M.O.P. Super Posteur
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Posté le: Lun 13 Mar 2006 11:45 Sujet du message: Français, si vous saviez, par la francaise Odile Tobner |
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http://www.quotidienmutations.net/mutations/36.php?subaction=showfull&id=1142220069&archive=&start_from=&ucat=36&
Riposte : Français, si vous saviez
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L'ouvrage Négrophobie, en réponse à Négrologie de Stephen Smith, a été présenté à Yaoundé.
Jean Baptiste Ketchateng
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Négrologie de Stephen Smith (Calmann-Lévy, 2003) aura eu au moins un bénéfice. Celui de susciter une autre réflexion qui pourrait aider les Africains à prendre conscience d'une partie de la guerre qu'ils doivent livrer pour sortir leur continent de la situation dans laquelle il se trouve. Vendredi dernier, au café littéraire du Kaba Ngondo à Yaoundé, moins chaud que celui d'il y a trois semaines sur l'homosexualité, Odile Tobner, qui a partagé la vie et le combat de Mongo Beti, expliquait ceci : "En France, on a besoin d'informations vraies sur l'Afrique. Il y a une attitude de censure énorme sur cette question".
Pour ce co-auteur, avec Boubacar Boris Diop et François-Xavier Verschave, de Négrophobie, publié aux Arènes en juin 2005, c'est la raison pour laquelle l'ouvrage de Stephen Smith a connu un succès remarquable. Prix de l'essai de France Télévision, célébré presque unanimement par la critique littéraire de la presse française comme l'ouvrage qui ose enfin dire aux Africains et aux Français, l'incapacité génétique des premiers à se prendre en charge, vérité que l'on veut cacher aux seconds en les culpabilisant au passage, il s'agissait pourtant d'"un livre raciste", soutient Odile Tobner, puisqu'il parle de cannibalisme comme d'une spécificité atavique chez les Noirs.
S'il est vrai, reconnaît-elle, qu'il y a des vérités dans cet ouvrage, c'est que Smith, pose des constats, vérités de La Palice ici, mais dénonciation courageuse à Paris. "C'est vrai, comme il le dit, que l'Afrique va mal, le Cameroun est un pays pauvre, etc.". Seulement, s'empresse d'ajouter le co-auteur de Négrophobie, lorsque Smith prétend que "Si le Tchad était habité par des Israëliens, les oasis fleuriraient", et que la coopération est un tonneau des Danaïdes, ce qu'il oublie ou refuse malhonnêtement de dire, c'est que la Françafrique, système mafieux qui unit des dirigeants illégitimes africains à leurs collègues français, contre les intérêts des Africains, empêche ces derniers de construire eux aussi, ça et là, des oasis de prospérité. Ainsi en est-il aussi de la réalité fantasmée du cannibalisme qui l'éloigne alors de la perversion et de la faim qui a partout et toujours expliqué que des humains mangent des humains. "Chaque fois que l'on a voulu dénier à une communauté son appartenance au genre humain, on a recours à cet argument. Montesquieu l'a fait avec les Iroquois. En Allemagne aujourd'hui, il y a un cas, et il y a quelque temps, c'était une équipe de sportifs chiliens dans un naufrage aérien qui l'avait fait."
Peur
Le propos révolté des trois auteurs de Négrophobie, assure encore Odile Tobner, ne s'est pas contenté de dénoncer "un chapelet d'affirmations scandaleuses". La critique s'est ordonnée autour de trois points: l'événement et le problème créés par Négrologie, les conséquences éventuelles de son discours sur les Africains et le rôle de la désinformation dans la lutte pour l'émancipation des peuples noirs d'Afrique, art dans lequel Stephen Smith serait passé maître. La stratégie est de montrer que bien au-delà du livre, "il y a, derrière, la peur de perdre l'Afrique". Sinon, comment comprendre qu'un continent qui a affaibli la compétitivité des industries françaises, selon la thèse de l'économiste Jacques Marseille, en leur achetant trop cher leurs produits, et qui, comme le dit Stephen Smith, ingurgite sans résultats l'argent de l'aide, continue d'être au coeur de la politique étrangère française ?
"On peut supposer, explique finalement Odile Tobner, que ces livres sont inspirés par des hommes de pouvoir pour dédouaner la politique africaine de la France, mais surtout préparer un mouvement de retour vers des politiques de tutelle accrues comme les programmes d'ajustement structurel." Reste qu'il ne suffit pas de montrer le danger à l'horizon. Peut-on trouver d'autres moyens pour faire prendre conscience aux Africains du danger qui les guette en dehors du livre jugé élitiste? "C'est la radio", répond Odile Tobner, qui se souvient du bond des libertés en France, avec l'arrivée des premières radios libres. Un rêve que nourrissait son époux défunt. Une radio qui différerait de Rfi, “un borgne au pays des aveugles.” "La radio c'est la liberté, mais où trouver l'argent... ?" Chez les détourneurs de fonds publics, peut-être. Un sujet dont on parlera justement dans les prochains jours au Kaba-Ngondo, en même temps que la corruption.
Ferdinand Nana Payong a en effet annoncé, à la fin du café, les sujets et les invités des prochains débats. Dans une dizaine de jours, l'on parlera de détournements et de corruption. Avant qu'Elizabeth Tchoungui ne présente son "Je vous souhaite la pluie" (Plon, 2006) le 10 avril, et que Célestin Lingo ne vienne partager son expérience de 40 ans de journalisme. Ce sera le 2 mai, à la veille de la journée de la liberté de la presse. _________________ La vie est un privilege, elle ne vous doit rien!
Vous lui devez tout, en l'occurence votre vie |
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