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Ouragan sur l’Amérique Par Harry Belafonte

 
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Jofrere
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Messages: 1327
Localisation: Paris

MessagePosté le: Lun 31 Oct 2005 11:21    Sujet du message: Ouragan sur l’Amérique Par Harry Belafonte Répondre en citant

http://www.nouvelobs.com/articles/p2133/a277129.html

Katrina. L’Amérique s’est construite sur le racisme, la cruauté, l’égoïsme et l’ambition. Tout en éliminant des millions d’Amérindiens, elle a importé 20 à 30 millions d’esclaves africains, et a bâti son empire sur l’oppression raciale et sociale, l’écrasement des Noirs et des pauvres. Je crains que la bouffée de lucidité provoquée par Katrina aux Etats-Unis ne soit que passagère. J’espère pourtant que cela fera réfléchir ceux qui voient en elle le phare de la démocratie dans le monde. Il incombe aux victimes de la pauvreté et du racisme de demander des comptes aux Etats-Unis, de les forcer à assumer leurs responsabilités. Nous essayons actuellement de mobiliser des intellectuels et des personnalités pour mettre en cause tout ce que l’administration Bush représente, dans l’espoir de façonner un avenir différent.
Je pars pour La Nouvelle-Orléans. Nous avons organisé un événement à Atlanta (prévu avant l’ouragan) baptisé le Conseil des Anciens, rassemblant un vaste éventail de personnalités allant de Jesse Jackson à Louis Farrakhan (de la Nation of Islam), en passant par Andrew Young (ancien ambassadeur à l’ONU). On se plaint de l’égoïsme et de l’apathie des jeunes générations, qui se comportent en enfants gâtés, à l’image de ces relayeuses américaines qui partaient favorites mais qui ont été incapables d’assurer correctement le passage du témoin. Mais nous, les anciens, portons aussi une part de responsabilité, car si nous leur avons transmis nos conquêtes, nous avons omis de leur transmettre le sens du combat et de l’engagement sans lesquels ces conquêtes n’auraient pas été possibles. La réussite du rassemblement d’Atlanta tient au sentiment d’une communauté renouvelée, ressoudée par cette catastrophe.



Martin Luther King. La dernière conversation que j’ai eue avec lui, à la veille de son assassinat, et qui se déroulait chez moi, portait sur la définition d’une nouvelle stratégie pour le mouvement, centrée sur la libération économique: une mobilisation aux côtés des plus pauvres. C’est pour cela qu’il allait à Memphis, pour y soutenir le mouvement des éboueurs. Nous étions pleins d’espoir, car nous avions déjà obtenu tant de choses: la déségrégation, le droit de vote, l’intégration… Mais il semblait préoccupé. Il m’a confié qu’il était hanté par la crainte que nous n’ayons finalement intégré qu’une maison en feu. Lui qui avait insufflé aux masses l’espoir craignait que la société qu’il avait tenté de bâtir ne soit en pleine faillite morale. Mais à la question: « Que faire si la maison brûle ? », il m’a répondu: « Devenir pompiers. » Cette remarque déchirante, quasi biblique, sur la maison en feu trouve aujourd’hui son illustration parfaite non seulement avec Katrina, mais avec l’Irak, le déficit, la confiscation du pouvoir… Si nous nous sommes rassemblés, c’est pour combattre le feu. Nous ne pouvons pas laisser ce pays sombrer. Nous devons user du pouvoir que nous confère la Constitution pour ouvrir les yeux de l’opinion. La guerre d’Irak a un air de déjà-vu: c’est la guerre du Vietnam qui se répète. De même que les inondations de La Nouvelle-Orléans en rappellent d’autres plus anciennes. Je crois qu’on va assister à un réveil des plus pauvres, à une mobilisation en faveur d’un changement.

