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Mémorial sur l'esclavage à Nantes

 
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Nkossi
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Inscrit le: 31 Mar 2005
Messages: 722

MessagePosté le: Mar 01 Nov 2005 12:54    Sujet du message: Mémorial sur l'esclavage à Nantes Répondre en citant

Lu dans la presse

" Mémorial sur l'esclavage à Nantes

Nantes construira à partir de l'automne 2007 un imposant Mémorial à l'abolition de l'esclavage. Conçu par l'artiste polonais Krzysztof Widiczko et l'architecte brésilien Jean Bonder, il sera édifié sur 5900 mètres carrés en bord de Loire, là où s'amarraient les bateaux du commerce triangulaire. Coût annoncé : 6,5 millions d'euros."
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La véritable désaliénation du Noir implique une prise de conscience abrupte des réalités économiques et sociales. F. Fanon
L'ignorance est un danger que tout homme doit éviter. S. NKOUA

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Skank
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Messages: 532

MessagePosté le: Mar 01 Nov 2005 13:03    Sujet du message: Re: Mémorial sur l'esclavage à Nantes Répondre en citant

Nkossi a écrit:
Lu dans la presse

" Mémorial sur l'esclavage à Nantes

Nantes construira à partir de l'automne 2007 un imposant Mémorial à l'abolition de l'esclavage. Conçu par l'artiste polonais Krzysztof Widiczko et l'architecte brésilien Jean Bonder, il sera édifié sur 5900 mètres carrés en bord de Loire, là où s'amarraient les bateaux du commerce triangulaire. Coût annoncé : 6,5 millions d'euros."


Toute initiative dans se sens qui n'associe pas les victimes et qui n'est même pas inspirée par les victimes doit être regardée comme suspecte ...
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Soundjata Kéita
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MessagePosté le: Mar 01 Nov 2005 13:07    Sujet du message: Re: Mémorial sur l'esclavage à Nantes Répondre en citant

skank a écrit:
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Kennedy
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Inscrit le: 14 Mar 2005
Messages: 994
Localisation: T.O

MessagePosté le: Mar 01 Nov 2005 15:01    Sujet du message: Répondre en citant

http://www.nantes.fr/mairie/art_566.asp


Un Mémorial à l’abolition de l’esclavage sur le quai de la Fosse en 2006

Lors du 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage en 1998, le Conseil municipal de Nantes adoptait en juin le principe d’édifier un monument sur le quai de la Fosse. Un comité de pilotage, réunissant élus, experts et citoyens membres du collectif pour la commémoration, dont certains précédemment impliqués dans la manifestation des Anneaux de la Mémoire, était créé pour suivre ce projet.



Depuis 2001, le comité de pilotage s’est réuni régulièrement. Après une longue étape de débats et d’échanges, il a proposé de retenir Krzysztof Wodiczko, né en Pologne en 1943 et installé aux Etats-Unis depuis 1986. K. Wodiczko est un artiste engagé, internationalement connu, dont les réalisations interpellent toujours le public et invitent à une prise de conscience sur les grands drames qui déchirent l'humanité. Depuis 2003, pour affiner son projet, Krzysztof Wodiczko s’est associé à Julian Bonder, architecte qui a consacré l’essentiel de ses travaux à la mémoire.

Le projet initial
Krzysztof Wodiczko et Julian Bonder proposent pour Nantes, sur le quai de la Fosse, point d’accostage des navires du commerce triangulaire qui remontaient de Paimboeuf, non pas un monument, mais un Mémorial conçu comme un cheminement méditatif. Ce cheminement à l’intérieur du quai s’insère entre la passerelle Victor Schoelcher et le pont Anne de Bretagne, avec en regard, de l’autre côté de la Loire, le palais de justice.
Le concept de parcours méditatif a été approuvé par le Conseil municipal d’avril 2003. Après un an de travail et de réflexion, ce projet a été présenté publiquement en juin 2004.




