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Et si la france perdait sa vache à lait ( à lire )

 
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Auteur Message
essama
Grioonaute 1


Inscrit le: 20 Nov 2005
Messages: 146

MessagePosté le: Lun 27 Fév 2006 21:01    Sujet du message: Et si la france perdait sa vache à lait ( à lire ) Répondre en citant

Pourquoi l'Afrique se meurt-elle réellement : analyse
de FX Verschave (04/12/2005)
Réquisitoire de FX Verschave contre un ensemble
d'idées reçues qui veulent laisser croire que les
Africains portent en eux les tares de leurs
malheurs...
Par François Xavier Verschave


Qu'est-ce que c'est que cette histoire de Françafrique
? D'où ça vient ? Et comment le peuple français a-t-il
été roulé dans cette affaire ? Je ne vais pas refaire
toute l'histoire de l'Occident et de la France avec
l'Afrique, rappeler l'esclavage depuis trois ou quatre
siècles, et la colonisation depuis le XIXe siècle,
etc. Remontons seulement de soixante ans.

Après la deuxième guerre mondiale, il y a eu une
pression des peuples pour se libérer - un phénomène
qu'on a appelé la décolonisation. Cela s'est fait de
proche en proche, avec des tentatives de résistance
tragiques, comme la guerre d'Indochine ou la guerre
d'Algérie, successivement, puis la guerre du Vietnam,
où les États-Unis ont pris le relais de la France.
Donc, le mouvement de l'histoire et d’autres
phénomènes ont acculé De Gaulle, revenant au pouvoir
en pleine guerre d'Algérie en 1958, à décider
officiellement d'accorder l'indépendance aux anciennes
colonies françaises au sud du Sahara. Ça, c'est la
nouvelle légalité internationale proclamée.

Le général De Gaulle
En même temps, De Gaulle charge son bras droit Jacques
Foccart, son homme de l’ombre - responsable du parti
gaulliste, de son financement occulte, des services
secrets, etc.-, de faire exactement l'inverse,
c'est-à-dire de maintenir la dépendance. C'est ça le
point de départ de la Françafrique : si vous avez une
nouvelle légalité internationale qui est
l'indépendance et que vous voulez maintenir la
dépendance, c'est illégal ; donc, vous ne pouvez le
faire que de manière cachée, inavouable, occulte. La
Françafrique, c'est comme un iceberg. Vous avez la
face du dessus, la partie émergée de l’iceberg : la
France meilleure amie de l’Afrique, patrie des droits
de l’Homme, etc. Et puis, en fait, vous avez 90% de la
relation qui est immergée : l’ensemble des mécanismes
de maintien de la domination française en Afrique avec
des alliés africains. Je vais le détailler par la
suite.

Pourquoi ce choix de De Gaulle de sacrifier les
indépendances africaines à l’indépendance de la France
? Il y a quatre raisons. La première, c’est le rang de
la France à l’ONU avec un cortège d’Etats clients, qui
votent à sa suite. La deuxième, c’est l’accès aux
matières premières stratégiques (pétrole, uranium) ou
juteuses (le bois, le cacao, etc.). La troisième,
c’est un financement d’une ampleur inouïe de la vie
politique française, du parti gaulliste d’abord, et
puis de l’ensemble des partis dits de gouvernement, à
travers des prélèvements sur l’aide publique au
développement ou la vente des matières premières. Et
puis il y a une quatrième raison, que j’ai repérée un
peu plus tardivement, mais qui est aussi très présent
: c’est le rôle de la France comme sous-traitante des
Etats-Unis dans la guerre froide, pour maintenir
l’Afrique francophone dans la mouvance anticommuniste,
contre l’Union soviétique. Donc, pour ces quatre
raisons, on met en place un système qui va nier les
indépendances. Et c’est là que le peuple français a
été roulé. Parce que, après la fin de la guerre
d’Algérie, en 1962, quand on a demandé aux Français
par referendum : «Est-ce que vous voulez tourner la
page de plusieurs siècles de domination et de mépris
de l’Afrique ?», les Français ont voté oui à 80%. Cela
voulait dire : «Oui, on a fait des saloperies, mais il
faut en finir ; on tourne la page et on veut traiter
avec ces pays comme avec des pays indépendants». Or,
vous allez le voir, on a mis en place non seulement un
système néocolonial mais une caricature de
néocolonialisme.

Comment s’y est-on pris ? Comment a-t-on construit
cette face cachée de l’iceberg ? Premièrement, Foccart
a sélectionné un certain nombre de chefs d’Etats «
amis de la France », qui sont en fait des «
gouverneurs à la peau noire ». Des gouverneurs à la
peau noire c’est très pratique, parce qu’on a
l’impression d’avoir des Etats indépendants, mais en
fait ils ont des présidents français, ou tout comme.
Un certain nombre d’entre eux ont la nationalité
française et plusieurs, même, sont tout simplement des
membres des services secrets français. Omar Bongo le
reconnaît : il appartenait aux services secrets
français. La manip’ est assez formidable : on avait
des gouverneurs à la peau blanche, ce qui est un petit
peu gênant pour faire croire à des indépendances ; et
puis là, on recrute des gouverneurs à la peau noire.

Ruben Um Nyobé, plus grand révolutionnaire Camerounais
Comment fait-on pour recruter ces gouverneurs ? On a
commencé par une violence extrême. Il y avait un
mouvement indépendantiste exceptionnel au Cameroun,
l’UPC, mené par un personnage de la dimension de
Mandela, qui s’appelait Ruben Um Nyobé. Ce mouvement,
qui avait la confiance des populations camerounaises,
luttait pour l’indépendance. Il a été écrasé entre
1957 et 1970 dans un bain de sang digne de la guerre
du Vietnam, qui a fait entre cent mille et quatre cent
mille morts, une centaine d’Oradour-sur-Glane…Cela ne
figure dans aucun manuel d’histoire. Moi-même, je ne
l’ai découvert qu’il y a une dizaine d’années. On a
fait l’équivalent de la guerre d’Algérie au Cameroun ;
on a écrasé un peuple, détruit une partie de ce pays.

Et puis ensuite on a eu recours à l’assassinat
politique. Il y avait des leaders élus, de vrais
représentants de leur peuple, comme Sylvanus Olympio
au Togo. Eh bien, quatre sergents-chefs
franco-togolais revenus de la guerre d’Algérie, après
la guerre du Vietnam, ont fait un coup d’état avec
l’appui de l’officier français qui était soi-disant
chargé de la sécurité d’ Olympio : ils ont assassiné
ce président le 13 janvier 1963. Quarante ans plus
tard, un de ces officiers, Etienne Gnassingbe Eyadema
(ndlr : aujourd'hui son fils), est toujours au
pouvoir, avec un règne digne de Ceaucescu, et un pays
qui a sombré dans le chaos et la pauvreté. En
Centrafrique, vous aviez un homme d’Etat très
promoteur, Barthélemy Boganda : Il est mort dans un
accident d’avion extrêmement curieux.

Pour le reste, on a procédé à la fraude électorale de
manière massive ; on retrouvera ça un peu plus tard.
On a écarte des candidats qui représentaient vraiment
l’opinion de ces pays en promouvant des gens tout a
fait dévoués à la cause française. Un seul a résisté,
Sékou Touré, en Guinée. Mais il a subi en l’espace de
deux ou trois ans tellement de tentatives de coups
d’Etat et d’agressions de la part de Foccart qu’il a
fini par imaginer de faux complots et par devenir
paranoïaque. Vers la fin de sa vie, d’ailleurs, il
s’est réconcilié avec Foccart.

