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Catastrophe de Cabassou 19 avril 2000

 
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Pakira
Super Posteur


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Messages: 1750

MessagePosté le: Ven 28 Avr 2006 19:25    Sujet du message: Catastrophe de Cabassou 19 avril 2000 Répondre en citant

Catastrophe de Cabassou 19 avril 2000 : Chronique d’une catastrophe annoncée


Introduction
Ce livret a pour objet, 6 ans après le tragique glissement de terrain du Mont Cabassou le 19 avril 2000 sur la commune de Rémire-Montjoly, et qui a fait officiellement 10 victimes, de retracer, ou tout au moins donner aux guyanais des éléments de réponse sur ce qui s’est passé et qui a conduit à cette catastrophe.

En effet, en cette année 2006, alors qu’une information judiciaire avait été ouverte contre X par le procureur général eu égard au nombre de victimes, elle s’est soldée par un non-lieu le 21 mai 2002. Sans aucune mise en examen au préalable, alors qu’existent bel et bien des éléments qui montraient que le Mont Cabassou était sujet, régulièrement, à des mouvements de terrain.

6 Ans après, les familles des victimes de la catastrophe continuent leur périple dans la quête de la vérité. Pas de responsable, c’est la faute à « pas de chance », les victimes se trouvaient au mauvais endroit au mauvais moment. « Circulez, il n’y a rien à voir » : c’est en définitive la réponse qui leur est faite.



L’Etat et d’autres se sont même empressés, les jours suivants le drame, de déclarer l’événement en catastrophe naturelle, au motif que ce serait la voie assurée à la prise en compte des dégâts matériels, moraux et corporels subis. Mais point d’indemnisations.

Le MDES s’est porté partie civile aux côtés des familles sur le volet judiciaire.

Nous avons déjà écrit au sujet de cette catastrophe, engagé ou participé à des actions pour la sécurisation et la réhabilitation du site, mais aussi pour la mémoire des victimes comme cela se fait partout dans le Monde contemporain.

Nous avons pris le temps de la réflexion, la douleur et les cicatrices pour les familles étant encore fraîches, le sujet est délicat. Mais leur quête vers la justice et la vérité étant semée d’embûches, nous avons décidé de publier ce livret. Car l’Histoire de la catastrophe de Cabassou, c’est aussi l’histoire des Guyanais. N’importe lequel d’entre nous aurait pu être touché ce jour-là. On a souvent tendance à nous rétorquer que nous n’avons pas d’histoire, pas de passé. Pour nous, il est temps aussi que les Guyanais s’approprient et écrivent leur histoire. Ce livret est donc l’occasion, à l’heure du sixième anniversaire de la catastrophe de Cabassou, de porter notre contribution au devoir de mémoire collectif guyanais, à la mémoire des victimes du glissement de terrain du 19 avril 2000.

Pou nou pa bliyé.

Rappel des faits

19 avril 2000, il est 13h30 : Un volume estimé à 300 000 m3 de terre se détache de la colline de Cabassou et s’écroule en contrebas sur la RN3 qui la traverse, pour finir sa course sur la Cilama, usine de fabrication de produits laitiers. Cette catastrophe fera 10 morts officiellement : 6 employés de la Cilama, 2 automobilistes (un père et sa fille à bord) circulant sur la route, 1 agent de la DDE et 1 retraité.

Une équipe d’intervention de la direction Départementale de l’Equipement était présente au moment du glissement pour couper et enlever un bois canon. Elle avait été dépêchée sur place car le bois présentait un danger pour la circulation sur la route dans le sens de Degrad-Des-Cannes : il menaçait, penché vers l’avant en haut du talus qui surplombait la RN3, de s’effondrer sur la route. C’est le chef de cette équipe qui disparaîtra sous l’épaisse coulée de boue, les 5 autres agents de la DDE présents réussissaient à s’échapper de justesse en courant, suite à l’alerte donnée par l’un des leurs.

Vu le nombre de victimes et l’ampleur du phénomène, une information judiciaire est ouverte par le procureur général alors en poste, Anne KAYANAKIS. L’instruction est confiée au juge Mlle MALARDEL, du TGI de Cayenne. Elle ordonne une expertise menée par 2 experts indépendants : Francis BARDOT ingénieur civil des mines et expert près la Cour d’Appel de Lyon agréé par la Cour de Cassation ; Roberto BERTILOTTI ingénieur de l’école Polytechnique de Milan et expert près la Cour d’Appel de Paris.

Ils rendent leur rapport le 9/10/2000 dans lequel ils répondent précisément dans leurs conclusions, à 4 questions posées par le juge d’instruction :

Le glissement de terrain de la colline de Cabassou survenu le 19 avril 2000 est-il la conséquence d’interventions humaines ou d’une cause naturelle ? Des interventions humaines ont-elles accéléré le processus ?
Ce glissement était-il prévisible ? Le cas échéant, sa trajectoire et la quantité de matériaux déplacés pouvaient-ils être évalués ?
Y-avait-il déjà eu des mouvements de terrains sur la zone ? Le cas échéant, toutes dispositions adéquates ont-elles été prises pour prévenir un renouvellement de ce phénomène ?
Une surveillance continue du site était-elle nécessaire et s’est-elle exercée ?
Nous reviendrons plus loin sur les réponses apportées par ces experts aux questions formulées par le juge d’instruction.

Un peu d’histoire...et de science

Le Mont Cabassou est situé sur la commune de Rémire-Montjoly. C’est une colline dont le point le plus haut s’élève à 160m. Il est formé principalement à la base d’un dôme granitique très ancien qui fait partie de ce qu’on appelle le bouclier guyanais et dont l’âge atteint le milliard d’années. Il a, pendant ce temps, été soumis aux processus d’érosion qui lui ont donné la forme que l’on connaît et qui est typique des collines que l’on rencontre dans notre pays. Ces processus ont eu pour effet d’altérer le granite initial et ont donné naissance à plusieurs couches de matériaux, plus ou moins meubles sur les versants du Mont, qui ont fini par « recouvrir » la roche mère. Ce sont ces sols de latérite et d’argile que chacun a l’habitude de voir.

