Posté le: Lun 23 Jan 2006 15:50 Sujet du message: Le FMI en manque de clients !
Le FMI devra se serrer la ceinture
Faute de clients, l’organisme de prêt peine à financer son fonctionnement. Son directeur veut diversifier ses activités.
Le FMI doit-il trouver un nouveau modèle économique ? La question se pose depuis que le Brésil et l’Argentine ont remboursé par anticipation leur emprunt auprès de l’institution. Comme tout organisme financier, le FMI prête à un taux d’intérêt légèrement supérieur à celui auquel il emprunte, la différence servant à couvrir ses dépenses de fonctionnement et à augmenter ses réserves. Et, ces temps-ci, sa clientèle d’emprunteurs se raréfie.
Le volume des nouveaux prêts accordés au cours de l’année financière qui s’est achevée le 30 avril 2005 n’a jamais été aussi faible depuis la fin des années 1970, même en chiffres non corrigés de l’inflation : il ne dépasse pas 2,5 milliards de dollars [2,1 milliards d’euros]. Le Brésil, l’Argentine, la Turquie et l’Indonésie représentaient l’an dernier plus de 70 % de l’encours des créances – lequel est tombé de 90 milliards de dollars en avril 2004 à environ 66 milliards fin novembre 2005. Les remboursements effectués fin décembre par le Brésil (15,5 milliards de dollars) et l’Argentine (10 milliards) réduisent d’autant cet encours. En Asie, après les crises financières de la fin des années 1990, les Etats se sont constitué d’énormes réserves, en partie pour s’assurer de ne plus jamais se retrouver à la merci du FMI, qui assortit ses prêts de conditions draconiennes. “Avec deux de ses plus gros débiteurs remboursant par anticipation, son portefeuille de prêts se réduit comme peau de chagrin”, commente Desmond Lachnan, chercheur à l’American Enterprise Institute. “Il n’y aura pas beaucoup de rentrées d’argent pendant un certain temps.” La faiblesse de la demande de crédits auprès du FMI est principalement due aux bons résultats économiques des pays émergents et aux conditions très favorables qui existent sur les marchés financiers internationaux. Reste à savoir comment, dans ce nouveau contexte, le FMI va pouvoir financer des dépenses annuelles avoisinant le milliard de dollars, le taux d’intérêt applicable à ses prêts étant calculé de manière à couvrir ses frais. A court terme, la décision de Brasília et de Buenos Aires risque d’obliger le FMI à relever fortement le taux d’intérêt demandé à ses autres emprunteurs.
Mais d’autres solutions peuvent être rapidement mises en œuvre. Le conseil d’administration peut revoir à la baisse l’objectif de reconstitution des réserves ou réduire le taux d’intérêt versé aux pays membres sur leurs contributions au fonds. Le FMI peut aussi payer ses factures en prélevant sur ses réserves, qui s’élèvent à 6,8 milliards de dollars. “Il dispose de réserves suffisantes pour financer ses activités pendant encore quelques années”, estime Kenneth Rogoff, professeur à Harvard et ancien économiste en chef du FMI. “Mais, si aucune grande crise financière n’éclate pendant encore cinq à sept ans, alors le problème se posera de manière aiguë.”
Bien que le moment choisi pour les deux grands remboursements anticipés ait créé la surprise, le FMI se préparait déjà à une baisse de ses prêts. Il travaille depuis un certain temps sur un plan visant à développer ses autres sources de revenus – un projet présenté par Rodrigo Rato, le directeur général, dans le cadre d’un réexamen de la stratégie du FMI.
L’une des solutions consisterait à mieux rentabiliser les réserves, en en investissant une partie dans des obligations d’Etat à long terme plutôt que dans des instruments à court terme. L’or sous-évalué inscrit dans les comptes du FMI représente également une source de revenus possible.
Une troisième option serait de faire payer les services fournis par l’institution dans des domaines aussi divers que la politique monétaire et budgétaire, les statistiques nationales ou la standardisation des données. Ces travaux pourraient être financés par les pays membres les plus riches, qui seraient également encouragés à payer la facture des plus pauvres. Le FMI pourrait en profiter pour expliquer au monde entier ce qu’il fait, au-delà des prêts qu’il accorde aux marchés émergents pour les aider à surmonter les crises.
Andrew Balls
Financial Times
Ils n'ont qu'à se faire un Programme d'Ajustement Structurel (PAS) sur mesure _________________ La véritable désaliénation du Noir implique une prise de conscience abrupte des réalités économiques et sociales. F. Fanon
L'ignorance est un danger que tout homme doit éviter. S. NKOUA
Excusez-moi, je sors de ma réserve, mais alors là, le seul commentaire qui me vient, c'est
Zafè TCHOU YO !!!
Ils peuvent crever, cette bande de vautours !!! _________________ "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
Bien fait pour eux!!!! J'espère ke ça va aller de mal en pire pour eux!!!! J'ose esperer ke vos états ne vont pas en faire les frais!!!! Bande de malfrats!!!!
par Eric Toussaint , Damien Millet
13 décembre 2005
Force est de reconnaître que le Fonds monétaire international (FMI) est très efficace. Malheureusement, ce n’est pas en terme de réduction de la dette et de lutte contre la pauvreté, comme il le proclame, mais en terme de coup d’éclat médiatique et de manipulation sémantique.
Le FMI vient d’annoncer qu’il va annuler la dette de 20 pays pauvres à son égard au début de l’année 2006. Aux yeux d’une opinion qui a du mal à décrypter les messages volontairement confus des grands argentiers du monde, la démarche est habile : elle veut signifier que le problème de la dette est en passe d’être réglé. En fait, le but cherché est double : avoir bonne presse après les fortes turbulences dues à son rôle très discutable dans les crises financières récentes, mais aussi tenter de désamorcer la contestation croissante sur le thème de la dette des pays en développement. Cependant, plusieurs éléments laissent particulièrement perplexes.
Primo, c’est exactement la quatrième fois cette année que les médias se font l’écho de la même décision impliquant le FMI : d’abord en juin à Londres lorsque la décision a été prise par les Ministres des Finances du G7, puis en juillet à Gleneagles lors du G8 lui-même, ensuite en septembre lorsque le FMI, après de fortes réticences de la part des petits pays riches comme la Belgique ou la Suisse, a entériné l’accord du G8 le concernant, et enfin en décembre au moment où il a dévoilé les modalités de cette opération.
Deuzio, 18 des 20 pays concernés par l’annonce du G8 sont exactement les pays dits « pauvres et très endettés » (PPTE) qui ont réussi à achever un véritable parcours du combattant néolibéral, notamment une réduction drastique de leurs budgets sociaux, des privatisations massives, une libéralisation radicale de leur économie, pour le plus grand profit des sociétés multinationales et des investisseurs internationaux. Mais ce sont autant de coups très durs portés aux conditions de vie des populations pauvres. Autrement dit, ces pays ont déjà payé très cher le droit d’être ainsi éligibles. Afin de faire accepter ses remèdes frelatés, le docteur FMI fait mine de prescrire des stratégies de réduction de la pauvreté. Cet imposteur se construit un alibi (de maigres sommes saupoudrées sur de rares projets sociaux) tout en cachant les graves effets secondaires : par exemple, dans des pays où plus de 40 % du budget sert à rembourser la dette, il interdit aux gouvernements de recruter et de former suffisamment d’enseignants, d’aides-soignants, de médecins, etc., au nom de sacro-saints principes comme la réduction de la fonction publique et l’équilibre budgétaire. Il s’applique soigneusement à ne jamais remettre en cause de telles postures idéologiques, ce qui est à l’opposé d’une démarche scientifique honnête.
Tertio, le FMI a fait semblant de comprendre de travers l’accord du G8 et il l’a interprété à son avantage. Alors que le G8 avait annoncé une annulation de la dette des pays concernés envers le FMI dès lors qu’ils faisaient partie de la liste des 18, le FMI y a rajouté des conditionnalités qui lui permettent de rester un acteur central du dispositif, de surcroît à la fois juge et partie. En effet, il va commencer par procéder à un examen des politiques économiques des pays bénéficiaires avant de leur accorder l’allégement de dette prévu. Il veut par là s’assurer que depuis qu’ils figurent sur la fameuse liste, la politique qu’ils appliquent est toujours conforme aux recettes éculées de ses experts néolibéraux. Bien entendu, les deux pays non PPTE de la liste, le Cambodge et le Tadjikistan, se sont déjà pliés eux aussi aux exigences du FMI.
Enfin, le FMI disserte sur le montant total de l’annulation qu’il va supporter à terme : 4,8 milliards de dollars, qu’il va trouver simplement en utilisant les bénéfices réalisés sur une transaction en or remontant à 1999. Pourtant, c’est bien maigre face à la dette extérieure publique de tous les pays en développement, qui s’élève à 1 600 milliards de dollars. De plus, le FMI pourrait faire bien davantage car il est le troisième détenteur d’or du monde, son stock valant plus de 44 milliards de dollars au cours du marché alors qu’il est inscrit dans ses comptes pour un montant 5 fois moindre.
En réfléchissant bien, et pour utiliser un vocabulaire très en vogue, le FMI n’a pas usurpé l’appellation de « terroriste financier ». D’une part, il agit comme un tireur embusqué qui dégaine des politiques et en contemple les dégâts, du haut d’un hôtel cinq étoiles, partout où elles sont appliquées en rafale. D’autre part, il a tout du tueur à gages forcené, qui prend des populations entières en otage, les privant de leur souveraineté et de leur dignité. Le plus raisonnable est sans aucun doute de le mettre hors d’état de nuire. L’abolition du FMI et son remplacement, dans le domaine monétaire international, par une institution multilatérale qui agirait enfin pour le respect des droits humains fondamentaux sont des pistes à étudier sérieusement.
Damien Millet est président du CADTM France (Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde), auteur de L’Afrique sans dette, CADTM/Syllepse, 2005 ; Eric Toussaint est président du CADTM Belgique, auteur de La Finance contre les peuples, CADTM/Syllepse, 2004. _________________ "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
Analyse de la situation de l'Amérique Latine par rapport à la dette extérieure : à contre-courant des impressions qu'ont pu récemment donner les remboursements anticipés effectués par l'Argentine et le Brésil
Entretien avec le président du CADTM Belgique
Eric Toussaint : « Le Venezuela devrait avoir une orientation plus offensive sur la dette extérieure »
Interviewé à l’occasion de sa dernière visite à Caracas pour le Forum social mondial, les déclarations d’Eric Toussaint sont d’autant plus d’actualité dans le contexte des annonces de remboursements anticipés de la dette vénézuélienne et la propagande relayée par le ministère des Finances sur les dividendes obtenus moyennant les opérations dérivées du rachat des bons de la dette argentine.
par Gonzalo Gomez
Dans l’entretien, nous avons abordé le sujet des politiques relatives à la dette extérieure publique que suivent des pays latino-américains comme l’Argentine et le Brésil, ainsi que le positionnement et les opérations que le gouvernement bolivarien du président Hugo Chavez adopte dans cette matière.
