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La femme dans la littérature africaine
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Diali
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MessagePosté le: Lun 20 Mar 2006 16:06    Sujet du message: Répondre en citant

Non, Princesse, je ne l'ai pas lu ! Tu nous en parles ?
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Linguere
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MessagePosté le: Lun 20 Mar 2006 19:30    Sujet du message: Douceurs du Bercail Répondre en citant

diali a écrit:
Non, Princesse, je ne l'ai pas lu ! Tu nous en parles ?


Euh...je vais essayer Laughing
Dans ce livre, elle s'attaque a la problematique de l'immigration.
Asta une jeune femme qui part en mission en Europe, et se retrouve arretee(apres une disute avec un douanier).Pendant plusieurs jours, elle attend d'etre deportee(avec un bon nombre d'africains "indesirables". Elle perd son calme face a l'injustice, le racisme, mais tres vite elle se rend compte que l'avenir n'est pas la ou tu es deshumanise, l'avenir est dans la dignite retrouvee et partagee, au seuil de sa demeure.
Et je la cite: "Aimons notre terre; nous l'arroserons de notre sueur et la creuserons de toutes nos forces, avec courage. La lumière de notre espérance nous guidera, nous récolterons et bâtirons. Alors seulement nous pourrons emprunter les routes du ciel, de la terre et de l'eau sans être chassés commme des parias.
D'abord ASF commence par la description la plus noire de ce que notre societe a de plus triste qui se manisfeste dans notre desir d'emigrer, a tenter cette aventure au pire des humiliations reservees aux "indesirables" que nous sommes. Elle utilise des personnages typiques pour decrire notre desespoir.
Dans cet ouvrage, elle fait une peinture sociale detaillee:les problemes d'identite culturelle, la corruption du systeme, la pauvrete rurale, l'exode, l'amitie au-dela des barrieres raciales(Asta la Senegalaise et Anne la Francaise), les couples modernes.
La narration du livre n'est pas chronologique, car elle digresse et remonte les souvenirs des personnages. D'abord on decouvre les personnages tels qu'ils sont au debut, et c'est seulement apres les avoir "frequentes" tout au long du livre, qu'on apprend leurs histoires individuelles et uniques mais qui tissent une trame sociale complete.
Asta et Anne sont unies par l'affection et la solidarite------>le pouvoir du dialogue entre l'Afrique qui est une victime et l'Occident toujours hostile.

C'est un livre que je trouve excellent.
J'espere que je t'aurai "accrochee: Laughing
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Diali
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MessagePosté le: Mar 21 Mar 2006 13:28    Sujet du message: Re: Douceurs du Bercail Répondre en citant

Linguere a écrit:
diali a écrit:
Non, Princesse, je ne l'ai pas lu ! Tu nous en parles ?


Euh...je vais essayer Laughing
Dans ce livre, elle s'attaque a la problematique de l'immigration.
Asta une jeune femme qui part en mission en Europe, et se retrouve arretee(apres une disute avec un douanier).Pendant plusieurs jours, elle attend d'etre deportee(avec un bon nombre d'africains "indesirables". Elle perd son calme face a l'injustice, le racisme, mais tres vite elle se rend compte que l'avenir n'est pas la ou tu es deshumanise, l'avenir est dans la dignite retrouvee et partagee, au seuil de sa demeure.
Et je la cite: "Aimons notre terre; nous l'arroserons de notre sueur et la creuserons de toutes nos forces, avec courage. La lumière de notre espérance nous guidera, nous récolterons et bâtirons. Alors seulement nous pourrons emprunter les routes du ciel, de la terre et de l'eau sans être chassés commme des parias.
D'abord ASF commence par la description la plus noire de ce que notre societe a de plus triste qui se manisfeste dans notre desir d'emigrer, a tenter cette aventure au pire des humiliations reservees aux "indesirables" que nous sommes. Elle utilise des personnages typiques pour decrire notre desespoir.
Dans cet ouvrage, elle fait une peinture sociale detaillee:les problemes d'identite culturelle, la corruption du systeme, la pauvrete rurale, l'exode, l'amitie au-dela des barrieres raciales(Asta la Senegalaise et Anne la Francaise), les couples modernes.
La narration du livre n'est pas chronologique, car elle digresse et remonte les souvenirs des personnages. D'abord on decouvre les personnages tels qu'ils sont au debut, et c'est seulement apres les avoir "frequentes" tout au long du livre, qu'on apprend leurs histoires individuelles et uniques mais qui tissent une trame sociale complete.
Asta et Anne sont unies par l'affection et la solidarite------>le pouvoir du dialogue entre l'Afrique qui est une victime et l'Occident toujours hostile.

C'est un livre que je trouve excellent.
J'espere que je t'aurai "accrochee: Laughing


J'ai lu avec attention ton résumé. Merci !
Je suis sûre que c'est un livre qui me plairait.
ASF aborde toujours avec talent les vrais sujets de société et elle parvient à le faire avec des personnages et une trame toujours très forts. Je l'admire particulièrement.
Pour toi, quelle est la jeune écrivain sénégalaise qui prend la relève si je puis dire ? celle qui te touche le plus ?
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Linguere
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MessagePosté le: Sam 25 Mar 2006 20:20    Sujet du message: Répondre en citant

diali a écrit:
Pour toi, quelle est la jeune écrivain sénégalaise qui prend la relève si je puis dire ? celle qui te touche le plus ?


Salut Diali,

C'est un peu difficile comme question car ca fait un bail que j'ai pas lu.
Mes plus recentes sont Fatou Diome(j'ai lu que La Preference Nationale et Le Ventre de l'Atlantique).
Meme si c'est le 2e qui a fait son succes, je trouve que s'il faut en lire un, c'est le premier.
Fatou est fabuleuse a lire mais s'il y a quelque chose que je deplore chez elle, c'est son cote peu pudique(en tant que senegalaise), certains passages peuvent choquer, peut-etre que c'est ca qui fait sa particularite(comparee a ses ainees). Mais sur le plan formel, Le Ventre de l'Atlantique est bien ecrit et le style est tres fluide, frais, et Fatou est terriblement lucide pour les realites du Senegal.
Et comme je l'ai dit plus haut, pour comprendre sa personnalite, il faut vraiment lire La Preference Nationale, la ou la plupart des grands auteurs africains ont expose les realites horrifiantes de nos societes sans les designer nommement, Fatou, elle ne se gene pas(elle est encore a vif). Manque d'experience ou tente-t-elle de se demarquer des autres?
Une personne qui lit Fatou retiendra certainement plus la qualite de l'ecriture, son style, le langage image.Cote contenu, pour un non senegalais(ou non africain), le recit peut etre captivant, car ca permet de mieux apprehender l'immigration mais si c'est un senegalais qui a quitte son village pour immigrer, ca lui apprend pas grand chose et ca ne pousse pas a une reflexion vraiment originale sur ce sujet.
Peut-etre que y en a d'autres(eloignes des plateaux de television) qui ecrivent mieux qu'elle, Fatou a eu une bonne publicite(maitrise des moyens de communication), le grand marketing des maisons d'edition?
Mais toujours est-il que, meme si d'autres avant elle ont parle du racisme, dans ses livres, dans ses livres il y a une meilleure description du racisme ordinaire que nous vivons.

Une autre que j'ai lue KHadi Hane Ma Sale Peau Noire(titre provocateur Laughing). Dans ce livre, elle parle de la cruaute du racisme, la haine de sa famille(inspiree de l'histoire d'une fille de 8 ans issue d'une famille polygame, maltraitee par sa mere qui a beaucoup subi de son mari polygame et qui deverse ses rancoeurs sur ses enfants), les consequences de la colonisation, mais dans un style qui lui est tres propre, un style mordant, Khadi propose des solutions, la responsabilite de chacun a resister a la colonisation culturelle: "la solution de nos maux se trouve en nous tous, sceller une relation d'amour avec nos terres pour avoir envie de leur leguer nos souffles".
Un autre de ces titres dont on m'a parlee mais que j'espere bientot lire, Le Collier de Paille ou de l'Adultere en Afrique(l'adultere en milieu musulman en Afrique). Si jamais je me le procure, je t'en parlerai apres lecture. On dit qu'elle ecrit pous les noirs qui n'ont pas un droit de reponse(d'ou les dialogues). Rolling Eyes
Ciao
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MessagePosté le: Dim 26 Mar 2006 17:50    Sujet du message: Répondre en citant

Linguere a écrit:
diali a écrit:
Pour toi, quelle est la jeune écrivain sénégalaise qui prend la relève si je puis dire ? celle qui te touche le plus ?


Salut Diali,

C'est un peu difficile comme question car ca fait un bail que j'ai pas lu.
Mes plus recentes sont Fatou Diome(j'ai lu que La Preference Nationale et Le Ventre de l'Atlantique).
Meme si c'est le 2e qui a fait son succes, je trouve que s'il faut en lire un, c'est le premier.
Fatou est fabuleuse a lire mais s'il y a quelque chose que je deplore chez elle, c'est son cote peu pudique(en tant que senegalaise), certains passages peuvent choquer, peut-etre que c'est ca qui fait sa particularite(comparee a ses ainees). Mais sur le plan formel, Le Ventre de l'Atlantique est bien ecrit et le style est tres fluide, frais, et Fatou est terriblement lucide pour les realites du Senegal.
Et comme je l'ai dit plus haut, pour comprendre sa personnalite, il faut vraiment lire La Preference Nationale, la ou la plupart des grands auteurs africains ont expose les realites horrifiantes de nos societes sans les designer nommement, Fatou, elle ne se gene pas(elle est encore a vif). Manque d'experience ou tente-t-elle de se demarquer des autres?
Une personne qui lit Fatou retiendra certainement plus la qualite de l'ecriture, son style, le langage image.Cote contenu, pour un non senegalais(ou non africain), le recit peut etre captivant, car ca permet de mieux apprehender l'immigration mais si c'est un senegalais qui a quitte son village pour immigrer, ca lui apprend pas grand chose et ca ne pousse pas a une reflexion vraiment originale sur ce sujet.
Peut-etre que y en a d'autres(eloignes des plateaux de television) qui ecrivent mieux qu'elle, Fatou a eu une bonne publicite(maitrise des moyens de communication), le grand marketing des maisons d'edition?
Mais toujours est-il que, meme si d'autres avant elle ont parle du racisme, dans ses livres, dans ses livres il y a une meilleure description du racisme ordinaire que nous vivons.

Une autre que j'ai lue KHadi Hane Ma Sale Peau Noire(titre provocateur Laughing). Dans ce livre, elle parle de la cruaute du racisme, la haine de sa famille(inspiree de l'histoire d'une fille de 8 ans issue d'une famille polygame, maltraitee par sa mere qui a beaucoup subi de son mari polygame et qui deverse ses rancoeurs sur ses enfants), les consequences de la colonisation, mais dans un style qui lui est tres propre, un style mordant, Khadi propose des solutions, la responsabilite de chacun a resister a la colonisation culturelle: "la solution de nos maux se trouve en nous tous, sceller une relation d'amour avec nos terres pour avoir envie de leur leguer nos souffles".
Un autre de ces titres dont on m'a parlee mais que j'espere bientot lire, Le Collier de Paille ou de l'Adultere en Afrique(l'adultere en milieu musulman en Afrique). Si jamais je me le procure, je t'en parlerai apres lecture. On dit qu'elle ecrit pous les noirs qui n'ont pas un droit de reponse(d'ou les dialogues). Rolling Eyes
Ciao


Salut Linguere,

Je suis contente de nos échanges, ça me fait très plaisir de discuter de littérature sénégalaise avec toi.

Pour ce qui est du Ventre de l'Atlantique de F. Diome, en effet, il porte atteinte à la fameuse soutoura sénégalaise ! Mais je pense que F. Diome a eu le courage de dire des choses que tout le monde pense mais n'ose pas dire ! Je n'aime pas particulièrement son style mais j'apprécie son courage. Elle parle de réalités quotidiennes, vécues par beaucoup.
Elle a publié un dernier roman récemment, tu en as entendu parler ? J'avoue que pour l'instant, ça ne me dit rien ! Pour moi, elle n'est pas à la hauteur d'une ASF, donc si elle permet à beaucoup de Français (elle vit à Strasbourg depuis quelques années) de découvrir la littérature sénégalaise, pour moi ce n'est pas cette femme qui prendra la relève mais c'est une question de goût !

Pour ce qui est de l'extrait que tu as donné de Ma sale peau noire :
"la solution de nos maux se trouve en nous tous, sceller une relation d'amour avec nos terres pour avoir envie de leur leguer nos souffles", je la trouve magnifique, si poétique et si vraie. Tout est dit.

Je suis encore paresseuse dans mes lectures ces temps-ci Confused mais je sens que lorsque je vais reprendre, ça va y aller ! Si autour de toi des noms de jeunes femmes écrivains sénégalaises de talent circulent, n'hésite pas à m'en faire part !

Bien à toi,

Diali
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MessagePosté le: Ven 31 Mar 2006 20:35    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour Diali,

diali a écrit:
Elle a publié un dernier roman récemment, tu en as entendu parler ? J'avoue que pour l'instant, ça ne me dit rien !


Non pas encore. Je ferai une recherche.

Citation:
Pour moi, elle n'est pas à la hauteur d'une ASF, donc si elle permet à beaucoup de Français (elle vit à Strasbourg depuis quelques années) de découvrir la littérature sénégalaise, pour moi ce n'est pas cette femme qui prendra la relève mais c'est une question de goût !


Certes, on peut pas la comparer a une ASF(ses anciens livres etaient de vraies peintures sociales qui sont encore tres percutantes, mais elle est devenue moins combattante, plus douce, on peut s'en rendre compte en lisant Douceurs du Bercail) ou a Mariama Ba, ou a Ken Bugul(celle la, tout le monde la trouve geniale, moi j'accroche pas.)
Fatou a certainement eu plus de publicite que certaines, d'ou son grand succes, mais son style(rebelle) est quand meme assez different.

Citation:
Si autour de toi des noms de jeunes femmes écrivains sénégalaises de talent circulent, n'hésite pas à m'en faire part !


