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[ppm39]

D’un immigré vivant en France depuis 35 ans au Ministre de l’Intérieur



Monsieur le Ministre de l’Intérieur,



Votre gouvernement a été élu par les Français à plus de 80%, et nous le
respectons.
Nous vous adressons ce courrier en réponse à votre projet de loi sur
l’immigration. Il nous concerne directement, pourtant, nous n’avons aucun moyen
de le discuter ou de le modifier si nous le souhaitons. Notre sort, depuis notre
présence sur le sol français, est donc entièrement lié à l’exécutif.
C’est pourquoi nous tenons à vous faire savoir que l’on ne peut pas être juste
en étant à la fois juge et partie.
Les immigrés ne sont plus dupes. Après tant d’années de présence en France, nous
commençons à bien comprendre ses mécanismes. Le problème de l’immigration est un
problème politique qui doit être réglé en amont et en aval. Monsieur le Ministre
de l’Intérieur, si vous voulez choisir vos immigrés, trier ceux qui ont des
diplômes, de l’argent et dont nous avons aussi besoin, soit, mais ne jouez pas
un double jeu et reconnaissez alors publiquement que nos chefs d’Etat africains
font partie de vos représentants. Reconnaissez que vous êtes le Ministre de
l’Intérieur de la France et de tous les pays d’Afrique dits francophones. Nos
dirigeants politiques, avec leur double nationalité, font partie de l’exécutif
de la République Française qui met en place les lois qui frappent le peuple
africain. C’est pourquoi nous appelons nos frères d’Afrique et de sa diaspora à
être très vigilants à l’égard de ceux qui les manipulent depuis plus de vingt
ans et qui, une fois au pouvoir, leur tournent le dos.
Les « Damnés de la Terre » se manifesteront partout dans le monde pour défendre
les intérêts matériels et moraux des immigrés et ne se laisseront jamais
manipuler par aucune manœuvre politique, ni de droite, ni de gauche.
Ce que nous demandons c’est d’être traités et respectés de la même manière que
nous traitons et respectons les étrangers chez nous et que votre gouvernement
réalise un projet de loi de non-ingérence de la France vis-à-vis des pays
d’Afrique.

Je ne fermerai pas cette page sans vous donner la position des « Damnés de
la Terre » sur ce qui se passe en Europe au sujet des caricatures du Prophète
Mahomet.
Les provocations d’individus ne doivent pas incliner les Etats aux mêmes types
de provocations. Un problème créé de manière singulière s’étend à la Terre
entière parce que « la liberté d’expression » et la « démocratie » se mettent
au service de la provocation pour régler des comptes. On dirait que la
polémique de l’affaire Van Gogh, où un irresponsable tue un autre
irresponsable, n’a pas été digérée par certains.
Le geste d’un fou qu’il soit danois, noir, français, juif ou arabe ne doit
engager que lui. Mais voilà que les réactions virulentes à ces caricatures
viennent servir le réveil nationaliste des hommes politiques européens qui,
depuis un certain temps déjà, pratiquent l’adjectif possessif: « mon pays », «
ma nation »…
Si chacun s’enferme sur soi, je vous demande où va le monde ?
Comme vous le savez, les situations nationale et internationale sont très
tendues et nous sentons que les gouvernements sont mous ou un peu perdus pour
redresser et réunir les peuples. De par leurs responsabilités, les politiques
doivent être au-dessus de toutes pratiques nationalistes et sectaires, c’est
l’unique moyen d’amener l’apaisement. Il est donc inadmissible dans cette
affaire que l’ensemble des musulmans en vienne à être indexé, comme si
l’ensemble des allemands avaient cautionné les pratiques d’Hitler. C’est un
grave raccourci que de juger ce qui se ressemble comme identique et cette voie
ne doit pas continuer.

Les « Damnés de la Terre » pensent que répondre au coup de pied de l’âne,
c’est se mettre à son niveau. C’est pourquoi nous ne tomberons pas dans cette
provocation et ferons notre possible pour nous rapprocher de ces femmes et
hommes musulmans encore une fois touchés par cette vague d’injustice, de
préjugés et de calomnies.
La ligne des « Damnés de la Terre » est claire et juste, nous n’en bougerons
pas.



Le 5 février 2006,

Bamba Gueye Lindor pour le collectif des Damnés de la Terre

contact@damnes-delaterre.org
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