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finkielkraut : les neo reacs

 
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kilowatt
Grioonaute


Inscrit le: 09 Mai 2005
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MessagePosté le: Jeu 01 Déc 2005 13:37    Sujet du message: finkielkraut : les neo reacs Répondre en citant

http://www.nouvelobs.com/dossiers/p2143/index.html

les neo reacs


Citation:
Au-delà de « l'affaire Finkielkraut »

Les néoréacs

Après des décennies de domination progressiste, ils sont les intellos d'une droite nouvelle qui, au nom d'un parler vrai sur les banlieues et la « haine de l'Occident », cautionne les dérives de l'actuelle majorité, au risque d'aggraver les fractures de la société française

Différents, disparates, discordants parfois, ils n'ont rien d'un groupe constitué. Tout n'est pas faux dans leurs raisonnements : ils font partie du débat démocratique. On ne doit pas les disqualifier. Mais, pour la clarté du débat, on doit les qualifier : ils sont les intellos d'une droite nouvelle que le 11-Septembre, la dissémination terroriste, la montée de l'islamisme et la faiblesse culturelle de la gauche coalisent peu à peu. Après des décennies de domination progressiste, ils veulent écrire le nouveau logiciel que leur inspirent le terrorisme, l'insécurité, les violences urbaines et surtout le «choc des civilisations» diagnostiqué par Samuel Huntington. Ils sont les néoréacs.
Alain Finkielkraut, bien sûr, est le plus visible, le plus fiévreux et sans doute le plus talentueux d'entre eux. L'entretien qu'il a donné à « Haaretz » (voir encadré) est le dernier en date de ses exploits rhétoriques. Qu'y lit-on ? D'abord des propos un peu ridicules : qu'il serait interdit, en France, de dire certaines choses, sous peine de prison par exemple, ou qu'il y a beaucoup de Noirs en équipe de France de football, et que cela fait rire en Europe (!). Ensuite - plus sérieux - que les auteurs des violences urbaines de ces dernières semaines sont des Noirs et des Arabes et qu'ils haïssent assez la France pour se livrer à un «pogrom antirépublicain». Et donc - thèse centrale - qu'une minorité ethnique manifestement impossible à intégrer s'est déchaînée contre les symboles de la République par l'effet d'une haine de l'Occident mondialement répandue. Le chômage français ? La discrimination ? Les ghettos urbains ? Des excuses avancées par les bien-pensants, des élucubrations de sociologues masos, des angélismes diffusés par la presse de gauche... Voilà ce qu'il était soi-disant interdit de dire. Mais qui est dit, même si Alain Finkielkraut est ensuite revenu en arrière sur les phrases les plus controversés, tout en «assumant» ses idées...
Sans aucune coordination, bien sûr, mais dans une étonnante simultanéité, une série de mots et de gestes révèlent une convergence. Nicolas Sarkozy avait ouvert le bal en parlant à propos des cités de «racaille » et de «nettoyage au Kärcher», un « parler vrai » musclé qu'il continue de revendiquer hautement. De Moscou, interviewée sur la chaîne NTS, Hélène Carrère d'Encausse, spécialiste de la Russie, est passée tout à coup de l'Académie française au Bar des Sports en expliquant que si les enfants africains sont dans la rue, c'est parce que «beaucoup de ces Africains sont polygames», réflexion déjà formulée par Bernard Accoyer, président du groupe UMP à l'Assemblée (la polygamie est un vrai problème, mais elle n'est pas la clé principale des émeutes). Et notre académicienne de jouer, elle aussi, les martyrs du « politiquement correct » en affirmant que nous avons des lois «qui auraient pu être imaginées par Staline», aux termes desquelles «vous allez en prison si vous dites qu'il y a cinq juifs ou dix Noirs à la télévision».«Les gens, ajoute-t-elle, ne peuvent pas exprimer leur opinion sur les groupes ethniques, sur la Seconde Guerre mondiale ou sur beaucoup d'autres choses.» Comme le remarque Philippe Val dans « Charlie », étrange référence au négationnisme. Passons, et précisons que notre académicienne est toujours en liberté. Jacques Myard, député proche de Charles Pasqua, demande pour sa part la création de « bataillons disciplinaires » pour mettre au pas « ces jeunes Français malgré eux »...
André Glucksmann impute lui aussi au «nihilisme» et à la haine pure les émeutes de banlieue, défend le vocable «racaille» et qualifie de «Trissotins moralisateurs» ceux qui répugnent à employer ce vocabulaire. Là encore cette haine existe, et les incendiaires ne méritent aucune excuse. Mais le rôle des intellectuels consistet-il à simplifier jusqu'au slogan - répondraient-ils à d'autres slogans - l'analyse d'un phénomène tout de même un peu plus complexe, où les facteurs culturels et sociaux se mélangent ? Dérive du clerc devenant polémiste. André Glucksmann est l'un des animateurs du groupe de l'Oratoire, active escouade d'intellos formés autour du soutien à la guerre américaine en Irak.
Les relais politiques ont vite suivi. Alain Finkielkraut se croit audacieux quand il explique qu'il y eut naguère un aspect positif dans la colonisation. Cette opinion est tellement marginale, hérétique, qu'elle figure... dans une loi récemment votée par l'Assemblée nationale et fort heureusement contestée par la gauche. L'Assemblée, encore elle, vient de recevoir sur son bureau une proposition de loi des députés Daniel Mach et Jean-Paul Garraud créant le délit «d'atteinte à la dignité de la France et de l'Etat» et de «détournement du drapeau national». Là encore, on peut à juste titre s'indigner des paroles contenues dans certains raps. Mais une telle incrimination, chacun le voit bien, aboutirait à une restriction inédite de la liberté d'expression. Georges Brassens, Louis Aragon, Boris Vian ou Serge Gainsbourg bientôt hors la loi ? Le même Garraud, député de la droite classique, récidive en demandant qu'on retire la nationalité française aux délinquants de fraîche naturalisation. La dernière fois qu'on a pris cette mesure, c'était sous Vichy...
Ces personnages sont disparates, mais ils finissent par se ressembler. D'abord dans la méthode : ils adoptent toujours la position de l'homme de vérité qu'on réprime, du solitaire incompris dont on étouffe la voix. L'adversaire proteste ? Il réfute ? Il répond que l'analyse est sommaire, que les causes sociales des émeutes sont patentes même si les différences culturelles compliquent l'affaire, que la DST elle-même a écarté toute manoeuvre des religieux, que l'origine raciale des délinquants ne saurait, tout de même, expliquer en premier lieu leur comportement, à moins de croire à une nature intrinsèquement violente des Arabes et des Noirs ? Aussitôt il est catalogué flic du politiquement correct. Tactique couronnée de succès : tous ces propos ont eu un écho national, mais nulle procédure, nulle censure évidemment, n'est venue bâillonner les imprécateurs. Martyrs imaginaires... Car l'interprétation ethnique des émeutes n'a rien d'une audace intellectuelle. Bien au contraire, c'est l'opinion de la grande majorité des Français. Les néoréacs prétendent briser un tabou. Point du tout ! Ils énoncent le plus plat des lieux communs dans une France qui impute naturellement à l'immigration les débordements récents.
Alain Finkielkraut incarne à la perfection cette double posture. Il y a, en fait, Alain et Finkielkraut. Alain est un philosophe subtil et érudit, qui publie des livres intelligents et bien écrits sur les modernes, sur Charles Péguy, sur la culture de masse ou sur Emmanuel Levinas. Finkielkraut, celui que l'on voit à la télé, est un quidam qui vitupère la nouveauté, qui pense que tout fout le camp, qu'il n'y a plus de respect et qu'un coup de pied aux fesses ne ferait pas de mal à la jeunesse. Toutes choses dont on peut discuter, d'ailleurs, mais qu'on peut difficilement élever au rang de pensée politique profonde. Etrange dédoublement, où l'on passe sans transition du café philo au café du commerce. On croit que Finkielkraut est le penseur de la technique, de la modernité, de la République. Il est surtout le Noël Roquevert de la pensée, ronchon, grognon et péremptoire. Il dit tout haut ce que la droite pense tout bas. Il est le philosophe... de l'UMP.
Les néoréacs se récrieront, parleront d'un amalgame honteux, d'un procès en sorcellerie. Toujours la pose du martyr... Alors il faut aller plus loin dans la définition, mieux les qualifier. Quatre caractéristiques les réunissent.

