Posté le: Mar 03 Jan 2006 02:20 Sujet du message: Pillage du patrimoine malien
Voici un article du monde diplomatique datant de 2004:
Un patrimoine inestimable en danger
Les manuscrits trouvés à Tombouctou
A l’orée du Sahara et à quelques encablures du fleuve Niger, Tombouctou, au Mali, a longtemps été une cité fermée aux Européens. Carrefour commercial à l’époque des caravanes, elle fut aussi le siège d’une intense vie intellectuelle. Au cours de cet âge d’or, des milliers de livres ont été écrits à la main puis abandonnés à la poussière du désert. On commence à les exhumer. De la nuit de l’oubli émerge ainsi une passionnante histoire de l’Afrique jusqu’à présent ignorée.
A Tombouctou, la progressive découverte de vieux manuscrits, dont certains remontent au XIIIe siècle, est en passe de devenir un enjeu historique pour toute l’Afrique. Plus de 15 000 documents ont déjà été exhumés et répertoriés sous l’égide de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) ; 80 000 autres dorment encore quelque part dans des malles ou au fond des greniers de la ville mythique (1). Ces précieux écrits qui firent la gloire de la vallée du fleuve Niger entre le XIIIe et le XIXe siècle (2), sont menacés de décomposition et de pillage par des trafiquants.
De rarissimes ouvrages, écrits en langue arabe, parfois en fulani (peul) par des érudits originaires de l’ancien empire du Mali (3), transitent par la Suisse, où on les maquille ; puis sont proposés à des collectionneurs qui se les arrachent. Chef de la mission culturelle de Tombouctou, M. Ali Ould Sidi ne cache pas son inquiétude : « Les manuscrits dont sont dépositaires les habitants doivent être identifiés, protégés, restaurés, sinon Tombouctou se verra dépecée de sa mémoire écrite. Une mémoire dont on ne soupçonne pas la portée. »
Tombouctou, la « ville sainte », la « mystérieuse », l’« inaccessible » qui fascina tant d’explorateurs – de l’Ecossais Mungo Park au Français René Caillié et à l’Allemand Heinrich Barth – est une fabuleuse cité de sable située au nord-est de l’actuel Mali, aux confins sud de l’immense désert du Sahara et en retrait sur la rive gauche du fleuve Niger. Fondée vers le XIe siècle par les Touaregs, la cité s’impose, à partir du XIVe siècle, comme un centre de commerce capital entre l’ancien Soudan (4) et le Maghreb. Le sel de Taoudenni, l’or des mines de Buré et les esclaves du Ghana y transitent. Marchands arabes et perses y côtoient des voyageurs (5) et des philosophes musulmans animés de l’ardent désir de gagner à la foi d’Allah les populations locales. C’est l’époque où l’Afrique sahélienne se partage entre les empires qui se convertissent à l’islam et les autres. Si celui des Mossis (actuel Burkina Faso) résiste à se donner à la religion de Mahomet, l’Empire songhaï – qui succède à l’empire du Mali à la fin du XIVe siècle – y adhère.
Les trois grandes cités de la région (Tombouctou, Gao et Djenné) deviennent les pôles d’une effervescente civilisation islamo-soudanienne dont la mémoire reste vivace. Au XVe siècle, Tombouctou ne comptait pas moins de 100 000 habitants (30 000 aujourd’hui), dont 25 000 « étudiants » qui fréquentaient l’université de Sankoré désormais transformée en mosquée. Les conférences des oulémas, savants musulmans, étaient retranscrites par des copistes sur de l’écorce d’arbre, des omoplates de chameaux, de la peau de mouton, ou du papier en provenance d’Orient puis d’Italie. Au fil des siècles, un précieux corpus philosophique, juridique et religieux s’est ainsi constitué.
En outre, tout un savoir didactique – consignant pêle-mêle la course des planètes, la tonalité des cordes d’un instrument de musique, les cours des tissus et de la noix de kola – a été conservé dans les moindres recoins des pages de ces manuscrits nomades. Les caravanes qui transhumaient entre Agadez (Niger) et Tichit (Mauritanie), en passant par Sokoto (au nord du Nigeria), transportaient une multitude d’informations destinées à des marchands éclairés. Pendant près de trois siècles, le commerce et la connaissance se sont mutuellement enrichis, à dos de chameau, entre des barres de sel et des sacs de tabac.
Considérés comme une manne scientifique inédite, ces manuscrits mettent à mal le mythe de l’oralité africaine entretenu par des intellectuels comme feu Hamadou Hampâté Bâ (6). Mais quelle valeur scientifique accorder à des documents devenus objets de spéculation plutôt qu’outils de compréhension du passé ? Comment s’emparer de ce gisement de connaissances écrites que les injures du temps menacent de disparition ? Autant de questions qui nourrissent les réflexions d’universitaires américains (7) ou des historiens locaux (.
