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[Essai] La Renaissance africaine et sa prospective

 
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Tchoko
Grioonaute 1


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MessagePosté le: Mar 23 Aoû 2005 00:22    Sujet du message: [Essai] La Renaissance africaine et sa prospective Répondre en citant

La Renaissance africaine et sa prospective, Editions Paari, juillet 2001

Par Mawawa Mâwa-Kiese

I - Introduction

Outre le vocable qui diffère, la question de la Renaissance des peuples africains a toujours fait partie des préoccupations des sages et intellectuels africains.

Aimé Césaire au premier congrès des écrivains et artistes noirs, qui eut lieu à Paris, en 1956 formulait la question de la renaissance en ces termes « … Je crois que la civilisation qui a donné au monde de l’art et de la sculpture nègre ; que la civilisation qui a donné au monde politique et social des institutions communautaires originales, comme par exemple la démocratie villageoise ou la fraternité d’âge ou la propriété familiale, cette négation du capitalisme, et tant d’institutions marquées au coin de l’esprit de solidarité ; que cette civilisation, la même qui sur un autre plan a donné au monde moral une philosophie originale fondée sur le respect de la vie et l’intégration dans le cosmos, je refuse de croire que cette civilisation-là, pour insuffisante qu’elle soit, son anéantissement et son reniement soient une condition de la Renaissance des peuples noirs. »

Cheikh Anta Diop en 1948 s’était également posé la question « Quand pourra t-on parler d’une Renaissance africaine ? »

Sans remonter au mouvement de la « Negro renaissance » développé aux États-Unis d’Amérique dès le XIXème siècle, l’ensemble de la communauté des peuples noirs est traversée par une réelle volonté d’amélioration des conditions politiques, économiques et sociales inhérentes à son existence. Laquelle volonté finissant toujours par se focaliser sur un point d’accumulation nommé Renaissance des peuples noirs.

La question de la Renaissance africaine interroge pour nous aujourd’hui les conditions d’insertion des peuples africains dans une dynamique de transformations sociale, politique et économique, pour un bien-être global et intégral. Mais en attendant, dans le contexte actuel d’une Afrique soumise à une régression généralisée, le travail qui incombe au chercheur est non seulement la localisation des nœuds mais également la production d’outils et matériaux susceptibles de les délier.

C’est dans ce sens que La Renaissance africaine et sa prospective, ouvrage rassemblant un ensemble de vingt communications très fécondes sur cette thématique devient un outil de travail incontournable. Il s’agit là d’un traité théorique qui introduit le débat et dégage quelques pistes de réflexion, des conduites et des points de vue nouveaux.

II – La renaissance africaine et sa prospective

Citation:
a : Les auteurs et le contenu de l’ouvrage

La Renaissance africaine et sa prospective est un ouvrage pluridisciplinaire qui rassemble les travaux du colloque sur « l'idée d'une Renaissance africaine comme paradigme de refondation du Droit, de l'état, de l'économie, des Sciences et des Techniques » qui avait eu lieu à Paris les 21 et 22 janvier 2000. Ce colloque était organisé sous le double sceau de l'Arpema (Association de Recherche sur les perspectives de la Modernité en Afrique Noire) et de la revue Paari (Pan-African Review of Innovation), et s’était tenu au siège de l'Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT).

L’ouvrage comprend 352 pages, et rassemble les contributions des auteurs suivants :

- Djadi Iba Ndiaye, professeur, critique d’art à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.

- Do-Nascimento José, directeur de l’Arpema.

- Favero Marc, directeur des affaires juridiques, Aérospatiale Matra.

- Kalidou Diallo, professeur d’histoire à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.

- Kissita Achille, politologue et philosophe.

- Lassen Sylvianne, économiste.

- Laokole Yoram, présidente de l’Observatoire Tchadien des Droits de l’Homme.

- Lebussy Fal Joëlle, directrice de la Galerie d’Art Arte.

- Makthar Diouf, professeur d’Économie politique à l’université. Cheikh Anta Diop de Dakar.

- Mawawa Mâwa-Kiese, physicien et directeur de Paari.

- Mwayila-Tschiyembe, directeur de l’Institut Panafricain de Géopolitique.

- Mboka Kiese, enseignant.

- Ngandu Nkashama Pius, professeur à l’université. Paris III, Sorbonne Nouvelle.

- Ngouemo Regis, juriste de Droit public.

- Samba Buri Mbuub, chercheur et consultant international en Anthropologie du développement.

- Tatia Hann Loum, directrice du bureau de style Tatia Hann.

- Thibet Marie Louise, juriste de Droit public.

Ces contributions sont regroupées autour de neuf thèmes qui sont :

I. L’État post-colonial et la problématique d’une Renaissance africaine

II. Les conditions préalables pour une Renaissance africaine

III. Sciences et épistémologie

IV. La dynamique du changement historique

V. La production du sens

VI. Les courants de pensée, les Afro-Caraïbéens et la Renaissance africaine

VII. La référence utilitaire au passé : retour, recours ou rupture ?

VIII. La créativité esthétique

IX. Le mouvement social et la Renaissance africaine


b : Les idées contenues dans l’ouvrage

Arrow Dans son texte portant sur « état multinational : le défi de la renaissance politique de l’Afrique au XXIème siècle, » Mwayila Tshiyembe propose un modèle d’organisation qui fait la synthèse entre les traditions africaines et le Droit comme support de fonctionnement d’un état démocratique nouveau. Pour cet auteur, le modèle de l’état multinational doit se substituer au modèle de l’état-nation. « … Car, contrairement aux idées reçues, l'Afrique noire à l'instar de l'Europe, avait inventé son propre modèle de l'État dit État multinational, et de la nation dite Ethnie, détruit par les impérialismes externes notamment l'islamisation, la christianisation, la traite négrière et la colonisation… » (p. 16).