1 Pour eux, nous sommes en guerre. Une guerre déclarée le 11 septembre 2001, point de départ d'un mouvement mondial d'agression contre l'Occident, ses valeurs, sa civilisation et dont le terrorisme d'Al-Qaida n'est que la pointe extrême. On en retrouve la manifestation partout, d'Irak en Tchétchénie, de Palestine en Thaïlande. Prend corps l'image d'un Occident assiégé par les nouveaux barbares, qui ravagent sa périphérie mais frappent aussi au coeur de ses métropoles : New York, Londres et Madrid. Jusque-là rien de scandaleux, même si la notion de guerre mondiale reste très contestable s'agissant du phénomène terroriste (la dernière guerre mondiale a fait 20 millions de morts : ce n'est pas tout à fait la même chose). Mais on va plus loin.

2 Dans cette guerre, il y a une cinquième colonne. Une certaine extrême-gauche se lie à l'islamisme et devient le vecteur d'une nouvelle judéophobie à oripeaux progressistes, qu'on retrouve chez José Bové comme dans les résolutions proposées à la conférence de Durban. Un courant antiaméricain, qu'on voit à gauche et à l'extrême gauche, mais aussi dans les postures néogaullistes d'un Dominique de Villepin ou bien dans le pacifisme d'un Gerhard Schröder, affaiblit l'Occident. Une frange violente, antirépublicaine et antisémite des populations immigrées qui campent autour des villes occidentales sert d'armée de réserve aux émeutes urbaines et de vivier de recrutement pour les groupes terroristes.

3 Il y a enfin, dans ce combat planétaire, des « idiots utiles » : les hommes de gauche bien sûr, accusés de cécité, d'angélisme et d'inertie. Indécrottables dans leur rousseauisme, ils refusent de voir le mal, de percevoir la haine, d'admettre le retour de la bête immonde, le «troisième totalitarisme». Toute à ses idées de paix par le droit et de multilatéralisme à l'eau de rose, la gauche ne cesse d'entraver l'effort de résistance dirigé par une administration américaine certes un peu fruste mais ô combien précieuse par sa fermeté. Incapable de comprendre qu'elle a affaire à une entreprise de subversion générale des valeurs judéo-chrétiennes, elle fait droit, par respect des autres cultures, à toutes sortes de revendications mémorielles et différentialistes qui ne font qu'affaiblir l'Occident en l'engluant dans un sentiment de culpabilité permanent. Aveugle devant la situation dangereuse créée par une immigration incontrôlée, la gauche continue enfin à se concentrer sur l'inégalité sociale alors que l'intégration ne se fait pas et que la « culture de l'excuse » laisse la délinquance et la subversion prendre le contrôle de cités désormais peuplées non de victimes mais d'ennemis.

4 Ces « idiots utiles » ne sont que la manifestation d'un syndrome plus large : la fin du progrès et la dissolution des valeurs - républicaines, occidentales, judéo-chrétiennes, c'est selon. La liberté qui prévaut dans la démocratie finit par la ronger de l'intérieur. Les croyances s'effacent, les institutions s'effritent, une douce anarchie consommatrice et médiatique, shootée à la culture de masse, amollit la société et abaisse les défenses morales de l'Occident. La démocratie est un lieu vide, sans foi ni règle. Nous sommes en décadence.
Ami progressiste, lecteur de gauche, démocrate tolérant, avouez-le, en lisant ces paragraphes, vous vous dites que tout là-dedans n'est pas faux, que dans cette vision du monde il y a une bonne part de vérité. C'est toute la question. Au-delà de leurs différences (un Glucksmann dénonce la Russie en Tchétchénie, un Finkielkraut n'approuve pas la guerre d'Irak, etc.), les néoréacs professent une pensée cohérente, solide. Une pensée qui prend en compte le danger du monde, que la gauche, reconnaissons-le, ne mesure pas toujours. Comme les néoconservateurs aux Etats-Unis, les néoréacs préparent les esprits à des politiques nouvelles, bien plus dures et audacieuses que le gaullo-centrisme d'un Chirac ou d'un Villepin. Nicolas Sarkozy vient de ressortir la « loi anticasseurs » : prémices de la suite. Les néoréacs sont moins des intellectuels que des combattants, moins des analystes que des propagandistes. Pour les réfuter, il faudrait expliquer que le terrorisme, aussi meurtrier soit-il, pose des problèmes fort différents des menaces guerrières d'antan et qu'une action combinée, policière, politique et sociale peut seule en venir à bout, plutôt qu'un enrôlement sous la bannière martiale de George Bush. Il faudrait montrer que les banlieues, aussi travaillées qu'elles soient par l'islamisme, se révoltent surtout pour des raisons intérieures, qu'elles demandent l'intégration à la République et non sa disparition, qu'elles sont lieu d'injustice et de discrimination plus que de haine. Il faudrait rappeler que la répression s'opère là-bas sans faiblesse et que ce n'est pas Finkielkraut et Carrère d'Encausse qu'on met en prison, mais des centaines d'Arabes et de Noirs, certes coupables, mais envers qui la faiblesse irénique des progressistes et la culture de l'excuse ne s'exercent que fort peu. Il faudrait montrer que la fermeté sans faille à l'égard de l'islamisme doit se doubler d'une tolérance républicaine et d'un dialogue franc avec l'islam, et qu'il est de bonne politique, vis-à-vis des minorités, de reconnaître les blessures mémorielles et les humiliations. Il faudrait, en un mot, dessiner les contours d'une politique plus complexe, plus moderne, qui joue sur des leviers sociaux, culturels, politiques, autant que répressifs et dénonciateurs. Bref, il faudrait être sans ambages - on ose à peine l'écrire - nuancé et progressiste. Horreur !

Laurent Joffrin

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kilowatt
Grioonaute


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MessagePosté le: Jeu 01 Déc 2005 13:38    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Le philosophe et ses doubles

Ni raciste ni colonialiste, Finkielkraut ? Evidemment. Mais pourquoi cet intellectuel aux aspirations prophétiques laisse-t-il si souvent parler en lui cet autre qu'il ne reconnaît pas ?