L’Argentine et le Brésil ont récemment effectué des paiements de sommes assez considérables (de dette) au Fonds monétaire international (FMI). Quel jugement portez-vous sur ce type d’opérations ? Parce qu’il semble, à première vue, que de cette manière ces pays cherchent à se libérer de la tutelle du FMI et que par conséquent la réalisation de tels paiements serait vécue comme un progrès.
J’ai une opinion différente sur ce sujet, parce que nous remettons directement en cause la légitimité de la dette de l’Argentine et du Brésil avec le FMI. Pour nous, cette dette n’existe pas, parce qu’elle a été contractée pour mener à leur terme des politiques désastreuses, aux conséquences néfastes sur les conditions de vie de la population. Payer de manière anticipée tout l’argent emprunté par ces pays au FMI revient à légitimer cette dette. Ceci implique, dans le cas de l’Argentine, un paiement de 9 milliards de dollars de remboursement anticipé, une quantité d’argent énorme qui aurait dû être utilisée à d’autres fins. Cet argent, qui se trouvait à la Banque centrale d’Argentine, n’avait aucune raison d’être transféré dans les coffres du FMI à Washington ; il devait être dépensé en Argentine, pour des projets sociaux, pour la création d’emplois, le développement économique, la santé, l’éducation, etc... C’est là ma première considération.
Deuxièmement, nous pourrions penser qu’il s’agit réellement d’une dépense du président Kirchner ou du président Lula pour s’affranchir de la pression du FMI, mais en réalité, ces deux présidents continuent de suivre une politique totalement conforme à la politique du FMI. Même en l’absence d’accord avec le FMI, ils poursuivent (néanmoins) la même politique. Ce n’est pas un signe de revirement vers un nouveau modèle économique mais une continuité sans le FMI. Dans leur réthorique, Lula et Kirchner affirment que c’est une manière de recouvrer la souveraineté de leur pays... mais je dirais qu’il s’agit d’une réthorique dirigée vers une opinion publique qui se positionne contre le FMI, que c’est un discours qui en réalité, malheureusement, n’a pas d’implication concrète.
Pourrais-tu nous confirmer l’information selon laquelle Adolfo Perez Esquivel (argentin, prix Nobel de la paix et lié à l’organisation internationale antidette “Jubilé Sud”) aurait porté plainte contre le gouvernement de Kirchner pour ces paiements de la dette effectués en Argentine ?
Adolfo Perez Esquivel a adopté la même position que celle que je viens d’exprimer ; en d’autres termes, il a rejeté le paiement anticipé de la dette à l’initiative de Kirchner, en disant qu’il fallait annuler totalement le paiement de cette dette. Nous avons eu, durant le Forum social mondial, un atelier sur le thème, avec la participation d’un député argentin nommé Mario Cafiero, qui a déposé plainte devant la Cour suprême de justice de l’Argentine, pour dénoncer la dette envers le FMI. En conséquence de quoi , alors qu’il y a une initiative légale pour enquêter sur cette dette envers le FMI et la dénoncer, la décision du pouvoir exécutif revient à la légitimer...c’est une intervention de l’exécutif (argentin) contre une question qui est sous la responsabilité du Pouvoir judiciaire.
Et elle découle d’une initiative des citoyens...
Oui, bien-sûr, c’est une initiative de plusieurs députés soutenus par une campagne citoyenne exigeant un audit de cette dette à l’égard du FMI.
Le président Chavez a tenu des propos dénonçant le caractère pervers de la dette extérieure dans ses interventions en Amérique latine, hors du Venezuela, et pourtant le Venezuela s’acquitte régulièrement de sa dette extérieure et a récemment déclaré (en janvier 2006) qu’il s’oriente vers un paiement anticipé d’environ 11% de cette dette (une annonce a été faite en janvier et une autre en février 2006). Je ne me rappelle pas à ce moment précis de la composition exacte de cette dette eu égard à ses créanciers ; on mentionne la CAF (Corporation andine de développement), parmi d’autres organismes (comme le FMI). Et par ailleurs, le gouvernement vénézuélien continue d’acquérir des bons de la dette extérieure de pays comme l’Argentine et a déclaré que le Venezuela était disposé à aider ainsi l’Argentine à diminuer le poids de sa dette exterieure. Que penses-tu de ces orientations ?
Je crois qu’il manque une orientation plus offensive de la part du gouvernement vénézuélien eu égard à la dette extérieure, sur la proposition d’un front uni de pays d’Amérique latine et d’ailleurs sur le thème du non paiement ou de la renégociation de la dette et de la réalisation d’audits visant à démontrer que la majeure partie de ces dettes n’ont aucune base légale. Je pense qu’il y a un manque de belligérance sur la question. Selon moi c’est inquiétant, parce que je pense que Chavez dispose de la légitimité, de la crédibilité internationale pour faire cette proposition, et ce dans une conjoncture où les pays endettés ont plus de possibilités d’imposer aux créanciers une renégociation globale. Et ce serait dommage de manquer cette opportunité qui existe de manière conjoncturelle...car plusieurs pays, et à l’évidence le Venezuela, mais également l’Argentine autant que le Bresil, ont accumulé l’année passée de grandes réserves en devises. De sorte qu’ils n’ont pas besoin de nouvelles dettes. En d’autres termes, ils sont en mesure de faire pression sur les créanciers et de ne pas accepter un chantage de ces derniers qui pourraient dire que...”si vous mettez en cause la dette, alors nous allons fermer le robinet du financement externe”, parce que par exemple, le Venezuela n’a plus besoin du financement extérieur, car le Venezuela, avec sa rente pétrolière, dispose d’immenses réserves de devises. Il pourrait rembourser ses créanciers. Bien sûr, je ne suis pas favorable au remboursement, mais le Venezuela est en mesure de ne plus avoir recours aux prêts, ce qui est une position très forte. Quand quelqu’un qui est endetté n’a plus besoin d’argent, il peut dire à ses créanciers : “Messieurs, je n’ai plus besoin d’argent” ; c’est une position de force. Je crois que le président Chavez ne le fait pas parce qu’il observe la position très timide du président Lula et de Kirchner sur le sujet et que par voie de conséquence le Venezuela ne souhaite pas adopter une position individuelle. Je pense que sans s’isoler, le Venezuela pourrait faire une proposition offensive au niveau du débat, dans la discussion sur l’agenda politique de l’Amérique latine, mais malheureusement il ne le fait pas... De sorte qu’il me paraît important que les citoyens et les citoyennes du Venezuela et d’autres pays débattent de la question, pour peut-être faire pression sur leurs gouvernements et exprimer leurs inquiétudes sur le sujet.
Croyez-vous que des gouvernements comme ceux qu’il y a actuellement en Amérique latine, y compris celui d’Evo Morales, seraient capables - le cas échéant dans quelles conditions - de lancer un front des débiteurs en Amérique latine, aux côtés du gouvernement de Chavez ?
Je suis quelque peu inquiet quant à la position que peut adopter le gouvernement d’Evo Morales sur le sujet. Il est soumis à une pression très forte au niveau international qui le pousse à ne pas dénoncer les accords internationaux et à adopter des positions très “responsables”... Mais évidemment, le peuple bolivien, lui, attend des prises de position fermes sur les accords d’investissements, sur la nationalisation des ressources naturelles, sur le paiement de la dette extérieure, etc. J’ai une opinion nuancée ; j’espère qu’Evo Morales adoptera une attitude ferme, mais en tenant compte de la pression de la “comunauté internationale”, de la finance internationale, je crois qu’il va adopter une position très timide... D’où la mobilisation autonome des mouvements sociaux et citoyens pour faire pression sur leurs gouvernements, parce que si les citoyens ne font pas pression sur leurs gouvernements, la pression qui s’exercera sur les gouvernements viendra de l’autre côté, du côté de la finance, du côté du grand capital, appelant à des arbitrages “responsables”...
Une autre question sur le cas spécifique du Venezuela. Croyez-vous qu’il bénéficie, d’un point de vue économique, y compris du point de vue du processus révolutionnaire, avec ses implications sociales, etc., des opérations de rachat de la dette, d’achat de bons à d’autres pays ? Croyez-vous que cela profite au Venezuela ?
Au niveau financier, quand le Venezuela investit de l’argent provenant de ses réserves en achats de bons argentins, cela implique que l’Argentine va payer des intérêts. Il va donc y avoir une recette et non une perte financière. Mon inquiétude se situe à un autre niveau : que le Venezuela entre alors dans le système de la dette internationale et qu’il se retrouve créancier de l’Argentine, ce qui va rendre plus compliqué pour le Venezuela d’en appeler à une renégociation avec les créanciers (de l’Amérique latine) si le Venezuela est également en position de créancier. En première instance, acheter des bons de la dette argentine apparaît comme une prise de position solidaire revenant à dire à l’Argentine : il n’est pas nécessaire que vous vous endettiez auprès de Wall Street ou de la City de Londres... vous pouvez contracter un prêt auprès de pays frères d’Amérique latine qui disposent de réserves fortes en devises parce qu’ils exportent du pétrole.. Cela peut à première vue paraître sympathique, mais cela peut avoir un effet boomerang, cela peut être quelque chose de pervers, en générant une situation dans laquelle le Venezuela se positionne comme créancier de l’Argentine et se retrouve alors affaibli dans sa démarche pour lancer une initiative des débiteurs face aux créanciers.
Oui, en plus, le Venezuela, même s’il est dans une bonne situation du point de vue macroéconomique, en termes de réserves, de niveaux de recettes...est en train de payer la dette corrompue de la IVe République [1]...
Bien-sûr !
Dette qui n’a pas été contractée pour bénéficier au peuple vénézuélien , alors qu’on est en train, disons...de contenir ou d’ajourner la satisfaction de certaines revendications ou besoins populaires ; par exemple, des augmentations de salaires plus importantes, un plus grand renforcement des missions [2], la construction d’habitations..., n’est-ce pas ?
Bien-sûr, c’est pour moi une situation scandaleuse. Cela revient à dire que le Venezuela transfère à ses créanciers une quantité énorme de ressources qui devraient être utilisées pour d’autres choses.
NOTES:
[1] [NDLR] Est appelée IVe République au Venezuela le régime de démocratie représentative de 1958 à 1999, dominé par deux partis, qui a précédé l’arrivée de Chavez au pouvoir (février 1999) et l’adoption d’une nouvelle constitution (décembre 1999) donnant naissance à la Ve République.
[2] [NDLR] Les « missions » sont les programmes sociaux d’alphabétisation, de santé et d’éducation notamment lancés par le gouvernement vénézuélien à partir de 2003.
En cas de reproduction de cet article, veuillez indiquer les informations ci-dessous:
RISAL - Réseau d'information et de solidarité avec l'Amérique latine
URL: http://risal.collectifs.net/
Source : Aporrea (www.aporrea.org/) ; CADTM (www.cadtm.org/), février 2006. _________________ "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
Dernière édition par Chabine le Ven 05 Mai 2006 14:41; édité 1 fois
Par Damien Millet et Eric Toussaint
CADTM. Belgique, 29 mars 2006
Neuf mois après l'annonce tonitruante des huit pays les plus industrialisés (G à Londres, la Banque mondiale vient seulement de dévoiler les modalités de l'annulation des créances qu'elle détient envers 17 pays pauvres et très endettés (PPTE). L'accord, qualifié d' « historique » par le président de la Banque mondiale, Paul Wolfowitz, concerne 13 pays d'Afrique et 4 d'Amérique latine [1]. Au 1er juillet 2006, la dette de ces 17 pays envers la Banque mondiale devrait être annulée. La Banque mondiale avance le chiffre total de 37 milliards de dollars, répartis sur 40 ans.