On m'a parlee d'une Abibatou Traore qui, a 25 ans, a publie son premier roman Sidagamie(les femmes polygames face au SIDA)et d'une autre Amina Zaaria qui a sorti La Nuit est tombee sur Dakar(l'histoire de 2 jeunes villageoises qui deviennent des prostituees pour toubabs une fois a Dakar).

J'ai plein de catch-up a faire cote lecture, donc pour le moment je pourrai pas t'en parler, d'ici quelques semaines peut-etre. Comme on dit "Lire un livre, c'est vivre des vies". Laughing

Bonne Lecture.
Bien des choses,
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MessagePosté le: Sam 01 Avr 2006 15:33    Sujet du message: Répondre en citant

Linguere a écrit:
Bonjour Diali,

diali a écrit:
Elle a publié un dernier roman récemment, tu en as entendu parler ? J'avoue que pour l'instant, ça ne me dit rien !


Non pas encore. Je ferai une recherche.

Citation:
Pour moi, elle n'est pas à la hauteur d'une ASF, donc si elle permet à beaucoup de Français (elle vit à Strasbourg depuis quelques années) de découvrir la littérature sénégalaise, pour moi ce n'est pas cette femme qui prendra la relève mais c'est une question de goût !


Certes, on peut pas la comparer a une ASF(ses anciens livres etaient de vraies peintures sociales qui sont encore tres percutantes, mais elle est devenue moins combattante, plus douce, on peut s'en rendre compte en lisant Douceurs du Bercail) ou a Mariama Ba, ou a Ken Bugul(celle la, tout le monde la trouve geniale, moi j'accroche pas.)
Fatou a certainement eu plus de publicite que certaines, d'ou son grand succes, mais son style(rebelle) est quand meme assez different.

Citation:
Si autour de toi des noms de jeunes femmes écrivains sénégalaises de talent circulent, n'hésite pas à m'en faire part !


On m'a parlee d'une Abibatou Traore qui, a 25 ans, a publie son premier roman Sidagamie(les femmes polygames face au SIDA)et d'une autre Amina Zaaria qui a sorti La Nuit est tombee sur Dakar(l'histoire de 2 jeunes villageoises qui deviennent des prostituees pour toubabs une fois a Dakar).

J'ai plein de catch-up a faire cote lecture, donc pour le moment je pourrai pas t'en parler, d'ici quelques semaines peut-etre. Comme on dit "Lire un livre, c'est vivre des vies". Laughing

Bonne Lecture.
Bien des choses,


Salut Linguere,

Ce livre d'Amina Zaaria que tu cites, "la nuit est tombée sur Dakar", j'en ai parlé dans ce post. C'est l'un des premiers livres d'auteurs sénégalais que j'ai eu l'occasion de lire. J'ai donc développé plus haut ce que j'en pensais. Toi-même l'as-tu lu ?

En ce qui concerne Ken Bugul que tu cites, je comprends parfaitement ton point de vue : j'ai eu au tout début du mal à accrocher parce qu'elle veut tout dire en même temps, qu'elle est trop révoltée et que son style semble parfois peu travaillé. Mais ses sujets sont très forts et me parlent énormément et, je pense qu'elle a un vrai talent. Par contre, pour moi, ce n'est pas encore elle qui prendra la relève d'une ASF !

Quant à cette nouvelle douceur d'ASF que tu évoques, elle me semble naturelle : quand on a pu lutter avec ses propres mots, faire entendre son message, on finit par être davantage en paix avec soi-même et être plus doux dans son combat ! L'expérience, plus que l'âge, permet de gagner cette douceur dont tu parles. Mais je suis sûre qu'ASF n'a pas abandonné ses combats ! Elle est juste plus sage et plus posée ! En tous les cas, dès que j'aurai fini de faire ma paresseuse Laughing , je me procurerai son fameux roman dont tu nous as parlé ! Je suis vraiment très curieuse de voir ce changement dont tu parles, même s'il ne m'étonne pas et au contraire, me semble logique.

Par contre, je n'ai jamais entendu parler de Abibatou Traore. As-tu lu son livre ?

Enfin, c'est vrai que "lire un livre, c'est vivre des vies" comme tu dis, mais par procuration ! Ces temps-ci, je vis des vies dans le réel d'où ma paresse intellectuelle !

Ba bénène yone !
Diali
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MessagePosté le: Sam 01 Avr 2006 22:15    Sujet du message: Répondre en citant

Salut Diali
diali a écrit:
Salut Linguere,
Ce livre d'Amina Zaaria que tu cites, "la nuit est tombée sur Dakar", j'en ai parlé dans ce post. C'est l'un des premiers livres d'auteurs sénégalais que j'ai eu l'occasion de lire. J'ai donc développé plus haut ce que j'en pensais. Toi-même l'as-tu lu ?


Je l'ai pas encore lu, je te donnais juste des noms dont j'ai entendu parler. Je prendrai le temps de lire tes commentaires la dessus.

Citation:
En ce qui concerne Ken Bugul que tu cites, je comprends parfaitement ton point de vue : j'ai eu au tout début du mal à accrocher parce qu'elle veut tout dire en même temps, qu'elle est trop révoltée et que son style semble parfois peu travaillé. Mais ses sujets sont très forts et me parlent énormément et, je pense qu'elle a un vrai talent. Par contre, pour moi, ce n'est pas encore elle qui prendra la relève d'une ASF !


Ce que j'aime pas chez Ken Bugul c'est le fait qu'elle se repete trop(les mots ou les expressions), meme si ses sujets sont tres forts, les repetitions enlevent tout le charme au texte. Elle n'a pas cette technique litteraire pour accompagner ses prises de position Mais je pense que ce qu'on cherche dans la lecture determine notre appreciation de l'oeuvre.
Pour moi la technique que l'auteur utilise pour me faire vivre certaines experiences est tres importante. Par exemple, un Salman Rushdie,avec son fameux Les Versets Sataniques, a une technique tres fascinante, on n'a pas les memes visions sur l'Islam mais j'avoue que sa facon d'aborder certains themes est tres perceptive.
Comme tu dis, Ken te parle enormement, certainement parce qu'au dela d'un simple divertissement, la lecture permet de se retrouver soi-meme, elle te permet de mieux connaitre cet "animal" qu'est l'etre humain. Et c'est peut-etre la que Mariama Ba n'aura jamais d'egal, car avec ses chefs-d'oeuvre comme Une Si Longue Lettre elle aura permis a toutes les femmes senegalaises et peut-etre africaines a vivre la vie de ses personnages pas de facon temporaire mais permanente. Le style, le contenu, tout y est. "C'est de l'humus sale et nauseabond que jaillit la plante verte. Je sens pointer en moi des bourgeons neufs. Le mot bonheur recouvre bien quelque chose n'est ce pas? Eh bien j'irai a sa recherche!" Laughing Mariama Ba est la voix de nos coeurs, et son livre nous a(trop bien) expose a la realite de la condition de la femme senegalaise. "Au quarantieme jour, je lui ai pardonne..."---->le mougn et le soutoura.(en reference aussi avec la fille qui tombe enceinte).
Donc je comprends que tu n'aies pas encore trouve de remplacantes pour ASF et MB. Lisons et decouvrons Laughing Y en a certainement une out there.

Citation:
Par contre, je n'ai jamais entendu parler de Abibatou Traore. As-tu lu son livre ?


Non j'en ai juste entendu parler, comme d'amina Zaaria, la ou je suis c'est tres difficile de se les procurer ces livres, le "par terre" de Sandaga me manque Laughing

Bien des choses,
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MessagePosté le: Dim 02 Avr 2006 08:20    Sujet du message: Répondre en citant

Linguere a écrit:
Salut Diali

Ce que j'aime pas chez Ken Bugul c'est le fait qu'elle se repete trop(les mots ou les expressions), meme si ses sujets sont tres forts, les repetitions enlevent tout le charme au texte. Elle n'a pas cette technique litteraire pour accompagner ses prises de position Mais je pense que ce qu'on cherche dans la lecture determine notre appreciation de l'oeuvre.
Pour moi la technique que l'auteur utilise pour me faire vivre certaines experiences est tres importante. Par exemple, un Salman Rushdie,avec son fameux Les Versets Sataniques, a une technique tres fascinante, on n'a pas les memes visions sur l'Islam mais j'avoue que sa facon d'aborder certains themes est tres perceptive.
Comme tu dis, Ken te parle enormement, certainement parce qu'au dela d'un simple divertissement, la lecture permet de se retrouver soi-meme, elle te permet de mieux connaitre cet "animal" qu'est l'etre humain. Et c'est peut-etre la que Mariama Ba n'aura jamais d'egal, car avec ses chefs-d'oeuvre comme Une Si Longue Lettre elle aura permis a toutes les femmes senegalaises et peut-etre africaines a vivre la vie de ses personnages pas de facon temporaire mais permanente. Le style, le contenu, tout y est. "C'est de l'humus sale et nauseabond que jaillit la plante verte. Je sens pointer en moi des bourgeons neufs. Le mot bonheur recouvre bien quelque chose n'est ce pas? Eh bien j'irai a sa recherche!" Laughing Mariama Ba est la voix de nos coeurs, et son livre nous a(trop bien) expose a la realite de la condition de la femme senegalaise. "Au quarantieme jour, je lui ai pardonne..."---->le mougn et le soutoura.(en reference aussi avec la fille qui tombe enceinte).
Donc je comprends que tu n'aies pas encore trouve de remplacantes pour ASF et MB. Lisons et decouvrons Laughing Y en a certainement une out there.


la ou je suis c'est tres difficile de se les procurer ces livres, le "par terre" de Sandaga me manque Laughing

Bien des choses,
Linguerou Djolof


Bonjour Linguere,

J'ai également beaucoup parlé de Ken Bugul sur ce post, tu pourras compléter ! Je suis complètement d'accord avec toi sur son style sauf que je ne l'ai pas interprété pareil ! Je t'explique ! Par exemple, dans "rue Felix-Faure", les premières pages sont carrément agaçantes à cause de la répétition. Mais pour moi, Ken Bugul a utilisé la répétition comme une technique littéraire justement : la répétition rend souvent poétiques les textes, d'ailleurs, c'est une technique classique très utilisée en poésie. Le "problème", c'est qu'elle l'a utilisée avec excès pour sa prose, en tous les cas dans les premières pages de son roman, ce qui l'a rendue très lourde. Elle voulait, je suppose, par l'usage de cette répétition à vocation poétique, faire écho à cette rue Félix-Faure qu'elle a réussi par d'autres moyens à nous rendre poétique. Ensuite, son style devient plus léger, l'énigme nous attire et elle nous touche en tant que femmes !

Pour nos amis qui ne sont pas Sénégalais, on peut peut-être leur préciser les termes que nous avons employés ttes les deux "soutoura" et "mougn" :
- "soutoura", je l'ai surtout entendu pour la femme Laughing , c'est garder sa pudeur en fait (par son comportement, en ne parlant pas de certaines choses...) ;
- "mougn", c'est l'endurance, dans le sens de supporter et pareillement, je l'ai souvent entendu pour la femme !
Si tu veux préciser, n'hésite pas !

Mariama Bâ et ASF ont su parler sans détour de la condition de la femme sénégalaise, en portant dans la SPHERE PUBLIQUE les souffrances quotidiennes tues jusqu'à présent pour les raisons évoquées ci-dessous (mougn et soutoura). Elles peuvent être considérées comme révolutionnaires.
Elles ont dit beaucoup et de façon magnifique, elles ont touché la femme mais aussi l'homme.
Celle qui prendra la relève devra, il me semble, aller au-delà !
Perso, je verrais bien une écrivain sénégalaise qui baserait ses romans sur l'histoire de son pays avant la conquête musulmane par exemple. C'est le "Ségou" de Maryse Condé, dont je dois parler depuis un moment Wink , qui m'a donné cette envie. Je pense que ce serait intéressant que la femme sénégalaise étudie cette période et construise un roman avec cette dernière en fond de toile !
Tu disais que la lecture permet de se retrouver soi-même, je suis complètement d'accord, et je pense justement que de pouvoir lire sur cette période sera d'autant plus intéressant pour les Sénégalais et notamment les Sénégalaises ! Cela permettrait de donner à la religion sa véritable place dans les différentes couches du millefeuille de l'histoire sénégalaise ! Bref, elle permettra au lecteur de se retrouver face à sa propre histoire et donc à son moi.

Pour le Djolof, moi aussi j'ai la nostalgie. Si tu veux, écris-moi en MP pour me dire où tu es. Je fais de temps en temps des petits dîners avec des amis sénégalais (la plupart sont ici pour études), si ça te dit !!! Mais je me dis que tu ne dois pas être là où je suis, car ici, il est très facile de trouver les classiques et certaines nouveautés !!!

Bien à toi,
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MessagePosté le: Lun 03 Avr 2006 20:13    Sujet du message: Répondre en citant

Nangadef Diali,

diali a écrit:
Bonjour Linguere,
J'ai également beaucoup parlé de Ken Bugul sur ce post, tu pourras compléter ! Je suis complètement d'accord avec toi sur son style sauf que je ne l'ai pas interprété pareil ! Je t'explique ! Par exemple, dans "rue Felix-Faure", les premières pages sont carrément agaçantes à cause de la répétition. Mais pour moi, Ken Bugul a utilisé la répétition comme une technique littéraire justement : la répétition rend souvent poétiques les textes, d'ailleurs, c'est une technique classique très utilisée en poésie. Le "problème", c'est qu'elle l'a utilisée avec excès pour sa prose, en tous les cas dans les premières pages de son roman, ce qui l'a rendue très lourde. Elle voulait, je suppose, par l'usage de cette répétition à vocation poétique, faire écho à cette rue Félix-Faure qu'elle a réussi par d'autres moyens à nous rendre poétique. Ensuite, son style devient plus léger, l'énigme nous attire et elle nous touche en tant que femmes !


