grioo.com

[Yazol]

Réunions au sommet entre Doué et les autorités militaires burkinabé/Un ancien garde du corps de Mathias Doué témoigne/Ce qu’on en pense aux USA
(Le Courrier d'Abidjan 23/08/2005)
http://www.africatime.com/CI/index.asp


Ouaga - Mathias Doué n’en finit pas de parfaire son plan de déstabilisation de la Côte d’Ivoire. Après un séjour au Gabon et une visite en Centrafrique, à la pêche aux mercenaires, il a pris pied à Ouagadougou depuis samedi. Où il multiplie les contacts de ralliement à sa cause. Hier, il était en contact avec les plus hautes autorités politiques et militaires du Pays des hommes intègres. Révélations.


Ce n’est plus un secret pour personne. Le général Mathias Doué a décidé de mettre à mal tout le processus de paix enclenché depuis Marcoussis jusqu’à Pretoria, en passant par Accra, Lomé et d’autres capitales africaines. En la matière, il se donne actuellement les moyens pour arriver à ses fins, soutenu qu’il est par toute la Françafrique. L’homme entend donner force à sa lettre subversive dans laquelle il clame haut et fort que «Chacun peut revendiquer des hommes, des armes, des partisans et des appuis». Depuis Libreville, il a commencé, avec l’aide de son réseau, à constituer sa prétendue armée. Celle qui viendra balayer Gbagbo. C’est d’abord un tour qu’il a effectué en Centrafrique, au pays du Général Bozizé. Il est ensuite revenu à Libreville pour atterrir finalement à Ouagadougou où, depuis deux jours, il multiplie les contacts. Depuis hier lundi donc, Mathias Doué est à pied d’œuvre. Nos sources sont formelles sur ses nombreux mouvements dans la capitale burkinabé. Ainsi a-t-il eu une réunion hier matin au Régiment central à Ouagadougou, avec des officiers de l’armée du Burkina-Faso.

Complicités avérées du Gabon et du Burkina

La rencontre qui a duré 1h30 a évidemment porté sur la faisabilité d’un coup d’Etat en Côte d’Ivoire. Notre informateur qui s’est abstenu d’entrer dans les détails a cependant fait état d’une autre information de première main. Vers 15 h ce même jour, un long cortège de 4 x 4 aux vitres teintées transportant Mathias Doué et ses acolytes a fait mouvement vers l’Etat-major de l’armée burkinabé. Là, et en toute violation des principes de bon voisinage, Doué a eu une autre réunion avec la hiérarchie politique et militaire du Pays des hommes intègres. Autour de la table de cette réunion au secret, figuraient en bonne place tous les chefs de corps – Air, Terre et Crs - de l’armée burkinabé, le chef d’état-major particulier de Blaise Compaoré, Gilbert Diendiéré et bien de personnalités dont nous taisons les noms pour le moment. Ce, avec la complicité bienveillante de Blaise Compaoré qui y a dépêché ses (3) ministres, des Affaires étrangères, de la Défense et de la Sécurité. Cette vaste opération de déstabilisation, comme on le voit, est donc sponsorisée par le président du Burkina Faso. Ce qu’une partie de la presse locale approuve fortement, si l’on en croit les «UNE» des différents tabloïds proches de l’homme fort de Ouaga. Pour ces confrères , «Doué va chasser Gbagbo sous peu». L’on y fait état de ce que quelques têtes fortes de la direction de la rébellion, sont arrivées la veille à Ouaga, que des civils ivoiriens – certainement les hommes sur qui compte Doué – recrutés par les ennemis de la Côte d’Ivoire, ont pris le chemin de Ouagadougou, en passant par le Ghana voisin. Vers 17h, trois avions, avec à leur bord des armes, ont atterri à l’aéroport militaire de Ouaga. Quelques instants après, ils étaient suivis d’un avion de transport de troupes gabonais. Dans les milieux ouagalais, il se murmure que Doué a eu suffisamment de moyens pour conduire son offensive. En tout cas, dans les milieux bancaires internationaux, on suit les circuits de financement du coup à la trace. Ainsi, un virement bancaire a été effectué à partir du Gabon le 19 juin 2005 et est parvenu à la BCB (Banque commerciale du Burkina Faso) sur le compte numéro 2308KL00021. De ce compte, un virement a été fait le 29 juillet 2005 à la BICIAB (Banque internationale pour le commerce, l’industrie et l’agriculture du Burkina Faso) sur le compte numéro 2046700168. Le montant est astronomique : 945. 865. 360 F CFA. Le pactole a été retiré le 3 août 2005 à Ouaga par Guillaume Soro
Pour l’instant, la date de l’offensive est sous scellé, mais elle pourrait avoir lieu entre les 8, 9 et 10 septembre prochain. Voici pour l’information.

Le silence coupable de la communauté internationale

Toutefois, des questions restent à élucider. Pourquoi la France si prompte à imposer un embargo à la Côte d’Ivoire ne réagit–elle pas en ce moment ? Si l’on doit lire au deuxième degré les propos du nouvel ambassadeur français à Abidjan, peut-on conclure par ses propos du genre : «il faut que les Ivoiriens prenne leurs responsabilités», prononcés à sa sortie d’audience avec le président Gbagbo, que Mathias Doué est l’élément qu’eux Français, attendaient pour mettre leur plan de déstabilisation à exécution ? Que devient M. Hamadoun Touré, porte-parole de l’Onuci, si prompt à demander au Conseil de Sécurité de l’Onu de prendre des sanctions fermes à l’endroit des Jeunes Patriotes qui obstruent le passage aux détachements des forces impartiales dans l’exercice de leur mission ? Que disent MM. Pierre Schori, représentant de Kofi Annan, et M. Monteiro, superviseur des élections pour le compte des Nations Unies, lorsque Mathias Doué, avec la complicité de la France, sape le travail de réconciliation et le processus de paix du médiateur, au nez et à la barbe de la communauté internationale ? Que disent Konaré et l’UA, quand le Burkina Faso, par ces faits avérés, continue de servir de base arrière et de terreau de déstabilisation d’un pays membre de l’organisation africaine ? Ce, au moment où elle a donné un mandat ferme au médiateur qui est ici nargué par Doué que chouchoute en ce moment toute la Françafrique. Quelle réponse donner au fameux pardon de Bongo à Gbagbo, lors du sommet de Syrte ? Pourquoi le président Gbagbo ne prendrait-il pas sur lui de rompre de façon unilatérale les relations avec le Burkina Faso, de sorte à mettre au grand jour les attitudes mafieuses de Blaise Compaoré ? Pourquoi les ambassadeurs de ces pays dits impliqués ne réagissent-ils pas jusqu’à présent, eux si prompts à démentir et à se poser en victimes ? Autant de questions qui devraient trouver, ici et maintenant, leurs réponse, parce qu’il est intéressant de rappeler à ces pays frères, maîtres ès déstabilisation, qu’ils gagneraient plutôt à travailler à la stabilité de la Côte d’Ivoire qui accueille chaque jour sur son sol des milliers de leurs concitoyens qu’ils exposent à une regrettable vindicte populaire, chaque fois qu’ils posent des actes de nature à vouloir changer de force le régime en place en Côte d’Ivoire. Il ne faudra pas attendre pour condamner. Le médiateur, l’UA et le Conseil de sécurité doivent se saisir du dossier et jouer chacun la partition qui doit apporter la paix en Côte d’Ivoire. Autrement….

William-Varlet ASIA