Mais contrairement aux proclamations de la Banque mondiale, il n'y a là rien de nouveau. Cette décision se contente de concrétiser tardivement la décision prise par le G8 l'année passée. De plus, au cours des dix dernières années, la Banque mondiale n'a dépensé que 2,6 milliards de dollars pour réduire la dette de ces 17 pays alors qu'elle possède plus de 38 milliards de dollars de capitaux propres. Elle est donc très loin d'avoir fait un effort financier significatif, ce qui ne l'empêche pas de proclamer année après année une générosité infondée et usurpée.
Lancée en 1996, l'initiative PPTE devait régler définitivement le problème de la dette de 42 pays très pauvres et très endettés. Mais cette initiative a tourné au fiasco : leur dette est passée de 218 à 205 milliards de dollars, soit une baisse de 6% seulement entre 1996 et 2003 [2]. Bien que la plupart des pays aient appliqué les recettes économiques draconiennes exigées par le FMI et la Banque mondiale, le fardeau de la dette est toujours bien présent. Pourquoi continuer à faire confiance à ceux qui ont déjà échoué et qui veulent renouveler les mêmes erreurs ?
Pour la Banque mondiale, la dette est un outil de domination très apprécié. En effet, pour décrocher cette annulation, les 17 pays concernés ont dû achever les étapes de l'initiative PPTE et réaliser pendant au moins 4 ans un véritable parcours du combattant néolibéral : réduction drastique des budgets sociaux, privatisations massives, ouverture des marchés, libéralisation de l'économie pour le plus grand profit des sociétés multinationales et des investisseurs internationaux. Mais ce sont autant de coups très durs portés aux conditions de vie des populations pauvres. Tous ces pays ont donc déjà payé très cher, en terme de souffrances humaines, le droit d'être éligibles.
La décision de la Banque mondiale est à la fois inadaptée et inadmissible. Inadaptée car elle ne concerne qu'un petit nombre de pays (17, représentant moins de 5% de la population des 165 pays dits « en développement ») ; inadmissible car elle renforce la domination que les créanciers imposent à la planète entière par l'intermédiaire de la dette. Le docteur Banque mondiale fait mine de prescrire des stratégies de réduction de la pauvreté (en fait, de maigres sommes saupoudrées sur de rares projets sociaux) tout en cachant les graves effets secondaires : dans des pays où plus de 40 % du budget sert à rembourser la dette, il interdit aux gouvernements de recruter et de former suffisamment d'enseignants, d'aides-soignants, de médecins, etc., au nom de sacro-saints principes comme la réduction de la fonction publique et l'équilibre budgétaire.
Enfin, cette annonce laisse de nombreuses questions en suspens : quelle est la date butoir pour le calcul de l'annulation : fin 2004 comme au FMI ou fin 2003 comme le bruit court, ce qui réduirait la portée de l'accord ? la Mauritanie, qui est pour l'instant exclue de la liste, sera-t-elle réintégrée ? qu'en est-il de nombreux pays très pauvres oubliés par l'initiative PPTE - comme Haïti, l'Erythrée ou le Népal - qui aujourd'hui n'ont droit à aucun allégement de dette ? des conditionnalités supplémentaires prouvant la docilité économique du pays concerné ne sont-elles pas discrètement ajoutées par la Banque mondiale ?
La démarche de la Banque mondiale, et plus généralement les mesures prises par l'ensemble des créanciers, ne sont que des leurres permettant de détourner l'attention de l'opinion publique. Les revendications essentielles demeurent l'annulation de la dette extérieure publique de tous les pays en développement et l'abandon définitif des politiques d'ajustement structurel. Cette dette ponctionne les richesses des pays du Sud pour les envoyer vers de riches créanciers, ravage des régions entières, répand la misère et la corruption. Cette dette est illégitime, et, pour une large part, odieuse. Son annulation totale et inconditionnelle n'est pas négociable.
* Damien Millet est président du CADTM France (Comité pour l'annulation de la dette du tiers-monde, www.cadtm.org), auteur de L'Afrique sans dette, CADTM/Syllepse, 2005
** Eric Toussaint est président du CADTM Belgique, auteur de La Finance contre les peuples, CADTM/Syllepse, 2004. _________________ "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
La Banque mondiale dans de sales draps au Tchad
par Damien Millet*, Éric Toussaint*
28 novembre 2005
Le discours tonitruant des experts de la Banque mondiale sur la bonne gouvernance, la corruption et la réduction de la pauvreté n’est qu’une sinistre farce. En effet, au Tchad, la Banque mondiale a porté à bout de bras un projet d’oléoduc aboutissant à l’enrichissement d’un dictateur notoire qui vient de se permettre un bras d’honneur magistral. Pendant ce temps, les populations tchadiennes se saignent aux quatre veines pour rembourser une dette colossale sans profiter d’une richesse naturelle qui pourtant leur appartient. Regardons en détail cette caricature d’un modèle néolibéral imposé aux forceps par des institutions internationales au service des grandes puissances et de la finance mondiale.
Dès l’origine du projet, au milieu des années 1990, de nombreuses organisations écologistes, de défense des Droits de l’Homme et de solidarité internationale (dont le CADTM) s’étaient alarmées du soutien de la Banque mondiale à la construction du pipe-line reliant la région pétrolifère de Doba (Tchad) au terminal maritime de Kribi (Cameroun), à 1 070 kilomètres de là. Les risques écologiques, humains et financiers étaient exorbitants dès le départ : Shell et Elf ont préféré reculer. Mais le consortium final, regroupant ExxonMobil, ChevronTexaco (États-Unis) et Pétronas (Malaisie), a pu mener ce projet de 3,7 milliards de dollars à son terme grâce au puissant soutien stratégique et financier de la Banque mondiale.
Achevé en 2004, ce pipe-line a été réalisé avec le plus grand mépris pour les populations concernées. Par exemple, les indemnisations proposées initialement aux personnes vivant sur le lieu du tracé s’élevaient à 25 FCFA (3,8 centimes d’euro) par mètre carré d’arachide détruit, 5 FCFA (0,8 centime d’euro) par mètre carré de mil perdu, ou encore 3000 FCFA (4,6 euros) par pied de manguier détruit, alors que selon le député tchadien Ngarléjy Yorongar, la première production de cet arbre peut à elle seule donner 1000 mangues dont chacune peut se négocier environ 100 FCFA (15 centimes d’euro)... Il a fallu une forte mobilisation pour les revoir quelque peu à la hausse.
L’actualité est parfois cruelle : le dictateur tchadien Idriss Déby est un ancien conseiller militaire de Hissène Habré, dictateur lui aussi et arrêté au Sénégal il y a quelques jours seulement. Militaire formé en France et au pouvoir depuis décembre 1990 suite à un coup d’Etat, Déby bénéficie depuis longtemps du soutien de l’Elysée et des réseaux françafricains. Au programme : élections truquées avec bourrage des urnes ou inversion des résultats ; répression de toute forme d’opposition démocratique et de presse libre ; révision de la Constitution pour autoriser la réélection sans fin du président… Le fiasco du procès que Déby intenta à François-Xavier Verschave, auteur du livre Noir silence qui détaillait tout cela, fut retentissant.
La Banque mondiale ne pouvait pas cautionner ouvertement un tel régime. Réalisant là son investissement le plus important en Afrique noire, elle imposa à Déby de consacrer 90 % des sommes récupérées par la vente de pétrole à des projets sociaux sélectionnés avec son aval et à des investissements dans la région de Doba. Les 10 % restants devaient être réservés pour les générations futures : ils ont été déposés sur un compte bloqué à la Citibank de Londres, sous le contrôle de la Banque mondiale. Pour gérer ce compte, la Banque mondiale a avancé l’idée d’un Collège de contrôle et de surveillance des revenus pétroliers (CCSRP), composé de neuf membres. Mais cinq d’entre eux ont été nommés par Déby lui-même… Nombreux sont ceux qui affirmaient alors que les garanties avancées par la Banque mondiale n’empêcheraient pas Déby d’avoir la haute main sur le magot pétrolier. La Banque mondiale a persisté dans ce qui se confirme aujourd’hui être une lourde erreur.
Le grand gagnant de l’exploitation pétrolière tchadienne est le consortium, mais les proches du pouvoir ne sont pas à plaindre. La répartition des revenus entre l’État tchadien et le consortium pétrolier semble très défavorable à l’État qui devrait récupérer seulement 12,5 % de royalties sur la vente directe de ce pétrole... S’y ajoutent des taxes et bonus divers, qui sont versés directement au Trésor public tchadien. Le premier bonus, versé à titre d’avance, ne fut pas un modèle du genre : 7,4 millions de dollars auraient été détournés. De plus, un autre détournement de 4,5 millions de dollars aurait servi à l’achat d’hélicoptères par le fils du président. La Banque mondiale, très impliquée dans le projet, a alors somptueusement décidé de fermer les yeux pour ne pas entacher sa crédibilité.
Cela ne suffisait pas à Déby : les chiffres permettant le calcul de ce qui lui revient - enfin, à son pays - proviennent d’ExxonMobil et du consortium lui-même. Le Tchad n’a pas l’expertise ni les moyens techniques pour suivre les variations continues des prix et les rapprocher des quantités de pétrole produit. Voilà pourquoi le 7 octobre 2004, la présidence tchadienne a publié un communiqué très inhabituel intitulé " Arnaque, opacité et fraude du consortium ", dénonçant le fait que les multinationales s’accaparent cette rente pétrolière et que le Tchad ne peut contrôler l’exactitude des déclarations du consortium, fortement mises en doute.
Dernier rebondissement en date : comme cela était prévisible, le mécanisme créé par la Banque mondiale se grippe complètement. Idriss Déby est sur le point de mettre la main sur les sommes destinées aux générations futures : au moins 27 millions de dollars. Fragilisé par de fortes tensions sociales, des tentatives de renversement et des désertions dans l’armée, Déby n’envisage sans doute pas d’utiliser les sommes ainsi récupérées pour augmenter des budgets sociaux rachitiques. Le dispositif militaire et répressif du pouvoir devrait à coup sûr s’en trouver renforcé, comme le subodore toute la communauté internationale.
Moralité : la Banque mondiale fut l’élément déterminant d’un projet qui endette lourdement le Tchad, aggrave à la fois corruption et pauvreté, détériore l’environnement, se contente d’extraire une ressource naturelle sans la transformer sur place, pour le plus grand profit de sociétés transnationales qui laissent quelques miettes aux potentats locaux à condition qu’ils garantissent leur droit inviolable à la propriété privée de ressources naturelles. Au contraire, celles-ci devraient être considérées comme un patrimoine commun des populations qui vivent sur place. On retrouve donc là les ingrédients essentiels du cocktail habituel servi par la Banque mondiale en toute connaissance de cause. Un cocktail au goût amer et qui pourrait se révéler explosif.