Je promets, c'est la derniere fois que je vais tirer sur Ken Bugul Laughing La repetition peut rendre un texte poetique, certes, mais elle en abuse. Ca peut se comprendre dans les textes de David Diop, mais si tu veux ecrire un roman de plus de 200 pages, ca devient un handicap!!!! Rolling Eyes Dans Rue Felix-Faure je trouve le style rebarbatif.Ca peut decourager plus d'un des les premieres pages.

Citation:
Pour nos amis qui ne sont pas Sénégalais, on peut peut-être leur préciser les termes que nous avons employés ttes les deux "soutoura" et "mougn" :
- "soutoura", je l'ai surtout entendu pour la femme Laughing , c'est garder sa pudeur en fait (par son comportement, en ne parlant pas de certaines choses...) ;
- "mougn", c'est l'endurance, dans le sens de supporter et pareillement, je l'ai souvent entendu pour la femme !
Si tu veux préciser, n'hésite pas !


mougn=subir et pardonner.

Citation:
Mariama Bâ et ASF ont su parler sans détour de la condition de la femme sénégalaise, en portant dans la SPHERE PUBLIQUE les souffrances quotidiennes tues jusqu'à présent pour les raisons évoquées ci-dessous (mougn et soutoura). Elles peuvent être considérées comme révolutionnaires.
Elles ont dit beaucoup et de façon magnifique, elles ont touché la femme mais aussi l'homme.


Pour Mariama Ba je pense que son roman qui s'addressait plus aux hommes qu'aux femmes c'etait Un Chant Ecarlate.

Citation:
Celle qui prendra la relève devra, il me semble, aller au-delà !
Perso, je verrais bien une écrivain sénégalaise qui baserait ses romans sur l'histoire de son pays avant la conquête musulmane par exemple. C'est le "Ségou" de Maryse Condé, dont je dois parler depuis un moment Wink , qui m'a donné cette envie. Je pense que ce serait intéressant que la femme sénégalaise étudie cette période et construise un roman avec cette dernière en fond de toile !


C'est une bonne idee, et j'avoue que j'ai jamais lu(hommes comme femmes) quelqu'un aborder ce theme.
J'ai recu un cadeau, de mon pere, de presque tous les films de Ousmane Sembene et dans Ceddo, il a effleure ce sujet(les Ceddo qui ont tente de preserver leur culture africaine traditionnelle face a l'arrivee de l'Islam et du Christianisme, il y expose les debuts de la colonisation, l'esclavage, ce regard critique a fait que ce film etait interdit au Senegal, pas etonnant si on sait que Senghor etait encore President en 1977 Laughing ).

En parcourant les pages de ce forum, j'ai vu que t'avais deja parle de Segou de Maryse Conde avec Cathy. Chapeau bas a cette dame!Si je comprends bien, elle n'est ni musulmane, ni Bambara mais dans ce roman historique, on voit bien qu'elle a fait une representation adequate de cette societe avec des connaissances historiques solides et des traditions. Elle a vraiment reussi a nous faire voir le passe comme si c'etait le present. Elle a aussi ecrit Le Coeur a Rire et a Pleurer(son enfance en Guadeloupe). Helas j'ai pas encore lu ce livre Embarassed

Citation:
Tu disais que la lecture permet de se retrouver soi-même, je suis complètement d'accord, et je pense justement que de pouvoir lire sur cette période sera d'autant plus intéressant pour les Sénégalais et notamment les Sénégalaises ! Cela permettrait de donner à la religion sa véritable place dans les différentes couches du millefeuille de l'histoire sénégalaise ! Bref, elle permettra au lecteur de se retrouver face à sa propre histoire et donc à son moi.


En effet oui! En lisant, soit on est spectateur, soit on se confond au personnage. Mais dans les deux cas, ca donne l'impression d'avoir vecu l'histoire qui nous est contee. Et c'est a partir de ce moment qu'on dispose de moyens pour faire une propre crtique personnelle.


Comment se fait-il que personne n'ait jamais parle de Nadine Gordimer l'ecrivain Sud-Africaine Idea
J'ai lu un seul de ses livres: Un Amant de Fortune
C'est l'histoire entre Julie et Ibrahim. Ce dernier est issu d'un pays arabe tres pauvre(le lecteur ne decouvrira jamais de quel pays il s'agit).
Julie est issue d'une famille tres riche, mais c'est la fille rebelle, celle qui rejette les valeurs capitalistes de ses origines bourgeoises. Ibrahim, lui, est un immigre qui risque d'etre deporte. Il va a la recherche de ce monde que Julie rejette. Le lecteur assiste a un dialogue entre deux mondes, deux cultures, deux religions, deux classes sociales. Ce livre permet d'aller a la decouverte de "l'autre"(tiens, ca me rappelle une discussion que j'ai eue hier soir), la decouverte de soi, notre vraie identite et notre place dans ce monde. Un "must read".

Un autre livre qui est sur ma liste: Nous Existons Encore ecrit par Annick Kayitesi. A part Murambi de Boubacar B. Diop j'ai jamais rien lu sur le genocide Rwandais, et ca permettrait de voir une autre facette de ce drame, surtout venant d'une femme.
Quelqu'un l'aurait-il lu?

Enfin, aux antillais: Peau Noire, Cheveu Crepu:L'histoire d'une Alienation, par Juliette Smeralda. j'aimerai bien avoir l'avis de quelqu'un avant de l'entamer.

Bonne Lecture,
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MessagePosté le: Mar 04 Avr 2006 01:50    Sujet du message: Répondre en citant

Linguere a écrit:
Enfin, aux antillais: Peau Noire, Cheveu Crepu:L'histoire d'une Alienation, par Juliette Smeralda. j'aimerai bien avoir l'avis de quelqu'un avant de l'entamer.
C'est excellent fonce !!!

Quelques extraits ici : http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?t=2960
et là :
http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?p=68420#68420 et
http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?p=70238#70238


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MessagePosté le: Mar 04 Avr 2006 15:35    Sujet du message: Répondre en citant

Soundjata Kéita a écrit:
Linguere a écrit:
Enfin, aux antillais: Peau Noire, Cheveu Crepu:L'histoire d'une Alienation, par Juliette Smeralda. j'aimerai bien avoir l'avis de quelqu'un avant de l'entamer.
C'est excellent fonce !!!

Quelques extraits ici : http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?t=2960
et là :
http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?p=68420#68420 et
http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?p=70238#70238


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Soundjata, merci pour ces liens. Wink
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MessagePosté le: Mer 05 Avr 2006 09:49    Sujet du message: Répondre en citant

Linguere a écrit:
Nangadef Diali,

J'ai recu un cadeau, de mon pere, de presque tous les films de Ousmane Sembene et dans Ceddo, il a effleure ce sujet(les Ceddo qui ont tente de preserver leur culture africaine traditionnelle face a l'arrivee de l'Islam et du Christianisme, il y expose les debuts de la colonisation, l'esclavage, ce regard critique a fait que ce film etait interdit au Senegal, pas etonnant si on sait que Senghor etait encore President en 1977 Laughing ).



Na nga def Linguere ?

Si tu savais combien je l'admire Ousmane Sembène, tant en écrivain, qu'en réalisateur !! Il parle de toutes les causes qui me touchent avec un talent monstrueux. Je ne connais pas "Ceddo", tu peux nous en parler plus ? Y parle-t-il de la femme ?

Ba bénène

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MessagePosté le: Mer 05 Avr 2006 18:11    Sujet du message: Répondre en citant

diali a écrit:
Na nga def Linguere ?
Si tu savais combien je l'admire Ousmane Sembène, tant en écrivain, qu'en réalisateur !! Il parle de toutes les causes qui me touchent avec un talent monstrueux. Je ne connais pas "Ceddo", tu peux nous en parler plus ? Y parle-t-il de la femme ?
Ba bénène
Diali


Ma ngui fi rek, Diali Laughing

Sembene Ousmane! Il avait dit qu'il ecrit des romans et produit des films pour "rendre a l'Africain sa dignite que le colonisateur d'hier lui nia et que ses maitres autochtones d'aujourd'hui bafouent.". Il avait explique aussi qu'il est passe des romans au cinema pour mieux dialoguer avec le peuple qui est en grande partie analphabete.
Ceddo c'est un film sur les conversions forcees des paysans a l'Islam au XVIIe Siecle.
Ceddo signifie rebel, guerrier(en Wolof).
Ce film etait interdit au Senegal par Senghor. Selon le Fils de Joal, on ecrit Ceddo avec un seul "d" Laughing mais on peut deviner que les raisons etaient autres. Sembene a decrit ce phenomene comme le fascisme africain: le pouvoir qui controle la creation, nos esprits et nos pensees!

L'Imam, apres avoir converti la famille royale, et les grands dignitaires, se heurte a la resistance du peuple. Pour ce peuple aux convictions animistes, il n'est pas question d'adherer a une religion etrangere et renoncer au spiritualisme africain.
L'Imam detrone le Roi pour arriver a ses fins.
Il a aussi evoque l'esclavage, des africains qui echangeaient leurs freres et soeurs pour de l'alcool ou des armes Idea Et dans le film on verra que durant les reunions que le Roi convoquera, le negrier et le Pretre Catholique Blanc sont presents:complicite du Roi qui favorise l'installation de ces derniers dans le pays.(incrimination des africains dans l'histoire sombre du Continent?)
Le seul personnage feminin dans ce film est La Linguere Dior Yacine(fille du Roi). Elle fut kidnappee par les Ceddos pour la liberation de leur peuple. On la voit pas beaucoup dans le film mais a la fin, avec la mort de tous les personnages principaux(l'Imam, le Roi, le frere de Dior Yacine, ...) a travers ce personnage temeraire, Sembene nous presente La Linguere Dior Yacine comme celle qui s'opposera aux imperialistes de tous ordres. Grace a elle(la seule a survivre), Ousmane Sembene croit en la survie des Ceddos(nos valeurs et traditions).
Dans la tradition Ceddo, le neveu du Roi doit heriter du Trone(matriarcat).
Mais dans la religion musulmance, c'est le Fils aine qui doit heriter du trone(d'apres L'Imam), donc Madior(neveu du Roi et un des pretendants de Linguere Dior Yacine) se sentant menace, rejette cette religion qui pour lui ne fera que destabiliser les coutumes et valeurs d'antan.
Dans Ceddo, il nous invite nous senegalais et senegalaises musulmans Laughing a voir l'Islam comme une culture imperiale et coloniale, que la rencontre entre l'Afrique pre-Islamique et l'Islam a provoque autant de boulversements que la rencontre avec l'Europe. L'image de l'Islam depeinte dans ce film n'est pas vraiment belle a voir et ca peut se lire sur le visage de Dior Yacine apres qu'elle ait tue l'imam(ca nous montre les sentiments de Sembene qui a travers le personnage de l'Imam nous a montre un Islam sanglant). Et la ou il aura plus denonce l'Europe c'est dans Camp de Thiaroye et le pour le Christianisme il l'a fait avec Guelwaar. Je sais qu'il aura beaucoup de fans sur Grioo Laughing

Il a une trilogie en cours "L'Heroisme au Quotidien" (conditions des femmes en Afrique) avec deux volets deja sortis Faat Kine(la mere celibataire qui se sent trahie par deux hommes) et Molaade(denonciation de l'excision). J'ai pas encore visionne ceux la.
Je te parlerai de Guelwaar une autre fois.

Ba Benene,
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MessagePosté le: Mer 05 Avr 2006 19:06    Sujet du message: Répondre en citant

Linguere a écrit:
diali a écrit:
Na nga def Linguere ?
Si tu savais combien je l'admire Ousmane Sembène, tant en écrivain, qu'en réalisateur !! Il parle de toutes les causes qui me touchent avec un talent monstrueux. Je ne connais pas "Ceddo", tu peux nous en parler plus ? Y parle-t-il de la femme ?
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Ma ngui fi rek, Diali Laughing

Sembene Ousmane! Il avait dit qu'il ecrit des romans et produit des films pour "rendre a l'Africain sa dignite que le colonisateur d'hier lui nia et que ses maitres autochtones d'aujourd'hui bafouent.". Il avait explique aussi qu'il est passe des romans au cinema pour mieux dialoguer avec le peuple qui est en grande partie analphabete.
Ceddo c'est un film sur les conversions forcees des paysans a l'Islam au XVIIe Siecle.
Ceddo signifie rebel, guerrier(en Wolof).
Ce film etait interdit au Senegal par Senghor. Selon le Fils de Joal, on ecrit Ceddo avec un seul "d" Laughing mais on peut deviner que les raisons etaient autres. Sembene a decrit ce phenomene comme le fascisme africain: le pouvoir qui controle la creation, nos esprits et nos pensees!

L'Imam, apres avoir converti la famille royale, et les grands dignitaires, se heurte a la resistance du peuple. Pour ce peuple aux convictions animistes, il n'est pas question d'adherer a une religion etrangere et renoncer au spiritualisme africain.
L'Imam detrone le Roi pour arriver a ses fins.
Il a aussi evoque l'esclavage, des africains qui echangeaient leurs freres et soeurs pour de l'alcool ou des armes Idea Et dans le film on verra que durant les reunions que le Roi convoquera, le negrier et le Pretre Catholique Blanc sont presents:complicite du Roi qui favorise l'installation de ces derniers dans le pays.(incrimination des africains dans l'histoire sombre du Continent?)
Le seul personnage feminin dans ce film est La Linguere Dior Yacine(fille du Roi). Elle fut kidnappee par les Ceddos pour la liberation de leur peuple. On la voit pas beaucoup dans le film mais a la fin, avec la mort de tous les personnages principaux(l'Imam, le Roi, le frere de Dior Yacine, ...) a travers ce personnage temeraire, Sembene nous presente La Linguere Dior Yacine comme celle qui s'opposera aux imperialistes de tous ordres. Grace a elle(la seule a survivre), Ousmane Sembene croit en la survie des Ceddos(nos valeurs et traditions).
Dans la tradition Ceddo, le neveu du Roi doit heriter du Trone(matriarcat).
Mais dans la religion musulmance, c'est le Fils aine qui doit heriter du trone(d'apres L'Imam), donc Madior(neveu du Roi et un des pretendants de Linguere Dior Yacine) se sentant menace, rejette cette religion qui pour lui ne fera que destabiliser les coutumes et valeurs d'antan.
Dans Ceddo, il nous invite nous senegalais et senegalaises musulmans Laughing a voir l'Islam comme une culture imperiale et coloniale, que la rencontre entre l'Afrique pre-Islamique et l'Islam a provoque autant de boulversements que la rencontre avec l'Europe. L'image de l'Islam depeinte dans ce film n'est pas vraiment belle a voir et ca peut se lire sur le visage de Dior Yacine apres qu'elle ait tue l'imam(ca nous montre les sentiments de Sembene qui a travers le personnage de l'Imam nous a montre un Islam sanglant). Et la ou il aura plus denonce l'Europe c'est dans Camp de Thiaroye et le pour le Christianisme il l'a fait avec Guelwaar. Je sais qu'il aura beaucoup de fans sur Grioo Laughing

Il a une trilogie en cours "L'Heroisme au Quotidien" (conditions des femmes en Afrique) avec deux volets deja sortis Faat Kine(la mere celibataire qui se sent trahie par deux hommes) et Molaade(denonciation de l'excision). J'ai pas encore visionne ceux la.
Je te parlerai de Guelwaar une autre fois.