Un projet simplifié fidèle au concept d’origine
L’étude réalisée ensuite par les artistes et les experts mandatés par Nantes Métropole a permis d’évaluer la faisabilité technique et financière du Mémorial. Il est apparu rapidement que la pente douce d’accès au Passage impliquait des contraintes techniques trop importantes, et s’avérait financièrement trop coûteuse.
Krzysztof Wodiczko et Julian Bonder ont donc simplifié le parcours et proposé un projet modifié sans porter atteinte au concept d’origine, à savoir le Passage à l’intérieur du quai.
Compte-tenu de ces difficultés techniques et de la présence de l’angélique des estuaires – espèce protégée –, l’espace commémoratif prévu initialement pour descendre jusqu’à la Loire, à fleur d’eau, occupera dorénavant toute la surface au sol entre la passerelle Victor Schoelcher et le pont Anne de Bretagne.
Pour des raisons de coût également, certains éléments ont été abandonnés tels “les containers” en verre, portant des textes relatifs à l’esclavage, qui avançaient sur la Loire.
De même, la salle d’accueil et d’information a été réduite.

Les prochaines étapes
29 juin 2005
Le programme allégé a été présenté au comité de pilotage.
Octobre 2005
Ce programme revu et son enveloppe financière, ainsi qu’un avenant au contrat des co-auteurs, seront soumis à l’approbation du Conseil municipal.
De son côté, le Conseil communautaire aura à approuver le programme et le lancement de la consultation de maître d’œuvre.
La Ville de Nantes et Nantes Métropole signeront une convention pour la maîtrise d’ouvrage.
Jusqu’en 2007, finalisation du projet
La finalisation du projet par le maître d’œuvre en lien avec les artistes se poursuivra jusqu’à avril 2007, date de la consultation des entreprises, pour un début des travaux en octobre 2007.

Projet artistique, le Mémorial est en effet également un projet urbain et politique. En inscrivant un pan de l’histoire dans le corps de la ville, il permet de poursuivre les aménagements piétonniers sur les berges de Loire dans le cadre des programmes de Nantes Métropole. Dépassant l’histoire nantaise, le Mémorial est porteur d’un message fort de solidarité et de fraternité à l’intention des générations futures.

Descriptif du Mémorial

Simplifié, le projet de Mémorial reste un parcours méditatif en trois séquences. Evocation métaphorique et émotionnelle, le cheminement invite à la méditation. Il offrira une large vision sur le fleuve en direction de la mer avec, en face, la présence forte et symbolique du palais de justice. Relié à ce dernier par la passerelle, le Mémorial affirme l’importance primordiale du respect des droits humains. La descente vers l’eau en constitue l’une des idées majeures.

