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Les écrivains francophones en colère
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Chabine
Super Posteur


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MessagePosté le: Jeu 16 Mar 2006 15:42    Sujet du message: Les écrivains francophones en colère Répondre en citant

Ca ne rigole plus !!! Laughing Twisted Evil Laughing

Les écrivains francophones en colère
"Nous accusons la France"



Alors que le Salon du Livre, consacré à la francophonie, ouvre ses portes à Paris, et que démarre le festival Francofffonies, les romanciers invités ne cachent pas leur amertume. Didier Jacob a mené l’enquête

Francofffonies, cette année, s'écrit avec trois f. Comme fastueux, flamboyant, féerique ? Ou comme factice, farfelu, fratricide ? Car le moins que l'on puisse dire est que les écrivains invités n'ont pas leur langue dans leur poche. Ils arrivent au Salon pour en découdre et casser du sucre sur les Français. Premier constat : les écrivains francophones sont largement pénalisés dans un monde où l'anglais domine. Pour Achille Mbembe, professeur de philosophie en Afrique du Sud, «les écrivains francophones et les penseurs de langue française dont les oeuvres ne bénéficient pas de traduction sont de plus en plus isolés sur la scène mondiale. A titre d'exemple, mon ouvrage «De la postcolonie» a été publié en France en 2000. Il est passé totalement inaperçu et a été ignoré par la critique de langue française Rolling Eyes . En 2001, University of California Press l'a sorti en anglais. La critique anglo-saxonne s'en est tout de suite emparée. Les ventes ont suivi et, moins d'un an et demi plus tard, une deuxième édition a vu le jour. Aujourd'hui, ce texte très mal connu en France est un classique dans le monde anglo-saxon. Il figure dans la plupart des programmes universitaires dans lesquels on débat des questions postcoloniales».



Si l'anglais reste, pour une majorité d'entre eux, cet eldorado qu'ils considèrent avec autant de méfiance que de fascination, les écrivains francophones déplorent d'abord l'arrogance française, et s'interrogent sur la nature d'une communauté dont notre pays semble lui-même s'exclure. La grande romancière née en Guadeloupe Maryse Condé, qui vit aujourd'hui à New York (elle enseigne à Columbia), avoue ne pas très bien savoir «ce qu'on entend par francophonie. Il paraît que les Français n'en font pas partie. Etrange...». C'est que les écrivains francophones en ont marre. Marre de voir la France jouer les hôtes d'une fête qu'ils voudraient eux aussi orchestrer. Marre de voir la France se considérer comme le centre d'un monde où ils sont condamnés à jouer les satellites. «Le plus grand obstacle au développement de la langue française est le narcissisme culturel français. Le français a toujours été pensé en relation avec une géographie imaginaire qui faisait de la France le centre du monde», explique encore Mbembe. C'est que, pour lui, les Français sont encore loin d'avoir pris la mesure des révolutions en cours : si notre langue demeure un idiome universel, c'est aux francophones, vivant hors de France, qu'elle le doit. D'où la nécessité de «dénationaliser » la langue, selon Mbembe : en ouvrant l'Académie aux non-Français, en décloisonnant les prix littéraires, la presse, l'édition. Un immense travail dont le chantier n'est, chez nous, même pas à l'étude.

«La francophonie ne doit pas être une continuation de la politique étrangère de la France», confirme Alain Mabanckou, écrivain né au Congo qui enseigne dans le Michigan. «Nous devons considérer la France comme un membre de la francophonie et non comme le centre décisionnel. Il faudrait redéfinir les choses, expliquer que la langue française n'est plus l'apanage de la Coupole.» Même son de cloche chez le romancier haïtien Louis-Philippe Dalembert (« Rue du faubourg Saint-Denis », Editions du Rocher), qui refuse d'oublier qu'il parle le français parce qu'il a été colonisé, ou chez l'Algérien Hamid Skif (« la Géographie du danger », Naïve), lequel est plutôt pessimiste quant à l'avenir de la francophonie : «La francophonie est atteinte de rhumatisme articulaire aigu Laughing et ne sera pas guérie par les remèdes de grand-mère que lui administrent les rebouteux installés à son chevet. Repliée sur elle-même, manquant de politique et d'audace, elle court héroïquement à sa perte et rien ne la sauvera du désastre. Pas de vision, pas de fric. Des politiques à la petite semaine servies sur canapé par des appareils bureaucratiques. Disons que la francophonie a les yeux plus gros que le ventre ou les bras plus longs que ses jambes Mr. Green , et qu'elle n'embrasse personne à vouloir embrasser tout le monde.»Résultat ? La francophonie, pour Skif, a un genou dans la tombe. «Qui apprendra le français dans cinquante ans en dehors de la Françafrique et du Québec? Quelques diplomates bronzés, des jeunes filles de bonne famille ou les baleines de Cape Town?» Twisted Evil

Le bilan est rude. Et tranche avec les discours lénifiants des organisateurs du festival, qui semblent s'être inspirés d'un film de Jean Yanne, « Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ». Accusés, les éditeurs français, pas assez ouverts aux écrivains francophones, qui sont, paradoxalement, souvent mieux accueillis en traduction chez leurs confrères anglo-saxons. Chimiste de profession, le romancier Emmanuel Dongala, qui enseigne les littératures francophones près de Boston, a publié « Johnny chien méchant » en France dans une relative discrétion, tandis que, traduit chez Farrar, Strauss et Giroux, il a figuré sur la liste des vingt meilleurs livres de l'année 2005 du « Los Angeles Times », avec Ishiguro, Rushdie et Doctorow. Pour Dongala, «le vrai danger qui guette la francophonie, c'est l'esprit étriqué de la plupart des éditeurs de France». Poète, peintre et romancière, l'Ivoirienne Véronique Tadjo a vécu au Nigeria, au Kenya et en Grande-Bretagne, avant de s'installer en Afrique du Sud. Elle aussi déplore le manque de curiosité des éditeurs français. Une frilosité qui la contraint, de plus en plus fréquemment, à écrire directement en anglais. «Je commence à avoir une production parallèle», dit-elle. «J'apprécie ce bilinguisme.»

D'autres ont adopté l'anglais depuis longtemps. Né en Espagne en 1963, Yann Martel est, quant à lui, un Québécois polyglotte et un francophone heureux : il écrit en anglais. Son roman, « l'Histoire de Pi », a obtenu le Booker Prize en 2002 et a connu un succès mondial. Pour Martel, la crise de la francophonie est avant tout d'ordre politique : «La France en tant que pays a toujours eu des difficultés à se projeter hors de l'Hexagone (piètre empire colonial, abandon du Québec, ingérence en Afrique, perception d'arrogance...) et les rares endroits où elle a implanté sa langue ont été soit pauvres (Afrique) soit isolés (Québec), donc sans grand rayonnement international.» Mais c'est aussi, selon Martel, que contrairement à l'anglais la langue française n'aime pas voyager. «Le français souffre de centralisation excessive. Les Français se pensent encore propriétaires de leur langue. On veut laisser tomber un accent circonflexe et il y a tout un ramdam! L'anglais, lui, accorde carte blanche.»

Derrière l'agacement d'un Dalembert ou d'un Skif se cache une hantise plus profonde : celle de voir les festivités se transformer en fête néocoloniale, où la francophonie serait réduite à un faire-valoir pour politiciens nostalgiques d'une France impériale. Car certains écrivains francophones craignent de servir d'alibis d'une politique initiée par la France pour son seul bénéfice : pour le Togolais Kangni Alem, qui écrit en français et en mina, sa langue natale, «l'espace francophone n'est en réalité qu'un espace d'intérêts politiques flous dont les répercussions sur la vie des populations sont malheureusement nulles ou négligeables. Le contrecoup est évident : la parole de l'écrivain francophone, même lorsqu'elle essaie d'être originale, subit le même rejet, le même soupçon d'être une parole de faussaire». Et d'enfoncer le clou : «La francophonie, du moins pour les Africains, est une institution qui n'a pas de couilles, puisque trop dépendante de la politique française de soutien aux dictatures molles du continent. Son avenir en Afrique dépendra de sa capacité à peser sur les changements politiques en cours.» Twisted Evil

L'Ivoirien Koffi Kwahulé partage ce diagnostic. «Lorsqu'il y a un peu plus d'une vingtaine d'années je suis arrivé en France, j'ai été frappé, voire choqué par le peu d'intérêt des Français pour la chose francophone. Comment voulez-vous qu'un mouvement soit viable si ceux qui en ont la responsabilité prennent la chose par-dessus la jambe?» Aujourd'hui, les politiques se sont emparés du dossier. «Le culturel est dans le même élan devenu la danseuse que s'offre la francophonie», poursuit Kwahulé. Dans ce concert de sifflets Laughing , rares sont ceux, comme Eugène Ebodé, qui réaffirment leur indéfectible attachement à notre langue. Né en 1962 au Cameroun, marqué par la guerre civile tchadienne, Ebodé fut d'abord gardien de but dans l'équipe de la Dynamo de Douala (il a participé à la Coupe d'Afrique des Vainqueurs de Coupe). Romancier, conseiller municipal de Villepreux, il décrit, dans une prose qui tient à la fois de la satire et du conte, une Afrique partagée entre affrontements footballistiques et musique syncopée (« Silikani », Gallimard, et « le Fouettateur », Vents d'Ailleurs). Il juge l'anglais «assourdissant de prétention. La langue la plus parlée au monde étant le mandarin, la plupart des écrivains préoccupés par l'inscription comptable devraient donc se dépêcher de s'inscrire aux LanguesO. Je vous assure que je ne suis pas prêt à abandonner le français pour le mandarin ou toute autre juteuse mandarine opportunément commerciale. Non, bien que je sois originaire d'un pays bilingue (le Cameroun), l'expérience de l'utilisation de l'anglais ne me séduit guère. Je kiffe encore trop pour le français, ses subtilités, ses nuances, ses ponctuations, ses conventions et sa faculté d'évolution pour lui être infidèle. Je n'ai vraiment pas encore envie de lui faire des enfants dans le dos! Des enfants illégitimes, ça oui. Ce sont mes livres écrits en français». N'empêche. Ebodé met en cause l'absence de vision des hommes politiques sur la francophonie. «La francophonie manque d'une force visible et partagée.»

On a compris que les écrivains francophones partaient en guerre contre la francophonie à la française. Ils ont des exigences et des revendications. Ils demandent à l'Education nationale d'ouvrir les programmes aux livres et aux auteurs francophones, et aux grands médias de ne plus les ignorer (Ebodé). Ils déplorent de ne pouvoir enseigner dans les universités françaises, alors qu'ils sont accueillis à bras ouverts, comme Maryse Condé, Edouard Glissant, Rachid Boudjedra ou Leila Sebbar, dans les départements d'études francophones des universités américaines. «Nous n'aurions jamais eu de postes en France», assure Alain Mabanckou, qui enseigne la littérature à l'Université du Michigan. «Rappelons aussi que les études de littérature francophone attirent de plus en plus d'étudiants anglophones. Ce qui n'est pas le cas pour les autres langues comme l'allemand, l'italien ou le russe.»
La francophonie, sauvée par les Anglo-Saxons ? Un comble. Mais Ahmadou Kourouma ou Dany Laferrière sont lus, aux Etats-Unis, en français comme en traduction. Haïtien et canadien, Laferrière ne déclarait-il pas avec humour à son traducteur anglais, à propos de son roman « Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer ? », qu'il était déjà écrit en anglais - seuls les mots étaient en français. Fatalistes, les écrivains francophones font contre mauvaise fortune bon coeur. «Je n'ai pas choisi la langue française, explique Mabanckou.Je l'ai trouvée chez moi, dans le quartier, dans la boue, dans le terrain de foot, comme les autres langues du Congo, mais qui sont demeurées au stade oral. Le français m'a ouvert au monde aussi bien par la lecture que par l'écriture. Lorsque j'écris en français, je crée ma langue. Je n'ai pas cherché à questionner l'histoire avant d'écrire en français. J'avais quelque chose en moi à exprimer, j'ai pris l'outil qui me semblait le plus charnel, le plus immédiat.»
_________________
"Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
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ARDIN
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MessagePosté le: Jeu 16 Mar 2006 15:52    Sujet du message: Re: Les écrivains francophones en colère Répondre en citant

Ca a commence en 2004 Chabine, avec ca:

http://www.africultures.com/index.asp?menu=affiche_article&no=3610

Tôt ou tard l'écrivain Africain d'expression française se rend compte qu'il doit lui aussi mener une fois de plus avec la France ce combat qui il y a cinquante ans aboutit à l'indépendance de son pays. C'est évident : la nécessité de cet éveil du combattant en lui est autant inscrite dans la langue qu'il utilise que dans l'expérience qui a forgé sa conscience, même si, pour reprendre les mots de Marx, sa rage, dans sa répétition d'une tragédie qui a déjà eu lieu, ne peut vraiment plus être que comique.
Or si elle fait sourire, cette rage bien tardive, c'est sans doute parce qu'évident il est aussi, que dans tout combat, et encore plus dans celui que l'écrivain francophone mène avec la France, sorte de répétition lui aussi du combat de Caliban avec Prospero, les combattants sont entraînés dans un pas de deux étrange qui, s'il débouche à la fin sur le chant énergique, sur la parole forte et libérée de l'écrivain, au fond, sincèrement, ne le libère pas du tout. Elle fait sourire du même amusement qui accompagne tout visage regardant les photos des politiciens Africains assemblant aujourd'hui encore leurs sombres visages autour du président Français, toujours placé au centre de la 'traditionnelle photo de famille', au cours de ses consultations régulières avec ses anciens sujets coloniaux que sont les quotidiens sommets de la francophonie ; elle fait sourire du même amusement, oui, qui fait se rendre compte que les écrivains francophones qui sont les plus ancrés dans l'espace de production et de circulation de la littérature en France, les écrivains Antillais et Algériens, sont originaires de pays qui dans la sphère de l'ancien empire français ont, dans leurs mots ou en politique, avec Césaire ou à travers la guerre d'Algérie, le plus brandi l'étendard de l'indépendance, ont poussé au plus haut point le combat dont il s'agit ici.

Au fond si à la différence des politiciens, on ne peut pas dire aujourd'hui que les écrivains francophones ne se sont pas encore rendus compte que ce sont leurs potentialités, plus que leurs voix, qui parent la France de l'arrogance dont elle se pavane, il apparaît clairement qu'écrire sans la France se présente encore pour eux comme une bien dangereuse aventure. Et ce n'est surtout pas parce que les premiers pas de cette aventure sont déjà problématiques, inscrits qu'ils sont, autant dans la langue française, que dans un mouvement dialectique qui, comme la vague aux abords de la côte, sans cesse jette l'aventurier sur le sable dont il veut s'éloigner ; ce n'est pas non plus parce que, ployant sous la trahison de structures moribondes chez lui, l'écrivain francophone se retrouve nollens vollens aux portes des institutions littéraires parisiennes, en train de mendier une reconnaissance qu'il sait ne pouvoir trouver ailleurs, et encore moins dans son pays d'origine. L'exemple de la littérature américaine, dans son appropriation jadis de la langue anglaise pour dire une réalité de la violence et de la possession, et une expérience singulière de la liberté, tout comme l'exemple de la littérature latino-américaine, dans son invention syncrétique en espagnol, d'un style puisé autant dans les humeurs sombres du romantisme allemand que dans une énigmatique expérience de la solitude d'un continent, sont là, criards, pour nous dire que les questions de la 'langue d'emprunt' et des 'structures de la dépendance' ne deviennent des impasses véritables, et sérieuses vraiment, que lorsqu'elles inscrivent leur lâche trahison dans les profondeurs de l'imagination de l'écrivain, et lorsqu'elles deviennent des pesanteurs qui limitent la nécessaire immensité de sa vision de l'humain.

Or le spectre de Senghor est là lui aussi, autant pour nous donner le visage le plus connu de ce bégaiement de l'imagination et de la vision des anciens colonisés agrippés au radeau France, que pour nous montrer cette structure de l'imagination-là dont, curieusement, même dans le plus profond de leurs invectives, dans le plus égaré de leur métaphysique, les écrivains d'expression française n'ont pas encore pu se libérer, car le vêtement curieux de l'académicien couvre encore de nombreuses générations d'Africains et d'Antillais, y compris ceux-là qui aujourd'hui dans leurs écrits prononcent les mots 'immigration', et même 'rhizome' et même 'malinkisation', comme pour dire 'créolisation', sans signaler la paternelle présence en eux du vieux concept senghorien du 'métissage'.
Heureusement là aussi, même si faisant face à Senghor, comme pour incessamment lui couper la parole, insolent jusqu'aux os, est le spectre de Fanon, moudjahidine le plus cinglant qui soit, 'Arabe', oui, possédé par les rumeurs des mille combats de nous les damnés, et dont l'acide des mots et le fini des formules et l'incroyable élan, surtout l'élan, court encore dans le texte et dans le discours et dans les veines de l'écrivain, comme étant la formule ou le verset ou le refrain qui assure au routinier démagogue qu'il est toujours un peu, quand il vient de nos contrées écrasées, les applaudissements de ses pairs.

