Posté le: Mar 18 Sep 2007 21:47 Sujet du message: DECES D'ALFRED LARGANGE UN GRAND MONSIEUR............
DISPARITION D'ALFRED LARGANGE
18-09-2007
LARGANGE Alfred
Nous venons d'apprendre, ce jour, le décès, suite à malaise cardiaque, du martiniquais Alfred Largange, 36 ans. Expert en planification de stratégie marketing , il vivait depuis trois ans à Singapour. Ancien chargé de mission TIC au Ministère de l'Outre-Mer à Paris, il était une ressource vive issue de notre région.
Ce poème n'a pas pu être inséré dans le recueil de l'oeuvre poétique de Joseph ZOBEL que j'ai aide à éditer fin 2001 et début 2002. Il a sans doute été écrit entre Décembre 2001 et Janvier 2002. Il aurait été inséré dans la dernière partie, intitulée "Le Soleil m'a dit".
Géo était le personnage principal du roman "Les Jours Immobiles", publié en Martinique en 1947. Dans ce roman, Joseph ZOBEL décrit la vie d'un village de pêcheurs inspiré par Le Diamant, où il fut employé des Ponts et Chaussées à la fin des années 30, avant de rejoindre le Lycée SCHOELCHER. Deuxième roman de Joseph ZOBEL, écrit dans la veine de "Diab'-la" mais sans le discours politique de celui-ci, "Les jours immobiles" valent pour leur valeur de description de la psychologie des personnages, et son témoignage sur un mode de vie dont il ne reste plus guère des vestiges.
Joseph ZOBEL, une fois à la retraite, prit l'initiative de réécrire son roman pour le faire publier, en 1978, sous le titre "Les Mains Pleines d'Oiseaux".
Alfred LARGANGE, Juin 2006
Son nom est Géo
dans un livre que je voulus écrire
pour conter à travers lui
les amours de son village
avec le soleil
avec la terre
avec les poissons capturés au filet
ou tirés de l'eau bleue
jalouse et qui retient
à la force du bras
Un livre déjà vieux
qui respire la mer
et la senteur sylvestre de la pomme-cannelle
Je t'apprends qu'il n'est plus
sinon il aurait eu
quatre-vingt-douze ans
un de ces prochains jours
du mois de mai qui l'a vu naître
pendant que les hommes levés tôt
dérobaient à la nuit l'heure de mâter leurs pirogues
pour aller jeter des hameçons
à la fringale des daurades
J'ai assisté la nuit durant
à sa veillée funèbre
puis à son enterrement
Beaucoup de monde
comme au temps où l'on venait nombreux
à pied ou à cheval
pour témoigner ou partager
Géo
Fils de Mathieu
Brave et si gai
Et chanceux à la pêche
Tel que nous l'aimions
Le cimetière
de sable roux
regarde la mer et le Rocher
Il faut dire aussi
qu'aux virages de l'âge
une bonne partie
de son corps admirable
avait pris les devants
Le reste au cimetière disait-il
pour rire
avec ce qui lui restait de dents et de voix
et sans les deux jambes ayant subi
l'amputation requise
Tant et si bien
qu'il n'y avait plus
qu'à poser lentement
sur le capitonnage bleu du beau cercueil de chêne
avec des peintures dorées
Son vieux crâne émacié
deux bras décharnés
un tronc inerte
dans des vêtements à moitié vides
Pas trop lourd à charger
Pas trop lourd à porter
Pas trop lourd à descendre par deux cordes
Merci pour cet hommage, Melbamoor, je ne suis pas en état de le faire. Alfred était un ami de 20 ans, la nouvelle, que j'ai eue hier matin, m'a causé un grand choc
Depuis hier matin, des années de souvenirs défilent... Alfred laissait rarement indifférent, on se souviendra de lui. Je reviendrai poster plus tard, là je peux pas
EDIT : voilà une petite trace du passage d'Alfred parmi nous
Le martiniquais Alfred Largange a passé l'arme à gauche, et nous le regrettons.
Né le 8 Décembre 1971, le martiniquais Alfred Largange était spécialiste de stratégie marketing. Il est décédé suite à un problème cardiaque.
Officier de Saint-Cyr et diplômé de l'Institut d'études Politiques de Paris, Alfred Largange faisait partie de l'élite de la nation martiniquaise, homme simple, agréable et respecté de tous.
Homme d'action, ancien volontaire des Brigades de Paix Internationales en Haïti en 1998, il avait dernièrement relevé le défi de mettre ses compétences en communication au service d'entreprises en Asie du Sud Est (Singapour).
Passionné de littérature et militant des causes caribéennes, Alfred Largange était contributeur des Jenndoubout.org, et du portail sur les ressources insulaires Ile en Ile de Cuny (The City University of New York) laissant de précieuses biographies d'auteurs majeurs de littérature antillaise tels qu'Aimé CESAIRE, Joseph ZOBEL, Guy Cabort-Masson, et des informations précieuses sur Patrick CHAMOISEAU, Raphaël CONFIANT, Gilbert de CHAMBERTRAND, Gilbert GRATIANT, Léon Gontrand DAMAS, Guy TYROLIEN...
Il est également en tant que chargé de mission, l'auteur du rapport INTERFACE, sur la coopération régionale caribéenne.
Ca me fait vraiment bizarre d'être en train de poster ça, je l'ai fait plein de fois sur ce site, mais jamais pour rendre hommage à un ami de longue date 20 ans de souvenirs continuent à défiler... C'est la première fois que je perds un ami proche _________________ "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
je suis un ami d'Alfred a singapour.
je voulais juste dire qu'il y a un vide enorme depuis qu'il est parti.
c'est la premiere fois que je perds un ami comme ca.
Alfred c'etait quelqu'un d'intelligent, d'aimable, bien eduque... comme beaucoup. mais Alfred c'etait avant tout des qualites de coeur et d'ecoute sans precedent.
toujours a donner de sa personne, de son temps, de sa gentillesse. il ne demandait rien en retour qu'un peu de chaleur humaine.
