Posté le: Mar 28 Mar 2006 09:24 Sujet du message: Le Potentiel et Etat de l'Artisanat et PME en afrique
Relance économique : L’artisanat, un atout pour le cameroun
Etat des lieux d’un secteur négligé à tort, alors qu’il a un potentiel énorme.
Par Landry R. Noutchang *
Dans les prochaines semaines, le Ministère de l’Economie et des Finances (Minefi) engagera une large concertation nationale dans le cadre des Etats Généraux de l’économie. Ces Etats Généraux ont pour objectif d’associer toutes les compétences et les experts intéressés à la définition des grandes orientations et des stratégies d’action à moyen et long termes en matière de politique économique nationale.
C’est dans cette perspective que nous situons notre propos qui doit être considéré comme une démarche participative au grand débat attendu, et une humble contribution aux préconisations qui pourraient être susceptibles de répondre à la problématique de la croissance de notre économie et de la création d’emplois.
En effet, il existe aujourd’hui dans notre pays, un consensus général selon lequel le secteur des Petites Entreprises (PE) et de l’Artisanat est un secteur prépondérant dans notre économie nationale.
S’il est difficile, de manière fiable et cela compte tenu du nombre d’activités informelles et d’absences d’informations statistiques réelles et officielles, de mesurer la part que représente le secteur des PE et de l’Artisanat dans la croissance économique nationale, il est également difficile de nier à l’observation, le grand nombre et l’importance des activités artisanales qui contribue selon les experts pour plus de 30% au PIB et appuie tous les secteurs productifs.
Ces activités emploient une part importante de notre population active au point d’estimer que l’Artisanat est aujourd’hui la première entreprise du Cameroun et constitue donc un levier non négligeable de lutte contre le chômage et la pauvreté.
A ce titre, la prise en compte de l’importance du secteur des PE et de l’Artisanat dans notre économie s’est traduite ces dernières années par une évolution institutionnelle significative marquée par :
- La restauration au sein de l’ex-Ministère du Développement Industriel et Commercial (Mindic) de la Direction des PME, de l’Artisanat et du Secteur Informel (Dpmeasi) par le décret n°98/313 du 09 décembre 1998 portant organisation du Gouvernement ;
- L’institution d’une section Artisanat au sein de la Ccim par le décret n°2001/380 du 27 novembre 2001 portant changement de dénomination et réorganisation de la Chambre de Commerce, d’Industrie et des Mines du Cameroun, aujourd’hui Chambre de Commerce, d’Industrie, des Mines et de l’Artisanat (Ccima) du Cameroun ;
- Et la création d’un Ministère des PME, de l’Economie Sociale et de l’Artisanat par le décret n°2004/320 du 08 décembre 2004 portant organisation du Gouvernement.
Cette reconnaissance de l’Artisanat comme acteur majeur du développement économique et social commande, à l’évidence, l’élaboration et la mise en œuvre d’une véritable politique volontariste de structuration, d’appui et de développement du secteur des PE et de l’Artisanat.
Cependant, qu’entend t-on par secteur de l’Artisanat ? Quelles sont ses caractéristiques ? Quelles réponses pouvons-nous apporter aux besoins du secteur de l’Artisanat ? Quelles perspectives devrions-nous lui définir pour lui permettre un développement harmonieux et une forte contribution à notre croissance économique et à la lutte contre le chômage et la pauvreté ?
Les caractéristiques du secteur de l’Artisanat au Cameroun
Il n’existe à ce jour aucune définition consensuelle et officielle de l’Artisanat, de l’activité artisanale ou encore de l’entreprise artisanale et de l’artisan, pour ne s’en tenir qu’à ces concepts classiques en la matière.
Cependant, et au regard des expériences pratiquées ailleurs en Europe et en Afrique notamment, l’Artisanat s’entend de toute activité d’extraction, de production, de transformation et de prestations de service essentiellement manuelle ou peu mécanisée et exercée à titre principal. Ces activités sont réparties en artisanat de production (confection textile, maroquinerie, menuiserie-bois, ferronnerie, vannerie, poterie, alimentaire,…,), artisanat de service (coiffure, esthétique, cordonnerie, mécanique-auto, électricité, froid-climatisation, métiers du bâtiment, transport terrestre, petite hôtellerie-restauration, bureautique, photographie, micro-finance,…,) et artisanat d’art (sculpture, peinture, bijouterie-joaillerie, art plastique, décoration, design,…,). L’activité artisanale doit être exercée soit directement ou sous la direction d’un artisan, soit dans le cadre d’une entreprise artisanale.
