Grioo.com   Grioo Pour Elle     Village   TV   Musique Forums   Agenda   Blogs  



grioo.com
Espace de discussion
 
RSS  FAQFAQ   RechercherRechercher   Liste des MembresListe des Membres   Groupes d'utilisateursGroupes d'utilisateurs   S'enregistrerS'enregistrer
 ProfilProfil   Se connecter pour vérifier ses messages privésSe connecter pour vérifier ses messages privés   ConnexionConnexion 

Fédéralisme pour chaque pays africain.

 
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet       grioo.com Index du Forum -> Politique & Economie Africaines
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant  
Auteur Message
Marvel
Bon posteur


Inscrit le: 12 Juil 2005
Messages: 581

MessagePosté le: Mer 13 Juil 2005 03:30    Sujet du message: Fédéralisme pour chaque pays africain. Répondre en citant

Lu pour vous.

LE PROJET FÉDÉRALISTE


1. Généralités


Héritiers des affres de l’esclavage et du lavage de cerveau colonialiste, tous les pays d’Afrique noire présentent les mêmes maux sociaux et politiques. Il serait naïf de poursuivre le raisonnement nombriliste et simpliste qui résume nos déboires nationaux à nos politiciens locaux ou au caractère particulier d’une ethnie donnée, imperméable à la démocratie, ou kleptomane par tradition. L’Afrique a connu depuis son indépendance plus de 200 chefs d’État, pas loin de 10.000 ministres, plusieurs centaines de milliers de parlementaires, de juges, de grands administrateurs publiques, de généraux… tous issus de cultures et d’éducations diverses, pour la plupart formée dans les mêmes écoles que les occidentaux. Si l’Afrique toute entière accuse un constat d’échec, cela ne peut pas être la cause de dirigeants tous incompétents ni d’une tare génétique du nègre. Mais plutôt d’un système sociopolitique inadapté à notre structure commune qui réduit les efforts de chacun à néant et finit par faire de notre nature une arme contre nous-mêmes.
Nos États, dessinés pour des intérêts étrangers qui à aucun moment n’ont pris en compte les aspirations des peuples concernés, quand celles-ci n’étaient simplement pas dénigrées, se sont retrouvés à poursuivre des objectifs unitaires dans ces espaces conçus pour la division, si non divisés par 400 ans de méfiance mutuelle dus à la Traite négrière.
La persistance de nos attachements ethniques est bien la preuve de l’ampleur de ce traumatisme, que nos nations et cultures vieilles de plus de 5000 ans pour la plupart ne peuvent être gommées par 80 ans de colonialisme et un ordre post-colonial (ou néocolonial) de se dissoudre au profit d’Etats artificiels.
Si le bon sens nous oblige à maintenir nos frontières, l’expérience nous contraint aujourd’hui à remettre en cause la manière de cohabiter à l’intérieur de celles-ci en reconnaissant enfin nos différences pour offrir plus de dignité, de paix et de développement à chaque peuple composant nos pays.
Il devient impératif de cesser de prendre la politique comme une religion attachée à des dogmes ordonnés par l’ancien colon, tels que l’unitarisme, le dénigrement de nous-même et l’hypocrisie de prêcher un Etat-nation chimérique. Le fédéralisme est le système le mieux adapté à notre réalité pour mieux nous assumer.



2 - LA STRUCTURE SOCIALE DES PAYS D’AFRIQUE NOIRE

Les pays d’Afrique noire modernes sont constitués de sociétés plurielles composées d’ethnies, elles-mêmes souvent regroupées en région. L’ethnie est un système lignager qui au fil des siècles édifie un solide noyau affectif et identitaire entre ceux qui la composent.
Ce phénomène d'ethnicité a pris tout son essor au travers de l'urbanisation qui favorise le rapprochement géographique de plusieurs identités et provoque aussitôt une réaction de regroupement/rejet. La désignation ethnique devient alors une autoaffirmation puis une autoglorification, qui puise sa référence dans une langue, un territoire, un culte religieux, un principe de parenté, une technique, voire une tradition alimentaire. Elle rapproche les ressemblances et se ferme aux dissemblances.
L'ethnie est le résultat d'une mobilisation sociale identitaire et d'une conjoncture politique particulière. C'est pourquoi, tout bien considéré, si l’ethnogenèse des identités africaines remonte à plusieurs siècles, leur caractère antagoniste n’est lié qu’aux conséquences de l’esclavage, aux dominations coloniales, nationales et étatiques.

L’identité régionale transcende le «traditionnel » et le «moderne» ; sa pérennité résulte justement d'une double adaptation aux contraintes du présent et aux interprétations conflictuelles - parce que socialement marquées- du passé.
On est ainsi passé de l'ethnie comme produit historique à l'ethnie comme mouvement social : la culture s'est métamorphosée en idéologie, la survie ethnique s’est substituée au patriotisme mort-né.

Face à l’adversité, la région apparaît comme une micro nationalité chauvine; ce qui rend son intégration impossible dans un pays unitaire quand s’instaure des rapports de caste entre région(s) gouvernante(s) et régions gouvernées.
L’État unitaire requiert un patriotisme national et égalitaire que notre structure sociale profondément bâtie sur des antagonismes lignagers, ne peut offrir.
Plus de 4 décennies d’indépendance se sont caractérisées par une attitude politique officielle allant dans le sens d’ignorer les spécificités locales ; elles n’ont d’ailleurs fait que les renforcer et chaque année, l’idéal de l’Etat-nation est encore plus loin, démentant l’optimiste de façade des discours politiques.
Ne pouvant plus poursuivre dans une hypocrisie politique déphasée, léthargique si non suicidaire, ne pouvant décréter la suppression brutale des particularismes régionaux au risque d’ethnocides systématiques ou préférentiels, il ne reste plus logiquement qu’à dénoncer l’inadéquation du système unitaire pour nos sociétés plurielles, et à instaurer un fédéralisme respectueux des valeurs de chacun et de la revendication d’autogestion des composantes de nos pays en synchronisant équitablement au sommet, les efforts de tous.


3- LES ANTAGONISMES DE L’ETAT UNITAIRE SUR UNE SOCIÉTÉ PLURINATIONALE

Il y a deux formes de tribalisme en Afrique : le macro tribalisme et le micro tribalisme. Le premier divise le pays en grandes zones ethniques. Tandis que le second, oppose au sein d'un même groupe, des sous-groupes.
Ce dernier, le micro tribalisme, est conciliable face à l’adversité. Il vire plus ou moins facilement vers une fusion régionale de la défense identitaire.
Le macro tribalisme est lui plus radical. La tentative des alliances politiques croisées qui aurait pu confondre cette forme de rivalité a souvent conduit parfois à un exercice commun du pouvoir ou de l’opposition sans jamais voir les deux zones en cause se fondre l’une dans l’autre. Dans la plupart des cas, elles finissent par s’éclater.