Damien Millet
Damien Millet est secrétaire général du CADTM France (Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde). Dernier livre publié : L’Afrique sans dette.
Éric Toussaint
Éric Toussaint est président du CADTM Belgique (Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde). Dernier livre publié : La Finance contre les peuples : La Bourse ou la Vie. _________________ "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
G8 : "Pour aider l’Afrique, pillons la !"
Par Groupe local des Landes
"Charité" bien ordonnée commence par soi-même...
On a beaucoup parlé d’Afrique et de pauvreté lors du fameux G8 qui se tenait chez nos voisins britanniques. On allait enfin s’attaquer aux graves maux qui ravagent le continent africain. De belles paroles.
Et de la belle musique aussi, jouée par quelques saltimbanques milliardaires qui veulent nous faire croire que leur musique peut changer le monde et qui ressemblent de plus en plus souvent aux nouveaux... fous des rois.
Voici la traduction d’un article du grand éditorialiste britannique Georges Monbiot [1], paru dans The Guardian, le 5 juillet 2005. Toujours aussi incisif, clairvoyant et encore une fois à contre courant... [2]
J’ai compris dans quel bourbier nous étions, lorsque Hilary Benn, le Secrétaire d’Etat pour le développement international, annonça qu’il se joindrait, samedi, à la "Marche contre la Pauvreté". Quel slogan allait-il pousser : "A bas moi et toute la politique que je représente ! " ?
Benn est l’homme chargé d’utiliser l’aide britannique pour persuader les pays africains de privatiser leurs services publics. Cette marche n’était-elle pas justement censée s’opposer à des politiques comme la sienne ? En fait, les objectifs de cette marche ont été formulés ou interprétés de façon tellement élastique que n’importe qui pouvait y participer. C’était là, sa force et sa faiblesse. Le Daily Mail montrait à la une, une photo de Bob Geldorf et Gordon Brown (ministre des finances) avec comme titre "Let’s roll" , démontrant bien que ni la Marche contre la Pauvreté, ni les concerts du Live 8 ne représentaient une menace pour le pouvoir.
Les leaders du G8 et les intérêts financiers que leur sommet promeut, peuvent intégrer nos demandes pour l’aide, la dette et même des conditions légèrement plus justes pour le commerce, et ne rien perdre. Ils peuvent porter nos couleurs, parler notre langage, affirmer leur soutien à nos objectifs et découvrir dans notre agitation, non pas de nouvelles contraintes mais de nouvelles opportunités pour construire un consensus. Ce consensus étant que la justice peut être atteinte sans s’opposer au pouvoir en place.
Ils invitent nos représentants à partager leur tribune, nous invitons les leurs à partager les nôtres.(...) En fait, pour certains des organisateurs, il n’y a là aucune contradiction : le nouveau consensus nie qu’il y ait un conflit entre "vouloir mettre fin à la pauvreté" et " continuer les affaires comme d’habitude" (business as usual). Les leaders du G8 ont saisi cette occasion à deux mains. Les multinationales, nous expliquent-ils, ne sont pas la cause des problèmes de l’Afrique, mais leur solution. A partir de maintenant, elles seront en charge de la lutte contre la pauvreté.
Ces mêmes grandes firmes internationales ont déjà reçu le contrôle du principal outil de la politique des Etats-Unis à destination de l’Afrique, l’African Growth Opportunitiy Act ou "Loi pour favoriser la croissance en Afrique". Cette loi est un mélange fascinant de philanthropie affichée et d’intérêts les plus crus. Pour être éligible à cette aide, les pays africains doivent mette en place "une économie basée sur le marché qui protège les droits de la propriété privée" , veiller à "l’élimination des barrières contre le commerce et les investissements états-uniens" et favoriser un environnement propice "aux intérêts de la politique étrangère des Etats-Unis". En retour, certains de leurs produits pourront recevoir "un traitement préférentiel".
Le mot important est "certains". Les usines de vêtements en Afrique auront l’autorisation de vendre leurs produits aux Etats-Unis, du moment qu’elles utilisent "des tissus formés et coupés entièrement aux Etats-Unis" ou si elles évitent une compétition directe avec les produits états-uniens. La loi qui fait soigneusement la part belle aux intérêts des fabricants états-uniens, en est comique dans ses précisions. Les habits contenant une bande d’élastique sont éligibles à l’importation seulement si "cette bande fait moins d’un pouce de largeur et est utilisée dans la production de soutien-gorge". Même ainsi, le traitement préférentiel des pays africains sera supprimé s’il provoquait "une croissance importante des importations".
Il va sans dire que tout cela est classé comme aide aux pays étrangers. La loi demande à l’Agence Etats-unienne pour le Développement International de développer... "un environnement réceptif au commerce et aux investissements". Plus intéressant encore est que cette demande a été empruntée au "Conseil des Industriels pour l’Afrique".
Ce Conseil est le groupe de pression représentant les grandes multinationales états-uniennes qui ont des intérêts en Afrique : Halliburton, Exxon-Mobil, Coca-Cola, General Motors, Starbucks, Raytheon, Microsoft, Boeing, Cargill, Citigroup, etc... Pour le Conseil des Industriels, ce qui bon pour General Motors est bon pour l’Afrique. "Tant que les pays africains ne sont pas capables de produire plus de revenus, leur capacités à acheter des produits états-uniens sera limitée". Le Ministère des Affaires étrangères des Etats-Unis a donné la responsabilité au Conseil de former les les gouvernements et les responsables économiques africains. C’est ce Conseil qui organise chaque année le Forum économique africain et qui accueille le comité directeur de la "Loi pour favoriser la Croissance en Afrique".
C’est au tour maintenant du Royaume-Uni de mettre sur pied un système très semblable. Demain, le sommet de "l’Action des Industriels pour l’Afrique" débutera avec un message de Tony Blair. Ce sommet présidé par Sir Mark Moody-Stuart chef de l’Anglo-American aura comme orateurs les présidents de Shell, British American Tobacco, Standard Chartered Bank, De Beers et le Conseil des Industriels pour l’Afrique. Un des buts est d’inaugurer l’Investment Climate Facility - "Fond pour favoriser l’investissement" - un fond de 550 millions de dollars financé par le budget pour l’aide aux pays étrangers, la Banque Mondiale et les autres nations du G8 mais "dirigé et contrôlé par le secteur privé". Le fond va être lancé par Niall FitzGerald, actuellement à la tête de Reuters, mais précédemment PDG d’Unilever et encore avant, représentant de Unilever dans l’Afrique du Sud de l’Apartheid. Il souhaite que ce fond aide à créer "un climat sain pour l’investissement" qui offrira aux compagnies "des retours financiers attractifs, comparés à d’autres destinations en compétition". Anglo American et Barclay se sont déjà proposés pour aider.
Personne ne niera que l’Afrique a besoin d’investissements. Mais les investissements de nombre de nos multinationales n’ont pas enrichi les peuples de l’Afrique mais les ont appauvris. L’histoire de l’engagement des multinationales en Afrique est une suite de travaux forcés, d’expulsions, de meurtres, de guerres, de ressources sous payées, d’évasion fiscale et de collusion avec les dictateurs. Rien, ni dans "Fond pour favoriser l’investissement", ni dans la "Loi pour favoriser la croissance en Afrique" n’impose des conditions contraignantes aux multinationales. Tandis que leur pouvoir et leurs profits seront renforcés par nos budgets d’aide à l’étranger, elles ne seront tenues que par des codes volontaires du type de ceux qui sont en place depuis 1973 et qui ont prouvé leur inutilité. Juste au moment où la "croisade morale" de Gordon Brown nous encourage à oublier la croisade armée qu’il a financée (la guerre en Irak), le relookage - sponsorisé par l’Etat - des mutinationales opérant en Afrique veut nous faire oublier ce que Shell a fait au Nigeria, ce que Barclay, Anglo American et De Beers ont fait en Afrique du Sud et British American Tobacco à peu près partout ailleurs. A partir de maintenant, le G8 aimerait que nous croyions que les multinationales sont les "meilleurs amis" de l’Afrique. En proclamant que la pauvreté est du passé, le G8 a donné à une nouvelle "Compagnies des Indes" le mandat de gouverner le continent.
Sans une critique du pouvoir, notre campagne merveilleusement et désastreusement ouverte à tous ne fera que renforcer leurs efforts. La dette, les conditions injustes des échanges et la pauvreté ne sont pas la cause des problèmes de l’Afrique mais leurs symptômes. La cause est du côté des puissants : la possibilité qu’ont les nations du G8 et leurs multinationales de diriger la vie d’autres peuples. Quand a-ton vu sur les scènes des concerts du Live 8 et à Edimbourg, des revendications contre le contrôle par le G8 de la Banque Mondiale, du Fond Monétaire International et des Nations Unies ? A-t-on entendu exiger que des lois mondiales contraignantes contrôlent les multinationales ?
Lors de la Marche contre la Pauvreté, les orateurs insistèrent sur le fait que nous réussissions à amener les leaders du G8, malgré leurs cris et leurs gesticulations, vers nos exigences. Pour moi, il semble plutôt que ce sont eux, qui nous amènent, dansant et chantant, vers... les leurs.
Georges MONBIOT (traduction Christian Berdot) _________________ "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
Si vous voulez mieux comprendre la pauvreté dans le monde et l’endettement des peuples, je vous suggère ce résumé textuel de ce livre que je vous encourage à acheter. Une mine incroyable.
La page éclair arrière du livre :
« Depuis le début des années 1980, les structures de l’économie mondiale ont changé en profondeur. L’auteur explique comment les institutions financières internationales, et en particulier le Fonds monétaire International et la Banque Mondiale, ont forcé l’application de ces changements d’abord dans le Tiers Monde, puis, plus récemment, dans les pays de l’Est de l’Europe. Il montre les conséquences d’un nouvel ordre financier qui se nourrit de la pauvreté et de la destruction de l’environnement, engendre un véritable apartheid social, encourage le racisme et les conflits ethniques et s’attaque aux droits des femmes. Après avoir exposé en détail les mécanismes de mise en place de l’économie globale, l’auteur procède à une série d’analyses de cas précis en Afrique, en Asie, en Amérique latine, en ex-Union soviétique et en ex-Yougoslavie. L’ouvrage se termine par une brève étude des pays industrialisés et du Québec, démontrant que les populations de ces pays ne sont pas épargnées.
Noam Chomsky, l’un des intellectuels les plus renommés de ce siècle, dit de cet ouvrage : « Michel Chossudovsky met à nu leurs caractéristiques fondamentales et leurs racines dans l’économie internationale. Tant son analyse globale que les nombreuses études de cas qu’il nous offre démontrent avec perspicacité comment ces « réformes » rétablissent les modèles coloniaux, font obstacle à toute planification nationale et à toute véritable démocratie, tout en mettant en place les structures d’un monde d’inégalité croissante dans lequel la vaste majorité est vouée à la souffrance et au désespoir pour servir les intérêts d’un très petit nombre de privilégiés et de puissants. Mais cette évolution n’a rien d’inévitable. La recherche faite par Chossudovsky nous permet de comprendre, ce qui est un pas important dans la lutte acharnée nécessaire pour renverser la vapeur. «
Professeur en économie politique à l’université d’Ottawa, Michel Chossudovsky est un collaborateur régulier du Monde Diplomatique. Il réside maintenant au Québec.
