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Lettre au president camerounais

 
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Panafricain
Super Posteur


Inscrit le: 22 Fév 2004
Messages: 1128

MessagePosté le: Lun 26 Sep 2005 16:04    Sujet du message: Lettre au president camerounais Répondre en citant

Extrait du journal “ L’EXPRESSION ” numéro 84, du 21 janvier 1997

A la demande de nombreux lecteurs qui n’ont pu se procurer le numéro contenant la lettre ci-après, à cause des saisies multiples dont nous sommes l’objet, nous la republions en intégralité.

Delphine Tsanga : “ Non, Monsieur le président, vous ne semblez plus être un homme politique et notre chef de l’Etat… ”

Monsieur le Président,

Suite à votre discours de politique générale le 17 décembre 1996 lors du deuxième congrès ordinaire de notre parti le RDPC, j’ai l’honneur de vous faire la présente lettre ouverte au motif qui suit : vous avez méprisé et insulté plus que vos adversaires politiques ; vous avez insulté le peuple camerounais par ces mots : "qui sont-ils, ces ambitieux qui retrouvent sur le tard une virginité démocratique ?…qui sont-ils ces démagogues…qui n’ont rien construit", etc.

Il s’ agit-là de propos qui rendent compte de votre superbe, de votre défi et quelque part de votre panique. J’avoue que j’en ai été outrée. Comme femme, comme ancienne responsable de l’OFUNC, comme ancien ministre et au regard par ailleurs du chemin que nous avons fait ensemble, chemin que sont loin de connaître les jeunes d’aujourd’hui. Je me dois de rappeler certains faits passés, pour un éclairage de la situation d’aujourd’hui, ces faits qui sont délibérément tus et qui font que le Cameroun n’a pas d’histoire.

Oui Monsieur le Président. L’amnésie est une maladie grave dont souffrent beaucoup de Camerounais. J’aurais vivement souhaité que vous n’en fussiez pas. Hélas ! Il n’en est rien.

Le RDPC dont vous revendiquez la paternité aujourd’hui est le fruit de notre travail et de nos efforts communs. Jeunes politiques hier, nous étions tous des comparses. Tous, nous appliquions la politique définie par le chef de l’Etat, Amadou Ahidjo.

Malgré notre situation de comparses, nous n’étions pas moins habités par le même désir, nous ne caressions pas moins le doux espoir de voir notre jeune et beau pays connaître la démocratie et les libertés dont nous avions fait l’expérience, durant notre exil intellectuel à l’étranger.

Vous vous souvenez encore comme d’hier, je l’espère, de nos débats houleux aussi bien au sein de l’UNEK que de la FEANF. Nous nous battions, nourris de l’expérience des libertés en Europe non pas pour choisir, après le combat, l’exil et la critique stérile, mais le retour au pays, afin de nous mettre résolument au travail et contribuer largement à la construction du Cameroun. Et le chemin à parcourir était long, parsemé d’épines et de ronces.

Je m souviens d’avoir, une fois rentrée au Cameroun, et avec d’autres, sillonné les routes cabossées de notre pays, souffert les rigueurs des intempéries, connu la piqûre des moustiques, à la seule fin, à l’époque, de rassembler les femmes et rallier plus d’une à l’idée de nation, de rêver à l’unité nationale et à l’idée de patrie.

Ce rêve d’unité était celui d’une génération. Il constituait le ciment qui faisait que, malgré nos sensibilités diverses, nous nous acceptions, nous travaillions ensemble. Et nul ne peut en douter, nous avons travaillé d’abord au sein de l’Union camerounaise (UC), puis de l’Union nationale camerounaise (UNC). Pouvez-vous, vous qui étiez, dès votre retour au Cameroun en 1962, aux avant-postes, dire que vous n’avez rien construit ? Que vous n’avez rien fait de 1962 à 1982 ? Les Camerounais brûlent d’avoir cette réponse. Quand précisément en 1982 le président Ahidjo quitte le pouvoir, le pouvoir vous est servi sur un plateau d’or ! Car tous les camerounais majeurs et les jeunes qui ont 20 ans aujourd’hui qui ont dû l’apprendre, savent que votre accession à la magistrature suprême de notre pays ne s’est nullement opérée sur la base d’un programme que vous aviez présenté, et qui fut connu et accepté des Camerounais.

En effet, vous n’êtes pas devenu chef d’Etat par la volonté du peuple souverain à la suite d’une élection. Mais vous régnez. Oui, vous régnez par la volonté d’un homme, Ahmadou Ahidjo que l’histoire condamne aujourd’hui pour ce choix et que malheureusement vous avez banni ; car c’est lui qui avait mis en place à l’époque les mécanismes constitutionnels à même d’ouvrir, sans l’avis du peuple souverain, la voie à un successeur constitutionnel. Ce n’était pas démocratique, mais n’eût été cela, je gage que vous ne seriez pas ou vous en êtes aujourd’hui.