Le rêve d’unir chacun de nos États sous une coupe unique, dans la quête d’un État-nation mythique s’est mué en cauchemar.
L’identification automatique du chef des institutions à son ethnie d’appartenance et le positionnement prévisible des différents groupes selon leurs affinités à l’ethnie du chef des institutions nationales ne se sont jamais démentis quelque soit le nombre de fois que le pouvoir changea dans un pays.
Au final, le système unitaire a laissé se développer au pouvoir la rotation d’un système d’apartheid radical, avec la suprématie d’un groupe ethnique ou régional (tribu – classe diraient certains) qui règne en maître sur les autres groupes, impliquant en conséquence des privilèges inhérents aux castes ethniques du pouvoir comme la privatisation de l’Etat, le droit de vie ou de mort sur les autres ; et toutes les oppressions d’autres parts, réelles ou supposées.

Une configuration qui encourage le repli, favorise l’ambiance du complot permanent, avec son cortège de méfiance, d’exclusion, d’intolérance, de haine interethnique et d’épuration au programme.

L’inégalité démographique entre les ethnies est le facteur principal de remise en cause de la démocratie. Il apparaît clairement que la faveur démographique de certaines ethnies leur donne une foi au suffrage populaire. Tandis que les franges sous-peuplées de nos pays ne peuvent compter que sur la maîtrise des leviers militaires ou la violation des règles démocratiques pour accéder au pouvoir et s’y maintenir. Le rattachement politique et la foi partisane se faisant sur cette base là, nos sociétés ethniques montrent les limites de la démocratie majoritaire et du suffrage universel direct dans un système unitaire. Celle-ci est pervertie et déroutée de son but : la majorité est assurée à un groupe identitaire fixé par la nature, tandis que l’autre groupe est invité par le système, au mieux, à occuper les strapontins du pouvoir ou, au pire, à se ranger dans l’opposition définitive avec les frustrations que cela implique.

Avec l’instauration du multipartisme et des conflits ethniques sanglants qui se sont ensuivis, la sécurité s’est ajoutée sur les motifs du repli identitaire. La hargne avec laquelle les pouvoirs en place n’ont pas hésité depuis 1990 à massacrer l’ethnie opposée au moindre conflit pour maintenir les distances dans cet apartheid, a provoqué au sein de la population non seulement un soutien indéfectible et inobjectif pour ses leaders régionaux, mais aussi une totale apathie envers les « compatriotes » de l’autre bord. Cette fois-ci l’ethnie a trouvé une raison dialectique pour être. Une configuration qui éloigne toujours un peu plus l’objectif d’intégration nationale que prône traîtreusement le discours officiel depuis l’indépendance.

Le parti unique est théoriquement la seule manière de maintenir un État unitaire dans une société plurinationale. Mais hélas, au lieu d’intégrer tous les peuples nationaux, ce système que nul ne regrette a consacré la suprématie d’une ethnie sur les autres. La démocratie a ouvert la boite de pandore des revendications régionales. Quand certains la mette déjà en cause, d’autres plus pragmatiques réalisent avec objectivité que la démocratie est impossible sous unitarisme dans un pays composé d’ethnies comme la Suisse, l’Allemagne ou tous les pays d’Afrique noire.

Cette problématique ne peut se régler que par la construction d'un autre modèle de l’Etat et de démocratie adapté à l'histoire, à la culture et aux logiques sociales de nos sociétés plurielles, par opposition à la démocratie des sociétés homogénéisées et unifiées, incarnées par
L’Etat – nation. Un Etat nation idéal peut-être, mais qui a mis mille ans à se bâtir dans les pays que nous envions. Un temps que nous pouvons gagner, riche de l’exemple des autres.



4 - LA DÉRIVE DES PARTIS POLITIQUES AFRICAINS.

Les partis politiques sont les conséquences des conflits sociaux dont ils ont surgi. Un parti ne vient pas créer les raisons de son existence, celles-ci lui préexistent. Il existe un climat, un foyer ou une revendication sociale profondément encrée qui constitue un fumier sur lequel se développent les partis politiques. En Europe, les partis de gauche sont le prolongement politique des mouvements ouvriers du XIXè s; les partis démocrates-chrétiens puisent leur substance dans les réseaux de sociabilité catholiques, et les radicaux descendent des mouvements laïques et anticléricaux; tandis que les écologistes reprennent le terrain laissé par l’insuccès des partis paysans et agrariens.
Le terrain est parfois préparé par des associations ou des groupes informels qui font planer une revendication fondamentale dans la société.

Que les partis politiques d’envergure soient d’essence ethnique en Afrique, il ne pouvait sociologiquement en être autrement car le conflit majeur chez nous est la représentation ethnique. Par contre, toute tentative d’encrer nos partis selon les clivages occidentaux (principalement gauche/droite) ont échoué parce qu’il n’existe pas dans nos sociétés des conflits sous cet ordre là.
Les partis qui insistent sur cette voie sont artificiels et restent généralement embryonnaires en se muant en groupe d’intérêts privés, accrochés aux prébendes du pouvoir et sans assise populaire.
Des partis fédéralistes ont toutes leurs chances de prospérer parce que tous les pays africains sont naturellement et socio–structurellement des fédérations ethniques, dans lesquelles la revendication d’une représentation de tous en gardant leur identité existe fortement, si elle n’est la principale revendication politique.

En général, les partis récupèrent des conflits sociaux, pour s’en servir comme arme contre leurs opposants ou pour justifier des revendications parfois même éloignées du conflit en cause. Ce qui leur vaut des accusations d’opportunisme. D’où une certaine impopularité.
Pourtant, les partis par ce même rôle d’agents des conflits et de médiateurs, contribuent également à l'intégration du conflit. En effet, une fois politisé, le conflit est arbitré par les partis, donc canalisé, géré et négocié : il est intégré à la vie politique. Lorsqu'ils assument correctement leur fonction médiatrice, les partis éliminent tout risque de guerre civile et contribuent très largement à l'éradication de la violence politique.
Ce qui fait défaut chez nous et qui est à l’origine du fiasco de nos partis politiques dans leur mission sociale, c’est qu’ils rechignent à avouer que les véritables intérêts qu’ils représentent et qui sont la quintessence même de leurs formations sont profondément ethnico – régionales. Au final la politique chez nous s’articule sur deux axes superposés : l’un à la lumière - le prétexte avoué, l’autre dans l’ombre - la réalité du conflit ethnique. Un climat qui empoisonne les relations politiques, fausse les cartes et fait que ces conflits importants ne sont plus canalisés par les partis et deviennent source de violence à cause du dialogue de sourds. On traite des litiges sur une base technique, mais la question de fond qui est ethnique n’est évoquée ni réglée dans aucune conférence, dans aucun accord. Le conflit prolifère et gagne du terrain.

