Trina Saha : 600 Camerounais ont bénéficié de la loterie en 2005
Le vice consul des Etats-Unis au Cameroun reprécise le fonctionnement de la " Dv lottery".
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Qu'est-ce qui a poussé le gouvernement américain à instituer ce système d'immigration sélective qu'est le programme de visa "Diversity immigrant"?
Il y a plusieurs moyens d'entrer aux Etats-Unis. Parmi ceux-ci, on retrouve les gens qui ont leurs parents aux Etats-Unis et qui, le cas échéant, peuvent faire une demande à l'ambassade et s'engager à recevoir les membres de leurs familles. Pour ce qui est de Diversity immigrant, nous avons jugé utile de le mettre sur pied parce que, c'est une façon pour nous d'assurer la diversité de la société américaine. Nous pensons que plus il y a les mélanges de cultures, d'expériences, plus c'est bénéfique pour un pays.
Du fait de l'histoire du pays, la population américaine est elle-même assez composite. Ne craignez-vous pas d'être surpassés à un moment donné?
Non, nous ne le pensons pas. C'est une initiative bien ciblée et contrôlée. Les personnes qui sont sélectionnées pour la loterie doivent avoir un certain niveau de scolarisation. Ils doivent, par exemple, présenter leur baccalauréat ou encore justifier de deux années de travail dans une entreprise. Ce qui les met à l'abri de certains besoins à leur arrivée. Justifier d'un certain niveau de scolarisation permet de se prémunir d'éventuels problèmes d'emplois, étant donné qu'à leur arrivée sur le territoire américain, les bénéficiaires n'auront pas de problèmes de travail.
Sur les 50.000 places prévues, combien de citoyens camerounais ont bénéficié de la Dv lottery 2005?
Ils étaient environ 600 à bénéficier de cette opportunité. Il faut tout de même noter que, au niveau du consulat, nous traitons les demandes de toute la zone Afrique centrale. C'est plus pratique de travailler de cette façon. C'est d'autant plus important qu'il y a des quotas régionaux à respecter pour chaque programme.
Quels sont les avantages que présente la carte verte américaine?
Le bénéficiaire de la carte verte a l'avantage que, dès son arrivée aux Etats-Unis, il n'a pas de problèmes d'intégration, comme cela est souvent le cas pour des personnes qui ne vont que pour une période déterminée. Les bénéficiaires de cette carte ont ainsi l'opportunité de vivre, dès leur arrivée, comme des citoyens américains. La seule ombre à l'horizon est le fait que, si quelqu'un se retrouve pour une raison ou une autre en dehors des Etats-Unis un an d'affilée, il court alors le risque de perdre leur carte verte. Avant pareil déplacement, il doit le signaler aux services compétents.
Après avoir été informé que l'on est sélectionné pour la loterie, peut-on immédiatement avoir un visa?
C'est un processus qui prend quand même quelque temps. Toutefois, il y a une bonne marge de temps pour pouvoir se préparer. Mais ce n'est pas évident de partir après, parce que certaines personnes remplissent les formulaires sans vraiment faire attention. Elles affirment par exemple qu'elles ont certaines qualifications et, au moment de passer par le consulat où elles doivent apporter les preuves, elles ne les ont pas et nous ne pouvons, ni les faire passer, ni leur rembourser les frais pour le traitement du dossier.
Que pensez-vous du rôle d'intermédiaires que jouent certains individus?
Je ne trouve aucun problème particulier à cela. Si dans les cybercafés, les gens acceptent de se mettre à la disposition d'autres, ça ne pose pas de problème. Le seul problème se trouve au niveau des personnes qui, par Internet, prennent contact avec des candidats à la Dv lottery, leur envoient des propositions et leur demandent de l'argent en leur annonçant qu'ils ont été retenus. Il n'y a qu'un seul site qui est celui du département d'Etat. Les autres, c'est simplement de l'arnaque.
Propos recueillis par D.E _________________ La vie est un privilege, elle ne vous doit rien!
Vous lui devez tout, en l'occurence votre vie
De plus en plus de Camerounais se lancent à la recherche de la Green-Card.
Les cybercafés en profitent. Les escrocs aussi.
Cybercafés et autres cabines téléphoniques se spécialisent dans l’orientation des candidats.
