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Léon Gontran Damas,le rebelle de la négritude

 
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Auteur Message
Pakira
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Inscrit le: 01 Mar 2004
Messages: 1750

MessagePosté le: Lun 22 Jan 2007 23:13    Sujet du message: Léon Gontran Damas,le rebelle de la négritude Répondre en citant

Aujourd'hui 22 janvier,cela fait fait 29ans que l'un des pères de la Négritude, le guyanais Leon Gontran Damas,nous a quittés.La Guyane perdit ainsi,l'un de ses plus grands et illustres écrivains.



Poète guyanais né à Cayenne, Léon Gontran Damas est le premier à exploser de colère et de rage sous la camisole de force de la colonisation française. Soumis au cours de son enfance à l'éducation "créole" qui prétendait transmettre les valeurs françaises, il souffre d'endurer le "désastre" que provoque en lui une telle éducation, qui lui inspirera plus tard son célèbre poème Hoquet . Il va à l'école primaire à Cayenne, puis au lycée Schoelcher de Martinique qu'il quitte en 1926 pour le collège de Meaux près de Paris où il obtient son baccalauréat en 1928. D'abord inscrit à la faculté de droit pour obéir à sa famille, il est vite tenté par plusieurs directions culturelles: les cours de russe et de japonais à l'École des langues orientales l'attirent avant qu'il n'aboutisse à l'Institut d'ethnologie, où il rencontre Jacques Roumain. Au vrai, il cherche à remonter aux sources de son identité et ce cheminement difficile &emdash; vu l'époque &emdash; lui vaut l'opprobre de ses parents qui lui coupent les vivres, ce qui l'oblige à travailler comme débardeur et comme plongeur. Passionné de poésie, il apprend à connaître les poètes nègres des États-Unis d'Amérique: Langston Hughes, Alan Locke, Jean Toomer, Countee Cullen et Claude Mac Kay. Le directeur du Muséum du Trocadéro lui confie en juillet 1934 une mission d'étude des survivances africaines en Guyane; en outre, il est chargé par deux revues (Vu et Lu) de rédiger un compte rendu de son voyage. À son retour, il publie son rapport (Retour de Guyane, 1938) qui paraît un an après son premier volume de poésie, Pigments (1937), dans lequel il vitupère contre l'assimilation que cherche à imposer une puissance coloniale soucieuse d'arrimer définitivement à l'Hexagone des territoires qu'elle exploite depuis trois siècles. Quelques-uns de ses poèmes avaient déjà été publiés en 1934 dans la revue Esprit et en 1936 dans les Cahiers du Sud . Robert Desnos, qui préface Pigments , insiste d'entrée de jeu sur l'essentiel: "Il se nomme Damas. C'est un nègre. Damas est nègre et tient à sa qualité et à son état de nègre. Voilà qui fera dresser l'oreille à un certain nombre de civilisateurs qui trouvent juste qu'en échange de leurs libertés, de leurs terres, de leurs coutumes et de leur santé, les gens de couleur soient honorés du nom de "Noirs". Damas refuse le titre et reprend son bien. Ce bien vous sera révélé dans les poèmes qui vont suivre..." Il stigmatise la colonisation, l'exotisme et le racisme, le comportement bourgeois, engage les anciens combattants sénégalais à se démystifier et se moque de lui-même avec des accents quasi céliniens. Bref, il n'en finit pas d'écumer de rage contre ce qui l'empêche à jamais d'être un homme. Il publie, en 1943, un recueil de contes, Veillées noires , et s'embarque, en 1946, pour la Guyane en passant par les États-Unis. La mort accidentelle en novembre 1947 du député René Jadfard lui fournit l'occasion d'affronter politiquement Gaston Monnerville, défenseur de l'assimilation, qu'il avait déjà fustigé dans son rapport de 1938. Élu député en 1948, il siège à la Chambre jusqu'en 1951. On lui doit une anthologie, Poètes d'expression française (1947) et un essai, Poèmes nègres sur des airs africains (1948). Il publie trois recueils de poèmes: Graffiti (1952), Black Label (1956) et Névralgies (1966). Il meurt en 1978 à Washington où il vivait depuis 1969. Dans le cercle des poètes nègres francophones, Léon Gontran Damas occupe la place d'honneur, avec sa simplicité coutumière, ses amours ancillaires, son rythme de "marron". C'est le seul dont la voix ait porté loin, en Afrique, comme un roulement de tam-tam, pour prôner la résistance en baoulé, le seul qui parlait clairement au peuple. Les autres poètes se contentent d'écrire, lui, il tonne et il chante.

