Une visite à Ali Farka Touré
(France, 2001, 56mn)
ARTE F
Réalisateur: Marc Huraux
Ali Farka Touré est mort le 7 mars dernier. Hommage à un musicien et à un homme exceptionnels, à travers ce documentaire de Marc Huraux qui lui a rendu visite chez lui, à Niafunké au Mali.
Novembre 1999. Ali Farka Touré conduit le 4x4 sur la route qui va de Bamako à Niafunké. "Cette route-là, je l'ai faite 2 000 fois... À une époque, j'étais chauffeur." Si ça roule comme il faut, il y a encore des heures de piste. La veille, Ali Farka et ses musiciens ont donné un concert à Bamako pour le Programme des Nations unies pour le développement. Ali Farka est pressé de rentrer : la récolte doit bientôt commencer et l'harmattan, le vent de sable, se lève... On croise un troupeau de vaches : "Elles sont conduites jusqu'à Bamako pour être vendues à l'abattoir. Ça fait un mois de marche !" On arrive enfin à Niafunké, un gros bourg étalé sur plusieurs îles, dans une boucle du fleuve Niger. C'est là qu'Ali Farka Touré a passé son enfance. C'est là qu'il est revenu après avoir bourlingué à travers le monde. C'est là, enfin, qu'il a enregistré son disque Niafunké, sept ans après Talking Timbuktu, enregistré avec Ry Cooder à Los Angeles.
LES PETITS PLUS
La mémoire du fleuve
Par petites touches, le réalisateur brosse le portrait d'un homme au confluent de toutes les histoires. Seul survivant d'une famille de dix garçons (farka signifie "résistance"), orphelin très jeune (son père, enrôlé dans les tirailleurs sénégalais, meurt au front), Ali est élevé à la dure par son oncle et initié au monde des génies par sa grand-mère. "À 11 ans, j'ai eu des problèmes mentaux. Il a fallu me désenvoûter..." Ali Farka n'en dira pas plus sur le sujet : il y a des choses qui ne peuvent s'expliquer. En revanche, il prend un plaisir visible à promener ses hôtes et à montrer le "studio" dans lequel il a enregistré son dernier album en date : un grand bâtiment en ruines dont les ouvertures étaient obturées par des bâches. Mais sa plus grande fierté, ce sont ses champs : 25 hectares de riz et d'agrumes, 3 000 arbres fruitiers. "Le plus important, c'est d'avoir le ventre plein", affirme Ali Farka, qui investit tout ce qu'il gagne à Niafunké. Certains artistes se font construire des villas, courent après la reconnaissance internationale. Lui n'aspire qu'à une chose : assurer l'autosuffisance alimentaire de son village. Celui qu'on a surnommé le "John Lee Hooker du Sahel" refuse de finir musicien : il aimerait passer le "fardeau" à son neveu Afel et "faire sa paix avec Dieu". La musique n'est pourtant jamais très loin, comme en témoigne cette très belle scène où Marc Huraux met un vieux disque qu'il a apporté : Ali reconnaît Otis Redding, sourit et joint les mains. À ce moment-là, la musique emporte tout.
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"L' Homme est le remède de l'Homme " (proverbe Wolof)
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