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CHEIKH ANTA DIOP selon Lilyan KESTELOOT dans son «anthologie

 
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Yazol
Grioonaute 1


Inscrit le: 22 Fév 2005
Messages: 108

MessagePosté le: Lun 01 Aoû 2005 12:29    Sujet du message: CHEIKH ANTA DIOP selon Lilyan KESTELOOT dans son «anthologie Répondre en citant

CHEIKH ANTA DIOP selon Lilyan KESTELOOT dans son «anthologie négro-africaine 1918-1981»

Devant toute la nouvelle génération des penseurs, philosophes, ethnologues et historiens (…), le manque de place nous contraint à n’en citer que deux, Cheikh Anta DIOP et René DEPESTRE.
En 1956, C.A. DIOP publiait « Nations Nègres et Cultures » qui affirmait l’origine négro-africaine de la civilisation égyptienne. Cela provoqua un tollé dans les milieux universitaires français (linguistes et égyptologues), à deux exceptions près : le sociologue GURVITEH et l’égyptologue SCHWALLER DE LUBICZ (1). Dans les milieux de la Négritude au contraire, le livre soulevait de l’enthoisiasme. Il donnait un énorme contrepoids à cette race dite, à l’époque, sans passé, sans histoire, sans civilisation autre qu’archaïque et primitive.

Cheikh Anta traversa tous ces remous sans perdre un grain de son assurance. Mieux, il poursuivit l’exploration de sa mine d’or : l’Egypte africaine. Il publia sans se presser : « Unité culturelle de l’Afrique noire » (1960), « L’Afrique noire précoloniale » (1960), « Antériorité des civilisations nègres » (1967), « Parenté génétique de l’égyptien pharaonique et des langues négro-africaines » (1977), et enfin « Civilisation ou barbarie » (1981).

Cheikh Anta approfondissait sa recherche en utilisant toutes les disciplines : archéologie, datation au Carbone 14, étude chimique sur la pigmentation des momies, études de linguistique comparative, et enfin dans son dernier livre, l’étude détaillée de la culture égyptienne, dans ses aspects scientifiques et religieux, ce qui n’avait été qu’ébauché dans son livre de 1956, où il s’appuyait davantage sur des éléments extérieurs (physionomie négroïde de certains pharaons, témoignages des historiens grecs, etc.). Et au fur et à mesure de ses publications nouvelles, ses travaux furent reconnus par ces égyptologues tant américains que russes, belges ou… égyptiens ! L’Ecole française resta sur sa réserve - disons plutôt son allergie. Les travaux de Cheikh Anta sont surtout contestés sur les plans linguistique et ethnologique. Mais il faut remarquer que les égyptologues français ne connaissent ni les langues ni les civilisations noires, et que les ethnologues et linguistes africanistes ne connaissent pas grand-chose à l’égyptologie et ne savent pas lire les hiéroglyphes C’est donc un dialogue de sourds, Cheikh Anta ne trouvant pas d’interlocuteurs valables, les gens ne connaissent qu’une face du problème, alors que lui connaît les deux ; il lit couramment les hiéroglyphes et connaît parfaitement le Wolof, sa langue maternelle.

Il n’y a qu’un linguiste ethnologue (2) à Paris, qui puisse témoigner de la validité des travaux de Cheikh Anta, avec la compétence nécessaire. C’est Luc BOUQUIAUX, maître de recherches au C.N.R.S. ; il a d’abord fait des études sur la langue égyptienne. Ensuite il a travaillé au Nigeria sur le Haoussa. Il a été frappé par les ressemblances structurelles entre les deux langues, et en conséquences, les théories de Cheikh Anta lui paraissent parfaitement fondées.

Du côté africain, Cheikh Anta DIOP, depuis vingt-cinq ans, n’a pas cessé de fasciner l’élite intellectuelle. Rares sont les professeurs d’universités africaines ou négro-africaines qui passent à Dakar et ne demandent pas à rencontrer Cheikh Anta DIOP. Pourquoi exactement ? Quel est son rôle ? Pourquoi ce besoin non seulement de le lire, mais de le voir et de discuter avec lui ? Cela tient au rayonnement de sa personnalité. Je pense qu’il est pour les intellectuels noirs, une espèce de pôle, la référence exemplaire d’une quête à la fois historique, scientifique et idéologique. D’une part son obstination, son travail acharné, son honnêteté intellectuelle ; et d’autre part, SON REFUS DU COMPROMIS, SON INCORRUPTIBILITE, son courage sans défaillance (3) ; tout cela situe cet homme au sommet d’une génération de chercheurs et de professeurs pour qui il incarne l’intellectuel non galvaudé, celui qui a su rester « pur ». Et, à des degrés divers, chacun tente de lui ressembler, ou tout au moins, lui rend hommage.

(1) Shwaller de Lubicz est l’un des rares égyptologues français qui a étudié l’ésotérisme égyptien. Son œuvre monumentale, « le temple de l’homme » est en 3 tomes, mais la collection « Champ » en a publié un extrait déjà très convaincant : « Le miracle égyptien ». Cheikh Anta l’a connu personnellement et fut encouragé par lui dans sa recherche.

(2) A ma connaissance, en tout cas.

(3) Il faut savoir qu’on a offert à Cheikh Anta au moins 10 chaires de professeur, dans les universités africaines ou américaines ; on lui a offert des situations de fonctionnaire grassement payé dans des organisations internationales ; mais l’argent ne l’intéresse pas. Senghor lui a offert un poste de ministre et la croix de l’Ordre du Lion ; mais, si la politique intéresse Cheikh Anta, le pouvoir lui-même ni les décorations ne lui semblent désirables. Et même dans les mauvais jours, quand il fut emprisonné, ou désigné comme « opposant à la solde Moscou », il a toujours refusé de s’exiler. Cheikh Anta est comme le baobab. Il veut rester planté dans sa terre, même ingrate. Il ne « pousse bien » qu’au Sénégal.
_______
PS : L’auteur de ce texte Lilyan KESTELOOT est une femme belge, Directrice de recherches à l'Institut Fondamental d'Afrique Noire (IFAN) de Dakar où elle travaille depuis de nombreuses années. Elle a publié un très grand nombre d'ouvrages sur les littératures africaines.
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