C’est entre 1971 et 1973 que la construction de la RN3 a lieu. Les travaux sont réalisés en majorité par la société COLAS en association avec deux autres sociétés. La DDE en est le maître d’œuvre. La décision de construction de la RN3 remonte à la fin des années 60, elle est due essentiellement à la nécessité de transporter des éléments vers la base spatiale de Kourou, en reliant le port de Degrad-des-Cannes au carrefour des maringouins.

La RN3 traverse le Mont Cabassou sur un versant dont la pente varie entre 20 et 30% à cet endroit. Plus bas on trouve le grand marécage, sur lequel est maintenant implantée la nouvelle route suite au glissement de terrain de 2000.

Dès la construction de la route,il est déjà fait état de présence d’eau(stagnante) dans le secteur où a eu lieu le glissement. Cette présence d’eau a d’ailleurs fait l’objet de dispositions techniques non prévues à l’origine (fossés à créer).

C’est très certainement cette même source d’eau, d’une grande limpidité, que des centaines de guyanais se rappellent avoir vu couler au fil des années 70 et qui provenait du talus à côté de la route dans la direction de Degrad-des-Cannes. On pouvait noter la présence d’un tuyau à cet endroit, presque à hauteur d’homme qui servait de conduite d’écoulement. Chacun pouvait venir se servir en eau, à tout moment de la journée, le précieux liquide d’alors s’écoulant continuellement.

Il y avait presque toujours du monde à cet endroit, car à l’époque, le réseau de distribution d’eau potable n’avait pas le niveau de développement d’aujourd’hui. Notamment sur Rémire, la pression d’eau laissait souvent à désirer. Aussi, le versant du Mont cabassou servait-il de source d’approvisionnement en eau, comme à Baduel, et ce le plus normalement du monde. Certains n’hésitaient d’ailleurs pas à garer leurs véhicules sur l’accotement de la route pour leur faire profiter d’une toilette in situ.

Mais pour une raison mystérieuse, un jour ce tuyau a disparu, probablement vers la fin des années 70, ou au début des années 80, sans que personne ne sache ni par qui, ni pourquoi. L’eau qu’on avait l’habitude de voir s’écouler s’est arrêtée. C’est ce qui a valu, à la suite du glissement de terrain du 19 avril 2000, de dire par la population de l’île de Cayenne que la source de Cabassou n’aurait jamais dû être bouchée. Les pouvoirs publics à ce moment, ont feint de ne pas connaître l’existence de cet écoulement, et par là même, l’existence d’une source d’eau.

Pourtant, dans les différentes études effectuées par le Centre d’Etudes Techniques de l’Equipement (CETE) de Rouen en 1989 pour le compte de la DDE Guyane et par le BRGM Guyane en 1996, il ressort qu’il existe bel et bien une nappe d’eau dans le massif de granite (nappe captive) du Mont Cabassou. Curieusement, dans les documents d’études du tracé de la route réalisé par le BCEOM pour le compte de la DDE en 1970, n’apparaissent pas de traces d’études géologiques ou géotechniques préliminaires à la construction de la RN3, alors que celles-ci sont évoquées. Ont-elles eu lieu, ou leurs conclusions ont-elles disparu ? Ces études d’avant tracé auraient permis de connaître l’état initial exact du Mont Cabassou avant le tracé de la route.





Le site était gorgé d’eau

Les études du CETE et du BRGM citées plus haut, admettent même qu’il existe deux systèmes hydrauliques : celui de la nappe captive située dans le massif granitique du Mont Cabassou, et une autre nappe contenue dans les couches d’altération de la roche mère qui constituent le versant du Mont (on parle de nappe de versant).

Le fonctionnement de ce système hydraulique est même décrit par ces deux organismes. Les deux nappes communiquent. Il est admis que le débit de base de la nappe de versant est alimenté par la nappe captive du massif de granite : c’est le cas en saison sèche.

Ainsi, le CETE de Rouen dans son étude évoque le fait que la source située en bordure de RN3 et qui s’écoulait par le tuyau, était alimenté par la nappe captive. Par ce fait, il reconnaissait l’existence de cette « source permanente » et l’existence du tuyau réfutée par les responsables d’Etat juste après la catastrophe. Il en est de même pour le BRGM qui signale qu’une source pérenne est localisée au niveau de l’usine de la Cilama, au PK 3 de la RN3, et ce même en saison sèche. Le BRGM admet encore, dans ses rapports, que la présence d’eau est un paramètre "sans doute très important dans la stabilité du site" du Mont Cabassou. Nous y reviendrons.

En saison des pluies, le niveau de la nappe de versant augmente par l’infiltration des eaux météoriques et donne naissance à de nombreuses sources visibles sur le terrain et qui ont été cartographiées sur les plans lors de relevés effectués avant les premiers glissements. L’infiltration est d’autant plus favorisée que le site a subit au fil des ans divers aménagements (carrières et travaux).

Des autorisations d’exploitation de différentes carrières situées sur le versant du Mont Cabassou ont en effet été octroyées par arrêté préfectoral à au moins 3 sociétés différentes au fil du temps. Les premières autorisations d’extraction de matériaux accordées remontent à 1983. Notamment un arrêté préfectoral du 20 avril 1985 autorise l’utilisation de matériaux pour une durée de 5 ans, sur une parcelle qui est située directement dans l’emprise du glissement.

C’est aussi, en 1989, pendant le fonctionnement de cette carrière qu’apparaît un glissement de terrain de taille. Pure coïncidence ?