C'est que, sans nul doute, l'expérience de Fanon tout comme sa pensée, ont le plus pactisé avec la possibilité d'écrire sans la France, cette possibilité qui comme une terrible et indomptable pulsation, secoue le ventre de tout Africain aujourd'hui encore ; Fanon dont le nom est devenu la signature, par-delà l'Afrique et l'Europe et l'Amérique, de millions de voix qui plus que son hymne de la violence, creusent aux racines de son invention du post-colon, pour y découvrir un humanisme pas du tout divorcé de l'origine : ici un patriotisme bruyant qui plombe un pays mais fabriquera demain sans aucun doute une génération d'écrivains ivoiriens bien moins dociles, et que les instances de la francophonie fêteront plus difficilement qu'un Ahmadou Kourouma ; là un nationalisme postdaté qui dicte encore aujourd'hui le choix d'un Boubacar Boris Diop, quand il décide, dans la lignée tracée longtemps par Ngugi wa Thiongo'o et autres, même si avec un argumentaire différent car se référant au choc tardif d'un génocide dans lequel trempa la France, d'écrire en wolof pour retrouver la communion perdue avec son peuple ; choix bien problématiques, tout de même, pas parce qu'avec Diop il veut fonder une littérature nationale moins sur la qualité des textes produits que sur l'usage d'une langue particulière, et surtout quand avec Ngugi il a déjà montré les limitations qu'il place devant les libertés de l'imagination, mais parce qu'il reste pris dans le pas de deux du combat qu'il refuse de voir, tant dans son élaboration il ferme les yeux sur le fait que c'est bien dans le confortable de son installation dans le socle de la littérature européenne qu'il trouve l'élan et même la légitimité de sa rupture, et surtout, les mots toujours infinis pour l'expliquer ; choix problématiques aussi parce qu'en se positionnant dans la seule diglossie héritière du combat de la libération coloniale (wolof contre français), il ancre dans ses mots africains la présence même de la tradition européenne dont il veut se libérer en changeant de langue d'expression : d'où sa nécessité, absurde vraiment, d'expliquer à l'avance, et même d'idéologiser, une évidence aussi tautologique qu'un écrivain wolof écrive en wolof!

Or nous met en garde Fanon, c'est bien plus facile de proclamer que l'on quitte l'Europe que de la quitter effectivement: car au fond, c'est bien dans la mobilité de la communauté des forces qui aujourd'hui prononcent le nom 'Fanon' comme un viatique ou comme un shiboleth, et beaucoup moins dans la geste fanonienne, nationaliste, où s'enracinent leurs références, qu'il faut rechercher les voies de l'imagination et les éclairs de vision qu'explore une littérature qui en Afrique ou ailleurs, des anciennes colonies françaises du moins, veut s'écrire sans la France. C'est que, si l'écrivain puise sa vision et son imagination autant dans son expérience personnelle que dans sa lecture de l'histoire, l'expérience tant linguistique que personnelle de la majorité des écrivains francophones est bien celle d'un déplacement, d'une extrême mobilité : un déplacement et une mobilité qui creusent beaucoup plus profondément que la traversée de l'Atlantique qui fonda les diasporas ou alors, plus proche, de la Méditerranée avec ses discours migrateurs ; déplacement qui est inscrit, au contraire, autant dans les lointaines migrations des populations qui ont placé dans le cœur de l'Afrique la naissance de notre commune humanité, que dans cette évidence qui fait du continent africain une terre de mille langues, de mille groupes, de mille nations, de cinquante pays et d'autant de passés, définissant ainsi nos aïeuls et nos parents comme des hommes à plusieurs histoires, passant avec aise de langues en langues, ces polyglottes que nous leurs fils sommes encore un peu, même si au fond, notre mobilité est bien autre, transversale là où la leur était plus ou moins latérale, et même si surtout, les terres et les langues que nous traversons dans nos déplacements sont bien différentes de celles qui couvraient leurs pieds de poussière.

L'inscription d'une imagination et d'une vision dans les frontières d'une seule terre, fût-elle même un empire, est toujours rétrécissement, et nul autre que l'écrivain Africain ne devrait le ressentir dans son imagination et dans sa chair, lui qui dès le départ a consacré les meilleures de ses lettres, la meilleure de son intelligence, le plus poignant de sa plume, à sonder son déchirement entre 'ce cœur qui lui vient du Sénégal' et la langue française, pour établir la départition sanglante et douloureuse de sa chair en mondes antithétiques ; cet écrivain qui aujourd'hui encore, toutes les fois, à Ouagadougou sera pressé de répondre à cette vieille question de l'importance pour lui de la langue française, de la culture française, comme si c'était le dernier gage de fidélité à un club restreint, gage à répéter sans cesse sous peine d'exclusion définitive ; lui qui, depuis ses premières publications, n'a cessé de pleurer l'emprisonnement de sa conscience originale, dans une promesse de liberté payée au prix de son assouvissement de fait, et qui se retrouve curieusement aujourd'hui à défendre du sommet un château de cartes nommé 'francophonie', à la place de ceux-là qui auraient dû en être les véritables avocats : les Français eux-mêmes, qui curieusement ne trouvent pas en leur terre de lieu, ni pour son expérience, ni pour son imagination, et par exemple, comment le croire, n'ont jusqu'ici trouvé qu'un seul ou deux de ses romans digne du Goncourt ! Absurde il est en effet, qu'en même temps que la France entasse les fils de l'immigration dans des charters, qu'en même temps qu'elle plombe le pays d'origine de l'écrivain pour du pétrole, qu'en même temps qu'elle recolonise sa terre, ce soit lui, l'Africain ayant une tête sur des épaules et une imagination dans cette tête, qui trouve encore sa voix la plus forte pour défendre la francophonie, et que d'ailleurs des écrivains africains ayant le plus pignon sur rue en France, Calixthe Beyala (mais ses frasques sont beaucoup plus graves encore !), ou alors Henri Lopes, puissent trouver des mots pour défendre et prétendre diriger ce machin!

C'est que, écrire sans la France, c'est avant tout écrire par-delà la francophonie : c'est donc, retrouver la mobilité latérale de nos aïeuls et de nos aînés qui de pays en pays, de terre en terre, et surtout de langue en langue se déplaçaient, sans profession de foi préliminaire, au gré de l'interlocuteur, au gré de la terre sur laquelle se posaient leurs pieds, et avec la même dextérité s'exprimaient en medumba et en bassa autant qu'en douala : bref, ne vivaient pas la multitude de leurs langues comme une damnation, tel que le veut un Gaston-Paul Effa, dans la lignée des argumentations purement coloniales, mais certainement comme une évidence. En littérature africaine, seul Aniceti Kitereza a jadis inscrit cette mobilité à l'intérieur des langues africaines dans son œuvre, lui qui a écrit son chef-d'œuvre Mr. Myombekere and his Wife Bugonoka, their Son Ntulanalwo and Daughter Bulihwali d'abord en kikerewe, avant de le traduire lui-même en swahili, ce chef-d'œuvre de la littérature africaine qui sera traduite en allemand puis en anglais, et dans sa traduction française chez l'Harmattan ; prenons également l'aventure de Moses Isegawa dont l'œuvre à succès, Abyssinian chronicles sera publiée en néerlandais avant de l'être en anglais, sur les traces de Amma Darko pour qui ce sera de l'allemand à l'anglais. À travers ces exemples cependant, nous voulons parler aussi de l'évidente mobilité des écrivains africains qui fait un Ngugi écrire aujourd'hui ses textes en kikuyu et en même temps enseigner aux Etats-Unis, mobilité qui certainement fait un Boubacar Boris Diop écrire les siens en wolof, et en même temps, avec une évidente facilité, défendre ses positions dans des revues suisses ou françaises : en français. C'est que plonger dans l'aise de ce déplacement, de cette mobilité des écrivains africains, c'est sans doute retrouver cette polyglosie de nos aînés, polyglosie intime encore à bien des Africains aujourd'hui, et qui à la maison parlent le medumba, par exemple, à l'école le français ou l'anglais, et dans la rue le pidgin-english ; cette polyglosie qui est si fondamentale aujourd'hui, dans notre monde que l'on sait globalisé, et en lequel ils parleraient allemand ou alors russe sans avoir à se rétracter dans quelque position de principe. Que l'expérience vécue et quotidienne de ce déplacement puisse être le ferment d'une littérature sans la France est évident, car déjà dans la colonie elle a plusieurs fois assuré la diversion dans le dos du colon, d'un propos qu'autrement ce dernier aurait capturé ; que son expérience soit perdue dans la littérature francophone jusqu'aujourd'hui n'est pas étonnant, la littérature dont il s'agit étant encore figée dans le pas de deux du combat, pas de deux qui a fondé sa naissance et sa nécessité dans la seule et tragique diglossie, et qu'elle n'arrive pas encore à dépasser malgré l'insistance têtue de son expérience plurielle et même du quotidien des pays dont elle parle ; que cette polyglosie soit cependant le ferment d'une nouvelle génération d'écrivains, et par-là, d'une écriture qui s'ouvrirait sans aucuns complexes aux mille diversités de son monde et du monde, est certainement l'espoir, car porteur de la promesse d'une liberté retrouvée en passant.

En passant? Que par exemple de plus en plus d'œuvres d'auteurs africains d'expression française soient enseignées dans des universités américaines, et que certaines soient traduites et présentes en librairie aux Etats-Unis, est certainement lié à l'éveil de la conscience américaine à la pluralité des cultures post-coloniales ; que de plus en plus de critiques africains d'expression française trouvent une assise institutionnelle avec des chaires d'études francophones dans des universités américaines ou canadiennes renouvellera certainement la lecture des textes des auteurs de nos contrées ; que de plus en plus d'écrivains d'expression française, eux aussi, Edouard Glissant, ou alors Maryse Condé, Assia Djebar, Emmanuel Dongala, Alain Mabanckou, Pius Ngandu, Jean Godefroy Bidima, sans parler de l'auteur de ces lignes, se retrouvent en des universités américaines dans des positions permanentes en lesquels ils peuvent définir le sens de la lecture des oeuvres, produire à tête reposée des textes de fiction ou autres, avec le soutien d'institutions bienveillantes, aura tout aussi des conséquences sur la littérature dont il s'agit ici, tant il est vrai que la sphère universitaire américaine avec sa pluralité de campus, est un vivier à conquérir pour toute littérature jeune, et pourra être la marche nécessaire dans l'avancée décidée de la littérature africaine d'expression française vers un renouvellement de sa voix. Et ici bien sûr, il va sans dire que la question de la France comme point de référence, et surtout de la langue française comme instrument de travail, devient d'autant plus relative que lointaine, trop lointaine, pour exprimer les soubresauts d'une vision et les fluidités d'une imagination qui n'est pas française, ou même d'une réflexion avant tout africaine, c'est-à-dire humaine : un écrivain polyglotte comme le Congolais V.Y. Mudimbe, qu'on dit encore francophone, et dont l'œuvre philosophique majeure, The Invention of Africa a pourtant été publiée en anglais, et n'est même pas encore disponible en français, est exemplaire ici de la mobilité autant institutionnelle que linguistique, à l'extérieur et loin de la France, aujourd'hui, des auteurs africains, mobilité qui part de l'évidence du côté absurde qu'il y aura toujours pour un qui n'est pas français, de défendre la francophonie ailleurs que dans l'espace dit francophone, disons, à Ouagadougou par exemple, sans courir le risque de se donner le visage du ridicule, car en fin de compte, peut-être comme Vladimir Nabokov, cet autre polyglotte qui cessa un moment d'être russe, verrons-nous bientôt venir ce jour où des écrivains africains cesseront vraiment d'être francophones.
_________________
l'Hommage a Cheikh Anta Diop sur PER-ANKH
l'Hommage a Mongo Beti sur PER-ANKH
l'Hommage a Aime Cesaire sur PER-ANKH

LPC-U : CONSTRUIRE LE CONGO POUR L'UNITÉ DE L'AFRIQUE


Dernière édition par ARDIN le Jeu 16 Mar 2006 16:04; édité 1 fois
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ARDIN
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MessagePosté le: Jeu 16 Mar 2006 15:55    Sujet du message: Re: Les écrivains francophones en colère Répondre en citant

Et puis Alain Mabanckou a emboite le pas avec cet article(repondant au precedent):

http://www.congopage.com/article.php3?id_article=2666

vendredi 29 juillet 2005

Ecrire sans la France : l’écrivain d’Afrique noire francophone et la langue française

Commencer par être écrivain tout court

À l’heure où se répand un courant “africaniste” dans les lettres francophones d’Afrique noire, certains d’entre nous s’interrogent sur la nécessité du français comme langue d’écriture. Le Camerounais Patrice Nganang [1] va jusqu’à proposer “d’écrire sans la France”.

Avant d’abonder dans le sens de l’auteur, notons ceci, qui est d’importance. Pour Patrice Nganang, « Écrire sans la France » semble signifier tout à la fois écrire sans le français (donc dans les langues africaines ou toute autre langue que le français) et sans la France (c’est-à-dire les idéologies néocolonialistes hexagonales dont la Francophonie serait l’incarnation). Tel est le spectre de la formule. Le ton est sans voie de recours possible. D’après l’auteur, ceux qui ne s’y plieraient pas cautionneraient l’idéologie coloniale. Il écrit en effet : “C’est que, écrire sans la France, c’est avant tout écrire par-delà la francophonie : c’est donc retrouver la mobilité latérale de nos aïeux et de nos aînés qui de pays en pays, de terre en terre, et surtout de langue en langue se déplaçaient, sans profession de foi préliminaire, au gré de l’interlocuteur, au gré de la terre sur laquelle se posaient leurs pieds, et avec la même dextérité s’exprimaient en medumba et en bassa autant qu’en douala : bref, ne vivaient pas la multitude de leurs langues comme une damnation, tel que le veut un Gaston-Paul Effa, dans la lignée des argumentations purement coloniales, mais certainement comme une évidence.” [2]

La question méritait d’être posée, c’est désormais chose faite. On est toutefois en droit de se demander si l’idéologie qu’elle véhicule peut valablement se substituer au talent, seule unité de mesure d’un écrivain, quelle que soit sa langue. En se lançant dans de telles polémiques, sans aborder la question du métier, l’auteur africain n’escamote-t-il pas le vrai sujet, à savoir la littérature ? Tout se passe comme s’il pouvait discuter de tout et de rien, pour à la fin, sans doute par fainéantise ou par manière de raccourci, rejeter la responsabilité sur les chocs de l’Histoire. Pareille attitude permet de ne surtout pas discuter de l’essence de la création littéraire : le texte... Et lorsque, quelques lignes plus loin, mon confrère Patrice Nganang se demande : “Verrons-nous bientôt venir ce jour où des écrivains africains cesseront vraiment d’être francophones ?”, il est évident que nous nous éloignons du domaine de la création pour emprunter les sentes embourbées de la militance. Être francophone nous empêche-t-il d’être des écrivains ? L’ombre de la France pèserait-elle si fort au point de nous empêcher d’écrire en toute liberté ? N’avons-nous pas encore compris qu’il y a longtemps que la langue française est devenue pour les Français eux-mêmes une langue étrangère, et que l’Académie française n’en a plus le contrôle ? Que dire de l’impertinence, des fugues de langue venant d’un Ahmadou Kourouma, d’un Patrick Chamoiseau, d’un Sony Labou Tansi ou d’un Daniel Biyaoula ? Si, dans le terme “écrivain francophone”, l’adjectif « francophone » est de trop pour certains, peut-être faudrait-il déjà commencer par être écrivain tout court !

Le retour de l’authenticité

L’argument principal de ceux qui nous demandent d’écrire sans la France se résume ainsi : le français est entaché d’un vice rédhibitoire, insurmontable et même inexcusable : c’est la langue du colonisateur. C’est une langue qui ne nous permettrait guère de nous exprimer avec authenticité. « Authenticité », ai-je noté ? Encore un mot chargé de conséquences inimaginables ! C’est au nom de l’authenticité que certaines nations du continent ont vu leur population sombrer. Selon les partisans de l’authenticité, la langue française véhiculerait des “codes” d’asservissement, des tournures impropres au phrasé africain, toutes considérations que nous aurions tort de sous-estimer !

