire de ce que Pretré-Grenouilleau prétend savoir sur la "traite des Noirs" et qu'il répand à travers ouvrages, émissions radio, télé, et autres lieux de diffusion exclusive des poncifs commercialistes.

- il voit des "élites africaines" là où Plasse décrit des "ivrognes" affublées du titre farfelu de "vice-roi", régnant sur de petits hameaux en guise de "villages" situés à des milliers de kilomètres des grands centres civilisationnels africains contemporains. Comme si pour Pitre-La-Grenouille, au XVIIIème siècle l'Afrique ne peut avoir pour "élites" que des "ivrognes" aux noms pittoresques de "Pierre", "Paul", "Cupidon", etc. C'est pourtant le siècle des Askia, Mani, Oni, Oba, Mogho, etc.
- Il voit des "structures étatiques africaines solidement implantées" là où Plasse raconte la gestation d'un royaume côtier, créature du Yovodah ; alors que le Kanem, Katsina, Bornou, Kano, sont plus anciens et plus florissants, loin à l'intérieur des terres africaines.

Toutes interprétations fallacieuses visant seulement à accréditer, au mépris des faits, la calomnie d'élites africaines ayant vendu leurs concitoyens aux Blancs. Une besogne n'ayant rien d'un travail d'historien, et relevant assurément du pur jus de négationnisme!!!

En fait OP-G a eu un énorme culot de préfacer ce "journal de bord" en le présentant comme pièce probante de ses thèses nauséabondes ; lors même que le récit de Plasse est redhibitoire pour son entreprise négrophobe. Depuis tant de temps que l'on demandait à connaître des noms de rois nègres ayant vendu les leurs : on apprend, on fond sans grande surprise, par Plasse qu'il s'agissait de "Pierre", "Paul", "capitaine Christ", "Cupidon", etc. courtiers des Blancs ou "vice-roi" de "village", imbibés d'eau-de-vie. Point donc de magnats nègres richissimes du trafic de bois d'ébène ; à l'exception notoire du "Dada de Dahomé"!!! Le comble, c'est que OP-G, ce soi-disant expert en "traites négrières", nous serve ces manœuvres de négriers pour des "élites africaines", sans même craindre le ridicule (qui, il est vrai, ne tue pas…). Bref, l'on tient ici une preuve irréfutable de ce que Petré-Grenouilleau est un négrophobe qui se planque derrière une érudition mal assimilée pour distiller son venin négationniste.

La colonisation de l'Afrique est l'aboutissement du Yovodah
Ailleurs, j'ai soutenu maintes fois que le Yovodah avait saccagé le cœur de la civilisation négro-africaine. Or, ici je dis qu'au dix-huitième siècle le Yovodah se déroule dans l'arrière-monde négro-africain, aux marges atlantiques de ce monde. N'y-a-t-il pas contradiction ?
Cette contradiction n'est apparente ; étant d'abord la conséquence de dichotomies artificieuses maintenues dans l'étude de l'histoire de l'Afrique par une historiographie obsolète : où la "traite des Nègres" n'est étudiée que pour elle-même, à part ; sinon comme élément d'un corpus intitulé "traites négrières". Où la colonisation de l'Afrique est étudiée isolément, sinon comme modalité africaine de la colonisation du monde par l'Europe. Où les Indépendances sont également considérées de la même manière, à part. Or ces événements constituent trois temps d'une même et unique conjoncture historique caractérisée par la domination-exploitation de l'Afrique par l'Europe/Occident depuis cinq cents ans : c'est la conjoncture du Yovodah, événement matriciel de cette occurrence.
En conséquence, il n'y a aucune "discontinuité" ou "rupture" entre le Yovodah, la Colonisation et les Indépendances. Certes, l'apogée du Yovodah proprement dit (la prédation de bois d'ébène) se situe dans l'entre-deux révolutions industrielles (1750-1850) ; mais le paroxysme de la conjoncture du Yovodah consiste en la période coloniale (1860-1960).