pour la Chronologie de Damas:

http://perso.orange.fr/redris/HTML/lg_damas1.html
_________________
"tout nèg a nèg

ki nèg nwè ki nèg klè
ki nèg klè ki nèg nwè
tout nèg a nèg

nèg klè pè nèg nwè
nèg nwè pa lè wè nèg klè
nèg nwè ké wéy klè
senti i sa roune nèg klè
mè nèg klè ké wéy klè a toujou nèg

sa ki fèt pou nèg vin' blang?
blang té gen chivé pli long?
pou senblé yé nou trapé chivé plat kon fil mang!!!
mandé to fanm...!
mè pou kisa blang lé vin' nwè?
ha... savé ki avan vin' blan yé té ja nèg!

a nou mèm ké nou mèm dépi nânni nânnan...
chinwa soti, kouli soti, indyen soti, blang soti
mèm koté nèg soti

avan yé sotil koté y fika
AFRIKA!!!"

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Pakira
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MessagePosté le: Lun 22 Jan 2007 23:21    Sujet du message: Répondre en citant



Bois gravé de Frans Maserel qui accompagnait la première édition de Pigments en 1937

Il se nomme Damas. C’est un nègre. Déblayons un peu le terrain, Il ne sera question à son sujet ni du chemin, ni des lames, ni de l’âme, de Damas...

Damas est nègre et tient à sa qualité et à son état de nègre. Voilà qui fera dresser l’oreille a un certain nombre de civilisateurs qui trouvent juste qu’en échange de leurs libertés, de leur terre, de leurs coutumes et de leur santé, les gens de couleur soient honorés du nom de "Noirs".

Damas refuse le titre et reprend son bien. Ce bien vous sera révélé dans les poèmes qui vont suivre...

Ils sont à la gloire, ces poèmes, de tout l’immense prolétariat indigène des colonies. Ils nous signifient que le temps est venu de poursuivre la conquête de ces terres et de ces peuples.

Ne sont-elles pas exploitées comme les nôtres ces terres. Et ces peuples ne sont-ils pas... voyez un peu où la plume et le bon sens nous entraînent.

Ces poèmes sont donc aussi un chant d’amitié offert, au nom de toute sa race, par mon ami, le nègre Damas, à tous ses frères blancs. Un don de la savane à l’usine, de la plantation à la ferme, de la fabrique tropicale à l’atelier européen.



ROBERT DESNOS
_________________
"tout nèg a nèg

ki nèg nwè ki nèg klè
ki nèg klè ki nèg nwè
tout nèg a nèg

nèg klè pè nèg nwè
nèg nwè pa lè wè nèg klè
nèg nwè ké wéy klè
senti i sa roune nèg klè
mè nèg klè ké wéy klè a toujou nèg

sa ki fèt pou nèg vin' blang?
blang té gen chivé pli long?
pou senblé yé nou trapé chivé plat kon fil mang!!!
mandé to fanm...!
mè pou kisa blang lé vin' nwè?
ha... savé ki avan vin' blan yé té ja nèg!

a nou mèm ké nou mèm dépi nânni nânnan...
chinwa soti, kouli soti, indyen soti, blang soti
mèm koté nèg soti

avan yé sotil koté y fika
AFRIKA!!!"

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Pakira
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MessagePosté le: Lun 22 Jan 2007 23:40    Sujet du message: Répondre en citant

Quelques poèmes de Damas:

ILS SONT VENUS CE SOIR


Ils sont venus ce soir où le
tam
tam
roulait de
rythme
en
rythme

la frénésie
des yeux
la frénésie des mains
la frénésie
des pieds de statues
DEPUIS
combien de MOI MOI MOI
sont morts
depuis qu'ils sont venus ce soir où le
tam
tam
roulait de
rythme
en rythme
la frénésie
des yeux
la frénésie
des mains
la frénésie
des pieds de statues
(PIGMENTS)

TRÊVE

Trêve de blues
de martèlements de piano
de trompette bouchée
de la folie claquant des pieds
à la satisfaction du rythme