C'est ainsi que commencent les grands procès, à l'âge du tribunal médiatique. On quitte sa maison de Bourg-la-Reine pour retrouver deux journalistes près du jardin du Luxembourg. On passe une heure et demie, le temps d'un match de foot, à les haranguer sur la crise des banlieues. On pourfend la complaisance, on dénonce la compassion, on traque la francophobie... On creuse sa tombe avec ses mots. Quand il ressort du Rostand, son café fétiche, jeudi 10 novembre, Alain Finkielkraut est content de lui. Le lendemain, les journalistes lui demandent une photo pour la une du supplément week-end de « Haaretz », le journal des élites progressistes israéliennes. Il est flatté. Naïf Finkie. L'article sort le 18 novembre, agrémenté de commentaires assassins sur des propos «d'autant plus notables qu'ils ne viennent pas d'un membre du Front national». Le 23, « le Monde » publie un condensé de l'interview. Se dessine un imprécateur grotesque, se répandant en propos racistes, défendant la colonisation qui prétendait «civiliser les sauvages», fustigeant la «haine de la France» d'émeutiers «noirs et arabes» lancés dans une révolte «à caractère ethnico-religieux». Le philosophe travesti en monstre.
Sic transit la gloire de Finkielkraut. Tant de lectures, d'écriture, tant de mots... Tout ça pour finir dans des considérations oiseuses sur l'équipe de France «black-black-black». Trivialité du propos - une évocation du sourire de son père, plaidet-il, immigré polonais qui se réjouissait du nombre de métèques chez les Bleus de l'ère Kopa... S'expliquer là-dessus ? Il en est là. Défaite de sa pensée. «Je ne me reconnais pas dans ce personnage», dit-il ensuite - comme Jospin jurait que ses commentaires sur Chirac ne lui ressemblaient pas. De fait, le philosophe Finkielkraut - celui des livres ou des propos réfléchis - n'est ni raciste ni colonialiste. Il admire Aimé Césaire. Evoque dans son dernier ouvrage, « Nous autres, modernes », le poète antillais, chantre de la reconquête culturelle qui précéda la décolonisation. Il abhorre le racisme anti-Noirs, «le pire de tous, tant il porte un mépris pour des hommes jugés irrémédiablement inférieurs». Et son amour de la France n'est pas ethnique, mais culturel et nostalgique. «Même si ce pays se comporte mal, il faut être fier d'entrer dans la patrie de Molière et de Marivaux. Si je fustige le parler banlieue, c'est qu'il empêche les enfants d'immigrés de nous rejoindre dans la langue française.»
Mais le Finkielkraut de la passion a trahi ce Finkielkraut de la raison. Pour une bonne partie de la gauche, son cas est réglé. «Je porte la lettre écarlate, le R de racisme.» Il se sent un personnage de son ami Kundera, un accusé public. Il est Coleman Silk, le héros de « la Tache » de Philip Roth, cet universitaire chassé de l'université pour une blague vaseuse. Il en rit. Il en a aussi pleuré. Le 23 novembre, il sort de La Chaîne parlementaire, après un nouveau débat sur les banlieues - son pain quotidien. « Le Monde » vient de sortir. Il ouvre le journal. Et s'effondre. «Je suis foutu», murmuret-il. Il pense à son cours de polytechnique. A son émission de France-Culture. A sa vie...
Depuis, il va mieux : il est en colère. «Il n'y a pas d'affaire Finkielkraut, mais une affaire médiatique. «Le Monde» a repris des citations sans même m'appeler pour vérifier mes positions.» La faute à la presse. A la futilité des temps. «On me cloue au pilori. Mais quand Mathieu Kassovitz soutient les émeutiers et explique que les banlieusards souffrent à l'instar des Palestiniens, on le cite avec respect. Et quand «les Guignols de l'info» présentent Sarkozy comme un raciste vomissant les Noirs et les Arabes, personne ne réagit!» Sans doute. Mais Finkielkraut n'est pas un saltimbanque. C'est un philosophe. Paladin de deux causes estimables : la défense de la France et la dénonciation de l'antisémitisme. Il pollue ses combats. Les dirigeants du Front national lisent désormais Finkielkraut, et s'en vantent ! Il balaie l'objection. «Le 21 avril 2002, on a laissé au FN le monopole du réel. En niant la détestation de la France, on permet à Le Pen de récupérer la réalité au profit de son programme méprisable!»
Il ne concède rien. Ce qui lui arrive ? La preuve qu'il avait raison. «Le premier qui dit la vérité, il sera exécuté», lui a chanté Elisabeth Badinter en l'appelant pour lui remonter le moral. «Je ne m'exprimerais pas comme lui, explique-t-elle, tant le risque de la généralisation est terrible. Mais sa voix est précieuse. Je ne veux pas qu'elle soit interdite.» Sur ce plan, tout va bien. Sur Europe 1, Jean-Pierre Elkabbach lui a permis de s'excuser. « Le Monde » lui a rendu la parole. Finkielkraut peut se défendre. Son armure se ressoude. Mais la blessure est profonde. S'en rend-il compte ? Cette séquence n'est pas le seul fruit des médias. Son interview dans « Haaretz » renvoie du philosophe un portrait troublant. L'article - mélange de citations et de considérations des auteurs - est touffu, confus. L'écho d'une conversation de bistro. Mais cette conversation est ressemblante. Finkielkraut parle comme ça. Juxtapose des raisonnements aboutis et des saillies d'un instant, fruits d'une colère ou d'une impression. Il se contredit d'une phrase à l'autre. S'insurge ainsi contre l'expression «intifada des banlieues». Mais souligne aussitôt que les émeutiers «envoient les jeunes en première ligne, vous avez connu cela aussi en Israël». Au fond, il n'en sait rien. Il l'a vu à la télévision. Il tire une théorie générale de l'arrestation de mineurs qui fabriquaient des cocktails Molotov à Evry. Il se targue de penser le réel, mais ne le connaît qu'à travers les médias. Il réagit à des images, en les intégrant dans sa vision du monde. Sa pensée achevée, sur l'école, la transmission, son refus de la modernité, se mue en des détestations tripales, nourries d'impressions glanées au fil du zapping ou des lectures. Cette collision entre réflexion et réaction est détonante. « Haaretz » est une sortie de route qui devait arriver. L'ironie de l'histoire ? Il n'a rien vu venir. N'a pas relu ses propos - comme il le fait habituellement en maniaque de l'exactitude. Parce que c'était « Haaretz ». Une affaire de famille, pensait ce français juif et pro-israélien. Encore une contradiction : Finkielkraut ignore la seule vérité du sionisme : Israël est un pays normal, «avec ses putes et ses assassins», disait son fondateur Ben Gourion. Et ses journalistes. Qui n'interprètent pas à son avantage les subtilités de son verbe, mais le livrent brut de décoffrage. «C'est une leçon. Il faut toujours se relire. Se méfier des autres et de soi-même. On n'est jamais à jeun quand on parle.» Apprendra-t-il ? Il n'en est pas à sa première outrance. «Munich de l'école républicaine» à propos du foulard islamique, en 1989. «Année de «cristal» à bas bruit», pour fustiger le « nouvel antisémitisme ». «Ratonnades anti-Blancs», dans une pétition condamnant les violences consécutives aux manifestations lycéennes du printemps dernier. Et désormais «pogrom antirépublicain», pour les incendies d'école. «Je retire pogrom, qui ajoute à la confusion. Mais je revendique le droit à l'analogie et à la provocation.»
Il ne philosophe plus. Il est en guerre de la pensée. «J'aime passionnément mon pays, j'entre dans le débat.» Il n'est pas en guerre contre les « étrangers », mais contre sa famille reniée : le progressisme, la gauche, ce qu'elle devient, ou ce qu'elle a toujours été. Il en regrette parfois la chaleur. Il était heureux, il y a trois semaines, de signer l'appel de « l'Obs » sur les prisons. Simple rémission : le divorce est consommé. Depuis des années, tous ses combats s'agrègent. Tout lui semble cohérent. Le mal a une figure. Le bobo, la gauche permissive. Il devient prisonnier d'une idéologie qu'il invente en avançant et qui l'enferme. Il se met, par esprit de système, dans des situations intenables. Quand Oriana Fallaci publie son pamphlet « la Rage et l'Orgueil », il minimise le délire raciste de la journaliste italienne pour ne retenir que sa dénonciation de la démission occidentale, qu'il partage. «Oriana Fallaci met les pieds dans le plat, elle s'efforce de regarder la réalité en face. Elle refuse le narcissisme pénitentiel qui rend l'Occident coupable de ce dont il est victime. Mais, comme elle en a gros sur le coeur, elle va trop loin.» Trop loin ? La journaliste italienne a écrit, entre autres gracieusetés, que les «fils d'Allah se multiplient comme des rats». Finkielkraut corrige le tir, et dénonce clairement le «racisme» de l'Italienne. Trop tard ! Dans le procès éternel que ses ennemis lui font, il est devenu le « défenseur » de Fallaci. Par judéocentrisme, ajoutent certains, parce que Fallaci défend Israël. Quelle blague ! Deux ans plus tôt, contre une bonne part de ses amis, il a soutenu l'écrivain Renaud Camus, qui comptait les juifs sur France-Culture en s'interrogeant sur leur capacité à comprendre la culture française. Camus était voué aux gémonies par la coalition des « bien-pensants », du « Monde » aux « Inrockuptibles » ? Il partageait avec Finkielkraut l'amour de la langue française ? Voilà un frère ! Il ne regrette rien. «J'expérimente aujourd'hui ce que Renaud Camus a souffert. Encore que, moi, je peux me défendre. Lui a été interdit d'interview, on lui a refusé ses tribunes libres...»
C'est l'entêtement d'un homme aux aspirations prophétiques, toujours plus exposé, passant d'une colère à l'autre. Pourquoi se lance-t-il désormais dans la paraphrase de Jules Ferry, rappelant la fable que la IIIe République se contait à elle-même de la «mission civilisatrice» des colonisateurs ? Il sait, il a écrit, ce que cette mission masquait de mensonges. Mais il veut réagir à l'émergence des « Indigènes de la République » et à leur construction en poupées russes : la discrimination assimilée à la colonisation, la colonisation à l'esclavage et l'esclavage à la Shoah. «Raisonnements faux», tempête-t-il. Mais raisonnements minoritaires, lui objectet-on ? Il s'insurge. L'idéologie du mensonge gagne du terrain. La gauche bobo, son ennemie, répétant sans se lasser que la France est haïssable depuis toujours, valide par avance, encourage même la violence des enfants d'immigrés ! Il voit les démons. Approuve-t-il alors la loi, votée par la droite, instaurant la reconnaissance du « rôle positif » de la colonisation dans les programmes scolaires ? Même pas. «Une loi imbécile, voulue par quelques nostalgiques. Mais au lieu de pétitionner contre un texte qui ne sera jamais appliqué, les enseignants feraient mieux de défendre l'historien Pétré-Grenouilleau, traîné en justice pour négationnisme parce qu'il ose affirmer que l'Occident n'a pas eu le monopole de la traite négrière!»
Persécuté parmi les persécutés. Comme une ascèse.Ce qui le terrifie, c'est la rapidité avec laquelle l'accusation a trouvé des relais ; l'évidence avec laquelle on a accepté de le voir en beauf raciste. Déjà, sur internet, on relaie, on amplifie, on déforme ses propos. La Toile installe sa disgrâce dans l'éternité. On le détestait donc. On le détestera. Il est en guerre, plus que jamais.

