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[M.O.P.]

Attention on Deboulonne

Avec l'explosion du coût des métaux, les vols de cuivre, d'aluminium, d'inox, d'acier ou de bronze ne cessent d'augmenter. Malgré les risques d'électrocution, des malfaiteurs ont ainsi volé, lundi 24 juillet, une caténaire sur une voie ferrée à proximité de Cambrai (Nord) afin de pouvoir revendre le cuivre.

Interpellés le lendemain et jugés en comparution immédiate, ils ont été condamnés, respectivement, à huit mois de prison, dont cinq ferme, et huit mois de prison avec sursis. Au total, les deux hommes ont reconnu avoir dérobé, pendant le mois de juillet, près de 500 mètres de caténaire pour un profit d'environ 2 500 euros. La SNCF a estimé le préjudice à plus de 22 000 euros, du fait notamment des perturbations sur le trafic des trains.

Quinze tonnes de cuivre ont également été volées, mardi 18 juillet, à Soissons, dans l'Aisne, par un groupe de cinq individus. "Très organisés", selon le vice-procureur de Soissons, Eric de Valroger, ils ont agressé le chauffeur d'un camion et l'ont ensuite enfermé dans le coffre d'un véhicule pendant quatre heures. La remorque et les 15 tonnes de cuivre, pouvant représenter jusqu'à 60 000 euros, n'ont pas été retrouvées. Le "tracteur" du véhicule a été découvert calciné.

STATUES DÉBOULONNÉES

Ces affaires illustrent l'évolution du trafic des métaux, une délinquance très ancienne mais qui s'est radicalement transformée avec l'augmentation importante du cours des métaux depuis quelques mois (Le Monde du 27 avril). Selon l'Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI), le nombre de plaintes a augmenté de 55 % au cours du premier semestre 2006 par rapport à 2005.

Les modes opératoires ont aussi profondément évolué. De vols dans les chantiers ou sur la voie publique, on est passé à des vols aggravés avec effraction, séquestration du chauffeur ou utilisation de faux uniformes de policiers pour intercepter les véhicules. Une première affaire de vol à main armée, impliquant au moins une dizaine d'individus, a eu lieu en avril à Reims.

Des statues de bronze ont aussi été récemment déboulonnées près de Verdun. Des grilles de cimetière en laiton ont disparu. L'OCLDI s'inquiète à l'idée que les monuments aux morts puissent être visés dans l'avenir. Des gouttières en cuivre de particuliers ont été subtilisées. La SNCF est contrainte de faire surveiller ses chantiers pour éviter les vols. Des panneaux de circulation sont aussi dérobés. "Ce n'est qu'une toute petite part des millions de panneaux, mais on compte plus d'une centaine de vols de panneaux de circulation au premier semestre", précise le colonel Philippe Schneider, qui commande l'OCLDI.

La hausse des cours sur les marchés internationaux suscite la convoitise, mais les enquêteurs ne croient pas en l'émergence d'une "génération spontanée" de délinquants. "Le vol de fret, habituel sur le haut de gamme, se transfère sur les métaux", note M. Schneider, en reconnaissant que l'essentiel de la délinquance est le fait de "gens du voyage". L'OCLDI constate l'implication de "fratries" capables de parcourir " 500 ou 600 kilomètres" pour cibler un camion.

Les tonnes détournées rejoignent discrètement les entrepôts de recycleurs. Les ferrailleurs sont normalement obligés de tenir des livres de police pour identifier chacun de leurs fournisseurs. Mais ces documents se révèlent souvent incomplets, permettant de masquer une partie des échanges.

L'OCLDI émet l'hypothèse qu'une partie des métaux rejoint directement, par bateaux, le continent asiatique, là où la demande est la plus forte. Une demande qui devrait se maintenir avec la forte croissance économique de la Chine.

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-799585@51-799639,0.html
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