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[paradoxe]

Des groupes juifs auront l'humoriste Dieudonné à
l'oeil samedi prochain

2004-07-14 18:35:00

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MONTREAL (PC) - Des groupes de défense de la
communauté juive auront l'humoriste français Dieudonné
à l'oeil, lors de la présentation du premier d'une
série de spectacles, à compter de samedi.




Des porte-parole du Congrès juif canadien et du B'nai
Brith ont d'ailleurs prévenu par lettre le président
du Festival Juste pour rire, Gilbert Rozon qui a passé
le mot à la vedette originaire du Cameroun et vivant
en France.

Ils assistaient, mercredi, à la conférence de presse
donnée par Dieudonné et Gilbert Rozon où ils ont
reformulé leur mise en garde.

La pression est telle que Dieudonné et le président
Rozon ont convenu tout récemment de modifier quelques
passages du spectacle, a indiqué Dieudonné.

"Gilbert est venu voir le spectacle. Il a apprécié. On
est revenu sur deux ou trois mots parce que sortis de
leur contexte, on peut leur faire dire n'importe
quoi."

Dieudonné a dit être à la fois surpris de se retrouver
au coeur d'une telle polémique mais il est prêt à
faire face à toute éventualité. Il faut dire qu'il en
a un peu l'habitude.

"J'ai eu depuis janvier 17 procès pour diffamation
raciale à la suite d'un sketch fait à la télévision.
Je les ai tous gagnés, sauf dans une ville mais
l'appel est en cours. Selon Dieudonné, ces plaintes
proviennent de citoyens et de groupes
d'extrême-droite.

"Nous sommes dans un Etat de droit. Il y a des lois et
si je franchis les limites d'une loi, les tribunaux
français m'ont toujours donné raison, ce sera à la
justice de trancher", a-t-il dit.

Les porte-parole de la section québécoise du Congrès
juif canadien, David Birnhaum, ainsi que celui du
B'nai Brith Québec, Yoni Petel, ont dit que leurs
inquiétudes à l'égard du spectacle de Dieudonné sont
nées de la polémique provoquée en France et qui lui a
valu des plaintes devant les tribunaux pour incitation
à la haine et diffamation.

Quoi qu'il en soit, dès le spectacle du 17 juillet, un
représentant du B'nai Brith sera sur place.

"On va écouter son spectacle et s'il y a quelque chose
qui dépasse les limites, on va voir ce qu'il y a faire
pour éviter que les propos racistes, s'il y en a,
soient diffusés à nouveau", a indiqué M. Yoni Petel,
de B'nai Brith.

Même attitude du côté du Congrès juif canadien. "Dans
le domaine de l'humour, il y a des limites, a signalé
M. Birnbaum à Dieudonné. "On va aller vous voir avec
intérêt pour voir si notre lecture risque de dépasser
les limites", a-t-il dit.

"Il y a des antécédents qui nous poussent à être
vigilants. Personne n'a le droit de cibler une
minorité pour la ridiculiser ou blesser profondément.
On ne peut porter atteinte à quelqu'un qui porte le
kippa. Il y a des limites", a-t-il renchéri.

Outre le congrès juif et le B'nai Brith, un troisième
groupe s'est manifesté, mercredi, celui-là par voie de
communiqué.

Le Centre de recherche-action sur les relations
raciales a fait parvenir aux médias une lettre
transmise à Gilbert Rozon dans laquelle on se dit
"très préoccupés par le fait qu'on utilise l'humour
pour faire passer des messages dont la conséquence est
de heurter les droits à l'égalité, à la dignité et à
l'honneur des minorités, en l'occurrence la communauté
juive".

Le CRARR avertit M. Rozon que les lois canadienne et
québécoise en matière de propagande haineuse et de
droits et libertés de la personne sont plus efficaces
que les lois françaises et que nos moeurs et pratiques
dans ce domaine sont beaucoup plus rigoureuses que
celles de la France.

Dieudonné sait bien que le type d'humour qu'il
pratique suscite parfois de vives réactions. "Mon
métier est de faire rire et, en plus, sur des sujets
sensibles, sur le sacré, le communautarisme et parfois
ça peut toucher des sentiments communautaires
exacerbés, dans des moments difficiles".

"Je pense que l'universalisme et l'humanisme peuvent
heurter ceux qui sont attachés de manière excessive à
des traditions du passé", a-t-il ajouté.

"Souvent quand on se referme sur son sentiment
communautaire, on est prêt à franchir la limite la
plus dangereuse: combattre et tuer l'autre", a signalé
l'humoriste.

Pour sa part, le président du festival s'est demandé
"comment il se fait qu'un show de Dieudonné sur des
musulmans intégristes vu l'an dernier par plus de sept
millions de personnes, dont des Québécois, n'ait
provoqué aucune réaction et que cette fois, avant que
le show n'ait lieu, on soit dans un tel état de
commotion, de peur qu'il arrive quelque chose de
catastrophique?"