Sékou Touré, l'homme qui a dit « non » à De Gaulle
Donc, à part la Guinée de Sékou Touré, l’ensemble des
ex-colonies francophones ont été embarquées dans ce
système, avec un certain nombre de chefs d’Etat
auxquels on disait, en contrepartie de leur soumission
: « servez-vous dans les caisses publiques, confondez
l’argent public et l’argent privé, bâtissez–vous des
fortunes». Un certain nombre ont pris ça au mot et ont
constitué des fortunes égales à la dette extérieure de
leur pays : Mobutu, Eyadema, Moussa Touré, etc. Donc «
confondez l’argent public et l’argent privé,
enrichissez-vous, mais laissez votre pays dans
l’orbite française, laissez-nous continuer de prélever
des matières premières à des prix défiant toute
concurrence et de détourner une grande partie des flux
financiers qui naissent de là».

En plus de ce choix d’un certain nombre de chefs
d’Etat «amis», ou plutôt vassaux, les mécanismes de la
Françafrique ont touché l’ensemble des domaines :
politiques, économiques, financiers policiers,
militaires… Par exemple, on a aussitôt recyclé les
anciens de l’OAS, l’Organisation de l’armée secrète
(qui avait mené la guerre contre les accords d’Evian,
accordant l’indépendance algérienne), dans les polices
politiques de ces pays africains. Nombre de ces Etats
ont été doté de polices tortionnaires. Récemment, vous
le savez, on a révélé que les tortionnaires dans la
bataille d’Alger, Aussaresses et ses émules, ont été
ensuite former les tortionnaires latino-américains,
tellement on avait apprécié leurs expériences. On a
mis en place auprès de chacun de ces chefs d’Etats un
officier des services secrets chargé de le protéger…
sauf lorsqu’il cessait de plaire. Le jour où le
Nigérien Hamani Diori a voulu vendre son uranium
ailleurs qu’en France, il a été déposé instantanément.
Quant aux Comores, il y a eu deux chefs d’Etat
assassinés, et un certain nombre d’autres déposés, par
Denard et ses mercenaires. Les mercenaires,
parlons-en. D’un côté, il y a la présence militaire
officielle… mais c’est parfois gênant d’intervenir
trop ouvertement. Alors, il y a un moyen beaucoup plus
commode : ces gens qu’on présente comme des électrons
libres, dont Denard est le prototype, et qui sont
recrutés essentiellement dans les milieux d’extrêmes
droites -j’y reviendrai.

Et donc, on dit : « Voila, il y a des coups d’Etat,
des révolutions, des renversements de présidents qui
sont faits par des gens qu’on ne contrôle pas, ces
fameux mercenaires, et ce Bob Denard qui sévit depuis
40 ans», désormais transformé en papy gâteau par la
grâce du petit écran. Sauf que, chaque fois que Bob
Denard a un procès, le gratin des services français
vient dire à la barre: «Mais Bob Denard il est des
nôtres ! C’est un corsaire de la République, pas un
mercenaire. Il a toujours servi le drapeau français».
Derrière ce fonctionnement opaque des mercenaires, la
réalité, c’est bien un rappel aux chaînes de la
dépendance.

le Franc CFA, un moyen d'asservissement
Autre moyen de contrôler ces pays : Le franc CFA. On
vous dit : «C’est formidable, on a doté ces pays d’une
monnaie, avec le franc CFA». (CFA, cela veut dire :
Colonie française d’Afrique…). Sauf que ce franc CFA
convertible a permis, pendant des dizaines d’années,
de faire évader les capitaux de ces pays. Au moment
des campagnes électorale en France, on se mettait à
pleurer sur le fait que tel Etat africain, le Cameroun
ou le Togo, par exemple n’avait plus de quoi payer ces
fonctionnaires. Donc, on envoyait un avion avec une
aide financière directe, un chargement de billet CFA,
à Yaoundé ou à Lomé.


Et cet avion repartait aussitôt en Suisse où les
francs CFA touts neufs étaient convertis, puis
partagés entre le chef d’Etat destinataire et le
décideur politique français. On faisait de même avec
certains prêts. Autrement dit, c’est l’un des
multiples moyens par lesquels on a enflé démesurément
la dette du Tiers monde, avec des sommes dont les
Africains n’ont évidemment jamais vu la couleur.
Autre moyen de détourner l’argent et de constituer des
caisses noires : la création d’entreprises faux-nez
des services français. Le Floch-Prigent, ancien PDG
d’Elf, a reconnu que Elf avait été crée pour ça. Dans
cette compagnie, il y avait au moins quatre cents
agents secrets. Et l’énorme différence, l’énorme rente
qui peut provenir de l’argent du pétrole –payé très
peu cher et en partie non déclaré-, toute cette énorme
masse a servi aux services secrets à entreprendre un
certain nombre d’actions parallèles, comme déclarer la
guerre au Nigeria pour lui chiper son pétrole, ou
faire des coups d’Etats dans un certain nombre de
pays. Mais il y a eu aussi des faux-nez plus petits :
un certain nombre d’entreprises de sécurité ou de
fourniture aux missions de coopération facturaient
deux ou trois fois le coût de leurs prestations pour
détourner de l‘argent, par exemple vers un Bob Denard,
qui contrôlait directement certaines de ces sociétés.
Je pourrais continuer longtemps comme ça. Je vous en
donnerai un exemple encore plus tard.

Ce dont il faut se rendre compte, c’est que dans la
Françafrique, il y a eu une inversion permanente de ce
qu’on vous déclare. Dans la face émergée de l’iceberg,
vous avez la France qui affiche ses principes, et dans
la face immergée, on voit l’application d’un monde
sans lois, d’un monde sans règle, plein de
détournements financiers, de criminalité politique, de
polices tortionnaires, ou -on le verra tout à l'heure-
de soutiens à des guerres civiles. Ça, c'est la
réalité. C'est au moins 90% de la réalité. Alors,
cette Françafrique, qui dure encore jusqu'à
aujourd'hui, on conçoit bien qu'elle comporte un
certain nombre de risques pour ces pays, qu'elle a de
graves conséquences sur leur situation économique et
politique.

Tout d'abord, quand on dit aux chefs d'Etat:
«Servez-vous dans la caisse», peu à peu, la corruption
va passer de la tête jusqu'au bas de la société. Et ce
qui restait encore de services publics au moment de la
décolonisation s'est transformé progressivement en
self-service public. Aujourd'hui, les capacités de
santé ou d’éducation dans ces pays sont tout à fait
démontées.

Deuxièmement, on peut comprendre que ces «Etats»
néocoloniaux, fondés sur ce qu'on appelle une économie
de rente, de pillage, de prélèvement de la richesse
des matières premières ou de détournement de l'aide
publique au développement (au moins 50% de cette
aide), n'ont aucun intérêt au développement
économique. C'est une constante. Parce que, quand vous
avez un développement productif - des usines, des
lieux de fabrication-, des classes d'acteurs
économiques apparaissent - des classes de salariés ou
d'entrepreneurs- qui vont se mettre à contester
l'usage de l'argent public. On voit surgir des gens
qui n'ont plus un besoin absolu de l'argent de l'Etat
pour vivre, qui se mettent à penser librement et à
contester le pouvoir. Donc, si dans ces pays il n'y a
pas de développement économique hors des matières
premières, ce n'est pas un hasard ; ce n'est pas du
tout parce que ces pays en seraient incapables. Si on
oppose aux entrepreneurs des obstacles administratifs
ubuesques, c'est tout simplement que le dictateur ne
veut pas d'un développement économique qui
contesterait son pouvoir. A Madagascar, l'un des seuls
entrepreneurs qui a réchappé à cette mise en échec,
Marc Ravalomanana, est devenu président avec un fort
soutien de la population, parce qu'il produisait
malgache et que, maire de la capitale, il avait rompu
avec les traditions de pillage des biens publics.
Donc, beaucoup de dictateurs ont préféré éviter ce
danger. Ils ne tolèrent d'entrepreneurs que totalement
corrompus et assujettis, vulnérables à des accusations
de détournement.