Claude Askolovitch
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Kennedy
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MessagePosté le: Lun 05 Déc 2005 23:13    Sujet du message: Répondre en citant

Claude Askolovitch n'a aucune credibilité il ferait mieux de se taire

sinon Laurent Joffrin me surprend de plus en plus
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Chabine
Super Posteur


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MessagePosté le: Mar 06 Déc 2005 01:22    Sujet du message: Répondre en citant

Après les néo-cons aux USA, les néo-réac en France... Shocked

http://www.humanite.presse.fr/journal/2005-12-03/2005-12-03-819200

éditorial par Jean-Emmanuel Ducoin
France néoréac


République. Citoyenneté. Histoire. Justice. Pacte social... Ainsi donc, le goût (très français) des mots vénérables aurait perdu de son sens ? Et avec lui, l’idée même que nous nous faisons de notre pays et de ses ferments universels pour lesquels tant de consciences humaines ont combattu ? Le spectacle donné par nos gouvernants, ces dernières années, nous en apporte des preuves quotidiennes. Et leurs décisions, mises bout à bout, forment désormais un ensemble cohérent qui ne constitue pas seulement la mise en application de renoncements successifs, mais servent bel et bien à la promulgation progressive d’une République vendue au libéralisme économique et aux idéaux régressifs. Certains ne l’ont sans doute pas vu venir, mais la droite dite « gaulliste » a glissé de son piédestal pour venir s’échouer en contrebas, là où se situe désormais son épicentre idéologique : à son extrême. Nicolas Sarkozy a raison sur un point : quand elle est « décrispée », la droite retrouve ses fondamentaux conservateurs et réactionnaires. Les chiens sont lâchés !

Dernier avatar ? L’Assemblée nationale a refusé cette semaine d’abroger l’article de la loi du 23 février 2005 qui impose aux programmes scolaires de souligner « le rôle positif de la présence française outre-mer ».

Un texte évidemment scandaleux, qui envoie un message désastreux à tous nos concitoyens à qui l’on voudrait justifier les souffrances des peuples colonisés - et pourquoi pas l’utilisation de la torture ? C’est une insulte insupportable aux habitants de ces pays et à leurs héritiers vivant en France, sachant que ces derniers tentent, tant bien que mal, de se bâtir une identité actuelle. C’est, ensuite, à une véritable « colonisation de l’histoire » par le groupe UMP à laquelle nous assistons, dans un mélange haineux de populisme radical et de négationnisme nationaliste. Car il ne s’agit pas uniquement d’une tentative de déposséder les historiens pour, à leur place, « faire l’histoire » - instrumentalisée qu’elle est par les stratégies électoralistes. Non, il s’agit aussi d’une relecture plus vaste de « l’esprit » français, qui consiste à nier l’importance de ses combats les plus nobles.

De ce point de vue, Sarkozy avance ses pions et une grande partie de la France, inconsciente des dangers du couvre-feu et du climat de peur instauré, le suit aveuglément sans comprendre qu’il nous propose la désocialisation d’une France communautariste composée de segments de populations, rompant avec les « principes » républicains d’une adhésion collective à un projet d’avenir politique et social, qui, malgré tout, fut toujours inspiré par la gauche française. L’« intuition » du patron de l’UMP sur les blocages de notre « modèle » et son discours de « rupture politique », en effet, prend racine à la fois dans les fractures réelles mais aussi dans les entrailles pseudo-théoriques de quelques intellectuels bruyants qui n’imaginent plus le monde, et donc l’Occident, que frappé du « choc des civilisations ». On pourrait citer aisément Finkielkraut, Carrère d’Encausse ou Houellebecq, mais nous pensons également à bien des ministres ou à des députés qui, eux aussi, ne cachent plus leur traditionalisme de pensées et de rhétoriques. Quand on refuse de réfléchir et qu’on ne laisse aucune place à la médiation intellectuelle, il n’y a, effectivement, aucun frein à la droite extrême poussée par les feux du capitalisme : on peut tout aussi bien évoquer une interprétation ethnique pour expliquer la révolte des banlieues tout en affirmant la main sur le coeur qu’il y avait du bon dans le colonialisme ; de même, on peut tout autant revendiquer la nécessité de la casse du Code du travail en jurant ses grands dieux qu’on ne peut rien contre la marche en avant de l’ultralibéralisme. Pour reprendre les mots préférés de Raffarin et de Sarkozy : « C’est le bon sens. » L’heure est grave.

Car, pendant que Villepin et Sarkozy font la course à l’extrême droite, Le Pen se frotte les mains. Comme il le dit lui-même : « Avec ce gouvernement, chaque jour qui passe est un jour de gagné pour mes idées. »

Les progressistes, tous, ont du pain sur la planche.

Pour résister et sauver ce qui peut l’être. Et (ré)inventer le coeur vivant d’une République fière de ses origines.

Par Jean-Emmanuel Ducoin

Article paru dans l'édition du 3 décembre 2005.
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"Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
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MessagePosté le: Mer 07 Déc 2005 23:32    Sujet du message: Répondre en citant

http://www.oumma.com/article.php3?id_article=1815

NON A LA CONFERENCE DE FINKIELKRAUT A LYON LE 15 DECEMBRE !

mardi 6 décembre 2005


ASSEZ DE COMPLAISANCE A L’EGARD DU RACISTE FINKIELKRAUT

NON A LA CONFERENCE DE FINKIELKRAUT A LYON LE 15 DECEMBRE !

La mobilisation a commencé en région Rhône-Alpes à l’annonce de la venue de Alain Finkielkraut le 15 décembre prochain à Lyon, à l’invitation du Conseil Régional qui organise une série de conférence sur la laïcité. Des protestations circulent dans les milieux associatifs et universitaires. Donner plus longtemps la parole à un tel raciste est intolérable. Nous appelons tous ceux qui veulent se joindre à cet appel dont vous trouverez les premiers signataires en bas du texte, à nous contacter.

La coupe est pleine. Après les "racailles" à nettoyer au "karcher" de Sarkozy, Finkielkraut franchit un cran de plus et vient directement nous cracher à la tête ses insultes racistes, haineuses, contre les Noirs, les Arabes, les Musulmans, en affirmant qu’ils sont les uniques responsables des violences dans les banlieues, parce qu’ils ont la haine de la France ("Il ne faut pas parler de ’jeunes’ mais de ’noirs’ et d’arabes’ affirme-t-il) , qu’ils ne veulent pas s’intégrer, qu’ils veulent garder leur identité musulmane et qu’ils exercent dans les banlieues une mauvaise influence sur les jeunes blancs.

Ce n’est pas tout, ceux qui se sont donné la peine de lire tout les propos de ce sinistre individu dans le quotidien Haaretz du 18 novembre, disponible sur internet, et dont des extraits ont largement circulé, auront noté que Finkielkraut va jusqu’à s’étonner que les écoles françaises qui accueillent des enfants immigrés en situation illégale ne les dénoncent pas à la police ! Incitation à la délation ! Sous Vichy, il aurait sans doute préconisé que les écoles dénoncent à la police les enfants juifs qui s’y trouvaient ?

Finkielkraut a la haine et le mépris des Noirs : il se permet d’écrire que l’équipe de foot de France est "black-black-black " et qu’elle est ainsi "devenue la risée de toute l’Europe". Retenez : Les Noirs dans une équipe en France, c’est "ridicule" pour A. Finkielkraut. Mais il y a pire, il y a les Noirs qui osent demander la reconnaissance du crime que fut l’esclavagisme. Alors là le "philosophe" se déchaîne : "Qu’est-ce qu’on leur a fait aux Africains ? Rien que du bien ". La colonisation, rappelle-t-il a eu le mérite "d’apporter la civilisation à des sauvages". Et on a tort de ne plus l’enseigner dans les écoles, déplore-t-il.

Le combat anti-raciste le met hors de lui. Il ne trouve pas de mots assez fort pour le vilipender : "Cet anti-racisme sera au 21ème siècle, ce qu’a été le communisme au 20ème siècle", "Il faut se méfier de l’idéologie anti-raciste", "Le discours répugnant de l’autocritique face à l’esclavage et à la colonisation" le font sortir de ses gonds. Ce n’est pas pour rien qu’il défend la politique de Sharon et la colonisation des territoires palestiniens occupés.

Mais "contrairement à d’autres, fait-il observer, je ne parle pas de l’intifada des banlieues". Il se contente de souligner un certain nombre de similitudes selon lui entre ceux ("arabes" et "noirs" des banlieues et Palestiniens) "qui envoient les plus jeunes en première ligne".

On ne compte plus les généralisations racistes à propos des "Noirs" et des" Arabes", .Finkielkraut qui leur reproche de ne même pas parler correctement le français, ne peut pas appréhender les jeunes français des banlieues, ou les joueurs de foot, autrement qu’à laide de ces vocables.

