essama Grioonaute 1
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Posté le: Jeu 09 Mar 2006 21:36 Sujet du message: Bolloré mise en cause dans des cas d'escroquerie en afrique |
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En Afrique, la vie n’est pas un long fleuve tranquille pour le groupe Bolloré. Après le Togo où il est accusé de corruption active de magistrat, après le Cameroun où un ministre est en prison suspecté d’avoir entretenu des rapports trop étroits avec la société française, c’est au tour de la Côte d’Ivoire de s’intéresser aux activités de manutention de l’entreprise dirigée par Vincent Bolloré. Le quotidien abidjanais « Le Nouveau Réveil » s’interroge jeudi : «Banny va-t-il annuler les contrats de Bolloré? ».
Le journal revient sur l'obtention de gré à gré en 2004 de la gestion du terminal d'Abidjan sur vingt-cinq ans, à travers sa filiale. Une affaire qui avait provoqué de vives critiques chez les bailleurs de fonds et entraîné une crise politique majeure dont le ministre Patrick Achi avait été la vedette involontaire dans un bras de fer mémorable avec le président Laurent Gbagbo.
Voici l’article publié jeudi par le Nouveau Réveil
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Le groupe français de manutention Bolloré est sous les projecteurs de l'actualité. Cette société implantée dans les plus grands ports d'Afrique francophone est au centre d'affaires de corruption au Togo et au Cameroun. En Côte d'Ivoire, la renégociation de gré à gré du terminal à conteneurs du port d'Abidjan avait soulevé des vagues il y a quelques mois et posé pas mal de questions.
Au début du mois de février 2006, l'état-major de Bolloré débarque d'un Falcon 900 sur l'aéroport Gnassingbé Eyadema de Lomé au Togo. Les plus proches collaborateurs de Vincent Bolloré sont venus fêter la victoire. Une décision de justice leur donne raison dans un litige les opposant à la société espagnole Progosa qui gère via ses filiales l'activité -fort lucrative- des conteneurs au port de Lomé (PAL).
Mais patatras, aussitôt débarqués du luxueux jet d'affaires, les cadres de Bolloré sont interpellés, inculpés et placés sous contrôle judiciaire (avec versement de plus d'un million d'euros avant de pouvoir regagner la France). La justice togolaise leur reproche de s'être livrés à une corruption active de magistrat pour remporter la décision du tribunal.
Quelques jours plus tard, à plusieurs milliers de kilomètres de là, une autre affaire va ébranler la réputation du groupe français et mettre à jour des pratiques contestables.
Au centre du scandale, l'ex-ministre camerounais de l'Eau et de l'Energie Alphonse Siyam Siwé et surtout ancien dirigeant du port autonome de Douala. Vendredi dernier, l'officiel est limogé par le président Paul Biya et écroué à la prison de Yaoundé.
Les autorités camerounaises reprochent à M. Siwé des faits de corruption liés à la gestion du port. En particulier les conditions, pour le moins opaques, dans lesquelles se sont déroulées les renégociations concernant la gestion de l'activité conteneurs au port de Douala.
Une dizaine de sociétés étrangères avaient répondu à l'appel d'offres proposant des conditions plus intéressantes que celles proposées par le groupe Bolloré et c'est pourtant ce dernier, contre toute attente, qui avait remporté le contrat.
Il est aujourd'hui reproché à Alphonse Siyam Siwé d'avoir donné le coup de pouce déterminant.
Togo, Cameroun, la liste n'est pas close. En Côte d'Ivoire, l'omnipotent Bolloré traîne aussi quelques casseroles. Ce n'est pas son rôle de sponsor à la CAN 2006 qui va faire oublier les pratiques étranges de cette société à Abidjan.
L'obtention de gré à gré de la gestion du terminal d'Abidjan sur vingt-cinq ans, à travers sa filiale SETV (Société d'exploitation du terminal à conteneur de Vridi) avait déclenché l'année dernière une crise politique majeure avec le départ voulu par le Président Gbagbo et refusé par la Communauté Internationale du ministre des Infrastructures économiques, Patrick Achi (membre du PDCI, le parti de l'ancien président Henri Konan-Bédié) qui avait dénoncé publiquement ce contrat de gré à gré. Même la Banque mondiale avait mis son grain de sel, donnant raison à la Commission d'agrément et au ministre des Transports qui s'opposait à une décision comportant des clauses secrètes.
Baromètre de l'économie ivoirienne, le Port autonome d'Abidjan (PAA) a connu en trois ans une baisse régulière du trafic, aggravée par la concurrence des ports du Togo et du Ghana voisins, mais le groupe Bolloré ne veut pas lâcher cette cash machine qui est le point de passage de 90% des échanges de la Côte d'Ivoire.
D'autant que la société française se mord les doigts d'avoir négligé le port de Lomé qui est devenu aujourd'hui l'une des plates-formes les plus rentables d'Afrique de l'ouest.
Selon des experts des activités portuaires, le contrat de Bolloré en Côte d'Ivoire pourrait être revu et corrigé à la faveur de la transition en cours en Côte d'Ivoire. Car les clauses demeurées secrètes sont certainement favorables à quelques responsables politiques; elles le sont beaucoup moins pour l'économie ivoirienne.
Et la Banque mondiale qui attend un retour au calme pour reprendre son aide est décidée à faire le ménage dans ces conventions suspectes signées en temps de guerre. C'est aussi le prix à payer pour un retour à la paix.
Antoine Sberré (avec Jean Kodjo à Lomé et Sandrine Hunde à Douala) |
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