Posté le: Lun 20 Mar 2006 00:56 Sujet du message: Ituri: CPI, arrestation...... d'un "chef de guerre"
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Thomas Lubanga livré à la Cour pénale internationale (Reuters 18/03/2006)
Le gouvernement de la République démocratique du Congo a livré à la Cour pénale internationale un chef de milice soupçonné d'avoir ordonné l'assassinat de neuf casques bleus bangladais en 2005, annonce la cour basée à La Haye.
Thomas Lubanga est le chef de file de l'Union des patriotes congolais (UPC, milice active dans le nord-est de la RDC), une organisation soupçonnée de nombreuses exactions en Ituri, région du nord-est de la RDC plongée dans l'anarchie.
"Thomas Lubanga Dyilo (...) a été arrêté et transféré à la Cour pénale internationale", précise dans un communiqué le tribunal.
Le suspect, qui doit répondre de crimes de guerre, est attendu vendredi aux Pays-Bas. Il voyage à bord d'un avion de l'armée française.
Le Quai d'Orsay a salué cette arrestation.
"La France salue la remise à la Cour pénale internationale de Thomas Lubanga. Avec le concours de l'armée française, ce dernier a pu être immédiatement transféré de Kinshasa à La Haye où il comparaîtra prochainement devant les juges de la Cour pénale internationale", a dit le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Mattéi.
"Il s'agit d'un premier mandat d'arrêt délivré par le procureur de la Cour pénale internationale dans le cadre de son enquête sur la RDC. Cette arrestation constitue une étape importante dans la lutte contre l'impunité qui a trop longtemps régné dans la région des grands lacs", a souligné le Quai d'Orsay.
Créée en 2002 en tant que première juridiction internationale permanente appelée à juger des individus, la CPI a ouvert des enquêtes sur des crimes de guerre perpétrés en RDC et dans la province soudanaise du Darfour.
ENRÔLEMENT D'ENFANTS DE MOINS DE 15 ANS
L'instance présidée par le Canadien Philippe Kirsch a lancé ses premiers mandats d'arrêt l'an dernier contre cinq dirigeants de l'Armée de résistance du Seigneur, mouvement ougandais accusé d'alimenter un conflit depuis dix-neuf ans.
La CPI avait indiqué en février qu'elle espérait voir arrêter des suspects cette année afin de pouvoir organiser ses premiers procès.
Les Etats-Unis sont fermement opposés à cette nouvelle cour, qu'ils craignent de voir engager des poursuites contre leurs soldats et ressortissants pour des raisons d'ordre politique.
Arrêté en mars 2005 à Kinshasa, Thomas Lubanga est le chef de l'UPC, un groupe rebelle de l'ethnie Hema enregistré comme parti politique. Sa formation est accusée d'avoir participé aux violences qui ont fait 60.000 morts depuis 1999 en Ituri, province où neuf casques bleus ont été tués en février 2005.
Lubanga est notamment accusé d'avoir enrôlé des enfants de moins de 15 ans dans sa milice et de les avoir fait participer aux hostilités, précise la CPI dans son communiqué.
Selon des sources militaires onusiennes, il pourrait avoir commandité de Kinshasa l'attaque contre les casques bleus bangladais. D'autres miliciens soupçonnés d'être impliqués dans cette affaire ont été arrêtés et emprisonnés dans la capitale congolaise.
Le conflit en République démocratique du Congo, qui a engendré des épidémies et des famines, aurait fait quatre millions de morts entre 1998 et 2003.
Environ 17.000 casques bleus ont été envoyés pour maintenir la paix dans l'ancienne colonie belge, où les premières élections démocratiques organisées depuis l'indépendance en 1961 sont prévues le 18 juin.
Congo-Kinshasa: Le procès de Thomas Lubanga, un espoir pour la fin de l'impunité?
Inter Press Service (Johannesburg)
2 Avril 2006
Publié sur le web le 3 Avril 2006
Juakali Kambale
- Les Congolais ont appris avec beaucoup de satisfaction le transfert de Thomas Lubanga à la Cour pénale internationale (CPI), à La Haye, aux Pays-Bas, et le démarrage de son procès.
Ex-seigneur de guerre dans les attaques armées de l'Ituri, dans le nord-est de la République Démocratique du Congo (RDC), Lubanga doit répondre de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, notamment pour avoir enrôlé des enfants de très bas âge dans les Forces patriotiques pour la libération du Congo, l'aile militaire de son parti politique, l'Union des patriotes congolais (UPC).
Le 20 mars, beaucoup de Congolais se sont pressés de regagner leurs domiciles pour suivre, en direct depuis La Haye, Lubanga devant les juges de la CPI. Bien que le procès ne soit qu'à ses débuts, ils applaudissent l'initiative de la CPI et déclarent espérer que Lubanga ne sera pas le seul seigneur de guerre à devoir répondre de ses atrocités commises sur les populations civiles au cours des différentes rébellions.