Voici le résumé textuel.
« Le commerce international est intégré, les marchés financiers sont en liaison permanente. En conséquence, c’est un phénomène d’accumulation de la dette qui « réglemente » l’économie mondiale en étranglant les institutions nationales et en détruisant les économies réelles. La dette extérieure (1997) du monde en développement atteint plus de 2000 milliards de Dollards; des pays entiers sont déstabilisés en raison de l’écroulement de leur monnaie nationale, des tensions sociales, des conflits ethniques, des guerres civiles qui s’en suivent. Et le remboursement de la dette aboutit à son aggravation par … la création de dettes nouvelles. Ce livre a pour but de mettre en évidence la restructuration imposée par les créanciers internationaux aux pays en voie de développement depuis le début des années 1980. Les institutions de Bretton Woods ( FMI (Fonds mondial international) et la Banque Mondiale ( BM) ont joué un rôle central dans cette restructuration économique. Le FMI, la BM et l’OMC ( Organisation mondiale du commerce) constitue une puissante bureaucratie internationale dont le mandat consiste à contrôler et superviser les économies nationales. Le pouvoir ne repose pas néanmoins entre les mains de ces institutions. Il s’agit d’organismes répondant aux besoins et aux exigences des intérêts économiques et financiers dominants. Le système économique mondial se caractérise ainsi par deux forces contradictoires : d’une part, la consolidation d’une économie mondiale de main- d’œuvre bon marché ; d’autre part, la recherche de nouveaux marchés de consommation. L’extension des marchés par les sociétés multinationales exige la fragmentation et la destruction des économies nationales. La circulation de l’argent et des marchandises ne connaît aucune frontière ; le crédit bancaire est déréglementé ; le capital international s’empare de la propriété de l’Etat. La mise en œuvre de la « chirurgie « économique du FMI abouti à la compression des revenus réels et d’un système de main-d’œuvre bon marché.
Le même mélange d’austérité budgétaire, d’ouverture des frontières et de privatisation est appliqué dans plus de 100 pays endettés du Tiers Monde et en Europe orientale. Ces pays perdent toute souveraineté économique et tout contrôle sur leur politique fiscale et monétaire ; leur Banque centrale et leur ministère des Finances sont réorganisés ; les institutions étatiques disparaissent ; une tutelle économique est mise en place. Selon un tableau sur la distribution du Revenu mondial de 1993, 15% de la population mondiale contrôle près de 80% du revenu mondial, tandis que 85% de la population mondiale ( total des pays pauvres) contrôle près de 20% du revenu mondial. Dans le Sud, l’Est, et le Nord, une minorité sociale s’enrichit au détriment des peuples. Dans le monde entier, des voix s’élèvent contre ce Nouvel ordre financier mondial qui tire profit de l’exploitation de la nature et des populations, développe l’apartheid social….
La Banque Mondiale dont le mandat consiste à « lutter contre la pauvreté » et protéger l’environnement collabore sur le terrain au démantèlement des services de santé et d’éducation. Son soutien aux mégaprojets énergétiques agro-industriels accélère la déforestation et la destruction de l’écosystème, entraînant le déplacement forcé de plusieurs millions de personnes. Tant dans le Sud que dans l’Est, des centaines de millions d’enfants sont sous-alimentés et privés d’enseignement…
Les politique dictées par le FMI et la BM accentuent les disparités sociales entre nations et en leur sein. Mais la réalité est de plus en plus camouflée par la « science économique » néolibérale ainsi que par la manipulation des statistiques de revenu. Le thème de la « démocratisation » de la vie politique est devenu le cheval de bataille des hérault du « marché libre » mais la mise en œuvre des réformes économiques nécessite l’appui des militaires et des Etats autoritaires. L’ajustement structurel aboutit à la mise en place d’institutions de façade et d’une parodie de démocratie parlementaire dont le rôle consiste à mener à bien la restructuration économique. Dans les pays en voie de développement, « la répression économique » ainsi que la négation des droits des travailleurs constituent le principal obstacle à une véritable démocratisation. C’est ainsi que le FMI fait de la désindexation des salaires la condition de la rénégociation de la dette extérieure ; pour atteindre cet objectif, les grèves sont déclarées illégales et les dirigeants syndicaux sont arrêtés. La mondialisation de la pauvreté alimente le développement d’une économie planétaire orientée vers l’exportation et fondée sur une main-d’œuvre bon marché. Mais les mesures de stabilisation imposées au Tiers monde pèsent en retour sur les économies des pays riches ; la pauvreté dans le Sud contracte la demande globale à l’importation qui finit par affecter négativement la croissance et le niveau d’emploi dans le Nord. Ainsi l’austérité programmée par le FMI et la BM finit-elle par affecter toute la planète.
Dette et Ajustement structurel.
Depuis le début des années 1980, le fardeau de la dette des pays en développement s’est considérablement accru, et ceci en dépit des divers programmes de rééchelonnement proposés par les créanciers. La dette à long terme des pays en développement était d’environ 62 milliards de $ en 1970. Elle fut multipliée par sept durant les années 1970, pour atteindre 481 milliards en 1980. La dette totale des pays en développement, incluant la dette à court-terme, se situait à plus de 2000 milliards en 1997, i,e, plus de 30 fois le montant de la dette en 1970. Jusqu’au milieu des années 1980, les institutions multilatérales finançaient de nouveaux prêts afin de permettre aux pays de rembourser leurs dettes auprès des banques commerciales et des créanciers officiels. Entre 1986 et 1990, le transfert net des ressources en faveur du seul FMI a été de l’ordre de 31,5 milliards. Les prêts du FMI aux pays en développement furent en quelque sorte financés par les pays pauvres eux-mêmes. Il existe une relation étroite entre la gestion de la dette et les réformes macro-économiques. L’objectif des créanciers est de s’assurer que les nations endettées continuent à rembourser le service de la dette. Les fonds ne sont accordés que si le gouvernement met en place les réformes proposées par les créanciers. Les pays qui refusent d’adopter les recommandations du FMI rencontrent de graves difficultés dans le rééchelonnement de leur dette. De plus, le FMI dispose de moyens qui peuvent perturber une économie nationale. Les pays réfractaires sont placés sur une liste noire. Une fois le prêt accordé, les performances sont étroitement surveillées sur une base trimestrielle par les institutions de Washington.
L’ajustement structurel est souvent considéré comme étant subdivisé en 2 phases distinctes :
1e phase : La stabilisation économique à court terme.
D’abord la dévaluation de la monnaie qui constitue le facteur principal enclenchant l’inflation des prix domestiques. Une « maxi-dévaluation » qui entraîne des hausses de prix immédiates- aboutit à une compression du pouvoir d’achat tout en réduisant la valeur en devises étrangères des coûts de main-d’œuvre. Elle diminue aussi la valeur en argent des dépenses publiques, ce qui permet la canalisation des revenus de l’Etat vers le service de la dette extérieure. Le FMI exige également la désindexation des salaires. La dévaluation de la monnaie est souvent exigée comme condition préalable à la négociation d’un prêt à l’ajustement structurel. Le FMI dans le cadre de la thérapie de choc, propose souvent une dévaluation très forte et l’élimination des subventions et des contrôles de prix. Conséquence :Les prix montent en flèche pour rejoindre le niveau mondial, cependant que le pouvoir d’achat de la population est gelé afin de « stabiliser la demande » et « d’éviter les pressions inflationnistes ».
Cette stratégie débouche sur la dollarisation des prix qui signifie que les prix domestiques sont alloués sur ceux du marché mondial ; elle a pour conséquence la hausse des prix de la plupart des biens de consommation : aliments de base, biens durables, combustible… Non seulement le FMI niera les effets inflationnistes de la dévaluation, mais encore il imposera le gel de la création de monnaie dans le but de « combattre les pressions inflationnistes « . Ce contrôle de la masse monétaire va obliger le gouvernement à comprimer ses dépenses réelles, à réduire les salaires réels et à licencier ses employés. Alors que dans les pays endettés, les salaires sont jusqu’à 50 fois inférieur à ceux des pays riches, le FMI exige non seulement la « vérité des prix » mais aussi la désindexation des salaires. Du jour au lendemain, le niveau de vie s’effondre. De plus, le FMI exige une prétendue « indépendance de la Banque centrale à l’égard du pouvoir politique ». Cela veut dire que c’est le FMI plutôt que le gouvernement qui contrôle la politique monétaire. L’accord de prêt conclu avec le FMI empêche le gouvernement de financer les dépenses publiques par la création de monnaie par la Banque centrale. Le pays devient de plus en plus dépendant des sources internationales de financement, ce qui a pour conséquence de gonfler le fardeau de la dette extérieure. Le FMI exige également l’indépendance de la Banque centrale à l’égard du Parlement. Dans plusieurs pays en développement, les cadres de la Banque centrale sont des anciens fonctionnaires du FMI et de la BM. Ils sont souvent nommés directement par les institutions de Bretton Woods. Ces institutions imposent la réduction de l’emploi dans le secteur public et des compressions budgétaires dans les programmes sociaux. Ces mesures d’austérité frappent toutes les catégories de dépenses publiques. Dans ce contexte, la composition des dépenses de chaque ministère est sous la supervision de la BM. Selon elle, cette réduction des dépenses a pour but de « promouvoir la réduction de la pauvreté à moindre coût ».Ces compressions sont en grande partie responsables de la dégradation des écoles, des dispensaires et des hôpitaux, tout en fournissant un semblant de légitimité aux institutions de Washington.
Concernant la libéralisation des prix, cette mesure consiste en l’élimination des subsides aux produits et services de première nécessité ; dans une série de pays de Tiers monde, les prix du pain ou du riz étaient maintenus à un niveau relativement bas grâce à ces subventions. L’impact sur les salaires réels est immédiat. La libéralisation des prix aura aussi un effet sur les prix des intrants. Combinées à la dévaluation, les mesures prises conduisent à des augmentations substantielles des prix intérieurs des engrais, etc… Cette politique aura un impact économique immédiat sur la structure des coûts dans la plupart des secteurs d’activité. Par ailleurs, le prix du pétrole est fixé par l’Etat sous la supervision de la BM. Les augmentations du prix des carburants et de certains services publics ( eau, électricité) ont pour effet de déstabiliser les producteurs nationaux. Par exemple, en Afrique subsaharienne , le coût élevé du transfert imposé par la BM empêche le paysannat de vendre sa production de manière concurrentielle par rapport aux produits agricoles importés d’Europe ou d’Amérique du Nord, lesquels sont fortement subventionnés.
2e phase : Réforme structurelle.
La mise en œuvre de la stabilisation économique est suivie par la mise en application d’un certain nombre de réformes structurelles en profondeur.