Bush. Il ne faut pas oublier que les Américains ont perçu les attentats du 11-Septembre, au même titre que Pearl Harbor, comme une attaque contre leur pays tout entier, contre ce qu’il a de meilleur et non de pire. Les gouvernants ont détourné ce sentiment à leur profit pour atteindre des objectifs bien différents. Bush affirmait avoir la détermination et la vérité pour lui. Il nous a menti. Beaucoup d’Américains ne s’en sont pas rendu compte. Mais à mesure que se prolonge la guerre en Irak, qui a déjà fait plus de 2 000 morts parmi les soldats américains, des milliers de blessés et de mutilés, et beaucoup plus de victimes encore parmi les civils irakiens, sans que l’on trouve la moindre arme de destruction massive, les contradictions du conflit commencent à apparaître au grand jour. Reste à savoir si quelqu’un est capable de remplir ce vide politique et de parler d’une voix qui inspirera confiance. Où trouver une telle voix ? Les dirigeants démocrates actuels n’inspirent aucune confiance: on ne les croit pas. On n’entend plus parler de John Kerry. Al Gore n’est qu’une illusion. La plupart des Américains ont compromis notre démocratie à force d’être obnubilés par leur égoïsme. Le grand problème des Etats-Unis, c’est qu’en dépit de toutes leurs grandes affirmations de solidarité et de fraternité ils reposent sur une culture du profit et de la cupidité.

L’arme du vote. Martin Luther King, qui a eu une influence décisive sur moi, disait: « La plus grande invention sociale de tous les temps, c’est cette idée de se rassembler pour décider ensemble de la politique à mener. Il n’y a rien de plus fort que le vote. Et le vote est une arme d’autant plus puissante qu’elle est non violente. » Il est donc du devoir des citoyens de l’utiliser. Car le vote est souverain, et si nous élisons un démocrate rien ne pourra mettre ce vote en question. A moins qu’il n’y ait un coup d’Etat, hypothèse que je n’exclus pas totalement, compte tenu de la radicalisation actuelle des conservateurs… A présent que l’équilibre des pouvoirs n’existe plus, et que les conservateurs contrôlent aussi bien l’exécutif que le législatif, voire le judiciaire, ils pourraient envisager de modifier la Constitution et le mode de gouvernement. Refuser de voter, c’est du suicide collectif. C’est ce que je répétais à tous les jeunes défavorisés quand j’ai fait campagne pour qu’ils s’inscrivent sur les listes électorales. Mais il faut savoir que près de 40% des jeunes Noirs sont privés de leur droit de vote à cause de leur casier judiciaire !

Prison. Je n’ai jamais cessé d’être visiteur de prison. Le problème aux Etats-Unis, c’est qu’on construit plus de prisons que d’écoles ou de logements sociaux. C’est un choix politique. Il y a plus de Noirs dans les prisons que dans les universités. Or, si c’est l’Etat qui décide de construire les prisons, il en confie ensuite la construction et la gestion à des entreprises privées. Or dans le système capitaliste on ne construit un ensemble immobilier que si on espère le rentabiliser. Pour qu’un immeuble soit rentable, il faut des locataires. Pour qu’une prison soit rentable… il faut la remplir.

Néomaccarthysme. Dans les années 1950, j’ai été sur les listes noires de McCarthy. Aujourd’hui, le maccarthysme est de retour, plus fort encore que la première fois, car cette fois-ci il y a non pas un mais plusieurs McCarthy à la tête de l’Etat: Bush, Cheney, Rumsfeld, Condoleezza Rice… Ils veulent étouffer toute voix dissidente, comme McCarthy discréditait ses opposants en les traitant de communistes. Ils accusent les démocrates d’être du côté du mal. Mais ce nouveau visage du maccarthysme est encore plus insidieux, car il a le soutien de la droite chrétienne, qui lui confère une légitimation d’ordre divin. La droite chrétienne est l’exact pendant des musulmans fondamentalistes: dans les deux cas, on invoque la foi pour commettre le mal. Mais je crois, du moins j’espère, que l’opinion américaine commence à avoir une vision plus lucide des choses.