Tandis que les Indépendances (ou la Néocolonisation) sont le prolongement des desseins colonialistes avec d'autres moyens et méthodes. Ainsi code noir, code de l'indigénat et code de l'investissement forment un corpus de l'arsenal juridique inventé par les Blancs pour saigner l'Afrique, après en avoir sévèrement entamé les ressources humaines. Il fallait encore réduire les résistances au cœur de l'Afrique ; ce qui fut fait par les "pacifications" coloniales. C'est donc cette période coloniale qui a été particulièrement dévastatrice des cultures matérielles négro-africaines, avec tant et tant de villes et villages incendiés, rasés par les forces coloniales. Au demeurant, la visite de musées occidentales et leurs somptueuses collections d'art nègre/primitif montre à quel point le saccage et le pillage ont été intensifs (ex: "Musée Royal de l'Afrique centrale", Tervuren, Belgique).

Donc oui, au dix-huitième siècle il y a encore d'importantes sociétés politiques dans le maillage des grands réseaux hydrauliques africains. Mais à la fin du dix-neuvième siècle (a fortiori au début du vingtième) il n'en reste que de petites agglomérations moribondes, exsangues, méthodiquement laminées par les moyens militaires de la colonisation. Donc oui, la conjoncture historique du Yovodah qui dure depuis cinq cents ans a ravagé l'Afrique et la réduite à la misère que nous connaissons. Et le Yovodah est bien la plus grave catastrophe survenue en Afrique depuis un demi-millénaire. Toutefois, je reste profondément convaincu que cette conjoncture est en voie imminente d'épuisement…


_________________
http://www.afrocentricite.com/
Umoja Ni Nguvu !!!

Les Panafricanistes doivent s'unir, ou périr...
comme Um Nyobè,
comme Patrice Lumumba,
comme Walter Rodney,
comme Amilcar Cabral,
comme Thomas Sankara,
Et tant de leurs valeureux Ancêtres, souvent trop seuls au front...


Dernière édition par OGOTEMMELI le Dim 01 Jan 2006 19:13; édité 1 fois
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Nkossi
Bon posteur


Inscrit le: 31 Mar 2005
Messages: 722

MessagePosté le: Dim 21 Aoû 2005 18:50    Sujet du message: Répondre en citant

Mboté na bino !

Sur les razzias opérés par les négriers, on retrouve une chanson d’alerte qu’utilisaient les Kongo pour avertir les villageois de l’arrivée des Blancs (qui étaient nommés Nkadia-Mpémba, ce qui veut à peu près dire le diable badigeonné de kaolin, pour info le kaolin est de couleur blanche) perpétrant les razzias.
Je n’ai retenu que quelques bribes de cette chanson, mais elle dit à en substance « Attention ! Cachez vous, mettez vous à l’abri le Blanc arrive… »
Cette chanson est arrivée aux Antilles, plus précisément à la Guadeloupe via les Noirs Congos. A ce propos, il y a un film dont je vous met le synopsis qui parle de cette histoire :

Noirs congos Documentaire de 26' réalisé en 2000 par Jacques Mathou

1848, après l'abolition de l'esclavage aux Antilles, des milliers de congolais débarquèrent encore des bateaux négriers jusque dans les années 1860.
Ces esclaves destinés à la production de canne à sucre, bénéficiaient cependant du statut de travailleurs sous contrat. Exploités par les colons blancs, méprisés par les Noirs affranchis dont ils prenaient la place, ils eurent du mal à s'intégrer dans la société créole antillaise. Ils le firent au prix d'un abandon progressif de leurs traditions, de leur langue, de leur culture et de leur identité.

Quelques familles firent de la résistance et décidèrent, de rester fidèles à la tradition ancestrale. Parmi elles la famille MASSEMBO. Parce qu'ils ont su rester groupés en communauté, agrandissant leur domaine de génération en génération, les MASSEMBO ont pu préserver quelques traditions et cérémonies sacrées qui témoignent, après plus de 140 ans, de leur volonté de ne pas se dissoudre dans le mirage de l'assimilation.