Pour espérer l’émergence de partis d’idées et constructifs, dont l’adhésion populaire sera objective, il faudra déplacer le champ d’action politique du centre vers l’intérieur des Régions dans un groupe homogène. Ainsi au niveau national les partis défendront les intérêts directs de la Région, tandis qu’au niveau régional où s’articule l’essentiel de la politique de terrain, ils resteront objectifs.
Le risque de conflit de sang s’écarte par le fait que l’action politique concrète des partis se déroule au niveau régional dans un arbitrage quasi familiale, et ne croise pas celle d’un autre coin parce qu’ils ne combattent plus pour exercer le même pouvoir au même endroit, et il n’existe plus de pouvoir de supériorité des uns sur les autres.



5- LA CORRUPTION DES HOMMES ET DU SYSTÈME

S’il existait un endroit où les hommes de pouvoir ne sont pas tentés par les abus divers et que leur qualité suffise, il n’y aurait plus besoin de lois dans cet endroit. C’est la complexité des lois qui fait que les chefs des nations réputées et confirmées démocrates s’appliquent chez eux, et l’absence ou la transgression facile de ces lois qui rend ces mêmes hommes immoraux dans les relations internationales, de Brazzaville à Bagdad.

La corruption du personnel politique africain est un facteur favorisé par la corruption ou l’inadéquation du système lui-même. Dans une société où l’arbitrage des masses est conditionné par la subjectivité ethnique, les hommes de pouvoirs peuvent tout se permettre, assurés de la complaisance du groupe qu’ils représentent.
Corruption, abus de pouvoir, vies dissolues, paresse, fausses promesses, incompétence, népotisme, crimes financiers ou de sang, absence d’un programme politique concret… tout ceci leur est pardonné tant que le leader défend l’honneur et la représentation du groupe ethnique.
Quant à l’élite régionale (cadres, chefs coutumiers, grandes personnalités), elle espère profiter au passage de la corruption du leader, selon la philosophie que l’enrichissement des membres du clan assure une force qui garantit l’indépendance du groupe et le met à l’abri de la subordination par les autres ethnies. L’intérêt de l’ethnie ou de la Région, justifie tous les arrangements avec la morale.
Sous d’autres cieux, le bénéfice et la justification de tels écarts auraient été attribués au sacrifice que requièrent la nation et la patrie. D’où, les français et les américains excusent tacitement les dégâts causés par leurs compagnies pétrolières à l’étranger, même si cela blesse la morale et que quelques uns s’en mettent plein les poches au passage. L’intérêt suprême de la nation le justifie. Chez nous l’intérêt suprême qui justifie tout dans le cœur de l’individu, c’est la Région.

Laisser s’enfoncer le pays dans l’inertie, s’en prendre aux caisses de la République ou à la vie d’autres compatriotes est dénué de toute émotion et de la part des politiques et des populations qui les soutiennent respectivement aux rattachements ethniques.
Toute tentative de justice est impensable si le haut cadre justiciable est de l’ethnie du chef. Autant, s’il est de l’opposition, c’est un appel à la guerre civile.

Le mythe de l’homme providentiel au dessus de tout soupçon qui conduira une génération spontanée de politiciens sains est un rêve qui s’accroît auprès des africains, qui se retrouvent comme réduits à croire au père Noël par désespoir.
La thèse laxiste qui invite à attendre quelques décennies ou quelques siècles de plus pour que disparaissent les velléités ethnocentriques sous l’effet magique du temps, se contredit par la courbe sans cesse croissante de la montée des particularismes régionaux et par les trop lourds dégâts humains causés par le système actuel, qu’il serait criminel de laisser persister.
Autant les pieux appels politiques à la conscience nationale sont restés lettres mortes si non qu’ils ont agit inversement au message.

Chaque pays africain s’est transformé en une famille polygamique où les épouses rivales et leurs enfants cohabitent sous le même toit; chaque enfant essayant de prendre le contrôle de la maisonnée avec le soutien de ses frères de sang après avoir massacré les autres demi-frères, en jurant ensuite gouverner au nom du père et dans l’intérêt de tous les enfants du père. Alors qu’au fond, la patrie est devenue la fratrie utérine sans que personne n’ose l’avouer au grand jour et sans que nul n’en soit plus dupe.
La nation est une illusion à laquelle personne ne croit plus.

Existe-t-il dans ce foyer un enfant qui échappe au schéma, et qui soit capable de se surpasser pour servir toute la famille? Certainement. Mais la famille le veut-elle? Même si le pardon est obtenu, nul ne pourra plus ôter la méfiance forgée par le souvenir des douloureux affronts passés. Cette méfiance causera sa perte quelque soit ses talents et sa volonté.

Au lieu d’espérer sur l’arrivée de ce messie utopique, une société moderne devrait plutôt confier sa destinée à une loi bien en phase avec elle-même et munie de tous les garde-fous garantissant son applicabilité.
Il ne reste qu’à se résoudre à loger chaque épouse dans sa case bien à part pour que chaque fratrie s’organise dans la confiance, la paix, le dévouement à la tâche, la conscience du bien collectif, le respect et la solidarité fraternelle. Cela s’appelle le fédéralisme, n’ayant pas peur du mot.



6 – A LA RECHERCHE DU PATRIOTISME ET DE LA NATION FANTÔME

La tradition française, définit la nation comme un vouloir – vivre collectif, une communauté de destin entre des individus s’étant librement déterminés. En revanche, les cultures des pays fédérés comme la Suisse ou l’Allemagne la conçoivent comme l’association objective de sous groupes culturellement définis à la base. Dans les 2 cas, l’égalité entre ceux qui composent la nation (individus ou groupes) est sine qua non.
La nation s’identifie d’abord à un territoire puis, à la volonté clairement exprimée des composants égaux de dépasser la tradition pour l’objectivité communautaire. La nation ne naît pas d’un décret comme la déclaration d’indépendance. Elle n’est pas un slogan, elle se vit.

