OGOTEMMELI Super Posteur
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Posté le: Mar 04 Avr 2006 03:53 Sujet du message: Economie monétaire d'étalon-or chez les AKAN |
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Au XVème siècle, le pays des Akan qui recouvrait une partie des actuels Côte d'Ivoire et Ghana (sur "la Côte de l'or") avait une économie locale fondée sur une monnaie de poudre d'or.
Donc les Akan avaient institué et possédaient LEUR PROPRE monnaie. Or, en 2006 (cinq cents ans plus tard), la Côte d'Ivoire n'est toujours pas monétairement souveraine. Elle est encore une dépendance monétaire de la France/Europe, à l'instar d'une multitude de pays africains prétendumment indépendants.
http://www.histoire-afrique.org/article199.html?artsuite=2
ALLOU Kouamé a écrit: | Le bèna était l’unité qui permettait l’évaluation du coût de la marchandise en poudre d’or. Les figurines étaient en réalité des « poids-monnaies » et non des poids à peser l’or. Les figurines avaient une certaine valeur pondérale qui était admise par convention comme correspondant à une certaine quantité de poudre d’or supposée de même poids [1]. La poudre d’or était la monnaie réelle qui se substituait à la monnaie théorique symbolisée par la figurine.
Un bèna est censé peser le poids d’une pierre (yoboè). La poudre d’or était donc la monnaie qui ne se dévaluait jamais, qui ne s’achetait pas et ne se vendait pas, mais était substituée à une marchandise reçue [2].
L’unité de base dans l’usage de la poudre d’or chez les Akan de l’Est était le Taku et chez les Akan de l’Ouest était le Ba. L’unité la plus grande était le Pereduan / Pereguan. Un Bèna faisait 384 Ba soit 56 grammes 80 de poudre d’or. Le Taku faisait 0,222 grammes de poudre d’or et le Ba 0,148 grammes de poudre d’or. Au regard de tout ceci, il faut parler non du commerce de l’or, mais du commerce dont la poudre d’or était la monnaie.
Les compagnies commerciales européennes employaient des Africains comme « gold takers », c’est-à-dire des utilisateurs des poids à peser l’or akan afin justement, d’être au diapason de ce commerce qui était effectivement un commerce monétaire.
En 1683, Amon un « gold taker » au service de la compagnie britannique percevait un salaire mensuel pour ce travail [3]. De même que Koffi et Brado « gold takers » également au service de la même compagnie [4].
Une information donnée au XVIIe siècle par Samuel Brun prouve que les Akan fixaient les modalités monétaires du commerce qu’ils faisaient avec les Européens. Il indique que les Européens donnaient leurs marchandises contre le bon or appelé « sika foutou » (sika nfutuo, la poudre d’or), que les petites quantités de poudre d’or se disaient « gagara » (kakraba) et étaient toutes pesées avec le « stroma » (toma, les plateaux) et le « damba » [5] (ama, poids, grains de l’arbre abrus precatorius).
W. Bosman parle aussi de l’or fin et pure appelé « acanni sika » avec lequel les marchands Acanes commerçaient [6]. Les Akan avaient aussi des boîtes qui servaient à estimer diverses quantités de poudre d’or sans intervention de balances. Parfois des inscriptions sur le couvercle indiquaient la valeur pondérale de la poudre d’or contenue dans la boîte [7]. Il ne s’agit donc pas d’un système pondéral au sens occidental du mot, mais d’un système monétaire qui fonctionne avec des poids spéciaux, des « poids-monnaies ».
Autrement dit, poids et monnaie entrent ici dans un système monétaire. Dans l’esprit des Akan, ces mots n’évoquent pas la notion de poids, mais de monnaie [8]. Des équivalences seront établies avec les monnaies européennes. Les Akan appelaient la monnaie, l’or fractionné, Sikama et le prix Sika yoboè ou Sikaboè. Les figurines étaient donc des « poids-monnaies » et la vraie monnaie la poudre d’or. Les figurines jouaient le rôle de monnaie étalon et la poudre d’or jouait le rôle de monnaie de substitution.
Manipuler cette monnaie était donc une affaire de spécialistes, d’où les « gold takers » que les compagnies européennes employaient pour échanger avec les Batafo, les marchands akan du commerce à longues distances et grands spécialistes dans l’usage de la monnaie poudre d’or.
Il y avait une différence dans la nomenclature des valeurs monétaires de base. Le Taku était l’unité de compte locale. L’once anglaise faisait 28,38 grammes de poudre d’or. L’once française faisait 30,596 grammes de poudre d’or. Le Bèna également unité locale faisait un peu plus de 54,06 grammes de poudre d’or, et un peu moins de 56,72 grammes L’on pouvait multiplier Bèna à l’infini [9] d’où son usage dans les transactions importantes.
Un Bèna plus 24 Taku faisait un Pereduan/ Pereguan. Un Pereduan faisait 71,74 grammes et 224 ackies de poudre d’or. Il y avait des poids mâles et des poids femelles. C’était un principe qui touchait les transactions commerciales. Les marchands akan utilisaient dans leurs échanges des poids mâles forts et des poids femelles faibles. Les deux avaient le même aspect dans la série des poids, mais l’un était le modèle réduit de l’autre.
La différence entre le poids mâle pour acheter et le poids femelle pour vendre constituait le bénéfice du marchand. Le bénéfice est égal à la figurine mâle d’achat moins la figurine femelle de vente.
Pieter De Marees qui a décrit le système des poids-monnaies akan, trouvait comme tous les Européens ce système monétaire délicat et compliqué à manipuler [10] Comme eux, il croyait avoir à faire à un système pondéral, d’où d’ailleurs l’emploi des « gold takers » locaux par toutes les compagnies commerciales comme nous l’avons indiqué, afin que chacun des partenaires trouve son compte dans les transactions.
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Les Africains d'aujourd'hui sont réputés ne rien connaître à l'économie, alors que les Mali-nké (ou les Yorouba, et autres Bamiléké, etc.) sont commerçants depuis des millénaires, et leurs places marchandes étaient réparties sur des millions de km2. Et que le Kongo possédait sa propre monnaie, tout comme ici les Akan.
Le travail d'anamnèse afrocentré devrait également porter sur la réhabilitation des instituitions et pratiques économico-monétaires négro-africaines. Ici et maintenant...
Pout autant, j'ai volontairement détourné le principal intérêt (épistémologique) de cet article. Lequel s'inscrit plutôt dans la recherche universitaire (en l'occurrence, l'Université d'Abidjan-Cocody) sur le Yovodah. En général, on prétend que les Blancs troquaient de la pacotille contre de l'or. Allou Kouamé montre que du point de vue des Akan, ils achetaient des marchandises européennes contre de la monnaie akan, cette dernière étant libellée en poudre d'or, "Bèna". _________________ http://www.afrocentricite.com/
Umoja Ni Nguvu !!!
Les Panafricanistes doivent s'unir, ou périr...
comme Um Nyobè,
comme Patrice Lumumba,
comme Walter Rodney,
comme Amilcar Cabral,
comme Thomas Sankara,
Et tant de leurs valeureux Ancêtres, souvent trop seuls au front... |
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