Les affrontements interethniques en Ituri ont causé la mort de près de 50.000 personnes entre 1999 et 2003, selon des organisations humanitaires. "Le procès Lubanga servira d'exemple à d'autres seigneurs de guerre dont nous avons toujours dénoncé la cruauté pendant la rébellion", déclare Olivier Nzanzu de l'organisation non gouvernementale Lotus, basée à Kisangani, la capitale de la province Orientale.
L'enquête de la CPI sur Lubanga date de juin 2004 sur saisine du chef de l'Etat congolais, Joseph Kabila. Le président de l'UPC était incarcéré à la prison centrale de Makala, à Kinshasa, la capitale congolaise, depuis 2005, avant d'être transféré à La Haye, le 17 mars dernier. Le procureur de la CPI, Luis Moreno Ocampo, lui reproche notamment "d'avoir transformé des enfants de la RDC en machines de guerre".
Robert Amisi, un ancien combattant démobilisé, qui a connu Lubanga lors des faits, déclare à IPS qu'il regrette qu'il se soit trop facilement entraîné dans l'engrenage des violences ethniques ayant mis le district de l'Ituri à feu et à sang et détruit tout le tissu économique d'une région aussi riche sur le plan agricole et minier.
"Thomas Lubanga n'a jamais été le sanguinaire que la CPI juge aujourd'hui. De tribu Hema, licencié en psychologie de l'Université de Kisangani, il était plutôt un honnête commerçant. Il a combattu avec nous, au sein du RCD/KML (Rassemblement congolais pour la démocratie, aile Kisangani, Mouvement de libération) soutenu par l'Ouganda, comme ministre de la Défense", confie Amisi à IPS. "Ce sont les Ougandais qui l'ont entêté en suscitant en lui des ambitions démesurées", affirme-t-il. Amisi, lui-même, fait aujourd'hui du commerce de vivres frais entre Beni, dans l'est du pays, et Kinshasa.
Les Forces patriotiques de libération du Congo (FPLC) sont une milice de la communauté hema, constituée en majorité de jeunes garçons et filles âgés de 13 à 20 ans. Entre 1999 et 2003, la traditionnelle tension entre communautés hema et lendu est alors à son comble et les affrontements armés sont d'une violence extrême.
Les FPLC s'emparent de la ville de Bunia, la capitale de l'Ituri, en 2002 et sèment la terreur. Selon le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) en RDC, 10.000 enfants soldats, originaires de l'Ituri sont impliqués dans les activités des groupes armés. "Ces enfants soldats, dont certains n'ont pas plus de dix ans, se retrouvent dans toutes les milices locales, chez Thomas Lubanga comme chez d'autres milices", explique Thérèse Bwami de l'UNICEF à IPS.
A Bunia, la ville qui a le plus souffert des atrocités de Lubanga, les populations ont hâte de voir la CPI en terminer avec son procès et Lubanga payer pour ses crimes.
Interrogée par un contact IPS à Bunia, Adèle Simbiliabo, une infirmière, ne s'explique pas les lenteurs de la CPI dans l'instruction du procès. "Je trouve que la CPI travaille trop lentement. Thomas Lubanga aurait dû être jugé en RDC où il a commis ses crimes et en présence de certaines de ses victimes", dit-elle. "Mes parents et mes deux enfants sont morts victimes de la cruauté des hommes de Thomas Lubanga tout simplement parce qu'ils appartenaient à la tribu lendu".
Pour sa part, Jocelyne Kahambu, de tribu nande du Nord-Kivu, considère qu'il n'y a pas que Lubanga à condamner. Elle a perdu son mari, un vendeur de produits maraîchers, tué pour avoir refusé de céder son commerce à une milice lendu. "Thomas Lubanga a commis des crimes et doit payer bien sûr, mais la CPI doit ratisser plus large. D'autres seigneurs de guerre, autrement plus sanguinaires, continuent de courir les rues", affirme-t-elle.
Les crimes commis en Ituri ont occasionné l'intervention, en 2003, d'une force européenne appelée "Artémis", pour sécuriser Bunia et ses environs. Les militaires européens ont déclaré avoir souvent eu des problèmes de conscience quand ils devaient affronter des enfants armés que leurs chefs envoyaient provoquer Artémis.
Jusqu'aujourd'hui, la province Orientale n'est toujours pas sécurisée entièrement. En plus des milices qui continuent d'inquiéter la population dans le district de l'Ituri, des rebelles ougandais de la LRA (L'armée de résistance du seigneur), opposés au gouvernement de Kampala, sont signalés dans le Parc national de la Garamba, sur la frontière avec le Soudan. On leur attribue la mort de onze soldats uruguayens de la Mission des observateurs des Nations Unies au Congo (MONUC), vers la fin de 2005.
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