Ba Benene,
Linguere


Princesse Very Happy ,

Si tu savais combien j'ai eu plaisir à lire ton message !
En te lisant, je me suis permise de me dire une dizaine de fois : "il a tout bon, c'est un génie".
Oui, il est génial, Sembène Ousmane !!!
Il faut le dire et le redire. Et pour ceux qui ne le connaissent pas, il faut le découvrir à tout prix !!!

J'ai déjà pas mal parlé de lui dans ce post mais jamais on ne parlera assez de lui et avec tout ce que tu m'as appris encore aujourd'hui, j'ai de nouveau envie de me pencher sur son travail ! Un grand merci !

J'aime aussi ce rôle dans "Ceddo" qu'il offre à la femme, par le seul personnage féminin apparemment, de la linguere Dior Yacine : la qualité est bien meilleure que la quantité, non ? Le message est fort et c'est bien le plus important.

J'ai vu "Molaade", j'en avais parlé sur grioo dans "culture" si tu veux t'y référer.

J'attends avec impatience que tu nous parles de "Guelwaar", avec si possible la référence à son/ses personnages féminins pour rester dans la thématique de ce post.

Encore un grand merci pour ton éclairage sur cet homme admirable.

Bien à toi,
Diali
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MessagePosté le: Mar 11 Avr 2006 18:13    Sujet du message: Répondre en citant

diali a écrit:
J'attends avec impatience que tu nous parles de "Guelwaar", avec si possible la référence à son/ses personnages féminins pour rester dans la thématique de ce post.


Bonjour Diali,

Guelwaar, Guelwaar, Guelwaar!
Guelwaar=Le Noble
De la bouche de Pierre Henri Thioune dit Guelwaar, Sembene veut eveiller une nouvelle conscience chez les peuples africains. Pour lui, le progres doit etre base sur le travail collectif et non sur la mendicite internationale(dons alimentaires). Dans Guelwaar, il y denonce le chaos moral, religieux et administratif de l'Afrique post-coloniale. Donc Guelwaar, c'est l'histoire d'un militant assassine qui a ose denoncer les effets pervers de l'imperialisme. Son corps de Catholique sera retrouve dans un cimetiere musulman(apres une erreur administrative). Et ceci entrainera un grand conflit entre les 2 communautes. J'ai trouve ca quand meme assez exaggere de sa part, car au Senegal, il existe une grande tolerance religieuse.
Comme c'est bien connu chez Ousmane Sembene, il ne manquera pas de denoncer les integristes de tous bords, il met en garde contre l'instrumentalisation des religions importees. Mais cette fois-ci, il a mis de l'eau dans son Bissap Laughing, car contrairement a Ceddo, il a quand meme essaye de presenter une autre facette de ces religions: la tolerance, via les personnages de L'Abbe Leon et l'Iman Biram.
Ce sujet est toujours d'actualite, cette aide permet a nos dirigeants a bercer les populations dans l'inaction et leur permettent de piller les pays.

Dans ce film, on ne manquera pas de noter le feminisme de Sembene.
Contrairement a ces feministes qu'on retrouve dans Xala, Les Bouts de bois de Dieu, c'est dans le village qu'on retrouve ces personnages activistes(la femme de Guelwaar, sa fille, et la copine a sa fille).

1)Les deux prostituees: Sylvie[b](la fille de Guelwaar) et sa copine [b]Helene Sene.

Sylvie et Helene sont 2 prostituees, qui quittent leur village pour aller a Dakar ou elles vont tomber dans la prostitution, apres avoir tente de terminer leurs etudes secondaires. La encore, Sembene denonce ce que la ville est devenue: un produit de la colonisation, la degradation des traditions.
Dans Guelwaar, Sembene ne presente pas la prostituee comme une debauchee ou une immorale, il ne nous donne pas une image negative de la femme prostituee. Le personnage de la prostituee depasse le role qui lui a toujours ete donne dans la societe, a savoir celui de la femme objet, dans ce film, Sembene nous la presente comme une heroine.
Sylvie et Helene n'ont pas honte de pratiquer le plus vieux metier au monde. Pierre Henri Thioune qui a passe toute sa vie a denoncer la mendicite internationale dira: "je prefere la voir se prostituer et subvenir a nos besoins que d'aller mendier."
Pour denoncer la degradation des traditions, Sembene parle de Dakar(bien que l'histoire se passe a Thies, 2e ville du Senegal), on remarquera cette degradation dans l'habillement de Helene, la cigarette.
Sembene qui ne rate aucune occasion pour tirer sur l'imperialisme, utilise les personnages de Sylvie et Helene comme un outil de critique politique, une critique vers cette societe senegalaise, vers ces hommes qui pour un sac de riz, quelques litres d'huile, quelques bouteilles de lait, du sucre, sont prets a vendre corps et ames(les populations) au colonisateur(une autre forme de prostitution?). Cette societe qui est en quelque sorte responsable de la prostitution de Sylvie et Helene, ne doit en aucun cas se permettre de les juger.
On verra la fierte de Helene la prostituee d'apres sa conversation avec l'Abbe Leon qui se retiendra de juger cette fille, cette fille qui a paye a son pere son pelerinage a Yamoussoukro(comme Sylvie qui en a fait de meme pour son pere), cette fille qui paie les frais de scolarite pour ses petits-freres et continue de nourrir sa famille, cette fille qui ne manquera pas de lui dire: oui, Abbe, je suis une tiaga. Rolling Eyes cette fille qui etait dans les premiers rangs a l'accueil du Pape Jean Paul 2 lors de sa visite au Senegal.
Le message de Sembene: mieux vaut se prostituer que de vivre d'aides venant de l'ex-colonisateur, car accepter cette aide ne fera de nous d'eternels esclaves et pour retrouver notre dignite, il faudra renoncer a cette mendicite.

2)La femme de Guelwaar: Nogaye Marie
A travers ce personnage, Sembene donne a la femme 3 fonctions: savoir etre femme, mere de famille, mais aussi elle contribue au progres socio-economique et politique du pays(tout comme son mari, elle denonce l'accueil des dons alimentaires).
Nogaye Marie est douce, elle parle pas beaucoup mais au fond elle a mal, et elle a beaucoup a dire. Elle represente la femme qui sait faire le mougn et le soutoureu(encore ces 2 mots Laughing )
Dans un monologue, elle s'addresse au costume vide de Guelwaar le mort(allonge sur le lit), elle lui fait part de ses inquietudes, de son desespoir: ils ont eu 7 gosses en tout, 4 ont ete enterres, les 3 qui restent ne font pas sa fierte: Sylvie est devnue prostituee, Aloys est handicape, et Barthelemy est parti vers des cieux plus clements, il oublie meme qu'il est negre.
De ce monologue, on apprend que Guelwaar etait un grand fornificateur, mais elle a su lui pardonner, il n'apportait rien a sa famille car il passait le plus clair de son temps a militer et approuvait de la prostitution de sa fille, mais elle lui a pardonne.

Tout ceci avec la belle musique de Baaba Maal Laughing

diali a écrit:
J'aime aussi ce rôle dans "Ceddo" qu'il offre à la femme, par le seul personnage féminin apparemment, de la linguere Dior Yacine : la qualité est bien meilleure que la quantité, non ? Le message est fort et c'est bien le plus important.


En effet oui!
Son pere fut detrone et assassine par l'Imam, son frere tue par son ravisseur donc normalement elle devait heriter du trone.
Ce qui ne sera pas le cas, car on sait que ce meme trone etait courtise par l'Imam, et aussi les dignitaires ne voulaient pas d'une femme a la tete de leur royaume.
Elle symbolise cette Afrique resistante(l'espoir du Continent est entre les mains des femmes Laughing ), la femme rebelle, vis-a-vis de l'Islam des hommes. Dans son regard, de ses larmes, on lit une vengeance, et ca se concretise quand on la voit pointer le fusil sur le bas-ventre de l'Imam Embarassed. Ce dernier acte montre une Linguere triomphale a qui on a refuse le trone, mais qui est couronnee d'une autre maniere, de par sa demarche lente, sous le regard admiratif des Ceddos nouvellement convertis.
N'etait-ce pas la un hommage de la part de Sembene a toutes ces femmes guerrieres qui ont resiste a la colonisation, ces noms qu'on retrouve dans les 2 prenoms de la Linguere? Je pense meme que le nom de Dior Yacine n'etait pas un simple hasard: Yacine Boubou fut une grande resistante senegalaise face a la colonisation, et on peut aussi penser que l'autre partie de son nom se refere a cette autre figure de la resistance senegalaise, Lat-Dior Ngone Latyr, ancien roi du Cayor.

Dommage, j'ai pas ton genie pour bien te conter ces films Laughing j'aurai essaye Laughing

Bien des choses,
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MessagePosté le: Jeu 13 Avr 2006 18:35    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour Linguere, lou bess ?

Merci d'abord pour ce résumé de Guelwaar ! Comme d'habitude, ton message appelle quelques commentaires de ma part tellement son contenu est riche ! Merci une fois de plus à Sembène !

Citation:
De la bouche de Pierre Henri Thioune dit Guelwaar, Sembene veut eveiller une nouvelle conscience chez les peuples africains. Pour lui, le progres doit etre base sur le travail collectif et non sur la mendicite internationale(dons alimentaires).


C'est un message très fort sur lequel je reviendrai un peu plus bas.

Citation:
Dans Guelwaar, il y denonce le chaos moral, religieux et administratif de l'Afrique post-coloniale. Donc Guelwaar, c'est l'histoire d'un militant assassine qui a ose denoncer les effets pervers de l'imperialisme. Son corps de Catholique sera retrouve dans un cimetiere musulman(apres une erreur administrative). Et ceci entrainera un grand conflit entre les 2 communautes. J'ai trouve ca quand meme assez exaggere de sa part, car au Senegal, il existe une grande tolerance religieuse.


Je me souviens de ce fameux cimetière à Joal-Fadiouth avec des tombes musulmanes et catholiques et qui est assez emblématique de cette tolérance (du moins, il est présenté de cette façon !).

Citation:
Comme c'est bien connu chez Ousmane Sembene, il ne manquera pas de denoncer les integristes de tous bords, il met en garde contre l'instrumentalisation des religions importees. Mais cette fois-ci, il a mis de l'eau dans son Bissap , car contrairement a Ceddo, il a quand meme essaye de presenter une autre facette de ces religions: la tolerance, via les personnages de L'Abbe Leon et l'Iman Biram.



Pourquoi pas ? L'important est de montrer l'instrumentalisation de la part de certains sans caricaturer ou généraliser : la réalité est complexe et je trouve sa démarche, de montrer ainsi les diverses facettes, plutôt honnête, non ?
A ce sujet, Ken Bugul a eu le courage de dénoncer beaucoup d'excès que l'on rencontre au quotidien au Sénégal notamment avec les moqadem et a sûrement choqué car elle a choisi, dans cet ouvrage-là du moins (contrairement à Riwan ou le chemin de sable), de ne décrire qu'une facette de la question et de la combattre.

Citation:
Dans ce film, on ne manquera pas de noter le feminisme de Sembene.
Contrairement a ces feministes qu'on retrouve dans Xala, Les Bouts de bois de Dieu, c'est dans le village qu'on retrouve ces personnages activistes(la femme de Guelwaar, sa fille, et la copine a sa fille)


L'emploi de ce mot "féminisme" pour les personnages de Sembène me gêne un peu car il a une conotation particulière (notamment liée au mouvement féministe en France des années 60/70 par ex) notamment pour les personnages féminins des Bouts de Bois de Dieu que tu cites : si l'un des personnages se rapproche de la vision que l'on peut avoir de la féministe, les autres femmes prennent surtout le relai des hommes lors d'une période de crise, dépassent leur rôle traditionnel à cause de cette crise... Ensuite, elles démontrent en effet par leurs actions qu'elles sont aussi intelligentes Laughing , fortes, etc, que des hommes mais leur combat n'est pas un combat pour la femme à la base.
Pour ce qui est de Sembène Ousmane, son combat passe par la dénonciation de la condition de la femme qu'il décrit de façon talentueuse et surtout de façon très sensible, ce qui le rend d'autant plus admirable. Il a dénoncé des pratiques qu'on ne dénonçait pas.