- Libéralisation du commerce :
Cela consiste à libéraliser le commerce extérieur et à ouvrir les frontières- cela accélère la « dollarisation « des prix, les prix intérieurs s’alignant sur ceux du marché mondial ( plus élevé). Cette libéralisation est conçue en vue de rendre l’économie domestique plus « concurentielle ». Mais combinée à la compression du pouvoir d’achat, cette libéralisation provoque la faillite d’importants secteurs de l’économie. Les biens importés remplacent la production intérieure et contribuent à accroître la dette extérieure du pays.
Privatisation des entreprises d’Etat :
Dans le cadre du « redressement des finances publiques « , les institutions de Bretton Woods exigent le débauchage massif des salariés et la fermeture des entreprises d’Etat « malades « . Il y a donc les sociétés d’Etat « souffrantes » qui sont soumises à un programme « d’assainissement « sous la surveillance de la Banque Mondiale, phase préalable à la privatisation dans le cadre de la renégociation de la dette extérieure.
Tout comme dans les procédures de faillite, les sociétés d’Etat « saines » d’Argentine et du Vénézuela , compagnies aériennes et de télécommunications incluses, furent achetées à un « bon prix » non par des entreprises privées mais par des sociétés d’Etat européennes. Les revenus obtenus grâce à cette privatisation » sont ensuite utilisés par les gouvernements pour rembourser les pays membres des Clubs de Paris et de Londres. De nombreux pays débiteurs sont ainsi simultanément incités à mettre leurs sociétés d’Etat aux enchères. Le capital international obtient ainsi le contrôle ou la propriété des entreprises d’Etat les plus rentables à un prix dérisoire en ne faisant pratiquement aucun investissement réel.
La réforme fiscale :
L’introduction d’une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) ou d’une taxe sur les ventes ainsi que les changements dans la structure de la taxation directe signifient un plus lourd fardeau fiscal pour les groupes à revenu moyen. Alors que les producteurs intérieurs sont soumis à l’impôt, les entreprises à capital mixte et étranger jouissent toujours d’exemptions fiscales, moyen « d’attirer les investissements étrangers ».
Privatisation des terres :
Un marché des terres est établi ; la paysannerie perd ses terres au profit des usuriers et marchands liés à l’agro-business. La privatisation des terres sert aussi à rembourser la dette extérieure. Les recettes de ces ventes sont canalisées par le Trésor vers les créanciers internationaux.
Libéralisation du système bancaire :
Cette restructuration signifie l’ouverture du marché financier aux banques étrangères et la fermeture, « l’assainissement « ou la privatisation des banques d’Etat. La Banque centrale, soumise à une vérification trimestrielle du FMI, perd toute maîtrise de la politique monétaire nationale. Le crédit subventionné aux agriculteurs à la petite et moyenne industrie locale doit disparaître ; désormais, le taux d’intérêt est fixé par le « libre »jeu du marché. Et ce renchérissement du crédit ( avec des taux en monnaie locale supérieure à 20% ) contribue à son tour à ruiner l’économie nationale.
Recyclage de l’argent sale vers le service de la dette.
La libéralisation des marchés financiers comporte, à la suite de l’intervention du FMI, la restauration du secret bancaire favorisant le blanchiment de l’argent et la fuite des capitaux vers des comptes étrangers. La libéralisation des mouvements de capitaux sert les intérêts des créanciers. C’est un moyen qui permet de canaliser l’argent sale ( produit du commerce illégal et criminel) et l’argent noir (celui qui échappe à l’impôt), vers le service de la dette, tout en offrant aux classes sociales privilégiées un mécanisme commode pour blanchir de grandes quantités d’argent obtenu illégalement. Le fonctionnement est le suivant :
Des capitaux en devises sont transférés d’un compte bancaire dans un paradis fiscal au système interbancaire d’un pays en développement. Les autorités assurent la confidentialité de ces transactions. Ces devises sont ensuite converties en monnaie locale et utilisés pour acheter des sociétés d’Etat ou les terres publiques mises aux enchères dans le contexte du programme de privatisation parrainé par la Banque Mondiale. Ensuite, les entrées en devises étrangères sont canalisées vers le Trésor qui les assigne au service de la dette.
L’établissement des fonds d’urgence sociale.
Ce type de fonds sanctionne le retrait de l’Etat des secteurs sociaux. Diverses organisations non gouvernementales ( ONG), financées par l’aide internationale, ont graduellement pris à leur compte de nombreuses fonctions des gouvernements locaux dont le financement fut gelé à la suite du Programme d’Ajustement structurel. La petite production manufacturière et les projets artisanaux, la sous-traitance pour les firmes d’exportation, la formation dans les communautés et les programmes de mise au travail, etc…sont réalisés dans le cadre du « filet de sécurité sociale ». On assure la fragile survie des communautés au niveau local tout en contenant les risques d’un soulèvement social.
IMPACT ÉCONOMIQUE ET CONSÉQUENCE SOCIALE DU PROGRAMME D’AJUSTEMENT STRUCTUREL.**
L’ajustement structurel détruit l’économie nationale. L’ensemble des mesures provoque l’effondrement économique et social. Les mesures d’austérité conduisent à l’effondrement de l’Etat, l’économie nationale est remodelée et la production pour le marché intérieur est détruite par la compression du pouvoir d’achat. La solution préconisée par les institutions de Bretton Woods devient la cause d’un endettement accru. L’échec du PAS est incontestable. La thérapie proposée par le FMI détruit l’économie, disloque la société civile des pays endettés et entraîne vers l’abîme. Les institutions de Washington admettent d’ailleurs « qu’on ne peut citer aucun cas de succès brillant. Mais le FMI affirme : « On ne peut pas dire avec certitude si ces programmes d’ajustement ont fonctionné ou non, » En dépit de cet échec flagrant, le FMI fait valoir que l’ajustement a tout de même réussi à éliminer « les grands déséquilibres macro-économiques ».
Les conséquences sociales de ces réformes, y compris dans les domaines de la santé, de l’éducation, des droits sociaux des femmes et de l’environnement, ont fait l’objet de nombreuses études. Les réformes du FMI et de la BM démantèlent de manière brutale les secteurs sociaux des pays en voie de développement. Les établissements d’éducation ferment leurs portes et les enseignants sont congédiés faute de fonds. Dans le secteur de la santé, c’est l’effondrement des soins corporatifs et préventifs : l’équipement médical fait défaut, les conditions de travail sont insatisfaisantes, le personnel est mal payé.
Les centres de santé en Afrique subsaharienne sont devenus, en fait, une source de maladie et de contagion. Il y rareté des fonds alloués aux fournitures médicales. On a vu surgir un certain nombre de maladies contagieuses que l’on croyait contrôlées. Elles incluent le choléra, la fièvre jaune et le paludisme. Directement reliées aux compressions des dépenses publiques dues au PAS, les activités de contrôle et de prévention ont diminué de manière catastrophique. – Nous pourrions aussi parler de l’Amérique Latine, de l’Inde et autres pays.- Les conséquences sociales de l’ajustement structurel sont pleinement reconnues par les institutions de Washington. Mais les secteurs sociaux ne font pas partie des variables d’un modèle économique. C’est un autre secteur : le secteur social.
LA MONDIALISATION DU CHÔMAGE.*
La mondialisation de la pauvreté s’accompagne d’une restructuration des économies nationales ainsi que d’une redéfinition de leur rôle dans le nouvel ordre économique mondial. Quand la « médecine économique » du FMI est appliquée simultanément et de manière uniforme dans un grand nombre de pays, elle aboutit en quelque sorte à une mondialisation du chômage. Cette création de réserves de main-d’œuvre favorise à son tour la délocalisation d’une partie importante de la base industrielle des pays développés vers les pays à faibles salaires. Que se passe t-il quand ces réformes sont appliquées en même temps dans un grand nombre de pays ? Dans une économie mondiale interdépendante, la « somme des ajustements appliqués au niveau de chaque pays contribue en quelque sorte à une « mondialisation des réformes » ayant pour conséquence de pousser l’économie mondiale dans l’abîme. Le développement de l’industrie d’exportation à main-d’œuvre bon marché dans le Tiers Monde est accompagné de fermetures d’usine dans les pays développés. Depuis les années 1980, tous les secteurs de l’économie occidentale ainsi que toutes les catégories de travailleurs sont affectés par la délocalisation : restructuration et fermeture d’usines.
Les médias présentent généralement les nombreuses fermetures d’usine en Occident ainsi que les licenciements comme des cas isolés de « restructuration ». Pourtant, l’impact combiné de ces actions micro-économiques sur les salaires réels et l’emploi est dévastateur. Chaque emploi perdu et transféré dans le Tiers monde entraîne une baisse correspondante du pouvoir d’achat dans les pays développés. La demande( ainsi que les marchés de consommation) s’effondrent parce qu’un grand nombre d’entreprises dans plusieurs pays décident simultanément de réduire l’emploi et les salaires. A son tour, la chute de la demande se répercute sur la production, contribuant à une nouvelle vague de fermetures d’usines et de faillites et ainsi de suite. En Occident, les politiques gouvernementales favorisent la déréglementation du marché du travail, qu’il s’agisse de la désindexation des salaires, de la généralisation de l’emploi à temps partiel, des mises à la retraite anticipée ou des prétendues réductions « volontaires » des rémunérations.
L’Alena contribue directement à la baisse de l’emploi et des salaires réels. La relocalisation industrielle au Mexique détruit des emplois et comprime les revenus réels aux Usa et au Canada. L’Alena exacerbe la récession économique : les travailleurs licenciés aux USA et au Canada ne sont pas des employés ailleurs dans l’économie et aucune nouvelle avenue de croissance économique n’apparaît comme résultat de la délocalisation des dépenses de consommation qui résulte des mises à pied et des fermetures d’usines mène à la contraction des ventes et de l’emploi, et à de nouveaux congédiements dans les industries.
Parlons du rôle de la révolution scientifique. L’Extraordinaire développement de l’informatique, des télécommunications et de la production numérique dans les années 1980 sert à merveille le processus de délocalisation de la production, car les centres de décision sont instantanément reliés aux sites industriels et aux ateliers de montage dispersés à travers le monde. Le système capitaliste peut ainsi organiser et contrôler l’économie de la planète tout entière.
L’ÉCONOMIE DE RENTE*
Le changement technologique se combine aux délocalisations et aux restructurations d’entreprises pour favoriser une nouvelle vague de fusions dans les industries clés. Autrement dit, les pôles de croissance dans les pays développés se trouvent désormais dans les « secteurs non matériels » : haute technologie, économie de services, infrastructures commerciales et financières.etc…plutôt que dans le montage et la transformation industriels. Avec le déclin de l’industrie manufacturière en Occident, « une économie de rente » s’installe dans les pays riches. Le secteur des services s’approprie la plus-value engendrée par les industries d’assemblage et de transformation. En plus du paiement de redevances et de droits d’utilisation de la technologie, une partie importante des revenus des producteurs du Tiers Monde est appropriée par les grandes sociétés commerciales, les distributeurs, les grossistes, le chaînes de détaillants, etc des pays développés. La production non matérielle subordonne la production matérielle.