La poussée démographique en Afrique...
D'autres phénomènes ont encore aggravé la situation,
comme la poussée démographique. Et puis il y a eu, à
la fin des années 1970, ce qu'on a appelé «La dette du
tiers monde». En fait, il y avait trop d'argent dans
les caisses de l'Occident et des pays pétroliers ; il
fallait le recycler. Donc, on a poussé ces pays à
s'endetter. On leur a dit : «Tout ça, c'est cadeau; on
va vous faire une nouvelle forme d'aide publique au
développement, on va vous prêter à 3, 2, voire même 0%
et la différence avec le taux d'intérêt normal, on va
compter ça comme de l'aide. Sauf que, quand ces prêts
sont en partie ou totalement détournés, quand ces
prêts vont dans des comptes en Suisse ou dans des
paradis fiscaux, comme c'est le cas le plus souvent,
avec quoi va-t-on rembourser ? L'argent a disparu et
on n'a rien produit avec... Le cas du
Congo-Brazzaville est caricatural, c'est une espèce
d'alchimie extraordinaire. Voilà un pays qui avait
beaucoup de pétrole. Ce pétrole, on le pompe, on
l'achète presque pour rien, on n'en déclare pas une
partie –un tiers, un quart ou la moitié, selon les
gisements. Et donc, peu à peu, ce pays perd son
pétrole. Mais en même temps, la dictature au pouvoir
et ses amis de la Françafrique -les Sirven, Tarallo,
Chirac, enfin tous les réseaux de la Françafrique- ont
de gros besoins d'argent. Donc, au bout d'un certain
temps, on ne se contente plus de la production
présente mais, avec l'aide d'un certain nombre de
banques, on va se faire prêter sur gage : le pétrole
qui sera produit dans deux ans, trois ans, dix ans...
Résultat, ce pays finit par avoir une dette qui est
égale a trois fois sa production totale annuelle.
Regardez la magie : ce pays a un plus, le pétrole, et
ça se transforme en 3 moins, une dette égale à trois
fois sa production pétrolière (et même davantage).

Et puis, en plus, avec une partie de cet argent, on
achète des armes pour armer les deux clans de la
guerre civile, qui va détruire le pays au milieu des
années 1990. Alors, vous allez dire: «Tout ça, c'est
un fâcheux concours de circonstances». Sauf que je
démontre dans un ouvrage, L'envers de la dette, que
c'est le même personnage, Jack Sigolet, établi à
Genève au cœur des paradis fiscaux, bras droit d'André
Tarallo, le Monsieur Afrique d'Elf, qui à la fois vend
le pétrole, gère la dette et achète les armes. Alors,
dire que c'est une coïncidence, c'est un peu
difficile. Donc, si le Congo-Brazzaville a été détruit
-j'y reviendrai-, c'est la responsabilité d'Elf, et
comme Elf était nationalisée, c'est la responsabilité
de la France, c'est notre responsabilité à tous, en
tant que citoyens de ce pays qui laisse opérer la
Françafrique : à la fois nous pillons le pétrole, nous
montons une dette totalement artificielle, la moussant
comme œufs en neige à travers des commissions
prélevées dans une kyrielle de paradis fiscaux, et
nous achetons des armes pour détruire ce pays. C'est
un petit raccourci de la dette du tiers monde. Vous le
voyez, en fait de dette, si on fait les comptes, c'est
plutôt nous qui devons de l'argent à ces pays.

La dette n'est-elle pas une vaste escroquerie pour
l'Afrique et tous les Africains ?
Je continue : donc, à cette époque-là (les années
1980), on commence à enfler la dette. La dette, quand
on y regarde de près, quand on regarde où est passé
l'argent, c'est dans la plupart des cas une
escroquerie absolument gigantesque. Alors, avec tout
ça, on arrive à la fin des années 1980. Il y a une
poussée démocratique après la chute du mur de Berlin.
Et à ce moment-là, les dictateurs ont beaucoup de mal
à résister à cette pression. Ils vont devoir affronter
des élections, mais ils ne peuvent plus tenir comme
discours politique: «Je me représente parce que je
fais le bien du peuple, parce que je vais assurer son
développement».

Ce n'est plus crédible, et donc ils se mettent à
utiliser l'arme ultime du politique, le bouc
émissaire, qui malheureusement marche depuis les
débuts de l'humanité. Ils se mettent à expliquer que,
s'il y a des malheurs dans le pays, ce n'est pas leur
faute, c'est la faute de l'autre ethnie, «cette ethnie
que vous haïssez, n'est-ce pas, et qui, si elle vient
au pouvoir, va vous ôter le pain de la bouche, prendre
toutes les hautes fonctions, et même, éventuellement,
vous massacrer». C'est ce discours qui a été tenu au
Rwanda, c'est ce qui menace dans un certain nombre
d'autres pays. C'est un scénario sous-jacent à ce qui
se passe en Côte d'Ivoire. A la criminalité économique
et à des régimes dictatoriaux souvent tortionnaires,
on a rajouté une criminalité politique de masse en
dressant les gens les uns contre les autres. Encore un
dernier exemple du fonctionnement de la Françafrique.
Rappelons le schéma de l'iceberg qui représente la
Françafrique : en haut, vous avez la France meilleure
amie de l'Afrique, patrie des droits de l'homme, etc.
; sous la ligne de flottaison, vous avez ces
fonctionnements de solidarité entre un certain nombre
de Français et d'Africains qui se sont organisés pour
tenir ces pays politiquement (par la dictature),
militairement (avec les mercenaires), et à travers un
certain nombre de circuits financiers pompant l'argent
des matières premières, l'argent de la dette, l'argent
de l'aide publique au développement.

L'un des exemples les plus récents et les plus achevés
de ce fonctionnement en iceberg, c'est ce qui s'est
passé après la poussée démocratique des années 1990.La
Françafrique a été prise au dépourvu par une
révolution démocratique au Bénin. Aussitôt, elle a
organisé un système qui a marché de manière quasi
infaillible pendant pratiquement dix ans. Il consiste
en ceci : avec notre argent, l'aide publique au
développement, on envoie des urnes transparentes, des
bulletins de vote et des enveloppes dans ces pays ; on
déclare : «Oui, vraiment, c'est bien, ils arrivent à
la démocratie; donc, on va les aider» ; et en même
temps, on envoie dans les capitales de ces pays des
coopérants très spéciaux, des réseaux Pasqua ou de la
mairie de Paris, qui vont installer un système
informatique de centralisation des résultats un peu
spécial : alors que les gens ont veillé jour et nuit
auprès des urnes pour être sûrs que leur suffrage soit
respecté, alors qu'ils ont voté à 70 ou 80% pour
chasser le dictateur, ils se retrouvent à la fin avec
un dictateur réélu avec 80% des voix... ou 52% s'il
est modeste. Voilà encore une alchimie extraordinaire.

Nous, avec notre argent, on aide les gens à se doter
d'instruments de démocratie; au même moment, les
réseaux de la Françafrique arrivent à faire en sorte
que ces peuples aient encore pire qu'un dictateur, un
dictateur «légitimé démocratiquement». Et ça ne s'est
pas passé que dans un pays ; ça s'est passé cinquante
fois entre 1991 et 2003, avec chaque fois le même
système, chaque fois le même discours, que ce soit au
Togo, au Cameroun, au Congo-Brazzaville, au Gabon, à
Djibouti, en Mauritanie, etc.