Citation:
Sylvie et Helene sont 2 prostituees, qui quittent leur village pour aller a Dakar ou elles vont tomber dans la prostitution, apres avoir tente de terminer leurs etudes secondaires. La encore, Sembene denonce ce que la ville est devenue: un produit de la colonisation, la degradation des traditions.
Dans Guelwaar, Sembene ne presente pas la prostituee comme une debauchee ou une immorale, il ne nous donne pas une image negative de la femme prostituee. Le personnage de la prostituee depasse le role qui lui a toujours ete donne dans la societe, a savoir celui de la femme objet, dans ce film, Sembene nous la presente comme une heroine.
Sylvie et Helene n'ont pas honte de pratiquer le plus vieux metier au monde. Pierre Henri Thioune qui a passe toute sa vie a denoncer la mendicite internationale dira: "je prefere la voir se prostituer et subvenir a nos besoins que d'aller mendier."
Pour denoncer la degradation des traditions, Sembene parle de Dakar(bien que l'histoire se passe a Thies, 2e ville du Senegal), on remarquera cette degradation dans l'habillement de Helene, la cigarette.
Sembene qui ne rate aucune occasion pour tirer sur l'imperialisme, utilise les personnages de Sylvie et Helene comme un outil de critique politique, une critique vers cette societe senegalaise, vers ces hommes qui pour un sac de riz, quelques litres d'huile, quelques bouteilles de lait, du sucre, sont prets a vendre corps et ames(les populations) au colonisateur(une autre forme de prostitution?). Cette societe qui est en quelque sorte responsable de la prostitution de Sylvie et Helene, ne doit en aucun cas se permettre de les juger.
On verra la fierte de Helene la prostituee d'apres sa conversation avec l'Abbe Leon qui se retiendra de juger cette fille, cette fille qui a paye a son pere son pelerinage a Yamoussoukro(comme Sylvie qui en a fait de meme pour son pere), cette fille qui paie les frais de scolarite pour ses petits-freres et continue de nourrir sa famille, cette fille qui ne manquera pas de lui dire: oui, Abbe, je suis une tiaga. Rolling Eyes cette fille qui etait dans les premiers rangs a l'accueil du Pape Jean Paul 2 lors de sa visite au Senegal.
Le message de Sembene: mieux vaut se prostituer que de vivre d'aides venant de l'ex-colonisateur, car accepter cette aide ne fera de nous d'eternels esclaves et pour retrouver notre dignite, il faudra renoncer a cette mendicite.



Ces deux personnages qui quittent leur village natal pour aller se prostituer à Dakar me rappellent les deux personnages de La nuit est tombée sur Dakar dont j'ai parlé dans ce post. Personnellement, je trouve un peu dur de présenter la prostituée comme une "héroine" pour reprendre ton expression, mais je comprends le raisonnement de cette volonté d'être à tout prix indépendant des anciens colonisateurs, afin d'échapper à cette "nouvelle" forme de colonisation. Dans la société sénégalaise, il y a une forme de prostitution (certains n'en parlent pas ainsi) qui s'est banalisée : le mbarane. Quand j'ai lu les lignes que tu as écrites ci-dessus, je n'ai pu m'empêcher de penser à cela. Je comprends le message de Sembène mais pour une fois, je ne peux pas être d'accord en totalité avec ce dernier.


Citation:
b]2)[/b]La femme de Guelwaar: Nogaye Marie
A travers ce personnage, Sembene donne a la femme 3 fonctions: savoir etre femme, mere de famille, mais aussi elle contribue au progres socio-economique et politique du pays(tout comme son mari, elle denonce l'accueil des dons alimentaires)


Voilà, c'est là où Sembène apparait vraiment comme "féministe" si je reprends ton terme : la femme n'a pas les seules dimensions d'épouse et de mère, d'où la grande richesse de ces personnages féminins.


Citation:
Tout ceci avec la belle musique de Baaba Maal Laughing).


J'adore Baaba Maal, sa musique est merveilleuse, une voix à faire frissonner ! Il a beaucoup de talent. Je trouve intéressant aussi qu'il ne chante qu'en haal pulaar.


Citation:
diali a écrit:
J'aime aussi ce rôle dans "Ceddo" qu'il offre à la femme, par le seul personnage féminin apparemment, de la linguere Dior Yacine : la qualité est bien meilleure que la quantité, non ? Le message est fort et c'est bien le plus important.

En effet oui!
Son pere fut detrone et assassine par l'Imam, son frere tue par son ravisseur donc normalement elle devait heriter du trone.
Ce qui ne sera pas le cas, car on sait que ce meme trone etait courtise par l'Imam, et aussi les dignitaires ne voulaient pas d'une femme a la tete de leur royaume.
Elle symbolise cette Afrique resistante(l'espoir du Continent est entre les mains des femmes Laughing ), la femme rebelle, vis-a-vis de l'Islam des hommes. Dans son regard, de ses larmes, on lit une vengeance, et ca se concretise quand on la voit pointer le fusil sur le bas-ventre de l'Imam Embarassed. Ce dernier acte montre une Linguere triomphale a qui on a refuse le trone, mais qui est couronnee d'une autre maniere, de par sa demarche lente, sous le regard admiratif des Ceddos nouvellement convertis.
N'etait-ce pas la un hommage de la part de Sembene a toutes ces femmes guerrieres qui ont resiste a la colonisation, ces noms qu'on retrouve dans les 2 prenoms de la Linguere? Je pense meme que le nom de Dior Yacine n'etait pas un simple hasard: Yacine Boubou fut une grande resistante senegalaise face a la colonisation, et on peut aussi penser que l'autre partie de son nom se refere a cette autre figure de la resistance senegalaise, Lat-Dior Ngone Latyr, ancien roi du Cayor.


J'ai beaucoup aimé cette analyse sur les noms des personnages.

Citation:
Dommage, j'ai pas ton genie pour bien te conter ces films Laughing j'aurai essaye Laughing


Tu me fais rougir là Embarassed ! Merci beaucoup pour tous ces enseignements, je me régale ! J'espère qu'un cinéma parisien fera bientôt une rétrospective de tous ces films de Sembène. J'avais réussi à en voir deux il y a quelques temps mais je reste sur ma faim.

Bien des choses,
Diali
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MessagePosté le: Ven 14 Avr 2006 16:27    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour Diali, dara bessoul

diali a écrit:
Je me souviens de ce fameux cimetière à Joal-Fadiouth avec des tombes musulmanes et catholiques et qui est assez emblématique de cette tolérance (du moins, il est présenté de cette façon !).


Bizarrement, j'ai pas pu m'empecher de me dire que Senghor etait sur le banc des accuses dans Guelwaar. L'accent de Pierre-Henri Thioune renvoie a celui des Sereres de Joal, les noms de famille,...Well, peut-etre que je m'imagine des choses.

diali a écrit:
L'emploi de ce mot "féminisme" pour les personnages de Sembène me gêne un peu car il a une conotation particulière (notamment liée au mouvement féministe en France des années 60/70 par ex) notamment pour les personnages féminins des Bouts de Bois de Dieu que tu cites : si l'un des personnages se rapproche de la vision que l'on peut avoir de la féministe, les autres femmes prennent surtout le relai des hommes lors d'une période de crise, dépassent leur rôle traditionnel à cause de cette crise... Ensuite, elles démontrent en effet par leurs actions qu'elles sont aussi intelligentes Laughing , fortes, etc, que des hommes mais leur combat n'est pas un combat pour la femme à la base.
Pour ce qui est de Sembène Ousmane, son combat passe par la dénonciation de la condition de la femme qu'il décrit de façon talentueuse et surtout de façon très sensible, ce qui le rend d'autant plus admirable. Il a dénoncé des pratiques qu'on ne dénonçait pas.


Dans ses livres comme dans ses films, il donne un accent tout particulier a la femme. De son point de vue, l'Afrique est maternelle, la femme est symbole de vie. Et on sent qu'il eprouve une certaine compassion pour la femme. La litterature est en quelque sorte, l'expression d'une culture, et on ne peut pas juger le "feminisme" de Sembene sans tenir compte du cadre culturel, et pour ca il faudra aller au dela du seul prisme occidental.
Je ne vois pas le feminisme de Sembene comme c'est concu chez Chinua Achebe par exemple(=liberation des femmes). Les personnages feminins de Sembene ne font pas la guerre aux hommes. Son objectif, je pense, est de rendre visible ce role eminent courageux de la femme africaine en general.
Sa camera ou sa plume lui permettent de faire une critique des valeurs sociales qui faconnent notre maniere de penser et d'etre, dans une societe fortement dominee par la "dictature" des hommes.
Dans une societe senegalaise en pleine mutation, c'est la femme qui paie le plus lourd tribut, d'ou la place particuliere de la femme dans l'oeuvre du cineaste.
Il utilise cette image de la femme "victime" pour critiquer le "systeme" des hommes.
Dans Ceddo c'est l'Islam des hommes qui est au banc des accuses(L'Imam). Cet Imam qui est venu detroner le matriarcat au profit du Patriarcat. Linguere Dior Yacine qui ne peut plus devenir reine, represente la femme rebelle vis-a-vis de l'Islam des hommes.
Dans Guelwaar, la ou les hommes ont echoue, Sembene fait l'apologie de la femme prostituee qui est une pratique tres mal vue dans nos societes.
Dans Emitai, il nous fait un large portrait des femmes resistantes.
Dans La Noire de..., encore cette femme "victime" de la cooperation Nord-Sud finit par se suicider.

Dans Soleil des Independances, Kourouma utilise cette meme technique via le personnage de Salimata. Apres avoir ete excisee, elle subit un viol, et tout ceci le meme jour. Salimata deviendra par la suite sterile. Le viol=homme, l'excision(pour la plupart)=loi des hommes.
Une femme sterile, encore, est toujours mal appreciee. Aucun homme en veut, meme sa propre famille la repousse, elle est marginalisee.

Sembene est un panafricaniste. Il utilise cette image de la femme "victime" pour dire que la reconstruction de nos societes defaites passe par la revalorisation de la femme.

diali a écrit:
Personnellement, je trouve un peu dur de présenter la prostituée comme une "héroine" pour reprendre ton expression, mais je comprends le raisonnement de cette volonté d'être à tout prix indépendant des anciens colonisateurs, afin d'échapper à cette "nouvelle" forme de colonisation.


Je ne pense pas que si la fille de Sembene venait a lui annoncer un jour "Papa, devine! je suis une prostituee" qu'il en serait fier comme Pierre Pierre Henri Thioune(la bouche de Sembene) l'etait avec sa fille Sylvie dans Guelwaar.
La prostitution est tres mal vue donc celle qui la pratique ne sera jamais une "heroine". Seulement, dans son combat, Sembene veut nous montrer qu'on ne devrait pas s'empresser de juger Sylvie qui a ose allumer une cigarette en plein deuil, ou Sylvie qui parle fierement de ce metier qu'elle excerce ou quand elle s'habille de facon moins "conventionnelle".
Par contre, on devrait plus avoir honte de recevoir des dons alimentaires de la part de l'ancien colonisateur, ces dons qui continueront de faire de nous d'etenels esclaves. Pour Sembene, c'est cette forme de prostitution qu'on devrait plus condamner que celle pratiquee par Sylvie et Helene.
D'ou la phrase de Guelwaar: "Je prefere qu'elle(Sylvie) soit une prostituee a Dakar que mendier".

diali a écrit:
Dans la société sénégalaise, il y a une forme de prostitution (certains n'en parlent pas ainsi) qui s'est banalisée : le mbarane. Quand j'ai lu les lignes que tu as écrites ci-dessus, je n'ai pu m'empêcher de penser à cela.


Hummm! Le Mbarane! (tu en sais des choses) Laughing
Si tu prenais 100 personnes et leur demandais "mbarane signifie-t-il prostitution", 99 te repondront "Oui c'est de la prostitution deguisee"! La 100e, qui te repondra Non, est une Mbaranekat! Laughing
Tu sais, dans la vie, chacun a des explications pour ses comportements. Et je respecte la liberte et la responsabilite des personnes. Mais...
Meme si le mbarane est socialement plus acceptable que la prostitution, personnellement, je pense que la realite en est la meme.
S'exhiber pour qu'un homme te remarque et te "finance" pour un gain materiel! Comment qualifier ca?
La seule difference, dans le cas de la prostitution, les rapports sont clairement etablis des le depart: ce dont tu as besoin, le prix, la duree...
Alors qu'avec le mbarane, les rapports sont flous, chacun sait ce que l'autre veut mais on ne dit rien, l'homme te "finance", il prend soin de tes besoins, mais la generosite a un PRIX!!!!!!!
Et je trouve les prostituees traditionnelles plus honnetes, au moins elles assuement leur responsabilite.
La plupart de ces filles se laissent depasser par les contingences materielles de ce bas monde, et c'est bien dommage.


diali a écrit:
J'adore Baaba Maal, sa musique est merveilleuse, une voix à faire frissonner ! Il a beaucoup de talent. Je trouve intéressant aussi qu'il ne chante qu'en haal pulaar.


Les Toucouleurs sont connus pour leur "racisme" Laughing Ils ne parlent que leur langue, ils ne se marient qu'entre eux,...ultra-conservateurs ces gens! Laughing

diali a écrit:
J'espère qu'un cinéma parisien fera bientôt une rétrospective de tous ces films de Sembène. J'avais réussi à en voir deux il y a quelques temps mais je reste sur ma faim.


Il parait que l'Espace Saint-Michel a passe une bonne partie l'annee derniere.

Bon weekend,
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MessagePosté le: Ven 14 Avr 2006 16:55    Sujet du message: Répondre en citant

Linguere a écrit:
Il parait que l'Espace Saint-Michel a passe une bonne partie l'annee derniere.

Bon weekend,


Oui, en effet, mais je l'ai su très tard malheureusement et en plus, tu aurais vu les heures des séances, il fallait être en vacances !
Pour le reste de ton message, je reviens plus tard !
Bon week end à toi aussi !
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MessagePosté le: Dim 16 Avr 2006 07:21    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour Linguere,

(au passage, comment ça "dara bessoul" ?!!! il y a toujours quelque chose à raconter, non ?!!)

Citation:
Dans Guelwaar, la ou les hommes ont echoue, Sembene fait l'apologie de la femme prostituee qui est une pratique tres mal vue dans nos societes.
Dans Emitai, il nous fait un large portrait des femmes resistantes.
Dans La Noire de..., encore cette femme "victime" de la cooperation Nord-Sud finit par se suicider.


Est-ce que tu peux nous parler d'Emitai et de la façon dont Sembène nous parle de ces femmes résistantes. A quoi résistent-elles ? Comment sont-elles décrites ? Sont-elles toutes du même moule ?