Les industries d’exportation ne contribuent que très faiblement au développement économique des pays producteurs. « L’économie de rente » des pays riches s’approprie les revenus des producteurs directs. Alors que la production matérielle a lieu dans un pays du Tiers Monde, la plus forte augmentation du PIB est enregistrée dans les pays importateurs. EX : le prix de détail des biens produits dans le tiers monde est souvent plus de 10 fois supérieur au prix payé au producteur. Une « valeur ajoutée » correspondante est ainsi crée artificiellement au sein de l’économie de services des pays riches, sans qu’aucune production matérielle n’ait eu lieu. Cette « valeur » s’ajoute au PIB des pays riches. Par exemple, le prix de détail du café est 7 à 10 fois plus élevé que le prix FAB et environ 20 fois le prix payé au fermier du Tiers monde. Autrement dit, la plus grande partie des revenus des producteurs est appropriée par des marchands, intermédiaires et distributeurs.
LES APPLICATIONS PRATIQUES*
L’auteur expose ce qu’il en est dans d’autres pays du monde au chapitre de la mondialisation de la pauvreté,
Ce qui inclues les dettes nationales et les PAS.
Que ce soit la famine et la guerre civile en Somalie, le génocide économique au Rwanda, l’Apartheid et la néolibéralisme en Afrique Australe, la famine et l’implosion sociale en Inde, le Bangladesh sous la tutelle des bailleurs de fonds, le Vietnam et la destruction économique d’après guerre , la dette et la démocratie au Brésil, la thérapie de choc au Pérou, la Bolivie : dette et narcotrafic, le tiers-mondialisation de l’Ex- Union soviétique et le démantèlement de la Yougoslavie ainsi que le recolonisation de la Bosnie- Herzégovine. L’auteur termine avec les pays développés, à savoir la crise financière en Occident et l’ajustement structurel au Québec.
LA CRISE FINANCIERE EN OCCIDENT*
A tort présentée comme cyclique, la crise économique en Occident apparaît en fait comme structurelle. Fusions, restructurations, délocalisations accroissent les capacités de production tout en pesant sur le pouvoir de consommer. Dans chacune des économies occidentales, des usines ferment et des salariés se retrouvent au chômage : restructuration industrielle dans l’aérospatiale, délocalisation de la production automobile vers l’Europe de l’Est et le tiers-monde, fermeture des mines de charbon au Royaume-Uni.
Le gonflement des dettes publiques.
Depuis le début des années 1980, une grande partie des dettes des grandes sociétés et banques en Occident ont été effacées et transformées en dettes publiques. Ce phénomène de « conversion » est un élément central de la crise : les pertes ont été systématiquement transférées à la charge de l’Etat. De plus, une bonne partie des subventions publiques, au lieu de stimuler la création d’emplois, ont été utilisées pour financer les concentrations d’entreprises, des technologies limitant la main-d’œuvre et des délocalisations vers le tiers-monde. Un cercle vicieux a ainsi été mis en place. Les destinataires des subsides gouvernementaux sont devenus les créanciers de l’Etat. Les bons émis par le Trésor pour financer les grandes firmes sont acquis par les banques et les institutions financières, qui bénéficient aussi des subsides étatiques. On nage en pleine absurdité : l’Etat finance de la sorte son propre endettement, des subsides sont utilisés pour l’achat de la dette publique. Le gouvernement est ainsi coincé entre des milieux d’affaires faisant pression pour obtenir des subventions et ses créanciers. Et parce qu’une grande part de la dette publique est détenue par des institutions financières privées, ces dernières sont à même d’influencer les gouvernements afin de contrôler davantage les ressources publiques….
De surcroît dans nombre de pays membres de l’OCDE, les pratiques des banques centrales ont été modifiées afin de répondre aux exigences des marchés. Ces institutions sont devenues de plus en plus « indépendantes et ont été mises à l’abri des influences politiques. » En réalité, la Banque centrale ( qui n’est responsable ni devant le gouvernement ni devant les élus) opère en tant que bureaucratie autonome sous la tutelle des intérêts financiers privés. Ce sont eux, plus que le gouvernement, qui déterminent la politique monétaire.
Les créanciers de l’Etat sont de la sorte devenus les véritables détenteurs du pouvoir, cependant que se répandait une idéologie uniforme, que le « consensus « recouvrait la palette politique tout entière au nom de la nécessaire réforme macro-économique aux USA et en Europe.
L’AJUSTEMENT STRUCTUREL AU QUÉBEC*
Le mot d’ordre est lancé : « l’économie est malade » ; on nous répète à satiété que pour aboutir au projet de société, il faudra nécessairement passer par l’assainissement des finances publiques…Les citoyens sont confus car les fermetures, les coupes dans les programmes sociaux et les mises à pied sont exigées au nom de la social-démocratie. Cette thérapie économique affecte tous les secteurs de la société québécoise : réduction des salaires afin que les travailleurs québécois soient davantage « concurrentiels », dérogation aux droits des femmes, fermetures des hôpitaux, compressions des prestations aux aînés, coupes dans l’assistance sociale et l’assurance maladie, resserrement des budgets des commissions scolaires, des cégeps et des universités, fermeture des garderies en milieu scolaire, privatisation de l’eau… Les compressions sèment le désarroi et la confusion dans les milieux de travail. Une décomposition du système d’éducation s’amorce au niveau des commissions scolaires.
Le premiers ministre invite les travailleurs au « partage volontaire de l’emploi » ou à la retraite anticipée afin de dégager les montants nécessaires au remboursement de la dette publique. En fait, il s’agit d’un « partage du chômage » dont le fardeau s’abat inévitablement sur les jeunes à la recherche d’emplois précaires…En proposant le déficit zéro, le gouvernement veut satisfaire les diktats des marchés financiers. Exigées par Wall Street, les mesures d’austérité adoptées au Québec ressemblent fort à la « thérapie de choc » que le FMI impose aux pays endettés du tiers-monde. La dette publique québécoise est « notée » par les marchés financiers et des firmes spécialisées comme Moody’s ou Standard and Poors. On attend du ministre des Finances qu’il rende des comptes aux grandes banques. « Démocratie autoritaire », le gouvernement voudrait ( par l’entremise d’un projet de loi) puiser dans les caisses de retraite des salariés de l’Etat afin de rembourser Wall Street. Les réalités économiques sont truquées, les données sur le chômage sont manipulées. Aveuglés par le dogme libéral, les dirigeants politiques nient l’existence d’une crise. Selon M. Landry, on maintiendra le cap « à moins d’une détérioration importante des conditions économiques ». La montée du chômage et de l’exclusion sont présentées comme étant des réalités transitoires et passagères : « un mauvais moment à passer…
Autrement dit, la mise au chômage de contribuables ainsi que les faillites ne contribuent guère à l’accroissement des recettes de l’Etat. L’assiette fiscale est rapetissée, la « solution » préconisée par le ministre de Finances devient la « cause » de la crise fiscale. La pauvreté et l’exclusion augmentent, la pouvoir d’achat s’effondre….
LES SOLUTIONS DE RECHANGE*
Il s’agit de réfuter cette logique implacable des mises à pied et des compressions. Il faut refuser « la loi sur l’élimination du déficit et l’équilibre budgétaire » ; les citoyens doivent rejeter avec fermeté ce modèle économique destructeur, orienté vers la compression du niveau de vie. L’objectif du déficit zéro ne résout absolument rien : il contribue à exacerber la crise des finances publiques, l’assiette fiscale de l’Etat s’affaisse, le déficit zéro devient la cause de cette crise et non pas la solution…Il s’agira pour la société civile québécoise (organisations et coalitions de citoyens, syndicats, groupes socio-communautaires, associations de producteurs indépendants, associations de professionnels et de travailleurs indépendants, associations d’étudiants), de formuler les fondements d’une politique expansionniste ayant pour objet primordial la relance du pouvoir d’achat afin de permettre la mobilisation des ressources et la reprise dans les secteurs les plus affectés par la récession. En matière de création d’emploi, il s’agira de développer des mesures concrètes afin de protéger les entreprises menacées par la faillite. Les implications de l’ALENA pour l’économie du Québec et des régions devront faire l’objet d’un important débat. Concernant le redressement des finances publiques, il s’agira également d’identifier les véritables causes de l’endettement afin de réduire la dépendance de l’Eta envers ses créanciers.
COMMENTAIRES ET CONCLUSIONS PERSONNELLES.*
Le FMI , la BM et les créanciers internationaux ont-ils choisi le meilleur rôle ? C’est évident, être les libérateurs ou les sauveurs des pays endettés ; mais les faits démontrent qu’ils sont aussi les créateurs de l’accumulation de ces dettes ; leurs buts sont d’endetter davantage avec les PAS.
Voyons trois titres d’articles du journal La Presse à des dates diverses et concernant le FMI.
Le 1e mai 2001 : « Le FMI aime mieux prévenir que guérir »
Le 30 avril 2001 : « Accord entre le FMI et l’Argentine pour une poursuite de l’aide ».
Le 28 avril 2001 ; « Le FMI et la Banque Mondiale au secours d’une économie mondiale faiblissante ».
Je rappelle au lecteur que le FMI et la BM tiennent deux fois par année des réunions : septembre et mai. Les deux organismes travaillent main dans la main puisqu’ils sont aussi des voisins de paliers à Washington. Les réunions de septembre 2002 du FMI viennent de se terminer ; qu’avons-nous vraiment appris qui pourraient nous faire croire que les nations ont bien profités des prêts du FMI ? On donnera plutôt beaucoup d’explications pour mêler les cartes et ne pas dire la vérité. Qu’avons-nous besoin d’entendre de plus pour nous convaincre, à moins de ne pas vouloir voir les réalités ?
Pour en savoir davantage, quoi de mieux que de laisser s’exprimer M. Joseph Stiglitz, ancien économiste à la Banque Mondiale et qui vient de publier « La Grande Désillusion ». Il écrit : « Un demi-siècle après sa fondation, il est clair que le FMI a échoué dans sa mission ». Il a fait des erreurs dans tous les domaines où il est intervenu ; le développement, la gestion des crises et la transition du communisme au capitalisme ».
Le problème ? Une croyance aveugle aux mécanismes du marché et un aveuglement volontaire aux souffrances des peuples touchés par ses politiques d’austérité » Le FMI a cessé de servir les intérêts de l’économie mondiale pour servir ceux de la finance mondiale » - Et tout cela , comme par hasard, profite surtout aux grandes banques. - A preuve, l’institution est toujours intervenue à coups de milliards de dollars pour permettre aux spéculateurs de quitter à bon compte un pays en crise. Ce qui rend la spéculation lucrative, c’est l’argent des Etats soutenus par le FMI. Quand le FMI et l’Etat brésilien par exemple ont dépensé, fin 1998, près de 50 milliards de dollars pour maintenir le taux de change à un niveau surévalué, où est allé cet argent ?… Une grande partie est allée dans les poches des spéculateurs. » Et la note est refilée au peuple brésilien… Il réserve ses critiques les plus cinglantes au cas de la Russie, où il dresse le portrait d’un FMI complice du pillage systématique qui, dans ce pays, a tenu lieu de politique économique depuis l’effondrement de l’URSS. En conclusion, M. Stiglitz propose une réforme des institutions financières internationales. Le FMI devrait, dit-il, revenir à sa mission première qui est de prêter aux gouvernements en temps de crise, pour leur permettre de mettre en œuvre des politiques créatrices d’emploi et d’équité sociale. Toutes les institutions devraient être plus transparentes et être dirigées par les gens sur lesquels elles ont un impact.