Mais on peut également remarquer que Finkielkraut se permet aussi de généraliser quand il parle des " Juifs", à tout bout de champ comme une catégorie compacte et forcément d’accord avec lui : "Les juifs comprennent ce que je viens de dire"...."Je pense qu’aucun juif ne ferait une chose pareille..." a propos du fait de brûler une école.( C’est vrai on aurait du mal à imaginer un juif israélien saccager une école palestinienne, pour ne pas citer pire en ce qui concerne les agissements des bons soldats de leur armée d’occupation) . "Un patron de restaurant juif, poursuit le "grand penseur" ne pourrait par exemple jamais embaucher un jeune de banlieue comme serveur, même s’il est antiraciste", parce que que ce jeune parlerait mal et ne pourrait représenter ce patron ! Si Finkielkraut s’est mis en tête de développer l’antisémitisme en dressant un tel portrait "des juifs", il a de bonnes chances d’y parvenir.

Il y a bien d’autres exemples de propos racistes tenus par Finkielkraut à d’autres occasions, car contrairement à ce qu’ont pu croire certains, il n’en est pas à son premier "dérapage". Les "dérapages" sont même tellement nombreux et toujours dans la même veine, que l’on peut penser qu’il ne s’agit pas de dérapages, mais d’une volonté cohérente d’inciter à la haine raciale, de stigmatiser une partie de la population.

EXEMPLES :

• Finkielkraut s’en prenait ainsi le 6 mars dernier aux Antillais sur Radio RCJ en parlant des " victimes antillaises de l’esclavage qui vivent aujourd’hui de l’assistance de la Métropole".

• * Le même jour, entre 18h30 et 19h30, sur Radio Shalom, M. FINKIELKRAUT s’en prenait à la "créolité" : "J’ai peur néanmoins que la créolité puisse aussi servir à entretenir, outre la haine de la France coloniale, la haine d’Israël, (sic) Etat juif si vous voulez, c’est-à-dire Etat non créole, non métissé."

• Une semaine plus tard sur RCJ, parlant des manifestations lycéennes contre la Loi Fillon, et après avoir signé un tract odieux accusant les jeunes de banlieues de se livrer à "des ratonnades de blancs", il réitère : "Les casseurs dans les manifestations autrefois c’était les anarchistes, ceux qui en voulaient, dont les revendications étaient plus radicales que les autres, ensuite ils se servaient des... manifestations comme d’un bouclier pour piller les vitrines, maintenant, ils cassent du lycéen et en général, du lycéen français de soucheaussi."

C’est avec une extrême constance que A.F. se fait le pourfendeur du « métissage » et de la « société multi-raciale », l’apôtre de la "pureté".

Impossibilité proclamée de la coexistence entre groupes humains différents dans un même Etat, sont des propos qui reviennent depuis des années dans la bouche et sous la plume de Finkielkraut. Des concepts qui rappellent certaines idéologies qui font froid dans le dos.

Prenons ses propos sur Israël. Pour Alain Finkielkraut, ce n’est pas l’occupation qui rend l’Etat d’Israël détestable, on en veut aux juifs de ne pas se "mélanger", explique-t-il : « Pour être les contemporains de leur temps, Palestiniens et Israéliens devraient, à l’image des Européens, se mélanger les uns aux autres. Et voilà ces juifs qui veulent rester juifs et former un Etat juif » (Le Point du 3 /10/2003)

. « Le métissage est la valeur suprême de l’antiracisme contemporain, son maître-mot, sa réponse à la préférence nationale et à l’universalisme conquérant (...). Sous le nom de métissage, l’Occidental éclairé s’adonne à toutes les expériences, à toutes les aventures, à toutes les hybridations ». (AF Les Battements du monde, op. cité, p. 48 ).

Au début des années 90, Alain Finkielkraut tenait déjà un raisonnement tout à fait analogue à propos des Croates : « Anachroniques Croates ! » s’exclamait- il. « Ils ne sont politically correct ni pour les citoyens de la biosphère ni pour ceux de la vidéosphère. Ils se déyougoslavisent au moment où l’humanité voit dans la Yougoslavie la forme de sa maturité et l’image de son avenir. Leur crime impardonnable, autrement dit, est de ne pas être de bons contemporains ». Car, expliquait-il, « ce que reprochent aujourd’hui les tenants de la démocratie postnationale aux peuples de la mosaïque yougoslave... c’est de vouloir être slovènes ou croates quand nous sommes tous blacksblancsbeurs ; c’est de succomber au virus de la fragmentation alors qu’il n’y a plus qu’une seule communauté de destin sur la terre : celle qui unit tous les membres de l’espèce humaine entre eux ». « Si je n’avais pas été juif moi-même, peut-être n’aurais pas mis autant d’ardeur et d’insistance à défendre la Croatie. Mais comme le dit admirablement Péguy dans Notre jeunesse : plus nous avons du passé derrière nous, plus justement il faut le défendre, le garder pur, il m’a paru indispensable de refuser la bénédiction de la mémoire juive à la Serbie conquérante". (Alain Finkielkraut, Comment peut-on être croate ? Gallimard, Paris, 1992.)

"Le refus du métissage au nom d’un passé mythique qu’il faudrait conserver amène Alain Finkielkraut à refuser d’envisager la possibilité d’une coexistence pacifique entre Serbes et Croates au sein d’un même Etat unifié, la Yougoslavie, de la même façon qu’il lui permet aujourd’hui d’ écarter la possibilité d’une coexistence entre Arabes et Juifs dans un même Etat en raison de l’altérité supposée irréductible des Arabes", analyse Marc-Antoine Coppo qui souligne cette autre phrase abominable de Finkielkraut : " Ma judéïté m’a réveillé du grand sommeil de l’antinazisme ».

Pourquoi tout cela est-il très grave ? Pourquoi devons-nous réagir ?

Parce que M. Alain Finkielkraut n’est ni un "dérapeur", ni un "schizophrène disjoncté", mais quelqu’un de cohérent et d’influent, qui prend la parole abondamment et en permanence sur toutes sortes de médias, y compris publics, comme France-Culture, qui est invité à donner des centaines de conférences à des étudiants, qui distille la haine et le poison raciste, avec la complicité de bon nombre de politiques et de journalistes, de manière excessivement dangereuse.

Finkielkraut joue son rôle au milieu d’un dispositif politique qui vise à réprimer de plus en plus durement toute vélleité de contestation sociale, de revendication sociale au sein de l’ensemble de la population, et qui a besoin pour ce faire d’imprégner l’idée que la cause de nos difficultés se trouve dans une frange de la population bien ciblée, qui empêche la machine de tourner, qui la détraque. Matons-les (on en profitera pour mater les autres : grévistes, lycéens, sans logements, chomeurs...par la même occasion).

La politique du bouc émissaire n’est pas nouvelle. Elle rappelle malheureusement des époques qui font froid dans le dos. Les juifs en ont fait les frais pendant la 2ème guerre mondiale. On nous propose d’autres cibles aujourd’hui. Et Nicolas Sarkozy, qui travaille dans ce sens et n’ouvre la bouche que pour parler de polygamie, tournantes, islam, racailles quand on lui réclame plus de justice sociale, a eu raison de remercier Finkielkraut pour bons et loyaux services en déclarant que son vomi raciste "faisait honneur à l’intelligence française". Il a besoin de ce vomi, qu’un Le Pen ne peut se permettre de lâcher sans qu’on lui tombe dessus en criant au facisme, mais qu’un "philosophe" peut étaler en couches épaisses et multiples, disposées différemment selon les "reformulations" proposées par les ElKabach, Julliard et autres.

Mais Finkielfraut n’est -il pas le premier à dire "Evidemment, à force de violences verbales, on crée le climat du pogrom" ?

La haine, votre haine raciale Monsieur Finkielkraut, qui vous entraîne à diffamer, à écrire dans Haaretz, "La haine (de la France), les Noirs l’ont encore que les Arabes", et qui amène le Juge Jean-Pierre Rosenczveig, juge pour enfants au tribunal de Bobigny, à vous répondre : "Effectivement, une partie de la jeunesse de France vit très mal la contradiction qui existe entre ce qu’affiche la République (Liberté, Egalité, Fraternité) et ce qu’elle vit, elle, au quotidien. Ce n’est pas la haine de la France que ces jeunes renvoient, c’est un appel profond à ce que la France respecte ses valeurs. "

Votre haine, M. Finkielkraut est criminelle. Elle vous disqualifie. Vous avez suffisamment distillé votre poison.

Des personnes comme Edgar Morin ont été condamnées pour avoir critiqué la politique du peuple israélien, Alain Ménargues a été renvoyé de RFI, Richard Labévière s’est vu retiré ses émissions, pour leurs critiques de l’Etat israélien, alors que rien n’est encore venu sanctionner vos propos racistes ! C’est vraiment honteux.

NOUS NE VOULONS PAS DE VOUS A LYON LE JEUDI 15 DECEMBRE DANS UNE ENCEINTE PUBLIQUE !