Sur ce, il définit une triple polarité du politique selon laquelle :

« - primo, les sociétés acéphales ont créé le politique avant l'invention de l'État, alors que la théorie classique assimile la construction du politique à l'avènement de l'Etat nation ;

- secundo, lorsqu'elles inventent l'État dit segmentaire, les sociétés plurinationales l'inscrivent dans une dynamique supranationale, pour souligner sa fonction d'État fédérateur de plusieurs peuples, cultures, langues, religions, institutions, normes, terroirs, etc. ;

- tertio, de la dialectique État segmentaire/société plurinationale, sont nés deux espaces autonomes de production du politique : l'espace étatique (lieu de production de la politique générale) et l'espace national ou ethnique (lieu de production de la politique particulière dite locale). » (p. 21).

Pour cet auteur, « … la crise de l’Etat-Nation, est également la crise des concepts élaborés jadis en Europe pour son intelligibilité. Par conséquent, il est nécessaire de créer de nouveaux concepts, adaptés à la lisibilité du modèle de l’État multinational. » (p.27).

Ce travail de Mwayila Tshiyembe sur la Renaissance africaine et le modèle d’organisation politique susceptible de l’accompagner est une innovation majeure.

Arrow Madame Laokolé Yoram tente d’expliquer « La Notion de Renaissance africaine selon Thabo-Mbeki. » C’est en analysant ses discours qu’elle nous fait percevoir Thabo-Mbeki comme le principal leader politique africain qui a remis à l’ordre du jour le concept de Renaissance africaine. « Il apparaît à travers ses discours que la Renaissance africaine comme projet politique présente chez Thabo Mbeki des fondements et des exigences particulières. D’autre part, joignant le geste à la parole, Thabo Mbeki n’a pas manqué d’initier une diplomatie de la Renaissance africaine et encourager la mise en place de supports de réflexion. » (p. 29).

« … Pour conclure, on dira que chez Thabo Mbeki, la Renaissance africaine c’est l’exigence d’une révolution à la fois culturelle, psychique, sociale, économique, politique, intellectuelle et philosophique. Bref, une révolution touchant tous les domaines engageant l’homme africain en tant que penseur et acteur, et dont le résultat serait le rayonnement du continent à tous les niveaux… » (p.32).

Arrow Dans Esprit d’entreprise et opérateurs économiques en Afrique, Monsieur Makhtar Diouf pose le problème du secteur privé en Afrique dans ses limites actuelles. Scrutant le passé, il montre « … qu’un capitalisme africain a bel et bien existé et prospéré jusqu’à la fin du dix-neuvième siècle, dans le commerce, la manufacture textile et l’artisanat : les tissus d’indigo teint de Kano (Nigeria) sont exportés jusqu’en Égypte et au Brésil. Les plus grands exportateurs mondiaux de cacao à la fin du dix-neuvième siècle sont des commerçants africains originaires du Gold Coast… » (p. 36) Le Sénégal est pris comme exemple d’illustration du contexte des affaires en Afrique. L’auteur dégage en définitive un constat sérieux sur cette thématique. « … Il faut bien reconnaître que les entrepreneurs africains, dans leur grande majorité, continuent à privilégier la liquidité et la rentabilité à court terme. Ils opèrent encore davantage dans le commerce et les activités de services que dans l’industrie. S’il en est ainsi, c’est parce qu’il n’existe pas encore en Afrique depuis les indépendances, de véritable politique de promotion de l’entreprise industrielle…. » (p.40).

Trois juristes, Do-Nascimento José, Marc Favero, et Régis Ngouemo font de l’enracinement du constitutionnalisme un préalable à la pacification de la compétition politique en Afrique.

Arrow Pour Monsieur Do-Nascimento, « l'enracinement du constitutionalisme suppose l'existence d'une société idéologiquement contrastée, idéologiquement pluraliste. » (p.43) Et que « … Le pluralisme politique ne s'invente ni ne s'importe. Il est le résultat après coup de la lente cristallisation des identités sociologiques (corporatives, religieuses, philosophiques, associatives, etc.) en identités d'intérêts compétitifs, c'est-à-dire habitées par des visions contrastées des modalités d'organisation de la Cité… » (p.50).

Arrow Les leçons du passé évoquées par Monsieur Favero sont très instructives. Son texte, en effet, tente en partie de répondre à la question suivante : « pourquoi l’adoption d’une constitution ne suffit pas à installer dans les pays africains (et dans d’autres parties du monde), un régime démocratique ? » (p. 54) Il montre qu’ « Il ne suffit pas d’organiser une élection et de permettre à la population de voter pour que l’État qui organise cette élection puisse être qualifié de républicain. L’État doit, par une démarche volontariste participer activement à l’incorporation dans la société d’un processus démocratique et ce sur une longue période.

Cela n’est donc possible que si les dirigeants en place sont soit déjà suffisamment vertueux pour défendre l’intérêt général et non leur intérêt patrimonial, soit contraints de la faire par une pression extérieure consciente. » (p.55).