Alfred a ete tres present sur internet et laissera une trace "numerique" qui, les technologies passants, s'estompera certainement petit a petit. mais il y a une trace bien reelle qui restera: celle de son passage dans ma vie, ici a singapour.
meme si parfois nous n'etions pas toujours d'accord, ca a ete pour moi un plaisir de partager des moments avec lui et un honneur d'avoir ete un de ses amis.
si le hasard n'existe pas c'est que l'on s'est rencontre pour une raison un jour a la NUS. alors je dis "Salut l'artiste" parce que l'on se reverra.
Alfred, tu nous manques... ici on ne t'oubliera pas.
Le corps d'Alfred sera rapatrié ce jeudi dans son île natale. La veillée aura lieu à la Joyau vendredi soir, et la cérémonie d'enterrement samedi. L'avis d'obsèques devrait être diffusé sous peu sur les radios locales, pour ceux qui sont sur place.
Un hommage est prévu mardi soir à Singapour, j'imagine que les amis de là-bas y seront, comme toi, alexlega, que je salue au passage.
Ici, il pleut sans discontinuer, le ciel pleure un de ses enfants
PS : c'est magique le net, ça confère des bribes d'immortalité à ceux qui ne sont plus parmi nous... J'ai trouvé quelques traces du passage d'Alfred ici : les photos d'un biathlon en 2005 : Lien
S'il était encore parmi, qu'est-ce-que je l'aurais charrié, alors ! Z'avez-vu comme il tenait la forme, l'enfoiré ? En tous cas, il avait l'air de se plaire, là-bas, tant mieux, il aura vécu sa vie à fond. On se console comme on peut _________________ "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
en effet il y a un service funeraire auquel je me rends en debut d'apres midi a singapour.
c'est sympa de la part de son frere qui (avec l'ambassade ou son employeur) organise(nt) cela. ils n'etaient pas obliges.
Au contraire, c'est une OBLIGATION pour la famille de respecter nos traditions, et la veillée funèbre en est une qui a une très grande importance chez nous Son frère ne pouvait pas ne pas le faire, surtout que le décès a été très brutal et à laissé beaucoup d'amis d'Alfred dans le désarroi
Raconte-nous comment ça s'est passé si le coeur y est, alexlega (t'en fais pas si tu peux pas, pas de soucis).
Le corps d' Alfred Largange arrive ce jour en Martinique en provenance de Singapour. La veillée est prévue le vendredi 28 septembre 2007 au funérarium de la Joyau à Fort-de-France de 18h à 22h. La cérémonie funéraire aura lieu le lendemain samedi à 10h toujours à la joyau.
L'inhumation se fera au cimetière du Morne des Esses dans la commune de Sainte-Marie.
Bwa brilé était le nom du dernier site animé par Alfred, son pseudo sur certains sites web, et il était surtout inspiré de la chanson la plus célèbre d'Eugène MONA... MONA, le chanteur aux pieds nus, originaire du Morne des Esses, comme Alfred... Paix à leurs âmes
Bwa Brilé
Lé mwen lévé lè maten
Mwen ka pran bout kòd-la
Mwen ka maré ren mwen pou man ay fè tren mwen
é gadé zannimo mwen ho ho
Lè'y si zè mwen fini
Mwen ka pran gran rou-a
Mwen ka levé zyé mwen pou mwen mandé kouraj "à la divinité"
Pou i pé ba mwen an mannyè pou mwen pa sa santi
Lanmizè mwen ho ho
Lanmizé mwen
Bondié fè mwen pou sav
I ban mwen an bwa brilé
I ban mwen an pil san
é mwen byen rézitan dapré lé èsploitan wo o o
Man pa bèl i pa bèl conpann mwen
Nou pa fèt pou "le luxe"
Pa menm pou le "calice" nou ni dwa dèt admi dapré sa mwen ka wè
É mwen ka tann ki sa listwa kité ba nou vyé frè
Dan lé zarchiv ho ho
Dan lé zarchiv
Non nou sé bwa brilé
Tjè nou pa diféran
Bondié fè nou pou sa
I ka ban nou dé nonm blan
Otis té bwa brilé
I té ni an nonm blan
Louis Armstrong té bwa brilé
I té ni an nom blan
_________________ "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
Je reviens de la veillée. Ca y est, je l'ai vu, je lui ai dit au revoir, maintenant, je sais qu'Alfred est parti
Il y avait beaucoup, beaucoup, beaucoup de monde qui était venu lui dire au revoir. Dans les allées, tous évoquaient, admiratifs, son brillant parcours, les projets qu'il avait pour sa Caraïbe natale, la vie qu'il était allé chercher si loin, à l'autre bout de la terre...
Je savais tout ça. Mais mon amitié pour Alfred était faite d'autre chose... De ces souvenirs de jeunesse, de lycéens facétieux, d'étudiants solidaires, cherchant un peu de chaleur humaine dans l'exil parisien... De quête de racines, toujours, que ce soit dans nos soirées nostalgie dans le froid (Alfred adorait danser autant que cuisiner) ou à travers le web, où il a été un combattant infatigable pour la promotion de nos cultures. Comment évoquer tant de bons moments sans avoir le coeur serré, car avec lui, c'est un peu de notre jeunesse qui s'en va...
J'ai retrouvé certains de ces amis du lycée, ce soir, et nous avons évoqué ces souvenirs... Au-dessus du cercueil, il y avait une belle photo de lui, avec son visage juvénile, ses lunettes de premier de la classe, et son regard d'une insatiable curiosité. Avec ces souvenirs de moments heureux, c'est l'image d'Alfred que je garderai. Un jeune homme brillant, curieux, parfois incompris, mais tellement dévoué en amitié, tellement attachant... Une étoile filante nous a quittés
Tu aimais tant les voyages, nous serons là, demain, pour t'accompagner dans celui qui sera le dernier. Puis tu retourneras à cette terre que tu as tant chérie
Alfred Largange nous a quitté Écrit par Karole Gizolme 20-09-2007
Nous apprenons par le site Bondamanjak le décès brutal d'Alfred Largange suite à un arrêt cardiaque dans sa 36 ième année. Alfred était très attaché à l'idée de réseau, d'échanges, de mutualisation, et avait mis en ligne les premières pages du site Internet de Gens de la Caraïbe.