Est considérée comme entreprise artisanale toute unité d’extraction, de production, de transformation ou de prestations de service. L’entreprise artisanale revêt la forme individuelle, coopérative ou de société en nom collectif.
L’entreprise artisanale est dite individuelle lorsque son nombre d’employés et la valeur de ses actifs sont respectivement inférieurs à un chiffre qui reste à déterminer de manière consensuelle et à fixer par l’Etat. N’entrent pas en compte pour l’appréciation du nombre d’employés, les aides familiales, les compagnons et les apprentis.
L’entreprise artisanale est reconnue sous la forme coopérative lorsqu’elle est constituée volontairement de personnes physiques et/ou morales qui mettent en commun certains biens pour réaliser ensemble un objet social déterminé.
L’entreprise artisanale est considérée comme société en nom collectif lorsque les associés composés d’artisans et d’opérateurs économiques, sont tous indéfiniment responsables des dettes sociales. Dans ce cas, 70% au moins du capital doivent être détenus par les artisans.
Est considéré comme artisan tout travailleur autonome ayant les qualifications requises et exerçant pour son propre compte à titre principal, seul ou avec l’aide des membres de sa famille, d’apprentis ou de compagnons, une activité essentiellement manuelle ou peu mécanisée d’extraction, de production, de transformation ou de prestations de service à des fins lucratives.
Demeure en dehors du champ d’application, tout agent économique exerçant l’activité artisanale à titre occasionnel ou accessoire, qui se limite à l’achat et à la vente de produits artisanaux.
Un secteur informel très présent dans l’économie camerounaise…
Le secteur informel est dans son ensemble un secteur d’activités qui regroupe les PE et l’Artisanat, sans que ces activités soient répertoriées de façon exhaustive, ni rattachées à une nomenclature classifiante. Le secteur informel couvre ainsi de nombreuses activités de production, de services et financières. L’ensemble de ces activités recouvre 30 à 40% de l’activité économique. L’emploi y est estimé à près de 75% de la population active.
Mais un secteur qui souffre de lourds handicaps
Les entreprises artisanales et les artisans ont des difficultés cruciales d’accès au crédit pour le financement de leurs investissements. Ils souffrent d’un sous–équipement. Les coûts de production sont mal maîtrisés. Les compétences techniques et en gestion sont limitées. Les marchés sont généralement méconnus, a fortiori les marchés extérieurs presque toujours abordés "spontanément", ce qui rend les résultats commerciaux aléatoires.
Globalement, l’Artisanat souffre d’un manque aigu de structuration et de professionnalisme. L’offre de formation de perfectionnement est pratiquement inexistante. Les artisans, les chefs d’entreprise des PE camerounaises et leurs salariés sont totalement exclus, faute de moyens, du dispositif de protection sociale.
L’environnement du secteur des PE et de l’Artisanat est par ailleurs peu propice à son développement. Le pouvoir d’achat du consommateur camerounais est faible voire inexistant. La fiscalité, particulièrement prégnante est inadaptée pour favoriser l’émergence des PE. Le dispositif d’appui au développement des entreprises, hormis celui qui relève de l’initiative internationale, est insignifiant.
Un secteur fantôme !
Force est de constater qu’il y a une absence totale d’informations statistiques fiables sur le secteur des PE et de l’Artisanat camerounais bien que son poids économique soit considérable. En effet, aucun recensement exhaustif des entreprises et de la population artisanale n’a encore été effectué. De même, il n’existe pas de nomenclature des activités artisanales, bien qu’un projet ait été initié par l’ex–Mindic au courant des années 90, à la suite d’une enquête commerçants-artisans que ce département ministériel avait réalisé en 1986 et qui estimait à quatre vingt (80) le nombre de petits métiers dans le secteur de l’Artisanat répartis en dix (10) activités principales (couture, menuiserie, alimentaire, mécanique, électronique, soudure, sculpture, esthétique, autres productions, autres services). Aujourd’hui, avec l’augmentation du chômage, ces activités se sont développées et multipliées sans toutefois être répertoriées. La définition d’une nomenclature exhaustive des métiers de l’Artisanat devient par conséquent urgente.