Retour au Congo
Jacques Mathou
2001, 26 min, vidéo, couleur, v.o.f.
Production et contact
France Mexique Cinéma
104-106 rue Oberkampf
75011 Paris, France
Tél./Fax : (33) 1 43 57 99 77
Courriel : frameci@aol.com

Marie-France Massembo est l'arrière petite-fille d'un des derniers congolais déportés en Guadeloupe en 1860. 150 ans après, elle revient au Congo à la recherche de ses origines et de sa lointaine famille.
Elle trouve un pays meurtri par les guerres civiles successives et oublieux de la période esclavagiste. Elle trouve aussi des hommes et des femmes qui l'accueillent comme une sœur retrouvée. Ensemble, ils entonnent les chants Kicongo que les Massembo de Guadeloupe se sont transmis depuis 150 ans pour honorer leurs ancêtres et dont ils avaient perdu la signification.
C’est donc parmi ces chants qu’on retrouve celui sur l’alerte quand le Blanc s’approchait

Questions : Si les négriers ne s’adonnaient pas aux razzias, comment les Pétré-Grenouilleau et autres expliquent t-ils l’existence de tels chants d’alerte sur l’arrivée du Blanc ?

La région d’origine des Massembo est dans ce qu’on appelle aujourd’hui la région du Pool au sud ouest de Brazzaville càd à environ 500 km de la côte. Comment de tels signaux aient pu exister si loin de côtes ?

Si les Noirs Congos arrivés aux Antilles à la fin de la traite ont emporté avec eux ces chants, n’est-ce-pas à dire que jusqu’à la fin de cette traite il y eut des razzias de la part des négriers ?
_________________
La véritable désaliénation du Noir implique une prise de conscience abrupte des réalités économiques et sociales. F. Fanon
L'ignorance est un danger que tout homme doit éviter. S. NKOUA

Visitez le blog de Théo http://kouamouo.ivoire-blog.com/
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Makaveli
Bon posteur


Inscrit le: 15 Mar 2004
Messages: 674

MessagePosté le: Dim 21 Aoû 2005 23:57    Sujet du message: Répondre en citant

Quelle bonne surprise, il existe donc encore de la place pour autre chose que les propos révisionnistes proposés par des posteurs réguliers...

Si j'interviens ici, c'est parceque j'ai suivi (de loin) pas mal de discussions sur ce forums sur le sujet du yovodah qui n'avaient absolument aucun intérêt tant les problématiques de base étaient ignorées.

Tout le contraire de la rigueur qui accompagne MONSIEUR Ogo dans son analyse. Or c'est au moins le 2e sujet où Monsieur Ogo traite clairement et précisement les tenants de la partie déportation du yovodah.

Analyse qui laisse peu de place aux bavardages déviants aperçus sur d'autres sujets (peur du ridicule des "prophetes inconditionnels du Niggaz sold Niggaz because it couldn't be something else"???).

Aussi j'ai une double requête à formuler.

Grioo pourquoi ne demanderiez-vous pas à Monsieur Ogo l'autorisation de diffuser son analyse dans la partie "Histoire" ou alors "Opinions"du site?

Son texte est clair, bien écrit, documenté...et surtout il serait accessible à ts les gens qui ne trainent pas sur le forum, mais qui seraient intéressés par une version explicative de cette partie de notre histoire que le livre de grenouilleau et les analyses de pap ndiaye maintiennent dans un brouillard épais.

Cela de plus couperait court à bcp de sous-entendus ici et là sur votre parti pris.

Ma 2nde requete est pour Mr Ogo : m'autorises-tu à transférer ton texte par mail?

Bien à toi
_________________
The african holocaust continues...
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Pakira
Super Posteur


Inscrit le: 01 Mar 2004
Messages: 1750

MessagePosté le: Lun 22 Aoû 2005 00:13    Sujet du message: Répondre en citant

zingh2005 a écrit:
Makaveli a écrit:
Quelle bonne surprise, il existe donc encore de la place pour autre chose que les propos révisionnistes proposés par des posteurs réguliers...