Le discours politique officiel africain se révèle démagogique et hypocrite. Les mots clés de celui-ci, froidement empruntés au lexique de l’ancien colon (patrie, nation, union) apparaissent vides de tous sens, puisqu’ils ne sont vécus d’aucune manière ni montrés en exemple nulle part. Les politiques se retrouvent à exalter une nation d’individus égaux aux attaches culturelles négligeables, alors que tous nous savons que c’est ce qui nous détermine avant tout. Plus personne n’y croit, pas même ceux qui discourent à la tête de leurs partis ethniques. Quant au territoire, il n’a de commun que le siège conjoint aux Nations Unies. Les quelques hommes politiques de façades « achetés » dans les ethnies opposées, ne trompent personne sur la nature réelle des tenants du pouvoir. Au mieux ils passent pour du décor, au pire pour des domestiques.

Or, il s’avère que sans l’attachement général à une certaine idée partagée de la communauté, ce qui se nomme le patriotisme, l’émergence d’une conscience collective et d’un engagement vers le développement ensemble et dans la paix est introuvable. La méfiance est au cœur de la société, la différence en est la norme.
Le système politique actuel encré dans un unitarisme injustifié dans une société plurielle qui exige des populations le nationalisme ou rien, a surtout eut comme réponse « rien ! » plutôt que le moindre signe d’une avancée quelconque vers ses pieux objectifs.

Pourtant, on ne peut pas conclure que ce moteur essentiel du développement n’existe pas au milieu des sociétés africaines. Mais juste que ce patriotisme là n’est pas national, il est régional. Le patriotisme régional est notre seule richesse spirituelle pour fonder une conscience collective au service du développement. Pourtant sans explication, on semblerait nous faire croire que l’attachement régional est incompatible avec la modernité. Il est temps de démentir le postulat qui prétend que l'enjeu démocratique et républicain réside dans la recherche illusoire d’un Etat – nation, irréaliste à court et moyen terme pour nos sociétés africaines.
Pour sa communauté ethno régionale l’africain est prêt à s’investir à 200% parce qu’il s’agit d’une réalité palpable, proche, d’une affinité de liens réels, qui lui fait mettre du cœur à l’ouvrage. Tandis que pour la cause « nationale » sa tiédeur voir sa réticence, devient légendaire.
L’Etat – nation chimérique qui est prôné par l’unitarisme n’a pour seule justification que le fait qu’il est le modèle de notre colon qui l’a également choisi pour nous comme testament, en nous poussons à nous y accrocher désespérément même quand il s’avère chaotique voir criminel pour notre société. L’intérêt du colon pour notre mieux-être a-t-il été démontré ?

Il nous faut donc un nouveau pacte républicain, scellant l'accord entre peuples, avançant chacun au nom de sa Région, pour déterminer un pouvoir national librement consenti, et collectivement partagé, exprimant la volonté de vivre ensemble uni, dans le respect de nos diversités.


Le bourbier unitaire étouffe inutilement les énergies qui auraient pu contribuer au développement. Toute cette volonté continue d’être sacrifiée au nom d’une nation fantôme dont le prix a macabrement flambé depuis les années 90.
Nos pays auront finalement fait plus de mal que de bien à la majorité de leurs ressortissants. L’avenir sur cette voie ne semble pas prometteur. Il ne faudrait pas attendre que Chirac insuffle l’idée disant qu’il croit que les africains devraient réfléchir sur la mise en place de systèmes plus adaptées à leur sociétés plurinationales, pour voir s’ouvrir partout des conférences nationales pour le fédéralisme, comme ce fut pour le discours de Mitterrand à La Baule. L’Afrique indépendante a atteint l’âge de la sagesse et de la responsabilité. Elle est donc mûre pour prendre son destin en main et redessiner son espace selon ses besoins et sa spécificité.

L’Union Africaine est un objectif qui demeurera pieu si non improductif si chaque pays qui composera cette grande famille n’est pas réconcilié avec lui-même. En passant du syndicat des chefs d’Etats qu’était l’O.U.A vers cette nouvelle organisation plus ambitieuse, il faut également reconnaître que les représentants nationaux soient effectivement issus de la volonté de tous les groupes ethniques qu’ils représentent. Seule le fédéralisme dans chacun de nos pays peut permettre cela. Il sera ensuite possible et plus facile d’imaginer la dissolution de nos frontières actuelles vers une république africaine, si chaque fédération de peuples de notre continent est reconnue et respectée dans son intégrité avec des institutions politiques, sociales et économiques.



7 - LE FÉDÉRALISME POUR L’EQUILIBRE INSTITUTIONNEL.


Sous une réorganisation fédéraliste, l’Afrique noire postcoloniale sera composée d’Etats compatibles par leur nature démocratique, leurs droits, leurs histoires, leurs cultures, avec les logiques sociales des sociétés plurinationales qui nous donnent corps et signification.

Politiquement, nous sommes piégés par ce système qui pousse à l’oppression de l’adversaire quand on tient les manettes du pouvoir. Ayant tellement opprimé, on ne se fait plus aucune illusion sur son propre sort le jour du renversement: alors on tyrannise encore, s’enfonçant toujours plus dans le point de non retour. Toute l’ethnie est rangée derrière le leader, avec pour seul objectif de conserver le pouvoir à tout prix, pour en jouir des avantages, et de la supériorité.
Le fédéralisme peut assurer la mobilité politique et la participation de tous au même moment.

Le président de la fédération gagnerait en confiance s’il était élu en ticket avec son vice-président qui n’est pas ressortissant de la même région que lui. Ses pouvoirs revus à la baisse grâce à la cession de certaines compétences aux régions fédérées, il aura un rôle devenu représentatif, ciblé sur des questions régaliennes et investi d’un rôle d’arbitre national.

Les parlements nationaux se verront composés du même nombre de représentants par région fédérée. Du coup les désavantages démographiques cesseront de jouer, surtout si on impose l’obligation d’une majorité absolue proche de l’unanimité pour approuver des lois, chacun aura son respect législatif. Ce parlement légifère sur les matières collectives dans les domaines des affaires étrangères, de défense, de communication, de représentations sportifs et culturelles du pays à l’étranger, la monnaie, la coordination et la réglementation nationale, la protection de l’environnement. Il lève l’impôt et les taxes nationaux égal pour tous et se charge de la redistribution de ces dites taxes de manière équitable à chaque région, proportionnellement au nombre des habitants, en ayant attribué au gouvernement fédéral un budget pour ses missions régaliennes.
Le parlement veillera à ce que les fonctions fédérales soient réduites au strict nécessaire, et non servent de tremplin à des politiques qui auraient échoué au niveau régional.