Citation:
Dans Soleil des Independances, Kourouma utilise cette meme technique via le personnage de Salimata. Apres avoir ete excisee, elle subit un viol, et tout ceci le meme jour. Salimata deviendra par la suite sterile. Le viol=homme, l'excision(pour la plupart)=loi des hommes.
Une femme sterile, encore, est toujours mal appreciee. Aucun homme en veut, meme sa propre famille la repousse, elle est marginalisee.


Encore un livre de ma liste d'attente... Si quelqu'un veut compléter tes propos sur ce personnage de Salimata et sur la façon dont Kourouma traite le sujet, on le remercie d'avance !

Citation:
Sembene est un panafricaniste. Il utilise cette image de la femme "victime" pour dire que la reconstruction de nos societes defaites passe par la revalorisation de la femme.


Je n'ai pas bien compris pourquoi tu utilisais la notion de panifricaniste ici Surprised .
Sinon, comme tu as une connaissance très large de l'oeuvre de Sembène, je me dis que tu as aussi une connaissance de sa vie ! Je suis curieuse de savoir pourquoi son oeuvre porte autant sur la femme. J'avais fait pas mal d'hypothèses dans ce post mais je suis sûre que tu peux nous apporter des éclairages fondés sur le réel !

Citation:
Les Toucouleurs sont connus pour leur "racisme" Ils ne parlent que leur langue, ils ne se marient qu'entre eux,...ultra-conservateurs ces gens!


Oui, c'est ce dont j'ai eu l'impression : les Toucouleurs et les Peulhs semblent en effet plus que fiers de leur condition ! Cela n'enlève pas le talent à Monsieur Baaba Maal, non ?!!!
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MessagePosté le: Mar 18 Avr 2006 16:30    Sujet du message: Répondre en citant

diali a écrit:
Bonjour Linguere,

(au passage, comment ça "dara bessoul" ?!!! il y a toujours quelque chose à raconter, non ?!!)


T'as raison en plus Laughing sinon, nou mou deme?

Citation:
Encore un livre de ma liste d'attente... Si quelqu'un veut compléter tes propos sur ce personnage de Salimata et sur la façon dont Kourouma traite le sujet, on le remercie d'avance !


C'est vrai, y a pas que la litterature senegalaise en Afrique.

Citation:
Sinon, comme tu as une connaissance très large de l'oeuvre de Sembène, je me dis que tu as aussi une connaissance de sa vie ! Je suis curieuse de savoir pourquoi son oeuvre porte autant sur la femme. J'avais fait pas mal d'hypothèses dans ce post mais je suis sûre que tu peux nous apporter des éclairages fondés sur le réel !


Ha Embarassed une connaissance large! Laughing
Une autre fois, promis.

Citation:
Oui, c'est ce dont j'ai eu l'impression : les Toucouleurs et les Peulhs semblent en effet plus que fiers de leur condition ! Cela n'enlève pas le talent à Monsieur Baaba Maal, non ?!!!


J'ai rien contre Mr Maal. Mais j'aurai bien aime l'entendre chanter un peu plus en Wolof pour mieux comprendre son message. Certainement un jour je demanderai a Koffi Olomide de commencer a chanter en Wolof aussi Laughing

Bonne journee,
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MessagePosté le: Jeu 04 Mai 2006 06:26    Sujet du message: Répondre en citant

Je vais profiter des lectures de notre book club (voir post "lancement du book club") pour alimenter ce post même !

Notre premier livre, Kaveena, de Boubacar Boris Diop est très propice au sujet puisque l'un des personnages principaux (et je dirai même quelque part le personnage principal puisqu'il lie l'ensemble des personnages du livre et joue sur le destin de chacun d'entre eux) est le personnage de Mumbi Awele : femme forte et digne, mère vengeresse, artiste libre...

Je parlerai également des autres personnages féminins de ce livre...
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MessagePosté le: Sam 13 Mai 2006 19:35    Sujet du message: Répondre en citant

C'est avec grand plaisir que je viens ici parler du personnage féminin Mumbi Awele du dernier Boubacar Boris Diop, Kaveena. Pour ceux qui seraient intéressés pour en savoir plus sur le livre même, vous pouvez vous référez au post du book club s'y rapportant.

Dans un premier temps, je vais rester au plus près du texte pour faire le portrait le plus précis possible de ce personnage avant de passer au symbolique. Je pense que je vais être un peu longue sur ce personnage féminin qui m'a particulièrement marqué mais comme je l'ai indiqué, je ne m'écarterai pas du texte. Je compte sur les lecteurs du book club pour compléter mes propos (n'est-ce pas Linguere Wink ?).


Je vais commencer par citer une page entière de l'ouvrage (p. 67) qui est pour moi un vrai poème et qui j'espère vous donnera envie de vous procurer le livre ! Dans ces lignes, du narrateur Kroma (chef de la police), parlant pour N'Zo Nikiema (chef d'état destitué et amant de Mumbi), outre, le talent de B. Boris Diop, ressortent l'intrigue tant amoureuse que "politique" de l'ouvrage et le caractère fort de Mumbi.

" Pendant des années, il est venu la trouver dans la petite maison pour lui dire, de mille et une façons : Mumbi, je suis innocent. Les apparences ne plaident pas en sa faveur. Ni les rumeurs. Ni ses autres crimes, bien réels ceux-là. C'est vrai : il n'a jamais prétendu bâtir sa carrière sur la noblesse des sentiments ou sur des choses de ce genre. Personne ne se hisse au sommet de l'Etat juste en récitant par coeur les Dix Commandements de Dieu. Cela ne s'est jamais vu nulle part sur la terre des hommes.
Mais les mots... Les mots se forment dans sa tête et tournoient là-dedans à l'infini. Les mots : comme les poissons rouges du palais dans leur bocal. Il les regardait parfois et pensait : océan en toc. Océan aux parois de verre. Petites roches de caoutchouc aux couleurs désolantes. Vous me faites bien rigoler, vous. Mais même pris au piège de sa gorge, les mots s'en évadent parfois au milieu de la nuit. Mumbi ne peut juste pas les entendre. Sans doute a-t-il peur d'elle. Elle le regarde avec mépris et son coeur se glace de honte. Souvent, là-bas dans son ancien palais, l'image de Mumbi s'était imposée à lui. Cela pouvait être à n'importe quel moment de la journée, au cours d'une rencontre avec les jeunes émissaires mal rasés et arrogants de la Banque mondiale ou en une autre occasion ; il croyait la voir hocher doucement la tête, un sourire méprisant au coin des lèvres, c'est donc pour ça que tu as tué ma petite Kaveena, pour chier dans ton froc en présence de ces étrangers, juste pour ça, pour vendre le pays et, à présent que Kaveena est morte il y a la mort partout, sur les routes et au pied des montagnes.
Il avait envie de lui dire la vérité. Il se sentait la force de le faire. Aucun mot ne pouvait cependant sortir de sa bouche
".
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MessagePosté le: Sam 13 Mai 2006 20:04    Sujet du message: Répondre en citant

Je propose, avant d'évoquer l'entrée du personnage dans le livre, de citer quelques phrases de Kroma, qui est le personnage en mesure de cerner au mieux la personnalité de Mumbi, ou plutôt la double personnalité de Mumbi, ayant en mains à peu près toutes les pièces du puzzle (sauf peut-être l'essentiel puisque Mumbi parvient à le laisser dans le doute quant à la culpabilité ou non de N'Zo dans le meurtre de Kaveena).

De ce fait, je vais commencer par parler de Mumbi au travers de Kroma en citant trois passages :

- p. 199 :
"A en juger par ses lettres, l'ancien président était juste comme un petit chien sautillant sur les genoux de Mumbi. C'était sûrement une femme très forte. N'importe qui dans ma situation aurait eu envie de mieux la connaître. Je savais deux ou trois petites choses sur elle, mais cela ne comptait pas. Prostituée. Artiste râtée. Aucune importance. Si elle n'avait été que ça, j'aurais su par quel bout la prendre. Il était clair que sa vie réelle était ailleurs. Sa vie réelle n'était même pas dans cette petite maison".

- p. 240 :
"Mumbi Awele est une femme étonnante. Elle est au centre de tout mais elle se mure dans un silence absolu".

- p. 283
"Je sais que tout le monde ne sera pas de mon avis, mais pour moi Mumbi est une femme bien".

Ces trois extraits permettent de confronter la Mumbi telle qu'elle semble être (femme de petite vertu, superficielle...) et la vraie Mumbi (à savoir l'insondable, la stratège...). Malgré son métier, Mumbi inspire le respect, la crainte, l'admiration, l'attirance des hommes qui l'entourent. Kaveena est celle qui la lie à tous. Kaveena est celle qui la détache de la vie réelle. La vengeance de Kaveena est le sens de sa vie.
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MessagePosté le: Sam 13 Mai 2006 21:03    Sujet du message: Répondre en citant

Le but n'est pas ici de recopier le livre mais d'en faire ressortir les passages les plus intéressants pour le personnage de Mumbi Very Happy .

Le livre se présente comme le récit du chef de police, Kroma, au fur et à mesure de ses lectures des lettres de N'Zo Nikiema à Mumbi découvertes dans la maison "abandonnée", avec lesquelles il recoupe ses propres découvertes passées et les évènements présents (ce qui donne des effets très intéressants pour le lecteur qui perd tant la notion du temps par moment que celle de celui qui parle ! cf. la discussion dans le post sur le livre !).

Finalement, le lecteur se retrouve avec Kroma à recomposer petit à petit les morceaux du puzzle.

Son nom apparait pour la première fois en p. 27 du livre, voix de Kroma : "Pour me dégourdir les jambes, je marche en parcourant des yeux les notes de N'Zo Nikiema. Il est toujours question de la même personne Mumbi Awele. Elle est apparemment jeune et je crois d'ailleurs savoir de qui il s'agit." Elle apparait ensuite en tant que mère de Kaveena et maîtresse de N'Zo Nikiema. Puis, le lecteur apprend crûment par un dialogue entre Kroma et son agent Mike que Mumbi est prostituée (p. 51).

Ensuite, ce sont surtout les lettres de N'zo Nikiema à l'attention de Mumbi, reprises par Kroma, qui nous enseignent sur la personnalité de cette dernière.
Comment a-t-elle rencontré le président ? Kroma résume : "Elle entrait dans sa vie non par amour mais pour connaître la vérité sur la mort de sa fille".

Dans les lettres ainsi que dans l'analyse que Kroma en fait, le lecteur se trouve face à un N'Zo Nikiema qui semble à la fois amoureux et rempli de culpabilité. Mumbi le méprisera et le haïra jusqu'à la fin. Ces rapports inégaux, malsains se traduiront dans leurs relations notamment au niveau de leur sexualité (certaine violence).

Je propose ce soir trois passages qui illustrent l'intensité de cette relation. Par l'épisode de la rencontre du Président avec Mumbi, le lecteur découvre le premier métier de cette dernière, à savoir la danse. Il en a une première description physique. On retiendra une certaine beauté physique mais surtout une force de caractère qui se traduit physiquement même : dans son regard, dans ses actes, dans sa façon de se mouvoir... Le lecteur retiendra surtout cette double personnalité trompeuse.

P. 135 "L'évènement qui avait changé sa vie... ? (...). Cela ne faisait pas l'ombre d'un doute : tout était devenu différent pour lui le jour où cette jeune danseuse est venue au beau milieu d'une cérémonie officielle, lui glisser quelques mots à l'oreille (...).
Ce devait être une soirée comme les autres au Palais des Congrès. (...). "

"Une des danseuse s'éloigna du cercle et se dirigea vers lui. A l'instant où elle descendait les sept marches de velours rouge, un millier d'yeux étaient rivés sur ses longues jambes noires. Elle avait le corps luisant de sueur, des perles autour du front et dans toute son attitude une sensualité à la fois chaste et malsaine (...). Il émanait aussi de ses yeux vifs et durs une sourde violence et une impression totale de liberté. (...). Lorsqu'elle se planta devant le président Nikiema, celui-ci crût qu'elle allait entonner un chant en son honneur.(...). Et, avant qu'il ait eu le temps de comprendre, elle se pencha à son oreille et lui parla rapidement. Elle lui parla de sa fille. (...). Elle se pencha de nouveau vers lui et répéta calmement le nom de Kaveena. Dès ce premier contact, il comprit que cette danseuse était une personne hors du commun (..).

Une lettre de Nikiema suit, relatant cet épisode et l'impression de ce dernier sur celui-ci : "ce qui m'avait vraiment scié, c'est qu'après m'avoir glissé à l'oreille cette phrase menaçante sur ta fille Kaveena, tu es retournée danser avec tes grelots qui faisaient tout ce tintamarre, ces trucs en paille, ta peau de chat-tigre autour des fesses, à te trémousser et à hurler des louanges au Bon-Papa-Président. Tu as eu soudain l'air si idiot que j'ai compris dès ce premier soir que tu avais deux personnalités nettement distinctes l'une de l'autre".

Tant par ce besoin de se culpabiliser mais aussi par certains faits relatés (ex. son voyage à Salvador de Bahia où il ramène à Mumbi un tableau emblématique du destin de Kaveena - sans s'en rendre compte !- et dira à l'auteur du tableau : "ma femme est artiste", p. 120), le lecteur se trouve face à un N'Zo Nikiema amoureux de Mumbi. Amour à son unique puisque seulement y répond la haine d'une mère meurtrie.
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MessagePosté le: Dim 14 Mai 2006 07:00    Sujet du message: Répondre en citant

Mumbi est toujours perçue par l'intermédiaire d'une personne : par son amant Nikiema, par Kroma, etc. C'est pourquoi je l'étudie au travers du regard et de ses relations avec chacun. Chacun révèle une facette de la personnalité du personnage.

Avant d'en venir au binôme Mumbi/Kroma, juste quelques mots encore sur la relation Mumbi/N'zo Nikiema.

C'est par les lettres de Nikiema, écrites à Mumbi, à l'approche de la mort, mais aussi par le récit de Kroma présent à certains épisodes, que le lecteur découvre un Nikiema intimidé, touchant, amoureux, fragile, appeuré, honteux, voire repentant, etc.