Trêve de séances à tant le swing
autour de rings
qu'énervent
des cris de fauves

Trêve de lâchage
de léchage
de lèche
et
d'une attitude
d'hyperassimilés

Trêve d'un instant
d'une vie de bon enfant
et de désirs
et de besoins
et d'égoïsmes
particuliers.
(PIGMENTS)

LA COMPLAINTE DU NÈGRE

Ils me l'ont rendue
la vie
plus lourde et lasse

Mes aujourd'hui ont chacun sur mon jadis
de gros yeux qui roulent de rancoeur
de honte

Les jours inexorablement
tristes
jamais n'ont cessé d'être
à la mémoire
de ce que fut
ma vie tronquée

Va encore
mon hébétude
du temps jadis
de coups de corde noueux
de corps calcinés
de l'orteil au dos calcinés
de chair morte
de tisons
de fer rouge
de bras brisés
sous le fouet qui se déchaîne
sous le fouet qui fait marcher la plantation
et s'abreuver de sang de mon sang de sang la sucrerie
et la bouffarde du commandeur crâner au ciel.
(PIGMENTS)

ILS ONT

Ils ont si bien su faire
si bien su faire les choses
qu'un jour nous avons tout
nous avons tout foutu de nous-mêmes
tout foutu de nous-mêmes en l'air

Qu'ils aient si bien su faire
si bien su faire les choses
les choses
qu'un jour nous ayons tout foutu
nous ayons tout foutu de nous-mêmes
tout foutu de nous-mêmes en l'air

Il ne faudrait pourtant pas grand'chose
pourtant pas grand'chose
grand'chose
pour qu'en un jour enfin tout aille
tout aille
aille
dans le sens de notre race à nous
de notre race à nous

Il ne faudrait pourtant pas grand'chose
pourtant pas grand'chose
pas grand'chose
pas grand'chose
(PIGMENTS)
_________________
"tout nèg a nèg

ki nèg nwè ki nèg klè
ki nèg klè ki nèg nwè
tout nèg a nèg

nèg klè pè nèg nwè
nèg nwè pa lè wè nèg klè
nèg nwè ké wéy klè
senti i sa roune nèg klè
mè nèg klè ké wéy klè a toujou nèg

sa ki fèt pou nèg vin' blang?
blang té gen chivé pli long?
pou senblé yé nou trapé chivé plat kon fil mang!!!
mandé to fanm...!
mè pou kisa blang lé vin' nwè?
ha... savé ki avan vin' blan yé té ja nèg!

a nou mèm ké nou mèm dépi nânni nânnan...
chinwa soti, kouli soti, indyen soti, blang soti
mèm koté nèg soti

avan yé sotil koté y fika
AFRIKA!!!"

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Pakira
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MessagePosté le: Mar 23 Jan 2007 00:29    Sujet du message: Répondre en citant

Voici un extrait de BLACK LABEL,trooooop puissant:

BLACK-LABEL A BOIRE


BLACK-LABEL A BOIRE
pour ne pas changer
Black-Label à boire
à quoi bon changer

TEL J'AI VU LE CIEL
partout Un le même
ni moins bleu
moins beau
ni moins gris
moins triste
avec ou sans nuages

BLACK-LABEL A BOIRE
pour ne pas changer
Black-Label à boire
à quoi bon changer

J'AI SAOULE MA PEINE
ce soir comme hier
comme tant et tant
d'autres soirs passés
où de bouge en bouge
où de bar en bar
où de verre en verre
j'ai saoulé ma peine

Mort au cancre
au pou
mort au Chancre
au fou
et
sus au dévoyé
ont encore hurlé
ceux qui nombreux disent tous m'avoir à l'oeil me
regader vivre
et ceux
ceux parlons-en
qui vagissent de rage et de honte
de naître aux Antilles
de naître en Guyane
de naître partout ailleurs qu'en bordure
de la Seine ou du Rhône
ou de la Tamise
du Danube ou du Rhin
ou de la Volga

Ceux qui naissent
ceux qui grandissent dans l'Erreur
ceux qui poussent sur l'erreur
ceux qui meurent comme ils sont nés
fils de singes
fils de chiens

Ceux qui se refusent un âme
ceux qui se méprisent
ceux qui n'ont pour eux-mêmes et leurs proches
que honte et lâcheté