Arrow La réflexion « … sur l’intelligence de la constitution sociale en tant que préalable à la refondation de l’État en Afrique… » (p. 58 ) est abordée par Monsieur Ngouemo. Pour lui, « …L’inexistence de toute « tradition politique » de type stato-national en Afrique a pour corollaire l’inexistence d’un consensus vis-à-vis d’une norme écrite se prévalant de cette forme de rationalité et son acceptation par l’ensemble du corps social… » (p.59) Il signale la fictivité du pouvoir politique chez certains dirigeants placés dans un contexte particulier. Et « …à titre d’exemple, dans un modèle « d’extraversion » ou « d’extra-territorialisation » de l’État, comme c’est le cas au Congo-Brazzaville, le détenteur réel du pouvoir politique n’est pas celui que la constitution désigne comme tel, c’est-à-dire l’exécutif interne, mais bel et bien la puissance financière ou économique que constituent les compagnies financières dans le jeu complexe du pouvoir… » (p. 59) Il partage l’idée de la multination et signale que «…loin d’être une revendication balkanisatrice, la constitutionnalisation de la multicommunauté ou de la multination, pose le problème de la refondation de l’État et du droit en Afrique… » (p.63).

Arrow L’auteur Samba Buri Mbuub aborde la question de la Renaissance africaine à travers les Langues nationales. « …Toute langue, dit-il, constitue un système de référence commun à une collectivité humaine donnée, système présent dans la conscience de tous les membres qui font partie de cette même communauté socio-culturelle… » (p. 65 ) Dans une première partie illustrée par le cas sénégalais, l’auteur traite de la bipolarisation linguistique dans le paysage socio-linguistique africain. Pour Samba Buri Mbuub, « … le cas sénégalais illustre à bien des égards, la situation de marginalisation et de sous-valorisation des langues africaines, comme conséquence de la dépendance structurelle liée à la domination étrangère et coloniale, et de l’extraversion de nos sociétés et des rationalités qui les régissent. » (p. 71) Dans une deuxième partie, il propose des solutions aux problèmes linguistiques en Afrique. Il évoque la classification des langues africaines et dans le cadre d’une reconstruction du proto-africain, il dégage une loi. « L'unité historique et culturelle qui lie les peuples africains à la première civilisation de la vallée du Nil a fini par s’imposer non seulement comme fait scientifiquement démontré, mais aussi et surtout comme fait de conscience historique et politique parmi certains Africains du Continent et de la Diaspora. Chacun de ces deux faits, renforcé par la démonstration de la parenté génétique entre l'égyptien pharaonique et les autres langues africaines, se trouve encore amplifié par l'étude de l'histoire du processus de diffusion en Afrique Noire de l'écriture. De ce point de vue, les analogies frappantes, les ressemblances structurales entre divers systèmes graphiques africains – graphies égyptiennes, gicandi (système d'écriture idéologique) kikuyu du Kenya, pictogrammes nsibidi des Efik (Sud-Ouest du Nigeria), écritures mende (Sud de la Sierra Léone), loma, (Nord du Libéria), vai (aux environs de Monrovia), systèmes graphiques bamun (Cameroun), dogon, bozo et bambara (Mali) etc. constituent aussi, selon Obenga, une source précieuse à l’appui de la thèse de l’unité culturelle fondamentale des peuples africains. » (p. 92) Sa discussion sur la question « Quelle Langue choisir ? » est très instructive. Il aborde de manière détaillée le cas du swahili qui dans des pays tels que la Tanzanie est devenu une langue nationale et moderne de premier plan. Pour Samba, il faut « … rompre le cercle de la dépendance structurelle, de la situation de marginalité dans laquelle se trouvent la plupart des langues nationales africaines… » (p.102).

C’est par une démarche épistémologique que les sciences exactes sont abordées dans cet ouvrage.

Arrow Dans sa phénoménologie de l’inauguralité, Monsieur Mboka-Kiese se sert de l’outil mathématique pour dégager les lois rationnelles qui sur le plan international participent à la régression de l’Afrique. « …Le contexte sociocritique dans lequel, entre 1810 et 1933, furent élaborées les mathématiques allemandes imposées dans tous les pays du monde, fut la conférence de Berlin ; période pendant laquelle l’Occident se partageait l’Afrique en colonies, sous la direction du chancelier du deuxième Reich allemand, Otto von Bismarck (1815-1898)… Il note en effet que « … Les mathématiciens demeurent les plus grands fournisseurs des modèles les plus subtils, on dit abstraits, de domination de l’homme par l’homme ; en ce sens que le mathématicien, en dominant la matière, domine l’être humain… » (pp. 109-111). A la lumière de Hegel, Cheikh Anta-Diop et d’autres auteurs, l’auteur examine de fond en comble la question de la Régression en Afrique. Lorsqu’il examine la logique du monde, Mboka-kiese argumente qu’ « On peut poser l’équation suivante : Mondialisation = Chaos. »(p. 124). Dans la partie consacrée au défaitisme des intellectuels africains, l’auteur fait une autocritique sévère. Pour lui, « Victimes du préjugé de l’universalisme, les élites africaines ont abdiqué par peur d’accéder aux lumières comme dans la dialectique du maître et du serviteur de Hegel interprétée par Gérard Hesbach » (p. 124). Et il renchérit en disant que « …Le défaitisme, la peur de rompre, le besoin physiologique d’assistance, toutes ces attitudes d’infériorisation de la conscience humaine sont l’emblème de faux savants (Bakounine)… » (p.128) La situation des mathématiques et leur conséquence sur l’évolution de la pensée en Afrique est longuement abordée. Pour lui l’évolution de l’humanité repose sur le fait que « … chaque génération doit participer à la construction de la société en partant de l’héritage reçu de la génération précédente… Si les générations qui succèdent, ne développent pas une nouvelle intelligence pour fonder leur modernité, elles remettent en cause tout l’héritage reçu des anciens en manquant de le faire fructifier et de le partager avec tous… » (p.136) L’auteur de la phénoménologie de l’inauguralité nous fournit ici une contribution dense et singulière qui se termine par des axiomes et dix principes qui fondent selon lui la loi inaugurale.

