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RAPPELEZ VOUS :

Après la diffusion de la bande-annonce du film, Marc-Olivier Fogiel interroge Jocelyne Bérouard sur l’une de ses déclarations passées. Voici la retranscription exacte de cet échange :


M-O. Fogiel - Vous disiez en 87, via Kassav’, « On essaye de faire passer un message, c’est d’inciter les gens à ne pas s’endormir car chez nous le défaitisme est un sérieux problème, il y a souvent une mentalité d’assistés ». Vous redites ça aujourd’hui ? Les Antillais, pour vous, c’est des gens qui se laissent aller et qui essayent d’être portés par le système ?


Jocelyne Beroard - Peut-être un peu moins maintenant ...


M-O. Fogiel - Parce que c’est ce que vous disiez à l’époque ...


Jocelyne Beroard - Peut-être un peu moins mais c’est vrai qu’il y a cette espèce d’éducation, on est dans une société de consommation etc. où on se contente de vous dire : « vous êtes français, profitez de la France » et puis voilà quoi... - donc tout le monde est content...


M-O. Fogiel - C’est ça un peu la mentalité ? Profiter de la France... Y’a des aides...


Jocelyne Beroard - C’est pas profiter de la France... Y’a des choses qui étaient données, bon ben les gens en voulaient ! Les gens se sont battus pour avoir quand même les mêmes avantages qu’en France puisque avant on était colonies ; et avant d’être colonies y’avait ce douloureux passage qu’est l’esclavage. Donc les gens, sortis de l’esclavage, on leur a suggéré d’oublier un petit peu leur histoire, ils devenaient brusquement français... Moi quand j’étais petite j’ai appris « nos ancêtres les Gaulois » etc. ...
M-O. Fogiel - Vous avez appris ça, vous ?


Jocelyne Beroard - Ah oui !


M-O. Fogiel - Y’a un petit décalage, oui ...


Jocelyne Beroard - Un gros même ! Y’a pas longtemps que ça a changé et même aujourd’hui, quand on veut savoir quelque chose sur notre histoire, on est obligés nous-mêmes d’aller faire nos recherches.


Voici les observations qu’il me semble pouvoir formuler, après lecture attentive de ce script, sans en solliciter le propos :


Marc-Olivier Fogiel commence par citer une appréciation formulée par son invitée voici plus de 15 ans. Il lui demande si son point de vue a changé, et l’invite à expliciter son propos. Le terme "assistés", qui vous a tant indignés, n’est pas proféré de but en blanc par un animateur qui le reprendrait nécessairement à son compte, mais extrait d’une citation textuelle de son interlocutrice. Laquelle, conviée à décrypter ses déclarations, expose son point de vue, le développe et le nuance en retraçant en quelques mots l’arrière-plan historique de la situation des Antilles aujourd’hui.


Comme vous l’aurez par ailleurs constaté, la question des aides financières allouées à l’Outre-Mer n’est absolument pas le coeur de la discussion. L’invitée rappelle à juste titre qu’il y a, derrière les difficultés sociales et économiques de l’Outre-Mer (25 % de chômage en Guadeloupe et en Martinique, chiffre rappelé par l’animateur en ouverture de la séquence), un lourd passé de luttes pour la liberté et l’égalité.


En saluant son invitée pour sa personnalité militante, en rappelant qu’elle est membre du Comité de la marche du 23 mai, en consacrant une longue séquence de son émission à un film présenté comme étant "loin de l’image d’Epinal des Antillais", je ne crois pas, très sincèrement, que Marc-Olivier Fogiel ait fait montre de quelque "discrimination" que ce soit envers les français d’Outre-Mer, ni dans cette interview, ni dans l’ensemble de la séquence.


Le préambule du cahier des charges des chaînes publiques dispose que celles-ci "favorisent le débat démocratique, les échanges entre les différentes parties de la population ainsi que l’insertion sociale et la citoyenneté" et ce "dans le respect constant de la personne humaine et dans le souci de promouvoir les valeurs d’intégration, de solidarité et de civisme". La diversité des cultures, des identités et des histoires de celles et ceux qui composent la population française est une richesse que la télévision publique ne saurait ni ignorer ni, a fortiori, mépriser ou caricaturer, soyez-en profondément assuré. La récente intégration de RFO au groupe France Télévisions en est l’une des illustrations les plus manifestes.


J’espère sincèrement que cette mise au point, que j’ai établie au plus près de la réalité des propos échangés dimanche dernier sur le plateau d’On ne peut pas plaire à tout le monde, sans céder au procès d’intention, saura vous rassurer quant à notre vigilance.


J’ai naturellement informé les responsables du programme de la teneur de vos réactions et vous remercie de vous être donné la peine de nous en faire part.


Je vous prie de croire, chère Madame, cher Monsieur, à l’assurance de ma parfaite considération.
Alain Le Garrec
Médiateur des programmes


Voici ci-dessous le mail qui a alerté nos compatriotes.


Chers compatriotes,


En direct de son émission « on ne peut pas plaire à tout le monde » dimanche 16 janvier 2004 sur France 3, Marc-Olivier FOGIEL a plusieurs fois suggéré à son invité Jocelyne BEROARD que la France d’Outre-Mer était assistée ; que les Antillais se laissaient vivre. En dépit de la manifestation et des chiffres du Collectif des Antillais, Guyanais, Réunionnais les vieux fantasmes collectifs trouvent encore à s’exprimer à propos de l’Outre-Mer.


L’entretien a notamment porté autour de l’argent donné par la France, qui entretiendrait les les habitants en Outre-Mer, comme s’il s’agissait d’un peuple de profiteurs vivant d’aumone ou de charité organisée, alors qu’il s’agit tout simplement de la dotation que l’Etat donne à l’ensemble des départements et régions de France, dont l’Outre-Mer. Et les chiffres du Collectif montrent bien que l’Outre-Mer est défavorisée.


Il faut protester en masse contre ce mépris public de Marc-Olivier FOGIEL en rappelant les chiffres mis sur la place publique par le Collectif et la Grande Marche organisée par le Collectif des Antillais, Guyanais, Réunionnais regroupant plus de 10 000 personnes qui signe le refus de la désinformation et de la discrimination