Ceux qui renoncent une pleine vie d'hommes
d'être
autre chose qu'ombre d'ombres

Ceux qui se renient
se surveillent
se désespèrent
et se lamentent

Ceux qui se prennent eux-mêmes aux cheveux de ne
point onduler
sous la brise embaumée
comme épis de blé d'or des pays tempérés qu'in-
ventent les livres

Ceux qui voulant à leur nez qu'écrase tout le poids
du Ciel
une forme moins plate
se le massent
le remassent au coucher
à la graisse de boeuf du Brésil
de Dominicanie
de Porto-Rico
du Venezuela

Ceux qui croient pouvoir s'amincir les lèvres
à se les mordre
jusqu'au sang
à longueur de journée

Ceux qui se traitent eux-mêmes
de sauvages
sales nègres
soubarous
bois-mitan
gros-sirop
guinains
congos
moudongues
fandangues
nangues

Ceux dont l'échine est veule
et le dos bastonné
et la fesse
bottée

Ceux dont l'attitude immuable d'esclaves
insulte à la sagesse antique et belle
de leurs propres Anciens

Ceux à qui la merveilleuse inconscience
fait zézayer de Père en fils
de fils en Pères
Zié Békés brilé zié Nègues
Il est dit que le Blanc aura toujours le nègre à l'oeil

Ceux qui permirent le déracinement de DEUX CENT
CINQUANTE MILLIONS de leurs

Ceux qui ordonnèrent les razzias
ceux qui obéirent à l'ordre de razzias
ceux qui dépistèrent les razziés

Ceux dont les Pères vendirent les fils à l'encan
et les fils à leur tour la Terre-Mère
ceux dont les frères donnèrent si gentiment la chasse
à leur frères

Ceux qui se laissèrent prendre à ce jeu de famille
Ceux capturés vifs
et qui s'en réjouissant se dirent en eux-mêmes
Mieux vaut être chair rouge que gibier mort

Ceux qui ne virent dans la Mort
le salut de la Vie

Ceux qui s'en allèrent
bien dociles
à la file
le cou pris au carcan mayombé

Ceux dont la douceur
l'hébétude
l'inconscience
et la passivité
n'avaient d'égale
que l'arrogance
la sottise
la faconde
la vanité crépue
des dachys ouvrant la marche
des dachys fermant la marche au rivage

Ceux qui parvinrent exténués mais vivants au rivage
avant que d'avoir à quitter à jamais voiles au vent
les rives du Congo
du Gabon
du Bénin
de Guinée
de Gambie
de Gorée

Ceux qui ne s'étonnèrent de rien de voir un navire
au large

Ceux dont les Ancêtres étampés
fleurdelisés
marqués de fer rouge
aux lettres du navire au Large
puis parqués
enchaînés
rivés
cadenassés
et calés
furent bel et bien du voyage
sans air
sans eau
sans fin

Ceux dont les Ancêtres furent jetés au cours du
voyage
sans fin
sans eau
sans air

Ceux dont les Ancêtres
eurent la chair tout brûlée à vif
au-dessus des seins
sur les omoplates
sur le gras du bras

Ceux qui trouvèrent la pestilence
commode

Ceux qui se laissèrent conduire par bordée sur le
pont

Ceux qui au son de la vielle ou de la musette
se mirent à danser sous l'oeil de la chiourme
le fouet de la chiourme

Ceux qui ne fomentèrent
nulle révolte
et celles
celles qui firent
avorter les révoltes
d'avoir eu non seulement
la matrice ondulée
cajolée
dorlotée
ébranlée
mais encore
longue langue
langue longue

Ceux qui ne désarmèrent l'équipage
ceux qui ne firent feu sur l'équipage désarmé
et ne se rendirent maîtres après Dieu
de la barre et du gouvernail
mais bras croisés
l'oreille en proue
s'entendirent dire et lire
la sentence à mort
à mort la négraille
la valetaille
la racaille
Ceux que ma mémoire
retrouve en Exil
assis de nos jours sur le pas de la case en bambou
de lattes tressées
qui insulte au soleil éclatant des Antilles-Heureuses
d'être à jamais esclaves

Ceux que la Nuit surprend à se jouer du cul-de-pipe
en terre rouge
des derniers Roucouyennes
du Pays de Guyane à mon coeur accroché

Ceux dont les yeux de chat-tigre
sont l'oreille
de la nuit de Rott-Pèye
de la nuit du Yan-man
ou de la nuit des isles à sucre
des isles à rhum
des isles à mouches
des isles à miel
des isles à ......