Arrow Monsieur Mawawa Mâwa-Kiese s’intéresse à l’irréversibilité en se servant des théories développées dans les sciences naturelles et physiques. Dans une première partie complètement didactique, l’auteur donne les sources épistémologiques de la physique quantique. Il dévoile quelques sources d’inspiration d’Einstein sur la relativité. Pour l’auteur, l’irréversibilité et le temps, sont deux notions intimement liées qui ont connu une théorisation explicite avec les travaux sur l’entropie développés par Boltzmann. L’irréversibilité fait partie intégrante des travaux de Cheikh Anta-Diop lorsqu’il démontre l’origine monogénétique de l’espèce humaine. L’irréversibilité chez Cheikh Anta-Diop se traduit par le fait que « … la nature ne passe jamais deux fois par le même point dans son évolution… La nature n'a jamais créé deux fois la souris, deux fois le chat, ou deux fois l'espèce humaine. La nature au passage crée une fois une espèce, et puis ensuite cette espèce se différentie, évolue, s'éteint ou se développe, se fragmente, mais la nature ne revient pas en arrière pour créer trois fois l'homme, ou deux fois l'homme. Elle a créé une fois l'homme en passant et elle l'a fait en Afrique, c'est tout… » (p.158) Les questions sur l’éthique scientifique et la décivilisation sont abordées par cet auteur qui dégage une loi qui s’est maintes fois vérifiée : « Il y a toujours eu dans l'histoire de l'humanité une corrélation entre avancée de de la science, de la technologie, et croissance de l'échelle de barbarie à laquelle sont soumis les peuples ne répondant pas aux normes de la « Civilisation Unique » souhaitée par les puissances occidentales. » (p. 163) Pour l’auteur de Cheikh Anta-Diop et l’irréversibilité, « …il est temps de sortir de nos ornières intellectuelles, confessionnelles, et même continentales, pour repenser ensemble la question de la régénérescence de l‘Afrique en dehors de toute doctrine pré-établie … » (p. 165).

Arrow Monsieur Samba Buri Mbuub revient dans cet ouvrage avec un second texte sur Recherche scientifique, réflexion politique et Renaissance africaine. Ici, pour Samba, « … il y a nécessité et urgence de mener une réflexion sur les conditions : - d'émergence et/ou de consolidation d'une pensée politique pour la libération politique, la reconstruction économique et sociale et la Renaissance africaine ; - pour implanter et développer une politique et une pratique scientifique en Afrique et dans le dit "Tiers-monde", dans un but autre que la reproduction indéfinie du cercle vicieux de la dépendance structurelle… » Dans son bilan de dépendance de la production intellectuelle africaine, il justifie la fuite des cerveaux par le fait que « …Ce nomadisme intellectuel apparaît ainsi comme conséquence de la concentration des structures les plus performantes de capitalisation de l'information scientifique et technique, en particulier des meilleures sources archivistiques et documentaires au Nord… » (p.176) Il évoque sans complaisance un vide stratégique de la pensée politique qui n’élabore pas des stratégies opérationnelles en vue d’une Renaissance véritable. La troisième partie portant sur les conditions d’émergence d’un discours nouveau est un ensemble de propositions concrètes et diversifiées pour faire avancer la question des politiques d’enseignement et de recherche scientifique en Afrique Noire. Et il conclut par ceci ; « … Un discours nouveau s'impose à la fois comme repère idéologique préalable à l'action pour sortir du temps colonial (et néo-colonial), en particulier pour repenser en termes plus adéquats et plus riches aussi bien la problématique de l'État et de la construction nationale que les conséquences de la domination impérialiste sur les structures mentales et symboliques(95). Un tel discours devra également, pour être crédible, expliquer l'ensemble du processus et les facteurs de régression historique du Continent et des peuples africains, à la suite des invasions étrangères, alors que l'Afrique a exercé dans l'Antiquité un rôle hégémonique pendant près de trois millénaires, notamment comme espace d'initiative scientifique, technologique et politique… » (p.206).

A travers la dynamique du changement historique, deux auteurs répondent à la question suivante : « les sociétés civiles africaines contemporaines sont-elles porteuses ou non d’une dynamique de changement ? ».