Pour l’histoire, il faut noter aussi qu’en 1996, il existait un projet d’ouverture d’une carrière sur des parcelles du Mont Cabassou, ce projet n’a jamais abouti, non pas parce que les autorités y étaient opposées suite au glissement de 1989 (le BRGM ayant donné un avis favorable), mais essentiellement parce qu’à l’époque, les riverains d’Attila-Cabassou s’opposaient fortement à cette ouverture.

http://www.mdes.org/article86.html
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"tout nèg a nèg

ki nèg nwè ki nèg klè
ki nèg klè ki nèg nwè
tout nèg a nèg

nèg klè pè nèg nwè
nèg nwè pa lè wè nèg klè
nèg nwè ké wéy klè
senti i sa roune nèg klè
mè nèg klè ké wéy klè a toujou nèg

sa ki fèt pou nèg vin' blang?
blang té gen chivé pli long?
pou senblé yé nou trapé chivé plat kon fil mang!!!
mandé to fanm...!
mè pou kisa blang lé vin' nwè?
ha... savé ki avan vin' blan yé té ja nèg!

a nou mèm ké nou mèm dépi nânni nânnan...
chinwa soti, kouli soti, indyen soti, blang soti
mèm koté nèg soti

avan yé sotil koté y fika
AFRIKA!!!"

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Pakira
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MessagePosté le: Ven 28 Avr 2006 19:31    Sujet du message: Répondre en citant

Les glissements de terrain

Un glissement de terrain consiste en la perte de cohésion d’un sol sous l’action de divers paramètres. Le glissement peut être plus ou moins brutal, c’est à dire que la vitesse à laquelle se détache la portion de sol peut être variable.

On peut mesurer, par des relevés topographiques par exemple, l’évolution d’une masse de terre. On pouvait donc suivre les déplacements du versant du Mont Cabassou, au moins depuis le glissement de 1989. Il existe aussi des méthodes complémentaires aux relevés topographiques qui permettent de comprendre la dynamique globale d’un sol.

De manière générale, la dynamique de glissement de terrain peut être modélisé par le schéma suivant. De plus il est possible de calculer un coefficient qui caractérise la stabilité d’un sol : c’est le coefficient de sécurité. Il est le rapport des forces (résistantes) qui ont tendance à stabiliser un terrain, sur l’ensemble des forces (motrices) qui, au contraire, ont tendance à faire glisser le volume de terre en mouvement. Un terrain est considéré comme stable quand le coefficient de sécurité est bien supérieur à 1. Inversement, lorsque le coefficient de sécurité est proche de 1 et inférieur, on considère qu’il y a perte de cohésion et le glissement se produit.

Dans le cas du Mont Cabassou, nous avons vu plus haut que le BRGM dans une étude admettait que l’eau constituait un facteur déterminant dans la stabilité du site. Autrement dit, le BRGM savait que l’action de l’eau influait sur les valeurs du coefficient de sécurité. Les calculs effectués par les experts indépendants dans le cadre de l’information judiciaire en 2000 ont confirmé ce fait, et ont surtout montré que le niveau de la nappe d’eau du Mont Cabassou modifiait les valeurs du coefficient de sécurité.

Sur le schéma, est représentée la dynamique générale d’un glissement. On peut y distinguer plusieurs phases. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’un glissement, avant qu’il n’intervienne, passe par des déplacements de terres préliminaires qui peuvent être lents et qui peuvent durer plusieurs années (phase de préparation). Au fur et à mesure que le glissement se précise, les distances parcourues par les masses de terre augmentent : on peut faire des mesures. Dans le même temps, le coefficient de sécurité se met à diminuer (phase active). Enfin, la phase de paroxysme correspond au glissement en lui-même : les masses de terre parcourent des distances plus élevées en un temps plus ou moins court, tandis que le coefficient de sécurité chute en dessous de 1.

Il ressort de la compréhension de cette dynamique générale, que des signes précurseurs accompagnent la venue d’un glissement. Dans le cas du Mont Cabassou, plusieurs signes s’étaient déjà manifestés avant le glissement mortel d’avril 2000.



Un glissement amorcé une dizaine d’années plus tôt

Comme nous l’avons indiqué plus haut, il est possible de « détecter » la survenance d’un glissement, encore faut-il qu’on se donne les moyens de pouvoir le faire. Cela commence par une règle de base, qui est celle de l’observation, avant d’arriver à des mesures physiques.

Le site du Mont Cabassou, avant avril 2000, n’est pas un inconnu pour les autorités comme la DDE, le BRGM et la Préfecture de Guyane. En effet, l’historique de ce site fait état de plusieurs glissements mineurs ou importants, comme en 1989.

Et c’est la DDE même, dans un document du 18 juillet 1990 qui stipule :



« Les modifications apportées par le passage en déblai de la RN3 et par d’anciennes extractions de matériaux autorisées en contrebas du Mont Cabassou, conjuguées à l’existence de nappes souterraines alimentées par les eaux météoriques, ont eu pour conséquence la déstabilisation des sols en surplomb de la route, sur environ 250 mètres de long pour une largeur de 30 mètres en bord de chaussée. Ce phénomène est résurgent, notamment en saison des pluies lors des précipitations les plus élevées, lorsqu’elles coïncident avec les niveaux les plus hauts de la nappe phréatique.

Entre 1983 et 1988 de légers mouvements se sont produits, nécessitant chaque année des interventions de la Direction Départementale de l’Equipement, pour dégager les nuisances d’éboulis et recreuser le fossé en bord de chaussée. Les pluies exceptionnelles, de janvier à juin 1989 (fréquence trentennale ou plus) ont eu pour effet d’accélérer considérablement le mouvement de glissement sur pendage profond (environ -20m) entraînant un affaissement de la partie haute et, par voie de conséquence le soulèvement des sols constituant l’assise de la voie sur une longueur de 20 mètres environ.
Parallèlement aux mesures d’urgence prises par la DDE, telles le dégagement de l’éboulement des terres, le recreusement du fossé en bord de route, et la rectification de la chaussée, afin de maintenir la continuité du trafic avec le port, en particulier la garantie de passage des convois ARIANE, une étude géotechnique a été réalisée par le CETE de Rouen de mai à juillet 1989. »



Ce passage est édifiant.Il résume à lui seul le fait que le versant du Mont Cabassou était sujet à des mouvements de terrain connus et plus importants que ceux (mineurs), observés avant 1989. Cela veut dire que le processus s’accélérait et prenait de l’ampleur au fil des ans. Si on se base sur une hauteur de 1 mètre pour les terres mises en jeu, ce n’est pas moins de 7500m3 de terre qui surplombent la RN3 à cette époque qui constituent déjà un danger pour les usagers de la route. Plus grave, il est fait mention ( en 1990 rappelons-le) du rôle de l’eau en période pluvieuse, qui accélère le processus de glissement et qui affecte aussi les couches inférieures (pendage profond -20m) du versant du Mont Cabassou. Ce passage indique enfin, la relation de cause à effet qui existe entre les mouvements qui affectent cette partie du Mont Cabassou et les soulèvements de la route constatés en contrebas. Autrement dit, à chaque fois que des déformations sont constatées sur les bords de la route, c’est le signe de mouvements de terrain importants en amont de celle-ci qui se produisent.

