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«Un policier frappait Jean-Luc sur la tête à coups de matraque»

Violence policière dans les Yvelines sur un cancéreux en phase terminale.

Par Renaud LECADRE

jeudi 03 juin 2004 (Liberation - 06:00)




ean-Luc, 40 ans, est atteint d'un cancer de l'estomac, en phase terminale. «Au-delà de toute ressource thérapeutique, sous soins palliatifs», atteste son médecin. Il s'est fait tabasser à Meulan (Yvelines) par des policiers à la suite d'un fatal enchaînement.

Lundi midi, deux jeunes en scooter sont interpellés pour avoir bousculé une vieille dame aux abords du marché. Son mari est un ex-flic, des collègues interviennent promptement. Durant l'arrestation des jeunes, un copain leur adresse un petit coucou. C'est Thomas, 16 ans, le fils de Jean-Luc. On l'interpelle à son tour, pour délit de coucou. Son père intervient, proteste que la famille à un anniversaire sur le feu. D'autres policiers arrivent en renfort, tapent sans réfléchir. Une passante voit la scène : «Jean-Luc était plaqué au sol, avec un policier un genou sur son dos, un autre qui le frappait sur la tête à coups de matraque.» Elle tente d'intervenir, proteste qu'il est gravement malade. «On s'en fout», rétorquent les policiers. Des gradés alertent quand même le Samu : un médecin diagnostique un «traumatisme craniofacial». Jean-Luc est ramené chez lui, puis le commissariat le rappelle pour récupérer son fils. Il croit à des excuses, on le met en garde à vue ! Son interrogatoire porte pourtant sur les conditions de son tabassage. «Une victime en garde à vue, c'est assez novateur», ironise son avocate, Me Horia Dazi-Masmi. Après une nuit à l'hôpital, on le libère enfin. Son médecin juge «inhumain et inadmissible» le traitement infligé à son patient. «Révolté par le comportement des forces de l'ordre» face à des Noirs, SOS Racisme envisage de porter plainte.