Mais des attentes fortes chez les petits entrepreneurs
Les artisans souffrent d’un déficit de reconnaissance qui engendre des frustrations. Les petits entrepreneurs manifestent aujourd’hui des attentes :
- De reconnaissance et d’intégration économique;
- D’appui au développement des PE et de l’Artisanat ;
- De protection sociale minimale pour prévenir les risques inhérents à l’activité professionnelle, pour eux – mêmes et leurs salariés ;
- Et plus globalement, de participation à la prospérité économique et au partage des fruits de la croissance.
Un problème lancinant et crucial de financement lié aux entreprises, au système bancaire et aux traditions.
La gestion des entreprises n’est généralement pas rigoureuse. La crédibilité du gestionnaire de l’entreprise est donc souvent sujette à caution, ce qui explique les réticences des prêteurs.
Le système bancaire de notre pays se caractérise par une politique de repli et d’éloignement du champ d'action des PE et des artisans. Bien que la plupart des banques commerciales soient surliquides, elles ignorent dans leur grande majorité les PE et l’Artisanat.
Le système des tontines constitue au Cameroun comme dans de nombreux pays africains, un dispositif traditionnel de solidarité et de financement de l’activité artisanale en dépit du réseau des Emf. Les Emf, eux–mêmes issus du secteur informel, sont certes les premiers partenaires bancaires de proximité du secteur des PE et de l’Artisanat, mais l’accès au crédit est rendu difficile par un dispositif contraignant et rigide de sûretés et de sur–garanties.
Un déficit d’animation en matière de conseil aux entreprises, de formation et de développement local
Le conseil structuré aux entreprises provient presque essentiellement des organismes internationaux de développement relevant de la Coopération française (Scac), de la Coopération allemande (Gtz et Ded) ou encore de la Coopération néerlandaise (Snv). A ceux-ci, s’ajoutent les appuis de l’Agence Canadienne pour le Développement International (Acdi) et de l’Agence américaine pour le Développement International (Usaid)… Toutes ces actions d’appui au demeurant d’une efficacité réelle, sont disparates sur le territore national. Le conseil de proximité à la création et au développement des entreprises est donc pratiquement inexistant même si l’on constate aujourd’hui une prolifération anarchique de cabinets-conseils dont, au demeurant, les prestations offertes sont d’un coût prohibitif pour les entreprises artisanales et les artisans.
Le secteur des PE et de l’Artisanat ne dispose d’aucun organisme de formation spécifique, tant pour la formation continue que pour l’apprentissage.
Il n’existe pas de Centres de Formation par Alternance (Cfa) au Cameroun. Les besoins de qualifications liées aux métiers de production sont donc assez peu couverts.
Des filères porteuses piètinent économiquement
Les filières cuir, textile et bois ont des difficultés importantes d’approvisionnements en matière d’oeuvre, d’équipements et de commercialisation. La filière tourisme ne dispose pas d’outils de promotion adaptés au marché international et manque également de méthode en matière de marketing et de stratégie de communication.
Des ressources humaines incertaines et sous–valorisées
En matière de gestion, les compétences des chefs des PE et des artisans sont extrêmement approximatives, faibles voire inexistantes. En matière technique, les méthodes de travail sont souvent empiriques. Elles sont la résultante d’un mode de transmission des savoir–faire qui s’effectue généralement sans "règle de l’art" et sans référentiel. Le métier s’apprend dans la plupart des cas sur le tas auprès d’un artisan qui a lui–même appris sur le tas.
Les organismes de formation publics et privés tendent à centrer leur offre de formations sur le tertiaire d’entreprise et à s’aligner ainsi de manière trop mimétique sur les pays développés. Ce qui représente un sérieux paradoxe au regard des caractéristiques de notre économie qui est encore assez loin de la "tertiarisation".
Quant au dispositif de protection sociale existant au Cameroun, à travers la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (Cnps), il est sans conteste inaccessible aux chefs des PE, comme à leurs salariés, du fait du coût des cotisations.
Un déficit de structuration et de représentation professionnelle et économique
La représentation professionnelle du secteur des PE et de l’Artisanat est en devenir. Afin d’être beaucoup plus représentatives, certaines associations professionnelles se sont ainsi regroupées en unions interprofessionnelles, Gic, Gie, ou ont muté en Ongs (Corps National des Artisans du Cameroun–Cnac et ses antennes provinciales, Groupement Interprofessionnel des Artisans–Gipa, Association pour le Soutien et l’Appui à la Femme Entrepreneur–Asafe, Noire Afrique Promotion–Nap, pour ne citer que celles-ci).