La Françafrique, de FX Verschave
Il n'y a eu que trois ou quatre exceptions, dans deux
pays pauvres d'abord, parce qu'ils sont trop pauvres
pour intéresser beaucoup la Françafrique : le Mali,
avec le renversement du dictateur Moussa Traoré, et le
Niger, où quelques officiers progressistes ont
renversé le dictateur installé par Foccart, qui
s'appelait Ibrahim Baré Maïnassara. Alors là, quand
ils ont renversé le dictateur, la France a crié à
l'interruption du processus démocratique. Elle a coupé
sa coopération. Et donc les Nigériens ont organisé
leurs élections sans et malgré la France. Et ça a
donné les élections les plus incontestées depuis
quarante ans en Afrique. Il n'y a pratiquement pas eu
un bulletin contesté.

Et puis, il y a encore deux exceptions célèbres. Au
Sénégal, où il y avait une fraude instituée depuis
très longtemps, s'est produite une invention
démocratique. La société, qui en avait marre de
l'ancien régime corrompu -ça ne veut pas dire que le
nouveau est parfait, loin de là-, voulait au moins
pouvoir changer de président. Eh bien, ils ont jumelé
les téléphones portables et les radios locales de
manière à annoncer en direct les résultats à chaque
dépouillement d'urne, pour que l'on ne puisse pas
truquer la totalisation. Dans d'autres pays, on a
retardé du coup la mise sur le marché des téléphones
portables… Un autre exemple, extraordinaire, presque
unique dans l'histoire de l'humanité, c'est
Madagascar. Jour et nuit, pendant quatre ou cinq mois,
entre cinq cent mille et un million de personnes ont
tenu la rue pour défendre le candidat élu et obtenir
son installation à la place du dictateur soutenu par
l’Elysée et par la Françafrique. Sous la pluie, des
femmes de soixante-dix ans, des mères de famille,
etc., une marée humaine se gardant de toute violence,
a réussi peu à peu, par son courage, a dissuader
l'armée et les milices du régime. Chaque fois que
l’armée voulait attaquer le mouvement populaire, il y
avait toujours une femme ou une fille de général dans
la manifestation qui appelait sur son téléphone
portable le père ou le mari pour dire: «Nous sommes
dans la manifestation». Et peu à peu, les généraux,
les officiers ont craqué l'un après l'autre, ils sont
passés dans le camp du président élu. C'est un exemple
vraiment assez exceptionnel, tellement inquiétant pour
les dictateurs en place qu'ils ont mis un an avant de
reconnaître le nouveau régime.

Donc, tout n'est pas désespéré. Mais disons que pour
ce qui est de notre rôle, du rôle de la France, on a
passé son temps à faire «valider» par les urnes
l'inverse de la volonté du peuple, quitte à dégoûter
les gens de la démocratie.

Alors, J'avance. Je passe rapidement car je n'ai pas
le temps de faire l'histoire de la Françafrique. Je
vais quand même vous décrire brièvement ses réseaux,
très, très sommairement. Et puis, je vous donnerai un
ou deux exemples récents avant de passer à la
mafiafrique.
Ces réseaux, Je vais d'abord vous les énumérer tels
qu'ils nous sont apparus en première lecture, si je
puis dire, et puis ensuite vous les décrire tels que
nous les voyons maintenant, parce que c'est un peu
différent, et à force d'y travailler, on y voit un peu
plus clair. Je vous le dis rapidement, je n'ai pas le
temps de détailler et d'insister -tout ça se trouve
dans mes différents ouvrages.

Jacques Foccart
Simplement, je vais d'abord vous décrire un
foisonnement. II y a ce qu'on appelle les réseaux
politico-affairistes. Le plus important d'entre eux,
c'était le réseau Foccart, créé sous De Gaulle ;
disons que c'était le réseau gaulliste. Et puis il y
eut les réseaux néogaullistes -principalement le
réseau Pasqua-, le réseau Giscard, le réseau
Mitterrand, le réseau Madelin, le réseau Rocard, etc.
Ensuite, il y a quelques très grandes entreprises qui
jouent un rôle dominant là où elles se trouvent. Il y
a Elf, bien entendu, qui faisait la politique de la
France au Gabon, au Cameroun, au Congo-Brazzaville, au
Nigeria, en Angola, etc. Il y a Bouygues, qui contrôle
les services publics en Côte d'Ivoire, qui a hérité
d'une grande partie des subventions d'investissement
de l'aide publique au développement. Il y a Bolloré
qui a le monopole des transports et de la logistique
sur une bonne partie de l'Afrique. Il y a Castel, qui
contrôle les boissons, etc.

Et puis il y a les militaires. La plupart des hauts
dignitaires de l’armée française ont fait leurs
classes en Afrique où ils ont eu des carrières
accélérées, deux ou trois fois plus rapides, avec des
soldes faramineux. L'armée française tient beaucoup à
l'Afrique ; elle fait encore la politique de la France
au Tchad ou à Djibouti. La plupart des généraux
africains francophones, y compris les
généraux-présidents, sont ses «frères d'armes».

Vous avez encore les différents services secrets, qui
se disputent entre eux et qui ont chacun un rôle dans
la Françafrique. Vous avez la DGSE, le principal
service secret vers l'étranger, qui contrôlait de près
chacun des «gouverneurs à la peau noire». Vous en avez
un autre, qu'il est beaucoup plus surprenant de
rencontrer en Afrique, la DST (Direction de la
sécurité du territoire). En principe, elle ne devrait
s'occuper que de l'intérieur de la France. Mais elle
s'occupe aussi de l'extérieur pour diverses raisons.
D'abord parce qu'il s'agirait de protéger la France
des dangers de l'immigration. Ensuite, la DST, qui est
une police politique, fait de la coopération avec
l'ensemble des polices politiques de toutes les
dictatures du monde. Donc, elle devient copine avec
toutes les «sécurités intérieures» des pires
dictatures. Et du coup la DST se retrouve impliquée
dans beaucoup de pays, comme le Gabon, le Burkina,
l'Algérie, l'Angola, etc. J'ai oublié de dire que,
bien entendu, les réseaux françafricains sont devenus
les mêmes au Maghreb qu'en Afrique noire, avec
exactement les mêmes mécanismes en Algérie, en Tunisie
et au Maroc que ceux que je vous ai décrits jusqu'à
présent. Après la DGSE et la DST, il y a la Direction
du renseignement militaire, poisson-pilote de l'armée,
qui fait la propagande de la France lors des conflits
en Afrique, et puis l'ancienne Sécurité militaire,
qu'on appelle maintenant DPSD -sur laquelle je
reviendrai-, qui, entre autres, contrôle les
mercenaires et les trafics d'armes.

Il faut rajouter un certain nombre de réseaux
d'initiés : une obédience franc-maçonne dévoyée, la
Grande Loge Nationale Française (GLNF), fort à droite,
à laquelle appartiennent tous les dictateurs
franco-africains, une forte proportion des
responsables des services secrets, des généraux
français et africains, les dirigeants de grands médias
comme TF1, une partie du lobby nucléaire et pétrolier,
etc. Vous avez des sectes, très présentes en Afrique
et liées à la Françafrique, comme les Rose-Croix ou
même le Mandarom...
Il y a encore le Trésor, du ministère des Finances,
l'administration française la plus puissante : elle
applique à l’Afrique les politiques de la Banque
mondiale.

