Posté le: Ven 11 Nov 2005 23:08 Sujet du message: Conférence de Thierry Mouelle II/Le Pharaon Inattendu
Grand moment d'échanges sur les questions telles que:
- la pertinence de l'histoire dans le Pharaon Inattendu
- la lecture sociale et psychologqiue des personnages
- la thématique de l'exil dans le Pharaon inattendu
- quelle spiritualité pour quelle Afrique?
- Pourquoi l'Egypte ancienne comme choix de premier roman
- Ville : Paris (Les Halles)
- Date : 20 novembre 2005
- Horaires : 18h00 - 20h00
- Lieu : Libraire ANIBWE - 20 rue Greneta - Paris 2ème tel :
01.45.08.48.33
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Posté le: Ven 11 Nov 2005 23:21 Sujet du message: Re: Conférence de Thierry Mouelle II/Le Pharaon Inattendu
diali a écrit:
Grand moment d'échanges sur les questions telles que:
- la pertinence de l'histoire dans le Pharaon Inattendu
- la lecture sociale et psychologqiue des personnages
- la thématique de l'exil dans le Pharaon inattendu
- quelle spiritualité pour quelle Afrique?
- Pourquoi l'Egypte ancienne comme choix de premier roman
- Ville : Paris (Les Halles)
- Date : 20 novembre 2005
- Horaires : 18h00 - 20h00
- Lieu : Libraire ANIBWE - 20 rue Greneta - Paris 2ème tel :
01.45.08.48.33
Qui a lu le livre ?
Oh, ça c'est très interressant surtout pour les amoureux de l'Egypte nègre, Soundjata? _________________
"- A quoi est due la chute d'Adam et Eve ?
- C'était une erreur de Genèse."
(Boris Vian / 1920-1959)
moi je n'ai pas lu le livre mais le sujet a l'air intéressant et la rencontre aussi vu les angles sous lesquels le livre va être traité.
en plus, c'est toujours bien de pouvoir discuter ou voir un auteur d'un ouvrage !
"Partant à la recherche de ses racines perturbées par l’exil et la peur d’être mère, une jeune femme se retrouve dans le tourbillon de deux mondes où se chevauchent le réel et l’imaginaire, le présent et le passé. Africaine, cubaine, prêtresse d’Isis : laquelle de ce qu’elle vit comme des parties indissociables d’elle-même doit primer au moment où elle va donner naissance à un enfant ? Que va-t-elle lui enseigner et de quel monde ? Le Pharaon Inattendu est surtout une merveilleuse invitation au voyage à travers les temps."
Je me permets de faire quelques copier-coller des réponses de l'auteur de l'ouvrage à des lecteurs sur le site menaibuc.com.
Déjà, sa formation :
Journaliste spécialiste de politique et d’économie internationales, aujourd’hui Analyste Crédits dans une grande banque française, Thierry Mouelle II est né au Cameroun et vit depuis 1998 à Paris. Homme de radio et ancien directeur de journal, il a collaboré dans plusieurs revues en Relations Internationales. Le Pharaon Inattendu est de lui le fruit de plusieurs années de recherches sur l’Égypte ancienne.
"C’est en effet un projet qui puise ses racines dans l’immense oeuvre d’éveil de conscience de C.A. DIOP que j’ai personnellement rencontré lors de son voyage au Cameroun. Il faut cependant noter qu’il s’agit d’un roman. Bien qu’il récupère comme acquis ce que je vis comme une identité inaltérable en tant qu’Africain avec les mêmes substrats culturels que ce qui a pu être observé des reliques et fresques disant l’Egypte Pharaonique, il se donne une large liberté d’union entre le présent et le passé, sinon, il serait inutile dans l’oeuvre de renaissance africaine dans laquelle je m’immerge entièrement. "
"S’il est d’un premier abord "mystique" c’est davantage pour répondre à une exigence de profondeur spirituelle. Notre pays KEMET aujourd’hui communément appelé Afrique ne saisit le monde que par l’abstrait d’abord, avant d’y faire mouvoir de la réalité sensible, autrement dit tout ce qui vit, existe. Les animaux, les choses et divers autres êtres. Comment dans ce cas, ne pas, au moment où notre identité semble à mal, commencer l’interrogation sur nous-mêmes par la manière avec laquelle nos ancêtres procédaient ? Le spirituel dirige le monde. Pour ce qui est des organisations politiques et la structuration des Etats avant l’arrivée du colon, il suffit de relier, pour le cas du Cameroun qui vous intéresse, son histoire à celle des vastes royaumes des siècles précédents, notamment à partir de l’émiettement de l’Egypte Pharaonique jusqu’aux 16è et 18è, les Bamoun, les Tikar, les Ewalè, et même les Ewondo, bien qu’on ait voulu, dans certains livres révisionnistes classer ces Etats parmi des sociétés acéphales : sans aucune organisation reconnaissant un chef. "