“L’Espace commémoratif”
De la passerelle Victor Schoelcher jusqu’au pont Anne de Bretagne, l’esplanade comportera l’inscription dans le sol des 3 829 expéditions françaises de la traite. Cet espace est donc plus long et moins concentré que dans le projet initial. Pour Krzysztof Wodiczko, “les plaques sont dispersées comme des fiches que le vent a balayées”.
“Le Passage”
Les concepteurs utilisent les structures existantes qui permettent au visiteur de cheminer à l’intérieur du quai du 19e siècle ( ?) avec ses six poutres de béton le long de la Loire.
A la place de la pente douce, deux entrées – l’une côté passerelle, l’autre côté pont - permettent d’accéder au Passage par des escaliers et ascenseurs pour les personnes à mobilité réduite. Ceux-ci constituent la nouveauté du projet simplifié.
Ainsi, l’entrée du Passage - côté pont Anne de Bretagne - s’effectue par un escalier étroit. Le visiteur “s’enfonce dans le quai”, déambule dans le Passage, rythmé par les plaques de verre sur lesquelles sont inscrits des textes abolitionnistes, pour déboucher ensuite à la lumière où les palées sont à ciel ouvert. Revenu à la surface, il peut prendre la mesure de l’ensemble de l’ouvrage.
Pour des raisons de sécurité, le passage comportera à chaque extrémité une grille. Elles seront fermées le soir.
Eau et lumière, clapotis de l’eau et rumeurs assourdies de la ville… Lieu de recueillement, le passage est un espace sobre, émotionnellement fort. Sorte d’archéologie portuaire remise en scène, il fait renaître les perceptions qui étaient celles des esclaves entravés dans les cales.
Les plaques de verre jouent avec la lumière et les reflets du ciel. Le verre est là pour rappeler que si l’acte d’abolition est radical, il n’en reste pas moins fragile comme le matériau choisi : le visiteur, à la fois dans la ville et isolé de la ville, est invité à s’arrêter devant un pan de l’histoire collective et réfléchir sur sa portée toujours actuelle.
“Le Phare”
Le comité de pilotage avait souhaité dès l’origine qu’un élément vertical fort, repérable, marque la présence du Mémorial.
Krzysztof Wodiczko et Julian Bonder ont utilisé l’ascenseur PMR pour créer cette verticalité qui s’inscrit en rupture du reste de l’ouvrage à la fois horizontal et à demi-caché.
L’espace d’accueil destiné à l’information et aux expositions est situé côté Pont Anne de Bretagne, dans le quai.

Krzysztof Wodiczko, un artiste engagé
Créateur de nombreuses œuvres éphémères, de vidéos, Krzysztof Wodiczko est un artiste engagé qui est intervenu dans les plus grandes villes d’Amérique, d’Europe et d’Asie. Son propos est chaque fois d'interpeller sur ce qui déchire l'humanité : l'Holocauste, la bombe atomique, la guerre, la privation de liberté, l'asservissement de populations…. De nombreux ouvrages lui sont consacrés et ses travaux sont repris sur de multiples sites internet.
Né à Varsovie en 1943, il est diplômé des Beaux-Arts de la capitale polonaise, et jusqu’en 1972, il a effectué différents travaux en Pologne. Après de nombreux voyages au Canada et aux Etats-Unis, il s’établit définitivement à New York en 1986. Depuis 1992, il enseigne à Cambridge, au MIT (Massachussets Institute of Technology) où il est directeur du département d’arts visuels.
Krzysztof Wodiczko est depuis 1980 mondialement connu pour ses Projections sur les façades de bâtiments publics ou de monuments d’images géantes qui invitent à une prise de conscience contradictoire de notre histoire. Plus de 70 créations ont été réalisées à ce jour. Parmi les plus connues : The Hirshhorn Museum, Washington DC (1988) ; A-bomb Dome, Hiroshima (1999) ; El Centro Cultural, Tijuana, Mexico (2001).
Il a également créé des objets pour des interventions dans l’espace public tels “Homeless vehicle” (1988-89) et “Poliscar” (1991) pour les sans-abri ; “Alien Staff” (Bâton d’étranger - 1992), “Porte-Parole” (1994), “Aegis” (2000), et dans la lignée du “Porte-Parole” : “Dis-Armor” (1999).
Krzysztof Wodiczko a participé à de nombreuses manifestations artistiques internationales telles que les Biennales de Paris, Sidney, Kwang-ju, Venise, Lyon, Dokumenta de Kassel… ou la Triennale de Yokohama.
On peut trouver nombre de ses œuvres dans des collections publiques : la Fondation Tapies, Barcelone ; le Musée Sztuki, Lodz ; la National Gallery of Canada, Ottawa ; le Israel Museum, Jerusalem ; le Musée national d’art moderne, Kyoto ; le Jewish Museum et le New Museum of Contemporary Art, New-York…
Dans le cadre d’une commande publique produite par le FRAC des Pays de la Loire en 1994, Krzysztof Wodiczko a travaillé une version de ses Porte-paroles sur le site ardoisier de Trélazé en Maine-et-Loire. Ce Porte-parole faisait écho à la migration des différentes communautés en Europe.
Wodiczko s'intéresse depuis longtemps aux problématiques de l'esclavage. Il a effectué plusieurs séjours à Nantes pour rencontrer les élus, les associations, les architectes et les services concernés. Pour le projet de mémorial, il a choisi la collaboration de Julian Bonder, architecte né en Argentine.
A noter qu’ensemble ils figurent parmi les quatre équipes finalistes pour la consultation concernant le mémorial du 11 septembre de Hoboken, New-Jersey.

