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Colonisation : au napalm en pays Bamiléké

 
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OGOTEMMELI
Super Posteur


Inscrit le: 09 Sep 2004
Messages: 1498

MessagePosté le: Mar 20 Déc 2005 19:58    Sujet du message: Colonisation : au napalm en pays Bamiléké Répondre en citant

Massacres en pays Bamiléké

http://www.pressafrique.com/m93.html

Citation:
Sous la direction de l'armée française, les troupes camerounaises rasent le bourg de Yogandima, massacrant près de 8 000 civils désarmés. Depuis 10 ans, l'administration coloniale fait face à l'opposition de l'Union populaire du Cameroun (UPC). Le haut-commissaire français Pierre Messmer a organisé l'assassinat de nombreux leaders de l'UPC, ainsi que des expéditions punitives.

À l'indépendance, le 1er janvier 1960, Jacques Foccart y installe un gouvernement fantoche, présidé par son ami Ahmadou Ahidjo. Le jour même, le jeune État signe un accord d'assistance militaire avec la France. Charles de Gaulle dépêche cinq bataillons, commandés par le général Max Briand.

Entre février et mars cent cinquante-six villages bamilékés sont incendiés et rasés. Des dizaines de milliers de personnes sont massacrées.

De cette terrible répression, la presse française, muselée et aveuglée par la crise algérienne, ne dira mot. Finalement, le 2 octobre, le leader de l'UPC, Felix Moumié, est assassiné à Genève par les services secrets français.


Citation:
Max Bardet, un pilote d'hélicoptère présent au Cameroun de 62 à 64 témoigne :

« En deux ans l'armée régulière a pris le pays Bamiléké du Sud jusqu'au Nord et l'a complètement ravagé. Ils ont massacré de 300 à 400 000 personnes. Un vrai génocide.
Ils ont pratiquement anéanti la race. Sagaies contre armes automatiques. Les Bamilékés n'avaient aucune chance. A la fin de la guerre, j'ai fait une prospection d'un mois avec un administrateur général du nom de Coudret. Il était indigné. Ce n'est pas possible tous ces villages morts, où sont les habitants ? Les villages avaient été rasés un peu comme Attila. Peu de français sont intervenus directement. J'en ai connu 3 ou 4. La presse n'en a pas parlé. On faisait plaisir au président Ahidjo parce qu'il fallait que le Cameroun garde ses liens avec la France. »

(Max Bardet, OK Cargo, Grasset)



Citation:
Le soir, les convois des militaires reviennent remplis des têtes qui sont déversées et exposées au carrefour qui deviendra le carrefour des maquisards, jusqu'à mon départ du Cameroun en 1976 et même peut-être jusqu'à aujourd'hui. C'est au coeur de Bafoussam, à une trentaine de mètres de la maison de mes parents que tout cela est exposé. C'est aussi là que les exécutions ont lieu. Après une certaine pause, en raison de la famine et en l'absence de tout secours, les populations sont rentrées dans les royaumes sans maisons et sans cultures. D'autres sont allées dans les camps créés par l'occupant, sans eau, sans accès au bois, et terrorisées par les militaires.

Les Bamilékés n'ont pas de frontière avec un autre pays : c'est dire qu'ils n'ont trouvé refuge nulle part. Batié était nettoyée. Les Baham avaient résisté à l'entassement dans les camps. A Badenkop, la population était regroupée dans des camps, sans toit alors qu'il faisait très froid sur les hauts plateaux, sans possibilité d'aller récolter dans les champs. C'était un véritable camp de concentration.

Pendant l'accalmie, j'ai été amenée là-bas par une délégation à la tête de laquelle je représentais mon père et ma grand-mère pour une cérémonie traditionnelle. Je n'en ai compris le sens qu'en juillet 1997, quand mon oncle m'a raconté une partie de l'histoire de notre famille. Ce développement n'est pas nécessaire ici. Je retiens la misère que j'ai vue dans les camps de Badenkop, malgré la volonté des survivants de reprendre une vie normale. Bangou était un vrai camp d'horreur. Nous y sommes allés, têtes rasées, après "l'indépendance", pour défiler devant les vainqueurs.

Il faisait froid. Les survivants étaient dans ces camps militaires qui sentaient la mort. Les tranchées étaient partout ; il fallait rester sage pour ne pas tomber dans ces trous sans fond. Un petit pont permettait aux militaires d'aller de l'autre côté du camp où ils devaient se sentir en sécurité et où les miradors étaient montés.