En février 1989, un glissement important se manifeste, faisant apparaître une faille en tête, avec affaissement de terrain. A la suite de quoi, des travaux sont entrepris pour essayer d’endiguer les mouvements de terrain :

Extraction de latérite en tête du glissement (30 000 m3), exécution de trois tranchées drainantes pour limiter l’alimentation en eau de la nappe, mise en place d’enrochements en pied du glissement, création de fossés en bordure de la RN3 pour évacuation des eaux de ruissellement et de drainage. Les travaux sont terminés en janvier 1990.

En mai 1990, le glissement reprend, avec réapparition des désordres en pied du glissement au niveau de la RN3. Dans sa note du 18/07/90, la DDE reconnaît que les travaux de 1989 ont été insuffisants. Il est écrit aussi :

« Un crédit de 3MF a été attribué pour effectuer la remise en état de la RN3. Ce crédit ne permettait que de réaliser des travaux partiels...Il convenait d’éviter une reprise du phénomène dans sa masse, lequel aurait été irrésistible et risquait alors de couper complètement les accès au port. »



Ce paragraphe reconnaît que le glissement était susceptible de couper complètement la circulation sur la RN3, et par voie de conséquence constituait un danger pour les usagers de la route.



La DDE fait alors poser par l’entreprise ESCO une série de 12 drains subhorizontaux en septembre 90, qui sera complété en 1991 par une série de 15 drains sur la partie supérieure du glissement.



Schéma simplifié du drainage


Le BRGM fait, le 26/07/1990 une proposition de reconnaissances supplémentaires ( sondages, essais en laboratoire, calculs de stabilité, détermination des méthodes de confortement...) à la DDE, car il estime que la solution par tranchée drainante n’offre pas toutes les garanties. Cette proposition indique notamment que « le drainage reste partiel, n’atteint pas la surface de rupture » et que « le calage de la surface de rupture reste approximatif....il en résulte une estimation imprécise du gain de sécurité ». Cette proposition qui se monte à 125 960Frs, n’aura pas de suite, puisque sur celle-ci sera apposée une mention « sans suite (pas de financement) ». Elle a tout son sens, puisqu’elle propose une analyse plus complète du phénomène permettant de prendre les bonnes décisions en termes de travaux. Elle ne sera pas réalisée. Il semble que le BRGM n’insistera pas plus sur l’utilité de ces reconnaissances supplémentaires.

Dans son rapport de décembre 1990, ESCO propose de réaliser des travaux supplémentaires, notamment la réalisation d’une série de puits de décompression jusqu’au socle granitique et de drains longs jusqu’à l’horizon en charge de la nappe. Il s’agit de compléter le dispositif de drainage des eaux, qui on le sait joue un rôle important dans la stabilité du site. La société va en quelque sorte dans le sens du BRGM puisqu’elle propose d’atteindre aussi la nappe captive du Mont Cabassou pour que le drainage soit efficace. Elle indique que sur un piézomètre elle relève une hauteur d’eau dans le massif estimée de 20 à 25m ! Ces propositions n’ont pas été suivies d’effet.

Malgré ces travaux, des mouvements sont observés entre 1994 et 2000, car des soulèvements de la route réapparaissent. Le traitement ne consistera qu’en un arasement de la chaussée pour permettre le rétablissement de la circulation. A aucun moment, il ne vient à l’esprit des responsables que les mesures prises auparavant sont insuffisantes, sinon inefficaces et que le glissement continue d’évoluer. On notera qu’à partir de 1994 il existe « un trou », dans les données recueillies quant au suivi des paramètres du site (relevés topographiques, piézométriques, vérification des drains). Il est impossible de dire, en l’état actuel, si un suivi régulier du site était réalisé, malgré la dangerosité qui était admise. De même, en 1994 à la suite d’une réunion à la mairie de Rémire-Montjoly où sont représentés le BRGM et la DDE, il est fait état d’un volume en mouvement de l’ordre de 100 à 200 000m3 ! Des propositions de surveillance, de contrôle et même d’actions en liaison avec le CETE de Rouen avaient été envisagées, mais jusqu’à aujourd’hui, aucune réponse n’est disponible sur la suite qui a été donnée à ces décisions. Pas de traces ! C’est encore une zone trouble du dossier.

Devant ces zones d’ombre, le magistrat instructeur aurait pu procéder à des investigations plus poussées : il aurait été judicieux d’effectuer des auditions complémentaires pour éclaircir ces « trous ».
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MessagePosté le: Ven 28 Avr 2006 19:36    Sujet du message: Répondre en citant

Des signes précurseurs au 19 avril 2000

Nous l’avons vu plus haut, avant qu’un glissement ne survienne, il est précédé d’une phase préparatoire, caractérisée par des signes.

Dans le cas du Mont Cabassou, nous avons vu qu’il était admis, au moins par la DDE et le BRGM, qu’en période pluvieuse, l’eau jouait un rôle important dans l’instabilité du site, du fait de la présence de nappes souterraines. En avril 2000 on enregistre plusieurs épisodes pluvieux les jours précédant le glissement mortel. Notamment des précipitations intenses entre le 11 et le 13 avril. Ceci aura pour effet de modifier la teneur en eau des sols d’abord en surface puis en profondeur. Le 14 avril, la pluie tombe presque sans s’arrêter avec à certains moments des pics.