Les régions se doteront de constitutions conformes à la constitution fédérale et dans le respect des traités internationaux ratifiés par leur pays. Il leurs sera interdit de lever des taxes ou d’établir des droits d’entrées ou de sorties sur les marchandises ou les personnes à l’intérieur de leur pays. Comme ils ne pourront signer des traités avec des États étrangers. Par contre ils sont libres d’exercer toute juridiction en matière de police, d’administration, de justice, d’économie, de santé, de mise en valeur de leurs ressources, d’éducation, de logement …etc.
Les régions sont poussées à admettre comme ressortissants, n’importe quel citoyen national qui aura résidé un minimum de deux ans dans cette région. Ce qui lui donne le droit d’être électeur et éligible aux institutions régionales, et de prétendre à une fonction publique régionale. L’emploi privé étant ouvert à tous les nationaux de manière égale, gage de concurrence interne.

La région fédérée ne peut pas fonctionner en elle-même comme un enclos unitaire. Si non il faudrait une région fédérée par ethnie. Les groupes identitaires à l’intérieur des régions ont le droit d’avoir des structures (départements, districts, comté, sous-région) jouissant d’une marge de manœuvre d’autogestion et d’un degré de participation égal à celui des autres groupes, à la politique régionale.

La justice est assurée au niveau régional, ainsi qu’au niveau fédéral. La cour suprême fédérale doit pour être crédible être composée d’un nombre égal de juges par région fédérée.
Une région fédérée peut-être mise en accusation devant le parlement fédéral qui tranchera sans être accusé de favoritisme ou d’intentions hégémoniques.

L’individu ou le groupe brimé dans une région étrangère, peut compter sur sa région pour le défendre officiellement en portant l’affaire au niveau fédérale, selon les procédures. L’individu ou le groupe voyant ses droits spoliés dans sa propre région peut également saisir les instances fédérales et obtenir réparation. Sachant que sa seule région ne peut influencer toutes les autres, il y’a plus de chance d’obtenir un arbitrage honnête et libre de toute influence. Le fédéralisme redonnera foi en la justice. Ceci constituant un réel progrès vers la confiance, de là vers la nation.


*Fédéralisme local, sous régional et panafricain.

Il n’y a pas de frontières naturelles dans le monde. Toute frontière est un choix humain. Elles sont donc toutes absurdes par définition, même les frontières continentales ou insulaires mais, elles peuvent être légitimes ou illégitimes suivant si elles sont acceptées ou non par les peuples. Ces derniers sont rarement consultés (seules 2% des frontières dans le monde sont issues d’un référendum). Les frontières sont des objets historiques du temps inscrit dans les espaces. La spécificité de l’Afrique ne réside pas du fait qu’un étranger les aurait tracé. Napoléon a bien dessiné des pays, notamment en Europe centrale et orientale, sans en aviser les intéressés. Le drame frontalier africain doit être compris dans l’ensemble du processus de dénaturalisation des nègres, commencée à partir de la Traire négrière transatlantique. La suite n’étant qu’un déroulement de conséquences heureuses ou malheureuses.
Pour y remédier, penser que l’on va casser les frontières coloniales – pour revenir à l’avant esclavage ou avant colonisation ? – brutalement et que le Soninké deviendra le frère du Hutu, ensemble allant voter pour un président mauritanien en qui ils aurait mis tout leur confiance, c’est une utopie de plus dont l’Afrique peut se faire l’économie. Aujourd’hui encore, le fait que plusieurs Etats africains ont des économies essentiellement douanières, qui ne supporteraient pas de la diète brutale imposée par la disparition des frontières, remplacées par un beau discours panafricain empêche la solidification des échanges sous régionale. En manquant réalisme économique et de pragmatisme culturel, ce genre de projet qui relève du panafricanisme prophétique permettent aux dictateurs africains de dormir tranquillement car il est impossible de faire tomber à la fois plus de 50 pouvoirs claniques, ardemment soutenues par des armées aux ordres et la bienveillance européenne..

Une autre question non moins importante est celle de l’intérêt de concentrer le pouvoir aux mains d’une équipe parlementaire ou exécutive unique, ou en tout cas suprême, encore plus éloignée des préoccupations locales, plus que ne le sont nos potentats.

Le bon sens serait, me semble t-il, serait de réparer ce qui peut encore l’être en regardant vers l’avenir avec son passif et son actif. Une strate avec des prérogatives particulières peut parfaitement se concevoir au niveau panafricain, ayant des pouvoirs discrétionnaires en matière de justice, de parlement commun et de coordinations des actions gouvernementales.
Mais en outre le fédéralisme peut créer des systèmes d’intégrations sous régionaux, tels que les communautés linguistiques ou culturelles débordant d’un Etat à l’autre dans la stricte zone géographique qui se reconnaîtra dans l’objet d’une telle instance. Cette zone, si elle est linguistique ne respecte pas aucune frontière autre que la linguistique quitte à traverser 6 pays, l’autorité de ses instances est valable et garantie par l’Union Africaine. Ainsi, on peut être citoyen de l’Etat gabonais, ressortissant de la région de l’est, elle-même membre à part entière de la Communauté linguistique téké qui, traversant le Congo, s’étant jusqu’en République démocratique du Congo dans sa zone téké qui est déjà membre de la Communauté lingalophone et de la communauté culturelle kongo ; cette dernière s’étendant jusqu’en Angola… Sachant que la décision de créer un musée téké relèvera de l’administration de la Communauté téké, ou la recherche en histoire du Kongo sera concertée et appliquée par la Communauté dans sa zone géographique traversant les Etats. Bref donner à chaque structure sa légitimité, sa cohérence, sa géographie, sa population et les pouvoirs administratifs que requiert sa gestion. Cela peut paraître compliquer, mais il faut admettre que les solutions de facilité, les petits brouillons qui disent « y’a qu’à », ne sont que rarement les meilleures.
Autant de stratifications que l’Afrique en a besoin dans sa complexité seront nécessaire pour à la fois refonder de nouvelles frontières plus adaptées à nos réalités, sans découdre les anciennes qui se sont greffés également à notre histoire. Ainsi les institutions collectives de la capitale africaine auront en charge un réel arbitrage entre les fédérations politiques que sont les Etats, les fédérations linguistiques, culturelles, économiques et autres que d’être une caisse d’enregistrement des ces Etats jaloux d’abandonner la moindre prérogative.

L’union africaine ne sera viable que si elle unis des entité elles-mêmes émanant de la volonté populaire, à l’intérieur desquels règne la fraternité et la conscience du collectif. Ce qui est loin d’être le cas des Etats postcoloniaux.
.