Très présent dans les forums et différents débats sur Internet, il n'hésitait pas non plus à s'engager sur le terrain. En 1998, il s'installe en Haïti durant trois ans dans les Brigades Internationales de la Paix et restait toujours en alerte sur le devenir de ce pays. Rentré en Martinique, son île natale, il rédige INTERFACE, un rapport sur la coopération régionale caribéenne pour les collectivités locales. Déçu du peu d'écho qu'il provoque chez ses compatriotes, il décide de partir à Paris.
Durant un peu plus de trois ans, il coordonnera la mission Nouvelles technologies de l'Information au Ministère de l'Outre-mer. Durant ses moments libres, il rend visite à plusieurs reprises à Joseph Zobel et organise une rencontre à Paris en 2002 autour de l'auteur de la Rue Cases Nègres dont il avait fait faire éditer ses derniers romans et poèmes aux éditions Ibis Rouge. Il prit l'initiative également de créer un site Internet autour de celui qu'il appelait Monsieur Zobel . Son contrat terminé au Ministère de l'Outre-mer, il reprend ses études pour un MBA en communication et stratégie à Singapour. Officier de Saint-Cyr et diplômé de l'Institut d'études Politiques de Paris, Alfred restera un jeune homme éternel curieux. Paix à son âme.
Un autre hommage sur le site créoliste Potomitan :
Lauréat du concours général des lycées, Diplômé de science politique de Paris et de l'université de Singapour, Officier de réserve décoré de la médaille de la défense nationale,. Ancien chargé au ministère des DOM TOM.
Alfred, un homme engagé et honnête. Homme d'action, intransigeant sur les résultats. Aventurier d'esprit, sensible aux dimensions culturelles et stratégiques des enjeux du monde global. Plus séduit par la Mondialisation (rencontre des diversités) que convaincu par la Globalisation (uniformisation).
An Zanmi ki mò
(audio) par Kounta.
An finèt ki fèmen
Alfrèd,
Ou sé bwabrilé,
Ou sé an Kréyolis Mawon kon ou té renmen di.
Ou pati miklon nan gran péyi zansèt nou.
Ou lésé an giyon nan tèt mwen davwa jòdijou mwen kon vonvon ki pèd
tou'y.
Mwen tirbilé, tjè mwen tjèbolizé padavwa mwen ka santi mwen sèl san
baton, mwen sèl pou goumen kont lé Mapipi ki lé rapé lang kréyòl nou
pou lapéti kò yo.
Ou lésé nou sèl kon malpapay, poutji ou fè nou sa?
Konba-la ké fèt san nonm djòk-la, san nonm mapipi-la ki té la pou ban
nou fòs épi kouraj, pou nou pa tranblé, pou nou kanpé dwèt douvan
moun ki lé tjwé kilti nou ou vann li bon maché pou kolonizatè-a.
Ki moun ki ké viré pran chaltounen-an?
ki moun ki ké ripran sèbi-a?
ki moun?
Tonnandisò, poutji ou pati siprésé ki sa?
Poutji ou lésé lavi-a fè'w pran lanmè sèvi savann?
Poutji ou chapé san fini travay-la?
Poutji ou fè nou sa Alfrèd?
Poutji?
Pa ni ou asou entènèt-la ankò,
ou lésé an silans ka fè mwen trésayi.
Zyé nou kay chaché an ti mésaj di'w, an ti jédèmo ou té enmen fè.
An djèt sa!
Nou pé ké wè'w ankò, estébékwé,
zyé nou ké kon an finèt fèmen nan kaz san limyè......
Kounta 25/09/2007
OKTOSILAB POU ALFRED LARGANGE
Chak kou yon gwo mapou tonbe
Yon dal ti piti va pouse
Siman w al ak regrè Fredo
Ou pa t gen tan di n yon ti mo
Nou dèyè ap pase mizè,
Toujou ap bat dlo pou fè bè
Tandike w ap repoze ou
Pandan n ap gade travay ou
(E. W. Vedrine, nèg Ayiti)
Pour Alfred Largange
Fuir
Avant que le soleil
ne mène les étoiles
jusqu'à l'autodafé
José Le Moigne
17 septembre 2007
A demain, Alfred _________________ "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
Caribéens : Si différents, tellement pareils
par Alfred Largange
Quelques réflexions sur les identités caribéennes, les origines communes qui font que Cubains, Barbadiens et Guadeloupéens partagent, au delà de leurs différences linguistiques, politiques ou économiques, un même "feeling".
L'Histoire comme première solidarité
A l'origine de notre Histoire officielle, on trouve le projet d'un navigateur génois, Christophe Colomb, mandaté par la Reine d'Espagne, Isabelle la Catholique, pour tenter de rejoindre l'Asie en traversant l'Atlantique. La brève confusion qui a suivi l'arrivée des caravelles espagnoles dans les Bahamas, puis sur l'île d'Hispaniola, se retrouve aujourd'hui dans la dénomination anglaise des Antilles : West Indies, les 'Indes Occidentales'. Cette 'découverte', rebaptisée depuis 'Rencontre des Deux Mondes', a déterminé des deux côtés de l'Atlantique une véritable révolution. Les revenus tirés des mines d'or, puis de la mise en valeur agricole des pays de la Caraïbe ont été déterminants pour le développement économique de l'Europe, prélude à la Révolution Industrielle. Du côté caribéen, le génocide des populations amérindiennes, l'émigration européenne et la Traite des Africains ont en quelques décennies complètement redessiné la carte humaine, tandis que le cadre écologique subissait de plein fouet l'urbanisation et surtout l'implantation à grande échelle des cultures de rente : tabac, indigo, et bien entendu, canne à sucre. Dans le sillage de la colonisation espagnole, les autres puissances européennes n'ont pas tardé à réclamer leur part des nouveaux territoires. Royaume-e-Uni, France, Pays-Bas, Danemark se sont progressivement implantés dans la Caraïbe, se disputant les îles les plus rentables.
Des sociétés nées dans la douleur...
