Posté le: Ven 23 Déc 2005 18:20 Sujet du message: une interview de BILE
Ce monsieur dans ces réponses fait preuve d'une très grande indépendance d'esprit tout comme TAUBIRA, il n'est pas apparement sous l'influence du mouvement des médias sur ce qui concerne les noirs!!!
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à lire ci-dessous:
Baobab l'arbre à palabre (Toubab du 16 décembre 2005)
Serge BILE, Journaliste à RFO et Ecrivain
Il est l'auteur du livre à succès "Noir dans les camps nazis" aux Editions Le Serpent à plume (2005) « On nous prend pour des cons »..
Si je vous dis : vous êtes plutôt connu dans le milieu dit des intellectuels, est-ce exact ?
Non. Ça fait une dizaine d’années que je participe à différentes opérations culturelles ou associatives dans les milieux antillais et africains. Et puis en tant que journaliste, j’ai beaucoup bourlingué, de la Côte-d’Ivoire, à la Guyane et la Martinique, où je présente le journal télévisé depuis dix ans. Avant cela, j’ai travaillé pendant cinq ans à France 3, où j’ai été reporter mais aussi présentateur dans différentes régions de France. Les gens me connaissent un peu.
Le livre : « Noirs dans les camps nazis » est votre succès. Cet ouvrage s’inscrit-il dans une compétition de mémoire ?
Si vous aviez lu le livre et mes différentes interviews, vous ne me poseriez pas cette question. Je ne sais pas ce qu’est la compétition de mémoire, et ça ne m’intéresse pas. Tous les peuples ont souffert et il serait absurde de faire un classement dans ces souffrances. C’est en partageant nos mémoires et nos histoires, qu’on fera que ces choses là ne se reproduisent plus.
Comment expliquer la crise dite des « banlieues » en France : paroles de rap ? Polygamie ? Mariages de « youyous » ?
Je ne suis pas un spécialiste des banlieues, donc je me garderai de m’avancer sur ce terrain. Pour autant, je trouve ridicule que certains aient pu lier cette émeute à la polygamie, en reprenant, une fois de plus, ce vieux fantasme raciste, qui fait du Noir un sauvage aux moeurs débridées et insolubles dans les valeurs occidentales. Ils ont exagéré un phénomène marginal uniquement à des fins politiques.
Au fond ! Que veulent les Noirs de France ?
Ils veulent être respectés et vivre comme tout le monde sans être discriminés au quotidien.
Si je vous dit CRANF (Conseil Représentatif des Associations Noires de France). Que vous inspire cela ? Comment appréciez-vous les contestations que l’on entend ici et là sur ce mouvement qualifié de « médiatico-ethnique » ?
Le CRANF est une très bonne chose. Il faut encourager les promoteurs de cette Fédération que nous appelions tous de nos vœux. Cela n’empêche pas les autres associations, antillaises et africaines, d’exister, elles aussi. Plus tard, si les unes et les autres estiment qu’il faut se mettre ensemble, elles se regrouperont, sinon chacun continuera son chemin. Le chantier est vaste, et c’est aux résultats qu’on jugera le CRANF, et je serai, en ce qui me concerne, sans complaisance. Il faudra néanmoins, à terme, que cette Fédération s’impose comme un véritable lobby, qu’elle pèse singulièrement sur la vie politique française. Mais ça, elle ne pourra le faire seule. Elle n’y arrivera que si les Noirs de France jouent eux aussi leur partition. Or, comme vous le savez, on n’existe dans ce pays, que de deux façons, soit par sa puissance économique, soit par le poids de son bulletin de vote. Pour ce qui est de la puissance économique, ce n’est pas encore ça. Il ne nous reste donc, pour peser, que nos bulletins de votes. Il est temps que nous réalisions que nos millions de voix peuvent changer le cours d’une élection. Il faut donc s’en servir. Le but de tout ça, ce n’est pas de nous marginaliser ou de nous communautariser, mais de réclamer toute notre place, notre juste place, au sein de la République, afin de vivre en harmonie avec nos compatriotes.
