M.O.P. Super Posteur
Inscrit le: 11 Mar 2004 Messages: 3224
|
Posté le: Ven 05 Mai 2006 12:28 Sujet du message: Manigances de la dette, la france un cas d'ecole. |
|
|
http://www.quotidienmutations.net/mutations/32.php?subaction=showfull&id=1146830140&archive=&start_from=&ucat=32&
Point d’achèvement : Appétits français autour des retombées
--------------------------------------------------------------------------------
Les contrats CD2 ficelés de manière à écarter les entreprises camerounaises.
Xavier Luc Deutchoua
-------------------------------------------------------------------------------- Le point d’achèvement est à peine tombé que les appétits se manifestent autour de ses retombées. La guerre entre les entreprises nationales et les multinationales étrangères pour bénéficier des marchés générés par l’atteinte du point d’achèvement est lancée. Et, d’après des sources généralement bien informées, les entreprises françaises seraient bien parties pour rafler l’essentiel des contrats découlant du volet bilatéral français de l’annulation de la dette, appelé "Contrat désendettement développement (C2D)".
Ce mécanisme de financement prévoit que, dès l’atteinte du point d'achèvement de l'initiative Ppte, environ 771 milliards Fcfa affectés à l’allègement de la dette du Cameroun vis-à-vis de la France, soient consacrés à des projets de développement, notamment la réhabilitation et/ou la construction des infrastructures urbaines et interurbaines. L’Agence française de développement (Afd) travaillerait à l’utilisation de ces fonds depuis plusieurs mois. En témoignent les réunions successives tenues avec les officiels camerounais, en particulier avec l’Agence de régulation des marchés publics, pour définir un Règlement particulier des appels d’offres (Rpao)
Une correspondance de l’Armp adressée à l’Afd, dont Mutations s’est procuré une copie, révèle le climat qui règne au cours de ces concertations. Faisant suite à plusieurs réunions bilatérales avec la partie française, le directeur général de l’Armp, par la plume de l’inspecteur Thomas Mbeutcha, attire l’attention du directeur de l’Afd sur les conditions du règlement particulier de l’appel d’offres dans le cadre des marchés attendus du C2D. La lettre, copiée au Premier ministre, au Minefi, aux ministres des Travaux publics, du Développement urbain et de l’Habitat, ainsi qu’aux délégués du gouvernement de Yaoundé et de Douala, revient sur trois précédents points des discussions entre les parties camerounaises et françaises, qui concourent à écarter les entreprises nationales.
Selon l’Afd, pour prétendre aux marchés C2D à venir, toute entreprise soumissionnaire devrait rassurer le maître d’ouvrage sur sa capacité à respecter ses engagements, en produisant des garanties sur ses moyens financiers, humains et matériels. Ce, en produisant des cautions, une attestation de solvabilité, des bilans et des rapports des commissaires aux comptes sur la situation financière des cinq dernières années, en proposant un personnel d’encadrement justifiant pour la plupart de dix ans d’expérience, en possédant en propre au moins 75% du matériel lourd nécessaire aux travaux. Il devra également justifier d’un volume de travaux important.
Exclusion
L’Armp rappelle à l’Afd des éléments de contexte, qui mettent d’office hors compétition toutes les entreprises locales naissantes : "C’est en juin 1999, écrit M. Mbeutcha, que des entreprises camerounaises se sont peu à peu intégrées dans le secteur des Btp à travers les projets du Fonds routier. Le Mintp, quant à lui, n’est qu’à sa deuxième expérience des programmes triennaux. Les effets de la longue crise économique, leur implication sur le volume des marchés des Btp et sur la sous-utilisation du personnel technique sont à reconsidérer à leur juste valeur". La correspondance est ainsi conclue: "De manière générale, et dans le cadre d’une saine et loyale concurrence, l’implication massive des entreprises camerounaises dans ces consultations ainsi qu’une forte pénétration des nouveaux acteurs sont à promouvoir pour garantir des emplois aux Camerounais et la reprise de notre économie".
A Douala par exemple, pendant les années de récession, les sociétés moins connues, issues de pays comme la Chine et la Tunisie, ont damné le pion aux concurrents français. A niveau de qualification égal, ils étaient les moins disants. Avec l’appui en matériel des entreprises locales comme Ketch, par exemple. Certaines dispositions du Règlement particulier des appels d’offres (Rpao), conçu par l’Afd pour gérer les contrats C2D, visent-elles à donner plus de chance aux compagnies françaises ? Il y en a qui le pensent. Les cautions et autres documents financiers exigés des Camerounais constitueraient matière à blocage, quand on sait que les banques dites camerounaises sont pour l’essentiel des filiales des banques françaises…
De sources proches de l’ambassade de France, on se refuse à commenter officiellement cette information, indiquant cependant que l’expérience des entreprises camerounaises en matière de réalisation des travaux n’est pas toujours citée en exemple, la surfacturation le disputant aux réalisations partielles. Or, soutient notre source, au moment où les plus hautes autorités camerounaises rappellent les exigences de bonne gouvernance, la France est soucieuse de s’assurer que l’argent de la dette recyclé dans les projets de développement sera utilisé à bon escient. Enfin, précise-t-elle encore, la compétition reste ouverte et peut bien profiter aux entreprises camerounaises qui font la preuve de leur surface financière et de leur expérience, mais aussi aux entreprises d’autres pays qui ne sont pas exclues du tout.
Les principaux bénéficiaires des contrats C2D urbain et interurbain, à savoir les ministère des TP, de la Santé et du Développement urbain, ainsi que les communautés urbaines, ne sont pas entièrement en phase avec le l’Armp. Joint au téléphone, un responsable municipal, dont la structure attend beaucoup des contrats C2D, partage les exceptions soulevées par l’Armp, mais estime qu’il ne faut pas s’enliser dans une "querelle de moines". "Nous risquons de perdre du temps et de l’argent en créant des blocages maintenant ", dit-il.
Partant du fait que les retombées du C2D s’étendent sur une période de 10 ans, qui est décomptée depuis le franchissement du point d’achèvement par le Cameroun, il pense que les besoins en infrastructure de sa ville sont tels qu’il faut démarrer les procédures dans les conditions actuelles. Selon lui, les marchés seront, à sa connaissance, passés selon le code camerounais. "Les conditions posées par les Français sont contenues dans la loi régissant les marchés publics au Cameroun. Ces conditions ont été rappelées en janvier dans un communiqué publié dans Cameroon tribune", précise-t-il _________________ La vie est un privilege, elle ne vous doit rien!
Vous lui devez tout, en l'occurence votre vie |
|