De ces miradors, les armes étaient pointées sur nous, enfants sans défense, sans parents, affamés et apeurés, amenés de force de Baham à pieds. Plus tard et de temps à autre seulement, les survivants étaient autorisés à aller au village pendant quelques heures. Mais on ne ramenait pas grand-chose car tout avait été brûlé, et les champs étaient abandonnés depuis des années.

A son retour, papa n'était qu'un témoin renvoyé par Dieu, pour témoigner de ce qu'est l'horreur coloniale, l'hitlérisme version tropicale. Il parlait tout seul, il se défendait, ne sortait pas. Son corps était présent, mais sa personne, son esprit, sa personnalité étaient restés dans les camps de la mort. Certains, surtout l'occupant lui-même, ont osé avancer le chiffre de 400 000 morts. Sur quelle période ? Les gens morts dans la région du Mungo sont-ils comptés ? Beaucoup sont morts là-bas.

D'autres ont été tatoués et renvoyés à l'Ouest où les massacres et les entassements dans les camps faisaient rage. A-t-on compté ceux qui mourraient dans les camps de concentration, ceux des camps d'extermination (BBm, Yoko, tous les camps militaires de l'Ouest ? Et Bangou, qui était si redoutable, et dont on parlait tant ? Après la guerre, la région était presque vide ; en 1992, ma mère m'a dit que l'Ouest est presque aussi peuplé qu'avant l'extermination. Ma belle-mère a perdu ses 8 frères. Quelle est la période retenue ? La période des bombardements et du déversement du napalm ou la période de Terreur ?

Après le génocide, le racisme institutionnel. Dans les années 1970, le colon considère qu'il y a toujours trop de bamilékés, et que sa tâche n'est pas terminée. Un personnage important dans le nouveau système proposera que la France lâche une bombe atomique dans la région "pour régler le problème une fois pour toute". On disait que l'auteur de cette phrase était monsieur Mbida. La terreur a été telle que tous les parents bamilékés ont tu les faits à leurs enfants et leur ont prêché le retrait du politique, le non-militantisme. Le colon, via Ahidjo, avait réussi à faire croire aux survivants que si les bamilékés ne s'intéressaient pas à la vie politique du pays, ils seraient à l'abri d'un deuxième génocide. Il n'en sera rien, même si la forme va changer à partir des années 1975.

La communauté bami est tellement accablée qu'elle ne trouve pas de mots pour exprimer ses souffrances. Il faut dire que le colon est toujours aussi actif dans la terreur. Le mot d'ordre est que les survivants ne doivent jamais faire de la politique. C'est-à-dire qu'il faut soutenir la politique des brutes, des voyous, des individus qui se sont accaparé les institutions par la ruse, et qui vivent du vol avec violence.

Témoignage de Jeannette KAMTCHUENG

http://www.blackdefrance.com/modules.php?name=News&file=article&sid=104&mode=thread&order=0&thold=0





Citation:
Actuellement retraitée à Biarritz, j'ai quitté le Cameroun en 1990 après y avoir vécu près de 40 ans. Je suis professeur de mathématiques et d'informatique, actuellement retraitée. Je suis arrivé à N'Kong Sanba, en pays Bami, en septembre 1962 , au bras de mon époux, militaire francais.

A cette époque, la région était en proie aux troubles à tel point que je n'ai pu m'aventurer en dehors de la ville, qu'un an après. Les « terroristes » comme les appelaient les militaires français et leurs supplétifs camerounais dénonçaient le gouvernement d'Ahidjo, cet ancien postier installé au pouvoir par les autorités coloniales.

Très vite, j'ai pris la mesure des activités militaires françaises dans ce Cameroun, tout juste « indépendant ». Avec effroi, j'ai constaté le traumatisme causé par les répressions terribles de l'armée française les années précédentes. Les bamilékés, adultes et enfants y faisaient allusion à mots couverts ou parfois de façon plus directe sans parler de certains français sur place. Le racisme et le cynisme de mes compatriotes, époux compris, m'ont contrainte à m'éloigner d'eux et de divorcer de mon mari.