Lors du 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage en 1998, le Conseil municipal de Nantes adoptait en juin le principe d’édifier un monument sur le quai de la Fosse. Un comité de pilotage, réunissant élus, experts et citoyens membres du collectif pour la commémoration, dont certains précédemment impliqués dans la manifestation des Anneaux de la Mémoire, était créé pour suivre ce projet.

“On édifie les mémoriaux pour garder la mémoire du passé et mettre en garde pour l’avenir. Le mot “mémorial” s’apparente au mot “monument”, soit quelque chose qui entretient la mémoire et sert d’avertissement pour les générations futures.”
Krzysztof Wodiczko

Julian Bonder, architecte et enseignant
Né à Buenos-Aires, installé aux Etats-Unis depuis 1995, Julian Bonder est diplômé d’architecture de l’université de Buenos Aires et de l’université d’Harvard. Après avoir enseigné à l’université de Buenos-Aires (architecture, design urbain, théorie du design), il est devenu professeur associé à l’école d’architecture de l’université Roger Williams de Rhode Island, professeur intervenant à l’université de Syracuse, et depuis 2003, membre de l’université du Nebraska.
Tout au long de sa carrière, outre ses réalisations architecturales et ses recherches sur différents types de constructions (projets urbains, immeubles d’habitation et de bureaux, concours institutionnels…), Julian Bonder a consacré une part importante de son travail au lien entre l’architecture et la mémoire.
Il participe ainsi de manière importante à nombre de conférences internationales sur les thèmes de la mémoire, du traumatisme et de l’espace public, thèmes développés aussi bien dans ses projets, ses réalisations architecturales que dans ses écrits. Axé au départ sur la mémoire de l’Holocauste, son travail est élargi aujourd’hui à d’autres problématiques telles que la guerre civile, les droits de l’homme et l’esclavage, ou les attentats du “11 septembre”.
Parmi ses travaux :
- La réalisation du Centre d’études sur l’Holocauste à l’université de Clark de Worcester (en association avec David Honn) en 1999 qui a été couronné de nombreux prix,
- Le mémorial pour l’AMIA (Association mutuelle israélite argentine) à Buenos-Aires détruit par une attaque terroriste en 1994,
- L’étude d’un musée de l’Holocauste à Buenos-Aires (avec Michael Berenbaum),

- Différents projets pour des concours de mémoriaux : Martin Luther King, la Guerre Civile (Massachussets)…
Etc.
Avec Krzysztof Wodiczko, il forme l’une des quatre équipes finalistes pour le projet de mémorial du 11 septembre de Hoboken dans le New-Jersey.

Membre de jurys, maître de conférence, intervenant dans plusieurs universités et institutions professionnelles et académiques, il a également participé à de nombreuses expositions, et son travail fait l’objet de diverses publications. Il est notamment l’auteur d’un essai “A House for an Uninhabitable Memory” paru dans “Impossible Images : Contemporary Art after the Holocaust” (New-York University Press 2003).

