Rocs Bon posteur

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Posté le: Lun 07 Aoû 2006 21:27 Sujet du message: Jeff, débouté au tribunal et expulsable |
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Jeff Babatundé, lycéen nigérian de 19 ans scolarisé dans le XIe arrondissement de Paris, doit quitter la France. Le tribunal administratif de Paris a rejeté lundi la requête déposée par le lycéen
Visiblement accablés, les nombreux militants associatifs, enseignants, parents d’élèves ou simples citoyens venus le soutenir, se sont pourtant promis de se retrouver mardi devant la cour d’appel de Paris, pour exiger cette fois que le jeune-homme sorte du centre de rétention de Vincennes, où il dort depuis cinq jours. Cette demande-là a elle aussi peu de chances d’aboutir.
Jeff a quitté le Nigeria en 2004. Sa mère, personnalité locale, avait été assassinée lors de violentes émeutes. Mineur à Paris, Jeff est d’abord pris en charge par l’association France terre d’asile. La première année, il est scolarisé dans la classe d’accueil d’un collège parisien, le temps de se familiariser avec le français. Car au Nigeria, il parlait seulement l’anglais. En septembre, le jeune-homme intègre un CAP «métiers de l’enseigne et de la signalétique», au lycée professionnel Dorian, dans le XI arrondissement. L’Ofpra lui refuse le statut de réfugié, et le recours échoue. Le lycéen se confie alors à sa professeure d’anglais. Celle-ci alerte le réseau Education sans frontières.
Au lycée Dorian, la mobilisation s’est très vite organisée. Les enseignants de la classe de Jeff, le proviseur et l’ensemble du conseil d’administration de l’établissement ont rédigé des lettres de soutien, qui ont été jointes à sa demande de régularisation. Celle-ci a été déposée à la préfecture, au titre de «vie privée et familiale» puisque Jeff assure qu’il n’a plus de famille au Nigeria. Et le 24 juin, une cérémonie de parrainage républicain a eu lieu à la mairie du XIè. Ce jour-là, Patrick Bloche, conseiller de Paris et député du XIeme arrondissement, a endossé le rôle de parrain. L’enseignante en anglais, celui de marraine (lire article). Un mois plus tôt, Georges Sarre, maire du XIè, avait adressé un courrier à Nicolas Sarkozy ainsi qu’au préfet du Val-de-Marne. Lundi soir, le médiateur Arno Klarsfeld s'en est mêlé, estimant que Jeff devrait être autorisé à rester en France «où il a construit un présent harmonieux».
Cette forte mobilisation n’a pas infléchi hier la décision du juge administratif. Pour l’avocate de la préfecture, les deux années de présence de Jeff sur le territoire français ne pèsent pas lourd, comparées à d’autres dossiers. Le lycéen est en outre trop jeune pour avoir déjà construit une famille ici: «il n’a pas d’attaches familiales», tranche l’avocate.
Durant toute l’audience, l’enseignante en anglais se tenait derrière son élève, l’encourageant des yeux. Jeff, visage rond, lunettes sur le nez, n’a pas pu croiser son regard: il est resté tête baissée tout le long. L’enseignante et sa famille hébergeaient Jeff depuis mars. Mardi dernier, il était sorti en voiture avec des copains. Contrôle de police, absence de titre de séjour, 48 heures de garde à vue, puis transport au centre de rétention. Si le consulat du Nigeria délivre rapidement un laisser-passer, Jeff Babatundé sera expulsable sans délai. _________________ Domine ta peur et tu seras plus fort que la mort |
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