Les populations caribéennes résultent aujourd'hui de la combinaison des peuples qui ont pris part, de gré ou de force, à ce processus. Aux vestiges amérindiens (Taïnos au Nord, Caraïbes au Sud) se sont ajoutés les éléments européens, le flot des captifs africains puis, à la fin du XIXème siècle, une immigration hindoue ou chinoise dans certaines îles (Trinidad et Tobago ; Guadeloupe, Martinique, mais aussi Cuba et quelques autres). A la fin du XIXème et au cours du XXème siècle, enfin, des communautés arabes, essentiellement syro- libanaises, se sont implantées dans certains pays, se consacrant notamment au commerce. Les populations caribéennes actuelles tiennent autant du melting pot que de la mosaïque. Melting pot parce que les pays de la Caraïbe ont indiscutablement été des creusets ethniques, des lieux d'intense métissage racial et culturel. Les mélanges se sont faits partout, dans des proportions variées, au gré des stratégies choisies ou subies par les différentes communautés. Mosaïque, parce que partout ces mélanges se sont faits dans un contexte de racisme découlant du système esclavagiste et de ses justifications. Partout, , même dans les pays qui ont fait du progrès social et culturel un de leurs objectifs majeurs, les préjugés raciaux demeurent et continuent à influencer les comportements sociaux des Caribéens. Cependant, ces discriminations coexistent avec de puissantes dynamiques de fusion ethnique.
... aujourd'hui porteuses d'un message universel
Malgré ce lourd héritage, les peuples de la Caraïbe ont développé des formes culturelles marquées par la volonté de résistance à l'oppression et la nécessité de manifester solidarité et sentiment communautaire. C'est sans doute ce qui fait qu'aujourd'hui, les cultures populaires caribéennes séduisent les publics du monde entier. L'exemple le plus frappant est bien sûr celui des musiques, riches, de par leur héritage africain, de valeurs de convivialité et de communion par le rythme. La vogue des musiques afro-cubaines dans les années 50, alors que Cuba était l'Eldorado touristique des Etats-Unis, et celle aujourd'hui de la salsa, du zouk, de la socca, sont cependant moins significatives que l'audience planétaire qu'ont pu avoir le reggae jamaïcain et son prophète, Bob Marley. Cette musique, venue du Tiers Monde, a su se faire une place sur les ondes en véhiculant sans complexes un discours politique anti-impérialiste, ainsi qu'une spiritualité opposée aux mirages consuméristes de 'Babylone'. Elle a sonné, au cours des années 70 et 80, comme un message d'affirmation de la dignité des peuples en quête de justice et de liberté, témoignant de ce que l'expression artistique caribéenne a su tirer parti de la diversité et du caractère extrême des expériences humaines de cette petite région du monde pour atteindre une valeur universelle. Dans le domaine littéraire, plusieurs écrivains caribéens ont également atteint cette dimension universelle, soit qu'ils aient choisi de s'abstraire de leur cadre d'origine, soit qu'ils l'aient sublimé, soit encore qu'ils s'y soient attachés jusqu'à lui faire exprimer, à travers ses particularités, l'essence de la condition humaine. Les noms d'Alejo Carpentier, d'Aimé Césaire, de Saint-John Perse, d'Edouard Glissant, , de V.S. Naipaul, de Jacques Roumain, de Derek Walcott ou d'autres encore témoigngnent d'un dynamisme sans commune mesure avec l'exiguïté des territoires caribéens ou la faiblesse de leurs populations.
Le défi des réseaux mondiaux
Les cultures caribéennes, nées du choc souvent violent des influences de tous les continents, sont aujourd'hui confrontées à un véritable défi. Alors qu'elles ont réussi à se développer dans un contexte de domination coloniale, porteur d'assimilation et d'aliénation, elles doivent faire face aux nouvelles logiques de l'éco- nomie globale. Le développement des moyens de communication et des activités liées aux loisirs (télévision, radio, cinéma, presse écrite, industrie du disque ou de l'informatique) constitue une opportunité sans précédent pour la diffusion des produits caribéens, mais ces derniers doivent composer avec les grands circuits de l'information et du divertissement, contrôlés par des multinationales issues des pays industrialisés. Si les vidéo-clips de raggamuffin jamaïcains ou les romans des auteurs martiniquais atteignent le public mondial, c'est bien souvent en se pliant aux impératifs de marketing et aux choix arbitraires des responsables de la télévision par câble ou des majors du disque ou de l'édition, qui filtrent la production culturelle caribéenne pour en diffuser ce qu'ils estiment le plus 'représentatatif' et en tout cas le plus vendeur. Pour accéder au public et à une juste rémunération de leur travail, les artistes sont donc parfois obligés de se compromettre avec des œuvres que l'on pourrait qualifier de 'doudouistes'.
Des populations en danger d'aliénation ?
La problématique ne s'arrête pas là. En effet, les populations caribéennes constituent également des marchés pour les multi- nationales de l'édition et les réseaux planétaires, qui déversent sur les peuples des images, des valeurs et des références qui répondent aux impératifs commerciaux. On peut prendre comme exemple les sit com télévisés mettant en scène des personnages afro-américains, auxquels les Caribéens peuvent s'identifier, sans que les situations et les problèmes représentés ne correspondent nécessairement à la réalité caribéenne, ni d'ailleurs souvent au message que les Afro-Américains auraient souhaité communiquer s'ils avaient eu la maîtrise des médias grand public ! Communiquant avec le monde à travers des mass media qu'ils ne maîtrisent pas, et soumis en retour à des flux culturels qui ne prennent pas en compte leurs réalités et leurs aspirations, les peuples de la Caraïbe ont fort à faire pour continuer à exprimer leur quotidien et leurs rêves à travers des créations et des pratiques qui restent pourtant dynamiques.
Entre assimilation créative, relecture décalée et reproduction servile, les cultures de la Caraïbe sont confrontées à de nouveaux défis, à la mesure des cataclysmes humains dont elles sont issues.