8 – LE FEDERALISME POUR LA DÉMOCRATIE ET LA SÉCURITÉ

La démocratie est garantie par le fédéralisme, si le détenteur de l’exécutif fédéral est réellement dépossédé des pouvoirs extraordinaires qu’accordent les régimes africains aux gouvernants et dont ils ont toujours abusé.
La configuration que nous connaissons aujourd’hui ne peut fonctionner et n’a tenu jusque là que parce que les régimes se comportent en monarchies archaïques : un pouvoir personnel et personnifié en qui les alliés accordent une confiance aveugle, qui dispose de l’administration, des finances, de la justice et de l’armée par un rapport direct et personnel, prenant les fonctionnaires pour ses serviteurs, donc impliquant une confiance personnelle entre eux et le Prince.
Le fédéralisme donne à tous les groupes du pays une légitimité égale, ce qui rend les pouvoirs réellement indépendants les uns des autres, et non découlant hiérarchiquement. Chacun étant issu de souverainetés différentes et parallèles à la fois.

Le fédéralisme c’est apporter la démocratie devant la porte de chaque citoyen.
En tant qu’électeur, le citoyen choisit le projet qui lui conviendra pour son environnement immédiat et agira à la fin du mandat directement sur la personne responsable de ses attentes sans que celui-ci ne se couvre derrière un lointain chef quelque part à la capitale qui jamais ne viendra sur les lieux. Le responsable sanctionné n’a pas à espérer une nomination de complaisance dans une autre région pour continuer à toucher un salaire sans rien faire, parce qu’« ils sont au pouvoir ».

Le fédéralisme c’est donner plus de place de participation à plus de gens.
Permettre plus d’efficacité dans la lutte contre les fléaux, ouvrir un large panel à la proposition de projets, l’exécution, le suivi et le contrôle direct au résultat par la multiplication des parlements locaux, des conseils économiques et autres antennes sociales.

L’ethnicité qui primait dans le régime unitaire pour cause d’adversité, perdra sa raison d’être, laissant place à la politique rationnelle et critique à l’intérieur des régions fédérées.

Le fédéralisme est le meilleur rempart à l’insécurité qui est devenu le souci majeur de tous les groupes ethniques et régionaux. Aujourd'hui, les milices victorieuses au service d'un homme ou d'un clan, tiennent lieu d’«armée nationale » et paradent partout semant la soumission, la mort et la désolation.
En fédéralisme, les régions assureront leurs propres forces de police. La présence militaire est soumise à des règles strictes et égales à toutes les régions, sous le contrôle du parlement équitable. Aucun déplacement, aucune construction, aucune occupation ne pourra être opérée par les forces armées, sans le consentement de ce parlement et des gouvernements régionaux concernés.
La confusion habituelle des pouvoirs entre l’armée et la police, sera rendue impossibles parce que les régions, nécessairement jalouses de leurs prérogatives, tiendront à ce que les institutions de l’État central ne puissent empiéter sur leur domaine. Celui qui dirige la police n’a pas l’armée, et celui qui gère l’armée n’a pas de police.

D autre part, les conflits ethniques que nous avons connu s’apparentent d’un point de vue sentimental à des guerres entres peuples étrangers. Les imbrications claniques et lignagers au sein d’une même région interdisent certains excès grâce à une médiation quasi familiale, supplantée en cas d’échec, par la médiation fédérale, qui se compose de tous les autres représentants du reste du pays. Toutes ces volontés sont contraintes d’objectivité car n’ayant aucune implication dans la marche de la Région en cause. Le fédéral possède en plus les moyens de coercition qui sont l’armée et le trésor publique pouvant retarder l’attribution de fonds à une région qui ne se conforme pas à une disposition fédérale.

Sur un plan militaire, au lieu de dépenser des fortunes que nous n’avons pas dans des armées dont le principal but est l’oppression, ou dans des armées sous-régionales à l’échelle africaine qui ne sont que des réseaux de solidarité entre chefs d’Etats, ou encore dans une coopération militaire avec l’occident qui nous retire par là toujours un peu plus de notre indépendance, il serait préférable de régler le problème à la racine. Le problème de toutes les guerres africaines, est la domination ethnique des uns sur les autres.



9 - LE FÉDÉRALISME POUR LE DÉVELOPPEMENT

Nos sociétés ont une mémoire capitaliste qui ne demande que l’intelligence au pouvoir et le contrôle du risque pour être réveillée. Dans ce sens, la mutation de l'économie de subsistance à l'économie d'accumulation doit concilier l'efficacité économique et la cohésion sociale, la mobilité du capital et la mobilité du travail, la vertu de la régulation et la vertu de liberté d'initiative, afin que les nations, l’Etat et les citoyens redeviennent les acteurs de leur propre histoire.

Fédéraliser nos pays c’est confier le développement et la vie de tous les jours à ceux que cela concerne directement pour eux-mêmes et pour leur propre famille. C’est écarter les réticences actuelles de s’investir sur ordres flous de lointaines institutions caricaturales, imposées et sans âmes. Des institutions inacceptables souvent par simple orgueil identitaire.
C’est réconcilier le citoyen avec sa patrie de cœur qui est la Région, une patrie pour laquelle on ne lui a jamais donné la chance de travailler. Chacun participant de son plein gré pour ce en quoi il croit, pour ce qu’il aime, sur ce qui l’attache sans se sentir dominé ou asservi par d’autres, sans craindre les intentions mesquines de quelques fonctionnaires envoyés de la capitale qui ne ressentent absolument rien pour sa localité à lui et qui sont justes bons à guetter la bonne occasion pour s’en mettre plein les poches.

Si face à l’adversité des autres Régions on s’interdit l’objectivité, le fédéralisme permettra de tourner la page de la période des rois fainéants et des complaisances infinies au nom de la défense inconditionnelle de la région face aux autres. L’argument tribaliste perdra son sens. Il instaurera une culture du résultat, en redonnant au citoyen la liberté de juger rationnellement l’action politique et sociale de chaque acteur sans craindre que le trop plein de critiques ne laisse échapper le contrôle de la politique de chez soi à un autre groupe.

Le fédéralisme c’est stimuler la concurrence à l’intérieur du pays. Permettre aux personnes de travailler et de s’installer dans la région de leur choix avec le groupe qu’ils jugent le plus compétent et le plus rassurant à leurs yeux, sans craindre que ses efforts restent multipliés par zéro parce que le tyran qui tire toutes les ficelles est le même.

Fédéraliser nos pays c’est sortir la culture de sa clandestinité. Permettre à chaque groupe de promouvoir librement son être dans son espace selon sa conception et ses besoins. C’est libéraliser la pratique, l’enseignement, l’officialisation de nos langues locales et des mythes qui constituent nos histoires régionales propres, qui font nos identités.



