M.O.P. Super Posteur
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Posté le: Lun 26 Déc 2005 15:29 Sujet du message: L'histoire du Tango Argentin, une histoire bien Negre. |
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Le Tango fut inventé par des noirs dans les quartiers noirs de Buenos Aires.
Ces noirs furent par la suite décimés par diverses épidémies (seulement ?) et les argentins issu d'un métissage, n'en parle jamais.
http://webplaza.pt.lu/rabe/tango/links/50056394b80f60204.html
Citation: | LE TANGO: POÈTES ET PAROLIERS
(Résumé de Bernard Christophe d'une conférence de Raymond Becker)
Pourquoi le tango est-il si triste ?
1880 : Avec la disparition presque totale des noirs de Buenos-Aires, décimés par une épidémie de fièvre jaune, le tango rapide, saccadé, moqueur et fanfaron, qui était né des bas fonds, des faubourgs, des marginaux, des malfrats et des bandits, des maquereaux et des prostituées, perdit peut-être son étincelle et son sourire.
Les millions d’émigrants européens, déracinés, venus s’échouer sur les ports du Río de la Plata entre 1880 et 1920 apportèrent au tango sa lumière blafarde et ses poètes désespérés, le sentiment musical des italiens, le lyrisme du violon des juifs, et de l’Allemagne, l’orgue de barbarie et le bandonéon.
Les bordels furent les premières sources d’inspiration des textes de tango mais ils n’apportaient qu’une sorte de couleur locale. On chantait des couplets plus ou moins improvisés et obscènes dont il ne reste presque guère de trace dans les journaux de l‘époque, qui les censurent.
Un exemple qui reste présentable : Da me la lata (Passe moi la caisse), d’un certain Juan Pérez, clarinettiste de fêtes foraines. Le titre fait allusion au revenu du maquereau. C’est une forme de poésie argotique:
„Passe la caisse - que tu as planquée - qu’est-ce que tu crois, traînée - que je vais te rouler? - Passe la caisse - et au turbin! - Sinon c’est une rossée - que je vais te flanquer.“ |
http://www.leducation-musicale.com/Bac2004/tango/Tango-Plisson.htm
Citation: | Le Tango : entre le blanc et le noir
par Michel Plisson, Ethnomusicologue
Notre souci est, dans cet article plus musicologique et pédagogique qu'historique, d'aider à mieux comprendre et percevoir cette musique qui appartient à un univers musical, somme toute assez éloigné de ce qu'il est convenu communément d'appeler la "musique savante occidentale" ou "musique classique".
Car le tango a des origines noires - notamment rythmiques -, et a en commun avec les musiques d'origine afro-américaines telles que le jazz, les musiques brésiliennes, les musiques afro-cubaines, etc. d'être une musique métisse, d'avoir emprunté à la fois aux cultures noires et blanches d'Amérique. |
Le terme tango
Citation: |
En Afrique, le terme tango appartient à plusieurs langues kongo. On le retrouve dans au moins deux langues du groupe kongo/bantou : n'tangou qui signifie " le temps " en langue kongo/lari14, mais signifie " le soleil " en langue kongo/lingala15. Dans d'autres langues il signifierait "lieu fermé", c'est-à-dire le lieu dans lequel il faut être initié pour entrer et où se pratiquent des rituels religieux et les tambours. Par antonomase, le terme aurait ensuite désigné les tambours eux-mêmes, puis la musique produite par ces tambours à laquelle auraient pu se joindre d'autres instruments afro, idiophones tels que gratteurs ou racleurs.
Dans l'Amérique atlantique, le terme tango circule du Golfe du Mexique jusqu'au Rio de la Plata depuis au moins le XVIIIème siècle. Tambo ou tango se retrouvent dans les textes administratifs des municipalités qui se plaignent du bruit que font "los negros, sus bailes y sus tangos16". On retrouve ce mot désignant différents tambours ou des pratiques afro-musicales au Venezuela, au Mexique, en Guyane anglaise...
À Cuba au XIXème le terme tango désigne toutes danses de rues des esclaves17. Le négrier appelait tango l'endroit où il parquait les esclaves avant l'embarquement. Plus tard, en Amérique, on appela tango le lieu où l'on les vendait, enfin, on donna le nom de tangos aux sociétés de secours mutuel, aux confréries et naciones de Noirs affranchis ou libres, et aussi aux lieux fermés où l'on entreposait les tambours. Enfin on appelait bailes de tangos les danses et les jeux de tambours des Noirs qui intégreront les comparsas du carnaval porteño18 fin XIXème siècle. De manière générale, on associe tambor à tambo et tambo à tango, les Espagnols prononçant mal tango auraient déformé le mot en tambo.
Ce qui ressort de ces définitions et de la recherche historique, c'est qu'avant la fin du XIXème siècle, le terme tango ne renvoie à aucune forme ou genre musical ou chorégraphique défini, sinon à des pratiques de musique et de danse fort diverses, plus ou moins ritualisés, pratiquée par des populations d'origine noire.
- Concernant la musique, il s'agit de musique de tambours jouée par les Noirs accompagnée de chants a cappella dans lesquelles interviennent souvent des idiophones tels que charrasca, quijada, marímbula, marimba, masacalla (Rossi : 243) signalés par les témoins et les auteurs (Ayestarán) sans doute assez proche du candombe19 qui se pratique toujours aujourd'hui dans les rues de Montevideo lors du Carnaval et produit de processus complexes de miscegenation20 entre ethnies noires et blanches.