_________________ "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
c'est maintenant que les larmes sortent et je ne puis m'empecher, nous avions diner un soir ensemble au babylone à Paris, puis comme une grande soeur il m'avait emmené au théatre un etre exceptionnel, trop sensible je crois et donnant plus qu'il ne recevait....
la vie l'a repris, quand il m'a annoncé son départ en tant que maman antillaise je lui ai fait part de ma désapprobation, il m'a dit que "je parlais comme sa mère", c'est vrai je ne "sentais" pas ce départ.....
je t'embrasse Alfred Largange , brillante lumière au paradis des Etoiles, je t'aime frère
Chabine pourrais t'on écrire une récap de ses publications, dur boulot qu'il va nous donner
c'est maintenant que les larmes sortent et je ne puis m'empecher, nous avions diner un soir ensemble au babylone à Paris, puis comme une grande soeur il m'avait emmené au théatre un etre exceptionnel, trop sensible je crois et donnant plus qu'il ne recevait....
la vie l'a repris, quand il m'a annoncé son départ en tant que maman antillaise je lui ai fait part de ma désapprobation, il m'a dit que "je parlais comme sa mère", c'est vrai je ne "sentais" pas ce départ.....
je t'embrasse Alfred Largange , brillante lumière au paradis des Etoiles, je t'aime frère
Nombre de ses proches ont dépeint Alfred sous ces traits : un être généreux, sensible, souvent incompris, et tous regrettaient de ne pas lui avoir témoigné plus tôt ou plus franchement leur affection Pour ma part, je refuse de mesurer si Alfred a donné plus qu'il n'a reçu... Il a donné, ça oui, c'est clair, et c'était sa volonté. Un don gratuit. Il a vécu pour donner de sa personne, c'est la vie qu'il a voulue et il l'a vécue. A-t-il reçu de l'affection en retour en temps et en heure ? Nul ne le sait, mais ce que je vois, c'est qu'il la reçoit maintenant. Je ne veux pas garder de lui un souvenir amer fait de regrets. Les regrets ne servent à rien, sauf à être encore plus tristes. Il nous manque, c'est vrai, mais il nous revient aujourd'hui de faire vivre son souvenir, justement à travers ce qu'il nous a donné : le goût de l'amitié, du partage, la curiosité intellectuelle, un certain goût de l'essentiel dont je commence à noter qu'il tend à disparaître, tellement je vois des personnes autour de moi s'égarer dans les méandres de l'hyper-consumérisme, du matérialisme et des faux-semblants. Alfred n'était pas un carriériste, il n'était pas "m'as-tu-vu", il détestait la malhonnêteté intellectuelle, il aimait aller à l'essentiel, et était en quête de vérité.
C'est ce souvenir là que je veux garder de lui, par-delà nos choix de vie, nos divergences, qui étaient bien réelles, de lui, je souhaite garder l'essentiel de son bref passage : le souvenir d'un "Homme qui interroge" (comme l'a écrit Fanon, décédé au même âge que lui ).
Je garderai aussi le souvenir attendri de notre amitié, de tous ces bons moments partagés ensemble, dans le froid exil parisien, de son goût pour la danse, pour la bonne cuisine faite maison, sa loyauté indéfectible, même si j'ai mis du temps à le comprendre.
Alfred repose donc en sa terre natale, au Morne-des-Esses, c-à-d au fondok de cette Martinique fondamentale qu'il a toujours portée dans son coeur.
La cérémonie de ce matin était très émouvante. En dehors du prêche religieux, 3 hommages lui ont été rendus, par son frère, et deux de ses meilleurs amis, une du lycée, un du web. 3 hommages qui ont rendu fidèlement compte de l'homme qu'il a été, avec ses réussites, quelques unes de ses déceptions, et toujours cette insatiable curiosité qui l'ont mené à finir sa vie à 12 000 km de son île.
Je ne sais pas s'il faut regretter ce départ pour Singapour, melbamoor. De l'avis de ceux qui lui ont rendu visite là-bas, il s'y était vraiment épanoui. Il semblait y avoir trouvé ce qu'il avait vainement cherché ici, et y semblait heureux. Si ces 3 dernières années lui ont permis d'aller au bout de sa quête, alors il y sera allé pour de bonnes raisons. Enfin, c'est ce que je ressens, et c'est ce que me disait sa mère hier soir Les regrets ne servent à rien.
Après la cérémonie, une petite caravane s'est mise en route pour le Morne-des-Esses. Celà faisait longtemps que je n'avait pas fait cette route, le trajet était un peu triste, sous la pluie. Les derniers moments ont été très tristes, très très tristes, vraiment J'ai vraiment du mal à réaliser qu'il est parti... Il y a quinze jours, il vivait au rythme trépidant d'une métropole asiatique, et là, aujourd'hui, par une journée pluvieuse, il repose dans un humble caveau de la campagne martiniquaise... Il est revenu parmi les siens...
Les souvenirs continuent à défiler dans ma tête... 20 ans d'amitié... une matinée pluvieuse et triste...
Que ton âme repose en paix, Alfred, mon ami
melbamoor a écrit:
Chabine pourrais t'on écrire une récap de ses publications, dur boulot qu'il va nous donner
c'est incroyable
Son frère nous a appris ce matin qu'il avait écrit, en plus de ses nombreux articles, un livre, récit romancé de ses tribulations de par le monde. Je ne sais pas s'il avait eu le temps de le finir, et s'il sera publié. Pour le reste, je pense que ses amis sont motivés pour que ses travaux ne se perdent pas dans l'oubli. Une fois le temps du premier deuil passé, j'en parlerai à son frère.
Contacte-moi par MP si tu es intéressée par ce projet. Si tu veux rédiger un petit texte hommage, destiné à être publié dans la presse locale, fais-moi signe aussi (toujours en privé), nous y réfléchissons actuellement, avec ses amis, sur place.
Au fait, ne m'en veux pas, je me suis permise de rebaptiser le topic, pour une raison simple : Alfred n'a pas disparu, il ne peut pas disparaître, la preuve, il est encore parmi nous. Il est juste passé à autre chose... même si c'est dur à accepter pour nous qui ne le verrons plus
A an lot solèy, boug mwen _________________ "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
c'est un long et vibrant post sur Alfred que tu as fait Chabine.
a Singapour, si l'on considere que c'etait en milieux de semaine et que
Didier n'a pu prevenir les amis d'alfred que la veille pour le lendemain on peut tout de meme dire qu'il y avait du monde et que l'emotion etait grande et partagee.
