Nkossi Bon posteur

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Posté le: Mar 18 Avr 2006 18:11 Sujet du message: Sun Tsu, L’Art de la guerre : Exemple d'application |
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Nous sommes nombreux à avoir sur ce site lu l’Art de la guerre Sun Tsu (n’est ce pas Benny Da B ), d’où l’idée de ce topic sur une illustration contemporaine de son application sur le terrain. C’est juste un prétexte pour lancer le débat et par exemple continuer avec l’adaptation de l’Art de la guerre de Sun Tsu à L’art des affaires comme théorisé par les Japonais.
Citation: | L'inspirateur des rebelles, c'est Sun Tse !
Les attaques antiaméricaines suivent un schéma bien précis, affirme un ancien de la CIA.
Jour après jour, les attaques qui visent les forces américaines en Irak deviennent plus complexes et plus nombreuses, mais le gouvernement Bush continue de dépeindre ses adversaires comme un assortiment désespéré de baasistes fanatiques, de criminels, de délinquants et de terroristes venus de l'étranger. Certes, la coalition dirigée par les Etats-Unis doit faire face à des baasistes et à des terroristes étrangers, et ces derniers comptent sûrement des criminels dans leurs rangs. Mais, par-dessus tout, les soldats américains et britanniques sont confrontés à un ennemi plein de ressources, qui agit selon des règles peut-être plus élaborées qu'on ne le pensait à l'origine.
Mon expérience de la guerre est essentiellement liée à celle des rebelles. J'ai servi comme agent de liaison politique de la CIA auprès de la résistance afghane contre l'occupation soviétique de 1986 à 1989.
De mon point de vue, la résistance irakienne suit à la lettre un manuel d'insurrection de haut niveau dans sa lutte contre la coalition. Sa stratégie aurait pu être élaborée par Sun Tse, le tacticien chinois qui, il y a plus de deux mille cinq cents ans, a écrit, dans L'Art de la guerre, que la manifestation la plus achevée de la guerre consistait à s'attaquer à la stratégie ennemie.
Ce n'est donc probablement pas un hasard si, alors que les forces américaines marchaient sur Bagdad et se préparaient à de durs combats de rue, le gros des unités irakiennes avait disparu. Contraintes de modifier leur stratégie en cours de route, les forces américaines sont depuis lors prises au piège des conséquences de ces premiers jours de chaos.
Selon Sun Tse, l'étape suivante consiste à s'attaquer aux alliances de l'adversaire. Ce qu'ont fait les rebelles irakiens. Estimant sans doute que les Jordaniens soutenaient trop bien les Etats-Unis, ils ont fait sauter une voiture piégée à l'extérieur de l'ambassade de Jordanie à Bagdad le 7 août, tuant 11 personnes. Moins de trois semaines plus tard, tandis que l'on débattait d'un éventuel renforcement du rôle des Nations unies, un attentat suicide a frappé le quartier général de l'organisation à Bagdad, causant la mort de 22 personnes, dont son représentant spécial en Irak, Sergio Vieira de Mello. Puis, à la mi-octobre, au moment où l'on envisageait une participation importante de la Turquie au maintien de la paix, un attentat suicide a été perpétré à l'extérieur de la représentation turque à Bagdad. Bilan : un passant tué et une dizaine de blessés.
Au début du ramadan, Bagdad a été secouée par une série d'attentats suicides. Une attaque en particulier a pris pour cible le quartier général du Comité international de la Croix-Rouge. A cela s'ajoutent d'innombrables attaques contre des Irakiens considérés comme des collaborateurs des Etats-Unis, qu'il s'agisse de membres de la nouvelle police ou de personnalités du pouvoir judiciaire. Il est clair que les alliés de l'Amérique sont visés. Notons par exemple ce qui suit : depuis le début des attentats ciblés, la plupart des missions de la Ligue arabe à Bagdad ont pris leurs distances vis-à-vis de la coalition ; les Nations unies ont retiré leur personnel international de Bagdad ; la Croix-Rouge leur a emboîté le pas, poussant d'autres organisations d'aide internationale à réduire leurs effectifs. Le gouvernement turc, pour toutes sortes de raisons politiques complexes, est revenu sur sa décision de déployer des troupes en Irak. Même l'Espagne, qui fait partie de la coalition depuis le début, a préféré retirer l'essentiel de son personnel diplomatique. Il semblerait qu'après avoir perturbé la stratégie des Etats-Unis les rebelles soient en passe de réussir à saper leurs alliances.
Alors, préconisait Sun Tse, l'heure est venue de s'attaquer à l'armée ennemie. Ce qui est effectivement le cas, et les opérations sont de plus en plus meurtrières. Il est imprudent de vouloir attribuer ces attaques au désespoir. En deux semaines, plusieurs tirs de mortiers et de roquettes ont été signalés contre le quartier général de la coalition à Bagdad. Des hélicoptères ont été abattus par des missiles portables. Les criminels et les petits délinquants n'ont pas cette force de frappe. Il faut pouvoir infiltrer des mortiers démontés et des obus à quelques mètres de la zone visée, puis les assembler et tirer, ou régler leur tir à retardement avant de s'enfuir. De même, l'attaque à la roquette sur l'hôtel Rachid alors que s'y trouvait le secrétaire adjoint à la Défense Paul Wolfowitz a nécessité de l'imagination, du professionnalisme et de l'entraînement. Des fanatiques, peut-être, mais ils ont des visées stratégiques et disposent des moyens de les réaliser.
"N'y touchez pas, n'y touchez pas ! C'est du poison des Américains"
Ces opérations ont deux objectifs évidents : infliger des pertes et provoquer une réaction qui entraînera l'hostilité de la population locale. Un incident rapporté par le New York Times reflète cette inquiétude. Des soldats américains jetaient des bonbons à des enfants le long d'une route à Falloujah, dans le dangereux triangle sunnite. "N'y touchez pas, n'y touchez pas ! se sont écriés les enfants. C'est du poison des Américains. Ça va vous tuer." Cela rappelle les enfants afghans, qui pensaient que les soldats soviétiques dispersaient des jouets piégés dans la campagne, qu'ils empoisonnaient les puits et frelataient l'aide alimentaire. Rien de tout cela n'était vrai, et nombre de ces rumeurs avaient été propagées par la CIA. Mais les Afghans y croyaient, et c'est ce qui comptait. De même, les soldats américains ne distribuent pas de bonbons empoisonnés, mais l'important est que les familles irakiennes en soient persuadées.
L'Union soviétique tentait de dénigrer les combattants afghans en les traitant de bandits, ce qui n'a rien fait pour aider sa cause.
Les Américains sont confrontés à des ennemis qui ne respectent aucune règle et jouent sur leur propre terrain, avec une remarquable efficacité. Oui, on trouve dans leurs rangs des criminels et des terroristes étrangers, mais, en dehors de cela, leur identité reste apparemment un mystère pour le Pentagone.
Sun Tse disait aussi : "Connais-toi et connais ton ennemi, et en cent batailles tu remporteras cent victoires."
* Milton Bearden a travaillé pendant trente ans à la direction des opérations de la CIA, où il s'est occupé des opérations clandestines.
Milton Bearden*
The New York Times, Nov 2003 |
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