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Prisme désinformateur - La CI et ailleurs -

 
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Benny Da B'
Super Posteur


Inscrit le: 12 Oct 2005
Messages: 1346
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MessagePosté le: Mar 31 Jan 2006 18:39    Sujet du message: Prisme désinformateur - La CI et ailleurs - Répondre en citant

Prisme désinformateur
(Liberation 06/02/2003)


A interpréter rapidement et à lire en diagonale les informations grand public sur les événements récents de Côte-d'Ivoire, ce seraient des côtiers xénophobes qui se battraient contre des sahéliens tolérants, des sudistes cultivateurs contre des nordistes éleveurs ou des musulmans contre des chrétiens. Il n'aura fallu qu'un mois après le déclenchement de la rébellion pour que le spectre du génocide rwandais s'étale à la première page d'un grand quotidien. Décidément on n'échappe pas à cette vision de l'Afrique contemporaine qui ne peut être comprise qu'au travers du prisme de l'ethnie ou de la religion. Comment en est-on arrivé là ?

L'histoire de l'Europe, plus particulièrement celle de la France et l'histoire de l'Afrique sont liées. Ce n'est pas la peine de faire un dessin, pensons à la traite négrière, à la colonisation et aux pratiques issues de la décolonisation pendant la guerre froide. Nos représentations collectives du réel sont largement le fruit de notre histoire. De cette histoire commune entre nos deux continents, nous pouvons schématiquement repérer deux types de discours dominants sur l'Afrique et les Africains. Pour les uns le continent africain reste en friche, il faut le mettre en valeur et l'éduquer, pour ne pas dire l'exploiter et le civiliser. Pour les autres, nous sommes en bonne partie responsables des maux actuels de l'Afrique.

Sur ces tendances lourdes qui structurent toujours nos analyses s'ajoutent deux spécificités françaises : son histoire des sciences sociales et son histoire coloniale. La première est marquée par l'ethnologie universitaire qui, jusque dans les années 60, a découvert en Afrique un vaste réservoir de traditions et de cultures exotiques qu'il fallait recenser et étudier. L'Africain devenait alors un objet d'étude savante, le membre inséparable d'une communauté qui déterminait ses comportements, avant d'être un sujet, un individu doté de raison autonome. Cette vision ethnologique continue d'être le prisme au travers duquel beaucoup de commentaires qui se veulent experts trouvent leur source d'inspiration. On y échappe difficilement. La seconde spécificité française est liée aux caractéristiques psychologiques, pourrait-on dire, des colonisateurs qui étaient des militaires, des commerçants, des administrateurs, des religieux, mais aussi pour beaucoup d'entre eux des aventuriers qui trouvaient en Afrique une réponse à leur marginalité. Certes, la plupart étaient mus par le goût de l'argent et de la conquête, mais beaucoup croyaient en leur mission et étaient mus par une sorte de quête personnelle d'engagement. Ces derniers partaient alors plus facilement dans les grands espaces sahéliens et les déserts, laissant aux brutes coloniales la côte atlantique et les comptoirs fluviaux. Les oeuvres littéraires de ces écrivains missionnaires, soldats, savants, alimentent encore, mais de plus en plus marginalement, l'imaginaire de la jeunesse.

En définitive, nos systèmes de représentation sur les Africains fonctionnent sur quatre modes : le dominateur, disons raciste, le culpabilisant caritatif, l'idéaliste tiers-mondiste et le culturaliste relativiste. L'Africain est tour à tour, en fonction de l'actualité : un sauvage sanguinaire, un vieux sage qui, sous son arbre, attend que sa bibliothèque brûle, un musicien qui a le rythme dans le sang, une brave femme pleine de bonne volonté qui ne demande qu'à apprendre, une victime apeurée, une fille excisée, un sidéen décharné, un fier pasteur, un despote ou un héros révolutionnaire. On pourrait compléter cette liste de clichés par celui de la lascivité voluptueuse de l'Africaine et celui de la virilité flamboyante de l'Africain, clichés déjà relevés par Frantz Fanon qu'il considérait du même tonneau que ceux liés à la cupidité du juif. Tout cela a pour résultat une sorte d'essence de l'Africain dont le comportement est collectif avant d'être individuel, communautaire avant d'être personnel, ethnique avant d'être citoyen. Le plus consternant est que ces figures de rhétorique essentialistes sont de plus en plus intégrées et cautionnées par les élites africaines elles-mêmes. L'ivoirité ou les cancrelats de la radio Mille Collines au Rwanda relèvent de cette instrumentalisation des représentations collectives par trop de pouvoirs africains. En rajoutant une petite couche à ce constat désabusé, on peut légitimement se demander si l'approche caritative des ONG qui a prévalu jusqu'à peu en Afrique, est le résultat ou une des causes du chaos africain, sans oublier l'aveuglement des bataillons d'experts des institutions internationales qui ont construit des années durant, comme dans un vaste bac à sable, tous les châteaux de sable du développement.