Didier a ete comme Alfred: a se preoccuper du bien etre des amis avant tout (dont moi).
nous sommes alles prendre un verre avant que son frere ne reparte. a la table les quelques personnes presentes nous sommes rememores les bons souvenirs
voila, certainement rien a voir avec ce qui a du etre fait en sa terre natale de Martinique mais tout de meme cela a ete fait et du monde est venu.
pour ma part je regrette les moments que je n'ai pas passe avec lui alors qu'il me contactait et je me rappelle les bons ou l'on partageait un cafe, a aller courir ensemble ou a passer un peu de temps a la piscine. trop rares d'ailleurs tous ces moments... mais bon sur le coup on se dit que les amis ne partent pas comme ca et qu'ils sont la pour durer.
c'est agreable a lire et ca donne une bonne idee sur la facon de penser d'Alfred
voila, c'est dur mais: le plus difficile est pour ceux qui restent.
moi je mets ca derriere moi, je me rappelle d'Alfred qui cuisinait tres bien et riait et c'est tres bien comme ca
j'en retire un enseignement: je vais etre un peu plus altruiste avec ceux qui comptent pour moi parce qu'apres il ne reste que les regrets...
Je ne pensais pas que tu serais là en Martinique après toute l'émotion suscitée par le cyclone Dean, et que tu subirais cette fois un vent, une tornade qu'est la partance pour d'autres vagues de Bwabrilé comme il aimait se nommer.
Oui nous n'étions pas là , mais le coeur y était, ma mère ma dit qu'à 10 heures la pluie s'est mise à tomber avec fracas.... l'heure à laquelle se déroulait la cérémonie.
Oui l'esprit et l'âme d'Alfred doivent et seront toujours parmi nous, l'ayant peu connu, mais ayant eu tout de meme la chance de l'avoir rencontré 2 fois, et a travers ses écrits j'ai su que c'était quelqu'un d'immortel, généreux, rigolo, humain, et....sensible
Pour l'annonce de son départ à Sinapour, ma réaction fut celle d'une maman et surtout d'une maman nègresse, nous aimon tellement protéger nos enfants, nous ne voulons pas qu'ils s'éloignent qu'ils partent trop loin, Alfred je l'ai considéré comme un petit frère....
l'émotion est là, il est là, j'essayerai de retrouver la photo prise avec Henri Guedon et Alfred en Juin 2004.....à la Villette
Pour la suite et la création je suis d'accord pour que l'on crée un Prix et un mémorial ALFRED LARGANGE destiné soit à la recherche ou autre on verra bien il faudra y réfléchir
les lendemains sont tristes, mais les matins sont heureux pour lui , pour nous il faut que la terre lui soit légère...
J'espère que tous ses amis ont pu assister à son départ funéraire, Ste Marie , vivier de créateurs à la Martinique, as tu remarqué??
la modestie oui , c'était une de ses très grandes qualités.
je l'avais connu par le web et je ne le regrette pas.
Merci pour ton récit très émouvant
In mémorial, essayons d'organiser à la Martinqiue, comme nous essayerons de le faire à Paris, un hommage le jour de son anniversaire donc le 8 décembre 2007.
si ses amis sur Paris pouvaient me contacter en MP
Posté le: Lun 01 Oct 2007 11:11 Sujet du message: Alfred et moi
Bonjour Melbamoor, Chabine, Alex,
Mon coeur est déchiré et je tremble chaque jour lorsque je lis vos messages. Je trouve enfin la force de sortir de mon silence et de vous parler. Sur un autre blog, j'avais lu un message d'Alex. Merci infiniment Alex de m'avoir répondu en m'envoyant notamment quelques photos récentes d'Alfred. J'étais également restée discrète car je ne savais pas qu'Alfred avait parlé de moi à sa famille. J'ignorais encore récemment l'existence de son roman à clés.
J'ai connu Alfred en janvier 2004 et nous sommes restés ensemble jusqu'au jour de son départ pour Singapour, le 17 juillet de la même année. 6 mois qui ont été des moments de bonheur mais trop courts. Melbamoor, sache que moi aussi je souhaitais qu'il reste ou qu'il me demande de l'accompagner. Je ne me suis pas senti le droit de le retenir. A l'aéroport mon coeur était dans le même état qu'aujourd'hui. Ensuite, nous sommes restés en contact en nous écrivant régulièrement, durant 3 ans. J'ai toujours gardé l'espoir d'être de nouveau avec lui. Mercredi dernier, je suis retournée à l'aéroport pour rencontrer son frère Didier. Le corps d'Alfred était sans doute tout près mais désormais inaccessible. Pour la seconde fois, je lui ai dit "adieu", cette fois pour l'éternité. Je dois maintenant faire le deuil de sa disparition physique, de mon espoir de retrouvailles et de la famille que nous n'avons pas fondée ensemble.
Alfred avait tant de qualités, toutes celles dont vous faites les louanges ! Et il était beau ; ce dont personne n'a encore parlé. Il m'a plu dès notre rencontre. Chabine, tu t'inquiètes de savoir s'il a "reçu de l'affection en retour en temps et en heure". Je lui ai dit tout ce qu'il m'apportait sans être sûre de lui donner autant. De son côté, il pensait me donner peu en échange de mon amour pour lui. Ce qu'il a retenu de notre relation, ce sont tous ces petits moments qui, accumulés, constituent le bonheur. Soyez assurés de cela ! Par ma présence à ses côtés, il m'a dit avoir conservé la stabilité psychologique dont il avait besoin pour préparer son départ. Alors que je ne rêvais que de l'attacher pour qu'il ne parte pas !!!
Lorsque je l'ai rencontré, Alfred avait déjà pris la décision de partir. Il aurait eu besoin de plus de temps pour s'engager dans une relation durable avec moi car ses blessures, causées par une relation précédente désastreuse, n'étaient pas encore cicatrisées. Je crois qu'il est parti pour s'investir dans une région du monde qui évolue vite. Un défi pour lui. Mais je pense qu'il partait également pour fuir ses sentiments. Loin de moi, j'escomptais que notre relation survive parmi ses bons souvenirs. Bientôt, il allait peut-être revenir travailler en Europe. La vie ne nous a pas offert ce cadeau...
Depuis que j'ai appris son décès (je ne sais pas comment je trouve la force de prononcer et écrire ce mot), je me sens tellement désemparée que je cherche tous les moyens de parler et de penser à lui. Alfred n'aimerait pas me voir pleurer et me demanderait d'agir.