Arrow Monsieur Do-Nascimento intervient pour la seconde fois dans cet ouvrage. Il analyse les évènements en cours en Afrique et formule des hypothèses qui attestent effectivement d’une dynamique de changement. Pour Do-Nascimento, « … Sous l’angle de la théorie du chaos, l’évènementialité politique en cours en Afrique noire s’analyserait en termes de turbulence. Cette turbulence serait l’expression d’une sensibilité des sociétés africaines post-coloniales à des conditions initiales favorables au changement politique. Des conditions initiales dont les effets auraient été gelés dans le contexte des années 60-80 par la logique bipolaire des relations internationales. Conditions qui produiraient aujourd’hui leur effet en raison des composantes du contexte international post-bipolaire. De ce point de vue la dynamique africaine post-guerre froide pourrait conduire à une bifurcation historique qu’à la condition toutefois que les aléas à venir de la scène politique africaine lui soient favorables… » (p. 219) Plusieurs paramètres sont dégagés par l’auteur pour confirmer l’hypothèse d’un changement historique en Afrique. Il insiste particulièrement sur l’écho de la philosophie des droits de l’homme au sein de la société civile qui est illustré par « … La figure héroïque du journaliste burkinabé Norbert Zongo qui symbolise et témoigne désormais de l’engagement de tous ces inconnus qui en Afrique ont été assassinés dans le silence de la presse internationale pour leur combat en faveur des libertés publiques. Le soutien post mortem que la société civile du Burkina Faso a manifesté à la mémoire de Norbert Zongo est une preuve probante de l’ aspiration des populations africaines aux libertés et de leur aptitude à se mobiliser pour la cause des droits de l’homme dès lors qu’elles trouvent une personnalité qui a le courage de s’ériger en porte parole. Le préjugé sur l’insensibilité des populations africaines à la culture démocratique est démentie chaque jour par les protestations que les populations urbaines manifestent à l’endroit des actes d’abus de pouvoir… » (p. 223) L’auteur insiste sur le fait que « … Tout phénomène de changement fondamental dans l’organisation politique, économique et social d’une société s’opère par l’effet de l’action organisée d’un agent politique : parti politique, leader charismatique, courant intellectuel etc. Un agent porteur d’un projet de société alternatif et qui canalise dans son sillage le flux contestataire de l’ensemble des catégories sociales qui ne peuvent voir leurs conditions matérielles et immatérielles s’améliorer que par le renversement de l’ordre politique établi… » (p. 233).

Arrow L’auteur Achille Kissita poursuit la même thématique en examinant le temps politique et la dynamique de l’état après les conférences nationales. « …Le projet des conférences nationales en Afrique avait une double signification. Elles posaient d'abord la question de la nature des problèmes vécus depuis les indépendances par les États africains et, d'autre part, elles voulaient définir les conditions d'un système politique nouveau. De ce point de vue, les conférences nationales constituaient donc un moment d'interrogation, et non un moment d'institutionnalisation. Elles constituaient un moment d'ouverture, une sorte de brèche par laquelle se projetait la possibilité de redéfinition et d'évaluation des enjeux nouveaux auxquels l'Afrique était désormais confrontée, et dont elle ne saurait faire l'économie. Or, ce projet de redéfinition et d'évaluation n'a en définitive pas pu être mené à réalisation dans certains pays (Zaïre, Congo, Centrafrique, Togo notamment), puisque aussitôt après les conférences nationales, il y a eu rupture du rapport politique nouveau qui avait été initié, tant dans la possibilité de la prise de parole que dans celle de la réalisation de l'objectif de renouvellement historique, en terme de volonté d'inscrire l'expérience politique dans un contexte nouveau et d'invention démocratique. » (pp.239-240) Pour Kissita, il y a eu un gel du temps politique en Afrique. Gel caractérisé par le retour aux affaires des figures de l’indépendance après les conférences nationales des années 90. « … Dans le cas du Congo, nous pouvons dire que celle-ci est une victoire de la vieille classe politique sur la jeunesse qui, jusque-là, avait animé et orienté les débats. En effet, il s'était posé le problème du sort de tout l'ancien personnel politique qui avait géré le Congo. Dès l'instant où certains soutiendront qu'il était antidémocratique d'écarter l'ancienne classe politique, les vieux clivages revenaient et chacun allait rejoindre son camp, c'est-à-dire le groupe de son expression régionale. La question essentielle n'était plus celle de la refondation de l'État. La Conférence nationale ne servira que de lieu de rupture de l'expérience du Parti congolais du travail comme parti unique, sans inscrire un changement de conception ou de modalité de gestion de l'État. Et, c'est là que se reposera la question des alliances, telle qu'elle s'était déjà posée entre 1956 et 1960. Or, c'est ce jeu des alliances qui va faciliter les ruptures qui conduiront à l'échec de l'entreprise de refondation de l'État … » (pp.242-243) Dans cet entrelacement entre temps politique et temps historique, l’auteur dégage une constat amer sur l’issue des conférences nationales « … contrairement aux espérances définies par ce moment des conférences nationales, l'Afrique, par ces blocages, n'a pas réussi à innover son discours, sa pratique et sa réflexion sur sa réalité propre. Il est clair que se pose là la question de la compréhension du politique comme réalité à la fois définissable et compréhensible, qui aboutit à celle de la définition même de l'État… » (p.247).