Ainsi, en plein cœur de Tombouctou, au Centre de documentation et de recherches Ahmed-Baba (Cedrab), créé par le gouvernement à l’initiative de l’Unesco en 1970, se joue une grande partie de la conscience historique de l’Afrique. En choisissant le nom d’Ahmed Baba, érudit né en 1556 qui enseigna le droit (fatwa), les autorités saluent un résistant à l’envahisseur marocain (9). Elles honorent aussi un savant qui exerça une considérable influence sur ses concitoyens et dont l’orthodoxie de ses enseignements continue de marquer les esprits.
Le Cedrab a reçu pour mission de répertorier, numériser, protéger et restaurer les manuscrits trouvés. Le papier est un support fragile : il craint l’humidité et le feu ; il sèche, se casse, se déchire et finit en poussière. Les termites en raffolent. Le ministre de la culture, M. Cheik Omar Sissoko, précise : « A défaut de récupérer la totalité de ces manuscrits, nous cherchons à encourager la création de fondations privées permettant de reconstituer rapidement des fonds d’origines familiales ; c’est le meilleur moyen de responsabiliser les citoyens et en même temps de protéger ce trésor. »
Car la plupart de ces mystérieux manuscrits appartiennent à des personnes privées. Pour en connaître le contenu, il suffit de se rapprocher de familles qui vous accueillent à bras ouverts. Par exemple, M. Ismaël Diadé Haidara que l’on retrouve devant son ordinateur où il écrit des livres de philosophie et d’histoire, comme Les Juifs à Tombouctou (10). Les juifs ont joué un rôle important dans la montée de l’or du Soudan vers l’Espagne chrétienne. C’est par eux qu’un des pères de la cartographie, Abraham Cresques (1325-1387), juif des Baléares, dont la famille émigra d’Afrique du Nord au début du XIIe siècle, eut connaissance de Tombouctou qui était reliée à l’Afrique du Nord par des chemins dont les ports étaient habités par des juifs. Léon l’Africain, dès la première moitié du XVe siècle, mentionne la présence juive dans le royaume de Gao (11)...
Descendant de la dynastie Kati (12), M. Haidara met un soin méticuleux à expliquer l’histoire de sa fondation, installée à proximité de la mosquée Jingereber, dans une ancienne demeure restaurée de Tombouctou : « Tout ce fonds a commencé à se constituer avec l’exil de mon ancêtre, le Wisigoth islamisé Ali B. Ziyad Al-Kuti, qui quitta Tolède en 1468 pour venir s’installer à Gambu, en pays Soninké. Dès lors, la bibliothèque ne cessa de s’enrichir à travers plusieurs générations de Kati, mes aïeux. Nous avons décidé en 1999 de les exhumer. » Un compendium du savoir médiéval est représenté dans cette bibliothèque : traités de bonne gouvernance, textes sur les méfaits du tabac, précis de pharmacopée... Des ouvrages de droit, de théologie, de grammaire et de mathématiques sont commentés par des savants de Cordoue, de Bagdad ou de Djenné. Sur des étagères grillagées, protégées des ravageuses poussières de sable, des actes juridiques portent sur la vie des juifs et de renégats chrétiens à Tombouctou, témoignent de l’intense activité commerciale de l’époque. La vente et l’affranchissement des esclaves, les cours du sel, des épices, de l’or et des plumes sont l’objet de parchemins adossés à des correspondances de souverains des deux rives du Sahara, illustrés d’enluminures en or.
L’ensemble est souligné, expliqué, annoté à la marge ou sur le colophon, cette dernière page d’un livre ou d’une fin de rouleau de papyrus où le copiste note son nom et la date à laquelle il a achevé son travail. On y apprend, au détour d’une enchanteresse manipulation, la survenue de tremblements de terre ou d’une violente rixe ayant perturbé les écritures. Grâce à quelques traducteurs contemporains, toute une fresque africaine remonte à la surface de l’histoire. Il n’existe aucune homogénéité dans ces textes, et pour cause : si l’écrasante majorité des manuscrits est rédigée en arabe, chaque copiste s’exprimait en fonction de ses origines (tamashek, haoussa, peul, mais aussi songhaï, dioula, soninké ou wolof) selon une base calligraphique commune inspirée du maghribi, sorte d’écriture arabe cursive qui, par sa forme, permettait d’économiser le papier.
Richesse de l’Afrique précoloniale
La portée de certains documents est évidente, en particulier celle du fameux Tarikh el-Sudan (Histoire du Soudan) de Mahmoud Kati (XVe siècle) qui retrace la succession des chefs de Tombouctou. De même, le Tarikh el-Fetash (Histoire « du chercheur ») d’Abderahmane Es-Saad (XVIIe siècle), chronique du Soudan médiéval.
La découverte de ces manuscrits donne à l’Afrique subsaharienne le substrat historique qui lui fut longtemps dénié et dont on commence à saisir l’importance. Comme un écho aux travaux du grand historien sénégalais Cheikh Anta Diop (13), elle souligne la profondeur spirituelle de l’Afrique pré-coloniale. Elle montre aussi que la richesse de cette région s’est bâtie autour d’une dynamique commerciale « transtribale » dont l’islam a été le déclencheur, et les oulémas, par leurs aptitudes à l’enseignement de « masse », les accoucheurs.