L’un des meilleurs prosateurs sénégalais, le romancier Boubacar Boris Diop, par exemple, après plusieurs publications en français (aux éditions Stock notamment), affirme s’être désormais tourné vers l’écriture en ouolof : “Le français - ou l’anglais - est une langue de cérémonie, et ses codes, à la fois grammaticaux et culturels, ont quelque chose d’intimidant... Ce sont là autant de raisons qui amènent l’écrivain africain à douter du sens et de la finalité de sa pratique littéraire” [3]. Notre confrère a publié effectivement en 2003 un roman en ouolof, Doomi Golo (Le fils du singe) [4] . Le milieu africaniste, fier, a applaudi cet acte de courage. Mais voilà que, à notre plus grande surprise, les éditions Philippe Rey annoncent, du même auteur, la parution de L’impossible innocence [5], un roman écrit, semble-t-il, dans ce qui peut se faire de plus classique et de plus maîtrisé dans la langue française. Preuve que l’écrivain, comme tout artiste, doit maîtriser son médium, en le rendant intimidant. C’est lui qui doit faire marcher la langue ; il ne doit jamais s’en laisser conter.

La situation s’avère encore plus compliquée lorsque c’est un éditeur français qui engage ses finances dans le dessein de rééditer le livre d’un auteur africain en Afrique. Ce fut le cas pour Le Cavalier et son ombre [6] publié à Paris, réédité en poche en Afrique, en français. Ce qui permet de vendre le livre à un coût moins élevé pour le lectorat du continent. Ce fut aussi le cas pour Les Gardiens du Temple [7].

De même, puisque l’opération n’est pas si simple que cela, l’éditeur anglophone de Ngugi Wa Thiongo va jusqu’à assurer lui-même la publication de certains de ses livres dans son pays et dans sa langue natale ! Voici donc que la langue du colonisateur tend les bras à la langue du colonisé ! Je me pose cette question : Naipaul, Rushdie, Zadie Smith, Walcott, Danticat sont-ils considérés comme étant « dans la lignée de l’idéologie coloniale » lorsqu’ils révèlent l’étendue de leur talent d’écrivains en langue anglaise ? À moins que les partisans de l’authenticité considèrent - par une opération relevant du cynisme - que la langue anglaise n’ait pas été une langue venant d’une puissance coloniale !

L’auteur africain du « dedans » et celui « du dehors »

En réalité, les partisans de l’authenticité parlent à mots couverts des écrivains africains du « dedans » et ceux « du dehors ». L’auteur africain « du dehors », résidant en Europe, est généralement perçu comme déconnecté de la réalité. On préjuge que, coupé des racines du continent, sa vision du monde est en quelque sorte faussée. Englué dans le système éditorial parisien, cet écrivain corrompu ne s’adresserait plus à ses « frères et sœurs », mais à son « public de raison », qui lui dicte ce qu’il a à écrire : « des ouvrages formatés pour un public occidental », selon l’expression de la journaliste Nabo Sene [8] .

Au contraire, l’auteur africain du « dedans », résidant en Afrique, serait celui qui incarnerait l’authenticité, la pérennité des valeurs et des traditions. Il serait « le dernier gardien de l’arbre », pour reprendre le titre d’un roman du Camerounais J-R Essomba. Son combat serait de refuser les chaînes d’une francophonie qui est la cause de tous ses maux. Il devrait regarder son passé, valoriser ses propres langues, écrire sans la France, retrouver « la mobilité latérale de nos aïeux et de nos aînés », mobilité si chère à Patrice Nganang au moment où nous espérons la situer sur le plan des échanges plus vastes, chaque langue ayant toujours un grain à picorer dans une autre. Et même dans une prose aussi achevée que celle du Camerounais Gaston-Paul Effa ou du Tchadien Nimrod - qui résident tous les deux en France - vibre une espèce de bruissement de langues que seuls les sourds (ou ceux qui font semblant de l’être) ne peuvent entendre...

Mourir pour les idées, d’accord, mais de mort lente (Georges Brassens)

Lorsqu’on milite pour une cause, on se fait fort de se conformer aux idées pour lesquelles on voudrait mourir afin de montrer aux autres l’exemple. Demander à l’écrivain africain francophone de cesser d’être francophone et lui proposer - comme, au fond, le pense Patrice Nganang - le modèle anglophone, relève d’une tentative de séduction spectaculaire. On ne peut pas à la fois blâmer une sphère et tirer profits sans vergogne de ses avantages. On constate en effet que bon nombre d’écrivains africains francophones, y compris ceux « du dedans » ou les moralisateurs de ces derniers temps, sont les éléments qui tirent le plus profit des dividendes de la francophonie. Ils sont présents dans les salons et rencontres littéraires francophones, sollicitent et acceptent diverses bourses ou résidences d’écriture. Certains d’entre eux, après une expérience malheureuse dans des maisons d’éditions africaines vont à pas feutrés à la conquête des éditeurs parisiens. Leurs livres sont publiés et diffusés en Europe. À commencer d’ailleurs par Patrice Nganang (publié chez l’Harmattan, au Serpent à plumes, et maintenant dans la collection Continents noirs de Gallimard). Au passage, cet écrivain aura accepté avec jubilation le Prix Marguerite Yourcenar décerné aux États-Unis par les instances francophones, dont le Consulat général de France ! De même que le Grand Prix littéraire d’Afrique noire qu’il a reçu pour le même livre, Temps de chien [9]. Or le Grand Prix littéraire d’Afrique noire est décerné par l’ADELF, l’Association des Écrivains de Langue Française tous pays confondus ! Bref, Jean-Paul Sartre a eu tort de refuser le Nobel... La situation de l’écrivain africain francophone n’est pas si différente de celle d’un écrivain d’une province française dont le rêve est de publier chez Gallimard, Grasset, Le Seuil ou Albin Michel...

La courtoisie née de l’échange (Derek Walcott)

Écrire sans la France ? La plupart des écrivains francophones d’Afrique noire, s’ils parlent leur langue maternelle, sont loin de la maîtriser à l’écrit. Plusieurs de ces langues sont demeurées orales. Les politiques de ces pays doivent au préalable susciter une réflexion autour de ces langues. Or il faut déjà songer à “bâtir” une grammaire (ou la repenser si elle existe), l’harmoniser, ou encore installer des académies, développer des dictionnaires, créer des journaux dans ces langues, bref préparer les esprits à passer du stade oral - auquel on réduit d’ordinaire l’Afrique - aux exigences de l’écriture. Et il n’est pas interdit de traduire le livre d’un auteur africain francophone dans une langue africaine ! Les Gardiens du temple de Cheikh Hamidou Kane a été écrit en français, puis traduit plus tard en ouolof !

Il ne s’agit pas seulement d’écrire dans une langue africaine, encore faut-il préparer l’Africain à lire cette langue... comme on prépare le Français, le Chinois ou le Russe à lire leur langue !

La réalité est plus grave que cela : l’écrivain africain francophone est demeuré un indigène sans le savoir. “L’indigénat est une névrose introduite et maintenue par le colon chez les colonisés avec leur consentement”, soulignait déjà Jean-Paul Sartre dans son introduction à Frantz Fanon. Et peut-être faudrait-il commencer par lutter contre ce consentement de l’indigène, faire de sorte que, pour reprendre l’expression de V. S. Naipaul, “la seule échappatoire possible” ne soit plus le drame de notre condition. En suivant cette logique, comment demeurer insensible aux propos de Derek Walcott, propos qui résument bien le désespoir actuel de l’écrivain africain francophone : “Nos corps pensent en une langue et bougent dans une autre...il devrait être clair que renoncer à la pensée parce qu’elle est blanche relève de la manie la plus absurde. Dans nos corps, que nous nous plaisons à torturer nous confondons deux grâces : la dignité que donne la confiance en soi, et la courtoisie née de l’échange [10].”

Alain MABANCKOU



[1] Auteur du récent L’Invention du beau regard, Contes urbains, Continents noirs, Gallimard, 2005

[2] “Ecrire sans la France”, article paru dans la revue Africultures, n° 60.

[3] Entretien de Boubacar Boris Diop avec Jean-Marie Volet, revue Mots Pluriels, n°9, 1999.

[4] Boubacar Boris Diop, Doomi Golo, roman (en ouolof), Editions Papyrus, Dakar, 2003.

[5] Boubacar Boris Diop, L’impossible innocence, roman à paraître aux Editions Philippe Rey, Paris

[6] Boubacar Boris Diop, Le Cavalier et son ombre, roman, Stock, 1997.

[7] Cheikh Hamidou Kane, Les Gardiens du temple, roman, Stock, 1997.

[8] Nabo Sene, Des sociétés africaines morcelées, Le Monde Diplomatique, n° 586, janvier 2003

[9] Patrice Nganang, Temps de chien, roman, Le Serpent à Plumes, 2001.

[10] Derek Walcott, Café Martinique, essai, Ed. Anatolia/Le Rocher, 2004.
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Soundjata Kéita
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MessagePosté le: Jeu 16 Mar 2006 16:43    Sujet du message: Re: Les écrivains francophones en colère Répondre en citant

C'est bien, ils commencent enfin à ouvrir les yeux, il était temps.

Maintenant au boulot :
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Chabine
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MessagePosté le: Jeu 16 Mar 2006 16:58    Sujet du message: Re: Les écrivains francophones en colère Répondre en citant

Soundjata Kéita a écrit:
C'est bien, ils commencent enfin à ouvrir les yeux, il était temps.

Maintenant au boulot :
http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?t=5991

Hotep, Soundjata

En effet, il y a un temps pour ouvrir les yeux, un temps pour s'insurger, mais si ce temps-là dure trop longtemps, ça devient de "stériles litanies" voire du radotage... Confused

Par ailleurs, c'est quand même incroyable que, des 4 langues majeures de colonisation, le Français soit celui qui pose le plus de problèmes en termes d'ouverture à d'autres expressions... Ce genre de débats est parfaitement ridicule dans les sphères anglophones, hispanophones ou lusophones... Ah, la fameuse et poussiérieuse "exception culturelle française" ! Rolling Eyes

Encore une couche de Mabanckou :

Citation:
Comploter contre la France en utilisant la langue française


Comment Alain Mabanckou, l'auteur de Verre cassé, a-t-il fait sienne la langue française ? A Brazzaville, avec des dictées difficiles, puis en dévorant San Antonio et Victor Hugo.



Pourquoi avoir choisi d'écrire en français ?
Alain Mabanckou : Pour moi, il est naturel d'écrire dans cette langue. J'ai toujours estimé qu'il n'y avait pas de conflit linguistique entre la langue française et moi. Et cela m'a paru naturel d'utiliser cette langue. Quand j'ai grandi, le français était dans la rue comme le lingala. C'était la langue de l'administration. C'était la langue de ceux qui avaient fait quelques études. C'était la langue aussi dans le marché où l'on jouait aux grands en parlant français. Si j'écris en français, c'est parce que toutes les langues africaines que je connais sont des langues orales. Le français a été ma langue de l'écriture. Les seuls textes littéraires que j'aie lus au départ étaient des textes en français, même lorsqu'il s'agissait d'auteurs anglophones. L'intérêt de la langue française, c'est aussi de permettre aux Africains francophones de lire les Africains qui écrivent en anglais, notamment les Nigérians : Amos Tutuola, Chinua Achebe et Wole Soyinka. Dès lors, le français devient une langue qui fédère. Les colonisés peuvent l'utiliser contre le colonisateur et voir ce qui se passe chez leurs frères. C'est un pont pour découvrir l'autre monde. Certains disent qu'il faut l'abandonner parce que c'est une langue de colonisation, mais sans le français je n'aurais jamais compris Boubacar Boris Diop. Il va parler wolof et moi je vais parler lingala. S'il écrit en wolof, ce qui est le cas pour son dernier roman, je ne peux pas le lire, je ne comprends pas son univers. On peut même comploter contre la France en utilisant la langue française.

Sentez-vous cette langue comme un corps étranger ?
J'estime que cette langue nous appartient. Elle appartient à tout le monde. L'écrivain, dès qu'il a une langue, c'est quelque chose qui lui appartient, qui est désormais en lui. Il ne se pose même pas la question d'écrire en français. C'est un souffle, un instrument, comme l'anglais pour des Salman Rushdie, des Zadie Smith, des Naipaul. Pour eux aussi, l'anglais est une langue coloniale, mais ils l'ont transformée de façon à en faire quelque chose qui puisse étonner les Anglais eux-mêmes. Ces auteurs apportent la charge de leur univers pour donner à la langue un souffle nouveau.


Quelles ont été vos premières émotions littéraires ?
J'étais fasciné par la poésie française : Lamartine, Musset, Baudelaire. Ces poésies m'avaient frappé dès l'adolescence. Je les lisais sous forme d'extraits dans le Lagarde et Michard. De même Victor Hugo. On le voyait en photo avec sa barbe. On découvrait son destin malheureux. Sa fille qui se noie avec son gendre. L'homme pourchassé, l'exil. On voulait épouser la vie de ces auteurs. Je me disais : "Sa vie ressemble à la mienne." L'écrivain fonctionne par imitation. D'ailleurs, Victor Hugo lui-même voulait être Chateaubriand. Sa poésie me parlait. La mienne est essentiellement familiale. Elle parle de la mort de ma mère. De la sœur que j'aurais rêvé d'avoir, alors que j'étais fils unique.

Dans votre roman Verre cassé (éd. Le Seuil, 2005), les personnages sont poursuivis par la guigne.
Oui, il s'agit d'une sorte d'autobiographie cachée. Le malheur principal, c'est le fait que Verre cassé (c'est le nom du personnage principal, un écrivain alcoolique) lui-même prend la décision de se sacrifier pour aller rejoindre sa mère. Ce roman parle aussi de la nostalgie, de l'exil. Moi aussi, j'ai dû partir. Je ne pouvais pas retourner au Congo-Brazzaville, à cause de la guerre civile… Et, si vous vivez en France, vous êtes automatiquement considéré comme un opposant. J'ai vécu en France pendant treize ans.

Quels sont les écrivains africains qui vous ont le plus marqué ?
Le Guinéen Camara Laye, l'auteur de L'Enfant noir. Les éditions Plon m'ont demandé de préfacer la nouvelle édition de ce roman. Quelle ironie ! A l'école, on me fouettait parce que je n'arrivais pas à bien faire la dictée de L'Enfant noir. Si on avait fait cinq fautes, on avait cinq coups de chicote. Shocked C'était malheureux parce que, parfois, le meilleur de la classe n'avait fait qu'une faute. Le maître devait malgré tout le taper, même s'il ne le faisait pas avec le même enthousiasme que pour celui qui en avait commis vingt-cinq. A l'époque, il n'y avait pas beaucoup de littérature africaine au programme. On lisait Germinal de Zola, Terre des hommes de Saint-Exupéry, Les Mains sales de Sartre. On étudiait surtout la littérature française. C'est à l'université que j'ai commencé à découvrir la littérature africaine. J'étais étudiant en droit…

Comment êtes-vous entré en contact avec les livres ?
Grâce à mon père. Il était portier dans un hôtel de Pointe-Noire [la capitale économique du Congo-Brazzaville]. Quand les clients laissaient des livres à l'hôtel, il les ramenait à la maison. Very Happy Mon père ne savait pas lire, mais il adorait les livres. Il pensait que c'était important que son fils ait des livres. Il me ramenait plein de romans. En particulier des ouvrages de Frédéric Dard, des San Antonio. Sans mon père, je ne serais sans doute jamais devenu écrivain. (c'est mignon, ça ! Wink )

Les écrivains africains n'ont-ils pas tendance à écrire des livres destinés à plaire avant tout au public français ?
Il y a une espèce d'allégeance. De fait, le lectorat de l'écrivain africain est à 99 % européen. Ce n'est pas uniquement dû au fait que le livre est cher. En Afrique, nous avons des centres culturels. Enfant, je lisais les livres au centre culturel. Même si le livre est là, il faut une culture de la lecture. Parfois, c'est parce que l'Européen a lu et apprécié que l'Africain va lire tel ou tel ouvrage. Si un livre africain a du succès, c'est souvent parce que cela correspond à ce que l'Europe attend d'un auteur africain. C'est le cas de Je suis noir et je n'aime pas le manioc (Gaston Kelman, éd. Max Milo). On va dire : "C'est marrant, ce Noir a brisé le cliché sur les Noirs." Twisted Evil

N'est-ce pas frustrant de devoir écrire pour les Occidentaux ?
Oui, on aimerait avoir davantage de lecteurs en Afrique. Mais l'avantage, en Afrique, c'est qu'un exemplaire est lu par au moins dix personnes. En outre, on constate un vrai changement avec la multiplication des livres de poche. Les auteurs noirs ne sont plus toujours cantonnés dans des collections africaines. Il faut que la littérature africaine devienne majeure. Qu'elle arrête de larmoyer.

L'acte d'écrire est un exercice solitaire. Est-il accepté en Afrique ?
La vie africaine est par essence une vie un peu étouffée par le côté communautaire. L'individu est gommé dans la société, même si cela commence à changer. Tout doit être fait en rapport avec la collectivité. L'acte d'écrire est par essence un acte égoïste, puisqu'il faut se retirer pour réfléchir. On ne peut pas se le permettre dans un continent où les gens viennent à tout instant chez vous. Donc, ça paralyse la création. Si vous vous retirez, on va dire que vous êtes malade, misanthrope, asocial. L'écrivain africain qui vit dans le continent suscite la méfiance. Les écrivains de là-bas vivent dans une sorte d'exil intérieur.