Après cette description panoramique un peu éclatée, je
vais revenir à un historique plus unifié, que je n'ai
compris qu'assez tard, au début des années 2000, en
travaillant sur le livre Noir Chirac. La relecture de
la guerre froide m'a fait un peu déplacer les accents
en considérant notamment que la dépendance de la
France ou des décideurs français vis-à-vis des
politiques américaine et atlantiste était beaucoup
plus importante qu'il n'y paraissait. J'ai compris en
particulier que le discours antiaméricain, qui est la
propagande de base de la Françafrique, et notamment
des réseaux Pasqua, est une propagande à usage
subalterne. Parce qu'en réalité, ceux qui crient le
plus fort leur antiaméricanisme sont les plus liés aux
Américains : vieille astuce

Selon ma perception d'aujourd'hui, l'historique des
réseaux de la Françafrique s'est passé de la manière
suivante. Vous avez au départ le réseau Foccart, qui
agrégeait tous les éléments anticommunistes des
réseaux de la guerre froide, ce qui incluait notamment
un certain nombre d'éléments issus de l'extrême droite
ou de la mafia corse -y compris mêlés à des trafics de
drogue. J'ai expliqué dans La Françafrique et dans
Noir silence que Charles Pasqua avait été l'initiateur
de la French connection vers les Etats-Unis. Il m'a
attaqué en diffamation, mais pas sur ce point. Sous
couvert de Pernod-Ricard et au nom des services
secrets, il a couvert un trafic de drogue, mais c'est
un grand classique des services secrets. Et puis, en
1970, Pasqua se dispute avec Foccart et donc crée un
réseau dissident, un réseau néogaulliste (les
néogaullistes se distinguent des gaullistes en étant
beaucoup plus dans la mouvance américaine). Et Pasqua
devient le financier de la carrière de Chirac, qui est
en train de monter en puissance et qui va devenir
Premier ministre en 1974. A partir de 1974, le tandem
Pasqua-Chirac prend les rênes du futur RPR et de la
Françafrique, tandis que le réseau Foccart est
déclinant. Ensuite, apparaît Mitterrand. On croît
qu'il va changer les choses, mais pas du tout :
Mitterrand suivait les traces de Foccart depuis 1948.
Il se contente de montrer sa capacité de nuisance en
faisant publier Affaires africaines par son ami Pierre
Péan, dénonçant le système Elf et le Gabon de Bongo.
La Françafrique comprend, on lui donne une part du
gâteau et Jean-Christophe Mitterrand se branche sur
les réseaux Pasqua : le réseau Mitterrand, c’est en
fait une simple branche des réseaux Pasqua.

En 1986, Chirac se réconcilie avec Foccart, qu'il
emmène à la cellule Afrique de Matignon. Par
conséquent, à partir de 1986, Chirac détient toutes
les clés de la Françafrique : non seulement Pasqua,
mais aussi Foccart. Et comme toute instance trop
dominante a tendance à se diviser, à partir de 1989 se
manifeste une tension extrême entre Pasqua et Chirac,
avec des alternances de dispute et de réconciliation,
c’est ce que j'appellerai plus tard «le conflit des
anciens et des modernes» -grâce auquel nous avons
appris a peu près tout ce que nous savons sur la
Françafrique. Parce que tout ce que je vous raconte
n'est pas seulement le fruit d'un travail considérable
de dépouillement d'informations et de recoupements.
C'est aussi paru crûment dans la presse, parce que les
deux camps -Chirac-Juppé contre Pasqua et les anciens-
se bombardaient par presse interposée, exposant les
saloperies de l'autre. Ainsi, ce qu'on a appelé
l'Angolagate, c'est tout simplement la guerre des
modernes -Juppé, de Villepin contre les réseaux
Pasqua, la guerre aussi de la DGSE, du côté des
modernes, contre la DST pasquaïenne, du côté des
anciens. Je n'ai pas le temps de vous détailler tout
ça, mais ce qui est clair, c'est quand même que le
néogaullisme chiraquien contrôle la Françafrique
depuis 1974, c'est-à-dire pratiquement depuis trente
ans, et qu'il est l'ami des principaux dictateurs
africains. (…)
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hugobenji
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MessagePosté le: Jeu 02 Mar 2006 11:21    Sujet du message: Répondre en citant

instructif !
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youngsoldier
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MessagePosté le: Dim 05 Mar 2006 23:58    Sujet du message: Répondre en citant

Reaction très intéressante de Spego qui mérite d'être commentée.

Citation:
la plupart des gioonautes confondent la France (et ses hommes politiques) et les français qui en fait ignorent tout* et ne comprennent rien. Vous imaginez que nous avons tous été riches en nous gobergeant du pillage l'afrique;


Un ami avec qui je discutais me disait il y a quelques mois ceci que je partageais complètement:"ce qui m'énerve chez les Français, c'est que leurs politiques viennent nous voler, ils profitent indirectement de ce vol sans le savoir mais profitent quand même, et ont le culot de crier aux Africains et aux pauvres de ce monde qu'ils ne peuvent accueillir la misère du monde, et pour finir ils se vantent de nous accorder des aides"...

Que les Africains de Grioo se plaignent des Français, ne veut pas d'abord forcément dire qu'ils confondent France et Français, et ensuite si jamais ils confondent France et Français cela est sûrement dû en grande partie au fait que les politiques Français parlent tous au nom de la France quand ils sont à l'étranger, et même chez eux!!!! "La France cei, la France cela etc...", pas étonnant donc qu'il y ait une tendance à assimiler France aux Français même si pour un grand nombre de personnes il y a une différenciation intelligente qui est faite evidemment.

En tout cas je pense que le post de Spego est tout ce qui manque à beaucoup d'occidentaux pour une meilleure compréhension de la situation des relations Nord-Sud.
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MessagePosté le: Mar 07 Mar 2006 21:31    Sujet du message: Répondre en citant

spego105 a écrit:
De plus en plus insructif grioo si tout cela est vrai-et celà le semble helas- il y a de quoi avoir honte d'etre français et blanc (25% rital quand même).

Il n'y a pas de quoi avoir honte, de même que personne ici ne devrait culpabiliser parce qu'on nous saoûle avec une crapule, brebis galeuse qui a la même couleur de peau que nous...
Par contre, maintenant que tu sais, et que tu as pris la pillule rouge, tu ne peux plus faire machine arrière... Avoir honte du passé ne sert à rien, à STRICTEMENT rien... Connaitre ce passé, et agir sur le présent, ça c'est vraiment utile.

spego105 a écrit:
Meme si j'ai toujours désaprouvé ce néocolonialisme et trouvé que notre politique de fausse grandeur était ridicule et grandiloquente, qu'il y avait mieux à faire que d'entretenir une armée en afrique pour avoir des clients qui nous donne du poids à l'ONU et l'impresssion d'etre encore grands! Foutaises gaulliste!

Et oui, il y avait de ça, mais surtout des considérations économiques bien plus lourdes derrière. Welcome to the real world.

spego105 a écrit:
Maintenant un point: la plupart des gioonautes confondent la France (et ses hommes politiques) et les français qui en fait ignorent tout* et ne comprennent rien. Vous imaginez que nous avons tous été riches en nous gobergeant du pillage l'afrique; l'un de mes grand-pere est mort à 32 ans les poumons ruinés par son travail: mécanicien sur les locomotives à vapeur et l'autre à travaillé jusqu'a 67 ans sans pouvoir prendre sa retraite d'artisan car niveau a peine plus que le RMI. Et j'ai du faire mes études en cour du soir et du week-end.