Les trois autres intervenants inscrits au programme peuvent se passer de vous pour débattre de la laïcité, comme nous nous passerons de vos lueurs sur "Le sacré, le laïc et le profane". Nous ne souhaitons pas débattre avec des racistes ! Comme Aimé Césaire qui vient de refuser de recevoir Nicolas Sarkozy à Fort-de-France, nous disons :

NON A LA PRESENCE DE FINKIELFRAUT AU FORT SAINT JEAN (Ecole Nationale du Trésor Public) JEUDI 15 DECEMBRE !

Dites-le aux organisateurs de la région Rhône-Alpes et de la Villa Gillet :Tel : 04 78 27 02 48 - E-mail : www.villagillet.net

Premiers signataires : Novac 42, Jérôme Maucourant (Universitaire, Lyon),Michel Bellet (Professeur de sciences économiques, Université de Saint-Etienne) Claude Ganne (Militant LCR Saint-Etienne), CAPJPO-EuroPalestine, Aix Solidarité, Droits-Devant, Oumma, Enfants de Palestine...
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sobeck
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MessagePosté le: Jeu 08 Déc 2005 01:25    Sujet du message: Répondre en citant

La différence entre le travail de certains journalistes de ce pays et de certains journalistes israéliens, la voici (encore une fois) ! C'est implacable et qu'ils en soient vivement remerciés !

Faudra envoyer ce lien à Lyon sur le lieu où Finkielkraut fera sa conférence !

Haaretz-Interview de Michel Warschawski sur Finkielkraut (Radio Campus
Lille L'heure de l'mettre 7-12-05

http://s10.yousendit.com/d.aspx?id=30FPPS37NXMVQ3P5825FXK3JHK
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Yom
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MessagePosté le: Ven 09 Déc 2005 00:22    Sujet du message: Répondre en citant

Quand l'ignorance part en guerre au nom du savoir
par Mona Chollet


http://www.peripheries.net/crnt68.html#ignorance

Citation:
Passons sur la franche poilade que nous inspirent les tentatives maladroites de quelques fidèles amis pour essayer de nous faire croire qu’il n’a pas réellement dit tout ça: Claude Askolovitch, dans Le Nouvel Observateur (1er décembre 2005), reproche aux journalistes israéliens de Haaretz de n’avoir pas «interprété à son avantage les subtilités de son verbe» (sic), mais de l’avoir livré «brut de décoffrage»; et Elisabeth Lévy, dans Le Point (1er décembre 2005), écrit: «Certains de ses amis pensent qu'il a "pété les plombs", mais la majorité comprend immédiatement que sa pensée a été trahie, déformée, tronquée.» Claude Imbert, lui, dans son éditorial, parle d’une «interview tronquée», avant d’en vanter le contenu! Non: ce qui étonne le plus, dans l’affaire des confidences d’Alain Finkielkraut à Haaretz (pour ceux qui y auraient échappé, voir de larges extraits sur le site du Monde diplomatique), c’est qu’elles puissent susciter de l’étonnement.

En octobre 2003, par exemple, on s’alarmait dans ces pages de l’absence de réactions au livre ahurissant qu’il venait de publier, intitulé Au nom de l’Autre, réflexions sur l’antisémitisme qui vient (Gallimard). Il y déplorait que les progressistes persistent à voir – selon lui – dans le jeune descendant d’immigrés musulmans la noble figure de «l’Autre», et non celle de l’ennemi enragé, agressif, barbare et antisémite qu’il était. Tout cela, s’affligeait-il, parce que, dans l’esprit de ces naïfs, «le ventre encore fécond d’où a surgi la Bête immonde ne peut, en aucun cas, accoucher de l’Autre». A propos des manifestants qui défilaient contre le Front national dans l’entre-deux tours de l’élection présidentielle, en avril 2002, il écrivait: «L’avenir de la haine est dans leur camp et non dans celui des fidèles de Vichy. Dans le camp du sourire et non dans celui de la grimace (…). Dans le camp de la société métissée et non dans celui de la nation ethnique.» Pour lui, le mouvement à combattre était celui qui «pense le monde dans les termes de l’antiracisme». Mais sans doute qu’il avait eu un problème de communication entre lui-même et lui-même, et qu’Alain, incapable de percevoir les «subtilités du verbe» de Finkielkraut, à moins que ce ne soit l’inverse, l’avait restitué par ces formules malheureuses. Dommage pour ceux qui voudraient nous faire croire qu’il existe deux Alain Finkielkraut: l’interviewé impulsif de Haaretz et «celui des livres ou des propos réfléchis» (Askolovitch, dont le papier est titré: «Le philosophe et ses doubles»)!

Il faut dire que, sur le moment, déjà, en avril 2002, la nouvelle caution intello de la droite «décomplexée» jugeait, dans Le Point (25 avril 2002), que «la réalité [avait] fait campagne pour Le Pen»… Son affirmation, dans Haaretz, selon laquelle «l’antiracisme sera au vingt et unième siècle ce qu’a été le communisme au vingtième», fait aussi écho au titre d’un long entretien publié dans L’Express en août 2004: «L’antiracisme est l’idéologie de notre temps». Comment cette assertion pourrait ne pas revenir, de fait, à trouver certains charmes au racisme, c’est ce que j’attends toujours qu’on m’explique.

Réveil en sursaut

Pourquoi ces propos, qu’Alain Finkielkraut tient depuis longtemps, font-ils tout à coup scandale, ou, à tout le moins (ne rêvons pas), polémique? Peut-être à cause des échos que réveillent ses commentaires sur l’équipe de France de football «black-black-black», exercice dans lequel s’était illustré il y a quelques années Jean-Marie Le Pen. Peut-être à cause de la justification explicite des discriminations à l’embauche à laquelle il se livre («imaginez qu’un jeune des banlieues vienne demander un emploi de serveur, il a l’accent des banlieues, vous ne l’engagerez pas, c’est très simple. Vous ne l’engagerez pas parce que c’est impossible. Il doit vous représenter, et ceci exige de la discipline, de la politesse et une manière de parler»). Mais peut-être aussi parce que la révolte des banlieues a marqué le retour fracassant des jeunes Français issus-de-l’immigration dans la réalité. Triste constat: le seul moyen qu’ils aient pu trouver pour exister dans l’espace public autrement qu’à l’état de caricatures exotiques privées de toute humanité, ça a été de tout casser. A leur sujet, depuis septembre 2001, la machine à fantasmes tournait à plein régime; mais eux, dans leur réalité, leur banalité, dans leur situation d’éternels stigmatisés, de relégués «plus en danger que dangereux», on ne les voyait pas, on ne les entendait pas. Leur mutisme était à proportion de la pluie de discours qui les construisait comme boucs émissaires de tous les maux de la société française.

Avec les émeutes, ils sont restés ce qu’ils étaient, certes: du gibier à info-spectacle; mais, en même temps, pendant quelques semaines, on les a vus, on les a entendus, on a compris qu’on avait négligé trop longtemps les problèmes dans lesquels ils se débattent; et ça a été comme un réveil brutal. Du coup, on semble enfin percevoir les accents pour le moins douteux de ceux qui, imperturbables, poursuivent sur la lancée de leurs délires paranoïaques et réactionnaires, continuant de déblatérer leurs odieux préjugés. Parmi eux, il serait dommage d’oublier de citer Philippe Val, prétendant sérieux à l’explosion du réacomètre (Charlie Hebdo, 9 novembre 2005): «Ceux qui croient voir des convergences entre Mai 68 et novembre 2005 se trompent lourdement. On ne peut pas imaginer une seconde qu’un Cohn-Bendit puisse jouer un rôle quelconque dans ces événements, ne serait-ce que parce qu’il est juif. C’est à cela que l’on peut mesurer l’étendue du désastre culturel. Par ailleurs, Mai 68 a commencé parce que les garçons voulaient aller dans le dortoir des filles et vice-versa. Chez les émeutiers de nos banlieues, c’est exactement le contraire. La mixité est leur ennemie, ils veulent les filles voilées et inaccessibles à qui n’est pas coreligionnaire.»