Arrow L’auteur Pius Ngandu Nkashama traite de la production du sens à travers la pensée politique des mouvements religieux. L’auteur introduit le phénomène du religieux et l’hypothèse du rationnel en montrant que « …tous les mouvements historiques de Renaissance africaine ont toujours été marqués par des expressions religieuses. Et cela depuis « Harlem renaissance » au début du XXe siècle, autour de Marcus Garvey et des Auteurs Nègres qui avaient repris les Negro Spirituals, les Gospels et les textes des Poètes connus comme Paul Dunbar, Langston Hughes ou Dr Dubois auteurs de « Black Souls », mais surtout des Pasteurs-Écrivains tels que Jean Toomer qui évoque la « Terre des Ancêtres », Countee Cullen qui a thématisé la figure du « Black Christ », et davantage encore James Baldwin avec Go Tell it on the Mountain (traduit par Les élus du Seigneur). Plus tard, le même mouvement sera prolongé par les enseignements de Elijah Mohamed et son célèbre disciple dissident Malcolm X, autour des Black Muslims. Le récit Beloved de Toni Morrison vient parachever une telle thématique au milieu d’un tragique saisissant … » (p. 252) Pour l’auteur, l’apparition des églises nouvelles, les guerres de libération ainsi que les conférences nationales devraient inciter à regarder de très près les discours politiques des mouvements religieux. Il prend l’exemple du prophète Bakatuasa en République Démocratique du Congo qui donne un contenu messianique à l’indépendance du Congo-Belge ; « …Le Prophète Lumumba, nationaliste du Congo, a entrepris une pénible campagne politique. Il a quitté la capitale du Congo-Léopoldville pour aller enseigner, en premier lieu, dans la province du Kasaï, la Terre promise. Il voulait commencer par sensibiliser d'abord ses frères du Kasaï. Dès lors, tous ceux qui se sentaient comme des relégués, entendaient ses paroles. Ils glorifiaient leur Dieu, car ils pouvaient enfin se rendre compte d'eux-mêmes, que leurs implorations et supplications avaient été écoutées, et que leurs vœux allaient se réaliser. Le Maître de la mise en scène avait été trouvé. Le Congo venait de découvrir son chemin… » (p. 256-257) Cette imbrication du politique et du religieux draine dans son sillage des idées tout a fait nouvelles. « …L'une des thématiques qui se prêtent le plus à de telles investigations concerne les migrations et les transhumances à travers le continent, en particulier dans la période pré-coloniale. Les arguments invoqués par les Prophètes - prédicateurs se situent résolument à l'opposé des théories universitaires. Tous, ils admettent sans recourir aux préliminaires de la démonstration, que les « Peuples de l'Afrique centrale viennent de l'Égypte pharaonique », et qu'ils en constituent même une filiation directe. Ils dénient donc à la thèse des transhumances par l'Ouest (le Niger) la faculté d'expliquer de nombreux faits culturels qui pour eux, se réfèrent directement à la science totale et intégrale de l'Égypte ancienne, à l'origine même de la science occidentale… » (p. 261) Dans le cas du monde noir, le lieu symbolique qui expérimenta de manière très affirmée ce lien triple entre le politique, la Cité de Dieu et le Dieu des ancêtres est Haïti avec le culte du Vodou. « … pour le cas d’Haïti, le Vaudou a constitué plus qu’une force politique, sans laquelle la Nation haïtienne elle-même n’aurait pas été possible. Depuis l’image christologique de Toussaint-Louverture maintes fois reprise dans les peintures populaires et dans les représentations religieuses, le Vaudou demeure une référence unique sur laquelle se fonde la « Foi d’un Peuple ». Par le Vaudou, Haïti a transformé le destin des anciens esclaves en une Histoire. Pour créer la Liberté, ils ont dû créer les Dieux du Vaudou devenu depuis une religion nationale. Et cela, en dépit des différentes dictatures qui ont tenté de s’approprier sans le réussir véritablement, depuis les Duvalier jusqu’au père Aristide…. » (p. 264).

Arrow Madame Sylvianne Lassen aborde de manière très succincte le courant de la Renaissance africaine en tant que corpus d’idées. A partir d’une critique du point de vue de Pathe Diagne, l’auteur part du constat suivant : « … Nous verrons ici que si ce mouvement - Renaissance africaine - a été d’une fécondité extraordinaire sur le plan de la production des idées, il atteste cependant d’un échec total en tant qu’expérience de gouvernement… Le mouvement de la Renaissance noire et africaine doit être interprété fondamentalement comme étant celui d’un projet d’émancipation des peuples africains et de la diaspora d’un contexte historique (rapports de forces) défavorable.

Il n’est pas faux d’interpréter le mouvement de la Renaissance africaine comme exprimant d’abord un devoir de mémoire (perpétuation du souvenir de la tragédie que furent l’esclavage, l’oppression coloniale, le préjugé de couleur) et ensuite une volonté de liberté (résolution à sortir de la raque de l’histoire). » (pp. 271-272).

Arrow Madame Marie-Louise Thibet dans son texte sur les DOM français et l’Afrique : l’exemple peut-il venir du Grand-Frère ? intervient tout mettant en exergue sa spécificité de guadeloupéenne. Pour elle, La « re » naissance suppose une naissance puis un déclin et enfin, une nouvelle chance de vie. Mais en même temps elle se pose plusieurs questions ? « …Qu’est ce qui différencie la lutte pour l’indépendance menée par certains courants politiques notamment en Guadeloupe, du combat mené contre le colonialisme par les pays africains ? » (p.276) En fin de compte son analyse montre que les destins de l’Afrique noire continentale et de la Guadeloupe sont liés car elle termine par une exclamation significative : « … Oui ! l’idée d’une Renaissance africaine me séduit et me concerne comme elle devrait à mon sens concerner les Domiens… » (p. 277).