Nikiema n'est pas dupe concernant la nature de sa relation avec Mumbi. Suite à l'épisode du palais des Congrès, il lui écrit : " Tu as eu de la chance. Je n'ai jamais voulu qu'il t'arrive quelque chose. Et - crois-le ou non - je ne le regrette pas. Tu ne m'aimes pas beaucoup, mais je pense que j'ai bien fait de te laisser en vie" (p. 142).
Le "J'ai bien fait de te laisser en vie" (p. 142) est quelque peu condescendant et calculé selon moi : Mumbi a une dette envers lui comme lui a une dette envers elle... Ne lui écrit-il pas d'ailleurs : "J'ai pris des risques pour toi" (p. 194) ?
Faut-il penser à un jeu de sa part ou à des confidences sincères liées à l'approche de sa mort quand il écrit ses lettres ?
C'est le seul moyen pour lui de répondre à ce rapport de force initié par Mumbi : écrire ces lettres pour se déculpabiliser et la culpabiliser. Et, lors de leur relation, la faire entrer dans une sexualité violente.

L'amour de Nikiema est une évidence pour Kroma puisque par sa voix, il lui fait réserver une pensée forte pour Mumbi à l'approche de la mort :
" "Mumbi.." murmura-t-il alors. Oui, c'était elle. Elle était sûrement de retour. Une grande panique s'empara aussitôt de lui. Certes, il avait plusieurs fois rêvé de revoir Mumbi Awele avant de mourir, mais il ne voulait pas qu'elle garde de lui l'image d'une telle décrépitude.
Je ne vais toutefois pas laisser subsister le moindre doute dans l'esprit du lecteur : N'Zo Nikiema s'était trompé ce jour-là. Le visiteur inattendu, ce n'était pas Mumbi Awele. C'était moi-même".

Kroma, le narrateur, donne finalement au lecteur la perception la plus complète et la plus neutre de Mumbi (bien que Kroma lui-même finisse par être sous l'emprise de l'artiste même s'il s'en défend bien !).

Cette perception de Kroma est particulièrement intéressante pour dresser un portrait plus complet du personnage puisque qu'elle est issue d'une synthèse d'éléments :
- ses anciennes enquêtes de chef de police,
- l'analyse des lettres de Nikiema retrouvées dans la maison,
- mais aussi des quelques moments intimes "présents" vécus avec l'artiste la montrant dans son quotidien tout en en faisant ressortir la force de caractère (fameuse double personnalité mise en valeur depuis le début de l'ouvrage).
L'ensemble de ces éléments et notamment les moments vécus avec Mumbi font que Kroma s'imagine sans peine la nature des relations de cette dernière avec Nikiema.

Pour compléter le portrait de Mumbi, je terminerai donc tout à l'heure mon exposé par la "Mumbi Awele selon Kroma".

Cette description de Mumi terminée, il pourra être lancé la discussion sur le symbole que représente Mumbi. En effet, cette dernière n'échappe pas à la technique de "symbolisation des personnages" utilisée par B.B. Diop dans Kaveena.
Qui est Mumbi Awele ? Que représente-elle ? Quelle forte femme africaine ? Quelle terre africaine ?
La discussion pourra se porter notamment sur ces questions.
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MessagePosté le: Dim 14 Mai 2006 19:55    Sujet du message: Répondre en citant

Juste avant de travailler sur le regard de Kroma sur Mumbi, je reprends une lettre de N'Zo à Mumbi assez révélatrice du caractère malsain de leur relation (extrait de la lettre p. 99) :

" Tu es aujourd'hui la seule personne qui compte pour moi. Si je réussis à trouver des mots assez forts pour te convaincre que je ne suis pas un meurtrier d'enfant, je pourrai partir en paix. Et je les trouverai, ces mots. Et si tu me demandes pourquoi, je te répondrai en toute simplicité : parce que je suis innocent. Pierre Castaneda est l'assassin de ta fille.
Et puis, tu commences à me gonfler. Si j'avais tué Kaveena, j'aurais eu de bonnes raisons pour le faire et je n'aurais rien regretté. Et ton père, ce N'Fumang qui nous fait son cirque de l'homme du peuple incorruptible serait déjà parti la rejoindre depuis longtemps dans l'au-delà. Je n'étais pas du genre à laisser quelqu'un emmerder tout le pays avec sa douleur, moi. De mon temps, ce pays était bien gouverné, quand même. Attends voir, ils vont bientôt me regretter. C'est moi qui te le dis."

Il sera laissé le doute au lecteur quant à la culpabilité ou non de Nikiema (même si Kroma, sauf dans les derniers passages du livre, oriente en effet la culpabilité sur Castaneda). Quoiqu'il en soit, la réponse de Mumbi sera tout simplement le mépris. Elle dira à Kroma "Eh bien, dis-toi ceci, colonel : presque tout ce que tu as vu et lu à Jinkoré était faux. Même de l'autre monde, cet homme a continué à nous mentir".
Mumbi est-elle tellement remplie de haine qu'aucune preuve ne pourra la convaincre de la non culpabilité éventuelle de Nikiema ? Ou plutôt, Mumbi, est-elle tout simplement une victime consciente ?
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MessagePosté le: Dim 14 Mai 2006 20:27    Sujet du message: Répondre en citant

La première fois qu'apparait le nom de Mumbi Awele, c'est de la bouche du narrateur, de Kroma (p. 27, extrait déjà cité plus haut).

La première rencontre de Kroma avec Mumbi est décisive. C'est une rencontre longtemps attendue : Mumbi est surtout pour Kroma une personne qu'il a découverte au travers du regard de Nikiema, à travers la liaison que ce dernier entretient avec Mumbi (liaison qu'il parviendra à imaginer en faisant la synthèse des lettres et de ses propres moments passés avec Mumbi). Mumbi est aussi pour lui la femme qui a écrit les quelques lignes d'un manuscrit trouvé également dans la petite maison. Manuscrit où elle exprime sa tristesse suite à un amour contrarié liée à sa situation (pauvre, fille-mère, trainée) mais aussi sans lien avec cette histoire, où elle exprime son dédain sur le comportement d'une jeune voisine noire qui malgré la couleur de la peau se sent blanche : "le singe est en train de re-descendre du Nègre, sous nos yeux".

Mumbi est l'une des seules personnes qui a échappé à Kroma dans toute la carrière de ce dernier, elle est donc énigmatique pour lui... Mumbi est aussi la femme qui a ébloui Nikiema (qui lui sauve la vie et fait d'elle sa veritable femme)... Kroma est-il impressionné par la force de caractère qu'elle a démontrée ? Est-il intimidé devant sa féminité ? Est-il impressionné par le calme dont elle fait preuve lorsqu'elle se sent regardée ?

Toujours est-il qu'au moment de la rencontre, il ne voit qu'un corps, sublimé, lui qui a la réputation de ne pas être très porté sur le sexe.
Mumbi est une apparition :

- p. 199
"J'ai eu à ce moment-là la certitude qu'elle m'avait déjà vu. J'ai toussoté discrètement. Elle a esquissé sans hâte un geste pour se retourner puis a apparemment décidé de s'essuyer d'abord les mains.
Elle est ensuite venue vers moi. Sa chemise blanche, nouée à hauteur du nombril, était largement ouverte et laissait voir ses seins fermes et luisants.(...). J'étais en face d'elle depuis quelques secondes et pourtant je n'avais pas encore levé les yeux sur son visage. Je n'avais vu que son corps et toutes ces gouttes d'eau éparses sur ses seins. J'avais l'impression qu'elle venait de surgir de l'océan et cela me troublait beaucoup."


La relation Kroma et Mumbi est la seule relation d'égalité dans l'ouvrage, la seule relation saine, sans rapport de force même si lors de la "rencontre-apparition", Mumbi semble dominer le colonel : chacun connaît l'autre par sa réputation, leur rencontre n'est pas provoquée par l'intérêt particulier de l'un ou l'autre...

Excepté le moment de la rencontre qui paraît irréel, les moments qui suivront seront naturels : deux êtres sublimés (par les lettres de Nikiema pour Mumbi, par la presse pour Kroma), au destin hors normes, vont vivre ensemble des moments de quotidienneté, chacun restant dans sa bulle (avec ses habitudes, les longs silences de Mumbi...) et pourtant complice avec l'autre du fait d'un destin qui les aura rapprochés indépendamment de leur volonté.

Kroma se fait très vite sa propre opinion sur Mumbi qui se différencie de celle laissée par Nikiema :

- p. 201
"J'ai eu immédiatement l'impression que le portrait que N'Zo Nikiema faisait de Mumbi dans ses lettres ne correspondait pas à la réalité. Je m'attendais à rencontrer une jeune femme hargneuse, hautaine, dépravée et en même temps hors de notre misérable petit monde réel. J'aurais aussi compris qu'elle fût marquée par une longue douleur quasi éternelle, et que cela se vît sur son visage et dans ses moindres gestes. Elle avait au contraire une voix chantante - ça lui donnait un charme singulier et j'ai d'ailleurs senti qu'elle en jouait un peu - et à aucun moment elle ne m'a paru sur la défensive. (...). Je veux dire qu'elle me paraît, contre toute attente, une personne pleine de naturel et plutôt agréable à vivre".

Il ne la jugera ni pour la nature de sa relation avec Nikiema ni pour celle qui suivra avec Castaneda.

Mumbi apparaîtra alors comme une femme ordinaire "à la troublante personnalité" cependant, liée à son drame mais aussi à sa condition d'artiste.

Une femme qui comme toutes les autres cuisine, range sa maison... Une artiste-peintre (quelconque, sans talent particulier, comme cela sera indiqué à plusieurs reprises dans l'ouvrage d'ailleurs) qui comme toutes les autres prépare ses expos...
Une mère meurtrie qui comme toute mère meurtrie a le désir de venger sa fille, la seule Cause véritable à ses yeux. Elle dira à Kroma :
p. 292 " Que veux-tu que je te dise ? Je ne suis pas la mère de toutes les petites filles de ce pays. Je voulais venger la mienne. Je voulais venger kaveena. Juste elle. Si j'avais agi pour une Cause, j'aurais fini par ne plus savoir qui frapper, à force de bavardage. (...). Je n'ai donné Kaveena à personne. " A cette période Mumbi rêvait de devenir danseuse.
Dans une interview dans le National, elle avait indiqué : "Je ne m'intéresse pas qu'aux belles choses de la vie. La politique c'est trop vilain (p. 196).

Mais Mumbi est un être extraordinaire, puisque brisée par la mort de sa petite fille, elle a trouvé la force de prendre sa revanche avec les moyens qu'elle s'est donnés elle-même (son corps, son courage...). Elle a réussi à dominer les hommes les plus importants.

Sa vengeance passe par la création d'une oeuvre "installée" dans le quartier où sa fille a été enlevée. Elle, l'artiste "sans talent", "non engagée", choisit l'art pour exprimer sa douleur, sa force, son espoir, sa revanche, sa victoire.

Je pense que Linguere Wink nous parlera de l'art dans Kaveena. L'art a en effet une place très importante dans l'ouvrage : la peinture mais aussi l'écriture (très beaux passages sur la création littéraire...).
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MessagePosté le: Lun 15 Mai 2006 04:01    Sujet du message: Répondre en citant

Voilà livrée l'analyse "spontanée" de mes notes de ma deuxième lecture de Kaveena. Comme cela se perçoit, je n'ai pas pris trop le temps de les réorganiser pour rester dans les temps du débat des lecteurs du book club !

Je pourrais encore m'attarder sur la description de ce personnage mais je préfère lancer la discussion dès maintenant :
- comment avez-vous perçu le personnage ?
- quelle facette vous a le plus marqué ?
- quelle est sa place dans l'ouvrage ?
- que symbolise-t-il ?
- quel message de Diop à travers ce personnage ?
etc, etc

J'en ai dit forcément quelque chose au cours de mon "exposé" mais je vous attends pour approfondir !
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MessagePosté le: Lun 15 Mai 2006 13:23    Sujet du message: Répondre en citant

diali a écrit:

Je pourrais encore m'attarder sur la description de ce personnage mais je préfère lancer la discussion dès maintenant :
- comment avez-vous perçu le personnage ?
- quelle facette vous a le plus marqué ?
- quelle est sa place dans l'ouvrage ?
- que symbolise-t-il ?
- quel message de Diop à travers ce personnage ?
etc, etc

J'en ai dit forcément quelque chose au cours de mon "exposé" mais je vous attends pour approfondir !


Bonjour Dialika,

T'as bien boulotte sur Mumbi deh Laughing

Kudos Sokhna si!

Quand le temps le permettra, je reviendrai sur ce personnage.

Later,
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MessagePosté le: Lun 15 Mai 2006 17:12    Sujet du message: Répondre en citant

Linguere a écrit:
diali a écrit:

Je pourrais encore m'attarder sur la description de ce personnage mais je préfère lancer la discussion dès maintenant :
- comment avez-vous perçu le personnage ?
- quelle facette vous a le plus marqué ?
- quelle est sa place dans l'ouvrage ?
- que symbolise-t-il ?
- quel message de Diop à travers ce personnage ?
etc, etc

J'en ai dit forcément quelque chose au cours de mon "exposé" mais je vous attends pour approfondir !


Bonjour Dialika,

T'as bien boulotte sur Mumbi deh Laughing

Kudos Sokhna si!

Quand le temps le permettra, je reviendrai sur ce personnage.

Later,


Bonjour Linguere !

Oui, j'ai bien bouloté lol ! Mais surtout, je t'attends ainsi que les autres du book club pour la discussion et les compléments sur le personnage !
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MessagePosté le: Mer 17 Mai 2006 04:25    Sujet du message: Répondre en citant

diali a écrit:
Sa vengeance passe par la création d'une oeuvre "installée" dans le quartier où sa fille a été enlevée. Elle, l'artiste "sans talent", "non engagée", choisit l'art pour exprimer sa douleur, sa force, son espoir, sa revanche, sa victoire.

Je pense que Linguere Wink nous parlera de l'art dans Kaveena. L'art a en effet une place très importante dans l'ouvrage : la peinture mais aussi l'écriture (très beaux passages sur la création littéraire...).