*comme moi jusqu'a peu j'ai pourtant fait des études économie/finance

Il ne faut pas confondre, en effet... Cependant, je suis désolée, tous les citoyens français bénéficient peu ou prou du pillage de l'Afrique : nous mettons de l'essence à un prix relativement abordable dans nos réservoirs de bagnole, l'électricité est produite majoritairement grâce au nucléaire (uranium extrait au Niger), nous nous empiffrons de chocolat bien meilleur marché que s'il fallait cultiver le cacao aux Antilles, bref, nous en profitons moins que Bolloré et Elf, mais nous en profitons quand même... Y compris les Antillais, bien entendu... A chacun d'en être conscient et responsable, au niveau qu'il peut assumer...

Ne pas savoir et être dans l'erreur de bonne foi, je veux bien, mais savoir (ou refuser de savoir) et s'en laver les mains, c'est se rendre coupables. Désolée. Confused

C'est comme ces Zorèy qui débarquent aux Antilles, qui se proclament non racistes (et qui en sont certainement convaincus en toute bonne foi) mais qui ne trouvent pas anormal que les postes à responsabilité soient trustés par une minorité qui ne ressemble pas beaucoup à la majorité de la population locale... Là, je dis qu'il y a un aveuglement qui confine au je-m'en-foutisme... Pas besoin d'avoir honte et de s'auto-flageller pour prendre vraiment ses responsabilités (je dirais même que la honte est contre-productive dans ce cas là)
_________________
"Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
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nominoë
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MessagePosté le: Mar 07 Mar 2006 23:15    Sujet du message: Répondre en citant

Comment se fait-il que le niveau de vie des français ne soit pas plus élevé que celui des scandinaves, allemands, hollandais, canadiens, japonais... qui eux n'ont pas d'armée pour agresser l'Afrique?

Si la richesse de la France vient d'Afrique elle devrait être plus riche que les autres pays occidentaux et que le Japon.

Si l'Afrique est un gros gâteau soumis au pillage, pourquoi la France? Les USA qui ont plus de moyens que nous devraient prendre notre place.

Si la richesse de la France venait de l'Afrique et non d'elle-même, elle aurait un important déficit commercial compensé par un excédent financier. Hors on a longtemps eu le deuxième plus important excédent commercial après le Japon.

Les USA eux ont un énorme déficit commercial. (100%) désormais.

Ce pillage de l'Afrique, pourquoi en Afrique et pas au Japon, en Corée du Sud, qui dépendent pourtant de l'armée américaine.

On paie l'essence au prix du marché mondial + les taxes: plus d'un euro le litre. Si des cadres de Total s'enrichissent avec le pétrôle, nous on ne voit pas la couleur de cet argent.

Et l'Algérie, contrôlée par la France? pourtant ils nous ont foutu dehors à coups de pied. Et c'est la même équipe qui est au pouvoir depuis.

La Turquie n'a jamais été une colonie de personne et ses résultats économiques ne sont pas meilleurs que dans le maghreb.

L'Iran non plus n'est pas contrôlé par l'occident et n'a pas de résultats extraordinaires.

L'Arabie Saoudite, une marionnette de l'occident? Pourtant ils financent le terrorisme mondial.
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essama
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MessagePosté le: Mer 08 Mar 2006 16:06    Sujet du message: Répondre en citant

François-Xavier Verschave
Chirac et la Françafrique

François-Xavier Vershave est le président de l'association Survie, qui édite une lettre mensuelle, Billets d'Afrique, fournissant "informations et avis de recherhe sur les avatars des relations franco-africaines". Il est l'auteur de la Françafrique et Noir Silence, vendus à des dizaines de milliers d'exemplaires. Il récidive, aux éditions Les Arènes, avec Noir Chirac. Un ouvrage utile à tout ceux qui ne se résignent pas à voir l'iniquité impunie.

- Pourquoi, après le succès de Noir Silence, avoir écrit Noir Chirac?
François-Xavier Verschave - Je m'étais mis, comme en 1995, à rédiger pour 2002 un dossier noir sur les candidats et l'Afrique. En y regardant de plus près, je me suis aperçu qu'entre les candidats en lice il n'y avait pas photo (nous excluions par principe de traiter du cas Le Pen): Jacques Chirac est au coeur de la Françafrique prédatrice, corruptrice, pétrolière, barbouzarde Un certain nombre d'enquêtes, de révélations et d'événements récents le confirment: la Françafrique s'ordonne autour d'un tronc principal néogaulliste, dont les autres réseaux ne sont que des ramifications ou des greffons. Longtemps secondé par Charles Pasqua, puis héritier de Jacques Foccart, Jacques Chirac est depuis un quart de siècle l'homme fort de ce dispositif de négation des indépendances africaines. Le réseau Mitterrand ressemblait à un appendice, destiné à capter une part du butin.
Protecteur et "frère" des dictateurs néocoloniaux africains, Chirac ne peut être dissocié de leur criminalité économique et politique. Tout cela est quand même assez connu des observateurs, de même que les énormes ponctions de ses amis sur les contrats d'armement et les marchés publics. Ou la fraude électorale à Paris. Dès lors la question se pose
: pourquoi une telle impunité judiciaire, politique, et même médiatique? C'est cette question que j'ai voulu traiter dans Noir Chirac.

- Vous rattachez cette impunité aux parrains politiques de Jacques Chirac, les cercles d'initiés de la guerre froide?
F.-X. Verschave - Oui. Cette impunité illustre un mode de gestion du monde profondément antidémocratique, irresponsable. Une gestion secrète opposée au débat public, à la République. Une sorte de généralisation du délit d'initiés. Au nom de la lutte contre l'URSS, la frange la plus réactionnaire des cercles dirigeants américains, entre extrême-droite et lobby militaro-industriel, a soutenu des stratégies agressives largement cachées, y compris au Congrès des Etats-Unis: la dissémination de l'arme nucléaire, la subversion des régimes déplaisants au profit de plus serviles (souvent des dictatures), l'essor des masses financières occultes dans les paradis fiscaux, le recours systématique aux "milieux" d'initiés (mafias, sectes, ordres templiers, loges maçonniques infiltrées et dévoyées).La Françafrique fut d'abord une sous-traitance de la guerre froide, comme le lobby militaro-industriel français ou notre industrie nucléaire, militaire et civile. Le gaullisme, et plus encore le néogaullisme pompidolien, se sont inscrits dans ces stratégies d'initiés. Fils spirituel de Pompidou et Dassault, Chirac en fut le pur produit, avant de se retrouver au centre de ces pratiques militaires, politiques, économiques et financières tellement incontrôlées, tellement au-dessus des lois qu'elles autorisèrent au fil des décennies une criminalité inouïe. Souvenons-nous des guerres d'Algérie, du Viêt-nam, des dictatures latino-américaines La Françafrique est dans ce droit fil. La seule différence, c'est que les Français sont moins informés de l'impérialisme français, des dictatures et du pillage dans l'Afrique de 2002 que de l'impérialisme des Etats-Unis dans l'Amérique latine de 1985

- Vous évoquez le passage de la Françafrique à une "mafiafrique"
F.-X. Verschave - De toutes les stratégies secrètes évoquées, la plus périlleuse en soi est la dissémination des armes de destruction massive. Mais la plus destructrice des biens publics à l'échelle de la planète est l'essor incroyable de la criminalité financière, y compris chez les grandes banques. La multiplication des paradis fiscaux, par où passe le pillage des richesses du tiers monde et les attaques, chez nous, contre 150 ans de conquêtes sociales est, au départ, l'oeuvre commune des services secrets et des mafias. Elle a constitué des masses financières gigantesques, d'abord sous gestion nationale, mais qui sont en train de s'interconnecter. Derrière l'"Angolagate", il y a la collusion croissante entre les finances parallèles française, russe, américaine, etc. La destruction du Congo-Brazzaville est un "effet secondaire" de ces grandes manoeuvres qui contribuent aussi à broyer le Congo-Kinshasa.
- Dans la conclusion de Noir Chirac, vous évoquez la "deuxième guerre froide"
F.-X. Verschave - Il est clair que, depuis le 11 Septembre 2001, les Etatsuniens cherchent à réactiver les différents mécanismes dont je rappelle l'articulation, les immenses risques et dégâts. La question est de savoir si la France et l'Union européenne se laisseront enrôler. Jacques Chirac l'est depuis trop longtemps pour pouvoir se désolidariser.