Si j'interviens ici, c'est parceque j'ai suivi (de loin) pas mal de discussions sur ce forums sur le sujet du yovodah qui n'avaient absolument aucun intérêt tant les problématiques de base étaient ignorées.

Tout le contraire de la rigueur qui accompagne MONSIEUR Ogo dans son analyse. Or c'est au moins le 2e sujet où Monsieur Ogo traite clairement et précisement les tenants de la partie déportation du yovodah.

Analyse qui laisse peu de place aux bavardages déviants aperçus sur d'autres sujets (peur du ridicule des "prophetes inconditionnels du Niggaz sold Niggaz because it couldn't be something else"???).

Aussi j'ai une double requête à formuler.

Grioo pourquoi ne demanderiez-vous pas à Monsieur Ogo l'autorisation de diffuser son analyse dans la partie "Histoire" ou alors "Opinions"du site?

Son texte est clair, bien écrit, documenté...et surtout il serait accessible à ts les gens qui ne trainent pas sur le forum, mais qui seraient intéressés par une version explicative de cette partie de notre histoire que le livre de grenouilleau et les analyses de pap ndiaye maintiennent dans un brouillard épais.

Cela de plus couperait court à bcp de sous-entendus ici et là sur votre parti pris.


Co-signe à 200%!!


co-sign aussi.
_________________
"tout nèg a nèg

ki nèg nwè ki nèg klè
ki nèg klè ki nèg nwè
tout nèg a nèg

nèg klè pè nèg nwè
nèg nwè pa lè wè nèg klè
nèg nwè ké wéy klè
senti i sa roune nèg klè
mè nèg klè ké wéy klè a toujou nèg

sa ki fèt pou nèg vin' blang?
blang té gen chivé pli long?
pou senblé yé nou trapé chivé plat kon fil mang!!!
mandé to fanm...!
mè pou kisa blang lé vin' nwè?
ha... savé ki avan vin' blan yé té ja nèg!

a nou mèm ké nou mèm dépi nânni nânnan...
chinwa soti, kouli soti, indyen soti, blang soti
mèm koté nèg soti

avan yé sotil koté y fika
AFRIKA!!!"

Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Soundjata Kéita
Super Posteur


Inscrit le: 06 Mai 2005
Messages: 1655
Localisation: Au sein de mon Empire

MessagePosté le: Lun 22 Aoû 2005 00:25    Sujet du message: Répondre en citant

Pakira a écrit:
zingh2005 a écrit:
Makaveli a écrit:
Quelle bonne surprise, il existe donc encore de la place pour autre chose que les propos révisionnistes proposés par des posteurs réguliers...

Si j'interviens ici, c'est parceque j'ai suivi (de loin) pas mal de discussions sur ce forums sur le sujet du yovodah qui n'avaient absolument aucun intérêt tant les problématiques de base étaient ignorées.

Tout le contraire de la rigueur qui accompagne MONSIEUR Ogo dans son analyse. Or c'est au moins le 2e sujet où Monsieur Ogo traite clairement et précisement les tenants de la partie déportation du yovodah.

Analyse qui laisse peu de place aux bavardages déviants aperçus sur d'autres sujets (peur du ridicule des "prophetes inconditionnels du Niggaz sold Niggaz because it couldn't be something else"???).

Aussi j'ai une double requête à formuler.

Grioo pourquoi ne demanderiez-vous pas à Monsieur Ogo l'autorisation de diffuser son analyse dans la partie "Histoire" ou alors "Opinions"du site?

Son texte est clair, bien écrit, documenté...et surtout il serait accessible à ts les gens qui ne trainent pas sur le forum, mais qui seraient intéressés par une version explicative de cette partie de notre histoire que le livre de grenouilleau et les analyses de pap ndiaye maintiennent dans un brouillard épais.