"s’il est effectivement un chemin toujours négligé par nos différents décideurs sur le continent, c’est bien celui de la culture. Je viens de la rappeler solennellement à l’occasion du Colloque Kamit qui a eu lieu à Paris (Montreuil du 8 au 10 du mois en cours). A cette occasion donc, j’ai essayé de faire comprendre qu’inférer à l’Afrique entière son appartenance au même foyer culturel et surtout civilisationnel qu’est la Vallée du Nil et s’approprier ce fait indéniable historiquement, permettra de contourner les barrières physiques et psychologiques mises en place par le système colonial. En se rapprochant de la base de notre être, les faits culturels communs favoriseront notre acceptation mutuelle et le faisant nous nous regarderons autrement que par les nouvelles identités complètement farfelues (camerounais, gabonais, éthiopiens, centrafricains, congolais, etc...). En passant par ce préalable, nous serons à même de nous asseoir face à face, en ne voyant plus des étrangers qui s’observent, mais des frères qui se concertent pour leur avenir. Ces rencontres fluides dans la parole comme dans le rapprochement idéologique poseront les nouvelles bases du vivre-ensemble à même de poser les fondements d’un Etat transcontinental, où toutes les forces vives vivront d’émulation pour imaginer et construire. Merci de lire mon livre. Bien qu’il ne traite pas explicitement de ces questions de positionnement politique ramème quand mêmes des éléments de rapprochement culturel de manière (me dit-on) inattendue. "
"Les sujets évoqués sont au coeur même du choix d’action à mener pour tenter une nouvelle approche libératrice du continent Kemet. Je ne saurais vous apporter des réponses aussi détaillées qu’il me doit de le faire, l’espace étant réduit. Toutefois, bien que la religion soit un rapport de l’individu avec un être ascendant, un ensemble d’individus dans une alliance avec un être jugé supérieur et dont la force permet de régir leur vie spirituelle, il n’en reste pas moins que de tous ces liens possibles et en rapport avec l’histoire de l’humanité, Dieu ou les dieux ont une relation ontologique avec celui ou ceux qui les louent et/ou leur accordent dévotion. On peut donc en conclure, peut-être hâtivement j’avoue, que Dieu (pour reprendre C.A.Kane) est un parent. Je me permettrai dans ce cas de chercher la parenté génétique existant entre le christianisme et moi, l’Islam et moi. Au résultat, je n’en vois pas. L’histoire est nette sur la question. Ces religions sont externes à la véritable histoire spirituelle de cette région géographique appelée de nos jours Afrique. Poussant plus loin, l’apport historique de ces deux religions à mon identification en tant qu’homme ne me semble pas convaincant, bien au contraire. A la lecture des Textes de ces deux religions, je m’aperçois que je n’y figure que comme figurant (justement)dans mon plus mauvais rôle parmi les hommes : j’y porte l’image du Mal. Les héros sont les autres, je reste au bas de l’échelle, portant ma couleur de peau comme malédiction et étant de ce fait préparé à l’être dans tous les lieux et espaces de vie modernes. Et du fait que ces deux religions se soient introduites dans ma vie de tous les jours fait que certains peuvent, chez moi même, en toute ignorance du contraire, les prendre pour ’la tradition’. En homme censé, je réclame plus que du courage pour les étudier et en tirer les conséquences inhérentes. Donc à votre question de savoir si le devenir de l’Afrique implique le rejet du Christianisme, je suis plus que tenté de dire oui. Mais attention, il ne s’agit pas de rejeter le frère africain chrétien, il s’agit simplement de lui démontrer qu’il a plus grand avantage à croire en ce qui a fait la grandeur de ses ancêtres et la spécificité qui était la leur. La culture religieuse de ses pères. Que le Pape Jean Paul II ait demandé pardon à Gorée, ne poursuit qu’une logique toute simple : l’absolution. Toute la finesse du christianisme se trouve là exposée. Tu peux faire du mal tant que tu veux au monde, du moment que tu sais ta fin proche et conscient que le Paradis peut t’être refusé, tu te confies au prêtre( par acte de confession)qui t’accorde au nom du Christ le pardon. Va mon fils, te dira-t-il, tes péchés te sont pardonnés. Toutes les guerres menées dans ce monde, tous les génocides perpétrés aujourd’hui sont du fait que chacun sait, les Bush et les autres, qu’ils pourront toujours libérer leur conscience en demandant l’absolution le moment venu. Eh bien, nous les Kemmiou, nous les noirs, de par notre plus ancienne éducation, avons appris à partager la Maât : la vérité-justice, la culture de la paix. C’est cette religion qui en vaut plus que celles qui disent et tout son contraire, tout en faisant exactement le contraire de ce que préconisent leurs écrits saints. Il faudrait retenir que celui qui agit au nom d’une culture fait juger la culture qu’il porte et dont ses actes sont l’émanation. Il est souhaitable