Réalité vs. Finkielkraut: 1-0

La production intellectuelle de ces pseudo-penseurs ressemble de plus en plus à un tirage du Loto. On fait tourner dans sa tête les éternelles mêmes boules numérotées – obsessions, idées fixes, certitudes nées par génération spontanée et jamais questionnées depuis –, et, devant la page blanche, on en sélectionne quelques-unes: elles sortent un jour dans cet ordre-ci, un autre jour dans cet ordre-là, ça dépend de l’impulsion lointaine et distordue que leur imprime l’actualité. L’adéquation des boules avec une quelconque réalité est bien le cadet des soucis de leurs propriétaires: tout à leur passionnant mécano conceptuel, planant dans ce qu’ils s’imaginent être les hautes sphères de la pensée, ils ont définitivement perdu de vue cette notion – le réel – dont Alain Finkielkraut se réclame un peu trop souvent pour qu’il n’y ait pas là comme un aveu. Outre le coup de la réalité qui a voté Le Pen en 2002, rappelons que sa première réaction, à la lecture de La rage et l’orgueil, avait été d’estimer qu’Oriana Fallaci «regardait la réalité en face» (Le Point, 24 mai 2002. Voir aussi à ce sujet, dans La tyrannie de la réalité, l’introduction et le chapitre «Des réalités saturées», page 147).

Or, cet escamotage, malgré les tentatives d’intimidation et le sempiternel chantage intellectuel dont ils prennent soin de l’accompagner («vous n’avez pas le droit de nous critiquer, vous vivez dans les beaux quartiers», etc.), se voit de plus en plus. «Voilà ce qui arrive quand on ne s’intéresse qu’aux concepts, et pas aux faits», disait Théo Klein, ancien président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), à propos de Finkielkraut (cité par Aude Lancelin dans Le Nouvel Observateur, 1er décembre 2005). Laurent Mouloud, dans L’Humanité (26 novembre 2005), écrit: «Alain Finkielkraut, c’est l’histoire d’un naufrage. Le naufrage d’une pensée qui n’en est plus une tant elle perd pied avec ce qui, pourtant, devrait la fonder: la réalité.» Même Claude Askolovitch, dans Le Nouvel Observateur, est obligé de reconnaître: «Il se targue de penser le réel, mais ne le connaît qu’à travers les médias. Il réagit à des images, en les intégrant dans sa vision du monde. Sa pensée achevée, sur l’école, la transmission, son refus de la modernité, se mue en des détestations tripales, nourries d’impressions glanées au fil du zapping ou des lectures. (…) Il devient prisonnier d'une idéologie qu’il invente en avançant et qui l’enferme. Il se met, par esprit de système, dans des situations intenables.»

Le jeune-de-banlieue, Internet: la barbarie en marche

Denis Sieffert, dans La guerre israélienne de l’information (La Découverte, 2002), soulignait déjà ce trait saillant de la logique finkielkrautienne: «Bannir tout contexte réel»; dans Politis, cette semaine (1er décembre 2005), il remarque: «Finkielkraut laisse échapper son effroi devant le "métissage", dont il parle comme s’il s’agissait d’une idéologie, alors que c’est une réalité démographique. On peut haïr une idéologie, pas une réalité démographique.» Et c’est là qu’on commence à voir quel charme un réac peut trouver aux concepts en roue libre: ils sont un outil idéal pour essentialiser les problèmes sociaux – et par là dédouaner la société et le pouvoir de toute responsabilité. Malheureusement pour eux, dans ces cas-là, le racisme n’est jamais très loin, puisque cela revient à dire, comme le résume encore Denis Sieffert, «que des Noirs ou des Arabes ont en eux cette haine parce qu’ils sont noirs ou arabes, et non parce qu’ils sont pauvres ou en proie à la discrimination, ou paumés dans un monde sans repères»; cela conduit à «définir les émeutiers non par leur jeunesse mais, comme le faisait Finkielkraut dans Haaretz, par la couleur de leur peau ou leur religion».

Chez les intellectuels réactionnaires, la diabolisation du jeune-de-banlieue va systématiquement de pair avec celle d’Internet («déjà, sur Internet, on relaie, on amplifie, on déforme ses propos», écrit Claude Askolovitch dans son article sur Finkielkraut). Dans leur imaginaire confiné, il s’agit de deux figures de la barbarie en marche, menaçant une «Culture», une civilisation, une «pensée» dont ils sont les administrateurs auto-institués. De quoi est faite la «culture» dans leur esprit? Dans son article, Claude Askolovitch commence par nous asséner cet argument de poids: le philosophe Finkielkraut («celui des livres ou des propos réfléchis», hein, attention! pas l’autre, qui craint quand même un petit peu!) «n’est ni raciste ni colonialiste. Il admire Aimé Césaire». Ah bon, nous voilà totalement rassurés: Finkielkraut a un ami noir! «Et son amour de la France, poursuit le journaliste, n’est pas ethnique, mais culturel et nostalgique.» Le problème, c’est que, vu sa conception de la culture, cela revient strictement au même, comme en témoigne la citation qui suit immédiatement: «Même si ce pays se comporte mal, il faut être fier d’entrer dans la patrie de Molière et de Marivaux. Si je fustige le parler banlieue, c’est qu’il empêche les enfants d’immigrés de nous rejoindre dans la langue française.» Molière et Marivaux: on remarquera qu’à ce stade, Aimé Césaire, ayant fait son office, est déjà passé à la trappe, promptement renvoyé à son folklore.

La France, c’est eux qui la haïssent

Le vocabulaire est significatif: «nous rejoindre» dans la langue française… Ce contre quoi s’arc-boutent Finkielkraut et tant d’autres, c’est la possibilité que les descendants d’immigrés d’Afrique et du Maghreb, par leur héritage particulier, par la culture particulière qu’ils se sont forgée (et qui a bien plus en commun avec celle de tous les autres Français qu’on ne semble se le figurer, il faut arrêter de délirer!), puissent modifier le paysage de leur pays. Déjà qu’ils sont un peu plus bronzés que la moyenne, et que c’est fâcheusement voyant (mais nos amis réacs, dans leur immense magnanimité, n’exigent pas d’eux qu’ils y remédient avant d’avoir le droit d’«entrer dans la patrie de Molière et de Marivaux»), alors, si au moins ils pouvaient faire en sorte d’abraser toute autre différence pour éviter de trop perturber nos ruminations nostalgiques et rassurantes, on leur en serait reconnaissant. Citée par Aude Lancelin dans Le Nouvel Observateur, Françoise Vergès, vice-présidente du Comité pour la mémoire de l’esclavage (et proche d’Aimé Césaire, tiens…), commente: «Ce qui me frappe surtout, c’est la peur panique. La trouille incroyable qui se dégage de tout ça.»

C’est Robert Redeker qui, dans une tribune du Figaro (28 novembre 2005), montre le mieux l’envers crûment néocolonialiste (oups, un gros mot, pardon) de cette défense a priori noble de la «Culture»: il y réclame «que les jeunes issus de l’immigration s’incorporent à l’histoire de France, finissant par admettre que l’histoire de France est, jusqu’au plus profond d’eux-mêmes, leur histoire». Peut-être faudrait-il envisager de leur faire réciter en chœur à l’école «Nos ancêtres les Gaulois»…? Et il attribue la responsabilité des émeutes en banlieue aux… travailleurs sociaux, accusés d’entretenir «l’impossibilité, pour des populations issues de cultures étrangères, de s’amalgamer à la culture nationale et républicaine de la France». Citons ce morceau d’anthologie: «Pour la sociologie, servant de base à tous les travailleurs sociaux, médiateurs, intervenants en banlieue, "la" culture n’existe pas; seules existent "les" cultures, toutes également légitimes. A force de marteler que "la" culture est oppression, élitisme, qu’une pièce de Shakespeare n’a pas plus de valeur qu’une chanson, et qu’un vers de Racine ne vaut pas mieux qu’un couscous, comment s’étonner qu’on brûle des bibliothèques?» L’équivalent de Racine dans la culture arabe, pour Robert Redeker, c’est donc… le couscous. On en reste sur le cul. Ces types auraient été parfaits en scénaristes des premiers albums de Tintin, ceux avec les petits nègres cannibales, mi-humains, mi-animaux, et les Arabes fourbes au poignard effilé. Ils n’ont que la «Fraaaance» à la bouche, répliquant systématiquement à leurs contradicteurs en les accusant d’avoir «la haine de la France»; mais la France, c’est eux qui la haïssent, puisqu’ils refusent de la voir et de l’accepter telle qu’elle est aujourd’hui: métissée.

«Les années trente sont devant nous»

L’ironie, évidemment, c’est que - comme l’écrit Aude Lancelin dans Le Nouvel Observateur -, en tenant des «propos de concierge sur l’obscurantisme arabo-musulman», tout en se réclamant du «savoir», ils manifestent une ignorance proprement pitoyable. Quand on se prétend un intellectuel, et qu’on se rend compte qu’on n’a en tête, au sujet des cultures d’origine d’une partie de ses concitoyens, qu’une pauvre collection de clichés méprisants et racistes, la moindre des choses, avant de se répandre en interventions haineuses à leur sujet, ce serait de remédier un minimum à sa propre insuffisance (ou à sa propre suffisance), de lire, de faire des rencontres, de s’intéresser, je ne sais pas, moi... Cette ignorance fièrement brandie au nom de la défense du savoir (mais il est vrai qu’on a affaire à Alain Finkielkraut, l’homme qui a publié un livre sur Internet en se vantant de ne rien y connaître et de ne jamais s’être aventuré sur le réseau) serait presque comique. Sauf que, en le légitimant, en le suscitant, même, parfois (voir l’affaire du voile, imposée d’en haut à une opinion qui, au début, avait des préoccupations plus pressantes), une partie non-négligeable des élites françaises amplifie considérablement la propagation d’un racisme qui empoisonne l’atmosphère du pays. Comme le disait amèrement Arnaud Viviant, en conclusion d’une intervention courageuse sur l’affaire Finkielkraut au «Masque et la plume», sur France-Inter, le 27 novembre, «les années trente sont devant nous».

