grioo.com

[Nkossi]

Interview de M. Kofi Yamgnane

"L’augmentation des Casques bleus en Côte d’Ivoire n’a pas de sens"


Interview - Ancien ministre français sous François Mitterrand, conseiller général, maire et président de «Sursaut Togo», M. Kofi Yamgnane se préoccupe du sort de son pays d’origine, le Togo. Il se prononce également sur la crise ivoirienne, et dénonce la présence massive de forces internationales en Côte d’Ivoire.


M. Kofi Yamgnane, «Sursaut Togo», est-ce un parti politique en gestation ?

«Sursaut Togo» n’est pas un parti politique. C’est une association que je préside et qui a pour but de saisir les juridictions compétentes de plus de quarante plaintes contre les autorités du Togo, à la suite des violences qui ont fait, d’après le rapport du conseil de sécurité de l’ONU, 400 à 500 morts, des dizaines de milliers de réfugiés et causé de nombreuses destructions d’équipements publics et privés, après les élections contestées du 24 mai 2005. Mais nous avons également l’intention de créer un parti politique.

Vous avez été ministre sous Mitterrand, et actuellement conseiller général du Finistère, maire et membre du bureau politique du parti socialiste français. Alors, qu’avez-vous à faire dans la vie politique togolaise ?

Je suis Togolais, même si je n’ai pas mon passeport renouvelé. Je me rends compte que ce pays va mal, les fondamentaux de la démocratie et l’Etat de droit ne sont pas acquis. Je n’ai pas le droit de faire comme si je ne le savais pas. Mon idée, c’est d’apporter toute l’aide dont je suis capable pour sortir mon pays de l’ornière dans laquelle il se trouve, de le sortir du tunnel, de 40 ans d’obscurité dans laquelle l’a mis Eyadema, afin de retrouver la lumière.

M. Kofi Yamgnane a-t-il un jour l’intention de briguer le poste de président de la République du Togo ?

Je ne cherche pas à être président de la République du Togo. Mais si le peuple me demande de telles responsabilités, je ne déroberais pas. Mais ce n’est pas cela que je recherche, même si ce n’est pas exclu non plus.

Avez-vous un projet de société pour le peuple togolais ?

Nous avons un vrai projet de société pour que le Togo rentre dans le processus de la démocratie et de l’Etat de droit d’une part, et d’autre part, le développement économique et social, à savoir fournir de l’énergie électrique à tous les Togolais. Ensuite, on va s’attaquer au problème de la santé, de l’éducation, de la formation des jeunes pour que le Togo aie des cadres qui vont présider aux destinés du pays demain. Nous avons un port qui est rentable, il y a le sous-sol qui est riche en phosphate, en fer, en manganèse, etc.. Il faut revitaliser l’économie togolaise pour faire du Togo ce dont nous avons toujours rêvé : la suisse de l’Afrique. Quand je parle d’infrastructures, ce sont des routes, des chemins de fer qui partent du Togo et qui atteignent le Ghana, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Bénin, etc.. Cela me fait mal de voir que les Africains périssent dans des incendies à Paris, les jeunes africains ne trouvent pas du travail en France et que nos dirigeants ne trouvent des perspectives à offrir à leur jeunesse. Je trouve cela révoltant. Nous habitons le continent le plus riche du monde et nous sommes les populations les plus pauvres du monde. C’est quand même frustrant de voir la jeunesse africaine voyager dans des trains d’atterrissage des avions, marcher à pied dans le Sahara, mourir devant des barbelés de fer, dans des embarcations de fortune comme de la confiture… D’autres balaient les rues de Paris, jouent au football, chantent et dansent… Toute cette matière veut venir en Europe parce que nos pays sont incapables de leur offrir un minimum vital, une bonne perspective d’avenir. C’est cela qu’il faut changer.

Que peut-on faire pour réformer les Institutions pour les rendre plus démocratiques ? Surtout qu’au Togo, on assiste à une véritable dynastie…

C’est la gangrène qui ronge l’Afrique. Et c’est là qu’il faut aller. Il faut que les Africains comprennent qu’ils doivent prendre leurs affaires en mains eux-mêmes.
C’est pourquoi, je trouve que ce que fait le Président ivoirien Gbagbo (Laurent) est un début. Il ne faut attendre et tendre la main et dire on veut ceci, on veut cela. Je dis non ! Nous avons eu des civilisations, des cultures qui sont autant démocratiques que celles de l’Occident. Nous avons eu des grands empires avant l’arrivée des Blancs. C’est tout cela qu’il faut retrouver et être fiers de nos valeurs. Ce que je reproche au président Faure Eyadema, ce n’est pas son incapacité à diriger le pays, mais c’est qu’il ne tire pas sa légitimité du peuple. Il faut mettre fin à toute gabegie populiste et ses méthodes machiavéliques du pouvoir.

L’affaire Youssouf Fofana, est-ce un crime raciste selon vous ?

Non, c’est un crime crapuleux mais pas raciste ni antisémite. J’ai eu le grand rabbin Sitruck au téléphone et je le lui ai expliqué. Fofana est un voyou comme il y’en a plein en France qui voudraient de l’argent facile. Il a rencontré un jeune qu’il pensait qui en avait et cela a mal tourné. Il se trouve que ce garçon est juif ; c’est une malheureuse coïncidence. Ce n’est pas un crime raciste, mais tout le monde se précipite pour faire de la récupération politique. Chirac, Villepin, Fabius et tous les autres se rendent à la synagogue, sous prétexte que c’est un crime antisémite, alors qu’on n’a encore rien prouvé. Je trouve cela scandaleux.