Arrow Dans sa troisième communication, Do-Nascimento revient avec une communication intitulée la référence au passé dans le projet de modernité en Afrique : Cheikh Anta Diop, Marcien Towa et Léopold Sédar Senghor. L’auteur examine le passé en l’inscrivant dans trois modalités, le recours, le retour, la rupture. La thèse du recours à laquelle il associe C.A. Diop, a pour l’auteur un caractère utilitaire : « … Elle constitue une méthode efficace pour libérer la charge prométhéenne qui sommeille dans la conscience du corps politique et intellectuel africain. Une méthode efficace pour restituer au corps politique et intellectuel africain l'autonomie des normes, des valeurs, des intérêts et des priorités devant présider à son action. Cette autonomie étant indispensable à l'affirmation du corps politique et intellectuel africain en tant qu'agent historique, en tant que sujet capable de produire les conditions matérielles et immatérielles de sa propre existence… » (p. 286) A la thèse de la rupture avec le passé, l’auteur associe les travaux de M. Towa « … On peut soupçonner chez Towa (M.), derrière cette volonté de rupture avec le soi, avec notre passé, un secret désir d'assimilation qui ne s'avoue pas, un assimilationniste qui feint de s'ignorer. Ce serait à tort. Car en vérité ce que Towa (M.) vise dans l'identité de l'autre, c'est moins son identité culturelle que la manière dont il exprime son identité humaine générique. La manière dont il exprime son pouvoir de conception, de création et d'invention. De ce point de vue la pensée de Towa (M.) rejoint celle du personnage de la Grande Royale dans le roman de Cheikh Hamidou Kane… » (p. 295) La négritude senghorienne est analysée ici dans le cadre de la thèse du retour au passé. « …Pour la négritude en effet l'homme africain doit participer à la civilisation de l'Universel sur le mode de l'émotion … et il ajoute que la négritude senghorienne préconise, non pas tant un retour au passé mais l'ancrage à l'identité issue de l'expérience millénaire de la race comme mode optimal de contribution du mélanoderme à la civilisation de l'Universel… » (p. 296-297) Mais en définitive, parmi les trois thèses en présence, l’auteur montre que la thèse du recours est une démarche opératoire et d’actualité. Pour lui, « … la thèse de Diop (C. A.) selon laquelle la réconciliation de l'Afrique noire avec l'esprit prométhéen passe par la restauration de sa conscience historique, conserve toute sa pertinence. Il est donc à parier que c'est par les armes fournies par son œuvre que les générations à venir initieront un processus de renaissance en Afrique. » (p. 301).

Arrow L’auteur Iba Ndiaye Diadji traite de l’art africain, dernière chance pour l’Europe : plaidoyer pour une esthétique pan-humaine. L’auteur commence son plaidoyer par une série de questions très pertinentes sur les rapports Europe/Afrique au sujet de l’art africain. Il identifie les arts d’Afrique en signalant que : « … S’il fallait faire un arrêt sur image pour lire la carte d’identité des arts d’Afrique, on pourrait retenir trois marques majeures s’appliquant à la fois à la poésie, au chant, à la peinture, au cinéma, à la sculpture, à la musique, à l’architecture. La pluralité des expressions artistiques ne pourra jamais ni en Afrique, ni ailleurs occulter les repères esthétiques, éthiques et culturels qui sous-tendent en tous temps en tous lieux cette étroite parenté dans les arts, base de créativité éprouvée… Iba Ndiaye rejette les amateurs d’exotisme au musée des curiosités antiques, et met en garde les artistes d’Afrique contre la dé-personnalisation et le folklorisme. Il pose l’africanité artistique comme élément central de l’Art, et l’artiste comme créateur d’œuvres de beauté pour l’humanité entière… » (p. 306, 310-311). Dans ses fondements esthétiques d’une re-naissance africaine, l’auteur note qu’ « … Au total, aussi loin qu’on remonte ou qu’on descende, les capacités de résistance, de re-naissance, de nouvelle naissance existent pour les arts d’Afrique, partant pour toutes les formes d’activités humaines du continent. Car l’art n’est-il pas ce sur quoi les civilisations seront jugées par l’histoire ? Que représentent aujourd’hui les civilisations incas, égyptiennes, grecques ? Par quelles sculptures ou reliques architecturales les admirons-nous encore ? Des leçons que l’art nous donne à méditer et qui situent mieux le questionnement sur les repères esthétiques de la renaissance africaine à la fois dans la fréquentation dynamique du passé, et dans le futur d’une civilisation nègre généreuse, parce qu’offrant en partage ses marques identitaires non pas comme des murailles imprenables, mais comme un souffle vivificateur oxygéné quotidiennement par la sûreté des nègres d’être dans une processus d’existence continue pour le genre humain… » (p. 315) L’optimisme de Iba Ndiaye Diadji en réponse à ses questionnements initiaux participe de manière positive au dialogue des cultures. Pour lui, « … Les leviers d’une Renaissance africaine sont bien là, dans la forte identité des arts, dans les traces indélébiles d’une histoire épanouie, dans les capacités d’intégration aux actualités posées par les nouvelles technologies. Et au-delà de l’Afrique, ce sont des perspectives de nouvelle naissance aussi pour l’Europe et les autres continents ? Une chance donc, sans doute la dernière !… » (p. 319).