Et qu’on cesse d’essayer de nous enfumer avec le prétendu «politiquement incorrect» dont ces prétendus «iconoclastes» seraient les hérauts et les martyrs. «Le premier qui dit la vérité, il sera exécuté», aurait chanté Elisabeth Badinter à Alain Finkielkraut «en l’appelant pour lui remonter le moral» (Askolovitch). Toujours dans son portrait du Nouvel Observateur, Finkielkraut s’indigne: «Et quand "les Guignols de l’info" présentent Sarkozy comme un raciste vomissant les Noirs et les Arabes, personne ne réagit!» C’est vrai: il est scandaleux que l’amour débordant porté par le ministre de l’intérieur aux minorités de ce pays reste ainsi ignoré. Heureusement que notre «iconoclaste» sans peur et sans reproche est là pour voler au secours d’une cause aussi ingrate que celle du numéro deux du gouvernement et président du parti au pouvoir! Dans son article, décidément excellent, du Nouvel Observateur, Aude Lancelin écrit: «Le faux nez de la subversion est en train de tomber, et c’est une droitisation dure et somme toute bien banale que l’on découvre. Racialisation décomplexée, disqualification de la question sociale réduite à une "culture de l’excuse", diabolisation des "classes dangereuses", trop subventionnées pour être encore "laborieuses" cela s’entend, le tout sur fond de libido sécuritaire à peine dissimulée. Après le politiquement incorrect, voici le "politiquement abject" (…). Rien d’important ne s’est jamais communiqué en ménageant un public, disait Guy Debord. Rien d’important ne se communiquera plus, en tout cas, en ménageant une intelligentsia française qui tourbillonne désormais dans la nuit et achève sa consumation mentale dans le feu des banlieues.»

On aurait pu s’attendre à ce que ces vigilants gardiens de la mémoire des grands crimes du vingtième siècle soient particulièrement attentifs à dénoncer les mécanismes de construction d’un bouc émissaire qui les ont provoqués; au lieu de cela, on les voit contribuer avec zèle à cette construction, et cela donne la nausée. Que la révolte des banlieues et l’affaire Finkielkraut aient au moins permis de mettre au jour le discours de défiance et de stigmatisation qui a si longtemps prospéré en toute impunité, qu’il apparaisse enfin pour ce qu’il est aux yeux d’un certain nombre de gens, c’est la seule chose qui, dans ce contexte, nous remonte un tant soit peu le moral. [Mona Chollet; strip de Fred Sochard]
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sobeck
Grioonaute 1


Inscrit le: 22 Oct 2005
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MessagePosté le: Ven 09 Déc 2005 21:51    Sujet du message: Répondre en citant

Je ne retiens que cette phrase de Finkielkraut :

Le site d'extrême droite france-echos.com a lancé un mot d'ordre inverse : "Oui à la conférence d'Alain Finkielkraut ! Assez de complaisance à l'égard des officines du racisme anti-France et antifrançais !"

Ca prouve que LES SIENS, ce ne sont plus des démocrates ou des amis de la liberté mais des racistes notoires et des adeptes de Le Pen !

Citation:
Dans le cas lyonnais, ce ne sont pas les menaces qui l'ont fait reculer. "Je n'y vais pas, parce que je suis complètement désespéré par ce qui m'arrive, dit-il.


Il ne se rend même pas compte de ce qu'il fait et dit, et je crois qu'il ne ment même pas ! Il est grand temps que monsieur Finkielkraut aille consulter parce que ça devient très grave ! Very Happy

Citation:
" Par ailleurs, une soixantaine de personnalités, parmi lesquelles Daniel Borrillo, Saïd Bouamama, Christine Delphy, Didier Eribon, Mgr Jacques Gaillot, Nacira Guénif, Laurent Mucchielli ou Emmanuel Pierrat ont adressé, jeudi 8 décembre, une lettre au directeur de la radio France-Culture, David Kessler, lui demandant de suspendre l'émission hebdomadaire du philosophe, "Répliques".


C'est marrant cette propension à se faire passer pour une victime ! On éprouverait presque de la pitié pour ce type s'il n'avait recommencé à délirer dimanche dernier sur RCJ en disant qu'il ne regrette absolument rien et que ce sont les journalistes d'Haarets qui l'ont piégé !!!

Cliquez sur l'émission du 4 décembre 2005. Quelques jours après être passé chez son ami ElKabbach, il était persuadé que les choses se sont définitivement calmées alors il a encore menti pendant une heure !

http://www.radiorcj.info/reecouter.tpl?-eqemission_archdatarq=60

Que Finkielkraut soit dingue, après tout pourquoi pas, mais que les médias et certains intellos le soutiennent, là c'est à ne rien comprendre !
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vali
Grioonaute


Inscrit le: 16 Oct 2005
Messages: 23

MessagePosté le: Ven 09 Déc 2005 23:28    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Parce que M. Alain Finkielkraut n’est ni un "dérapeur", ni un "schizophrène disjoncté", mais quelqu’un de cohérent et d’influent, qui prend la parole abondamment et en permanence sur toutes sortes de médias, y compris publics, comme France-Culture, qui est invité à donner des centaines de conférences à des étudiants, qui distille la haine et le poison raciste, avec la complicité de bon nombre de politiques et de journalistes, de manière excessivement dangereuse.

Citation:
Les organisateurs du colloque, qui regrettent la décision de l'écrivain, affirment avoir reçu environ 200 e-mails d'invectives ou d'insultes contre sa venue. Alain Finkielkraut a déjà renoncé à une autre conférence qui devait se tenir à Montpellier. Dans le cas lyonnais, ce ne sont pas les menaces qui l'ont fait reculer. "Je n'y vais pas, parce que je suis complètement désespéré par ce qui m'arrive, dit-il. Aujourd'hui, mon image préempte ma pensée. Je ne suis pourtant pas un dingue, mais quelqu'un qui essaie de réfléchir."



Il faut continuer à empêcher ce genre de gugus de prendre la parole. Twisted Evil Bravo ! Very Happy


Finkielkraut, à force de réfléchir, tu vas finir par simplement fléchir. C'est pas bon, pars donc en maison de repos avant que le Diable ne t'emporte. idem pour les médias véreux.

La force du Bien est du côté des justes.
_________________
Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l'on te fasse.
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Kiné Lam
Grioonaute 1


Inscrit le: 12 Mai 2004
Messages: 198

MessagePosté le: Mer 18 Nov 2009 18:10    Sujet du message: Répondre en citant

La question d'équilibrage de la diversité ethnique dans les médias ne se pose donc plus? Tout de même curieux, je trouve. Des voix ont, il y a quelques années, semblé exprimer un certain doute quant la fiabilité du traitement de l'information. La réserve s'appuyait en substance sur l'abondante représentativité juive autant à la télé qu'à la radio. Depuis lors, Roselmack a été délégué pour tempérer les dissidences qui naissaient... avec succès. Est-ce que la déontologie journalistique s'en sort indemne quand on repertorie une telle surreprésentativité? La réponse est non, car elle engendre larbinisme et opportunisme(de la part de ceux qui, juifs ou pas, font fi de la morale et aimeraient profiter du système), militantisme et prosélytisme. Sur une affaire au sujet de laquelle l'évidence ne laisse aucune once de doute, il y a des bonshommes qui essaient de nous enseigner que leur bon-sens à eux surplombe ladite évidence. Et cette stratégie qu'ils entretiennent, à fustiger les "étrangers" à répétition, on est bien candide si on ne l'a pas comprise tout de suite: On remet en question l'affiliation des autres à l'esprit de la france, on s'interroge ouvertement sur leur dégré d'intégration, sur leur identité. Ce faisant, on occupe la société à des discussions autour de l'appartenance des arabes et des Afros à la france. Et on l'entretient parce qu'il ne faut jamais que la société s'interroge sur nos origines à nous autres juifs. L'invective constante contre des "étrangers" que nous créons, ceux de nos fantasmes, disqualifie notre communauté de la réflexion sur l'appartenance à la france...
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