Ceux qui comptent les étoiles

Ceux qui se signent de grâce et d'effroi à l'étoile qui
file

Ceux qui lisent dans les nuages

Ceux qui remercient le Ciel à tout vent

Ceux satisfaits d'eux-mêmes
qui se contentent de peu
se contentent de rien

Ceux dont l'estomac
depuis trois siècles et plus
fait envie ou pitié
moins envie que pitié

Ceux qui se nourrissent de morue et d'igname
de piment et de sel
tous les jours que Dieu fait
et que Dieu fait
sans vin sans pain
sans rien
d'autre
que souskaye à mangos
que mangos à souskaye

Ceux qui se lèvent tôt
pour que se lèvent tard
et se gavent
se dandinent
se pommadent
se désodorisent
se parfument
se lotionnent
se maquillent
se gargarisent
se congratulent
se jalousent
se débinent
s'enrichissent
d'autres

Ceux dont la sueur arrose
champ de cannes
de maïs
d'ananas
de bananes

Ceux dont la sainte résignation n'a d'égale
que le sacré mépris de l'Eglise où le Curé préfère
au blanc de blanc catholique et romain
un cul-sec de coeur de chauffe
des isles à sucre
des isles à rhum
des isles à mouches
des isles à miel
des isles à .....
des isles amènes
ainsi soient-elles
ainsi soit-il
Amen

Et sus au dévoyé
mort au cancre
au pou
mort au chancre
au fou

BLACK-LABEL A BOIRE
pour ne pas changer
Black-Label à boire
à quoi bon changer

(extrait de BLACK LABEL)



_________________
"tout nèg a nèg

ki nèg nwè ki nèg klè
ki nèg klè ki nèg nwè
tout nèg a nèg

nèg klè pè nèg nwè
nèg nwè pa lè wè nèg klè
nèg nwè ké wéy klè
senti i sa roune nèg klè
mè nèg klè ké wéy klè a toujou nèg

sa ki fèt pou nèg vin' blang?
blang té gen chivé pli long?
pou senblé yé nou trapé chivé plat kon fil mang!!!
mandé to fanm...!
mè pou kisa blang lé vin' nwè?
ha... savé ki avan vin' blan yé té ja nèg!

a nou mèm ké nou mèm dépi nânni nânnan...
chinwa soti, kouli soti, indyen soti, blang soti
mèm koté nèg soti

avan yé sotil koté y fika
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Pakira
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Messages: 1750

MessagePosté le: Mer 24 Jan 2007 02:17    Sujet du message: Répondre en citant

SUR UNE CARTE POSTALE

Passe pour chaque coin recoin de France
d'être
un Monument aux Morts

Passe pour l'enfance blanche
de grandir dans leur ombre mémorable
vivant bourrage de crâne
d'une revanche à prendre

Passe pour le crétin d'Allemand
de se promettre d'avoir la peau du Français
et d'en faire
des sauts de lits

Pour le crétin de Français
de se promettre d'avoir la peau de l'Allemand
et d'en faire des sauts de lit

Passe pour tout élan patriotique
à la bière brune
au pernod fils

mais quelle bonne dynamite
fera sauter la nuit
les monuments comme champignons
qui poussent aussi
chez moi


(PIGMENTS)

ET CAETERA

Devant la menace allemande, les
Anciens Combattants Sénégalais
adressent un cablögramme
d'indéfectible attachement.
(Les Journaux.)


Aux Anciens Combattants Sénégalais
aux Futurs Combattants Sénégalais
à tout ce que le Sénégal peut accoucher
de combattants sénégalais futurs anciens
de quoi-je-me-mêle futurs anciens
de mercenaires futurs anciens
de pensionnés
de galonnés
de décorés
de décavés
de grands blessés
de mutilés
de calcinés
de gangrenés
de gueules cassées
de bras coupés
d'intoxiqués
et patati et patata
et caetera futurs anciens

Moi
je leur dis merde
et d'autres choses encore

Moi je leur demande
de remiser les
coupe-coupe
les accès de sadisme
le sentiment
la sensation
de saletés
de malpropretés à faire

Moi je leur demande
de taire le besoin qu'ils ressentent
de piller
de voler
de violer
de souiller à nouveau les bords antiques
du Rhin