L’Assemblée nationale s’est opposée à l’abrogation de la loi du 23 février 2005 dont l’article 4 souligne les «aspects positifs» de la colonisation. Est-ce une usurpation historique ? Une erreur politique ?
C’est une erreur politique et une marque de mépris. Je résumerai en reprenant la réaction générale qu’on entend ici en Martinique depuis ce vote : « On nous prend pour des cons ».
Après tout, cette « colonisation » n’a-t-elle eu que des aspects négatifs ?
Votre question est surprenante et ne se pose même pas à mes yeux. Je vous rappellerai simplement, qu’avant la traite négrière, il existait de grandes civilisations en Afrique. Il y avait, au-delà de l’Egypte, les Royaumes du Mali, du Ghana, ou encore du Songhaï. Ils abritaient de grandes universités qui attiraient des gens de partout, d’Andalousie, de Bagdad, de la Mecque. Donc, dire que la colonisation nous a apporté l’école, c’est se moquer du peuple. C’est surtout méconnaître l’histoire de l’Afrique ou continuer à la falsifier, pour justifier la traite négrière qui a désorganisé le continent, et la colonisation qui a vampirisé ses richesses.
Vous êtes journalistes et la diversité dans les médias est un thème qui vous est cher. Faut-il aller vers une politique dite de « discrimination positive » pour solutionner cette question ?
Je ne suis pas, personnellement, partisan de la discrimination positive. Mais quand je dis ça, je dis ça pour moi. Il faut plutôt interroger des gens moins favorisés, pour lesquels je peux concevoir que ce soit nécessaire.
Quelle est votre appréciation des récents propos tenus par Alain Finkelkraut, notamment sur l’équipe de France « Black, Black, Black » ? Doit-il être interdit des médias publics ?
Alain Finkelkraut ne mérite pas que je m’attarde sur son cas qui relève à la fois de la paranoïa, de la psychiatrie et du racisme le plus primaire.
« La légende du sexe surdimensionné des Noirs » est le titre de votre récent ouvrage. De quoi est-il question et quel a été le but recherché dans la rédaction de cet ouvrage ?
J’aimerais d’abord dire que ce travail est dans la continuité du précédent. Ce qui m’intéresse, c’est la face cachée du monde noir. Tout ce qui s’y rapporte a été bâti sur des préjugés, et le préjugé sexuel est bien sûr fondamental. Il fonde la relation des Blancs aux Noirs et des Noirs avec eux-mêmes. Ce préjugé sexuel n’est ni plus ni moins que le frère jumeau du préjugé de couleur. C’est l’idée, développée, à partir surtout de l’esclavage, que les Noirs ne sont pas des hommes et qu’ils ne sont guidés que par leurs bas instincts. Tout part de la fameuse malédiction de Cham. La version officielle raconte que le fils de Noé a été maudit parce qu’il avait vu son père nu. Mais pour les premiers théologiens, Cham a, en réalité, fait pire que ça. Il a, selon eux, carrément violé et châtré son père. Ses descendants, c'est-à-dire les Noirs, ont été, du coup, considérés comme des monstres sexuels, et condamnés, non seulement à être esclaves, mais aussi à porter un pénis « ignominieusement » long. C’était écrit ! A partir de là, on a affirmé, siècle après siècle, que les Noirs avaient un sexe à la place du cerveau. Un sexe naturellement démesuré ! Ça a pourri la vie de beaucoup d’entre eux, comme Alexandre Dumas, le Chevalier de Saint-Georges, ou Pouchkine, dont l’aïeul était africain.
Cet ouvrage fait moins parler que le précédent. Le sujet n’intéresse-t-il donc pas la presse ?
Disons que c’est un livre qui aborde un sujet sensible et certains journalistes ne savent pas comment le traiter. Mais l’essentiel, c’est que les choses se passent bien en librairie.
Pensez-vous à un certains moment avoir été orchestré ?