Troublante conclusion... N'y aurait-il donc pas une façon de réinventer le labeur de l'écrivain, en l'inscrivant au coeur de la vie communautaire africaine ? Pourquoi doit-on forcément la voie individualiste à l'Occidentale ? La création ne peut-elle pas se nourrir de la communauté, l'écrivain n'étant qu'un vecteur ? Confused
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"Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
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Benny Da B'
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MessagePosté le: Jeu 16 Mar 2006 17:17    Sujet du message: Re: Les écrivains francophones en colère Répondre en citant

Chabine a écrit:

L'acte d'écrire est un exercice solitaire. Est-il accepté en Afrique ?
La vie africaine est par essence une vie un peu étouffée par le côté communautaire. L'individu est gommé dans la société, même si cela commence à changer. Tout doit être fait en rapport avec la collectivité. L'acte d'écrire est par essence un acte égoïste, puisqu'il faut se retirer pour réfléchir. On ne peut pas se le permettre dans un continent où les gens viennent à tout instant chez vous. Donc, ça paralyse la création. Si vous vous retirez, on va dire que vous êtes malade, misanthrope, asocial. L'écrivain africain qui vit dans le continent suscite la méfiance. Les écrivains de là-bas vivent dans une sorte d'exil intérieur.


Chabine,

Moi je comprends très bien ce qu'il veut dire. Sur le continent la précarité règne et il n'est certainement pas facile de se receuillir pour écrire, acte qui parait ô combien anodin et futile pour qui cherche sa pitance au jour le jour.

Déjà se retirer pour lire un livre provoque la suspicion...alors se retirer pour l'écrire doit être encore plus difficile!

Les parents du village qui débarque chez toi parce qu'untel est malade et qu'il faut cotiser pour le soigner ou qui vienne te demander de "juger" l'affaire du petit neveu qui a enceinté une gamine du quartier (ce que j'ai vécu hier soir Wink) comprendrait mal si tu ne les recevais pas.

Je veux pas dire qu'il a totalement raison et que ta réfléxion n'a pas de sens, mais je vois très bien ce qu'il veut dire en fait...

L'exil intérieur me semble une belle et juste expression par rapport à cela...
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Chabine
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MessagePosté le: Jeu 16 Mar 2006 17:24    Sujet du message: Répondre en citant

Le vénérable et néanmoins très négrophobe quotidien Le Monde ouvre les yeux, lui aussi : super, les USA vont sauver nos écrivains... Rolling Eyes

Citation:
Etats-Unis terre d'accueil
LE MONDE DES LIVRES | 16.03.06 | 12h10 • Mis à jour le 16.03.06 | 12h10


Fabuleux destin de la francophonie en Amérique. Outre-Atlantique, Alain Mabanckou est un écrivain français. A Paris, il est à jamais, et en dépit de sa double nationalité, un écrivain congolais. Pourquoi ? "C'est l'idée américaine selon laquelle une société est faite de la somme de ses parties, explique Mabanckou ; mais c'est aussi, fondamentalement, l'idée que la langue française est une langue universelle, au même titre que la langue anglaise." Ce que le monde anglo-saxon a compris avant la France, c'est que la langue anglaise puise désormais ses forces dans les écritures issues de la "périphérie - Rushdie, Walcott, Zadie Smith, Edwige Danticat -, périphérie que les métropoles anglo-saxones intègrent bien davantage que la France dans leur espace symbolique et imaginaire. "Un Africain peut certes écrire en français, poursuit Mabanckou, mais en France, on lui rappellera toujours qu'il est, quoi qu'il en ait, un écrivain de telle contrée lointaine."


S'il y a en France, depuis la décolonisation, une véritable "ghettoïsation" de la littérature francophone, c'est pour des raisons qui tiennent sans doute à notre lancinante xénophobie. Mais c'est aussi, hélas, en raison de la faiblesse du réseau d'études universitaires. La France est aujourd'hui le pays francophone où la littérature francophone est le moins enseignée. Et, à ce jour, des générations entières d'étudiants en lettres quittent l'université sans avoir jamais lu d'oeuvres africaines ou antillaises. Quant aux professeurs, il y en a bien sûr quelques-uns, à la Sorbonne, à l'EHESS, mais il s'agit d'un cercle très restreint dont le pouvoir de diffusion reste au mieux marginal.

Les Etats-Unis ont, dans ce domaine, un tout autre visage. "L'Amérique est le plus grand pays francophone du monde !", se plaît à dire Mabanckou, qui enseigne les littératures francophones à l'université du Michigan. A ses yeux, les Etats-Unis sont devenus le centre névralgique de la francophonie. Et, en effet, la plupart des grandes universités américaines - Harvard, Stanford, New York University, Duke, Michigan - ont, sinon un département d'études francophones, du moins un département de littérature française où la littérature francophone est enseignée. Aussi ces universités recrutent-elles avidement les plus grands noms de la francophonie - Assia Djébar, Edouard Glissant, Maryse Condé, Valentin Mudinbé -, et les étudiants se présentent en foule.


"EXOTISME DE BONNE FOI"

Cet engouement s'explique en partie par l'histoire, c'est-à-dire par la forte présence passée de la France en Amérique du Nord et ses vestiges, en Louisiane par exemple. Mais il est également lié à la physionomie du tissu socioculturel américain, où toutes les cultures de la marginalité sont représentées de manière parfois volontariste. En Amérique, autrement dit, l'espace de l'exportation de la langue française ne se résume pas à la France. Et la littérature francophone fait naturellement partie de ces études qui entrent dans le cadre de la discrimination positive. Il y a eu, d'abord, les "African Studies" qui ont progressivement ouvert la porte du monde francophone. Et il ne faut pas oublier la proximité du Québec, source, elle aussi, d'un fort tropisme. Cela dit, contrairement à ce que l'on pourrait croire en Europe, les "Francophone Studies" recrutent peu d'étudiants noirs. Dans une classe de l'université du Michigan, sur 30 étudiants, Alain Mabanckou compte un seul Noir américain, deux Asiatiques et 27 Blancs. "J'étais subjugué par cette diversité, dit-il. Mais où pouvais-je bien être ? Je pensais que je n'aurais que des étudiants africains, que nous serions un ghetto."

Ce qui attire ces étudiants américains : l'invitation au voyage, la découverte d'autres espaces, bien sûr. Mais aussi ce que Mabanckou appelle "un exotisme de bonne foi", qui consiste à étudier la littérature francophone tout en partant vivre quatre ou cinq mois, grâce à des bourses d'études, à Madagascar, en Côte d'Ivoire ou au Sénégal. Le résultat : une génération d'intellectuels américains devenus experts en littérature d'expression française.

Nombre d'écrivains et de professeurs francophones émigrent désormais en Amérique pour enseigner le génie français et perpétuer sa langue. Et, inexorablement, le centre de gravité de la langue française se déplace vers le Sud. Extraordinaire situation où l'image de la France est projetée par une force qu'elle-même dénie. Etrange miroir, où celui qui se regarde ne trouve plus le reflet qu'il croyait voir.

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Chabine
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MessagePosté le: Jeu 16 Mar 2006 17:31    Sujet du message: Re: Les écrivains francophones en colère Répondre en citant

Benny Da B' a écrit:
Chabine a écrit:

L'acte d'écrire est un exercice solitaire. Est-il accepté en Afrique ?
La vie africaine est par essence une vie un peu étouffée par le côté communautaire. L'individu est gommé dans la société, même si cela commence à changer. Tout doit être fait en rapport avec la collectivité. L'acte d'écrire est par essence un acte égoïste, puisqu'il faut se retirer pour réfléchir. On ne peut pas se le permettre dans un continent où les gens viennent à tout instant chez vous. Donc, ça paralyse la création. Si vous vous retirez, on va dire que vous êtes malade, misanthrope, asocial. L'écrivain africain qui vit dans le continent suscite la méfiance. Les écrivains de là-bas vivent dans une sorte d'exil intérieur.


Chabine,

Moi je comprends très bien ce qu'il veut dire. Sur le continent la précarité règne et il n'est certainement pas facile de se receuillir pour écrire, acte qui parait ô combien anodin et futile pour qui cherche sa pitance au jour le jour.

Déjà se retirer pour lire un livre provoque la suspicion...alors se retirer pour l'écrire doit être encore plus difficile!

Les parents du village qui débarque chez toi parce qu'untel est malade et qu'il faut cotiser pour le soigner ou qui vienne te demander de "juger" l'affaire du petit neveu qui a enceinté une gamine du quartier (ce que j'ai vécu hier soir Wink) comprendrait mal si tu ne les recevais pas.

Je veux pas dire qu'il a totalement raison et que ta réfléxion n'a pas de sens, mais je vois très bien ce qu'il veut dire en fait...

L'exil intérieur me semble une belle et juste expression par rapport à cela...


Oui et non... On peut aussi écrire la nuit, non ? Ou chez vous, on vous poursuit à domicile jusqu'au milieu de la nuit, aussi ? Mr. Green

Ce que je veux dire, c'est qu'il me semble dommageable de se couper de son environnement, sous prétexte que là où on a appris à écrire, l'écrivain est dans sa tour d'ivoire... Comment nourrir son imaginaire, alors ? Celà dit, je ne suis pas despote, ce n'est pas parce que l'écrivain est Africain qu'il se doit d'écrire entouré de ses 5 femmes, ses 56 enfants et ses 250 neveux et cousins... Mr. Green

Plus sérieusement, il devrait pouvoir y avoir plusieurs façons d'écrire, pas seulement à la Victor Hugo en exil... De toutes façons, ce que j'en dis, c'est du vent, l'inspiration tombe sur l'écrivain et ouvre le canal de l'écriture , le comment, où et quand devenant alors accessoires...
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"Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
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Soundjata Kéita
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MessagePosté le: Jeu 16 Mar 2006 17:36    Sujet du message: Répondre en citant

Chabine a écrit:
Le vénérable et néanmoins très négrophobe quotidien Le Monde ouvre les yeux, lui aussi : super, les USA vont sauver nos écrivains... Rolling Eyes
Lol en effet, c'est a qui succubera le mieux la culture de l'autre.
Et effectivement, l'Amérique blanche demeure, au sein du système occidental, la championne toute catégorie du recyclage et du broyage des cultures des autres civilisations.

Bref le Mabamkou est vraiment le symbole de ses nouveaux esclaves/exilés mentaux qui, persuadés qu'ils peuvent librement changer de maîtres comme bon leur semble, croient qu'ils sont libres pour de bon.
Décidément, depuis qu'il a "cassé son verre" d'eau tiède coincé entre ses ouïes, ça barbote dans tous les sens dans les méandres de sa nappe phréatique passablement polluée par la franconnerie.


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MessagePosté le: Jeu 16 Mar 2006 17:43    Sujet du message: Re: Les écrivains francophones en colère Répondre en citant

Chabine a écrit:

Oui et non... On peut aussi écrire la nuit, non ? Ou chez vous, on vous poursuit à domicile jusqu'au milieu de la nuit, aussi ?


Voué...j'ai déjà eu des tentatives de négociation d'augmentations de salaires à 23 H 00 passée Smile Smile

Mais bon trêve de plaisanteries ! Wink Je crois qu'il fait pas mal référence ...sans vraiment le dire...au fait que y a la marmite à faire bouillir et qu'écrivain ca rapporte pas tripette ...et que du coup...ca passe pour un luxe d'écrire.

Alors on te fais gentiment comprendre de trouver un boulot "sérieux" Wink
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Soundjata Kéita
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MessagePosté le: Jeu 16 Mar 2006 17:54    Sujet du message: Re: Les écrivains francophones en colère Répondre en citant

Benny Da B' a écrit:
Je crois qu'il fait pas mal référence ...sans vraiment le dire...au fait que y a la marmite à faire bouillir et qu'écrivain ca rapporte pas tripette ...et que du coup...ca passe pour un luxe d'écrire.

Alors on te fais gentiment comprendre de trouver un boulot "sérieux" Wink
Sauf que c'est exactement la même chose ici en France (et par extension en Occident), et pas seulement pour les écrivains kamites, mais aussi pour l'immense majorité des écrivains français qui, pour beaucoup, soit vivent des assédics, soit de petits boulots, voire, l'écriture est carrément une activité annexe en dehors de leur "véritable" métier, ce dernier remplissant accessoirement leur panse, nous sommes d'accords.
A moins d'être best-seller, rares sont les écrivains qui vivent de leur plume en Europe.


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Benny Da B'
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MessagePosté le: Jeu 16 Mar 2006 18:01    Sujet du message: Re: Les écrivains francophones en colère Répondre en citant

Soundjata Kéita a écrit:
pour beaucoup, soit vivent des assédics, soit de petits boulots,


Sauf que les assédics ca existe pas sur le continent Wink

Ou plutot, ta sécurité sociale c'est ta communauté, ta famille...et donc t'as des obligations envers eux...comme ils en ont envers toi si t'as un pépin...mais du coup écrivain...je peux t'assurer que c'est un truc de bourgeois en afrique. Bien plus qu'en occident.
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Chabine
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MessagePosté le: Jeu 16 Mar 2006 18:01    Sujet du message: Répondre en citant

Soundjata Kéita a écrit:
Chabine a écrit:
Le vénérable et néanmoins très négrophobe quotidien Le Monde ouvre les yeux, lui aussi : super, les USA vont sauver nos écrivains... Rolling Eyes
Lol en effet, c'est a qui succubera le mieux la culture de l'autre.
Et effectivement, l'Amérique blanche demeure, au sein du système occidental, la championne toute catégorie du recyclage et du broyage des cultures des autres civilisations.

Bref le Mabamkou est vraiment le symbole de ses nouveaux esclaves/exilés mentaux qui, persuadés qu'ils peuvent librement changer de maîtres comme bon leur semble, croient qu'ils sont libres pour de bon.
Décidément, depuis qu'il a "cassé son verre" d'eau tiède coincé entre ses ouïes, ça barbote dans tous les sens dans les méandres de sa nappe phréatique passablement polluée par la franconnerie.


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Un avis aussi lapidaire que méprisant, ma foi... Rolling Eyes

Il y a trois interviews de Mabanckou : à quel moment l'as-tu vu faire l'apologie de "son nouveau maître" ? T'as-t-il vraiment donné l'impression de se sentir vraiment libre, dans ses propos ? Il a évoqué l'" Exotisme de bonne foi" des américains, penses-tu pouvoir lui donner des leçons de lucidité ? Nous n'avons pas du lire la même interview... Confused

Moi j'ai vu un écrivain qui fait ce qu'il peut comme il peut, avec une nostalgie lancinante du pays natal... Maintenant, c'est facile de juger le parcours des autres... J'allais ajouter "surtout pour nous, qui n'avons encore rien fait nous-mêmes", mais je ne sais pas ce qu'il en est, te concernant, donc je préfère m'abstenir de jugements hâtifs (surtout que j'attends avec une impatience sincère que tes travaux de recherche soient diffusés un jour Wink ).

C'est facile de juger... Comment sont morts Sonny Labou Tansi ou Mongo Béti, déjà ? Au péyi ? Prématurémment ? Vachement utile, pour "la cause". Allez-y gaiement, rentrez au péyi, les Mabanckou, Laférrière (puisqu'en Haïti, on n'assasine pas les écrivains/journalistes, n'est-ce pas, pas plus qu'en Afrique), ou encore Glissant et Condé, arrêtez de vous planquer aux USA, rappliquez au péyi... Tu crois que c'est si facile ? Quand tu auras été assigné à résidence ou au contraire contraint à l'exil, on en reparlera.

Rodney St-Eloi, poète et éditeur Haïtien basé à Montréal, racontait un jour quelles étaient ses occupations au péyi, avant son exil : de la survie ! C'est son exil qui lui a permis de refonder Mémoires d'Encrier, sa maison d'édition qui offre une alternative aux écrivains muselés par ailleurs... ça ne vaut pas le coup ? c'est pas de la résistance ? Valait mieux rester à Haïti se faire assassiner comme son ami Jacques Roche, l'an dernier ?

Ca devient vraiment lassant ce genre de commentaire frelaté, venant des révolutionnaires en chambre que nous sommes tous... l'espace des quelques clics que nous échangeons sur le web (après, chacun fait ce que bon lui semble, nous sommes d'accord). VRAIMENT Shocked

Je ne sais si MABANCKOU est le symbole des "nouveaux esclaves, etc, etc...", mais en tous cas, ce type de discours s'apparente par contre à un authentique sectarisme borné bien comme il faut. Pour d'autres, je peux parler de degré 0 de la pensée, mais dans ton cas, je m'y refuse... Confused

PS : j'attends de lire Mabanckou pour pouvoir énoncer un avis, j'imagine que c'est déjà fait de ton côté.
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Soundjata Kéita
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MessagePosté le: Jeu 16 Mar 2006 18:10    Sujet du message: Répondre en citant

Il est vrai que tu ne l'as pas vu faire le zouave bountisant en compagnie de Calixte Beyala et Gaston kelman et autres francolonisés de Maghrébie et des caraibes, et fiers de l'être, dans une récente émission de Culture et dépendances (sic) ayant pour thème l'avenir de la francophonie.
Ca respirait, hélas, plus la nostalie du bon vieux temps des colonies qu'autres choses.