Si la structuration professionnelle du secteur des PE et de l’Artisanat est en développement, la structuration économique en est aux balbutiements hormis en matière de micro–finance. Les PE et l’Artisanat sont encore assez faiblement structurés économiquement, en dépit du cadre offert par la législation sur les coopératives.
Dans ce contexte de forte méconnaissance, d’inorganisation et d’absence de structuration du secteur des PE et de l’Artisanat, force est de reconnaître qu’il y a urgence à lui apporter des réponses concrètes et directement applicables, si l’on souhaite véritablement que ce secteur prépondérant dans notre économie nationale participe pleinement aux dynamiques de développement qui s’inscrivent notamment, dans le cadre des objectifs du Gouvernement consignés dans le Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté (Dsrp) et des perspectives économiques définies par les Objectifs du Millénaire pour le Développement (Omd). _________________ La vie est un privilege, elle ne vous doit rien!
Vous lui devez tout, en l'occurence votre vie
Marlyse, drapée dans une tenue de ville gaie et extravagante, affiche un grand sourire, chez " Le bottier du Wouri ". La babouche en cuir, au bout retourné qu'elle porte aux pieds, est l'œuvre d'un cordonnier de cette célèbre écurie bien connue des usagers de la capitale économique. Située à quelques encablures du Cinéma "Le Wouri", non loin du boulevard de la République, " Le bottier " attire grand monde. "Ce modèle s'appelle Ben Laden. Grâce à sa forme, je suis relaxe, surtout que c'est une babouche qui ne prend pas d'eau lorsqu'il pleut ", lance Marlyse. Autre lieu, rue Mermoz.
En face de l'hôtel Astoria, John Sunjo, un cordonnier ayant fait ses premières armes à Kumbo, dans le département du Bui au Nord-Ouest, est le chouchou des amateurs des chaussures sur mesure. Rien à voir avec l'âge de ce jeune dont l'expertise en matière de fabrication de chaussures est vantée par les nombreux clients qui le sollicitent régulièrement. " Si vous voulez une paire de babouches ou n'importe quel autre type de chaussures à votre goût, je vous prends les mesures sur-le-champ et vous passerez les chercher dans deux jours ", dit-il avec beaucoup d'assurance, avant d'ajouter, " c'est un don du ciel, je suis moi-même surpris par la qualité de mes chaussures".
Concurence
"Le bottier du Wouri" et "Chez Sunjo" font partie d'une multitude de cordonneries sur mesure qui ont aujourd'hui pignon sur rue à Douala. Les clients suivent et la concurrence est toute trouvée aux produits des grandes marques. " La demande est grande", reconnaissent les cordonniers qui ne tarissent pas d'imagination pour peser de leur art sur un marché de chaussures dominé par les produits d'origine nigériane et asiatique (notamment chinois). Dans la capitale économique, le commun des citadins, les hommes et les femmes, de la petite et la moyenne classes, raffolent ces chaussures sur mesure.
Les marques ont été baptisées de manière à impliquer tout le monde dans cette vague new look qui bouscule les vielles habitudes. "Ben Laden", le modèle le plus en vue et le plus prisé a emprunté le nom du célèbre "terroriste" ; l'essentiel ici étant de faire recette. "Mont arab et fermé devant" font partie des marques déposées, dont la percée sur le marché se juge auprès des vendeurs. Aux dires des fabricants et de certains acheteurs, surtout ceux de confession musulmane, la consonance arabe des noms est due au fait que les babouches proposées par les cordonniers sur mesure sont des copies de celle proposées à la Mecque, et qui ont fait leur entrée au Cameroun par l'intermédiaire des pèlerins.
Pour réussir leur œuvre d'art, les cordonniers n'ont pas besoin d'un arsenal de matériaux. Non loin de la rue Pau, le magasin Ricardo, le principal grossiste qui vent la matière première n'est pas encore débordé. Mais, c'est tout comme, compte tenu des allées et venues des cordonniers. C'est là que le cuir, les pointes rivers s'achètent ; assez suffisant pour fabriquer "ces chaussures qui tiennent à l'œil les grandes marques italiennes ". Les chaussures sur mesure se vendent à la tête du client. Ben Laden coûte entre 4.500 et 5.000 Fcfa, Mont arab se vend au même prix. Mais fermé devant coûte 6.000 Fcfa, chez les cordonniers. Paradoxalement, les mêmes chaussures peuvent s'acheter aux mêmes prix ou un peu moins chez les revendeurs, au marché de la grande mosquée. _________________ La vie est un privilege, elle ne vous doit rien!
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