OGOTEMMELI Super Posteur
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Posté le: Mar 20 Déc 2005 21:25 Sujet du message: Colonisation : bombes humaines à Madagascar |
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Les massacres ignorés de Madagascar
(Ouest France du 29,30,31 mars 1997)
Jean-Claude MUTEAU a écrit: | Au soir du 29 mars 1947, commence la révolte contre la présence française. A Moramanga , sur la voie ferrée Tamatave-Tananarive, les insurgés attaquent des tirailleurs sénégalais, sans parvenir à prendre leur camp.
Quelques officiers sont tués dans leur hôtel. Une autre action est engagée près de Manakara contre des localités où vivent des Français, avec des succès limités là encore.
Ces évènements suffisent à entraîner dans la lutte des masses rurales hostiles à l'administration française et aux colons, tant il est vrai que, depuis la fin de la conquête en 1896, le sentiment national malgache est resté vivace.
La Seconde Guerre mondiale a d'ailleurs, comme dans d'autres colonies, affaibli la domination de la métropole. De Vichy, le pouvoir est passé aux Anglais, puis à la France libre. Mais, si cette dernière a accordé quelques libertés, elle a imposé à la population un effort de guerre jugé insupportable.
Au mécontentement dû aux réquisitions de main-d'oeuvre, à la pénurie, à la hausse des prix, s'ajoutent les frustrations d 'anciens combattants malgaches rapatriés sans égards après de longues années au service d'une France qu'ls jugent bien ingrate. Trouvant en ces soldats des cadres, la révolte s'étend profitant de la faiblesse des effectifs militaires dans la colonie, 6 000 hommes tout au plus.
Mais, à la mi-avril, arrivent les premiers renforts, des parachutistes et des tirailleurs africains, soit 18 000 combattants. Le gouvernement Ramadier veut reprendre rapidement la situation en main. Opposant une armée moderne, dont les effectifs sont portés à 30 000 hommes, à des insurgés équipés de sagaies, de machettes, de rares fusils, la guerre dure pourtant jusqu 'à la fin de 1948 et s'accompagne d'une répression impitoyable. Elle frappe d'abord le MDRM (Mouvement démocratique de la renovation malgache), parti légal qui a trois députés à la Chambre élue en novembre 1946. Il veut l'indépendance par la voie négociée. Hostile à une révolte déclenchée par des sociétés secrètes, le Panama (Patriotes nationalistes malgaches) et la Jina (nom d'un oiseau ) il a clairement mis en garde ses militants contre la lutte armée.
Mais, pour le pouvoir politique français, l'occasion d'écraser un parti nationaliste populaire est trop belle. Militants, élus du MDRM, sont pourchassés, torturés; malgré leur immunité parlementaire, les députés Ravoahangy et Rabemananjara sont arrêtés à Tananarive dès le 12 avril. Le 6 juin, le troisième, Raseta, subit le même sort à la sortie du Palais Bourbon où la majorité de ses collègues vient de voter la levée de son immunité; seuls les députés communistes et d'outre-mer s'y sont opposés.
A Madagascar, les troupes françaises mènent une véritable guerre coloniale dont la presse métropolitaine ne parle pratiquement pas. Les Français restent dans l'ignorance de la reconquête et des atrocités commises. Le bilan est particulièrement lourd. 1.900 Malgaches ayant "collaboré avec les Français" ont été tués par les insurgés, ainsi que 500 militaires et colons. Le nombre des indépendantistes morts est tout autre: combats, massacres, incendies de villages, tortures, famine, auraient fait périr 100 000 personnes. Fin 1948, le général Garbey de l'état-major français parle de 86 000 victimes, mais en 1960, on annonce officiellement 11 342 morts!...
Plus édifiante que les chiffres est l'évocation des méthodes utilisées deux ans après la fin de la barbarie nazie. Un extrait d'article pourtant hostile aux insurgés, publié dans France-Soir le 8 mai 1947 et lu à la Chambre par le socialiste Lamine Gueye, à la grande fureur de nombre de ses collègues, permet de se faire une idée :
"Les répresailles sont effrayantes. Des prisonniers malgaches sont chargés en avion et lâchés vivants au-dessus des villages dissidents comme "bombes démonstratives". A d'autres endroits, les rebelles, enfermés dans des cases, sont brûlés vifs".
"Les méthodes qui seront plus tard employées en Algérie ont été utilisées", constate l'historien J.Planchais (1). Tout cela reste mal connu : un manuel de terminale sur deux ne fait pas la moindre allusion à la révolte malgache dans son chapitre sur la décolonisation. Pourtant ce drame montre à quel point la IVè République a eu du mal à admettre l'émancipation des peuples de son empire colonial déguisé en "Union française". Aux premières revendications indépendentistes, elle a toujours répondu avec brutalité. Craignant d'être affaiblie par la perte de ses colonies, la France s'est alors abaissée d'avoir trop voulu les garder. |
[(1) : L'Empire embrasé, Denöël Paris 1990] _________________ http://www.afrocentricite.com/
Umoja Ni Nguvu !!!
Les Panafricanistes doivent s'unir, ou périr...
comme Um Nyobè,
comme Patrice Lumumba,
comme Walter Rodney,
comme Amilcar Cabral,
comme Thomas Sankara,
Et tant de leurs valeureux Ancêtres, souvent trop seuls au front... |
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