Pour le reste nous sommes entièremnet bien d'accords Chabine, d'ailleurs je suis en train d'extraire l'avis d'un ancêtre qui aura parfaitement expliqué la problématique de l'exil linguistique.
Un peu de patience.


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MessagePosté le: Jeu 16 Mar 2006 18:25    Sujet du message: Répondre en citant

Voici

«QUAND POURRA-T-ON PARLER D’UNE RENAISSANCE AFRICAINE ? »


Article du Professeur Cheikh Anta Diop paru dans la Revue « LE MUSEE VIVANT » Numéro spécial 36-37, novembre 1948, Paris, pp 57-65.

"Quand on examine la réalité africaine on aperçoit qu’il y a, d’une part, une partie de la tradition qui est restée intacte et qui continue à vivoter à l’abri de toute influence moderne, d’autre part, une tradition altérée par une contamination européenne.
Peut-on, dans les deux cas, parler de renaissance ? Dans le premier, certainement non. Quand au second, examinons de plus près ce qui se passe et nous verrons si l’on peut légitimement lui appliquer l’étiquette de renaissance. Dans ce second cas il n’est question que d’une forme d’imitation littéraire qui verse dans le lyrisme.

LES ECRIVAINS AFRICAINS

Sans sous-estimer le moins du monde la valeur de ces écrivains africains de langues étrangères, a-t-on le droit de considérer leurs écrits comme la base d’une culture africaine ?

Un examen - même superficiel – nous pousse à répondre par la négative. En effet, nous estimons que toute œuvre littéraire appartient nécessairement à la langue dans laquelle elle est écrite : les œuvres ainsi écrites par des africains, relèvent, avant tout, de ces littératures étrangères et l’on se saurait les considérer comme les monuments d’une littérature africaine.

On ne peut pas écrire pour deux publics aussi différents que le public européen et celui que, globalement, on peut appeler africain. Or, c’est ici que l’analyse de l’attitude des écrivains africains devient intéressante. En effet, nous estimons que celui qui écrite vise un défini ; auquel cas les écrivains africains doivent se poser au préalable les questions suivantes : Pourquoi et pour qui écrivons nous ? Si nous admettons que leurs écrits sont, en quelque sorte, la réponse à ces questions, nous sommes obligés de reconnaître que c’est à un public européen qu’ils s’adressent essentiellement, que leur but est de briller aux yeux des Européens, tout en défendant, accessoirement une cause africaine. On se rend aisément compte que celui qui écrit cherche avant tout à s’exprimer correctement en français, à faire preuve d’un talent littéraire inattendu, de subtilités grammaticales, plutôt qu’à exprimer des idées utiles à sa collectivité.

Le français n’est pas seulement un instrument d’acquisition d’une science mais une science en soi : on doit la qu’on le possède entièrement, le reste n’est que secondaire. On saisit alors la raison de notre pédantisme et toute la valeur de l’expression « djvaya degi nasarann », chez l’élite sénégalaise : « Ah, combien il s’est assimilé le Français, celui-là » ! On comprend également que de tels littératures concentrent tous leurs efforts à rendre leurs écrits intelligibles, non pas aux Africains, mais aux Européens comme si leur seul but de forcer la considération de ces derniers ; ce qui est pour le moins puéril.

Il ressort de toute ceci qu’une telle littérature ne peut avoir qu’un intérêt dérisoire pour l’Africain parce qu’elle n’a pas été conçue essentiellement pour lui. C’est une hypocrisie que de venir ensuite présenter ces œuvres aux Africains comme leur étant destinées. En faisant le bilan de la littérature africaine d’expression étrangère, on peut dire que, dans l’ensemble, il y a plus de secret désir de pédantisme que d’intention de dire autre chose. Puisque cela tient au prestige des langues européennes, il est absolument indispensable qu’il soit détruit dans le plus grand intérêt de l’Afrique.

On nous objectera que les Nègres qui utilisent une langue étrangère, le font d’une façon originale et que dans leur expression, il y a quelque chose de spécifique à leur race. Mais ce que le Nègre ne pourra jamais exprimer sans cesser de parler une langue étrangère, c’est le génie propre de sa langue.

C’est pour que cela que, tout en reconnaissant le grand mérite des écrivains africains de langue étrangère, nous ne saurions nous empêcher de les classer dans la littérature de la langue qu’ils ont utilisée. Nous ne saurions, non plus, leur reprocher leur attitude, car il n’existe, actuellement, pour eux aucune autre expression adéquate pour leur pensée. Ici apparaît un problème dramatique de notre culture : parce que nous sommes obligés d’employer une expression étrangère ou de nous taire ; et l’on imagine jusqu’à quel point la dernière attitude est impossible pour quelqu’un qui éprouve le besoin de s’exprimer."


Extrait de l'article republié dans Black Match Hors-Série n°1 consacré au thème de la Renaissance Africaine. paru courant 1999, p. 30



La suite au prochaine numéro...



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Chabine
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MessagePosté le: Jeu 16 Mar 2006 18:30    Sujet du message: Répondre en citant

Soundjata Kéita a écrit:
Il est vrai que tu ne l'as pas vu faire le zouave bountisant en compagnie de Calixte Beyala et Gaston kelman et autres francolonisés de Maghrébie et des caraibes, et fiers de l'être, dans une récente émission de Culture et dépendances (sic) ayant pour thème l'avenir de la francophonie.
Ca respirait, hélas, plus la nostalie du bon vieux temps des colonies qu'autres choses.

Pour le reste nous sommes entièremnet bien d'accords Chabine, d'ailleurs je suis en train d'extraire l'avis d'un ancêtre qui aura parfaitement expliqué la problématique de l'exil linguistique.
Un peu de patience.


Hotep, Soundjata


Si si, j'ai bien essayé de regarder cette émission fadasse, mais je n'y ai réussi que d'un oeil distrait (Daniel Maximin m'a davantage agacée que Kelman... Shocked )

Merci pour le texte, je le lirai à mon retour. NON au degré 0 de la pensée ! (je savais que je pouvais compter sur toi Wink )
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Nomade
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MessagePosté le: Ven 17 Mar 2006 18:55    Sujet du message: Répondre en citant

Soundjata Kéita a écrit:
Chabine a écrit:
Le vénérable et néanmoins très négrophobe quotidien Le Monde ouvre les yeux, lui aussi : super, les USA vont sauver nos écrivains... Rolling Eyes
Lol en effet, c'est a qui succubera le mieux la culture de l'autre.
Et effectivement, l'Amérique blanche demeure, au sein du système occidental, la championne toute catégorie du recyclage et du broyage des cultures des autres civilisations.

Bref le Mabamkou est vraiment le symbole de ses nouveaux esclaves/exilés mentaux qui, persuadés qu'ils peuvent librement changer de maîtres comme bon leur semble, croient qu'ils sont libres pour de bon.
Décidément, depuis qu'il a "cassé son verre" d'eau tiède coincé entre ses ouïes, ça barbote dans tous les sens dans les méandres de sa nappe phréatique passablement polluée par la franconnerie.

Hotep, Soundjata


C'est exactement ça.

Ces auteur francophones africain qui demandent a leur maitre francais plus de place dans les écoles et médias francais sont comme un noir serviteur de maison encore en 2006 qui demanderais a ces maitre 2 repas par jour au lieu d'un seul. Bien sur, je suis d'accord avec lui et je supporterais d'une certaine maniere sa démarche. 1 repas par jours ce n'est pas assez a mon avis. Mais, en réalité pourquoi ce noir serviteur de maison en 2006 ne quitte-t-il pas completement ses maitres pour s'affranchir completement de l'esclavagisme.

En terme moins polémique. Ces africains francophone qui défendre leur droit a propager la langue francaise a travers le monde sont en réalité des gens qui défende leur droit a propager la culture francaise a travers le monde. Car le premier véhicule, et l'élément le plus important d'une culture, est sa langue. Des africains qui veulent propager la langue francaise a travers le monde, propage en réalité la culture francaise a travers le monde.

Et ces autre africains qui décident de changer de maitre et de passer du francais à l'anglais tombent dans le meme ridicule. D'une certaine maniere ces africains qui change de langue du francais à l'anglais, comme si rien n'était, donne un peu raison au Francais de vouloir centralisé le processus décisionnel de la langue francaise en France. Clairement ,ces africains qui change pour la langue anglaise n'ont pas le meme respect (et liens culturelle et spirituelle) qu'un francais de france envers sa langue. En réalité je suis pratiquement d'accord avec les francais de vouloir centralisé le processsus décisionnel de leur langue, c'est vraiment leur langue apres tout. Jamais il ne viendra a leur esprit de publier exclusivement en anglais (ou dans langues africaines).

Enfin le premier texte d'ARDIN sur ce topic, de meme que l'intervention de Diop dit clairement cela.

C'est a se ré-appropriant ses propre langues que les africains pourront faire avancer leur culture (toute en créant une industrie culturelle).

En réalité, en Afrique le problème ne se pose quasiment pas. Les langues africaines sont encore bien présente. Vivement le wolof etc etc etc.
Bien sur dans certains millieu (les citadins souvent) il est mal percu de parler sa propre langue natale, mais ça peut etre facilement changer.

Pour ce qui est des antilles et des autres diaporas africaines. Là oui la problématique est plus difficile. C'est pour ça que ce serait bien que tout re-rayonnement des langues africaines partent de l'afrique. Mais je vais en profiter pour faire une parenthese au sujet des antilles.

Il faut comprendre que meme dans les antilles nos ancetre parents ont compris que le francais n'était pas leur langues. En créolisant la langue francaise (et anglaise pour d'autre) c'est un genre de FUCK U subconcient qu'ils ont lancé à la langue francais. En Haiti, ils ont même préserver une bonne part des religions africaines en les dissimulant sous le nom de saint chrétiens. Bref, meme ces ancetre africains des antilles, qui ne partageant pas la meme langue africaine, ont su que le francais n'était pas leur langue. Il ont décider de la créoliser en baffouant pratiquement toute les règles élémentaire de bons francais, en plus d'adapter les intonations et prononciations a leur propre capacité vocale et en ajoutant quelque mots de leur prore initiative. La créolisation est un message inter-générationnele lancé par nos parents africains contre cette aculturation francaise.

Honte a tout Africains qui ne comprends pas que la langue est le moyens no 1 d'aculturation d'un peuple. Mais surtout le moyen no 1 du rayonnement de sa propre culture.
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Benny Da B'
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MessagePosté le: Ven 17 Mar 2006 19:01    Sujet du message: Répondre en citant

Oui mais quand on parle de littérature on parle donc d'écriture. Il n'y a pas tant de pays que cela ou une littérature en langue africaine existe réellement.

Combien de journaux en wolof ou en bambara ?

Les langues africaines sont vivantes c'est clair, mais il faut les faire passer à l'écrit...et ca ne peut se faire que par la force!
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Nomade
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MessagePosté le: Ven 17 Mar 2006 19:37    Sujet du message: Répondre en citant

Benny Da B' a écrit:
Oui mais quand on parle de littérature on parle donc d'écriture. Il n'y a pas tant de pays que cela ou une littérature en langue africaine existe réellement.

Combien de journaux en wolof ou en bambara ?

Les langues africaines sont vivantes c'est clair, mais il faut les faire passer à l'écrit...et ca ne peut se faire que par la force!


C'est toujours la meme chose. Il ne faut pas baisser les bras avant meme d'avoir tenter quelquechose. Le texte d'ARDIN fait référence a des auteurs qui ont décidé d'écrire et de publier dans leur propre langue africaine d'abord . En Tanzanie, le swahili est la langue officielle, de meme que dans d'autres pays de l'afrique de l'est. Oui, plusieurs livres sont écrit en swahili. Il va s'en dire, car le systeme educatifs est exclusivement en swahili là bas. Moi, je préfère voir le verre 1/4 pleins que 3/4 vide, surtout quand c'est nous qui ultimement décidons de comment le remplir.

Le texte sur la reconceptualisation des termes scientifique en langue africaine est un autre exemple d'action concrète positive: http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?t=5991

Il existe un réélle probleme du passage des langues africaines de l'oral a l'écrit. Mais, pour ça il faut pas regarder les francais, ils ne vont, et bien justement je le croit, rien faire pour nous a ce chapitre. Cette difficulté de passage de l'oral à l'écrit dans le quotidien des gens est en partie lié à l'héritage coloniale. Dans ce temps les africains les plus riche était ceux les plus proches des maitres colonisateur. Donc ces riches et influent africain parlait tres bien le francais. Malgré l'indépendance, c'est ces meme africains et leur enfants qui aujourd'hui sont des décideurs et des directeurs d'écoles etc. Encore maintenant, il est entre autres parfois encore avantageux économiquement de parler le francais. Car ceux qui tiennent les regnes de l'économie sont ceux la meme qui était proche du pouvoir francais à la fin de la colonisation. L'indépendance c'était bien, mais c'etait une premiere étape seulement vers la décolonisation. Je pense sincèrement ,a défaut d'etre polymiques, que certains leaders africain aurait intéret a ce décolonisé le mental aussi. Mais, la bonne nouvelle est que c'est possible de renversé la vapeur et propagé les langues africaines. Ce n'est pas aux francais a faire ca, meme si on les aimes bien, c'est a nous. On est directement dans la période qui exigent ce genre de réflexions et d'actions concrètes.

Les langues africaines sont tellement expressives, elles glissent sur la langue et les intonations sont merveilleuse. J'écoutais du hip hop en swahili, c'est merveilleux!!!
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Soundjata Kéita
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MessagePosté le: Ven 17 Mar 2006 20:18    Sujet du message: Répondre en citant

Benny Da B' a écrit:
Les langues africaines sont vivantes c'est clair, mais il faut les faire passer à l'écrit...et ca ne peut se faire que par la force!
Quand tu auras fini de dire n'importe quoi.
Aussi tu sera gentil de ne point extrapoler ta propre paresse intellectuelle à l'ensemble des linguistes, hsitoriens, libraires, écrivains kamites qui ne ménagent pas leur peines pour transmettre leur savoir dans leur langues, aussi bien oralement que par écrit.

Pour rappel :
- http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?t=5984
- http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?t=5991
Et surtout :
- http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?t=1387


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MessagePosté le: Sam 18 Mar 2006 17:01    Sujet du message: Répondre en citant

Soundjata Kéita a écrit:
Benny Da B' a écrit:
Les langues africaines sont vivantes c'est clair, mais il faut les faire passer à l'écrit...et ca ne peut se faire que par la force!
Quand tu auras fini de dire n'importe quoi.
Aussi tu sera gentil de ne point extrapoler ta propre paresse intellectuelle à l'ensemble des linguistes, hsitoriens, libraires, écrivains kamites qui ne ménagent pas leur peines pour transmettre leur savoir dans leur langues, aussi bien oralement que par écrit.

Pour rappel :
- http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?t=5984
- http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?t=5991
Et surtout :
- http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?t=1387

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Nous sommes convaincus que la tache prioritaire pour ceux qui veulent resorber le chaos africain est de retablir les langues negro-africaines dans leur bon droit, leur dignite, et de les renover pour les rendre operationnelles.

Oscar Pfouma(Le Negre de Velazquez et le Miroir de l’histoire; Page 40)
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MessagePosté le: Sam 18 Mar 2006 19:32    Sujet du message: Répondre en citant

Soundjata Kéita a écrit:
Quand tu auras fini de dire n'importe quoi.
Aussi tu sera gentil de ne point extrapoler ta propre paresse intellectuelle à l'ensemble des linguistes


Comme souvent Soundjata, tu extrapoles et tu présumes beaucoup sur ce que je dis ou pense....

On est bien d'accord sur le fait que c'est primordiale que les langues africaines soient vivantes, actives et donc s'écrivent !

Là n'est pas le débat.

Je disais juste que tous les pays africains ne sont pas exactement dans la même situation sur la question des langues. Dans mon pays, y a certaines langues que je n'ai vu écrites qu'une seule fois ! C'était dans les bibles des missionaires américains...qui eux bien sur ont compris l'importance.

Mon propos était de dire que dans certains pays les langues africaines sont quasi uniquement orale. Quand je dis çà je ne dis pas qu'elle n'ont jamais été écrites, je veux dire qu'elle ne sont pas vivantes à l'écrit (pas de journaux, pas de livres, etc...).

