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Plongée dans les racines africaines du Brésil

 
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Kennedy
Bon posteur


Inscrit le: 14 Mar 2005
Messages: 994
Localisation: T.O

MessagePosté le: Ven 23 Sep 2005 22:00    Sujet du message: Plongée dans les racines africaines du Brésil Répondre en citant

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3246,36-692222@51-627777,0.html

http://www.dapper.com.fr/expositions/en_cours.htm






Deux bâtons de danse sont présentés au Musée Dapper, l'un représente Shango, divinité yoruba du tonnerre (Nigeria) avec sa double hache sur la tête ; l'autre, élaboré à Recife, au Brésil, figure Xangô, dieu de la justice et de la foudre, qui porte des attributs semblables. Ces pièces font partie de "Brésil, l'héritage africain", exposition portant sur une centaine de pièces dans le cadre de l'année du Brésil en France.



Ces statuettes sont là ­ - parmi beaucoup d'autres ­ - pour rappeler l'imprégnation africaine du Brésil. "Tout Brésilien, même quand il est clair et qu'il a des cheveux blonds, porte dans l'âme l'ombre ou la marque de l'indigène ou du nègre", notait l'anthropologue brésilien Gilberto Freyre dans son essai Maîtres et esclaves. Et ce dernier poursuivait : "Dans notre façon d'être tendre, dans notre mimique excessive, dans notre catholicisme qui est un délice des sens, dans notre musique, dans notre manière d e marcher, de parler, dans les cantiques qui ont bercé notre enfance, bref, dans toutes les expressions sincères de notre vie, l'influence nègre est patente."

Comment en irait-il autrement ? Entre le XVIe siècle et la fin du XIXe siècle (l'esclavage a été aboli en 1888 au Brésil), près de trois millions et demi d'hommes et de femmes ont été déportés des côtes africaines vers celles du Brésil. Avec trois points d'embarquement principaux, issus des royaumes yoruba (Nigeria, Bénin), fon/ewe (Bénin, Togo) et bantou (Congo, Angola).

Les esclaves emportaient avec eux des traditions, des croyances religieuses, des modes de vie, des pratiques, culinaires ou médicinales, qui ne seront pas oubliés de l'autre côté de l'Atlantique.


Certaines subsistent encore, en dépit d'un profond brassage et d'un intense métissage entre les populations vivant sur cette portion du Nouveau Monde, qu'elles soient d'origine indienne, européenne ou africaine. Le Brésil moderne est né de ces rencontres.

Christiane Falgayrettes-Leveau et Erwan Dianteill, à l'origine de cette manifestation, confrontent des pièces, ici presque toujours d'origine religieuse, qui peuvent évoquer cet héritage. Au Brésil, les religions africaines n'avaient pas droit de cité. Elles ont été intégrées par les esclaves au sein du panthéon catholique qui leur était imposé. Plus tard, des religions syncrétiques ont émergé. D'abord clandestines et réprimées, elles ont été peu à peu tolérées. Aujourd'hui, elles ont pignon sur rue et leurs adeptes se recrutent également parmi les populations d'origine européenne du sud du pays.

Dans les cérémonies religieuses du candomblé ou de l'umbanda, des divinités issues du continent africain sont convoquées. Un autel du candomblé "angola Nkosi" a été élaboré pour l'exposition par les soins d'un "père de saint", Laercio Macias do Sacramento, de Bahia. Cette installation sacrée où sont entassés des objets (poterie, vaisselle, fleurs, bouteilles remplies de liquides divers, etc.) renvoie aux autels commémoratifs asen fon (Bénin), en bois et en fer, exposés juste à côté.

Ogum, le maître du fer dans la tradition candomblé, est le double d'un dieu de la guerre africain : "Ogun chez les Yoruba, Gu chez les Fon est le dieu des forgerons et de tous ceux qui utilisent le fer", note l'ethnologue Pierre Verger (Dieux d'Afrique, éd. Revue noire). Au Musée Dapper, on peut voir une statue métallique représentant le roi fon Glélé brandissant des sabres sous les traits de Gu. Mais aussi une épée, venue de Salvador de Bahia, servant au culte d'Ogum.

"FÉTICHES À CLOUS"

Les statuettes nkisi kongo/yombé (Rép. dém. du Congo) sont des objets protecteurs qui peuvent faire écho aux reliquaires catholiques figurant dans l'exposition. Les Africains déportés ont adopté l'usage catholique de conserver une relique de saint dans une châsse. Si, au Brésil, il ne s'agit plus d'honorer un ancêtre, mais de préserver les restes d'un personnage sanctifié, les deux pratiques se recoupent.

Le culte des saints, favorisé par les prêtres européens, fut facilement adopté par les esclaves. On peut voir au Musée Dapper des effigies de saint Antoine, saint Benoît, sainte Iphigénie ou de saint Balthazar, dotés de traits africains. Quant à la Vierge Marie, elle se confond avec Yémanja, la déesse de la mer, que l'on fête toujours le 1er janvier en lançant dans la mer des bateaux chargés de voeux à exaucer.

Au premier étage, des oeuvres contemporaines, africaines ou brésiliennes, reprennent et transforment cet héritage commun. Le Béninois Cyprien Tokoudagba transpose sur toile une partie de la symbolique vaudoue. Les Brésiliens Jorge dos Santos et Marco Tulio Resende ont la même démarche.

La démonstration voulue par le Musée Dapper serait encore plus opérante si la qualité des oeuvres brésiliennes avait été à la hauteur des pièces d'origine africaine. On est ainsi frappé par la force, la puissance qui émanent de l'exceptionnelle série de "fétiches à clous" nkisi nkondi kongo (Rép. dém. du Congo) ­ - dont la plupart ont été prêtés par le Musée ethnographique de Genève ­ - ou par la rigueur des figures bocio fon (Bénin).

En revanche, les témoignages de la ferveur populaire brésilienne sont somme toute mineurs. Peut-être parce que les cultes adoptés par les esclaves et leurs descendants avaient moins les moyens de s'exprimer, alors que rien ne venait entraver les artistes yoruba, fon, ou kongo.

Il manque néanmoins au Musée Dapper des oeuvres majeures. Celles du plus grand sculpteur baroque brésilien, Antonio Francisco Lisboa, dit l'Aleijadinho, fils d'une esclave. Et surtout des photographies de Pierre Verger, qui passa la moitié de sa vie en Afrique et l'autre au Brésil.
Emmanuel de Roux
Article paru dans l'édition du 24.09.05
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