C'est pourquoi je suis prête à participer à tous les projets que vous souhaitez. J'ai gardé de nombreuses photos de lui et de nous, ainsi que la mémoire de nos longues conversations, plein d'anecdotes et de bons souvenirs à raconter. Dans notre correspondance je trouverai probablement quelques passages à inclure dans le site de Didier. Oui pour un hommage le jour de son anniversaire et/ou pendant le prochain Festival Caraïbes. Oui aussi pour un travail de sensibilisation sur les accidents cardiaques et vasculaires. J'habite Paris. Vous trouverez mon téléphone dans l'annuaire (19e), Thiery avec un seul R ! Mon email patthiery@yahoo.fr
Qu'Alfred et son dynamisme soient l'essence des projets que nous pourrons engager ensemble !
Je suis de tout coeur avec vous et sa famille dans cette épreuve.
Patricia
Je ne connais pas personnellement la personne dont il est question ici, mais je comprends votre douleur. Je voudrais juste vous souhaiter du courage et vous dire que ceux qui nous quittent physiquement restent de toute façon avec nous. Ce sont nos pensées et nos souvenirs, notre amour qui les gardent à nos côtés, pour l'éternité.
Pensez à votre ami et envoyez-lui de l'amour et de la lumière.
Bien à vous.
Fille d'Afrique. _________________ Freedom is not Free.
Une minute de silence et d'affection, serait une belle intention pour Alfred, j'esayerai d'en toucher un mot à Joby Bernabé lors du Festival Vibrations Caraibes du 3 au 7 octobre 2007 à Paris à la maison des cultures du monde.
Je trouve touchant de suggérer une minute de silence. C'est parfois symboliquement très fort mais il me semble qu'Alfred était surtout un homme de parole. Parfois un vrai bavard !!!!
On pourrait peut-être proposer, entre les concerts, les conférences, les contes et les slams du festival, la lecture d'un texte d'Alfred sur le thème de la créolité ou un autre sujet en lien avec le festival et les Caraïbes ?
Je sais que c'est court d'ici le 3 octobre mais faisable.
A méditer...
Patricia, ton post m'a tellement touchée que j'en ai encore la chair de poule rien quà y revenir... Du coup, je ne trouve pas les mots...
Un mois déjà qu'Alfred nous a quittés, et j'ai encore peine à y croire... Son frère prépare un site en hommage, il devrait bientôt être lancé. Ainsi, tous ses amis, réels comme virtuels, pourront se recueillir par delà les océans... C'est incroyable le nombre de gens qu'Alfred a réussi à relier, certains ne l'avaient même jamais rencontré
Je vous laisse en cadeau le texte d'un des hommages qui lui ont été rendus par un de ses meilleurs amis, le jour de la cérémonie d'enterrement. Une très belle pensée à méditer en cette veille de Toussaint...
À ceux que j'aime et qui m'aiment.
Laissez-moi. J'ai tellement de choses à faire
et à voir, ne pleurez pas en pensant à moi.
Soyez reconnaissants pour les belles années où
je vous ai donné mon amitié et mon amour.
Vous devinerez à peine le bonheur
que vous m'avez apporté.
Je vous remercie de l'amour que chacun m'avez démontré,
maintenant il est temps pour moi de voyager seul.
Pour un court moment vous pouvez avoir de la peine.
La confiance vous apportera, réconfort et consolation.
Nous serons séparés pour quelques temps.
Laissez les souvenirs apaiser votre douleur,
Je ne suis pas loin . . . Si vous en avez besoin ,
appelez-moi et je viendrai, même si vous
ne pouvez me voir ou me toucher, je serais là...
Et si vous écoutez votre cœur, vous éprouverez
clairement la douceur de l'amour que j'apporterai.
Et quand il sera temps pour vous de partir,
je serai là pour vous accueillir.
Absent de mon corps, uni à l'univers...
N'allez pas sur mes cendres pour pleurer,
je ne suis pas là, je ne dors pas,
je suis les milles vents qui soufflent,
je suis le clapotis des flots sous les caresses chaudes du soleil couchant,
je suis le scintillement des gouttes de rosée,
je suis la lumière qui traverse les champs de cannes,
Je suis le papillon déployant ses ailes chatoyantes,
je suis la pluie chaude qui caresse votre visage,
je suis l'éveil des oiseaux dans le calme du matin ,
je suis l'étoile qui brille la nuit aux abords de la lune.
N'allez pas sur mes cendres pour pleurer ,
je ne suis pas là, je ne suis pas mort...JE SUIS....enfin.. _________________ "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
Bonjour Chabine, Patricia, Melbamoor et les autres,
Je ne connaissais pas Alfred Largange, et je viens de lire le profond hommage que vous lui rendez, très certainement à juste titre.
Je vais davantage me pencher sur les liens que vous avez pu fournir afin de faire connaissance avec feu Alfred.
En tout cas, il y a des choses vraiment étonnantes parfois : hier soir, ma soeur me faisait découvrir le texte que Gregory Lemarchal (jeune chanteur de 24 ans trop tôt disparu des suites de sa maladie la "mucovicidose") a laissé pour ses fans http://www.e-monsite.com/gregorylemarchalhommage/rubrique-1003858.html
Et aujourd'hui, je retrouve ce texte (en partie modifié ) en hommage à Alfred.
Je ne peux que me dire que ces paroles sont très belles, réconfortantes aussi, à l'image des belles âmes que sont Alfred et Gregory.
Patricia, ton message est plus qu'émouvant à lire. Ton récit me touche également beaucoup tant il sort tout naturellement de ton coeur.
Oui, la vie nous réserve parfois de ces épreuves ... Le tout restant à ne garder au fond du coeur que les apports de part et d'autre qui auront été constructifs. A cela, j'y inclus l'Amour avec un grand A, celui qui consiste à remercier le Ciel d'avoir pu connaître des personnes de grande valeur.
Que votre chemin soit toujours celui de l'Amour, cette force qui cicatrise les blessures du coeur.
bien à vous,
vali _________________ Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l'on te fasse.