Des personnes ayant expérimenté la colonisation de l'Afrique par l'Europe vivent encore aujourd'hui. Il serait très édifiant de recueillir le maximum de témoignages directs d'aînés africains qui l'ont vécue : eux savent, jusque dans leur propre chair, à quel point c'était "positif"...
_________________
http://www.afrocentricite.com/
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Vidékon
Grioonaute 1


Inscrit le: 04 Juil 2005
Messages: 195

MessagePosté le: Mar 20 Déc 2005 22:50    Sujet du message: Répondre en citant

Très intéressant Ogotomelli, ta démarche est très démonstrative de ce qu'ils appellent "les effets positifs de la colonisation." Rolling Eyes
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GONDWANA
Grioonaute 1


Inscrit le: 17 Juin 2005
Messages: 161

MessagePosté le: Mer 28 Déc 2005 16:44    Sujet du message: Répondre en citant

Ogotomelli encore merçi pour tes recherches.Sache qu'encore aujourd'hui cette histoire est absente des manuels scolaires camerounais.
Je n'ai compris à peu près ce qui s'était passé que dans les années 2000 c'est dire l'Omerta qui règne sur ces faits.Avant il n'y avait que des moqueries ou des histoires du genre "Ahidjo avait rasé tel village jusqu'au dernier des poulets" Ces histoires me semblaient tellement irréelles que je les mettais sur le compte de l'exagération proverbiale des Camerounais.
J'ai été sur le site de françois qui a mis en ligne les RDV avec M.X,qui parlaient de l'UPC et de la période des indépendances au Cameroun.
Le sentiment qu'il m'a donné en l'écoutant était que bien plus que les Camerounais de l'époque c'était bien lui qui avait des problèmes avec les Bamilékés.Et puis son discours sonne faux,c'est l'une des rares sources françaises qui parle de cette campagne française en pays bamiléké,mais il établit le nombre de Bamis potentiellemnt impliqués dans le maquis à 400.00 mais uniquement à 3.000 le nombre de morts côté Bami ce qui revient à 0,75% de pertes selon ses prores estimations.Autant dire qu'il ne s'est rien passé.
Alors pourquoi avoir dépéché 5 bataillons français,des hélicoptères avec napalm sur place?
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OGOTEMMELI
Super Posteur


Inscrit le: 09 Sep 2004
Messages: 1498

MessagePosté le: Mer 28 Déc 2005 19:38    Sujet du message: Répondre en citant

Vidékon a écrit:
Très intéressant Ogotomelli, ta démarche est très démonstrative de ce qu'ils appellent "les effets positifs de la colonisation."

Merci, Vidékon : on peut d'autant plus facilement vendre "le côté positif de la colonisation" qu'on est parvenu à occulter pendant trop longtemps les atrocités en quoi elle a consisté. Or des victimes (ou témoins oculaires) africaines desdites atrocités, massacres, tortures, etc. sont encore vivantes. Nous aurions tellement mieux fait d'interroger ces Anciens pour recueillir leurs propres versions ; les inviter dans des établissements scolaires africains, afin qu'elles racontent elle-mêmes, de vive voix, cette version à nos enfants et petits frères, ces Africains de Demain...
Faute de quoi, dans quelques décennies il y aura d'autres Grenouilles pour tenter de les emberlificoter.

GONDWANA a écrit:
Sache qu'encore aujourd'hui cette histoire est absente des manuels scolaires camerounais. Je n'ai compris à peu près ce qui s'était passé que dans les années 2000 c'est dire l'Omerta qui règne sur ces faits

Il est indispensable à la France et à ses affidés d'occulter cette histoire aux Camerounais (et plus généralement aux Africains), afin de continuer de maintenir des positions colonialistiques en Afrique. Malheureusement pour eux, en ouvrant la boîte de pandore des "côtés positifs...", ils s'exposent au risque majeur qu'une frange conséquente de la jeunesse africaine, qui ne connaît rien à cette histoire, s'y intéresse de plus en plus ; et découvre avec stupeur et révolte tant de "férocité blanche"...
Le mutisme assourdissant des "gouverneurs nègres" de la Françafrique à propos de cet amandement Vanneste illustre amplement ce point de vue.
Donc, l'arme la plus efficace pour nous reste encore une ANAMNESE des plus radicales, qui mette au centre de nos préoccupations intellectuelles le passé de l'Afrique, tout son passé ; et les conditions de possibilité d'un avenir-autre, en rupture structurale avec ces cinq cents ans de domination et de défaite. Et évidemment, on ne peut rompre vraiment qu'avec ce dont on a connaissance/conscience...
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