Moi je leur demande
de commencer par envahir le Sénégal

Moi je leur demande
de foutre aux "Boches" la paix





(PIGMENTS)

LIMBÉ

Rendez-les moi mes poupées noires
qu'elles dissipent
l'image des catins blêmes
marchands d'amour qui s'en vont viennent
sur le boulevard de mon ennui

Rendez-les moi mes poupées noires
qu'elles dissipent
l'image sempiternelle
l'image hallucinante
des fantoches empilés féssus
dont le vent porte au nez
la misère miséricorde

Donnez-moi l'illusion que je n'aurai plus à contenter
le besoin étale
de miséricordes ronflant
sous l'inconscient dédain du monde

Rendez-les moi mes poupées noires
que je joue avec elles
les jeux naïfs de mon instinct
resté à l'ombre de ses lois
recouvrés mon courage
mon audace
redevenu moi-même
nouveau moi-même
de ce que Hier j'étais
hier
sans complexité
hier
quand est venue l'heure du déracinement

Le sauront-ils jamais cette rancune de mon coeur
A l'oeil de ma méfiance ouvert trop tard
ils ont cambriolé l'espace qui était le mien
la coutume
les jours
la vie
la chanson
le rythme
l'effort
le sentier
l'eau
la case
la terre enfumée grise
la sagesse
les mots
les palabres
les vieux
la cadence
les mains
la mesure
les mains
le piétinement
le sol

Rendez-les moi mes poupées noires
mes poupées noires
poupées noires
noires
noires
(PIGMENTS)
_________________
"tout nèg a nèg

ki nèg nwè ki nèg klè
ki nèg klè ki nèg nwè
tout nèg a nèg

nèg klè pè nèg nwè
nèg nwè pa lè wè nèg klè
nèg nwè ké wéy klè
senti i sa roune nèg klè
mè nèg klè ké wéy klè a toujou nèg

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mèm koté nèg soti

avan yé sotil koté y fika
AFRIKA!!!"

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henrychrystophe
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Inscrit le: 24 Avr 2005
Messages: 1144

MessagePosté le: Mer 24 Jan 2007 07:27    Sujet du message: Répondre en citant

http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?p=98886#98886

la fin du post il ya dans un document pdf une bibliographie des ouvrages disponibles de LG Damas.
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Yedidia
Grioonaute 1


Inscrit le: 28 Juil 2004
Messages: 183

MessagePosté le: Mer 24 Jan 2007 11:11    Sujet du message: Répondre en citant

Pakira a écrit:




Wink
_________________
" Vitam impendere vero "
... si possible!
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Chabine
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Inscrit le: 02 Mar 2005
Messages: 3040

MessagePosté le: Mer 01 Aoû 2007 20:53    Sujet du message: Répondre en citant


Bientôt les vacances, quelques suggestions de topics, à lire, relire ou auxquels contribuer, avant le grand départ Wink

Et une petite contribution, avec ce poème que j'aime beaucoup Smile

Solde


Pour Aimé Césaire



J’ai l’impression d’être ridicule
dans leurs souliers
dans leurs smokings
dans leur plastron
dans leur faux-col
dans leur monocle
dans leur melon

J’ai l’impression d’être ridicule
avec mes orteils qui ne sont pas faits
pour transpirer du matin jusqu’au soir qui déshabille
avec l’emmaillotage qui m’affaiblit les membres
et enlève à mon corps sa beauté de cache-sexe

J’ai l’impression d’être ridicule
avec mon cou en cheminée d’usine
avec ses maux de tête qui cessent
chaque fois que je salue quelqu’un

J’ai l’impression d’être ridicule
dans leurs salons
dans leurs manières
dans leurs courbettes
dans leur multiple besoin de singeries

J’ai l’impression d’être ridicule
avec tout ce qu’il racontent
jusqu’à ce qu’ils vous servent l’après-midi
un peu d’eau chaude
et des gâteaux enrhumés

J’ai l’impression d’être ridicule
avec les théories qu’ils assaisonnent
au goût de leurs besoins
de leurs passions
de leurs instincts ouverts la nuit
en forme de paillasson

J’ai l’impression d’être ridicule
parmi eux complice
parmi eux souteneur
parmi eux égorgeur
les mains effroyablement rouges
du sang de leur ci-vi-li-sa-tion


Léon-Gontran Damas, Pigments
Ed. Présence africaine, 1972

_________________
"Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
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