Tout se passe comme si on s'interdisait, à propos de l'Afrique, le recours aux outils d'analyse politique que l'on utilise ailleurs. Il est évident, pour en revenir à la Côte-d'Ivoire, que le clivage communautaire existe et qu'il passe au même endroit que les clivages économique, religieux, écologique, politique et agricole selon une ligne de fracture est-ouest qui divise le pays en deux entités. Mais comment gérerions-nous en France le fait qu'un gouvernement constitutionnel et légalement élu soit obligé de composer avec des mutins armés à l'étranger, le fait que les services régaliens de l'Etat (police, armée, justice, impôts) privatisent et informalisent quotidiennement le service public pour leur propre compte ? Vivrions-nous bien que les divisions politiques internes d'une puissance étrangère se calquent sur nos propres partis politiques, qu'un ancien Premier ministre soit interdit de participation au scrutin présidentiel? Pourrions-nous accepter, sans crise majeure, une situation où 30 % de la population active est étrangère ? Comprendrions-nous sans débat qu'un ministre des Finances affiché socialiste soit un économiste universitaire ultralibéral ? Non, probablement, les Ivoiriens et les Africains pas plus. Il ne s'agit pas de justifier les horreurs commises mais de se dire que les causes du mal dont souffre la Côte-d'Ivoire sont à analyser politiquement avec toute la profondeur historique nécessaire.

Par Christophe COURTIN

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Gnata
Super Posteur


Inscrit le: 14 Juil 2005
Messages: 1127

MessagePosté le: Mar 31 Jan 2006 21:46    Sujet du message: Répondre en citant

Tentative de reflexion d'un politicologue francais sur une crise africaine ... les mentalités evoluent en BRI ( comme on dit à Baby ) .
Au début de cette crise , ces mêmes politicologues pensaient si bien connaitre les AFricains , qu'ils se targuaient même de connaitre notre psychologie comme des animaux de laboratoire ( dixit Jacques Chirac au Sénégal )
C'est à se demander par quelle miracle ce néo-intelligent déduit que dans les mêmes conditions d'insoutenables violations du Droit , le drame Ivoirien peut produire les mêmes effets en France ? Waouh , il a dû se péter quelque neurones avant d'arriver à une telle conclusion , ...même si c'était une lapalissade .

L'effet Gbagbo a fait son effet on dirait , l'Homme (Gbagbo ) les a poussé à reflechir , cela , après juste 3 ans !
Décidément ces politicologues Farncais sont lents à comprendre pour les psychologues ....de comptoirs qu'ils sont , mais bon , c'est tjrs mieux que de crever niais .

Personnellement , je n'ai que faire qu'un politique ou qu'un citoyen francais revienne à la raison et amorce une reflexion sur cette crise ( si c'est vraiment le cas ici ) , ce n'est pas "Raisonner" qu'on demande au gouvernement francais , non , ce n'est pas ca qu'on lui demande !
On lui demande plutôt de prendre leurs cliques, leurs claques et leurs rebelles et de nous foutre le camp !
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Katana
Bon posteur


Inscrit le: 23 Déc 2005
Messages: 669

MessagePosté le: Mer 01 Fév 2006 00:56    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
L’ivoirité, les discours nationalistes, l’essentialisme africain, ne sont pas de simples dérives idéologiques de quelques intellectuels perdus, manipulés par des politiciens boutefeux, mais répondent à une demande très répandue dans la génération née et scolarisée après les indépendances, de fierté décomplexée d’être Africain.


Vu le traitement qui est infligé à cette jeunesse partout dans le monde, si elle n’est pas fière d’être africaine, elle ferait mieux de se creuser un trou et de disparaitre…

Citation:
Plus inquiétant pour l’avenir, à ces deux ruptures politiques et intellectuelles se superpose une rupture sociétale. La jeunesse urbaine, dont les rangs grossissent au rythme de l’exode rural et de la crise économique, fascinée par le modèle social américain communautaire et consumériste, déscolarisée, désoeuvrée, est séduite par ces discours identitaires panafricains qui désignent l’ennemi : le Blanc.