- Jean-Marie Le Pen brandit Noir Chirac devant les caméras
F.-X. Verschave - C'est typique de son fonctionnement manipulatoire. Il montre le titre, mais pas le contenu. Car j'explique comment sa carrière et son mouvement ont été propulsés et instrumentalisés par les stratèges de la guerre froide, dans les aventures mercenaires les plus sinistres de la Françafrique. Noir Chirac est un combat contre l'alliance d'une certaine oligarchie et de l'extrême droite. Pour le second tour de l'élection présidentielle, nous sommes placés devant un choix atterrant. Pour l'association Survie, que je préside, il n'y a qu'un choix possible: noyer Chirac sous les bulletins d'une sorte de référendum antifasciste, et mobiliser pour la suite.
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essama
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MessagePosté le: Mer 08 Mar 2006 16:23    Sujet du message: Répondre en citant

NOIR CHIRAC
RESTAURER L'AMI SASSOU À N'IMPORTE QUEL PRIX

Ce qui s'est passé au Congo-Brazzaville entre décembre 1998 et l'automne 1999 est abominable. Avant de rappeler les crimes contre l'humanité commis durant cette période par le régime de Denis Sassou Nguesso, fraîchement "restauré" par Paris, il est nécessaire de détailler assez précisément le pourquoi et le comment de l'engagement total de Jacques Chirac auprès du frère Sassou