Le fait que la police ivoirienne ait arrêté le suspect Youssouf Fofana et extradé en France, est-ce un début de réchauffement des relations franco-ivoiriennes ? Cela change-t-il l’opinion de la classe politique française sur l’idée d’impunité en Côte d’Ivoire et sur le président Laurent Gbagbo ?

Cela montre que la Côte d’Ivoire est un pays indépendant et un pays de justice. Il y a un criminel qui se réfugie en Côte d’Ivoire, et le président a décidé de l’extrader vers le pays où il a commis le crime. C’est une action louable, parce que la France pensait que la Côte d’Ivoire allait le garder, le protéger, le cacher. Mais cela n’a pas été le cas. Ils se disent finalement que les Ivoiriens sont bien et fréquentables. Hier, toute la classe politique française vomissait le président Gbagbo, mais aujourd’hui on se dit que c’est quelqu’un de bien, qui aime la justice. Tous les médias ont commencé à dire du bien de lui et cela fait chaud au cœur.

Les 4 leaders de la classe politique ivoirienne se sont retrouvés récemment à Yamoussoukro, pour trouver un compromis pour aller à la paix, et Guillaume Soro est venu rejoindre l’équipe gouvernementale. Votre commentaire ?

Quand j’ai appris cette nouvelle, je me suis dit : j’espère que les Togolais vont s’en inspirer, car la Côte d’Ivoire est un modèle dans la sou -région. Je suis ravi pour la paix, car le Togo n’est pas si éloigné et il risque d’être contaminé. J’espère donc que l’unité va se faire entre les Togolais.

Croyez-vous à la tenue des élections présidentielles en Côte d’Ivoire en octobre prochain ?

Les leaders politiques, en faisant les efforts de se retrouver et se concerter, cela va déboucher sur l’union, la paix et l’unification du pays ; et par conséquent sur la tenue des élections présidentielles. Donc je suis optimiste.

L’augmentation des forces de ONU, est-ce une forme déguisée de mettre la Côte d’Ivoire sous tutelle ou est-ce une nécessité ?

Je n’ai jamais compris cela. Augmenter des forces de l’ONU jusqu’à combien et jusqu’à quand ? Est-ce que les forces de l’ONU vont rester campées en Côte d’Ivoire tout le temps ? Il faut les diminuer au lieu de les augmenter. Tout cela n’a pas de sens. On ne va quand même pas recoloniser la Côte d’Ivoire, qui est un Etat indépendant ! Il faut laisser les Ivoiriens régler leurs problèmes, car ce sont eux qui en connaissent les solutions. Je comprends que pendant un laps de temps, on mette une force tampon pour aider à avancer, mais que le séjour de cette force soit de courte durée. Je pense qu’à un moment, mettre la Côte d’Ivoire sous tutelle avait été évoqué. Mais c’était sans compter avec la détermination et la volonté du président Gbagbo. J’étais persuadé que cette tentative de mise sous tutelle de la Côte d’Ivoire allait échouer.

Correspondant à Paris du journal Le Courrier d'Abidjan...
(Jean Molère)

http://www.lecourrierdabidjan.info/page_article.php?id=12161
_________________
La véritable désaliénation du Noir implique une prise de conscience abrupte des réalités économiques et sociales. F. Fanon
L'ignorance est un danger que tout homme doit éviter. S. NKOUA

Visitez le blog de Théo http://kouamouo.ivoire-blog.com/

[Boursine]

Qui est cet honorable monsieur Yamgnane?
Est-ce un togolais, une français? ou alors une un breton, un franco-togolais, un togolo-français? Est-ce un cousin à Dieudonné, c'est à dire "un breton d'après la marée noire"?
N'est-il pas influencé par les propos de Dieudonné?
SALAM
_________________
Vivre l'Afrique, parler d'Afrique dans le monde, parler du monde selon l'Afrique, parler des africains du monde, du monde des africains pour finalement mettre l'Afrique sur un piédestal au firmament et contempler notre terre promise comme un viatique indélébile. Nous reviendrons au terme de nos pérégrinations pour parachever l'oeuvre et murir l'héritage de nos ancêtres.

[Chabine]

[Benny Da B']

Arf...le fameux mythe de l'origine....décidemment personne n'y echappe...

[Pakira]

Woaw,je suis surpris.Honnêtement je pensais que ce type était un sorte de Kelman,je me suis trompé(il faut dire qu'il est plus timide dans la presse française )

Bonne interview.
_________________
"tout nèg a nèg

ki nèg nwè ki nèg klè
ki nèg klè ki nèg nwè
tout nèg a nèg

nèg klè pè nèg nwè
nèg nwè pa lè wè nèg klè
nèg nwè ké wéy klè
senti i sa roune nèg klè
mè nèg klè ké wéy klè a toujou nèg

sa ki fèt pou nèg vin' blang?
blang té gen chivé pli long?
pou senblé yé nou trapé chivé plat kon fil mang!!!
mandé to fanm...!
mè pou kisa blang lé vin' nwè?
ha... savé ki avan vin' blan yé té ja nèg!

a nou mèm ké nou mèm dépi nânni nânnan...
chinwa soti, kouli soti, indyen soti, blang soti
mèm koté nèg soti

avan yé sotil koté y fika
AFRIKA!!!"