rocco Grioonaute
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Posté le: Jeu 08 Juin 2006 06:54 Sujet du message: Comment la chute de Jacques Chirac s’est confirmée. |
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extrait du livre :la tragegie du president
Sortie de route
" Le petit chat est mort. "
Molière
C'est le 29 mai 2005 que Chirac est mort politiquement, et pour de bon, cette fois, sans espoir de résurrection. Après l'échec de son référendum, il a encore deux ans à tirer. Ils seront sa croix. Ce cadavre bougera encore, par habitude, mais le cœur n'y sera plus.
Le voici, soudain, au fond du néant avant même la fin de son mandat. Du jour au lendemain, il a été relégué aux oubliettes, vieux fantôme déguisé en président, croque-mort du déclin français, zéro pensant, puisque c'est ainsi que le voient les Français, désormais.
Par 54,68 % des suffrages, ils ont rejeté le projet de Constitution européenne qui leur était présenté, après une campagne électorale qui a mis au jour la crise que traverse le pays. À son âge, on ne se relève pas d'un tel camouflet et Chirac le sait. Il suffit de voir son visage défloré, le soir, à la télévision, quand il ânonne une allocution où il prend acte de la " décision souveraine " du peuple français. Il a pris dix ans d'un coup. Ses yeux ne sont plus en face des trous et sa voix semble provenir d'outre-tombe. Sa cravate est presque noire. Il est en deuil de lui-même.
On peut certes gloser sur le projet de Constitution mis au point par une convention multipartite sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing: c'est en effet un texte long et compliqué, mais le traité de Maastricht, que les Français avaient adopté, ne l'était pas moins. On peut mêmement épiloguer à perte de vue sur la mauvaise campagne menée par le chef de l'État et tous les partisans du oui : au lieu d'expliquer clairement les enjeux, ils sont toujours restés sur la défensive, même quand, à propos de la circulaire Bolkestein, les "nonistes", saisis d'un accès de xénophobie, ont brandi la menace du "plombier polonais" qui allait prendre l'emploi de leurs collègues français.
Il n'en reste pas moins vrai que les résultats du référendum ont révélé, surtout, à quel point le pays allait mal. Serge July dénonce ainsi, dans Libération: "un désastre général et une épidémie de populisme qui emportent tout sur leur passage, la construction européenne, I'élargissement, les élites, la régulation du libéralisme, le réformisme, l'internationalisme, même la générosité". Pour faire "ce chef-d'œuvre masochiste", conclut-il, il fallait, "outre les habituels souverainistes, une classe politique élevée par des autruches, portée aux mensonges depuis de nombreuses années, des incompétents notoires à la manœuvre dont un président en exercice, et des cyniques en acier trempé dont un ancien Premier ministre socialiste".
Laurent Fabius et les socialistes qui ont appelé à voter non avaient bien vu le filon: les chocottes. La France a fait la preuve, ce 29 mai, qu'elle avait trop peur de l'avenir pour être à la hauteur. Pour Jacques Chirac, c'est la confirmation qu'il avait raison de se méfier des grands mots et, par exemple, d'interdire à son Premier ministre de parler de "rigueur", substantif qui, ô horreur, signifie notamment, selon le Larousse: "Refus de tout laxisme dans le respect des impératifs économiques, budgétaires, etc."
Jacques Chirac correspond à la définition que Winston Churchill a donnée de l'homme politique "Etre capable de dire à l'avance ce qui va arriver demain' la semaine prochaine, le mois prochain et l'année prochaine. Et être capable, après, d'expliquer pourquoi rien de tout cela ne s'est produit." Le discours n'a donc, pour lui, aucune importance. C'est un instrument de conquête ou de séduction. Pas de vérité ni de pédagogie.
C'est à croire que les électeurs ne sont pas pour lui des grandes personnes, tant il les infantilise. Chaque mot est calculé, chaque virgule aussi. Comme Mitterrand qui, lui aussi, détestait le mot "rigueur", Chirac est un poseur d'emplâtres et un prince de la dissimulation. Un pipeauteur. _________________ moins le blanc est intelligent , plus il voit le noir bete |
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