Merci Vali pour ton message d'amour et de paix, c'est avec ce sentiment que nous avancerons dans la vie, dans l'amour que chacun pourra apporter à l'autre sans rien attendre en retour
l'amour et le respect sont deux valeurx essentielles dans la vie, dans cette vie qui est parfois si compliquée, mais n'est ce pas nous qui la compliquons très souvent, ne pas oublier que nous avons tant de choses à réaliser , tans que nous sommes vivants, car quand la vie sur terre s'en va c'est fini, nous avons tendance à oublier que nous nous ne sommes que de passage les uns et les autres, et que c'est sur terre qu'il faut nous aimer les uns les autres, car après , si il y a un après il n'y plus rien que les souvenirs pour çeux qui restent.
ces épreuves doivent nous rendre plus fort et plus vaillants, l'autre fois j'ai fait appel à Alfed, son esprit, car je me trouvais face à une difficulté au travail, j'ai eu la solution he oui, mais de l'audelà je crois qu'il m'e entendu, j'y crois , j'ai eu la réponse, j'ai pu continuer ma tache ....cela pourrait faire sourire, mais c'est vérité,
je vous embrase
Je te crois, melbamoor, je te crois, car je suis convaincue que la vie ne s'arrête pas à notre passage sur Terre ; ça n'aurait pas de sens, sinon.
Et puis, je pense que nous ne faisons pas assez appel aux esprits de nos proches disparus ; c'est dommage.
Quant à moi, lorsque j'ai une appréhension ou un problème à résoudre, je ne te cache pas que je fais appel à mon(mes) guide(s) spirituels.
En tout cas, ça fait chaud au coeur de savoir que l'esprit d'Alfred (dont je viens de consulter les mémoires par les liens cités in memoriam) est toujours vivant, quelque part, autour de nous.
Le jour de la Toussaint arrivant, je ne manquerai pas d'avoir une pensée émue pour cette belle âme qu'est Alfred Largange et pour ses actes dignes d'un homme de valeur.
Mes respects. _________________ Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l'on te fasse.
Merci pour ton message qui m'a beaucoup touchée. Son frère Didier m'avait également envoyé cette prière. Très belle et dans l'esprit d'Alfred.
Pourtant je n'arrive pas encore à être apaisée. Même si son esprit est tout près, je ressens chaque jour son silence, en plus de son absence.
Alors j'admire tous ceux qui, à travers leurs messages, arrivent si vite à transcender sa mort en message d'amour !
Merci pour ton message qui m'a beaucoup touchée. Son frère Didier m'avait également envoyé cette prière. Très belle et dans l'esprit d'Alfred.
Pourtant je n'arrive pas encore à être apaisée. Même si son esprit est tout près, je ressens chaque jour son silence, en plus de son absence.
Alors j'admire tous ceux qui, à travers leurs messages, arrivent si vite à transcender sa mort en message d'amour !
Petit clin d'oeil pour toi, Patricia, en ce jour de la Toussaint, où les Antillais rendent hommage à leurs chers disparus
Je suis montée au Morne-des-Esses ce matin, pour rendre hommage à mon ami trop récemment disparu.
La journée ressemblait beaucoup à ce triste jour d'enterrement, il y a un mois déjà : ciel bas et lourd. Il n'y avait pas beaucoup de monde dans le cimetierre, sauf quelques hommes affairés au nettoyage des tombes. Normal, les familles ont l'habitude de se rendre dans les cimetières à la tombée de la nuit. J'ai allumé deux bougies au pied de sa tombe, et me suis recueillie un moment, en déplorant intérieurement que la journée soit aussi tristounette qu'il y a un mois. Au moment où je le pensais, le soleil a percé les nuages, et un rayon est venu éclairer la tombe. Un clin d'oeil céleste !
Alfred m'a peut-être entendue, qui sait ?
Je suis redescendue apaisée... J'espère que celà sera le cas un jour prochain pour toi, Patricia _________________ "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
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2011, annee Frantz Fanon
Depuis ce matin, je pense aux visites qu'Alfred reçoit de la part de ceux qui l'aiment. A Paris, nous captons France ô sur la TNT et l'on peut suivre le journal du soir de la Martinique. Alors je regarde les préparatifs de la Toussaint. Dans l'appartement aussi, une bougie est allumée chaque fois que je suis là. Alfred se serait sûrement (gentiment) moqué de moi en parlant de syncrétisme. Tant pis...
Qu'il t'ait apporté un peu d'apaisement est merveilleux. Il avait tant à donner au cours de sa vie !
Le Morne des Esses est situé à Sainte Marie ? J'ai cherché la ville sur Google Earth et trouvé un cimetière près de la distillerie Saint James. Savais-tu qu'il avait travaillé, il y a quelques temps, sur un projet de diffusion de rhum martiniquais à Singapour ? Pour sourire un peu, je me souviens qu'il ne supportait pas vraiment l'alcool.
Pour l'instant je prévois d'organiser une soirée pour lui rendre hommage, le 8 décembre prochain. Et je pense venir en Martinique en janvier. On pourrait se rencontrer ? J'aimerais tellement mieux connaître ses amis.
Prends soin de toi, Chabine, et surtout de ceux que tu aimes.
Merci pour cet hommage rendu à Alfred, grâce et à l'initiative de Patricia, je reviendrais plus tard avec plus de détails, mais pour l'instant les yeux se ferment car je n'ai ps fini de parcourir le site ainsi que les écrits laissés par Alfred "l'immortel"..
Merci Patricia, pour cette rencontre avec la famille d'Alfred, son frère Didier, ses amis de promos, du Web, chalereux hommage avec en fond musical la musique d'Eugène Mona, Bwabrilé, Alfred était plus qu'omniprésent....
Ouaip... ben du coup, y'avait plus grand monde en Martinique pour organiser quelque chose qui tienne la route Enfin, je suis heureuse que la rencontre aie eu lieu sur Paris, avec les amis qui n'avaient pas pu être sur place pour l'enterrement. Apparemment, ça a été sympa :
Pour ma part, j'ai beaucoup pensé à Alfred en cette journée anniversaire. J'y repenserai encore certainement à la fin de cette année ô combien mouvementée pour nous. J'y penserai encore des années durant...
Patricia, c'est avec plaisir que je ferai ta connaissance, tiens-moi au courant de ton séjour prochain ici
A an lot solèy _________________ "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
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