Cela de plus couperait court à bcp de sous-entendus ici et là sur votre parti pris.


Co-signe à 200%!!


co-sign aussi.
Plussin


Hotep, Soundjata
_________________
La vérité rougit l'oeil, mais ne saurait le transpercer


Pour la Renaissance du Gondwana
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Mainty
Grioonaute régulier


Inscrit le: 20 Fév 2005
Messages: 400

MessagePosté le: Lun 22 Aoû 2005 03:16    Sujet du message: Répondre en citant

Soundjata Kéita a écrit:
Pakira a écrit:
zingh2005 a écrit:
Makaveli a écrit:
Quelle bonne surprise, il existe donc encore de la place pour autre chose que les propos révisionnistes proposés par des posteurs réguliers...

Si j'interviens ici, c'est parceque j'ai suivi (de loin) pas mal de discussions sur ce forums sur le sujet du yovodah qui n'avaient absolument aucun intérêt tant les problématiques de base étaient ignorées.

Tout le contraire de la rigueur qui accompagne MONSIEUR Ogo dans son analyse. Or c'est au moins le 2e sujet où Monsieur Ogo traite clairement et précisement les tenants de la partie déportation du yovodah.

Analyse qui laisse peu de place aux bavardages déviants aperçus sur d'autres sujets (peur du ridicule des "prophetes inconditionnels du Niggaz sold Niggaz because it couldn't be something else"???).

Aussi j'ai une double requête à formuler.

Grioo pourquoi ne demanderiez-vous pas à Monsieur Ogo l'autorisation de diffuser son analyse dans la partie "Histoire" ou alors "Opinions"du site?

Son texte est clair, bien écrit, documenté...et surtout il serait accessible à ts les gens qui ne trainent pas sur le forum, mais qui seraient intéressés par une version explicative de cette partie de notre histoire que le livre de grenouilleau et les analyses de pap ndiaye maintiennent dans un brouillard épais.

Cela de plus couperait court à bcp de sous-entendus ici et là sur votre parti pris.


Co-signe à 200%!!


co-sign aussi.
Plussin


Hotep, Soundjata

je suis!!
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Grioo
Grioonaute 1


Inscrit le: 22 Fév 2004
Messages: 155

MessagePosté le: Lun 22 Aoû 2005 06:06    Sujet du message: Répondre en citant

Makaveli a écrit:
Grioo pourquoi ne demanderiez-vous pas à Monsieur Ogo l'autorisation de diffuser son analyse dans la partie "Histoire" ou alors "Opinions"du site?


Nous le ferons.
Nous avons déjà eu l'occasion de dire que le site comptait également sur ses grioonautes (parfois très érudits) pour alimenter la réflexion.
Certains grioonautes se sont montrés enthousiastes en messages privés, d'autres moins, nous verrons dans le cas d'espèce.

Cordialement.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Envoyer un e-mail
Makaveli
Bon posteur


Inscrit le: 15 Mar 2004
Messages: 674

MessagePosté le: Lun 22 Aoû 2005 10:00    Sujet du message: Répondre en citant

grioo a écrit:
Makaveli a écrit:
Grioo pourquoi ne demanderiez-vous pas à Monsieur Ogo l'autorisation de diffuser son analyse dans la partie "Histoire" ou alors "Opinions"du site?


Nous le ferons.
Nous avons déjà eu l'occasion de dire que le site comptait également sur ses grioonautes (parfois très érudits) pour alimenter la réflexion.
Certains grioonautes se sont montrés enthousiastes en messages privés, d'autres moins, nous verrons dans le cas d'espèce.

Cordialement.
ça va passer ou "vous verrez"?
S'il s'avère que vous ne vous retrouvez pas dans cette analyse vous pourrez tjs préciser que ce point de vue n'engage que son auteur et pas le site, mais vu la fréquentation active de grioo, il serait dommage que ce genre d'article soit confiné au seul forum.