Composition du comité de pilotage
Elus
Yannick GUIN, adjoint à la Culture
Jean-Marie POUSSEUR, adjoint à l’Urbanisme
Yvon CHOTARD, adjoint aux Coopérations internationales
Patrick RIMBERT, adjoint aux grands Projets urbains
Jean-Louis JOSSIC, conseiller municipal
Octave CESTOR, conseiller municipal
Services de la Ville et de Nantes métropole
Direction générale à la Culture Ville de Nantes
Mission Centre ville et de Nantes métropole
Direction de la Communication Ville de Nantes
Personnes ès-qualité
Bernard et Clotilde BARTO, architectes
Joël BARREAU, Collectif 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage
Michel CANTAL DUPART, architecte
Michel COCOTIER, Collectif 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage
Norbert DUFFORT, conseiller aux arts plastiques à la DRAC
Yannick LE MAREC, historien
Alain TOURNAIRE directeur du service départemental de l’architecture, architecte des Bâtiments de France.
Christian VAGAO, Collectif 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage
Associations
Collectif 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage (Mémoire de l’Outre Mer, Métisse à Nantes, Nantes Talensac…).



Renseignements : 02 40 41 59 09.
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lolo01
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Messages: 565

MessagePosté le: Mar 01 Nov 2005 15:52    Sujet du message: Répondre en citant

Dans la course à l'info, les sites afro comme par exemple Grioo ont toujours un jour de retard par rapport à leurs fréquentateurs. Curieux positionnement ?
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Nkossi
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Messages: 722

MessagePosté le: Mer 02 Nov 2005 19:20    Sujet du message: Re: Mémorial sur l'esclavage à Nantes Répondre en citant

skank a écrit:

Toute initiative dans se sens qui n'associe pas les victimes et qui n'est même pas inspirée par les victimes doit être regardée comme suspecte ...


Une initiative de la part des victimes à Bordeaux...

À quand un Mémorial de la traite des noirs à Bordeaux ?

“Nous ne concevons pas notre travail dans une optique de diabolisation ou de victimisation, mais comme un travail serein de vérité” explique avec calme Karfa Diallo membre fondateur et cheville ouvrière de l’association bordelaise DiverCités. Depuis1996, cette association a fait de la création d’un mémorial de l’esclavage à Bordeaux l’axe essentiel de son action dans une ville où, de 1672 à 1826, quelque cinq cents navires du cru déportèrent pas moins de150 000 Noirs d’Afrique vers les Antilles.

Passé négrier

La reconnaissance par la cité girondine de sa participation à la traite des Noirs ne va pas de soi. Bordeaux n’est pas Nantes. Pourtant les traces de ce passé sont visibles sur les frontons de la riche architecture du XVIIIe siècle, à l’intérieur de quelques prestigieux bâtiments, sur les plaques des rues ou à travers cet objet devenu touristique et vendu par l’Office du tourisme : le mascaron à tête de Noir.
Certes, historiens et spécialistes débattent encore de l’impact financier de la traite sur la fortune bordelaise. Si, pour certains, le commerce triangulaire n’aurait eu qu’une incidence faible dans l’enrichissement de Bordeaux, bien loin derrière les revenus tirés des vignobles et du commerce en droiture directe avec les Antilles, pour d’autres, comme Eric Saugera, le commerce de la traite aurait paradoxalement eu des conséquences négatives sur le développement de la ville et de sa région. Dans un récent livre, Danielle Pétrissans-Cavaillès montre au contraire les retombées de l’activité négrière sur le développement économique, social urbain et culturel de la ville. Elle insiste sur la difficulté à démêler la part qui revient à la traite tant les interpénétrations des différents acteurs de la vie économique bordelaises - armateurs, négociants, agriculteurs, artisans, financiers… - étaient, économiquement et matrimonialement, étroites. Avec 11,4 % du commerce national de la traite, loin derrière Nantes (plus de 41 %) la capitale girondine avec La Rochelle, le Havre, Amsterdam ou Bristol a été un maillon du commerce de la traite qui, sur trois siècles, se solda par douze millions d’enfants, de femmes et d’hommes arrachés à la terre africaine. Trois longs siècles souvent absent des manuels scolaires et de la mémoire nationale et, pour Karfa Diallo, “de la mémoire collective de l’humanité”.