Il en est résulté une sorte de continuum culturel à partir duquel la dimension mystique s’est consolidée sur des héritages plus ou moins structurés, jusqu’à l’arrivée des Portugais au XVe siècle. Cheick Dan Fodio (1754-1817), pour s’être inspiré de ses prédécesseurs, en particulier d’Ahmed Baba, confirme dans ses Mémoires que, jusqu’à l’arrivée des Européens, « la pensée africaine cultivait l’amour d’un islam ouvert sur l’universel qui se distinguait très nettement de celui qui était observé dans le monde arabo-musulman (14) ». Constat confirmé au début du XXe siècle (15).
Parviendra-t-on à sauver les précieux manuscrits de Tombouctou ? Pour préserver ce fabuleux patrimoine, 4,5 millions d’euros sont nécessaires. Une somme soixante fois inférieure à l’augmentation de capital que vient de réclamer Disneyland Paris à ses actionnaires pour renflouer son parc d’attractions...
ki nèg nwè ki nèg klè
ki nèg klè ki nèg nwè
tout nèg a nèg
nèg klè pè nèg nwè
nèg nwè pa lè wè nèg klè
nèg nwè ké wéy klè
senti i sa roune nèg klè
mè nèg klè ké wéy klè a toujou nèg
sa ki fèt pou nèg vin' blang?
blang té gen chivé pli long?
pou senblé yé nou trapé chivé plat kon fil mang!!!
mandé to fanm...!
mè pou kisa blang lé vin' nwè?
ha... savé ki avan vin' blan yé té ja nèg!
a nou mèm ké nou mèm dépi nânni nânnan...
chinwa soti, kouli soti, indyen soti, blang soti
mèm koté nèg soti
Les douanes françaises saisissent près de mille objets archéologiques et ethnographiques maliens
Gabonews (Libreville)
8 Décembre 2005
Les agents des douanes françaises, chargés des opérations de dédouanement de l'aéroport de Montpellier-Méditerranée (Hérault), ont découvert, dans un fret commercial, un très important lot de pièces archéologiques et artisanales originaires du Mali, a appris GABONEWS auprès de la Direction Générale des Douanes françaises.
Plus de 950 pièces ont été saisies sur la base de la Convention Internationale de l'Unesco, signée en 1970, qui vise à protéger le patrimoine culturel des pays signataires.
Deux personnes de nationalité marocaine s'étaient présentées au service des douanes pour effectuer les opérations de dédouanement sur un chargement de 240 kg « d'effets personnels » après avoir effectué un trajet Bamako-Montpellier.
Étonnés par la nature du chargement, qui semblait être constitué d'objets archéologiques, les agents des douanes ont interrogé les importateurs, qui ont déclaré qu'il s'agissait de copies réalisées par des artisans maliens et destinées à être offertes.
Les douaniers ont alors décidé de faire appel à plusieurs experts universitaires en archéologie de la région, qui ont confirmé qu'une grande partie des marchandises est authentique, d'un intérêt historique certain et provient vraisemblablement de collectes illicites effectuées dans plusieurs régions du Mali.
Un premier lot comporte des objets archéologiques représentant plusieurs périodes depuis le paléolithique inférieur jusqu'aux environs du XVIème siècle de notre ère : des bifaces, des pointes de flèches, des haches polies, des pilons en grès. Le chargement comportait également de très nombreuses perles en roches diverses ou en coquillages marins enfilées récemment pour constituer artificiellement des colliers destinés à la vente. Ils ont vraisemblablement été pillés sur des sites archéologiques de « la Boucle du Niger ».
Un second lot, classé par les experts comme appartenant au « patrimoine ethnographique malien », est composé d'objets dont la datation s'échelonne sur une période allant du premier millénaire aux XIXème. Il comprend de nombreux bracelets en bronze et cuivre, plusieurs poteries, des pendentifs en forme de clochettes et une paire de chevillières en bronze. S'agissant de ce dernier objet, les experts ont souligné son caractère exceptionnel et sa qualité remarquable. Ils l'attribuent à la production bronzière du premier millénaire.
Seuls 162 objets de ce chargement étaient de simples objets artisanaux sans valeur historique.
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Savez-vous ce que pensent les receleurs de notre patrimoine culturel en Europe et en Amérique? Après s'être déguisés en Mécènes pour quelques uns en amateurs et collectionneurs pour la majorité, ils nous répondent face à nos cris d'indignation du peu de cas qu'ils font de l'importance de ces objets pour nos cultures et la connaissance de notre passé:" quel délit y a-t-il ? il serait criminel de laisser des objets aussi précieux à des incultes qui n'en connaissent même pas la valeur". C'est authentique. Cette réponse m'a été faite un jour par une personne qui possède une galerie d'art africain. J'avais eu le malheur de lui répondre que si le hasard me mettait entre les mains un objet qu'il convoite, il serait certainement la dernière personne à laquelle j'aurai envie de le confier.
Il dit
le groit à la langue pendante
"vous irez plus loin encore
dans la forêt blanche
des bétons entassés
et vous pleurerez
dans les quartiers boueux
d'une ville sans refuge"
Il dit aussi
le griot nouveau
"regardez!
il est des hommes
que les révoltes étreignent"
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