Cette analyse dépasse largement les bavardages vus ici et là, rubrique Opinions y compris (remember la "critique constructive" de pap ndiayeou les blablabla sur kelman et beyala...).

cordialement mr grioo
_________________
The african holocaust continues...
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Muana Kongo
Super Posteur


Inscrit le: 09 Mar 2004
Messages: 1776

MessagePosté le: Mer 24 Aoû 2005 13:31    Sujet du message: Répondre en citant

Very Happy bonne question! ca donne quoi?
_________________
----«Le Jeune Africain Moderne sera armé de savoirs, pas de fusils importés.»
Si vous partagez ce rêve, aidez-nous à en faire une réalité. Soutenez l'initiative Vitu, sur :
http://igg.me/at/vitu
A ne manquer pour rien au monde:
-------->http://www.youtube.com/watch?v=24ZO1HlvmpQ
---> http://www.youtube.com/watch?v=CjDua-fqSUg
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Visiter le site web de l'utilisateur
Grioo
Grioonaute 1


Inscrit le: 22 Fév 2004
Messages: 155

MessagePosté le: Dim 28 Aoû 2005 11:20    Sujet du message: Répondre en citant

zingh2005 a écrit:
Monsieur grioo...!!?


Oups, un peu lent ce coup-ci "Mr Grioo".
Bon, affaire réglée d'ici deux jours, promis-juré Wink
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Envoyer un e-mail
OGOTEMMELI
Super Posteur


Inscrit le: 09 Sep 2004
Messages: 1498

MessagePosté le: Mar 30 Aoû 2005 16:49    Sujet du message: Répondre en citant

Makaveli a écrit:
Ma 2nde requete est pour Mr Ogo : m'autorises-tu à transférer ton texte par mail?

Je te fais une réponse générale : chq fois que je poste, je consens implicitement que mon texte soit employé pour toutes sortes d'usages, a fortiori si c'est pour en accroître la diffusion. Je te remercie donc pour la courtoisie dont tu fais preuve en me demandant mon "autorisation". Mais j'espère vivement que tu ne l'as pas attendue pour faire comme bon te semble...
Fraternellement

Imhotep a écrit:
A ce propos que penses-tu, Ogotemmeli de l'idee d'un ouvrage collectif sur Yovodah comme je le proposais dans un autre topic sur le forum?

J'irais voir le topic en question. L'idée d'un ouvrage collectif me paraît particulièrement ambitieuse, et peut-être plus difficile à réaliser si l'on vise un certain degré d'exigence scientifique...
En revanche un site dédié à l'exposé d'une historigraphie afrocentrique du Yovodah me semble un objectif moins difficile à atteindre. En tous les cas, je reste disponible pour apporter mon grain de sel, le cas échéant.
Fraternellement
_________________
http://www.afrocentricite.com/
Umoja Ni Nguvu !!!

Les Panafricanistes doivent s'unir, ou périr...
comme Um Nyobè,
comme Patrice Lumumba,
comme Walter Rodney,
comme Amilcar Cabral,
comme Thomas Sankara,
Et tant de leurs valeureux Ancêtres, souvent trop seuls au front...
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Nkossi
Bon posteur


Inscrit le: 31 Mar 2005
Messages: 722

MessagePosté le: Lun 07 Nov 2005 18:55    Sujet du message: Répondre en citant

Un négrier très "innocent"

Voilà un ouvrage fort intéressant. (Journal de bord d'un négrier)
Admirablement préfacé par le révisionniste notoire Olivier Pétré-Grenouilleau, qui n'en manque décidément jamais une pour : professer d'abominables contres-vérités sur l'esclavage. D'accord, on n'apprend rien d'autre que les clichés racistes habituels et qui malheureusement persistent jusqu a nos jours. mais au moins, on a l'occasion de rentrer dans la tête d'un acteur de la traite.