Arrow Cette thématique de la créativité esthétique est de nouveau examinée par Joëlle Lebussy Fal dans son texte intitulé Art contemporain et renaissance africaine. C’est également sur un ton optimiste qu’elle aborde cette question. Elle s’insurge contre certaines assertions du type « … L’Afrique Noire est mal partie… . » et montre qu’« … il existe des domaines où le continent africain est en plein essor. En effet, si on considère le domaine culturel, et plus particulièrement celui des arts plastiques, on s’aperçoit que l’Afrique, après avoir été une source d’inspiration pour l’occident est actuellement dans une nouvelle vague créatrice… » (p. 321) Elle explique comment le renouveau artistique en occident s’est inspiré de l’art traditionnel d’Afrique. « … Dans le domaine de la mode également, les grands stylistes reprennent des thèmes de l’art africain traditionnel. On peut penser à Hermès avec sa collection de foulards en soie aux motifs des poids Baoulé. On parle aujourd’hui de style ethnique, style africain mis en valeur par l’Occident dont l’Afrique est un des premiers acteurs… » (p. 322) Elle montre aussi que « … L’art africain contemporain est moins connu, car plus récent, que l’art traditionnel et pourtant, depuis les indépendances il est en pleine expansion. Le continent africain participe donc au processus du renouveau international, en termes d’art contemporain… » (p.323) Elle relève le mérite du président Senghor et de Iba Ndiaya Diadji dans l’éclosion de l’art au Sénégal. Laquelle reconnaissance de la très compétitive créativité artistique sénégalaise s’est concrétisée par la grande exposition d’Ousmane Sow sur le pont des arts à Paris aux mois de mai et juin 1999.

Arrow Tatia Hann Loum dans la même lancée, traite de la participation de l’Afrique au renouvellement mondial de l’esthétique. « … C’est précisément avec l’arrivée du cubisme imposé par les peintres Braques et Picasso, que la force esthétique du potentiel artisanal africain ne cesse d’être une source perpétuelle d’inspiration pour la peinture. Elle influence notamment des domaines comme la mode, le design, l’architecture ou la décoration contemporaine… » (p. 325) Plusieurs domaines de l’esthétique sont abordés par l’auteur, et, « … Il semble qu’aujourd’hui, l’idée d’une Renaissance africaine est palpable. En effet un label de qualité africain émerge, commence à être développé et à être reconnu. De plus en plus les médias européens sont présents en Afrique et font découvrir le talent de certains créateurs… » (p. 326).

Arrow L’interrogation de Monsieur Kalidou Diallo porte sur le lien entre syndicalisme et mondialisation. La renaissance syndicale africaine dans le processus de la mondialisation est-elle possible ? Il replace d’abord la mondialisation à sa juste place. « … Le concept de mondialisation n’est pas nouveau pour les historiens car la première guerre mondiale a déjà montré l’interdépendance dans le monde. Le deuxième conflit mondial et l’antagonisme Est–Ouest à travers la guerre froide ont pendant près d’un demi-siècle structuré un ordre international bipolaire qui n’a laissé aucun aspect de la vie des États et des peuples : diplomatie, politique, économie, éducation, etc. » (p. 331). Son travail, avec des statistiques à l’appui tente de faire percevoir au lectorat la difficulté du monde ouvrier, en Europe et en Amérique, de s’adapter aux processus d’interdépendance des marchés contenus dans le slogan de la mondialisation. Fort de cette découverte d’un monde syndical qui ne cesse de s’asphyxier en occident, l’auteur essaie tout de même d’explorer les possibilités d’une renaissance syndicale africaine dans ce contexte très particulier. L’auteur établit un lien entre la dépendance économique des états et la dépendance financière des syndicats « … Quand des syndicats ne peuvent même pas assurer leurs déplacements d’une capitale africaine à une autre sans le soutien des internationales, comment peuvent-ils asseoir un syndicalisme purement africain ? » (p. 339) « … La mondialisation avec l’ordre et le désordre qu'elle crée au plan international favorise la même tendance au niveau syndical : mondialisation et dispersion syndicale. … » (p. 340) Kalidou Diallo donne une ligne de conduite sur le mouvement syndical en cette période de mondialisation. Il aborde également la nature des relations susceptibles d’être tissées entre le syndicat et la montée en puissance du secteur informel corollaire de l’incapacité des gouvernements africains à gérer l’état. En guise de conclusion, « … La renaissance du mouvement syndical africain dans le contexte de la mondialisation passe par l’élargissement du champ syndical. En effet, depuis les plans d’ajustement structurels, le monde du travail en Afrique connaît d’énormes difficultés liées à la fragilité du tissu économique et à l’hostilité de l’environnement syndical. Cette fragilité s’explique par la disparition des grandes unités industrielles au profit de petites et moyennes entreprises et même de micro-entreprises familiales… « (p. 341).

III. Conclusion

L’ensemble des thèmes abordés dans cet ouvrage ne clos pas le débat. Celui-ci ne fait que commencer et devra se poursuivre pour que toute personne intéressée puisse apporter sa pierre dans l’assemblage des matériaux qui conduiront à la Renaissance africaine. De trop grandes confusions résident dans la manipulation des vocables Renaissance et passé. Si comme le souligne Aimé Césaire que « la voie la plus courte vers l’avenir est toujours celle qui passe par l’approfondissement du passé », cette assertion nous en faisons notre. Mais en même temps il ne s’agit pas pour nous de ressusciter le passé dans sa globalité. L’irréversibilité du temps historique interdit de manière naturelle une telle utopie. Mais c’est la compréhension de notre passé qui peut nous donner les moyens cognitifs pour trouver notre place à travers les sinuosités de l’histoire de l’humanité.

Paris, le 26 avril 2002
Mawawa Mâwa-Kiese
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« En me renversant, on n'a abattu à Saint-Domingue que le tronc de l'arbre de la liberté, mais il repoussera car ses racines sont profondes et nombreuses. » (Toussaint Louverture)
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