Pendant une vingtaine d’années, vous avez tour à tour été chargé de mission à la présidence, directeur de cabinet du ministre de l’Education nationale, directeur du cabinet civil, secrétaire général de la présidence, premier ministre et vice-président de l’UNC. Quel type de société avez-vous défendu ? Sans doute pas une société des libertés puisqu’elles n’existaient pas, comme vous l’insinuez. Et vous n’en portez aucune responsabilité devant l’histoire ? Oui, l’enfer ce sont toujours les autres !

Non monsieur le président, très honnêtement, il ne me semble pas que vous soyez qualifié pour nous insulter, nous qui avions toujours été vos compagnons de route, quand vous nous dites que c’est sur le tard que nous retrouvons une virginité démocratique.

L’ancien régime, vous le considérez comme antidémocratique et dictatorial. Pouvez-vous faire croire que vous qui en étiez une des pièces maîtresses, n’en portez pas les germes ? Si oui s’il y a eu idée de changement, elle ne daterait pas du Renouveau.

Tout un chacun sait que le changement vient de ce que tous nous avions besoin d’un souffle nouveau au regard par ailleurs de divers courants qui traversaient le monde : la perestroika et la Baule sont là.

Que l’UNC soit devenue RDPC ne pouvait produire de miracle. Vous savez monsieur le président que nous avions rêvé d’un pays où il serait donné à chacun de s’exprimer, de se plaindre parfois quand rien ne marche plus, d’avoir des ambitions. Nous parlions aussi de l’alternance ! Nous avions rêvé qu’il serait permis à chacun de de pouvoir se présenter devant les électeurs, qu’il fût ou pas dans un parti politique. Nous n’avions pas pensé que le seul fait d’exprimer une intention, celle de se présenter à une consultation électorale, fût-elle présidentielle, serait jugé comme un crime et ouvrirait la voie au mépris.

Nous avions rêvé qu’un candidat pourrait avoir un programme politique différent de celui de son adversaire. Nous avions rêvé d’un pays où les termes qui connotent le mépris et l’infamie seraient bannis du lexique d’un homme politique.

Si j’ai rompu le silence et je suis sortie de ma réserve, c’est parce que j’ai estimé que l’amnésie est cataleptique et la coupe débordante. Je sais que beaucoup de Camerounais vivent avec une peur bleue dans le ventre. Ils ont peur d’être indexés, d’être traqués par une police zélote, d’être la proie acharnée des sicaires, de voir certains de leurs dossiers exhumés.

Certains de ces peureux ont choisi le silence, de crainte de perdre leurs avantages, de ne plus être acceptés dans certains milieux. Certains silences sont cependant contestataires et non pas nécessairement des consentements. Moi je crains le jugement de l’histoire, ainsi ai je décidé de vous dire publiquement que votre propos du 7/12/96 nous réduit à ce que nous sommes en réalité c’est à dire des Camerounais vendables et achetables, corruptibles, calculateurs, intrigants, veules, corvéables à merci. Oui un peuple émasculé sans volonté propre et sans honneur. Qui supporte tout, accepte tout et est très content de souffrir sans leader, sans ambition, sans conscience.

Combien sont-ils ceux qui refuseraient un poste, de l’argent ou une promotion ? Personne ou presque personne. Ils sont tous devant vous à l’affût d’un avantage. Dans votre propos vous auriez pu continuer : “ qui sont-ils ces miséreux ” ?

Voyez le désastre qui pointe à l’horizon : nos petits enfants apprennent à parler en termes de tribus. A leur âge déjà, ils en sont à raconter que les Betis doivent s’organiser pour faire face aux Haoussas nostalgiques du pouvoir, aux Bamilékés qui ont des ambitions hégémoniques, aux Bassa qui n’ont jamais cessé de s’attribuer l’indépendance, aux Anglophones démangés par la sécession. Et tout cela parce que vous avez appris à chacun à cultiver outrancièrement la division et l’exclusion là ou Ahmadou Ahidjo a laissé un embryon d’unité.
Vous avez reconnu la valeur militante de vos amazones. C’est bien. Et que faites-vous des autres femmes forts nombreuses, qui oeuvrent pour ce pays et qui ne sont pas du RDPC ?

Non, Monsieur le Président, et je vous le dis du fond de mon cœur, vous ne semblez plus être un homme politique et notre chef de l’Etat sinon vous n’auriez pas traité de la sorte vos compatriotes, nos électeurs, vos adversaires. Qui ont droit au respect. Même le général De Gaulle n’en faisait pas autant. Quel sera le jugement définitif de l’histoire sur vous et de votre passage à la tête d’un pays qu’on appelle le Cameroun ? L’avenir nous le dira.

Mme TSANGA Delphine
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Ciiman
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Inscrit le: 15 Mar 2005
Messages: 291
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MessagePosté le: Lun 26 Sep 2005 16:38    Sujet du message: L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L Répondre en citant

Extrait du journal “ L’EXPRESSION ” numéro 84, du 21 janvier 1997


un textre de 8 ans
qui pourrait avoir
ete ecrit hier.
_________________
(>8 ¬ ° }
If you will suck my soul...
...I will lick your funky emotions
(<8 ¬ p }
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