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Dans un container installé à l'arrière de la poste centrale de Yaoundé, un ventilateur vrombit. La salle, étroite et mal éclairée, est prise d'assaut par une dizaine de personnes assises, chacune plongée dans ses pensées. Quelques unes ont le regard fixé sur une affiche du site du département d'Etat américain et s'imaginent, probablement, le bonheur qui sera le leur si elles en venaient à être sélectionnées pour la "Dv lottery 2007". Le programme mis sur pied par le gouvernement américain pour permettre la création d’une nouvelle catégorie d’immigrants, appelés " Diversity immigrants " (Dv immigrants). Cette loi permet la mise à disposition annuelle de 50.000 visas de résidents permanents à des personnes nées dans des pays à faible taux d’immigration aux Etats-Unis. Ce programme annuel de Dv permet la délivrance de visas de résident permanent aux personnes sélectionnées.
Cependant, il leur faudra encore attendre le mois de mai prochain pour savoir si oui ou non, ils ont été reçus. Toutefois, dans ce réduit qui sert de quartier général des "démarcheurs", l'air est lourd et trois employés ont le regard fixé sur les écrans de leurs ordinateurs, concentrés qu'ils sont à traiter et à enregistrer les formulaires que leur remettent les demandeurs. "Je suis à ma 10ème demande depuis ce matin. Pour le moment, il n'y a pas encore de bousculade et le travail se fait plutôt bien. C'est à partir du mois de décembre que les gens vont commencer à accourir pour s'inscrire", confie Elodie Etam, employée chez les "démarcheurs" de la poste centrale de Yaoundé, qui avoue elle-même "Tenter [sa] chance chaque année. Je sais qu'un jour, tout va bien se passer."
Ici, tout est organisé pour donner un service rapide aux usagers. Trois machines connectées à Internet et, en permanence, ouvertes sur le site du département d'Etat américain. Des appareils photos numériques et des formulaires imprimés qui n'attendent que l'arrivée de clients. Lesquels n'auront qu'à débourser 2.000 Fcfa pour l'inscription. Selon Christopher Njiemen, gérant de cet espace, "Cela fait de longues années que nous sommes installés ici mais, le service que nous pratiquons le plus est le téléphone international. Nous avons ouvert à la "carte verte" parce que nous nous sommes rendus compte que c'est un créneau qui rapporte. Les gens sont en quelque sorte obligés de recourir à nos services parce que, dans la plupart des cas, ils n'ont pas d'appareils photos. Ce que nous faisons alors, et si le client le souhaite, nous le photographions à 1.000 F cfa.
Une image numérique qu'il peut alors enregistrer dans une disquette qu'il aura achetée et l'exploiter dans un cyber-café. Cela revient au même si non, plus cher même. C'est à chacun de voir." Aux côtés de ces personnes qui agissent localement, d'autres, basées aux Etats-Unis et ailleurs dans le monde, appâtent les demandeurs par courriers électroniques, en promettant de s'occuper du dossier après qu'ils aient reçu U$10 (environ 5.000Fcfa). Toutes conditions auxquelles les futurs immigrants se plient avec plus ou moins de bonheur. "Il y a deux ans, j'ai essayé de jouer à la loterie américaine par le biais du site usgreencardlottery. Ça n'a pas marché et j'ai décidé de le faire ici. Que ce soit ici à la poste, dans un cybercafé ou par les adresses Internet ailleurs, il vaut toujours mieux tenter sa chance", affirme Lucille Atangana, postulante à la Dv-2007.
Serges Ngueffang, infirmier à l'hôpital de district de la Cité Verte, partage cet avis. Cette année, il a pris la résolution de postuler avec toute sa famille. "On a plus de chance ainsi. Les Européens nous ferment déjà leurs portes. Avec cette carte, nous ne sommes pas dans l'illégalité. C'est plus simple comme cela. On ne rêve pas en se disant que tout sera bien. Mais c'est déjà un pas. Si notre dossier est reçu, je vais faire de la prospective et voir comment m'organiser pour que ma femme et mes deux enfants me suivent sans que cela nous pose un problème. Au moins, nous garderons une certaine dignité." Toutefois, l'engouement que suscite la loterie américaine auprès du public camerounais n'est pas apprécié de la même façon par tous. Pour certains, la prolifération des banderoles incitant les populations à devenir "citoyens américains en jouant à la Dv Lottery 2007" est une sorte de "reniement de notre pays. Il est hors de question que dans une nation qui se respecte, ce genre de banderoles soient affichées partout, au centre ville et ailleurs. Il est inadmissible que l'on laisse de pareilles affiches dans toute la ville.