Mutisme et tergiversations municipales

Si certaines villes portuaires reconnaissent ce passé, Bordeaux rechigne. Après le “mépris souverain” de l’ère Chaban, une fin de non recevoir caractérisa l’attitude du premier mandat municipal de l’équipe Juppé. En juin 2001 les choses semblent changer. Fort de sa réélection et, selon Karfa Diallo, contraint par l’introduction de cette question dans la campagne électorale par la liste “Couleurs bordelaises”, Alain Juppé décide de recevoir les animateurs de l’association.
Le premier magistrat de la ville aurait alors accepté le principe d’une reconnaissance du rôle de Bordeaux dans la traite des Noirs. Pourtant, depuis rien n’a bougé. Les quatre revendications avancées par DiversCités demeurent insatisfaites : apposition de panneaux explicatifs au côté des plaques des rues portant le nom de personnalités de la ville ayant eu affaire, de près ou de loin, au commerce de la traite ; édition par l’Office du tourisme d’un guide de la traite ; création d’un comité de pilotage pour l’établissement d’un projet global de reconnaissance et enfin ouverture d’un lieu d’information et de documentation sur la traite.
Si Alain Juppé aurait accepté l’idée de la création d’un comité de pilotage, en revanche, il se serait opposé à l’ajout de plaques explicatives préférant baptiser “à la sauvette et de manière quasi secrète”, selon Karfa Diallo, des rues du nom de résistants noirs et de militants abolitionnistes. Pour les animateurs de l’association, il s’agirait là d’une façon de se débarrasser de cette mémoire encombrante.

Du mémorial de la traite à un centre régional de l’histoire de l’immigration

Si l’action de DiversCités trouve difficilement un écho auprès des services municipaux bordelais, elle a en revanche le soutien des communes voisines de Lormont et de Cenon et vient de bénéficier du label Unesco dans le cadre du projet “La route de l’esclave”. Sur le terrain, l’association multiplie les interventions auprès des jeunes générations dans les écoles et les collèges de la région.
Tous les ans depuis 1996, entre mai et juin, l’association organise le “Mémorial de la traite” pour sensibiliser le public bordelais et inciter la municipalité à prendre en compte les attentes de ses administrés. En 2004, célébrant le bicentenaire de l’indépendance d’Haïti, la manifestation se clôturait par la traditionnelle marche qui réunit quelque deux cents personnes depuis la riche Place de la Bourse jusqu’aux quais pour finir par une cérémonie au pied du navire Le Colberten référence symbolique au Code Noir du ministre de Louis XIV promulgué en 1685. Association modeste, dotées de faibles moyens financiers, DiversCités compte cent cinquante adhérents et vient de s’installer dans un petit local ou des permanences sont ouvertes pour aider les personnes rencontrant des difficultés administratives du fait de leurs origines.

La huitième édition du Mémorial aura lieu du 15 au 18 juin prochain avec pour thème cette année “Les Femmes et l’esclavage”. À l’occasion de cette manifestation, l’association envisage de mettre sur pied un comité de parrainage d’une vingtaine de personnalités et un comité de pilotage constitué de représentants d’associations et de personnalités.

À partir du livre de l’historienne Danielle Pétrissans-Cavaillès, l’association travaille à l’édition d’un guide du Bordeaux négrier et prépare un circuit pédestre permettant, aux Bordelais et aux touristes, de revisiter le passé négrier de la ville. DiversCités souhaiterait contribuer à l’ouverture d’un lieu de mémoire, un centre régional sur la mémoire de l’immigration, dont l’actualité, selon Karfa Diallo, vient d’être renforcée par la création à Paris de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration. En 2004, cet ambitieux projet s’est trouvé consolidé par la collaboration d’une étudiante en architecture, Antonine Lagourgue, dont le projet de fin d’études porte sur un “espace pour la mémoire de la traite des Noirs à Bordeaux”. Espace, qui, dans le cadre de la rénovation urbaine, pourrait voir le jour du côté des bassins à flot et du pont Lucien Faure. Tel est du moins le vœu de ses initiateurs. Antonine Lagourgue présentera son projet le 30 mars à l’Ecole d’Architecture de Paris.