Il fallait bien que cela arrive un jour ou l’autre…

La « civilisation » a pris le noir pour un idiot depuis trop longtemps.

Il ne faut jamais abuser des bonnes choses…C’est le boomerang qui revient.

Citation:
Tout se passe comme si, dans un vaste mouvement oedipien, l’Afrique francophone s’apprêtait à tuer son père, pourquoi pas après tout, mais pour mieux se réfugier dans une matrice identitaire faite d’ultra libéralisme, de nationalisme et de fondamentalisme religieux.


C’est le gros danger effectivement…

Et je le redoute très fortement…Libéralisme économique + Nationalisme (Mais où est donc passé le panafricanisme ?) + Religions importées = gros danger car les laissés pour compte du « développement » (Qui n’aura jamais lieux de la façon dont tout le monde le pense) voudront leur part du gâteau.

Regardez ce qui se passa au Nigéria dans les régions riches en pétrole…

Citation:
L’avenir est probablement par là, dans une alliance entre les sociétés civiles africaines et européennes, au sein des mouvements sociaux, fondée sur les valeurs démocratiques et un objectif commun de développement économique et humain.


L’avenir est, avant tout, dans une alliance entre les peuples d’Afrique pour commencer…

Une prise de conscience de leur valeur et des richesses dont ils disposent pour définir eux-mêmes ce que sera leur société de demain.

Les peuple d’Afrique doivent commencer par se détacher de leurs « dirigeants », les isoler dans le pays même…Réaliser que les « dirigeants » ont plus besoin d’eux, qu’eux n’ont besoin de ces gens.

Recréer leur propre imaginaire et leur propre rêve commun. De là les leaders viendront naturellement et en grand nombre et seront plus proches des populations.

Les valeurs démocratiques sont déjà en nous.
_________________
"Nous avons accepté l'inacceptable"
JP Bemba
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Benny Da B'
Super Posteur


Inscrit le: 12 Oct 2005
Messages: 1346
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MessagePosté le: Mer 01 Fév 2006 10:25    Sujet du message: Répondre en citant

Griotte,

C. Courtin n'est pas infomaticien, c'est un homonyme...par contre le gars du CCFD c'est le bon.

Il se trouve que je le connais un peu, je l'avais rencontré lorsqu'il bossait en CI.

Pour répondre à Gnata, lui c'est pas la crise ivoirienne qui lui a fait prendre conscience de cela. Il se trouve qu'il était au Rwanda au moment ou tout a démarré et à vu cet enfer s'enchainer au début. Il en a été très marqué et dès son arrivée en CI il a commencé à dire ce qu'il dit dans ce texte.

L'analyse générationelle n'est pas dénué d'intéret aussi je trouve et je pense qu'elle pourrait se retrouver dans pas mal de pays africains. Nous connaissons tous le blocage du système....des maitrisards qui choment au pays.
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Nkossi
Bon posteur


Inscrit le: 31 Mar 2005
Messages: 722

MessagePosté le: Mer 01 Fév 2006 16:10    Sujet du message: Répondre en citant

Gnata a écrit:
L'effet Gbagbo a fait son effet on dirait , l'Homme (Gbagbo ) les a poussé à reflechir , cela , après juste 3 ans !
Décidément ces politicologues Farncais sont lents à comprendre pour les psychologues ....de comptoirs qu'ils sont , mais bon , c'est tjrs mieux que de crever niais .

Personnellement , je n'ai que faire qu'un politique ou qu'un citoyen francais revienne à la raison et amorce une reflexion sur cette crise ( si c'est vraiment le cas ici ) , ce n'est pas "Raisonner" qu'on demande au gouvernement francais , non , ce n'est pas ca qu'on lui demande !
On lui demande plutôt de prendre leurs cliques, leurs claques et leurs rebelles et de nous foutre le camp !


Je crois qu'au delà de l'effet Gbagbo, on a une illustration d'une naissance d'un nouvel ordre en matière d'information. Les officines et "honorables" journalistes n'ont plus le monopole de contrôle et diffusion de l'info, du coup, le prisme déformant volontaire joue de moins en moins. Rappelle toi le nombre de versions (8 ou 12 si j'ai bonne mémoire) successives qu'Alliot Marie a dû donner à la presse face à la constance de la version ivoirienne et des images qui ont fait le tour du monde via Internet. Quand les citoyens peuvent croiser les informations, ils finissent par se poser des questions Wink
_________________
La véritable désaliénation du Noir implique une prise de conscience abrupte des réalités économiques et sociales. F. Fanon
L'ignorance est un danger que tout homme doit éviter. S. NKOUA

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