Il y a quand même une fierté à être camerounais!", s'est insurgé le père Cesbrond, lors de son homélie sur la Toussaint dimanche dernier à la paroisse Saint Laurent de Mvolyé à Yaoundé. Institué depuis 1990, le programme de visa " diversity immigrant " adopté par le congrès américain, ne connaît une réelle expansion au Cameroun, que depuis deux ans. Selon Bouba Monglo du service d'information de l'ambassade des Etats-Unis à Yaoundé, "Avant ces deux dernières années, c'était davantage les gens de la zone anglophone du pays qui postulaient. En plus, c'était plus difficile à gérer parce qu'il fallait le faire par la poste. L'avènement de l'Internet a facilité la découverte de ce moyen par les camerounais francophones." Certaines sources affirment d'ailleurs qu'au Cameroun, le nombre de bénéficiaires est celui de 1.500 personnes il y a quelques années.
Dorine Ekwè _________________ La vie est un privilege, elle ne vous doit rien!
Vous lui devez tout, en l'occurence votre vie
Il n’y a aucun mal à rêver d’une vie meilleure. C’est même tout à fait légitime d’aspirer à de bien meilleures conditions d’existence.
D’imaginer un endroit (d’) où l’on pourrait repartir de zéro. Se chercher, se trouver et surtout trouver de quoi nourrir les siens…
Sous nos cieux, recouverts de cette chape de plomb que constituent misère et pauvreté, à l’horizon obstrué par de sombres perspectives, nombreux sont ceux qui, très vite, sombrent dans le désir de partir vers certains de ces pays riches –assez rares reconnaissons le- et qui pratiquent une politique migratoire relativement généreuse.
A cet égard, l’Amérique du Nord et tout particulièrement les Etats-Unis, en dépit de ce que l’on peut penser, exercent une incroyable attraction sur les Africains. Un pays de légende, où tout le monde a sa chance, et où, nous apprend-on, n’importe quel quidam peut réussir…
La proximité géographique ne jouant pas en la faveur de nos aventuriers des temps modernes qui ne peuvent ni tenter de grimper par-dessus des barbelés ou s’embarquer dans des canots de fortune, il ne reste plus qu’une solution: le tirage au sort. Cette grande loterie mondiale, organisée tous les ans par les autorités de Washington, qui leur permet, en plus de peupler les vastes étendues de leur territoire de s’offrir une main d’œuvre bon marché, voire de la chair à canon...
D’ici, on saisit l’attitude très opportuniste de tous ceux qui, de façon légale ou non, interviennent dans le processus de " sélection " quasi-hasardeuse des futurs neveux de l’oncle Sam. A défaut de d’offrir l’eldorado, ils promettent, contre espèces sonnantes et trébuchantes, assistance à ceux qui rêvent de " vivre et travailler " aux Etats-Unis et mieux encore d’en obtenir la nationalité. Oubliant de préciser au passage à ces américains de demain qu’ils perdraient de fait leur nationalité camerounaise. Et il ne se passe pas une semaine sans que des médias, même ceux qui se sont bâti une solide réputation, ne se fassent l’écho de ces leurres. Oubliant que dans les mêmes colonnes, ils décrivent sans état d’âme, l’indigence dans laquelle vivent des millions d’individus.
Tout récemment encore, les inondations survenues dans le Sud-est américain ont révélé aux yeux du monde une plaie que les superproductions hollywoodiennes et des bandes vidéos promotionnelles tentent tant bien que mal de dissimuler. Des images qui n’avaient rien à envier à celles du Niger croulant sous la famine ou du Darfour et ses milliers de réfugiés. La société américaine, en dépit de tout ce qu’elle représente, de la toute magnificence de son économie et de sa toute puissance, n’en reste pas moins une société capitaliste. Une jungle où les plus forts se nourrissent des plus petits.
On est bien loin du rêve, fut-il américain.
Constant R. Sabang _________________ La vie est un privilege, elle ne vous doit rien!
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