“Le statut de victime ne sert à rien”

L’enjeu de ce travail n’est pas d’instruire un procès contre la ville de Montaigne et de Montesquieu mais de construire une communauté de destin entre citoyens nationaux d’une part, entre la France et l’Afrique d’autre part. Point de devoir de mémoire pour flatter la pose victimiste des uns et battre la coulpe des autres mais un travail de connaissances et de reconnaissance pour tenter de dire la vérité, de dépassionner les débats et de construire des projets communs.
Telle est du moins la démarche, sereine et constructive, de cet élégant berbéro-sénagalais, portant chapeau noir et écharpe rouge, arrivé en France à l’âge de vingt-trois ans pour des études de droit. Karfa Diallo a commencé à militer au Sénégal où son “intérêt” pour la question de la traite est né avec la découverte que son patronyme est un nom d’esclave. Son travail contre l’amnésie s’est poursuivi à Bordeaux.
Forte de ces principes, DiversCité ne cherche pas à opposer les mémoires des victimes (Juifs contre Noirs, Arabes contre Juifs…) ou à “diaboliser les Blancs” en enfermant certains de ses concitoyens dans un statut de victimes ou d’éternels colonisés de père en fils.

“Le statut de victime ne sert à rien, il est handicapant” dit Karfa Diallo. “Ce qui importe est de pouvoir se mettre à la place de l’autre et savoir que cela a correspondu à une époque”. Karfa Diallo invite à ne pas simplifier la question de l’esclavage, le réduisant à une opposition manichéenne entre Blancs et Noirs (oubliant opportunément cet autre sujet tabou que sont les traites négrières musulmanes et interafricaines), mais à y voir une forme particulière et monstrueuse de la barbarie humaine.
De même, Karfa Diallo se plait à briser les réductions victimistes en insistant sur le rôle des résistants noirs d’Haïti dans la reconnaissance du caractère universel des droits de l’homme ou sur les actes de résistance des esclaves noirs, leurs révoltes - le marronnage - et leurs combats pour l’abolition. L’objectif est double : ne pas étouffer une fois de plus la voix des victimes par une amnésie dangereuse ou des représentations caricaturales et donner une cohérence d’ensemble aux actions contre les discriminations et à celles menées en faveur de l’intégration et d’un travail de connaissance mémorielle.
Mustapha Harzoune
http://www.alterites.com/cache/center_initiative/id_1027.php


L'adresse de l'association : http://www.diverscites.fr.st/
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owambo
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Messages: 208

MessagePosté le: Mer 02 Nov 2005 21:36    Sujet du message: Re: Mémorial sur l'esclavage à Nantes Répondre en citant

Nkossi a écrit:
Lu dans la presse

" Mémorial sur l'esclavage à Nantes

Nantes construira à partir de l'automne 2007 un imposant Mémorial à l'abolition de l'esclavage. Conçu par [b]l'artiste polonais Krzysztof Widiczko et l'architecte brésilien Jean Bonder, il sera édifié sur 5900 mètres carrés en bord de Loire, là où s'amarraient les bateaux du commerce triangulaire. Coût annoncé : 6,5 millions d'euros."[/b]


encore un projet fait SANS NOTRE PARTICIPATION. Comme Live Aid...On nous demande pas notre avis.
ne pouvait on confier cela à un artiste issus des communuaté concernées?? il y a de nombreux artristes dans la communauté qui auraient pu exprimer la vision des Noirs. j'espere que l'artiste ne va pa encore nous donner une VISION EUROCENTRISTE.
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