qu’on cesse de chercher en ces religions une pureté qui échappe à leurs propres concepteurs, et que nous leurs victimes avons seuls la lumineuse prescience de voir. Le chrétien qui fait du mal fait peser sur sa religion l’image du mal. Il est en de même du musulman. Tout autant d’ailleurs que l’Africain non croyant. L’homme est un produit culturel. Et la culture est un produit religieux. Eh bien, au carrefour d’une interrogation qui nous taraude depuis les indépendances en Afrique, il vaudrait peut-être aussi se demander si notre manière de croire en le Très Haut n’est pas un facteur décisif de notre sous-développement. N’oublions jamais que le spirituel gouverne le monde car c’est lui qui donne les clés de la liberté ou de la non liberté d’entreprendre ou d’attendre que le Ciel agisse seul en lieu et place des hommes. Je suis de ceux qui croient que les dieux sont plus efficaces qu’un Dieu unique, qui d’ailleurs ne me ressemble en rien. S’il est Jahvé, Allah, mon univers mental a du mal à l’accepter. Mais quand je dis Ausar (le véritable nom d’Osiris) cela résonne en moi car alors c’est un dieu noir, dit le Grand. Et il parle en une langue qui me parle. Comme je l’ai indiqué, l’espace est réduit. Mais j’ai une causerie avec mes lecteurs le 20 novembre 2005 à Paris, l’occasion peut-être de préciser ma pensée. J’espère avoir commencé une réponse à vos préoccupations. Le mal de l’Afrique actuelle est certainement plus dû à son non ancrage à une idée précise d’elle-même plutôt qu’à son retard technologique. Les Africains ont atteint ce jour le même degré de connaissance théorique de la science et la technologie modernes, ce qui leur manque c’est le model spirituel à y insuffler. La véritable question devient donc celle-ci : quelle spiritualité pour quelle Afrique ? "
Dès que j'ai un peu de temps, je ferai un petit compte-rendu de l'exposé de Thierry Mouelle qui était très intéressant ainsi que les échanges qui ont suivi.
Je regrette juste que l'auteur n'ait pas parlé davantage du roman (de l'intrigue) même si j'ai bien compris l'importance d'aborder surtout le message du roman (d'ailleurs les échanges ont porté essentiellement sur ce message).
L'auteur a indiqué que les personnages féminins étaient importants dans son roman mais il n'en a pas dit plus : quel rôle leur donne-t-il, quels sont ces personnages, etc ?
Peut-être ne voulait-il pas non plus trop dévoiler le roman mais malgré tout, pour ces aspects-là, c'était un peu court !
Pour le reste, très intéressant.
A défaut d'un compte-rendu, quelques idées-phares évoquées par l'auteur. J'espère ne pas trahir la pensée de ce dernier avec ces quelques lignes. La conférence-débat a duré deux heures, je n'ai ni repris les références choisies par l'auteur (Fanon, Obenga, CAD...) ni le contenu du débat qui a suivi l'exposé de ce dernier.
- Le "le pharaon inattendu" est sorti il y a 11 mois. Il est la restitution d'une quête, d'une recherche, d'un cheminement vers des non-dits.
- Les Africains ne s'identifient que par ce que les autres leur ont apporté : l'histoire de l'Afrique moderne est arrivée avec le colon. Il y a eu un transfert de la réalité de ce colon dans la réalité africaine.
- Les Africains doivent se réapproprier leur histoire. IMHOTEP apparaît comme un repère dans cette quête. Les Africains doivent créer leurs propres repères, dans une dialectique de reconstitution pour les Africains par les Africains.
- Chaque Africain doit faire du maat (la vérité-justice) son principe et s'éloigner du règne set (désordre, mal, désharmonie).
- La libération n'a été possible que lorsqu'on a réalisé que le Blanc était mortel. L'esclavage, la colonisation ont anéanti la capacité de projection des Africains. Ils ont été une négation de l'humanité.
- Il est important dans cette quête de développer un "métalangage". La langue fait partie de la stratégie.
- Les Africains ont-ils une stratégie ? Les Africains ont-ils une spiritualité ?
Toutes les révolutions dans le monde ont été faites à partir d'un substrat spirituel. S'il n'y a pas de spiritualité, il n'y a pas de stratégie.
Il faut une âme africaine découlant d'une spiritualité sinon, il n'y aura pas de développement. Il faut une harmonie spirituelle, à partir de ce que les ancêtres ont laissé. Il faut chercher une harmonie paix avec la nature. Importance de la cosmogonie (structuration du monde). Lien entre le passé/le présent / le futur : la mort se déplace.
- L'auteur se définit comme un névrosé car il ne sait pas qui il est.
- Il faut reconsidérer la place de la femme dans le monde. La femme conduit les choses. Les principaux personnages de ce roman sont des femmes.
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