Quand je parlais de force, je pensais à la force de la volonté politique qui instaurerait l'éducation et l'alphabétisation dans les langues.[/quote]
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Anse
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MessagePosté le: Sam 18 Mar 2006 20:14    Sujet du message: Répondre en citant

Raphael Confiant se lance aussi Wink

De l’europhonie triomphante…
Par Raphaël Confiant

Les défenseurs du français
savent-ils qu’il y a des centaines
de millions de gens à
travers le monde qui observent
d’un œil incrédule, teinté d’ironie
ou d’irritation, le vaste
pathos qu’ils mettent en œuvre
pour tenter de nous convaincre
de la situation critique, sinon
désespérée, de la langue de
Molière ? Hélas, non ! Plaçonsnous
donc un court instant du
côté des incrédules. Que constatent-
ils ? Que leur révèle un examen
à froid et honnête de la
situation linguistique du monde
? Tout bêtement le triomphe
absolu de l’europhonie, mouvement
qui a débuté avec la découverte
des Amériques au XVe siècle
et qui atteint son apogée
aujourd’hui. Mouvement dans
lequel la langue française trouve
pleinement sa place, certes pas la
première comme au XVIIIe siècle,
mais tout de même en troisième
position après l’anglais et l’espagnol.
Une position que ne justifie
absolument pas le nombre
somme toute modeste de locuteurs
ayant le français comme
langue maternelle ou première.
Car allons droit au fait : qui
parmi nous peut citer le nom
d’un auteur tamoul ? le titre d’un
roman en hindi ou d’une pièce de
théâtre en indonésien ? Le Tamil
Nadu comporte pourtant une
population quasi égale à celle de
la France (60 millions d’habitants)
et dispose d’une langue et
d’une littérature considérablement
plus anciennes que ses alter
ego français. Quant à l’Indonésie,
elle compte 200 millions d’habitants,
une langue également
ancienne (le malais, en fait), une
littérature brillante que les jurés
du prix Nobel, généraux en chef
de l’europhonie, ignorent superbement.
Et je ne parle même pas
de l’amharique (Ethiopie), du
khmer, du philippin, du nahuatl
(Mexique), du swahili et de tant
d’autres langues dont personne
ne connaîtra jamais la littérature.
Mais, dira-t-on, le monde arabe,
la Chine et le Japon échappent
à cette domination ! C’est
qu’elle n’est donc pas si totale
que cela. Là encore, il s’agit
d’une erreur d’appréciation : les
littératures arabe, chinoise et
japonaise sont connues, appréciées
et célébrées en Occident
pour autant qu’elles ont signé
leur reddition face aux genres littéraires
occidentaux, faisant
même allégeance au principal
d’entre eux, le roman, au détriment
des manières d’écrire propres
à leurs cultures respectives.
Elles auraient persisté, comme
les littératures tamoule, hindi ou
indonésienne, dans l’exploration
d’une littérarité autochtone qu’elles
n’auraient jamais « percé »
sur le marché international.
Affaire de langage
L’europhonie est donc à la fois
affaire de langue et affaire de langage.
L’anglais, l’espagnol ou le
français ne dominent pas seulement
le monde en tant que langues
mais aussi et surtout parce
qu’elles imposent leur propre
manière de penser le monde et
de l’écrire. Le modèle romanesque
europhone (dans ses déclinaisons
balzacienne, joycienne,
faulknérienne, néo-romanesque
ou garcia-marquézienne) est un
impératif catégorique pour tout
écrivain non europhone qui désire
être lu hors de son pays. L’Afrique
noire dite « francophone »
en est l’exemple le plus criant et
le plus tragique. Où sont passées
les belles épopées mandingues ?
la poésie peule ? les récitatifs bantous
? Pas dans les œuvres francophones
qui nous sont données
à lire depuis un demi-siècle en
tout cas.
Mais, si j’ai parlé d’europhonie
triomphante, c’est qu’il existe
une europhonie dominée. Au
cœur même de l’Occident, des
langues et des visions du monde
sont bâillonnées, étouffées, réduites
à néant. Quel lecteur français
moyen connaît le nom de Max
Rouquette et sait qu’il a construit
l’une des œuvres les plus accomplies
de la littérature hexagonale
du XXe siècle ? Il avait, certes,
l’immense tort d’avoir écrit en
occitan. Qui connaît les romans
magnifiques de Marcu Biancarelli
dont le grand défaut est d’user
de sa langue maternelle, le corse
? J’ai, pour ma part, la chance
inouïe d’avoir pu naviguer entre
la non-europhonie et l’europhonie
triomphante puisque j’ai écrit
cinq livres en créole avant de passer
au français. En 1991, je publie
un roman intitulé La Vierge du
Grand Retour (Grasset), la même
année que Ghjiacumu Thiers,
autre grand romancier corse,
dont l’ouvrage A Madonna di barca,
développe exactement le
même thème que le mien : au sortir
de la deuxième guerre mondiale,
une statue de la Vierge fut promenée
à travers les campagnes
françaises et dans les régions
périphériques telles que la Corse
et les Antilles, auxquelles elle
était censée apporter bonheur et
prospérité pour peu que les chers
paroissiens acceptassent de se
délester de leurs bijoux, argent et
autres objets précieux lors de son
passage. Résultat des courses :
mon livre obtint sept recensions
dans de grands journaux parisiens,
celui de Thiers aucun, et
cela même lorsque l’auteur se fut
autotraduit en français un an
plus tard.
Allez, messieurs les francophones,
francophonistes, francophoniseurs,
et autres francophonisateurs,
sortez un peu le dimanche
et regardez le vaste monde ! Il s’y
trouve 5 894 langues autrement
plus menacées que le français.
Mais c’est vrai que nous l’affectionnons,
cette fichue langue de
Molière, de Mohammed, de
Mamadou et de Ming ! a
Dernier ouvrage publié : Adèle et
la Pacotilleuse (Mercure de
France, 2005).
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henrychrystophe
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MessagePosté le: Sam 18 Mar 2006 23:51    Sujet du message: Répondre en citant

Chabine quelle est la source de ton article STP...
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ARDIN
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MessagePosté le: Dim 19 Mar 2006 00:41    Sujet du message: Répondre en citant

henrychrystophe a écrit:
Chabine quelle est la source de ton article STP...
voici la source
_________________
l'Hommage a Cheikh Anta Diop sur PER-ANKH
l'Hommage a Mongo Beti sur PER-ANKH
l'Hommage a Aime Cesaire sur PER-ANKH

LPC-U : CONSTRUIRE LE CONGO POUR L'UNITÉ DE L'AFRIQUE
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Muana Kongo
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MessagePosté le: Dim 19 Mar 2006 09:33    Sujet du message: Répondre en citant

    Code:
    Citation:
    Les écrivains francophones en colère
    "Nous accusons la France"
    C'est moi qui les accuse de servilité éhontée! Comment peut-on se définir comme "francophone"? Ils se rendent compte -enfin- qu'on se fout d'eux depuis des lustres mais courent vers l'anglais etc... supplient la france de les considérer Rolling Eyes
    N'importe-quoi.
    Citation:
    Les langues africaines sont vivantes c'est clair, mais il faut les faire passer à l'écrit...et ca ne peut se faire que par la force!
    Rolling Eyes Dans ces cas là, que dire? Rassures-toi, ça ne demande pas de s'armer sinon de patience, de méthode et de volonté. Et aussi brutale qu'elle puisse être la réponse qu'a faite Soundjata est la plus indiquée:
    Citation:
    tu sera gentil de ne point extrapoler ta propre paresse intellectuelle à l'ensemble des linguistes, hsitoriens, libraires, écrivains kamites qui ne ménagent pas leur peines pour transmettre leur savoir dans leur langues, aussi bien oralement que par écrit.
    à paresse intellectuelle j'ajouterais syndrôme de dépendance (cf chap. "le nègre et le langage", Peau Noire Masques blancs, F. FANON).
    La situation est analysé depuis longtemps, il est maintenant urgent de s'y mettre.
    ARDIN a écrit:
    retablir les langues negro-africaines dans leur bon droit, leur dignite, et de les renover pour les rendre operationnelles.
    parfaitement, plutôt que chercher à revendiquer l'appartenance à une francophonie ou courir derrière l'anglais etc...
    Citation:
    Dans mon pays, y a certaines langues que je n'ai vu écrites qu'une seule fois ! C'était dans les bibles des missionaires américains...qui eux bien sur ont compris l'importance.
    Ca prouve juste qu'elles peuvent être écrites et après?
    Citation:
    dans certains pays les langues africaines sont quasi uniquement orale. Quand je dis çà je ne dis pas qu'elle n'ont jamais été écrites, je veux dire qu'elle ne sont pas vivantes à l'écrit (pas de journaux, pas de livres, etc...).
    Ok, mais dans le cas de la tienne, il tarrive d'écrire dans ta langue à ta famille etc... ou de leur traduire des articles qui pourraient les intéresser, je ne sais pas ou bien juste pour toi, pour faire vivre ta langue?
    Au niveau individuel c'est le minimum qu'on puisse faire.
    Confiant, cité par climan a écrit:
    Où sont passées
    les belles épopées mandingues ?
    la poésie peule ? les récitatifs bantous
    ? Pas dans les œuvres francophones
    qui nous sont données
    à lire depuis un demi-siècle en
    tout cas.
    Là, il m'a impressionné Confiant.
    [quote=Nomade"]Ces africains francophone qui défendre leur droit a propager la langue francaise a travers le monde sont en réalité des gens qui défende leur droit a propager la culture francaise a travers le monde. [/quote]Et je dirais même à phagocyter leur propre culture!
    Citation:
    En réalité je suis pratiquement d'accord avec les francais de vouloir centralisé le processsus décisionnel de leur langue, c'est vraiment leur langue apres tout. Jamais il ne viendra a leur esprit de publier exclusivement en anglais (ou dans langues africaines).
    Hmm et si l'année prochaine on préparait une "contre-francophonie"? ou une "kamitophonie" je cherche le terme. Par exemple soit aux antilles -pour le symbole: terre de brassage des nègres et de leurs langues- soit sur le continent (le notre, pas ses satellites Laughing )?
    Citation:
    Les langues africaines sont encore bien présente. Vivement le wolof etc etc etc.
    Bien sur dans certains millieu (les citadins souvent) il est mal percu de parler sa propre langue natale, mais ça peut etre facilement changer.
    Exactement. Le processus d'identification est simple:
    langue du blanc+école du blanc=évolution, éducation, prospérité etc...
    C'est simplement une matérialisation des conditions sociales (coloniales) qui placent la minorité franco-anglo-quoique ce soit d'autre-phone en haut de l'échelle sociale.
    Il faut inverser l'appartheid à l'information en cours chez nous, c'est tout. Si on fait en sorte que les francophiles se sentent désavantagés, la tendance changera. Mais tant que la langue/culture/paradigme étrangère sera le seul moyen de progression sociale, ça restera problématique.
    Citation:
    En créolisant la langue francaise (et anglaise pour d'autre)
    En fait, le kreyol est du point de vue de la grammaire et de la structure une langue africaine. C'est le vocabulaire qui emprunte au français -mais c'était inévitable.
    Citation:
    Alain Mabanckou, l'auteur de Verre cassé, a-t-il fait sienne la langue française ?
    Ce que ce mec a écrit est impardonnable pour un africain surtout de la région dont il vient:
    Citation:
    C'était la langue de l'administration. C'était la langue de ceux qui avaient fait quelques études.
    Ah bah voilà l'explication!
    Citation:
    toutes les langues africaines que je connais sont des langues orales.
    Même le lingala est écrit. Foutaises, foutaises, foutaises. Confused Et si ce qu'il dit avait été vrai, j'y verrais plutôt un prétexte pour innover en écrivant dans sa langue enfin.
    Citation:
    Dès lors, le français devient une langue qui fédère. Les colonisés peuvent l'utiliser contre le colonisateur et voir ce qui se passe chez leurs frères. C'est un pont pour découvrir l'autre monde. Certains disent qu'il faut l'abandonner parce que c'est une langue de colonisation, mais sans le français je n'aurais jamais compris Boubacar Boris Diop. Il va parler wolof et moi je vais parler lingala. S'il écrit en wolof, ce qui est le cas pour son dernier roman, je ne peux pas le lire, je ne comprends pas son univers. On peut même comploter contre la France en utilisant la langue française.
    Il ignore peut-être deux choses:
    -Il peut apprendre le wolof, comme il a appris le français ou serait prêt à apprendre l'anglais, l'espagnol ou l'allemand par exemple. Sauf blocage idéologique/psychologique (encore une fois, voir "le nègre et le langage", dans "peau noire masques blancs"). Je ne vois pas ce qui l'en empêcherait.
    -Il semble ignorer le sens du mot "traduction". Je ne vois pas ce qui empêcherait de traduire l'oeuvre de B. B. Diop du wolof au lingala, sérieusement ou au français si c'est plus facile pour notre ami. Ca représente encore un secteur d'activité qui pourrait apporter énormément s'il venait à être développé, au lieu de nourrir la francophonie, comme si la question n'était qu'idéologique.
    Citation:
    J'estime que cette langue nous appartient. Elle appartient à tout le monde. L'écrivain, dès qu'il a une langue, c'est quelque chose qui lui appartient, qui est désormais en lui. Il ne se pose même pas la question d'écrire en français.
    N'importe-quoi. Il aurait dû prendre des cours de psycho-linguistique puisqu'il ne semble pas disposer du bon sens élémentaire. Ils lui diraient que le rapport à la langue est forcément un rapport psychologique, puis social. Il n'y a pas de rapport neutre à la langue, et dans son cas c'est lui qui appartient à la sphère culturelle française et pas le français qui lui appartient. La seule manière de dominer une langue c'est de la reléguer à des tâches d'importance moindre.
    Citation:
    'étais fasciné par la poésie française : Lamartine, Musset, Baudelaire.
    On pourrait côtiser pour lui offir ""Littérature traditionnelle des Mbochi"" par exemple, qu'il découvre qu'à quelques pas de "chez lui" il avait mieux que ce qu'il croit avoir trouvé ailleurs.
    Citation:
    Ce roman parle aussi de la nostalgie, de l'exil. Moi aussi, j'ai dû partir. Je ne pouvais pas retourner au Congo-Brazzaville, à cause de la guerre civile… Et, si vous vivez en France, vous êtes automatiquement considéré comme un opposant.
    N'importe-quoi. Opposant à qui? A Sassou? Mais... Sassou aussi vient en france, très souvent. Il est opposant aussi? A qui? Je n'ai jamais observé ça...
    Citation:
    A l'école, on me fouettait parce que je n'arrivais pas à bien faire la dictée de L'Enfant noir. Si on avait fait cinq fautes, on avait cinq coups de chicote.
    Quelque part je le comprends. après avoir tant lutté pour devenir francophile, pourquoi ferait-il marche-arrière.
    Citation:

    Il y a une espèce d'allégeance.
    Voilà un aveu très lourd, qui éclaire sur les ineptie qui suivent:
    Citation:
    De fait, le lectorat de l'écrivain africain est à 99 % européen. Ce n'est pas uniquement dû au fait que le livre est cher. En Afrique, nous avons des centres culturels.
    Oui, mais dans ces centres culturels... où
    Citation:
    il faut une culture de la lecture.
    Autrement dit, ces centres culturels ne développent pas la "culture de la lecture" (qui n'existe pas), mais il faut déjà l'avoir ou avoir fait quelques études, en français évidemment! Bref, ce sont des centres culturels qui ne transmettent la culture européenne qu'à ceux qui l'ont déjà.
    Il faudra penser à les faire démolir pour les remplacer par des vrais.
    Citation:
    Parfois, c'est parce que l'Européen a lu et apprécié que l'Africain va lire tel ou tel ouvrage.
    Forcément, s'il a la même mentalité d'allégeance...
    Citation:
    Si un livre africain a du succès, c'est souvent parce que cela correspond à ce que l'Europe attend d'un auteur africain.
    Un autre aveu très très très lourd pour lui et pour toute la bande.
    Citation:
    Oui, on aimerait avoir davantage de lecteurs en Afrique. Mais l'avantage, en Afrique, c'est qu'un exemplaire est lu par au moins dix personnes.
    Hé bien s'il commençait par écrire pour les africains, ils liraient peut-être plus ses ouvrages?
    Citation:
    . Il faut que la littérature africaine devienne majeure. Qu'elle arrête de larmoyer.
    Se rend-il compte que... c'est lui cette littérature africaine dont il parle?
    Citation:

    L'acte d'écrire est un exercice solitaire. Est-il accepté en Afrique ?
    La vie africaine est par essence une vie un peu étouffée par le côté communautaire.
    Aller aux toilettes, rêver, etc... aussi "est solitaire", est-ce accepté en Afrique?
    C'est d'ailleurs faux, complètement faux. Comment font ceux qui composent les textes qui forment la littérature africaine, la vraie? Et même ceux qu'il appelle "oraux"? On utilise aussi un cerveau pour 10 en Afrique?
    On se demande aussi s'il ignore ce qu'on appelle ouvrage collectif, ou encore s'il sait qu'un écrit est toujours plus ou moins collectif:
    un roman s'inspire de la société et est lu, corrigé, revu en concertation, un texte administratif est concerté, un ouvrage scientifique se fait en référence à des auteurs et s'inscrit dans un débat, uns discussion. Or, sauf à vouloir discuter seul ou se croire le centre de tout...
    Le seul moment où l'auteur est seul réellement c'est quand il tape (ou fait taper) tout ce qu'il a tiré des apports collectifs.
    Sauf à croire que les africains -on se demande lesquels- voudraient tous taper à son texte avec lui... je ne comprends pas ce qu'il veut dire
    Citation:
    L'individu est gommé dans la société, même si cela commence à changer.
    Rolling Eyes M. regrette que la société place l'individu au-dessus de tout et réciproquement. Très intéressant, je suis sûr que quand il entend les européens se plaindre de l'individualisme de leur société, il doit aussi acquiescer.
    Citation:
    L'acte d'écrire est par essence un acte égoïste, puisqu'il faut se retirer pour réfléchir.
    Confused Ben oui... moralité les africains n'écrivent pas (ce qui est faux) parce-qu'ils ne réfléchissent pas.
    Citation:
    On ne peut pas se le permettre dans un continent où les gens viennent à tout instant chez vous.
    ...pitin Rolling Eyes
    Citation:
    Donc, ça paralyse la création. Si vous vous retirez, on va dire que vous êtes malade, misanthrope, asocial.
    Ou bien que vous êtes occupé. Confused
    Citation:
    L'écrivain africain qui vit dans le continent suscite la méfiance
    Ben oui s'il écrit ce genre de conneries sur les africains tout le monde doit se demander ce qui ne va pas.
    Citation:
    Les écrivains de là-bas vivent dans une sorte d'exil intérieur.
    traduction "je vivrais un exil intérieur en vivant en Afrique et en écrivant pour les africains, parce-que ces gens me sont devenus si mystérieux avec leur continent si bizarre où les gens ne réfléchissent pas".
    Ca ressemble à peu près à Hume et Hegel. Bref, ces bounties ne sortent pas de leurs contradictions et ce qui me réconforte c'est que de plus en plus de gens s'en rendent compte et s'en démarquent.
    _________________
    ----«Le Jeune Africain Moderne sera armé de savoirs, pas de fusils importés.»
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    Hannibal
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    MessagePosté le: Dim 19 Mar 2006 11:25    Sujet du message: Répondre en citant

    Muana Kongo,

    Salut, Frère,

    J'ai beaucoup apprécié ta réplique exemplaire à ce porte parole des mendiants de la reconnaissance française. Ca me rappelle les disputes Camara Laye / Mongo Beti ou Senghor / Diop. Les premiers quémandaient la reconnaissance française alors que les seconds remplissaient leur mission historique vis-à-vis de leur Peuple. C'est curieux que les lignes de front au bout de 50 ans restent toujours les mêmes.

    La Francophonie pour moi ne veut dire qu'une chose : impérialisme culturel.

    Ce qui me révolte le plus c'est que ces romanciers se prennent pour des linguistes pour faire état des langues africaines.

    Mambankou oublie qu'une bonne partie de nos Frères "ordinaires" de la RDC font leurs échanges épistolaires en Lingala. Que les linguistes congolais de brazzaville dont OBENGA ont abattu des travaux énormes pour faire la promotion des langues, des littératures... bantu et que ce sont les moyens politiques qui n'ont pas suivi. Il oublie que dès 1960 le président Nyerere "le Mwalimu" de la Tanzanie avait décidé de faire du Swaïli langue officielle et que le monde entier avait crié au scandale pour un pays fraîchement décolonisé surtout l'Angleterre. Aujourd'hui, le Swaïli est parlé en Afrique de l'Est par des nombreux pays au titre de langues officielles. Le Haoussa aussi est une langue internationale....

    En fait, ces quémandeurs de reconnaissance française dans leur désir de ressembler au Maître ne font que véhiculer les clichés négatifs sur l'Afrique.

    Mambankou véhicule des bétises telle une véritable crapule. J'ai une seule image de mon Père en Afrique qui n'est plus de ce monde, c'est un type assis sous sa véranda durant des heures entrain de lire. Jamais on l'avait traité d'un Homme asocial. Au contraire, il recevait énormément du monde et tenait salon des heures entières sur les sujets de société.

    Dans ce lot, je n'oublie pas de rendre hommage à Boubacar Boris Diop.

    Panafricainement,

    Hannibal
    _________________
    « C’est la Voix des sans-voix pour dénoncer ceux qui se croient au-dessus de la Loi. Et qui se prennent pour le Roi des Rois. Les Martyrs sont morts pour la Résistance. Ils ont payé très cher pour notre Indépendance. Ce Chant pour leur exprimer notre reconnaissance. Oui, ce cri d’alarme pour nous révolter. » : Méway
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    ARDIN
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    MessagePosté le: Dim 19 Mar 2006 13:21    Sujet du message: Répondre en citant

    Hannibal a écrit:
    Dans ce lot, je n'oublie pas de rendre hommage à Boubacar Boris Diop.

    Pourquoi?
    _________________
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    l'Hommage a Aime Cesaire sur PER-ANKH

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    Hannibal
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    MessagePosté le: Dim 19 Mar 2006 13:33    Sujet du message: Répondre en citant

    ARDIN a écrit:
    Hannibal a écrit:
    Dans ce lot, je n'oublie pas de rendre hommage à Boubacar Boris Diop.

    Pourquoi?


    Ne serait-ce que parce qu'il écrit en Wolof dans ce monde où tout le monde rêve de dépasser Molière !

    Au fait, quelque chose m'échapperait à son sujet ?
    Je veux bien être informé si c'est le cas.

    Hannibal
    _________________
    « C’est la Voix des sans-voix pour dénoncer ceux qui se croient au-dessus de la Loi. Et qui se prennent pour le Roi des Rois. Les Martyrs sont morts pour la Résistance. Ils ont payé très cher pour notre Indépendance. Ce Chant pour leur exprimer notre reconnaissance. Oui, ce cri d’alarme pour nous révolter. » : Méway
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    ARDIN
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    MessagePosté le: Dim 19 Mar 2006 14:03    Sujet du message: Répondre en citant

    Hannibal a écrit:
    ARDIN a écrit:
    Hannibal a écrit:
    Dans ce lot, je n'oublie pas de rendre hommage à Boubacar Boris Diop.

    Pourquoi?


    Ne serait-ce que parce qu'il écrit en Wolof dans ce monde où tout le monde rêve de dépasser Molière !

    Au fait, quelque chose m'échapperait à son sujet ?
    Je veux bien être informé si c'est le cas.

    Hannibal

    Quand T. Obenga parle de ceux qui font des compromis, notre ami n'echappe pas a cette critique, mais je te donnerai du materiel objectif plus tard.
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    Hannibal
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    MessagePosté le: Dim 19 Mar 2006 14:55    Sujet du message: Répondre en citant

    ARDIN a écrit:
    Hannibal a écrit:
    ARDIN a écrit:
    Hannibal a écrit:
    Dans ce lot, je n'oublie pas de rendre hommage à Boubacar Boris Diop.

    Pourquoi?


    Ne serait-ce que parce qu'il écrit en Wolof dans ce monde où tout le monde rêve de dépasser Molière !

    Au fait, quelque chose m'échapperait à son sujet ?
    Je veux bien être informé si c'est le cas.

    Hannibal

    Quand T. Obenga parle de ceux qui font des compromis, notre ami n'echappe pas a cette critique, mais je te donnerai du materiel objectif plus tard.


    Comme quoi, mon Frère, on n'est complètement informé.
    Même en privé, n'hésite pas de me balacer l'info.

    Panafricainement,

    Hannibal
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    Chabine
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    MessagePosté le: Dim 19 Mar 2006 15:54    Sujet du message: Répondre en citant

    Hannibal a écrit:
    ARDIN a écrit:
    Hannibal a écrit:
    ARDIN a écrit:
    Hannibal a écrit:
    Dans ce lot, je n'oublie pas de rendre hommage à Boubacar Boris Diop.

    Pourquoi?


    Ne serait-ce que parce qu'il écrit en Wolof dans ce monde où tout le monde rêve de dépasser Molière !

    Au fait, quelque chose m'échapperait à son sujet ?
    Je veux bien être informé si c'est le cas.

    Hannibal

    Quand T. Obenga parle de ceux qui font des compromis, notre ami n'echappe pas a cette critique, mais je te donnerai du materiel objectif plus tard.


    Comme quoi, mon Frère, on n'est complètement informé.
    Même en privé, n'hésite pas de me balacer l'info.

    Panafricainement,

    Hannibal


    OBENGA qui, c'est bien connu, n'a jamais fait de compromis de sa vie (il a été ministre de quel gouvernement, déjà, rappelez-moi... Rolling Eyes )

    C'est celà que je n'aime pas avec les mises à l'index hâtives, comme celle de Mabanckou, bouc émissaire de ce topic... On réduit l'oeuvre/la pensée/le positionnement d'un individu, quel qu'il soit, à l'angle d'attaque qu'on souhaite adopter pour SES PROPRES OBJECTIFS, et allons-y, on sort la mitrailleuse. C'est ce que j'appelle le dégré O de la pensée : ne pas être capables de distinguer ce qui peut faire avancer les débats de ce qui le plombe (le plus bel exemple sur ce topic étant Raphaël CONFIANT). Faire des effets de manche en réduisant la pensée de tel ou tel écrivain à quelques détails, comme le simple fait que Mabanckou vive aux USA. Je pense que vos démonstrations, par ailleurs tout à fait justifiées, sur la place des langues africaines en littérature, auraient LARGEMENT pu se passer de ces mises à l'index. Je déteste le manichéisme ambiant, qui semble gangréner le moindre espace d'expression. "Si tu n'es pas avec moi (du moins, si JE considère que tu n'es pas avec moi) tu es contre moi"... quand allons-nous sortir de ce système BINAIRE et réducteur ? Shocked


    Sinon, question à 1000 CFA, pour tous ceux qui fustigent les partisans de l' "europhonie triomphante" et qui plaident pour une renaissance des langues africaines sous une forme écrite de préférence, une question : quelqu'un peut-il m'expliquer pourquoi, si l'écrit est tellement supérieur à toute autre forme de transmission culturelle, les sociétés Africaines, pourtant riches et anciennes, semblent avoir privilégié l'oralité ? L'écrit est-il si supérieur à l'oralité qu'il doive devenir l'étalon de l'avancée culturelle d'une civilisation donnée ? Les "recitatifs bantous", dont je découvre l'existence grâce à CONFIANT (les experts de service peuvent m'en apprendre davantage, quitte à m'asséner leurs leçons, puisque fustiger l'ignorance d'autrui semble avoir des vertus laxatives avérées... Twisted Evil ), existaient-ils sous une forme écrite, où étaient-ils transmis et récités de génération en génération ?

    Une civilisation progresse-t-elle vraiment lorsque son expression artistique est figée dans un ensemble de pages reliées ? N'y-a-t-il donc aucune vitalité dans les cultures qui impliquent tous les individus du groupe dans le processus de transmission de son génie propre ?

    Bref : l'écrit est-il la seule voie ?

    PS : Soundjata, le texte de DIOP que tu as posté soulève pas mal de questions intéressantes, bien qu'il soit daté. J'y reviendrai avec plus de temps, car ces questions ne sont, me semble-t-il, pas les mêmes de chaque côté de "la flaque" (l'Atlantique, selon les Latinos, traduction libre de ma petite initiative Smile )
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    "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
    Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
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    MessagePosté le: Dim 19 Mar 2006 16:17    Sujet du message: Répondre en citant

    le blog d'Alain Mabanckou :

    http://www.congopage.com/amabanckou_blog.php3



    son dernier texte parle de Boubacar Diop Cool








    Hannibal a écrit:
    ARDIN a écrit:
    Hannibal a écrit:
    ARDIN a écrit:
    Hannibal a écrit:
    Dans ce lot, je n'oublie pas de rendre hommage à Boubacar Boris Diop.

    Pourquoi?


    Ne serait-ce que parce qu'il écrit en Wolof dans ce monde où tout le monde rêve de dépasser Molière !

    Au fait, quelque chose m'échapperait à son sujet ?
    Je veux bien être informé si c'est le cas.

    Hannibal

    Quand T. Obenga parle de ceux qui font des compromis, notre ami n'echappe pas a cette critique, mais je te donnerai du materiel objectif plus tard.


    Comme quoi, mon Frère, on n'est complètement informé.
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    MessagePosté le: Dim 19 Mar 2006 16:32    Sujet du message: Répondre en citant

    anse a écrit:
    le blog d'Alain Mabanckou :

    http://www.congopage.com/amabanckou_blog.php3

    son dernier texte parle de Boubacar Diop Cool


    Tiens, je ne suis pas la seule à fréquenter le blog de cet écrivain "bounty nouvellement adoubé"... Rolling Eyes

    Il rend également hommage à Sonny Labou Tansi et à Camara Laye, et Achille Mbembe (encore un bounty, lui aussi ?) est invité permanent sur son blog.

    Autre article, où le "bounty" Mabanckou se penche sur l'évolution de la chanson en lingala, tiens donc... Confused
    http://www.congopage.com/article.php3?id_article=2648
    Pas mal pour un "aliéné-valet de ses maîtres impérialistes occidentaux"... Rolling Eyes
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    ARDIN
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    MessagePosté le: Dim 19 Mar 2006 17:21    Sujet du message: Répondre en citant

    Chabine a écrit:
    OBENGA qui, c'est bien connu, n'a jamais fait de compromis de sa vie (il a été ministre de quel gouvernement, déjà, rappelez-moi... Rolling Eyes )

    Chabine, au moment ou je redige ce post, je suis en compagnie de Joseph-Bitala-Bitemo, un journaliste Congolais que Theophile Obenga a nomme directeur general de la Radio Television Congolaise au temps ou il fut ministre de la communication dans le premier gouvernement de Pascal Lissouba
    Ce journaliste, que beaucoup de Congolais connaissent reside maintenant en Grande Bretagne, ou il va bientot lancer un journal. Je vais donc profiter de sa visite pour l'interroger sur pas mal de questions, notamment sur les deux fois ou il fut ministre.
    Pour le reste de ton post, j'y reviendrai plus, j'en ai fini de ma journee sur grioo aujourd'hui. Il faut que je m'occupe de mon invite.
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    Hannibal
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    MessagePosté le: Dim 19 Mar 2006 17:41    Sujet du message: Répondre en citant

    Chabine a écrit:
    Hannibal a écrit:
    ARDIN a écrit:
    Hannibal a écrit:
    ARDIN a écrit:
    Hannibal a écrit:
    Dans ce lot, je n'oublie pas de rendre hommage à Boubacar Boris Diop.

    Pourquoi?


    Ne serait-ce que parce qu'il écrit en Wolof dans ce monde où tout le monde rêve de dépasser Molière !

    Au fait, quelque chose m'échapperait à son sujet ?
    Je veux bien être informé si c'est le cas.

    Hannibal

    Quand T. Obenga parle de ceux qui font des compromis, notre ami n'echappe pas a cette critique, mais je te donnerai du materiel objectif plus tard.


    Comme quoi, mon Frère, on n'est complètement informé.
    Même en privé, n'hésite pas de me balacer l'info.

    Panafricainement,

    Hannibal


    OBENGA qui, c'est bien connu, n'a jamais fait de compromis de sa vie (il a été ministre de quel gouvernement, déjà, rappelez-moi... Rolling Eyes )

    C'est celà que je n'aime pas avec les mises à l'index hâtives, comme celle de Mabanckou, bouc émissaire de ce topic... On réduit l'oeuvre/la pensée/le positionnement d'un individu, quel qu'il soit, à l'angle d'attaque qu'on souhaite adopter pour SES PROPRES OBJECTIFS, et allons-y, on sort la mitrailleuse. C'est ce que j'appelle le dégré O de la pensée : ne pas être capables de distinguer ce qui peut faire avancer les débats de ce qui le plombe (le plus bel exemple sur ce topic étant Raphaël CONFIANT). Faire des effets de manche en réduisant la pensée de tel ou tel écrivain à quelques détails, comme le simple fait que Mabanckou vive aux USA. Je pense que vos démonstrations, par ailleurs tout à fait justifiées, sur la place des langues africaines en littérature, auraient LARGEMENT pu se passer de ces mises à l'index. Je déteste le manichéisme ambiant, qui semble gangréner le moindre espace d'expression. "Si tu n'es pas avec moi (du moins, si JE considère que tu n'es pas avec moi) tu es contre moi"... quand allons-nous sortir de ce système BINAIRE et réducteur ? Shocked


    Salut la Soeur,

    On peut débattre sans se lancer des petits mots déplaisants, je ne me le permettrais pas à ton égard.
    Je te laisse la responsabilité de cette ridicule expression que tu appelles par "le degré O de la pensée".

    Je peux en effet débattre avec toi pendant 365 jours des implications politiques d'OBENGA que tu ne connais pas.