10 – DECENTRALISATION ?

La décentralisation est le processus par lequel un centre abandonne une part de ses fonctions au profit d'une périphérie. Le mot a un sens concret quand il s'agit de décentraliser des activités et un sens abstrait quand il s'agit de décentraliser le pouvoir. Dans ce dernier cas, on crée simplement un subalterne de plus s’il est nommé, et un postiche sans pouvoir s’il est élu.
Sur le plan de la décentralisation des activités, il faut bien qu’il y’en ait, pour les confier aux collectivités locales. Il se trouve qu’en Afrique, il n’y a rien à décentraliser. On ne gère pas de constructions d’hôpitaux, d’entretiens routiers, de renouvellements de matériels, de modernisations d’écoles et de structures culturelles ou sportives chaque année dans toutes les régions. Le centre ne croule donc pas sous le travail faisant souffrir la périphérie par la lenteur ou l’inadéquation des solutions envoyées de trop loin.

On aurait pu appuyer une décentralisation industrielle ou du secteur tertiaire par des mélanges de mesures incitatives et limitatives dans un but de dispersion et d’équilibrage, mais il se trouve que là non plus il n’y ait rien à décentraliser. Qu’est ce qu’une banque ou une laiterie ira faire dans nos lointaines localités à l’âge de pierre ?

La décentralisation quand il y’a de quoi décentraliser, reste une administration dont les moyens et parfois les ordres viennent de loin, décidés par un groupe pour d’autres. Elle n’élimine pas le problème de la majorité ethnique au niveau nationale et de l’apartheid qui s’en suit, elle n’empêche pas la concentration de tout l’exécutif aux mains du même groupe ethnique, elle ne peut déjouer un favoritisme du centre dans sa répartition budgétaire, elle ne soulève aucun enthousiasme populaire particulier… Bref, elle ne remplit aucun critère pour palier aux maux spécifiques d’un pays comme le notre.

La régionalisation obéit à un processus de décentralisation avec des entités plus vastes. En leur donnant des pouvoirs concrets tout en allégeant ceux du centre, la régionalisation peut se rapprocher d’un fédéralisme qui en évite juste le mot. L’ennui c’est que l’irrespect des limites et le manque de tradition démocratique chez nous n’autorisent pas la mise en place de systèmes aux frontières floues, que des gymnastiques politiciennes pourraient vider de toute leur substance. Néanmoins, régionalistes, autonomistes, fédéralistes et confédéralistes sont sur la même longueur d’onde.

La grande distinction que nous faisons ici entre fédéralisme et décentralisation tient du fait que pour le fédéralisme, il ne s’agit pas de ramener quelque chose du centre, mais de le créer complètement avec le seul engagement des populations concernées. Le fédéralisme dans nos pays serait irréalisable sans le patriotisme régional dont témoignent les africains de tout bord et le désir de responsabilisation complète des groupes régionaux. Il use de ce même repli ethno - régionaliste qui nous empêche aujourd’hui de vivre dans l’unitarisme, pour le retourner comme moteur dans le fédéralisme. Le venin devenant vaccin.

D’ailleurs, la plupart des projets politiques dit de forte décentralisation ou de régionalisme sont en réalité fédéralistes. Hélas il se trouve que le mot et la notion de fédéralisme, mal connus, pousse à certaines méfiances injustifiées.

L’aptitude de nos Régions à l’autonomie

Considérant que la plus grande richesse c’est l’homme, on peut affirmer qu’il n’y a pas de Régions trop pauvres pour s’auto-administrer. Ce vieux prétexte d’absence de ressources naturelles était dans les années 50 l’argument phare des opposés à la décolonisation, à qui on doit la mise sous tutelle de la Namibie sous un régime effroyable.
Dans le système actuel aucune région africaine ne reçoit de dotations conséquentes du budget national, une ou deux villes engloutissant la totalité, pour un résultat d’ailleurs fortement discutable.
Le fédéralisme permettra à chaque Région de percevoir annuellement des crédits fédéraux proportionnellement au nombre de leurs habitants, une fois que le centre aurait extrait un minimum pour ses missions régaliennes. Sachant que le centre, une fois amaigri de ses hordes de fonctionnaires – et d’institutions voraces qui ne servent plus qu’elles-mêmes - pour les rendre à leurs Régions respectives, aura conséquemment réduit son train de vie. Certains analystes avancent le chiffre de 50 à 70% des recettes nettes affectables aux régions.
Les sommes ainsi allouées représenteront une corbeille importante que des acteurs compétents et concernés sauront faire profiter à leurs localités, dans un climat de confiance, de participation collective, de démocratie et de contrôle assuré par un centre désintéressé et des citoyens régionaux vigilants.
Le fédéralisme implique également l’impératif de sortir d’une vision économique qui ne vole pas plus haut que la chasse, la pêche et la cueillette. En effet, le pétrole, le bois et les mines, nos principales ressources économiques, ne sont que des formes modernes de ce ramassage des aubaines de la nature.
Une économie valable et moderne nécessite une créativité et une adaptation aux besoins économiques modernes et rentables, auxquelles nous ne pourront échapper.

La réinvention de la démocratie de proximité ne remet en cause ni les frontières internes (la Région, demeurant le lieu de brassage des peuples), ni les frontières externes de l’Etat.


11 - ADÉQUATION DU FÉDÉRALISME AVEC LES STRUCTURES GÉOGRAPIQUES ET HUMAINES


Lors du serment du Grütli donnant naissance à la confédération helvétique à la fin du XIIIè siècle, les suisses n’atteignaient pas un million d’âmes. Peut-être un demi million. Aujourd’hui encore huit siècles plus tard, ils ne sont que 7 millions.
Jadis, certains prédisaient au fédéralisme américain de ne pas tenir à cause d’un trop grand territoire, prédisant que le jour où chacun se sentira assez fort pour faire cavalier seul, le pays s’effritera comme peau de chagrin. Le pouvoir fédéral si loin et peut-être plus pauvre que l’État sécessionniste, ne fera que constater.
Aujourd’hui, prise isolément, la Californie est le 5ème État le plus riche du monde. Mais ni elle, ni le Montana son petit frère pauvre d’à côté ne songent quitter les Etats-Unis d’Amérique.