On découvre un monstre froid qui passe de la météo à la traite des "Nègres", comme on parle de la pluie et du beau temps.
Le tout dans un style littéraire assez soutenu. Mais quel crédit accorder à un document qui decrit la deportation des Nègres comme un club Med où « le sort [des esclaves] serait infiniment plus heureux que celui qu'ils avaient chez eux » ? L'historien honnête trouvera beaucoup de contre-vérités qu il n'aura aucun mal à réfuter. À condition de prendre la peine de confronter ce Journal à d'autres documents du même type ! On aura du mal à imaginer le négrier Plasse faisant voyager ses captifs sans fers, comme il l'écrit, qu'il les fasse bien manger et s'amuser comme des fous après avoir fumé la pipe.
Pour comprendre la supercherie, il faut se référer à d'autres sources et découvrir que le taux de mortalité sur l'Espérance (18,47 %) dépassa largement la moyenne de l'époque (11,2%) .Pour se dédouaner de ce manque à gagner aux yeux de l'armateur, Jean-Pierre Plasse a bidonné la réalité. Tout au long du récit, il ne ménage aucun effort pour "soigner" l'image des Africains «fripons, ivrognes et cruels » Ce qui ressemble plus vraisemblabiernient à une révolte d'esclaves est présentée comme de la piraterie. Il consacre, en effet, un long développement à sa vengeance contre des Africains qui avaient tué une partie de l'équipage de deux chaloupes, appartenant à un précédent négrier hollandais,et maintenu en esclaves les rescapés. Or, grâce aux indications de Joseph lnikori, qui s'appuie sur la « Lloyd's List » de la célèbre compagnie d'assurances, on apprend que 17,7% de navires négriers perdus l'ont été suite à des insurrections dues, soit, aux revoltes sur le navire, soit à l'aide de Noirs libres sur les rivages du port de départ. On ne peut pas nier que des négriers comme Plasse aient bénéficié de la complicité active d'intermédiaires africains.
Mais affirmer que « les vrais maîtres de I l'échange sont les Africains eux-mêmes » relève au mieux d'une "myopie historique ; au pire, de négationnisme doublé de mauvaise foi raciste. On l'oublie ,trop souvent : le coup d'envoi voi de la traite négrière fut donné 321 ans avant l'expédition de Plasse, par la capture d'Africains en Mauritanie par les navigateurs portugais Antao Gonçalves et Numo Tristao. Etait-ce pour lui apprendre à négocier avec les chefs locaux qu’Elisabeth Ière d’Anglettre a offert en 1517 un vaissau armé à l’aventurier Hawkins qui s’était illustré dans la capture de nombreux hommes sur la côte occidentale d’Afrique ?

GNIMDEWA ATAKPAMA

Le Gri-Gri International N°42 du jeudi 3 nov 2005
_________________
La véritable désaliénation du Noir implique une prise de conscience abrupte des réalités économiques et sociales. F. Fanon
L'ignorance est un danger que tout homme doit éviter. S. NKOUA

Visitez le blog de Théo http://kouamouo.ivoire-blog.com/
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
OGOTEMMELI
Super Posteur


Inscrit le: 09 Sep 2004
Messages: 1498

MessagePosté le: Dim 01 Jan 2006 19:51    Sujet du message: Répondre en citant

GNIMDEWA ATAKPAMA a écrit:
Pour comprendre la supercherie, il faut se référer à d'autres sources et découvrir que le taux de mortalité sur l'Espérance (18,47 %) dépassa largement la moyenne de l'époque (11,2%).

Cet argument est à manier avec grande précaution : une moyenne arithmétique est ce qu'il y a de plus instable comme indicateur de dispersion. Quel est, ne serait-ce que, l'écart-type dans les séries ayant permis de produire cette moyenne-ci?

D'autre part, la mortalité sur les négrier aux XVème (Gonçalvès) et XVIème siècle (Hawkins) est fort différente de celle du XVIIème siècle, laquelle est encore différente de celle du XVIIIème siècle (Plasse), qui n'est pas celle du XIXème siècle (Traite dite interlope, la plus risquée et la plus meurtrière). En sorte que mélanger les séries de données concernant ces époques contribue davantage à la confusion qu'à la clarté.
Plus précisément, le 11.2% est entièrement théorique et fort dépendant de son auteur ; chacun ayant son propre taux de mortalité, en fonction de ce qu'il veut démontrer. Tandis que le 18.47% relève d'une observation précise et documentée, celle de l'Esperance.