ON N'ABANDONNE PAS UN AMI FIDÈLE

À la fin des années soixante, le Congo-Brazzaville a eu le malheur de devenir un pays pétrolier'. Le régime était alors pro-soviétique. L'ancien P-D.G. d'Elf, Loïk Le Floch-Prigent, a l'art de la formule
il parle " du Congo, devenu quelque temps marxiste, toujours sous contrôle d'Elf ". L'identité du contrôleur local n'est pas un mystère : le général Denis Sassou Nguesso. Il est l'un des Africains qui, depuis Houphouët, a "séduit" le plus large éventail de la classe politique française. Extrêmes compris. Seul son gendre Omar Bongo, l'émir d'Elf-Gabon, le surpasse peut-être en ce domaine. Sassou a un grand mérite : il ne réclame pour son État que 17 % de redevance sur la production pétrolière déclarée, et se montre très compréhensif sur les cargaisons non déclarées. Il dépense du coup beaucoup plus que son pays ne perçoit. Sous sa première dictature (1979-1991), la dette du Congo augmente déjà démesurément. C'est un régime policier très efficace, à la double école soviétique et françafricaine. Plusieurs milliers d'assassinats lui seront imputés.
À la même époque Jacques Chirac, flanqué de Pasqua puis de Foccart, est sans conteste le vrai patron politique d'Elf. En 1987, il est aussi Premier ministre. Le 10 février, il félicite Denis Sassou Nguesso devant l'OUA (Organisation de l'Unité africaine), présidée cette année-là par l'ami congolais : " La coopération franco-congolaise est [...] exemplaire. [...] C'est une coopération sans complexe, d'égal à égal, qui touche tous les domaines que vous estimez prioritaires pour votre progrès. La France ne peut que se féliciter de son succès. [...] Voici longtemps que j'ai l'honneur de m'entretenir à intervalles réguliers avec vous. Ces contacts m'ont beaucoup appris. Votre connaissance de l'Afrique, de ses hommes et de ses réalités, la perspicacité de vos analyses, la dignité, la sagesse de vos jugements m'ont convaincu que le Congo et l'Afrique pouvaient difficilement être mieux représentés. " Le 2 octobre, Jacques Chirac remercie le patron d'Elf, Michel Pecqueur, d'avoir prestement obtempéré à la demande d'un secours urgent, 300 millions de francs (45 millions d'euros), pour ce président philosophe.Depuis le début de l'exploitation pétrolière jusqu'au milieu des années soixante-dix, la référence au camp des "non alignés" incitait les présidents successifs à limiter la production pétrolière, dans l'attente de disposer des cadres spécialisés qui permettraient de mieux la maîtriser. Les revenus de cette production réduite assuraient néanmoins un bon niveau de services publics. Mais déjà l'officier Denis Sassou Nguesso accédait aux plus hautes fonctions sécuritaires et éliminait peu à peu, à l'occasion de querelles intestines, les opposants les plus déterminés aux projets du néogaullisme pétrolier. En 1976, un putsch sanglant lui ouvre la voie du pouvoir. Le président congolais d'alors; Marien Ngouabi, est assassiné. Sa mort est imputée à son prédécesseur, Alphonse Massamba-Débat. Une vindicte est déchaînée contre ce dernier, qui est éliminé à son tour avec quantité de ses proches.
Le capitaine Pierre Anga est mêlé de près à ces tragiques événements. Brouillé avec son collègue Sassou, il accuse ce dernier, douze ans plus tard, de les avoir organisés. Cela chauffe les oreilles, non seulement du dictateur congolais, mais aussi, curieusement, du Premier ministre français, Jacques Chirac. Prétextant une rébellion, Sassou dépêche l'armée, des véhicules blindés et des armes lourdes dans la patrie d'Anga, Owando, une localité du Nord. Jacques Chirac joue les chefs d'orchestre de cette expédition : il la fait encadrer par "quelques officiers de la DGSE" et transporter par un avion militaire français, un Transall sans consulter Mitterrand, chef des armées et patron de la DGSE, affirme Jean-Christophe, le fils du président'. À Owando, c'est le massacre : plusieurs centaines de personnes périssent, trois mille selon des opposants. Arrêté, seul avec sa fille, Pierre Anga est aussitôt abattu'. Que savait-il de trop sur les mystères françafricains, quel tabou avait-il enfreint pour susciter pareille excitation chez le tandem Chirac-Sassou ?Après la chute du mur de Berlin, une lame de fond démocratique envahit l'Afrique. Miné par la dette, la crise budgétaire, l'impossibilité de payer les fonctionnaires, le régime Sassou se voit imposer une Conférence nationale souveraine (CNS). Elle dure un peu plus de cent jours (25 février-10 juin 1991). Un moment fondateur. Une nouvelle République est proclamée, une nouvelle Constitution est adoptée par un référendum presque unanime. Le dictateur est formellement condamné pour ses turpitudes, ses crimes et ses détournements, mais comme il les assume publiquement, il est laissé en place jusqu'à l'élection présidentielle. Le gouvernement provisoire a la maladresse de s'interroger sur les très faibles revenus du pétrole. Dans le coffre-fort d'Elf, les juges Joly et Vichnievsky ont trouvé la preuve d'un coup d'État préparé par le Chiraquien Maurice Robert avec un duo pasquaïen, Jean-Charles Marchiani et Daniel Léandri. Plus quelques mercenaires corses. La tentative de putsch échoue. Sassou est laminé à la présidentielle : il obtient 17 % des voix. Ce pourcentage colle désormais à son image (c'est aussi la redevance minimaliste qu'il demandait à Elf) : il est "Monsieur 17 %" ? du suffrage populaire et du pétrole congolais. Sassou espère se refaire en s'alliant au second tour avec son vieux rival Pascal Lissouba contre un troisième leader historique, Bernard Kolelas. Mais Lissouba n'est pas en reste de machiavélisme. Une fois élu, il tient Sassou en lisière. Ce dernier opère un retournement d'alliance en faveur de Kolelas, inaugurant une guérilla politique puis milicienne contre le Président. Il est impossible d'en narrer ici les détails. Lissouba, et plus encore certains de ses, proches (Nguila Moungounga-Nkombo et Claudine Munari), n'ont pas été dignes du suffrage qui les a portés au pouvoir : ils ont tenté eux aussi de se servir sur les circuits de détournement installés par Elf. Mais force est de constater que la spirale de destruction qui s'amorce a un axe principal : le dictateur désavoué ne veut pas lâcher sa rente, soutenu par la majorité de la Françafrique ? dont il est l'un des fondés de pouvoir préférés. Une partie de l'armée est originaire de la région d'Oyo, le fief nordiste de Sassou. Elle y crée une milice dissidente. Elf continue de financer l'ancien gardien de ses intérêts. Des conteneurs d'armes sont largués à Oyo. Replié à Paris, Sassou se voit doté dès 1995d'une cellule politique foccarto-chiraquienne : il s'agit de préparer son retour au pouvoir au terme du mandat de Lissouba, en juillet Jean-François Probst (futur animateur, en 2001, de la campagne municipale du maire de Paris, Jean Tibéri) dirige cette cellule.
Il évoque volontiers son travail de propagande. Mais ce sont surtout les armes qui affluent chez les Sassouistes, tant à Oyo que dans la résidence-caserne de Mpila, à Brazzaville. Celle-ci se remplit de miliciens "Cobras" (Combattants de Brazzaville).
Jean-Marie Tassoua, alias "général Giap ", sera l'un des chefs cobras dans la bataille qui s'annonce. Cet ex-directeur des assurances congolaises, ancien de Paribas, admet que dès janvier 1995 son leader lui a demandé de " traficoter un peu pour s'armer. En Angola, en Afrique du Sud, en Namibie ou en France, ce sont surtout les relations du président qui nous ont permis de gagner la guerre." À Paris, ces relations sont essentiellement chiraquiennes, via l'officier de la DGSE Jean-Yves Ollivier, agent traitant d'Alfred Sirven et homme d'affaires. Des affaires stratégiques. Dès les années quatre-vingt, il s'est montré capable de brasser à grande échelle du pétrole et des armes (entre autres) depuis quelques pôles privilégiés : les Comores, l'Afrique du Sud, l'Angola d'Eduardo Dos Santos, le Congo de Denis Sassou Nguesso, la Françafrique sous hégémonie chiraquienne. Avec des tentacules vers l'Iran, et peut-être le Rwanda. Sassou dit qu'il n'a eu, lors de sa traversée du désert (très parisienne), que deux seuls "vrais amis 1° " : Jean-Yves Ollivier et Pierre Aïm, un autre "homme d'affaires".
Le 1er novembre 1996, à 17h30, Jacques Chirac reçoit en secret Sassou Nguesso et son gendre gabonais Omar Bongo". Le 3 juin 1997, 25 tonnes de fret partent du Bourget à destination des partisans de Sassou, via le Gabon. Lionel Jospin vient à peine d'arriver à Matignon, seul le Président français peut avoir ordonné cet envoi. Le 5 juin s'amorce une guerre civile qui va détruire Brazzaville. Retranché avec ses Cobras dans sa résidence de Mpila, le général congolais se concerte durant une heure au téléphone avec Jacques Chirac. Bien entendu, Sassou accuse publiquement le président Lissouba d'avoir déclenché le conflit. Mais il est beaucoup plus probable qu'avec la bénédiction chiraquienne, il a prémédité de reconquérir par les armes un pouvoir qu'il n'avait aucune chance de retrouver par les urnes ". Dans l'orbite françafricaine, on verra s'engager aux côtés de Sassou des restes de l'armée génocidaire rwandaise, échoués à Brazzaville; une partie de la Division spéciale présidentielle de Mobutu, qui venait de traverser le fleuve Congo après la prise de Kinshasa par la coalition pro-Kabila; un contingent tchadien, amené par des avions français; des mercenaires français et marocains (du frère Hassan II) ; et finalement, pour emporter la décision, l'armée angolaise. Jacques Chirac s'en est félicité un an plus tard à Luanda, capitale de l'Angola. Il assumait ainsi ce qui relevait de l'évidence une telle coalition ne pouvait avoir été réunie que par le chef des Armées françaises, patron de la DGSE.Nous n'avions pas, jusqu'en janvier 2001, la certitude d'une préméditation de l'Élysée. Nous apprenons alors, au détour d'un article du Monde sur le financement du RPF pasquaïen 14, que le préfet Jean-Charles Marchiani, député européen de ce parti, vient de faire aux enquêteurs de 1"`Angolagate" un aveu extraordinaire : "Nous, c'est-à- dire moi pour le compte de Charles Pasqua, avons négocié publiquement avec le président Dos Santos l'aide politique et économique de l'Angola à l'action de la France dans cette partie de la région, qui s'est concrétisée par l'envoi de troupes dans les deux Congo." Un deal global donc, a permis à la France de s'engager par procuration dans trois guerres civiles les deux Congo après l'Angola.
L'on objectera sans doute qu'à l'époque, Charles Pasqua, au ministère de l'Intérieur, s'était allié avec Édouard Balladur contre Jacques Chirac.
Mais en 1997, Balladur est hors jeu, Chirac est à l'Élysée, Marchiani s'en est rapproché. Pierre Falcone et Arcadi Gaydamak, les deux protagonistes de 1"Angolagate", concluent en urgence, selon La Lettre du Continent, " deux nouveaux contrats d'armements d'un montant global de 420 millions $ ", quelque 450 millions d'euros. " La deuxième tranche a démarré fin juillet Il ", sept à huit semaines après le début de la guerre civile congolaise, deux mois avant l'invasion du Congo par les troupes angolaises. Marchiani enfonce le clou: " à sa façon, M. Falcone a défendu les intérêts français dans la région " Autrement dit, il était en service commandé, tel jadis un Bob Denard. Surgit alors, tel un lapsus, l'aveu de la "Grande muette"

"Plusieurs généraux et colonels français sont restés de marbre, le 16 janvier [2001J, lors d'une étonnante réunion, à Paris, au Collège interarmées de défense, nouvelle dénomination de l'École de guerre. Trois cents militaires y participaient, dont environ un tiers d'officiers venus d'Afrique, des États arabes ou asiatiques, et des USA.
Au détour d'un échange, il a été soudain question de l'intervention de l'armée angolaise pendant la guerre civile du Congo-Brazzaville, en 1997 [...]. Et mention était faite que cette opération militaire avait été menée à la demande expresse de la France.

Les officiers angolais présents ont fait semblant de ne pas entendre. Comme les généraux français, frappés eux aussi d'une subite surdité."
Les médias français itou. L'aveu de cette déclaration de guerre au Congo-Brazzaville n'a pas débordé cet entrefilet du Canard enchaîné. Nul démenti n'est venu troubler le noir silence. Il est donc aujourd'hui parfaitement établi que l'Élysée, son état-major et ses Services, ont imposé aux Congolais celui qui allait devenir leur bourreau.
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