    En effet, OBENGA a été ministre des affaires étrangères pendant au moins 3 ans de Marien Ngouabi de 1974 à 1977. Personne au Congo ne peut reprocher à cet Homme d'avoir dilapidé les fonds de l'Etat. Comme dans tout pays, OBENGA a été plus un intellectuel que Politique parmi les politiques congolais. Il n'a jamais fait partie du parti unique congolais tendance marxiste/leniniste.

    Grâce à lui, en tant que ministre des affaires étrangères, le Congo avait servi de base arrière au mouvement de libération nationale de l'Angola qui se battait contre les Colons Portugais ; les dirigeants actuels de l'Angola avaient pour la plupart des passport congolais ; grâce à OBENGA le Congo avait constitué un fond pour les enfants de la Namibie et de la Swapo en lutte contre l'Apartheid en Afrique du Sud, tous congolais (moi j'y ai participé) avait obligation dès la rentrée scolaire d'apporter un stylo, un cahier... pour aider nos frères d'Afrique du Sud en lutte ; il avait imposé un programme chaque midi à la radio nationale pour rendre compte de l'évolution de la lutte en Af. du Sud et de ce fait le Congo était considéré comme un pays de la zone front d'ailleurs Mandela nous le rendra bien car le Congo était le premier pays de l'Afrique centrale qu'il viendra visiter dans sa première tournée...

    En tant que membre du gouvernement, sans être ministre de l'enseignement, c'est grâce à lui que le Congo avait eu son premier laboratoire d'anthropologie qui avait permis à des centaines de frères venant du Gabon, RCA, ZAIRE... de venir faire leur travaux, mais la guerre civile est passée par là et ce laboratoire a été saccagé ; Toujours en tant que ministre, il avait incité les Chefs d'Etat a créé le CICIBA (CEntre International des Civilisations Bantou) qu'il a dirigé pendant quelques années. Ce centre rassemblait de par le monde par moins de 100 chercheurs et les travaux les plus importants publiés par le CICIBA ont été faits sous OBENGA et depuis son départ, on sait ce qu'il en est aujourd'hui. D'ailleurs, il a démissionnné de ce centre car BONGO voulait en faire un lieu de sa sacralisation en tant que grand Chef Téké de l'Afrique centrale.

    Dans les années 1990 alors que les pays africains se structurent dans les partis politiques dits ethniques, OBENGA originiare du Nord comme Sassou Nguesso du Congo, choisit d'aller avec LISSOUBA originaire du Sud du Congo à la seule condition que LISSOUBA donne une orientation panafricaine à son parti. C'est ainsi que le parti de LISSOUBA s'appelera UPADS (Union Panafricaine pour la Démocratie Sociale), mais très vite Lissouba à l'exercice du pouvoir oubliera ses promesses et OBENGA a quitté le navire.

    Si chaque ministre africain avait le quart du bilan d'OBENGA en en sera pas là aujourd'hui ma Soeur.

    Fais GOOGLE et tapes Biographie d'OBENGA, les contributions purement scientiques d'OBENGA sur les civilisations Bantou (langue, histoire, philosophie....), sur l'Egyptologie en dehors de son implication politique d'ailleurs sporadique sont simplement incalculables et à mon avis il faut 5 vies pour réaliser tout ça. Et sur le plan strictement intellectuel ce bonhomme, à la manière de son maître DIOP, n'a jamais fait de compromis.

    Chabine, quand tu parles de CONGOPAGE, sais-tu que je fais partie des modérateurs des Grands Débats ?
    Je connais donc particulièrement le Blog dont tu parles et auquel je ne participe quasiment pas. L'éloge des chansons en Lingala dont tu parles, il faut se méfier surtout quand on ne connait pas les subtilités des choses. Si ce sont les KOFFI OLOMIDE qui sont les vecteurs des anti-valeurs que l'on encense dans ces espaces, je te dis merci car il y a mieux en Afrique centrale, moins connus certes mais qui font dans la qualité.

    Panafricainement,

    Hannibal
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    Hannibal
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    MessagePosté le: Dim 19 Mar 2006 18:14    Sujet du message: Répondre en citant

    Citation:
    ce fait le Congo était considéré comme un pays de la zone front


    Lire plutôt :
    Citation:
    pays de la ligne de Front

    _________________
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    GUIDILOU
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    MessagePosté le: Dim 19 Mar 2006 20:11    Sujet du message: Répondre en citant

    Pour les langues africaines voir http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?t=6051
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    "Le savoir non digéré par la pensée est vain et la pensée non étayée par le savoir est dangereuse. "(Confucius)

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    Muana Kongo
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    MessagePosté le: Dim 19 Mar 2006 22:31    Sujet du message: Répondre en citant

    Citation:
    Faire des effets de manche en réduisant la pensée de tel ou tel écrivain à quelques détails, comme le simple fait que Mabanckou vive aux USA.
    Je pense ne pas avoir prêté attention à ce genre de détails mais répondu sur le fond: son discours dans cet article est un rassemblement d'une incroyable quantité de préjugés et ce qui est plus grave encore c'est qu'il a vécu un certain temps au Kongo dia Mfoa (Rep congo) sans rien y connaitre. On croirait lire un leuco en safari.
    Citation:
    quelqu'un peut-il m'expliquer pourquoi, si l'écrit est tellement supérieur à toute autre forme de transmission culturelle, les sociétés Africaines, pourtant riches et anciennes, semblent avoir privilégié l'oralité ?
    L'écrit n'est en rien supérieur à quoi que ce soit ni inférieur. Mais il ne faut pas croire non plus au mythe de l'oralité qui voudrait qu'elle fut la seule ou la principale voie d'expression.
    C'est faux. L'écrit a son utilité dans les domaines de l'enseignement, de la vie publique etc.
    L'oralité pure est une invention, en Afrique il n'y a jamais eu un moment où l'on transmettait quelque chose sans support graphique/visuel. Et je te rappelle que ce sont des nègres de ce continent qui ont inventé non seulement les plus anciennes formes d'expression graphiques mais aussi les plus récentes et les seules appropriées à nos langues.
    Certes, nos ancêtres ont su faire la part des choses et ne pas tomber dans le fétichisme de la lettre. Mais ce n'est pas non plus ce que nous voulons. En passant, c'est la personne que tu défends qui présente l'écriture comme une sorte de substance échappant aux africains.
    Citation:
    L'écrit est-il si supérieur à l'oralité qu'il doive devenir l'étalon de l'avancée culturelle d'une civilisation donnée ?
    ... demande ça à la personne que tu défends une fois de plus. L'écrit est un outil indissociable de ce que je connais des cultures africaines. Ce n'est pas parce-que des leucos et des bounties confinent tous dans la case "art primitif" ou "oralité" qu'on doit tout voir à travers leurs yeux.
    Mais pour être clair, je ne vois pas où se situe le problème: la question de l'oralité et sa supériorité ou non sur l'écrit n'a de sens que du point de vue d'une société sans écriture, ni expression graphique et j'ai beau chercher, je n'en connais pas.
    Citation:
    Les "recitatifs bantous", dont je découvre l'existence grâce à CONFIANT (les experts de service peuvent m'en apprendre davantage, quitte à m'asséner leurs leçons, puisque fustiger l'ignorance d'autrui semble avoir des vertus laxatives avérées... ), existaient-ils sous une forme écrite, où étaient-ils transmis et récités de génération en génération ?
    Je vais parler de chez moi puisque c'est l'endroit que je connais le mieux. La réponse est oui, 3 fois:
    1-les textes pouvaient être gravés sur des supports divers. Dans le cas des contes, histoires etc... on les inscrivait le plus souvent par le biais d'une écriture très proche des hiéroglyphes. Pour t'en convaincre va dans un musée genre le musée royal de belgique, et visite la partie sur le royaume Kongo. Particulièrement la partie classée "objets divers et objets d'art". Tu peux aussi te payer un voyage inoubliable à Mbanza Kongo, si ça tombe sur une période où j'y suis, je me ferai un plaisir de te faire visiter les coins de l'espace Kongo que je connais et te montrer les gens qui s'en servent encore de nos jours.

    Pour écrire ces textes on avait une série de signes "idéographiques" qui servaient à représenter les thèmes à énoncer (cette forme d'écriture est faite principalement pour servir de support à l'énonciation orale).

    2- Il y avait aussi une forme dédiée aux écrits destinés à la consultation principalement (archives historiques etc...) Par exemple, le musée de Rotterdam devrait encore posséder les archives de l'histoire Kongo récupérées sous Mvemba Nzinga après la déstitution de Mpanzu a Lumbu par le portugal.

    3- il y avait les couvercles à proverbes, etc... Même l'initiation des femmes principalement était faite par écrit via l'inscription de proverbes ou de règles sociales ou autre sur l'ensemble des outils qu'elles utilisaient durant l'initiation. Il y a eu aussi des formes adaptées (Kiduma, 1921) et plusieurs formes dérivées de l'écriture Kongo comme celle des vili (utilisée au moins jusqu'au XIXè), du Kongo dia Luangu, etc...

    Bref, j'ai été super-court parce-que j'ai la flemme et que le ton n'encourage pas particulièrement à développer plus. Mais l'essentiel, c'est que l'oralité c'est de la foutaise qui dérive directement du fétichisme des européens qui considèrent l'alphabet comme "l'aboutissement de la l'écriture" et voudraient bien qu'il soit la marque du sur-développement intellectuel. Du coup tout ce qui n'est pas alphabet ou n'entre pas dans les catégories "conventionnelles" est refoulé au rang d'art premier, pire, de "dessins rupestres".

    Citation:
    Une civilisation progresse-t-elle vraiment lorsque son expression artistique est figée dans un ensemble de pages reliées ? N'y-a-t-il donc aucune vitalité dans les cultures qui impliquent tous les individus du groupe dans le processus de transmission de son génie propre ?
    Je ne comprends pas bien ce que tu veux dire mais c'est un peu ce que dit notre ami dans cet article quand il compare une société africaine qui ne réfléchirait pas assez pour écrire du fait de son collectivisme, à une société occidentale qui serait à même d'écrire ou lire parce-qu'individualiste.
    Je disais précisément que lier comme il le fait -et comme tu sembles le faire- la pratique écrite à l'occident et son individualisme et l'oralité à l'Afrique collectiviste, c'est trop léger.
    Demande à beaucoup sur ce forum qui ont déjà assisté à des fiançailles -peut-être les leurs- comment ça se passe en général:
    on (le chef de famille du prétendant en concertation avec le reste de la famille) écrit à la famille de la courtisée (via son chef de famille). Cette dernière lit et analyse, puis délibère et répond fixant les conditions de la rencontre des deux familles et la part de dépenses de la famille du prétendant pour la rencontre ainsi que la liste des symboles à apporter comme preuve d'acceptation du contrat moral passé entre les deux familles et entre le prétendant et sa courtisée.
    Comme tu le vois -et ton ami sauf à avoir épousé une blanche, à avoir été fils unique et sans amis toute sa vie en Afrique durant le sait- l'écriture n'a rien d'un acte "égoïste" etc... etc... C'est une conception purement occidentale et illusoire visant peut-être à mieux se faire passer la pilule sur la tare sociale que représente l'individualisme exacerbé de cette socitété.
    Bref, ce qui est réellement à discuter ce n'est pas de savoir si l'écriture en soi est "la seule voie", franchement, je ne connais pas une société qui n'ait ou n'ait eu sa forme d'écriture/d'expression graphique.
    La vraie question c'est de savoir s'il n'y a qu'une manière de penser l'activité/l'acte d'écrire et toutes les pratiques d'écriture africaines prouvent que non. L'écriture n'est pas supposée être "figée" (je te recommande de découvrir Mandombe par ex. pr une illustration actuelle), ni "égoïste" ni individuelle.
    Tout bêtement parce-que nous concevons la personne comme un être social, membre d'un groupe social et en interaction permanence ensemble. Il y a de l'autre côté l'occident qui s'imagine depuis des lustres que l'homme est solitaire, que l'individu, cette illusion est la valeur absolue.
    Il n'y a pas d'individu au sens d'un être isolé et indépendant de son environnement, parce-que tous autant que nous sommes interagissons en permanence avec ceux qui nous entourent mais aussi ceux qui nous ont précédé: lorsque l'on cite une personne, c'est sa pensée, elle-même produit de l'analyse portée sur des contextes et des idées émises avant elle et ainsi de suite, donc même isolé dans nos pensées nous sommes toujours en collectivité.
    Mais il y a des illusions de solitude, traits de l'occident primitif qui ne s'effaceront pas d'eux-mêmes. Et c'est le genre de choses qu'un enfant muntu doit savoir dès le bas-âge, raison de ma sévérité avec notre ami.
    Toi, je ne te reprocherais pas de ne pas avoir ces acquis puisque dans ton contexte tu es exposée dès le bas-âge à un modèle différent.
    Lui en revanche n'a pas d'excuse pour être aussi ignorant du berceau qui l'a vu naitre et grandir et pour le mépriser autant, voilà tout.
    Citation:
    Obenga
    Comme personnalité politique, il a été à la hauteur de ses idéaux et du panafricanisme. C'est un type consistant pas seulement intellectuellement mais dans les faits c'est un vrai Muntu, pas un homme de paille ou un opportuniste. Hannibal l'a très bien montré.

    A+
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    MessagePosté le: Dim 19 Mar 2006 23:37    Sujet du message: Répondre en citant

    MBoté ,

    Les posts de Grioo ont le merite de nous faire reflechir sur tous nos acquis aussi bien linguistiques , politiques , culturels ect... Nous sommes tjrs obligés de nous réactualiser, c'est admirable !
    Je félicite de ce pas sans hésiter tous ceux qui participent à ce forum , voyez-moi entrain de vous saluer bien bas ...


    Mon avis sur Mabamckou est , qu'il n'a pas tord en disant qu'il écrit en Francais parceque c'est sa première langue de communaication
    Citation:
    "écrite"
    qu'il a trouvé en place , voilà pkoi il l'utilise pour créer ses bouquins , ainsi donc le Cameroun aurait été colonisé par le Japon qu'il aurait utilisé le Japonais pour communiquer .

    Je suis entièrement d'avis qu'on puisse enseigner une langue comme le francais pour les avantages économiques que cela peut bien rapporter , si donner des cours de francais dans une grande Université aux États-Unis est un peu plus rénumérateur que donner des cours de Swahili , qui pourrait bien lui en vouloir ?

    Ce que je veux dire Arrow c'est que nous pouvons défendre le fait que nous écrivons et parlons en Francais parceque nous n'avons pas eu le choix , vu notre Histoire de colonisé , on peut encore se défendre "d'aimer" le francais et le pratiquer pour les bienfaits économiques qu'elle nous procure , nous pouvons même nous essayer de nous convaincre qu'elle doit être nôtre avec ses variables , ses accents ect... mais là doit ( c'est une opinion bien personnelle ) , je crois, s'arrêter cette "amour de maso" , parceque passer cette ligne , on a d'autres choix que de devenir plus royaliste que le Roi de France lui-même . Parcequ'après tout cette lague demeure celle avec laquelle nous fûmes asservis ...ne pas le réaliser est un problème.

    Comme l'a dit un Grioonaute ( toutes mes excuses le nom m'échappe ! ) , notre rapport à une langue ne peut être neutre , on peut naïvement croire que ca l'est , mais si nous nous asseyons pour y penser un instant , il n'y a pas plus vrai qu'une telle assertion , faire tant de place à une langue , la [b]mettre sur notre tête comme bagage ( expression purement Ivoirienne ) nous rapproche fondamentalement des fondements de la culture Francaise , et par opposition nous éloigne de la nôtre en nous asservissant encore plus [/b] je prends comme comparaison ces religions venues d'ailleurs , les pratiquer sous quelque formes que ce soient (, Catholique , Islam , Franc maconnerie , Rose-croix ect... Laughing Chabine , tu m'as fait un sermont sur la Franc-maconnerie un de ces 4 que je n'ai pas oublié ...et que j'ai cosigné avec peine ! ) est sans qu'on ne le sache le début à notre chute .

    Il n'est absolument pas question de dégré 0 de la réflexion ici , au contraire , nous reflechissons sur les répères linguistiques que nous avons trouvé en place et qu'on nous a légué avec le bout de la baillonnette et qui malheureusement sert à nous confiner dans un certain végétatisme culturel .
    Mabamckou est devenu une référence culturelle et une personnailté publique , et en tant que telle , il peut souffrir un peu qu'on le critique .
    Il n'y a rien de personnel dans toutes ces critiques ...

    Le seul et unique avantage avec le francais , c'est qu'il me permet de communiquer avec les miens , sans avoir à connaître leur langues maternelles , quant au reste , on pourrait s'en passer .
    _________________
    "Always be intolerant to ignorance but understanding of illiteracy (..)in those homely sayings (mother wit) was couched the collective wisdom of generations" I know why the caged bird sings, p99, Maya Angelou
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