Par conséquent, il me semble plus raisonnable de considérer que c'est le résultat théorique de 11.2% (nécessairement instable, pour les raisons évoquées) qui est en contradiction flagrante avec un résultat observé sur un négrier "pris au hasard" (le fait que Plasse ait laissé un "Journal" qui ait été publié étant relativement aléaroire...). D'où je déduis que la moyenne de 11.2% est très en dessous de la réalité de la mortalité sur les négriers au XVIII siècle ; laquelle est probablement plus proche des 18.47% de l'Espérance. Où l'on voit comment un argument pris à la légère peut se retourner contre soi...

En tout cas, on a d'autres exemples (certes au XIXème siècle) de négriers dont 100% de la cargaison de bois d'ébène a péri : c'est le cas de l'ignoble Omans (rapporté dans mon post sur "les aventures de Canot") qui a noyé 600 Nègres pour sauver sa peau, se voyant sur le point d'être arraisonné par la marine militaire britannique. Et l'on peut aisément imaginer que les nombreuses mutineries dont il est fait état dans les documents de la Llyod's ont fortement contribué à rapprocher cette mortalité de 20%, plutôt que de 11.2%, au XVIIIème siècle, a fortiori au XIXème.

En définitive, tout ceci pour dire qu'il reste encore à faire un véritable travail de statistiques sur les données disponibles (et à découvrir) de la traite des Nègres. Si quelques Grioonautes étudiants en stat pouvaient s'intéresser à ce sujet, ça serait formidable ; au lieu de laisser tout le terrain occupé par des Grenouilles expertes en prestidigitation. D'ici là, les cas concrètement documentés comme ceux de l'Espérance ne devraient pas être récusés à l'aune de statistiques si sujettes à caution, au moins du point de vue de leur méthodologie.
_________________
http://www.afrocentricite.com/
Umoja Ni Nguvu !!!

Les Panafricanistes doivent s'unir, ou périr...
comme Um Nyobè,
comme Patrice Lumumba,
comme Walter Rodney,
comme Amilcar Cabral,
comme Thomas Sankara,
Et tant de leurs valeureux Ancêtres, souvent trop seuls au front...
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Skelter
Grioonaute régulier


Inscrit le: 14 Mar 2005
Messages: 417

MessagePosté le: Jeu 12 Jan 2006 14:47    Sujet du message: Répondre en citant

OGOTEMMELI a écrit:


En définitive, tout ceci pour dire qu'il reste encore à faire un véritable travail de statistiques sur les données disponibles (et à découvrir) de la traite des Nègres. Si quelques Grioonautes étudiants en stat pouvaient s'intéresser à ce sujet, ça serait formidable ; au lieu de laisser tout le terrain occupé par des Grenouilles expertes en prestidigitation. D'ici là, les cas concrètement documentés comme ceux de l'Espérance ne devraient pas être récusés à l'aune de statistiques si sujettes à caution, au moins du point de vue de leur méthodologie.


Justement Grenouilleau donne une estimation allant de 10 à 20% ce qui correspond à tes chiffres je crois^^

Concernant la durée de vie moyenne, au début en tout cas, elle est en moyenne de 3 ans.
Le solde naturel étant constament négatif, -3% en moyenne aux Antilles il me semble, jusqu'à la fin de la servitude.
_________________
Le titre du bouquin de Bilé c'est "Noirs dans les camps Nazis" pas "Noirs Nazi"^^
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Montrer les messages depuis:   
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet       grioo.com Index du Forum -> Histoire Toutes les heures sont au format GMT + 1 Heure
Page 1 sur 1

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum



Powered by phpBB © 2001 phpBB Group