La fédération est le résultat d’une disposition sociologique particulière qui requiert une organisation par groupes autonomes. Elle n’est pas subordonnée à des questions de superficie et de nombre d’habitants. Parmi les pays unitaires, on constate que la microscopique Guinée Équatoriale, la grande France et la surpeuplée Chine s’administrent sous la même forme unitariste, avec des résultats très différents. Autant dans le monde des fédérés on trouve également des petits pays (Emirats Arabes Unis 77 800 km2) comme des grands (Russie), des très peuplés (USA) comme des moindres (Suisse), des démocraties confirmées (RFA) comme des régimes instables (Nigeria), des fortes densités (Inde) comme des faibles densités (Canada, Australie), des pays enclavés à plus de 80% (Brésil) comme des plats pays facilement administrables (Belgique)…etc. Le fédéralisme yougoslave s’est terminé en sang, le divorce tchécoslovaque a été pacifique. D’autres unions fédérales ne souffrent d’aucune remise en cause, tandis que de vieux jacobins sont secoués par des velléités séparatistes.
Même la guerre froide a transcendé ces systèmes d’administration de manière égale : il y’avait des pays fédéraux des deux côtés du rideau de fer.

La mise en place d’un fédéralisme n’est donc pas déterminée par des critères géographiques ou numériques mais socioculturels et historiques, dont tous les pays d’Afrique noire sans exception présentent un condensé plus qu’exhaustif.

Pour le cas nigérian souvent opposé à ce modèle en Afrique, on oublie souvent que ce pays n’existerait plus aujourd’hui sans le fédéralisme à qui il doit sa relève après la guerre du Biafra. Le fédéralisme a pu circonscrire des maux qui ne se sont pas répandus sur toute l’étendu du territoire nigérian comme ces alliances ethniques qui dépassent même les frontières officielles, qui se développent dans les conflits en Afrique. Le système nigérian reste certainement à améliorer. Notamment en ce qui est des ressources naturelles. Car il est important pour l’égalité des chances dans la fédération que l’espace aérien, le territoire maritime national et le sous sol relèvent du pays tout entier.

De ce qui est du défunt fédéralisme camerounais, son échec tient certainement du fait qu’il traçait les frontières fédéralistes internes sur la même base que les colons : la différence de la langue coloniale. Les concepteurs se sont efforcés de croire que chaque espace jadis colonisé s’était homogénéisé. Il y’a bien des groupes culturels au Cameroun dont il faut respecter l’intégrité, mais leurs frontières vont au-delà de la simple question linguistique coloniale. Les francophones camerounais ne forment pas une nation, pas plus que les 100% d’anglophones kenyans.

Au nom de l’obligation unitariste les sociétés africaines ne vivent plus que dans la terreur de l’attente de la prochaine guerre plus que probable. L’unitarisme tropical dont le bénéfice et le caractère obligataire n’ont jamais été démontrés - contrairement à son préjudice largement subi - ne mérite pas d’être vécu. Pour quel profit doit-on encaisser les massacres passés, présents ou futurs de nos frères, les bombardements de nos quartiers et villages, le pillage de nos maigres richesses durement constituées – souvent sans l’aide de cet Etat au nom duquel les guerres sont faites –, le viol de nos femmes, les frustrations permanentes, la ruine de notre mental et de nos valeurs sociales?
Pour quoi acceptez encore plus de se faire gouverner comme du bétail ?
Si la paix n’était que le seul avantage du fédéralisme, et que les indépendances des entités fédérées étaient inéluctables selon une critique sans fondement souvent opposée à ce système, n’est-il pas préférable de vivre pauvre sous son cocotier indépendant mais en paix, que d’endurer un pays devenu un enfer sans intérêt pour la majorité des habitants?
On ne peut plus continuer à offrir aux populations l’exil comme seule manière de s’échapper de ces pays en ruines brûlantes, pour pouvoir vivre avec les peuples et les mœurs de leur choix. Grâce au fédéralisme chacun peut rester chez lui, choisir le peuple avec lequel il veut cohabiter, apporter sa pierre à la construction de sa terre.
Nous savons que le séparatisme intervient aussi bien dans les pays fédéraux qu’unitaires. Si un peuple choisi consciemment et démocratiquement de faire cavalier seul, aucun système (fédéraliste ou unitariste) n’y sera jamais pour rien, si sa détermination est établie, et aucune logique n’oblige à les en empêcher. Quoi que, le fédéralisme est plus dans la tendance de refreiner ce genre de velléités que l’unitarisme.
Heureusement, l’écrasante majorité des peuples africains veut vivre dans leurs frontières actuelles, mais ne revendique que sécurité, paix et prise en main de leur destin. Cela le fédéralisme l’offre.



12 Conclusion

Ce manifeste qui est un projet de paix civile et de mise en place de meilleures conditions de travail pour tous est une révolution intellectuelle en rupture avec le culte opaque de l’Etat – nation, dont la crise et les mutations ont révélé l'incompatibilité avec les logiques de nos sociétés plurielles. En outre, la formalisation juridique de ce nouvel ordre politique, fera des constitutions démotiques, l'oeuvre des populations elles-mêmes, mise au service de la liberté et de la productivité, et non celui d'un homme ou d'un groupe, comme moyen de domination politique. Les africains ont tout intérêt à soutenir ce projet, qui fait du relativisme historique et social, une contribution à la civilisation de l'universel.

_______________________________________

Sources: Le Manifeste Fédéraliste, d'Hervé MAHICKA politologue.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Envoyer un e-mail
nianiote
Grioonaute


Inscrit le: 30 Sep 2005
Messages: 2

MessagePosté le: Ven 30 Sep 2005 19:23    Sujet du message: Re:Fédéralisme pour chaque pays africain. Répondre en citant

Salut,

je viens de lire ta proposition de fédéralisme basé sur des régions ethniques. Le concept est pas mal. quelques points à éclaircir :

- La repésentation regionale au parlement national ne doit-elle pas se faire au prorata de la population de chaque région, pour plus d'équité ?

- ds le cas d'un pays coe le cameroun, cmt tu ferais le dépoupage des régions? exactement comme les provinces actuelles ou autrement ?

- cmt on gère les situations où les "autochtones" d'une région y deviennent largement minoritaires (en nombre) ? par exemple les ressortissants d'une autre ethnie y deviennent plus nombreux ?

- cmt ce système protègerait mieux les populations de l'exploitation des matières premières et pétrole du pays par l'ancien colon ?
_________________
The greatest trick the devil ever pulled was convincing the world he didn't exist.
------------
La seule chose qui permet au mal de triompher est l'inaction des hommes de bien.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Montrer les messages depuis:   
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet       grioo.com Index du Forum -> Politique & Economie Africaines Toutes les heures sont au format GMT + 1 Heure
Page 1 sur 1

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum



Powered by phpBB © 2001 phpBB Group