Colin Powell. On m’a reproché de l’avoir traité d’« esclave domestique ». On espère toujours que ceux qui arrivent à s’arracher à l’oppression en profiteront pour se faire les porte-parole des sans-voix auprès des puissants. C’est ce que nous attendions de Colin Powell. Nous avons souvent été déçus par ceux des nôtres qui, une fois parvenus à une position de pouvoir, ne faisaient rien. Mais ceux qui participent activement à l’oppression et qui tirent profit d’un système injuste, en toute connaissance de cause, ceux-là ne peuvent pas s’abriter derrière l’alibi de la race. Colin Powell avait incarné aux yeux du monde la démocratie en action au sein même de l’administration républicaine, la voix de l’opposition interne. Je me suis contenté de dire que je ne l’avais jamais entendu exprimer de critique véritable. Personne n’osait dire du mal de lui, de peur de ne pas paraître politiquement correct. Je n’ai pas ce problème ! Il fallait bien que quelqu’un dise que le roi est nu. Je m’en suis chargé.

Artiste engagé. Si je suis devenu artiste, c’est sous l’influence d’autres artistes, tous ancrés dans une réflexion sociale. Le folk était inséparable du mouvement des travailleurs: Woody Guthrie, Big Bill Broonzy, le grand Leadbelly, Paul Robeson… Tous mes modèles s’étaient faits les porte-parole des défavorisés. Quand Martin Luther King m’a dit: « Nous avons besoin de forces pour faire entendre notre voix, transmettre notre cri », j’ai tout de suite pensé que des artistes le feraient mieux que quiconque. Mieux que des prédicateurs… Alors j’ai organisé en 1961, au Carnegie Hall de New York, le premier concert de soutien à Martin Luther King, avec Frank Sinatra, Dean Martin, Sammy Davis Jr et Count Basie… C’était une expérience inédite. Je n’ai été que le catalyseur.

Hollywood. Je m’étais engagé dans l’US Navy. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, j’avais vraiment cru que la défaite de Hitler marquerait la fin du fascisme, du racisme, de l’impérialisme blanc. Comme beaucoup de GI noirs, j’ai déchanté. Le racisme ne reculait pas aux Etats-Unis ni à Hollywood. En 1954, dans « Carmen Jones » d’Otto Preminger, avec Dorothy Dandridge nous avions été le premier couple noir à partager la vedette. En 1957, Joan Fontaine et moi formions un couple mixte dans « Une île au soleil » de Robert Rossen. Dans le Sud, le Ku Klux Klan incendiait les salles qui projetaient le film. Presque un demi-siècle plus tard, de nombreux Noirs sont des stars à Hollywood. Mais cette victoire est amère. Beaucoup de ces artistes noirs (il ne s’agit pas de juger les personnes, mais de constater une réalité culturelle) ont renoncé à leur pouvoir: ils pourraient en dire beaucoup plus sur le racisme qui fait des ravages, au lieu de se contenter de cueillir les fruits de leur réussite personnelle.

Trois livres à emporter sur une île déserte. Je relirais tous les débats qui ont engendré la Constitution américaine. « En un combat douteux », par John Steinbeck, le récit d’une grève pendant la Grande Dépression. Et « It Can’t Happen Here », par Sinclair Lewis, qui dénonce en 1935 le danger fasciste aux Etats-Unis.


Né en 1927, Harry Belafonte, chanteur, acteur, militant des droits civiques de la première heure, proche de Martin Luther King et de Nelson Mandela, demeure une des grandes consciences politiques des Noirs américains. Roi du calypso, il est le maître d’œuvre d’une remarquable anthologie « The Long Road to Freedom ».
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MessagePosté le: Ven 04 Nov 2005 22:24    Sujet du message: hors sujet Répondre en citant

Marin.R.Delany t'es hors sujet!
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