- Concernant la danse, les lithographies et les témoignages montrent des danses collectives en file où les hommes et les femmes sont répartis sur deux rangs et s'approchent à se toucher le nombril (danse "ombligada" ou pelvienne) et reculent au son du tambour tel que le voyageur français Alcide d'Orbigny les a vus à Montevideo en 1827 et que citent de nombreux auteurs partout en Amérique latine. Le tango, non pas comme pratique festive des Noirs, mais comme danse de couple individuel, ne fait son apparition dans le Rio de la Plata qu'à la fin du XIXème siècle, sous l'influence des danses européennes de salon, qui arrivent encore en Amérique latine.
La présence noire est constante dans le tango des origines, même si elle est niée par certains. Les Noirs furent présents non seulement dans la couleur de peau des musiciens et des chinas, mais surtout dans les figures de danse, les pratiques festives publiques de tambour, les déguisements de carnaval comme on peut le voir sur les nombreuses lithographies de l'époque. La présence des cultures africaines (par suite des métissages afro-américains) fut indispensable pour que les syncrétismes musicaux puissent se produire avec la culture blanche. Sans ce substrat afroïde, le tango porteño n'aurait pu exister.
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LE TANGO DANS SON CONTEXTE
a) Les Noirs et les Blancs : Enjeux symboliques
Citation: | Fin XIXème siècle, la mention tango commence à apparaître sur des partitions imprimées éditées dans le Rio de la Plata. Pourtant, le terme tango est beaucoup plus ancien et se réfère à une musique et à une danse très différente, celle que pratiquent les esclaves noirs du côté atlantique de l'Amérique, jusqu'aux Antilles. Ce tango-là se joue et se danse collectivement avec des tambours dans les baraquements des plantations de cacao ou de canne à sucre ou les maisons de maître mais aussi, une fois les esclaves libérés3, dans les faubourgs suburbains des villes, dans les prostíbulos4, dans ces lieux interlopes qui ne sont plus la campagne mais pas encore la ville. Malgré la méfiance qu'elles leur inspirent, ces manifestations publiques des Noirs sont très prisées des Blancs. Des quartiers populaires ils investissent la ville, surtout à certaines périodes : Carnaval, Saint Jean, jour de l'Epiphanie, l'égayant et inversant symboliquement l'ordre social pour quelques jours, en contact de plus en plus fréquent avec les Blancs et intégrant de nombreux syncrétismes musicaux5. Ils défilent dans les rues avec leurs comparsas6 devant les Blancs, à la fois fascinés et retenus, troublés et méfiants devant cette masse indocile récemment libérée des chaînes de l'esclavage, dansant d'une manière que réprouvent les bonnes mœurs. Danse et musique attirent les Blancs qui aiment la "vénus noire"7.
Au XIXème siècle, les Noirs sont encore très nombreux dans le Rio de la Plata. À Buenos Aires, ils constituent encore 30 % de la population totale en 1838, période cruciale où les musiques trouvent des formes nationales et se régionalisent après la chute de l'empire colonial espagnol. À la fin du XIXème siècle, ils sont encore quelques milliers qui voient arriver par vagues successives des centaines de milliers d'émigrants blancs issus pour la plupart d'Europe et du Proche-Orient mais suffisamment nombreux pour imprégner les Blancs de leurs pratiques. Les Noirs disparaîtront à Buenos Aires au tournant du XXème siècle, décimés par les maladies, la malnutrition, les guerres intestines8 dans lesquelles on les envoie combattre les Indiens dans la pampa contre promesse de libération. À ce moment, les vagues d'émigrants blancs ont complètement envahi l'espace social du Rio de la Plata. Pourtant, si les Noirs disparaissent ou refluent dans les banlieues lointaines à Buenos Aires, ils existent encore à Montevideo au sein de la ville dans la proportion de 6%, qui, aujourd'hui encore, pour Carnaval, lancent l'appel des tambours, les llamadas, lorsque sortent les tambours du candombe.9
Les Blancs déracinés culturellement, à la recherche d'identité, vont s'emparer de cette música criolla10, musique dans laquelle les gauchos de la pampa toute proche et les Noirs jouent un rôle important, même s'il est largement minimisé, voire occulté en Argentine.
Cette présence des Noirs dans le Rio de la Plata se retrouve dans tout l'Atlantique qui est alors une zone d'intense activité, à cause de la traite négrière tout d'abord mais aussi pour le commerce général des marchandises. Les ports de Buenos Aires (Argentina), Montevideo (Uruguay), Rio de Janeiro (Brésil), La Havana (Cuba) sont en étroites et constantes relations commerciales, échanges que la réalité latino-américaine d'aujourd'hui rend difficile d'imaginer. C'est ainsi que circulent les musiques, les instruments, les formules rythmiques, les figures de danse et les partitions imprimées dans un constant va et vient de haut en bas et de bas en haut entre groupes sociaux. Ainsi la habanera11 [croche pointée/double, deux croches] comme rythme, musique et danse se retrouve-t-elle un peu partout en Amérique latine, s'acclimatant et s'adaptant en fonction de son environnement social, notamment dans le Rio de la Plata, dans le tango et la milonga12, comme d'autres rythmes comme nous le verrons plus loin.
Ainsi, dès ses origines, le tango se développe - musique et danse - comme produit du métissage : des rythmes afro-américains soutiennent des mélodies issues des zarzuelas13 espagnoles, puis plus tard d'Europe de l'Est, jouées par des Espagnols et des Italiens sur un instrument d'origine allemande : le bandonéon. |
_________________ La vie est un privilege, elle ne vous doit rien!
Vous lui devez tout, en l'occurence votre vie |
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