La nappe se charge en eau et le glissement se déclenche. Il est lent, mais des signes apparaissent le samedi 15 avril. Des témoins affirment que des masses de terre se sont détachées sur la partie Est dans l’après-midi. Le soir même, la Préfecture signale des désordres sur la route. L’agent d’astreinte de la DDE, qui disparaîtra le 19, se rend sur les lieux et constate une remontée de la chaussée sur environ 20 cm et qui s’étale sur une longueur de 30m. Il met une signalisation pour indiquer les déformations du bas côté de la route. Le glissement est entré dans sa phase active. Il s’agit des mêmes signes rencontrés les années précédentes, indiquant que le glissement qui s’amorce est la résurgence de celui de 1989. Dans l’après-midi du 15, un chauffeur routier qui avait effectué plusieurs fois dans la journée des allers-retours sur la RN3, remarque l’évolution des déformations sur le Mont Cabassou et se rend à la brigade de gendarmerie de Rémire pour les informer de coulées de terre sur le versant du Mont Cabassou.

Un randonneur en VTT indique qu’en se promenant le samedi 15 avril sur les lieux du glissement, il constate des fissures et des arrachements importants. Les habitants en contrebas qui avaient l’habitude de remonter le versant du Mont Cabassou font également état de fissures profondes dans le sol.

Le dimanche 16 avril 2000 entre 12h30 et 13h, un véhicule léger (de type clio) de la gendarmerie est stationné au bord de la route dans la direction de Degrad-des-Cannes, dans le virage où apparaissent les remontées de terre sur la chaussée. La journée est ensoleillée à ce moment. Il ne s’agit pas d’un contrôle des automobilistes : les gendarmes, au nombre de 3 ou 4 sont assis, immobiles à l’intérieur du véhicule et semblent observer le bas-coté et le talus qui surplombe la RN3. Peut-être est-ce une patrouille de surveillance suite à l’alerte donnée la veille par le chauffeur routier ? Curieusement, cet élément ne figure pas dans le dossier judiciaire.

Un peu avant vers 12h, toujours le dimanche, un professeur de sciences de la vie et de la terre, docteur en géologie, prend des clichés des remontées sur la chaussée, du mur en gabions et du fossé drainant en bordure de la route. On y voit des déformations importantes du mur en gabions, pas de traces d’eau. Les parois qui constituent le fossé en U sont resserrées en certains points. Un rangée du mur en gabions en partie haute du talus de la route est déjà penché vers l’avant. Elle témoigne des déformations subies par la butée. Des déformations du bas du talus sont également présentes. Le plus grave, c’est que ce professeur prend alors des clichés plus en amont du talus de la route et on y voit, toujours le 16 avril, des fissures d’arrachement nettes et importantes dans le terrain du Mont, qui font apparaître un affaissement de terrain sur 1 à 8 mètres de dénivelé !Ces clichés recoupent les témoignages du Vttiste et des riverains.


Tous ces éléments montrent bien que l’amorce du glissement de terrain était antérieure au 19 avril, mais surtout que des signes précurseurs alarmants étaient clairement visibles.



Pour remettre la chaussée en état, une équipe de la DDE est dépêchée le lundi 17 avril. Au matin du 19 avril un nouveau rehaussement est constaté, malgré les interventions précédentes. L’équipe intervient encore pour araser la chaussée. En milieu de matinée, 2 responsables de la DDE se rendent sur le site et constatent les désordres, au point d’en informer le directeur de la DDE, Gérard JUSTINIANY qui se rend plus tard sur place en compagnie du directeur du BRGM, Jean-Pierre COMTE. On connaît la suite.

Ce qui s’est passé le 19 avril 2000 à 13h30

Le glissement de terrain qui s’est produit ce jour là, on l’a vu est le prolongement du glissement de 1989, et dont les travaux qui ont eu lieu après cette date se sont révélés inefficaces puisque celui-ci continuait d’évoluer lentement chaque année. On peut le résumer comme suit.

A la suite des épisodes pluvieux entre le 11 et le 14 avril 2000, le glissement de 1989 se réactive. Il se déroule en plusieurs phases. D’abord, les pluies tombées s’infiltrent dans le sol et par diverses fissures du Mont Cabassou, alimentant ainsi les nappes d’eau. L’eau ramollit le sol, lubrifie les particules fines les unes par rapport aux autres. Les sols se gorgeant d’eau, leur poids et donc les contraintes qu’ils exerçaient ont augmenté, traduisant les remontées de la chaussée. De plus, l’infiltration de l’eau dans les couches inférieures et dans le massif a été favorisé par les fractures ouvertes présentes dans le terrain.

Tout le problème consistait maintenant en l’évacuation de ces eaux accumulées dans les nappes captive et de versant. On a rappelé au début l’existence du tuyau dans le talus situé au bord de la route qui servait d’exutoire à l’eau. Sa présence n’était pas inutile, bien au contraire. En effet, selon les experts, le système de drainage s’est révélé inefficace, car incapable d’évacuer les eaux accumulées. L’ensemble des drains subhorizontaux ont été retrouvés en bon état mais complètement colmatés. Au fil du temps, il n’est d’ailleurs pas impossible que les mouvements de terrain précédents aient modifié l’inclinaison de ces drains. On constate ici que la surveillance et les contrôles qui auraient dû s’exercer depuis 1989 ont fait cruellement défaut.

Dès lors, l’eau n’arrivant pas à trouver d’exutoire, la pression qu’elle exerce dans les couches du sol du versant du Mont atteint un niveau tel qu’il finit par se liquéfier. C’est cette coulée de boue (d’une vitesse évaluée de 30 à 40 km/h) qui dévalera en premier les pentes du Mont Cabassou, libérant par la même occasion l’eau. Cette masse s’écoulant, les terres situées plus en amont se mettent à leur tour à glisser brutalement par appel au vide laissé par la coulée inférieure, allant jusqu’à détacher un pan supérieur du Mont Cabassou, faisant apparaître depuis une large cicatrice d’arrachement en son sommet.



L’eau s’écoule sans discontinuer depuis le glissement



Les heures et jours qui suivirent le glissement on a pu voir l’eau couler en abondance (reportages RFO). Aujourd’hui, pour ceux qui se rendent sur le site, ils constatent que c’est toujours le cas.