Pour laisser le suspens jusqu'au bout Laughing , je peux juste vous dire que Linguere va bientôt venir nous parler de la signification de "Mumbi". Je savais bien qu'avec B.b. Diop tout avait un sens !!
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MessagePosté le: Mer 17 Mai 2006 15:18    Sujet du message: Répondre en citant

diali a écrit:
Pour laisser le suspens jusqu'au bout Laughing , je peux juste vous dire que Linguere va bientôt venir nous parler de la signification de "Mumbi". Je savais bien qu'avec B.b. Diop tout avait un sens !!


Voici ce que j'ai appris:

Au Kenya, les Gikuyu(ou Kikuyu) forment la plus large ethnie du pays.
Selon la legende, les Kikuyu etaient monotheistes, leur dieu s'appelait Ngai.
Un jour, il donna a Gikuyu une femme qui s'appelait Mumbi et son nom signifie Createur ou Scuplteur. Les 9 filles qu'elle a eues avec Gikuyu formeront les clans de la tribu(matriarcat).
Et aujourd'hui, presque toutes les femmes Kikuyu portent au moins le nom d'une des filles de Mumbi.

Dans le roman de Diop, Mumbi est artiste(ca renvoie a la signification de ce nom en Kikuyu, artiste=quelqu'un qui cree). Mais comme dans la legende, elle est la mere de tout un peuple. Dans le livre aussi, elle a ce role de maman(sa fille kaveena qui fut tuee). Et en quelque sorte, elle represente L'Afrique.
Peut-etre que dans la tete de l'ecrivain c'est plus complet que ca. A-t-il voulu rapprocher les 2? Afrique, berceau de l'humanite et aussi Mumbi, maman du peuple Kikuyu?

T'en penses quoi?
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MessagePosté le: Dim 21 Mai 2006 18:36    Sujet du message: Répondre en citant

Linguere a écrit:
diali a écrit:
Pour laisser le suspens jusqu'au bout Laughing , je peux juste vous dire que Linguere va bientôt venir nous parler de la signification de "Mumbi". Je savais bien qu'avec B.b. Diop tout avait un sens !!


Voici ce que j'ai appris:

Au Kenya, les Gikuyu(ou Kikuyu) forment la plus large ethnie du pays.
Selon la legende, les Kikuyu etaient monotheistes, leur dieu s'appelait Ngai.
Un jour, il donna a Gikuyu une femme qui s'appelait Mumbi et son nom signifie Createur ou Scuplteur. Les 9 filles qu'elle a eues avec Gikuyu formeront les clans de la tribu(matriarcat).
Et aujourd'hui, presque toutes les femmes Kikuyu portent au moins le nom d'une des filles de Mumbi.

Dans le roman de Diop, Mumbi est artiste(ca renvoie a la signification de ce nom en Kikuyu, artiste=quelqu'un qui cree). Mais comme dans la legende, elle est la mere de tout un peuple. Dans le livre aussi, elle a ce role de maman(sa fille kaveena qui fut tuee). Et en quelque sorte, elle represente L'Afrique.
Peut-etre que dans la tete de l'ecrivain c'est plus complet que ca. A-t-il voulu rapprocher les 2? Afrique, berceau de l'humanite et aussi Mumbi, maman du peuple Kikuyu?

T'en penses quoi?


Diadieuf pour ces enseignements, Linguere.

Pour moi, Diop fait passer énormément de messages à travers son personnage de Mumbi. Peut-être que j'extrapole et tu me diras à ton tour ce que tu en penses ! Je m'adresse à toi parce que j'ai l'impression, à mon grand regret, que les autres lecteurs du livre nous laissent à notre dialogue !

Pour moi, Mumbi représente en effet à la fois la mère Afrique, la créatrice, la femme :
- sous le visage de la mère Afrique, Diop montre à la fois la richesse, la faiblesse, la douleur, le martyr de la terre africaine ;
- sous le visage de la créatrice, Diop montre l'importance de ces créateurs dont les messages s'écartent de la langue de bois du politique-fantoche ;
- sous le visage de la femme, il montre que l'avenir de l'Afrique se trouve dans la femme africaine.
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MessagePosté le: Lun 22 Mai 2006 17:07    Sujet du message: Répondre en citant

diali a écrit:
- sous le visage de la femme, il montre que l'avenir de l'Afrique se trouve dans la femme africaine.


Le livre Kaveena est un livre militant.
Malgre tous les personnages que connait l'histoire, et parmi eux on peut noter Abel Murigande, ou Pieto Da Souza, Diop a mise sur Mumbi pour sauver son peuple.
Malgre le pouvoir qu'ils exercaient sur les populations, Pierre Castaneda(le mercernaire blanc), et Nzo Nikiema(le president fantoche) craignaient cette dame et la respectaient. Elle "vend" son corps mais elle a quand meme su garder sa dignite(tout comme son pere qui avait refuse les millions de PC ET NN). Meme le Colonel Kroma avait une fois avoue "avoir peur" de Mumbi. Lui aussi, tout comme ces 2 chefs, etait corrompu et avait execute tous les "derangeurs" sous leurs ordres.
Sa force et sa determination se sont confirmees quand elle a eu le courage de faire une "installation" des tetes decoupee des 2 tyrans.
Cette "installation" n'etait que la vengeance de Mumbi.
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MessagePosté le: Lun 22 Mai 2006 20:29    Sujet du message: Répondre en citant

Ah oui on ne peut le nier, le livre Kaveena est un livre très militant, et j'avoue que si j'étais prof au lycée ou ailleurs je l'aurais fortement recommandé voire imposé dans le porgramme scolaire. C'est avec ce genre d'oeuvre que l'on vulgarise des réalités qui au premier abord peuvent paraître un peu compliquées pour l'Africain ordinaire, je parle bien sûr des complexes relations de domination Occident-Afrique.

Citation:
- sous le visage de la créatrice, Diop montre l'importance de ces créateurs dont les messages s'écartent de la langue de bois du politique-fantoche ;
- sous le visage de la femme, il montre que l'avenir de l'Afrique se trouve dans la femme africaine.


Je suis d'accord, l'importance que Diop accorde à Mumbi à travers les lettres de Nzo, à travers les interrogations de Kroma et aussi et surtout à travers la scène de la fin du bouquin, la scène de l'installation où Mumbi prend les cranes des deux tyrans pour aller les exposer sur une place publique, montre que Diop attribue une bonne place à la femme dans la constitution de l'avenir de l'Afrique...et avec la scène de l'installation on peut même croire que pour Diop, c'est la femme Africaine qui va sauver l'Afrique.

Citation:
- quelle facette vous a le plus marqué ?


C'est un personnage dominant au sens propre du terme; on parle souvent de mâle dominant, mais là je dois dire qu'elle m'a vraiment fait l'effet d'une femelle dominante. Nzo Nikiema s'inclinait carrément devant elle, le colonel Kroma la respectait en un sens aussi.
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MessagePosté le: Dim 28 Mai 2006 06:48    Sujet du message: Répondre en citant

A l'encontre de ce que la plupart des personnes pensent, le personnage féminin dans le livre négro-africain n'est pas sans caractère, soumis, secondaire. Dans ce topic, plusieurs exemples ont démontré cette remarque et cela n'est pas lié au fait que j'ai choisi d'analyser la littérature négro-africaine à travers le prisme de la femme !

Si je devais choisir les trois grands personnages féminins "dominants" (pour reprendre le terme de Youngsoldier) de l'ensemble des livres négro-africains que j'ai lus jusqu'à présent, je choisirais :
- la Penda d'Ousmane Sembène dans les Bouts de bois de Dieu pour sa vie assumée de femme libre et son caractère fort ;
- la Grande Royale de Cheikh Hamidou Kane dans l'Aventure ambigüe pour sa grandeur d'esprit et le respect qui l'entoure ;
- la Mumbi de Boubacar Boris Diop dans Kaveena pour son audace discrète, sa tenacité, sa personnalité de créatrice et le message qu'elle véhicule (le rôle de la femme dans le devenir de l'Afrique).

Bien sûr, ces personnages ne sont pas dominants de la même façon, chacun ayant ses propres caractéristiques et véhiculant un message particulier. J'ai développé dans ce topic le portrait de chacun de ces personnages. Vous pouvez vous y reporter si vous n'avez pas lu ces oeuvres.

Et vous, quels sont les personnages féminins dont la force vous a le plus marqué ? Pourquoi ?
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MessagePosté le: Ven 09 Juin 2006 15:43    Sujet du message: Répondre en citant

diali a écrit:
Si je devais choisir les trois grands personnages féminins "dominants" (pour reprendre le terme de Youngsoldier) de l'ensemble des livres négro-africains que j'ai lus jusqu'à présent, je choisirais :

Et vous, quels sont les personnages féminins dont la force vous a le plus marqué ? Pourquoi ?


Bonjour Diali,
Ton coin est calme oooo Laughing

Moi j'en ai une seule: Ramatoulaye personnage principal du livre de Mariama Ba dans Une Si Longue Lettre.(peut-etre aussi sa meilleure amie dans le roman Aissatou).

A travers ce personnage, Mariama Ba pousse un cri contre toutes les pesanteurs que la tradition fait peser sur les femmes africaines, senegalaises en particulier(meme si elle a toujours voulu se demarquer de cette etiquette de "feministe"). Comme elle a pu le montrer a travers ses lettres, en tant que femmes africaines, il nous revient la tache de prendre notre destin en main, a nous revient la tache de changer l'ordre etabli a notre detriment.

Ce livre est paru vers la fin des annees 70, dans la plupart des livres africains les themes les plus abordes etaient: la colonisation, les tyrans, l'economie, les dictatures, la politique,...et le role et la place de la femme dans tout ca?
L'homme africain a raison de rejeter le feminisme occidental, mais ne met pas en exergue le feminisme africain pour faire adherer l'africaine a ce concept. Je suis personnellement contre le feminisme occidental parce qu'il met l'homme et la femme en conflit c'est bien pour ca que l'homme africain l'occulte. Et c'est pour ca qu'il est necessaire de juger le feminisme de Mariama Ba en tenant compte du cadre culturel. Il faut soulever le couvercle social qui nous cache la realite.
Et de tous les livres que j'ai lus, je pense que y en a pas un autre qui s'est vraiment attaque a la tradition africaine et sur son poids sur la condition de la femme dans nos societes.

Et voila une phrase d'elle: "Je reste persuadee de l'inevitable et necessaire complementarite de l'homme et de la femme. L'amour, si imparfait soit-il dans son contenu et son expression, demeure le joint naturel entre ces deux etres." Embarassed

Journee Bonne
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MessagePosté le: Lun 12 Juin 2006 06:09    Sujet du message: Répondre en citant

Linguere a écrit:


Bonjour Diali,
Ton coin est calme oooo Laughing

Moi j'en ai une seule: Ramatoulaye personnage principal du livre de Mariama Ba dans Une Si Longue Lettre.(peut-etre aussi sa meilleure amie dans le roman Aissatou).



Salut miss ! namess !

En effet, on ne peut plus calme Laughing !!
Pourtant ce n'est pas très dur de parler de ses personnages féminins préférés, non ?
Tu m'as donné envie de relire Une si longue lettre.
Bonne journée !
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MessagePosté le: Lun 12 Juin 2006 13:08    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
En effet, on ne peut plus calme !!
Pourtant ce n'est pas très dur de parler de ses personnages féminins préférés, non ?


J’ai voulu faire une comparaison de la vision de la femme haïtienne des écrivains contemporains et ceux du siècle passé, et ma curiosité ne fût pas vaine. Si pour les écrivains de l’époque passée la femme haïtienne représentait le socle de la société haïtienne, les gardiennes des mœurs , il en est tout autrement pour les écrivains contemporains, et notamment pour les plus médiatisés . En effet, la femme poteau-mitan, nourricière, gardienne des valeurs sûres, s'effasera pour laisser place à une femme vénale, destructrice...


Le portrait qu’en fait Gary Victor, un écrivain que j’ai beaucoup lu dernièrement m’a beaucoup marqué. Il présente la femme haïtienne comme une tentatrice ; ou comme le commencement du tourment de l’homme. Dans « Je sais quand Dieu vient se promener dans mon jardin », Eve sera à l’origine de la plongé inexorable de son mari dans la schizophrénie. « Dans le diable dans un thé à la citronnelle » Pirus vendra son âme au diable pour conquérir la belle Esmeralda. Et tous les personnages masculins du roman ont basculé à un moment de leur vie pour une femme. Dans « A l’angle des rues parallèles », le protagoniste commettra l’irréparable par amour pour une femme. Dany Laferrière lui, dévêt de toutes vertus la femme haïtienne, dans son roman « Vers le Sud » les jeunes femmes haïtienne sont des prostitués sans moral s’offrant aux plus riches ; leur langage ferait rougir la femme ayant eut la carrière la plus longue sur les trottoirs parisien.

Citation:
Dans la loge de Choubou
-Espèce de couilles sèches !
-Qu’est-ce qu’il y a, Tanya ?
-Enculé !



Quand à Kettly Mars, dans " l’heure hybride » elle préférera parlé des femmes de la nuit, celle qui cherchent dans la chaleur d’un soir, de jeunes amants pour réveillés leurs corps endormi. La mère du personnage principal est elle même prostituée.

Cette nouvelle présentation de la femme haïtienne est-elle la traduction de l'état de la société haïtienne? Une société prostituée tour à tour à des politiciens véreux et sans état d'âme? Cette image de la femme haïtienne traduit-elle une tentative de fuite de sa population? La prostitution aux puissances étrangère ou la mort? ...

Sinon mon personnage préféré se trouve dans le roman "A l'angle des rues parallèles" (j'ai oublié le nom du personnage, et j'ai passé le roman à une copine, donc impossible de vous retrouver son nom). Cette jeune femme va aider le héros dans sa quête de vérité. Oh faites, c'est -elle la femme la plus lucide du roman.

Voili voilà Diali,
A d’autres lectures Wink
_________________


"- A quoi est due la chute d'Adam et Eve ?
- C'était une erreur de Genèse."
(Boris Vian / 1920-1959)

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