Benny Da B' Super Posteur

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Posté le: Ven 03 Mar 2006 11:59 Sujet du message: Abrogation de la Constitution du 1er août 2000 en CI |
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Je ne sais qu'en penser...je me suis souvent posé cette question...si cette constitution nous pose plus de problèmes que de solutions alors il faut la changer.
Mais comment ? Par l'abrogation (brutale et antidemocratique?) ou par les voies democratiques justement (quelles chances que ca aboutisse?)
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Abrogation de la Constitution du 1er août 2000
Voici l’appel de quatre intellectuels ivoiriens
::Vendredi 3 Mars 2006::
Depuis le 19 septembre 2002, ce que nous croyions ne pouvoir arriver qu’aux autres nous est arrivé. Les Ivoiriens se font la guerre entre eux, s’entretuent et déchirent leur pays.
Malgré les horreurs de la guerre, les morts, les mutilations et les privations de toutes sortes, l’avenir demeure incertain, le présent compromis.
Il est temps de marquer un arrêt conscient, de réfléchir sur le présent et l’avenir de notre pays et de déterminer courageusement, ensemble, les obstacles à franchir et les moyens de les franchir. Il nous faut sortir des réductions simplistes, des oppositions réductrices.
Les anathèmes, les provocations, les déclamations et les incantations pas plus que le renoncement, le silence et le lâche soulagement n’ont apporté la moindre solution à nos problèmes communs.
Le problème de la Côte d’Ivoire est un problème de liberté, de pain et de paix !
Le pain, parce que le peuple souffre de la faim, de la pauvreté et de la misère.
La liberté, parce que la guerre a transformé notre pays en une vaste prison.
La paix, parce que depuis le 04 juillet 2004, les soldats ne veulent plus faire la guerre, les élèves et étudiants veulent pouvoir aller à l’école, les paysans chassés de leurs exploitations veulent se remettre au travail pour nourrir leurs familles, les familles dispersées, veulent être de nouveaux rassemblées. La paix enfin, parce qu’il faut que notre pays soit réunifié. Or, est-il possible d’aller à la paix, à une paix durable sans la liberté de la démocratie ?
Avant d’être face aux autres, la Côte d’Ivoire est face à elle-même. La société ivoirienne est confrontée à deux questions majeures.
Quelle société voulons-nous dans un pays où d’une part 26% d’immigrés, dont la plupart se considèrent ivoiriens ou tout au moins, souhaitent s’intégrer et d’autre part où plus de 60 % de la population ont moins de 35 ans et sont, à plus de 40 % au chômage ?
Aujourd’hui, la régression économique, la paupérisation croissante de la population, le chômage galopant, la pression foncière font de l’accès à la nationalité, à la terre, à l’emploi et l’éligibilité des questions de spéculation politique et de conflit.
Quelles relations voulons-nous avec les autres et notamment avec la France ?
Notre histoire et surtout des traités inégaux nous lient à ce pays. Souhaitons-nous les modifier ? C’est au peuple de le décider.
Quant aux pays et peuples voisins, nos destins communs nous imposent de réévaluer nos relations. Le voulons-nous ?
La constitution du 1er août 2000 objet de toutes les espérances, n’a apporté ni la démocratie, ni l’unité ni la paix pour lesquelles le peuple ivoirien lutte depuis de longues années.
Au lieu de garantir la souveraineté du peuple et de cimenter une République une et indivisible, laïque, démocratique et sociale, la Constitution du 1er août 2000, est à l’origine d’un gouvernement contesté par certains et d’une guerre qui conduit à la partition du pays. L’unicité et l’indivisibilité de la République sont ainsi rompues, son indépendance et sa souveraineté menacées. Mais pouvait-il en être autrement ?
1° Cette Constitution portait en elle-même les germes de sa propre faillite.
Alors que le projet de la Constitution à soumettre au référendum est publié au journal officiel le 28 mai 2000 et que la campagne pour son adoption est ouverte depuis deux jours, le général Guei procède d’autorité à la modification des conditions d’éligibilité en substituant la conjonction « Et » à la conjonction « Ou » le 17 juillet 2000. Il en résulte que la Constitution adoptée n’est pas celle publiée au Journal officiel et soumise à la ratification du peuple.
Intéressés à assurer les conditions de leur propre règne sur un peuple pour l’essentiel analphabète, les hommes politiques et les constituants de 2000 ont donné à la Côte d’Ivoire, à son insu, un régime autocratique consacrant le pouvoir personnel.
L’exclusion de 14 candidats sur 19 à l’élection présidentielle du 22 octobre 2000, les massacres et pogromes consécutifs à cette élection, aggravent la division et précarisent la légitimité du régime qui en est issu.
Les tentatives de coups d’Etat des 4 et 5 décembre 2000, du 7 au 8 janvier 2001 et la guerre depuis le 19 septembre 2002, consacrent la rupture de la cohésion sociale.
2° Cette constitution est le principal obstacle à la liberté et à la paix dans notre pays. Son application a démontré son incapacité à conduire le peuple ivoirien à la démocratie, à la paix et au progrès social. Les évolutions politiques récentes la rendent caduque.
C’est pourquoi nous appelons à son abrogation immédiate
Il faut à notre pays une Constitution moderne, instituant une République véritablement démocratique, libre, laïque et sociale garantissant la paix et la cohésion sociale, la souveraineté du peuple et le mettant en situant d’engager résolument la lutte pour le développement et le progrès social.
Il faut à notre pays un régime moderne et des institutions adaptées à notre époque, un régime dans lequel le pouvoir suprême n’est pas entre les mains d’un seul homme, un régime capable d’assurer le rayonnement international de la Côte d’Ivoire.
Construire une telle alternative est possible et c’est maintenant qu’il faut s’engager sur cette voie. C’est la voie de la liberté, de l’unité, de la paix et du progrès continu pour la Côte d’Ivoire et pour le peuple ivoirien tout entier.
Nous appelons tous ceux et toutes celles qui partagent cette espérance à nous rejoindre sans exclusive et sans délai, à s’engager avec nous pour qu’ensemble, nous nous donnions les moyens de construire cette alternative nouvelle.
Ont signé cet appel :
Maurice Fahé, économiste
Maurice Bandaman, écrivain
Yacouba Konaté, écrivain, journaliste
Venance Konan, écrivain, journaliste
Notre contact :appelabrogation@yahoo.fr [/b] |
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