Dans la manifestation de la vérité, 2 thèses s’affrontent : celle des services de l’Etat et de ses représentants qui soutiennent que la catastrophe était d’origine naturelle, que le glissement d’avril 2000 était un phénomène nouveau et non la suite de celui de 1989, donc par conséquent, imprévisible. Comprenez : pas de responsables. L’autre, au regard des éléments et de l’historique du Mont Cabassou soutient que la catastrophe était prévisible et qu’elle était la conséquence d’interventions humaines.

Deux ans plus tard, de janvier à mai 2002, sous la proposition de militants du MDES, se forme un collectif d’habitants pour la réouverture de la RN3 et la réhabilitation du site de Cabassou. Il s’agit pour le collectif de démystifier les arguments de la DDE, et de démontrer qu’il est possible de rouvrir la RN3 moyennant des travaux de sécurisation.

Le collectif y parviendra par des actions publiques et citoyennes, malgré les injonctions de la Préfecture et les menaces que les gendarmes exerceront sur les propriétaires d’engins de chantier associés au collectif. Celui-ci fera la démonstration que le déblaiement de la RN3 ensevelie en 2000 est possible et vérifiera la thèse des experts exposée plus loin : l’eau s’écoule librement, sa provenance est souterraine et aucun mouvement de glissement n’a eu lieu.

Le collectif proposera aussi en juin 2002 dans une réunion à la Mairie de Rémire-Montjoly, en présence de la députée RIMANE, aux collectivités locales de financer des études de sécurisation et de réhabilitation du site. A cette proposition auxquels s’étaient engagés les représentants de la Région et du Conseil Général, nous attendons toujours les actes. Encore plus tard, en 2003, le secrétaire général du MDES, par ailleurs conseiller municipal de l’opposition à Rémire-Montjoly, proposera à la municipalité de faire procéder à l’évacuation des terres du côté Cilama (côté gauche de la photo en page de garde), afin de réhabiliter cette partie du site et d’y ériger un monument en mémoire aux victimes de la catastrophe. Rien n’y fit.

Ce 19 avril 2006, le MDES, par le biais de sa section de Rémire-Montjoly, décide devant l’immobilisme, d’ériger une stèle commémorative à la mémoire des victimes de la catastrophe. Ce monument, situé aux abords de la nouvelle RN3 sera ainsi un témoin de cette histoire et permettra, à tous ceux qui le désirent, de se recueillir et de témoigner leur solidarité aux familles des victimes.
_________________
"tout nèg a nèg

ki nèg nwè ki nèg klè
ki nèg klè ki nèg nwè
tout nèg a nèg

nèg klè pè nèg nwè
nèg nwè pa lè wè nèg klè
nèg nwè ké wéy klè
senti i sa roune nèg klè
mè nèg klè ké wéy klè a toujou nèg

sa ki fèt pou nèg vin' blang?
blang té gen chivé pli long?
pou senblé yé nou trapé chivé plat kon fil mang!!!
mandé to fanm...!
mè pou kisa blang lé vin' nwè?
ha... savé ki avan vin' blan yé té ja nèg!

a nou mèm ké nou mèm dépi nânni nânnan...
chinwa soti, kouli soti, indyen soti, blang soti
mèm koté nèg soti

avan yé sotil koté y fika
AFRIKA!!!"

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Pakira
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MessagePosté le: Ven 28 Avr 2006 19:49    Sujet du message: Répondre en citant

Ce que dit la justice française



La juge d’instruction rendit un non-lieu le 21 mai 2002. Aux 4 questions formulées par celle-ci, voici ce que répondent les experts judiciaires, Francis BARDOT et Roberto BERTILOTTI :

Réponse à la question n°1 : Le glissement de terrain de la colline de Cabassou survenu le 19 avril 2000 est-il la conséquence d’interventions humaines ou d’une cause naturelle ? Des interventions humaines ont-elles accéléré le processus du glissement ?



« Le glissement de terrain du Mont Cabassou survenu le 19 avril 2000 est dû à diverses interventions humaines qui ont provoqué la rupture de l’équilibre naturel du versant. Ces interventions sont, dans l’ordre chronologique :
creusement de la tranchée de la route RN3 en déblai au moment de sa construction en 1971,
déboisement de la partie inférieure du site amont de la route,
ouverture des carrières, et notamment de la carrière RIBAL dans l’emprise du futur glissement,
travaux de décaissement effectués après le glissement de 1989,
travaux de drainage inefficaces et/ou mal entretenus. Ces interventions humaines ont été effectuées sur un site particulier dont les caractéristiques naturelles préexistantes n’ont pas été prises en compte, à savoir : la géologie, l’hydrogéologie et la topographie (pente) du site. Le facteur naturel déclenchant du glissement est constitué par les pluies généralement abondantes du régime climatique guyanais : de 2.850 mm à 3.200 mm en moyenne annuelle.
Ces précipitations ont été particulièrement intenses du 14 au 19 avril 2000 et exceptionnelles les 13 et 14 avril, immédiatement avant les mouvements de sol qui ont conduit au paroxysme du 19 avril 2000. Cependant, on retrouve des épisodes pluvieux exceptionnels auparavant. Avant la création de la route ils n’entraînaient pas de glissement majeur. Après 1971 on constate deux épisodes comparables : 1976 et 1989.

Le facteur déterminant dans la nature et l’ampleur de la phase finale de cet événement réside dans :
l’inefficacité du système de drainage due essentiellement au mauvais choix initial des matériaux mis en oeuvre et du projet qui a simplement retardé la survenance du glissement,
le manque d’entretien du système,
le colmatage qui a accentué l’ampleur de l’événement.

Le glissement du versant a dû se produire en deux temps :
première phase : déformations plastiques superficielles et glissement d’ampleur importante mais contrôlé de l’ensemble du versant dû à la perte de stabilité du massif le long d’une ligne de rupture classique favorisant l’accumulation d’eau à la base du versant (affaissement du haut du versant et déformation de la base dès le 14 avril),
deuxième phase : augmentation progressive de la pression de filtration s’exerçant sur les sols saturés dans la phase de ressuage des sols latéritiques jusqu’à une rupture brutale de la cohésion et l’écoulement fluide, le gradient hydraulique ayant dépassé la valeur de la densité du sol immergé. »



Réponse à la question n°2 : Ce glissement de terrain était-il prévisible ? Le cas échéant, sa trajectoire et la quantité de matériaux déplacés pouvaient-ils être évalués ?