Par qui ? Je suis assez libre et n’ai besoin de personne pour dire et faire ce que j’ai à dire ou à faire. Quand je prends une position, je ne tiens pas compte de la couleur de celui vis-à-vis de qui je m’exprime. Je ne prendrai pas partie pour un Noir parce qu’il est Noir, mais parce qu’il dit des choses intéressantes. J’en ferai de même si c’est un Blanc. Je ne connais pas de frontières de couleur et ça ne m’intéresse pas.
Posté le: Ven 23 Déc 2005 19:17 Sujet du message: Re: une interview de BILE
Un vrai esprit libre, au professionnalisme apprécié par ses collègues qui savent rester objectifs (selon mes infos en direct de RFO Martinique).
Morceaux choisis dans cette interview :
GrandKrao a écrit:
Le livre : « Noirs dans les camps nazis » est votre succès. Cet ouvrage s’inscrit-il dans une compétition de mémoire ?
Si vous aviez lu le livre et mes différentes interviews, vous ne me poseriez pas cette question . Je ne sais pas ce qu’est la compétition de mémoire, et ça ne m’intéresse pas. Tous les peuples ont souffert et il serait absurde de faire un classement dans ces souffrances. C’est en partageant nos mémoires et nos histoires, qu’on fera que ces choses là ne se reproduisent plus.
GrandKrao a écrit:
Au fond ! Que veulent les Noirs de France ?
Ils veulent être respectés et vivre comme tout le monde sans être discriminés au quotidien.
Point. C'est pas compliqué, non ?
GrandKrao a écrit:
L’Assemblée nationale s’est opposée à l’abrogation de la loi du 23 février 2005 dont l’article 4 souligne les «aspects positifs» de la colonisation. Est-ce une usurpation historique ? Une erreur politique ?
C’est une erreur politique et une marque de mépris. Je résumerai en reprenant la réaction générale qu’on entend ici en Martinique depuis ce vote : « On nous prend pour des cons ».
La Martiniquaise confirme
GrandKrao a écrit:
Après tout, cette « colonisation » n’a-t-elle eu que des aspects négatifs ?
Votre question est surprenante et ne se pose même pas à mes yeux. Je vous rappellerai simplement, qu’avant la traite négrière, il existait de grandes civilisations en Afrique. Il y avait, au-delà de l’Egypte, les Royaumes du Mali, du Ghana, ou encore du Songhaï. Ils abritaient de grandes universités qui attiraient des gens de partout, d’Andalousie, de Bagdad, de la Mecque. Donc, dire que la colonisation nous a apporté l’école, c’est se moquer du peuple. C’est surtout méconnaître l’histoire de l’Afrique ou continuer à la falsifier, pour justifier la traite négrière qui a désorganisé le continent, et la colonisation qui a vampirisé ses richesses.
"On nous prend pour des cons", bis repetita...
GrandKrao a écrit:
Quelle est votre appréciation des récents propos tenus par Alain Finkelkraut, notamment sur l’équipe de France « Black, Black, Black » ? Doit-il être interdit des médias publics ?
Alain Finkelkraut ne mérite pas que je m’attarde sur son cas qui relève à la fois de la paranoïa, de la psychiatrie et du racisme le plus primaire.
WAYE !
GrandKrao a écrit:
Pensez-vous à un certains moment avoir été orchestré ?
Par qui ? Je suis assez libre et n’ai besoin de personne pour dire et faire ce que j’ai à dire ou à faire. Quand je prends une position, je ne tiens pas compte de la couleur de celui vis-à-vis de qui je m’exprime. Je ne prendrai pas partie pour un Noir parce qu’il est Noir, mais parce qu’il dit des choses intéressantes. J’en ferai de même si c’est un Blanc. Je ne connais pas de frontières de couleur et ça ne m’intéresse pas.
Co-signe à 300%.
"Qu'il me soit permis de découvrir et de vouloir l'Homme, où qu'il se trouve"
Frantz FANON _________________ "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
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