« Le glissement de terrain était bien prévisible à court terme puisqu’il s’agit de la répétition de celui s’étant produit en 1989 avec des conditions climatiques comparables et que des signes précurseurs s’étaient manifestés quatre jours avant la catastrophe. On notera que ces signes avaient été portés à la connaissance de la DDE qui avait même effectué des travaux de réparation et de nivellement des bas-côtés totalement inadaptés au problème.

La quantité de matériaux déplacés pouvait être évaluée, au moins dans son ordre de grandeur, puisqu’un rapport du CETE de Rouen de 1989 faisait déjà état d’un volume principal de glissement de 180 m de long, 80 m de large et de 20 m de profondeur, soit environ 200.000 à 300.000 m3 et d’un volume secondaire de 60 m de large, 80 m de long et également 20 m de profondeur. En revanche, la trajectoire du glissement, sa soudaineté et son ampleur n’auraient pu être prévues qu’après une étude approfondie de la géotechnique et de l’hydrogéologie du site fondée sur une reconnaissance de terrain complète avec entre autres sondages carottés, prélèvement d’échantillons intacts et essais de laboratoire. Une telle reconnaissance, complétant la reconnaissance initiale réalisée par le LBTPG en 1989, était conseillée dès 1989 par le CETE de ROUEN et par la société ESCO dans son rapport du 10 décembre 1990.
Pourquoi la proposition d’une telle étude présentée par le BRGM le 26 juillet 1990 n’a-t-elle pas été suivie d’effet ? En fait la réponse est donnée par le représentant de la DDE en mention manuscrite du 9 août 1990 sur cette proposition : « pas de financement ».



Réponse à la question n°3 : Y avait-il déjà eu des mouvements de terrains sur la zone ? Le cas échéant, toutes dispositions adéquates ont-elles été prises pour prévenir un renouvellement de ce phénomène ?



« Il y avait déjà eu des mouvements de terrain sur la zone :
un premier glissement important qui s’est produit avant 1987
puis un de grande ampleur en 1989 qui a nécessité des travaux de stabilisation d’abord en 1990 et 1991 puis de nouveau en 1993.

Depuis cette date, le mouvement continuait à évoluer en partie inférieure nécessitant un décapage fréquent de la chaussée et probablement aussi plus haut dans le versant mais l’instrumentation mise en place en 1989, qui aurait permis de le déceler et de le mesurer, ne paraît pas avoir été surveillée. »



Réponse à la question n°4 :Une surveillance continue du site était-elle nécessaire et s’est-elle exercée ?

« Compte tenu de tous les éléments connus, une surveillance continue du site était nécessaire, avec : mesures topographiques, inclinométriques, piézométriques et pluviométriques. Elle ne paraît pas s’être exercée, d’après les pièces en notre possession, après 1991. Une surveillance climatologique tirant les enseignements des événements précédents aurait permis d’attirer l’attention des responsables de l’entretien de la route sur les conséquences des pluies. Tous ces manquements sont d’autant plus regrettables qu’une réunion de travail s’est déroulée le 23 juin 1994 en présence des représentants de la DDE, du BRGM et du LBTPG au cours de laquelle la nécessité de surveiller attentivement le phénomène affectant la RN 3 avait été une nouvelle fois mise en évidence. Aucune suite ne paraît avoir été donnée à cette réunion qui a fait l’objet du courrier du 30 juin 1994 adressé. par la Direction Départementale de l’Equipement à M. le Préfet de la GUYANE. Quelques heures avant le glissement de terrain du 19 avril 2000, le BRGM et la DDE alertés par les signes précurseurs rapportés par plusieurs témoins ont visité le site et constaté quelques fissures d’étirement qui auraient dû attirer leur attention. La DDE aurait pu alors arrêter la circulation ou demander au Préfet de l’arrêter à titre de précaution. »



Observations importantes pour la manifestation de la vérité

«Compte tenu des éléments en notre possession, les différents travaux de terrassement effectués sur et au pied du Mont Cabassou depuis 1971 (dans l’ordre chronologique : RN3, carrière RIBAL, travaux 1990, 1991 et 1993), ont eu un effet déstabilisateur incontestable. Les analyses de différentes natures : géologique, géotechnique, géomorphologique et hydrogéologique, les photographies prises avant et après le glissement, les différents éléments de preuve recueillis après le glissement ainsi que les témoignages convergent tous vers la même conclusion.
L’eau, facteur déclenchant naturel, a joué un rôle essentiel dans ce glissement de terrain mais ce rôle n’a été possible qu’à cause des graves insuffisances et déficiences d’un dispositif de drainage, facteur humain, qui s’est avéré d’abord inefficace puis dangereux, en raison de son colmatage. L’insuffisance notoire dès l’origine de ce dispositif de drainage aurait pu être mise en évidence bien plus tôt si, d’abord, on avait procédé à une étude complète à la fois géologique, géotechnique, hydrologique et hydrogéologique et, surtout, si on avait procédé aux opérations d’entretien et de surveillance (topographie, inclinométrie et piézométrie) qui s’imposaient dans un tel contexte connu depuis au moins 1994 par tous les récents acteurs : Préfecture, BRGM et DDE.
En effet, en ce qui concerne les mouvements de terrain de type glissement et coulée, la rupture rapide est précédée d’une phase préparatoire qui peut s’échelonner sur plusieurs années et qui se traduit par des déplacements qui peuvent être mesurés. Or, le suivi des déformations et des déplacements enregistrés par des appareils de mesure de terrain appropriés aurait pu permettre de détecter l’instabilité et de quantifier son évolution ; le suivi de la nappe phréatique aurait pu également alerter du glissement en surface pour les coulées, en surface et en profondeur pour les glissements.

Les caractéristiques du versant et les glissements précédents auraient dû conduire les services compétents :
depuis 1991, à maintenir l’auscultation nécessaire et son suivi dans le temps,
à partir des constatations du 15 avril 2000 au soir, à mettre en place une surveillance permanente d’urgence du versant,
après la réunion du 19 avril 2000 sur le site et dans les heures précédant la catastrophe, le BRGM et la DDE ayant constaté l’aggravation du glissement, à décider au moins la fermeture au trafic de la RN3. »



La réponse des experts est sans appel. Il est certain qu’au stade avancé de l’évolution du glissement en 2000, celui-ci aurait eu lieu, car le principal facteur déclenchant qui reste l’eau, ne pouvant s’évacuer de la nappe du fait d’un système de drainage inefficace, il s’amorçait de façon irréversible. Par contre, et c’est bien là le principal reproche qui est fait aux autorités par les experts, c’est que compte-tenu des éléments passés du Mont Cabassou (mouvements et glissements répétés), les responsables auraient dû prendre des mesures de fermeture du trafic routier par mesure de précaution au regard des signes précurseurs au 19 avril, d’autant que le potentiel du glissement était quantifié par le CETE de Rouen 10 ans auparavant (200 000 à 300 000 m3).



On peut également lire, en page 67 du rapport des experts :
« Tout concorde à dire que les actuels acteurs, responsables de la sécurité de la route, étaient unanimes sur le fait que le glissement continuait et que le danger était important et latent depuis 1994 ».


Pour sa défense, l’Equipement ordonne une contre-expertise menée par Marcel RAT ingénieur des Ponts et Chaussées (à la fois juge et partie donc) qui conclue au caractère naturel du glissement du 19/04/2000.

Les experts judiciaires lui répondent dans le cadre de l’instruction et confirment leur première analyse en mettant une nouvelle fois en cause les acteurs : DDE, BRGM et Préfecture.

Le 21 mai 2002, malgré les éléments de réponse en sa possession, le juge d’instruction MALARDEL rend un non-lieu dans l’affaire, estimant qu’il n’y a aucune responsabilité humaine à établir, ce à la surprise des familles des victimes et de l’opinion publique guyanaise. Elle coupe court à tout procès, ne procède pas à des auditions contradictoires, n’entend pas les témoins directs rescapés ( agents de la DDE travaillant sur le site ce jour-là ) ainsi que des fonctionnaires de la DDE, du BRGM. Le Préfet Henri Masse alors en poste au moment de la catastrophe n’a fait l’objet d’une audition quelconque. Il n’y a aucune mise en examen alors que des noms sont cités dans le rapport des experts indépendants. Elle ne pousse pas ses investigations alors que des éléments importants manquent au dossier notamment sur la période entre 1994 et 2000. Elle tue délibérément dans l’œuf les débats qui auraient dû avoir lieu dans le cadre d’un procès normalCette ordonnance de non-lieu fera dire aux avocats des familles que le juge d’instruction a instruit « à décharge » et non « à charge » dans l’affaire de Cabassou. Elle s’est attachée à blanchir de hauts responsables français alors que des éléments probants existent et qu’il était dès lors du ressort d’un tribunal de décider, à l’issue de débats et de plaidoiries, quel était le niveau de responsabilité des différents acteurs.

En fait, l’ordonnance de non-lieu du juge d’instruction n’est autre que la copie conforme de l’avis rédigé par le procureur de la république, Anne KAYANAKIS. En clair, le juge a obéit a obéit aux ordres.

Le combat continue...

Ce qu’il faut en réalité comprendre, c’est que traduire de hauts fonctionnaires de l’Etat français, qui aient à répondre de faits embarrassants devant des guyanais, à la barre d’un tribunal, est contraire à la politique qu’exerce un pays comme la France dans un pays comme la Guyane.

Il est clair que pour le gouvernement français, un procès où de hauts fonctionnaires devraient répondre de manquements graves, cela ferait désordre pour son image.





Les familles des victimes, n’acceptant pas cette décision injuste entamaient par le biais de leurs avocats une procédure en citation directe à l’encontre de 3 préfets (Henri Masse, Dominique VIAN, Pierre DARTOUT), du directeur de la DDE Guyane (Gérard JUSTINIANY), du directeur du BRGM (Jean-Pierre COMTE) et d’un responsable du service des routes de la DDE (Roger HALGAND).Le tribunal leur demande alors de verser au préalable une somme de consignation de 800€ par plaignant, pour que la justice accepte de recevoir leur requête.Le parcours est semé d’embûches. Une souscription populaire est lancée afin de recueillir des fonds de solidarité pour aider les familles à faire face aux dépenses liées au traitement judiciaire de l’affaire. La somme récoltée est versée aux avocats sur un compte spécial prévu à cet effet. La procédure est enregistrée.

De nouveau, alors qu’une audience sur le fond d’une durée de 2 semaines était prévue le 2 novembre 2004 à Cayenne, le procureur de la cour d’appel de Fort-de-France, dont dépend le tribunal de Cayenne, annonce par voie de presse, sans même que les avocats ne soient avisés, que l’affaire est délocalisée sur Paris. Les avocats protestent, mais l’affaire sera traitée en France.


Comment en effet imaginer, pour une justice d’Etat, d’avoir à prononcer en Guyane des réquisitoires lors d’un procès à l’encontre de préfets, véritables gouverneurs contemporains ? Ne nous voilons pas la face. Cette affaire revêt un caractère politique dont les enjeux sont très importants.

Le 22 février dernier, le tribunal de Paris a rejeté sur la forme, la procédure en citation directe des familles aux côtés desquelles le MDES s’est porté partie civile. Les avocats ont fait appel de cette décision. Manifestement, tout est fait pour que l’affaire ne soit pas traitée sur le fond et pour décourager les familles.

Il faut continuer le combat.



Annou pa bliyé :

Roger LAPIQUIONNE
Henri COURTEAU
Gérard GRUEL
Waldomir RUSLAND
Etienne DORLIPO
Christelle DORLIPO
Charles BONIFACE
King OESMAN
Patrick LUTCHMAN
Jean-Michel ZACHARIE

Contribution du MDES à la soif de vérité du Peuple Guyanais.
MDES,
19/04/2006
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