Ces commentaires vont certainement dans le sens de l’auteur du livre La Mondialisation de la pauvreté.
Tous les faits le démontrent ; pas besoin de suivre un cours à l’université pour comprendre ce qui se passe et ce qu’est vraiment le FMI et la BM. Que devons-nous faire maintenant ? C’est simple ; dire ce qui est, dire la vérité à chacun des citoyens de notre pays, de notre province.
Dans les discours du budget, on parle des efforts à faire pour réduire la pauvreté, d’assainir les finances publiques, de diminuer les salaires…les grosses entreprises nous parlent de fusions, de restructurations, de relocalisation de la main-d’œuvre…. Quand vous lirez les journaux officiels, vous comprendrez mieux maintenant le côté plus officieux. Sommes-nous fatigués de financer notre propre endettement et de créer notre faible niveau de vie ? En avez-vous assez ? Vous sachez quoi faire maintenant….maintenant…
RIEN DE MEILLEUR QUE LA CONSCIENTISATION ET L’ÉDUCATION DES NATIONS.
PS : Faites suivre ce document.
Jean Claude Thériault
Septembre 2002 _________________ "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
Que va donc faire le FMI à propos des États-Unis ?
par Joseph Stiglitz
Au printemps dernier, la réunion du FMI a été encensée comme une percée, leurs économistes ont reçu un nouveau mandat de « surveillance » des déséquilibres commerciaux qui contribuent de manière significative à l’instabilité globale. La nouvelle mission est d’une importance cruciale, tant pour la santé de l’économie mondiale que pour la légitimité du FMI. Mais le Fonds est-il à la hauteur de la tâche ?
A l’évidence, il y a quelque chose d’étrange dans un système financier où le pays le plus riche au monde, les États-Unis, emprunte plus de 2 milliards de dollars par jour à des pays plus pauvres - même s’il lui fait la leçon sur les principes de la bonne gouvernance et sur la responsabilité fiscale. L’enjeu est donc gros pour le FMI, chargé d’assurer la stabilité financière mondiale : si d’autres pays finissent par perdre confiance dans ces États-Unis de plus en plus endettés, les perturbations potentielles sur les marchés financiers mondiaux pourraient être énormes.
La tâche à laquelle le FMI est confronté est redoutable. Bien sûr il sera important pour le Fonds de se concentrer sur les déséquilibres globaux, pas sur les déséquilibres bilatéraux. Dans un système d’échanges commerciaux multilatéraux, de grands déficits commerciaux bilatéraux sont souvent compensés par des excédents bilatéraux avec d’autres pays. La Chine peut vouloir du pétrole du Moyen-Orient, mais ceux du Moyen-Orient - avec tant de richesses concentrées en si peu de mains - peuvent être plus intéressés par des sacs Gucci que par des biens chinois produits en masse. La Chine peut donc avoir un déficit commercial avec le Moyen-Orient et un excédent commercial avec les États-Unis, mais ces équilibres bilatéraux n’indiquent rien sur la contribution globale de la Chine aux déséquilibres mondiaux.
Les États-Unis se réjouissent d’avoir réussi à étendre le rôle du FMI, parce qu’ils pensaient ainsi augmenter la pression sur la Chine. Mais la jubilation américaine est celle d’un myope. Si l’on considère les déséquilibres commerciaux multilatéraux, les États-Unis surpassent tout le monde. L’an dernier, le déficit commercial américain était de 805 milliards de dollars, tandis que la somme des excédents de l’Europe, du Japon et de la Chine n’était que de 325 milliards de dollars. Si l’on veut se concentrer sur les déséquilibres commerciaux, il faut donc cibler le déséquilibre global majeur : celui des Étas-Unis.
La tâche d’évaluation des déséquilibres commerciaux - qui blâmer et que faire - implique aussi bien la politique que l’économie. Les déséquilibres commerciaux sont le résultat, par exemple, de décisions des ménages : combien épargner et combien - et quoi - consommer. Ils résultent également de décisions gouvernementales : combien d’impôts et combien de dépenses (ce qui détermine le montant des recettes ou du déficit gouvernemental), les réglementations sur l’investissement, les politiques de change, etc. Toutes ces décisions sont interdépendantes.
Par exemple, les fortes subventions américaines à l’agriculture contribuent au déficit fiscal, qui se traduit par une augmentation du déficit commercial. Mais les subventions agricoles ont des conséquences pour la Chine et pour d’autres pays émergents. Si la Chine réévaluait sa monnaie, ses agriculteurs en pâtiraient ; mais dans un monde de (plus) libres échanges, les subventions agricoles américaines se traduisent par des prix agricoles globalement plus bas, et donc des prix plus bas pour les agriculteurs chinois. En étendant ses largesses à de riches entreprises agricoles, les États-Unis n’ont sans doute pas eu l’intention de nuire aux plus pauvres de la planète, mais c’est bien le résultat prévisible.
Cela pose un dilemme pour les responsables chinois. Subventionner sa propre agriculture détournerait de l’argent destiné à l’éducation, à la santé et à des projets de développement indispensables. Ou bien la Chine peut tenter de maintenir un taux de change qui est légèrement inférieur à ce qu’il serait autrement. Si le FMI se veut impartial, doit-il critiquer les politiques agricoles américaines ou les politiques de change chinoises ?
Déterminer si les déséquilibres commerciaux d’un pays sont le résultat de politiques erronées ou une conséquence naturelle des circonstances, ce n’est pas tâche facile. Le déséquilibre commercial d’un pays est égal à la différence entre l’investissement et l’épargne intérieurs, et normalement les pays en développement sont encouragés à épargner le plus possible. A l’évidence, la population chinoise a plus que répondu à ce genre d’injonctions. Dans le futur, des programmes offrant de meilleurs filets de protection pourraient réduire la nécessité de l’épargne de précaution, mais de telles réformes ne se font pas du jour au lendemain. L’investissement est élevé, mais une croissance continue de l’investissement risque de mal répartir l’argent, si bien que des réductions du déséquilibre commercial chinois pourraient être difficiles à réaliser.
En outre, un changement du taux de change chinois ne modifierait guère le déficit commercial multilatéral des États-Unis. Les Américains pourraient tout simplement se mettre à importer du textile du Bangladesh au lieu de l’importer de Chine. Il est difficile de mesurer comment une modification du taux de change chinois pourrait avoir un effet significatif sur l’épargne ou sur l’investissement aux États-Unis - et donc comment elle pourrait redresser les déséquilibres mondiaux.
Le déficit commercial des États-Unis étant le principal déséquilibre global, il faudrait concentrer l’attention sur les moyens d’accroître l’épargne nationale - une question que les gouvernements américains s’évertuent à résoudre depuis des décennies, et qui faisait l’objet de fréquents débats lorsque j’étais président du Conseil des consultants économiques de l’ancien Président des États-Unis Bill Clinton. S’il est vrai que des privilèges fiscaux pourraient produire une épargne privée légèrement plus importante, la perte de revenus fiscaux ferait plus que contrebalancer les bénéfices, tout en réduisant en fait l’épargne nationale. Nous n’avons trouvé qu’une seule solution : réduire le déficit fiscal.
Pour résumer, les États-Unis sont responsables à la fois des déséquilibres commerciaux et des politiques qui pourraient rapidement être adoptées pour les traiter. La réponse que donnera le FMI à sa nouvelle mission d’estimation des déséquilibres globaux sera donc un test pour sa légitimité politique bien meurtrie. Lors de sa réunion de printemps, le Fonds n’a pas réussi à s’engager dans le choix d’un chef sur base du mérite, indépendamment de la nationalité, et il n’a pas fait en sorte que les droits de vote soient attribués sur une base légitime plus limitée. Beaucoup de pays émergents, par exemple, sans toujours sous-représentés.
Si l’analyse des déséquilibres globaux par le FMI n’est pas pondérée, si elle n’identifie pas les Etats-Unis comme le principal coupable, et si elle ne focalise pas sur la nécessité pour eux de réduire leur déficit fiscal - par des impôts plus élevés ou par des dépenses militaires moins élevées - la pertinence du Fonds au vingt-et-unième siècle va inévitablement décliner.
En cas de reproduction de cet article, mentionnez s'il-vous-plaît la source.
URL: http://www.cadtm.org
Source : Taipei Times, 19 mai 2006
Traduction : Marie Meert _________________ "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
Posté le: Dim 02 Juil 2006 07:02 Sujet du message:
le fmi et la banque mondiale...
ce sont les plus grans malheurs de l afrique je ne comprend pas que nos etats passent leur temps a aller mendier devant ces deux institutions...
avant de commencer notre cycle infernal de la dette nous n avions pas besoin d aller les voir et quand tu parles avec les anciens avant la situation etait meilleure donc que se passe t il???
maintenat que nous empruntant de l argent nous vivons beaucoup moins bien qu avant d en emprunter donc ou va cet argent???
SYSTEME ECONOMIQUE ET BANCAIRE : La face cachée du monde (I)
Banques centrales : opacité et dérives
«Si la population comprenait le système bancaire, je crois qu'il y aurait une révolution avant demain matin.» l'industriel Henry Ford.
Chronique du monopole du pouvoir décisionnaire et l'asservissement par l'endettement.
Officiellement, ‘'la création des banques centrales est un compromis historique : le souverain émet, contrôle, garantit la monnaie ; les marchands et les banquiers acquièrent la sécurité d'un prêteur en dernier ressort et d'une monnaie reconnue à l'intérieur comme à l'extérieur du pays.
Dès lors, plus rien ne s'oppose à la dématérialisation totale, c'est-à-dire à la généralisation du système de dettes : les billets de banque sont des reconnaissances de dettes de la banque centrale, la monnaie scripturale est une dette de l'ensemble du système bancaire. Les sociétés ont définitivement conquis le pouvoir de créer de l'argent , de créer de l'avenir.'' Cependant, dans la pratiques, les banques ont servi essentiellement à endetter les Etats : les Banques centrales [1] sont des organismes étatique en théorie (ou para-étatique) qui disposent en général des fonctions monopolistiques suivantes : émission de la monnaie ; banquier de l'Etat, et banquier des banques en tant que "prêteur en dernier ressort" ; gestion des réserves en devises et en or de la nation ; régulation et supervision de l'industrie bancaire ; fixation du taux d'intérêt officiel ("taux directeur" : taux auquel les banques commerciales se financent auprès de la banque centrale) pour maîtriser l'inflation et influer sur le taux de change de la devise nationale. Selon les libéraux, il n'y a aucune raison pour qu'existe un tel monopole, le pouvoir de "battre monnaie" étant trop sérieux pour être laissé à la merci des politiciens - la collusion de ces derniers avec les banques centrales étant à l'origine de toutes les catastrophes monétaires (voir Grande dépression, cycles), alors précisément que la mission d'une banque centrale consiste prétendument à maintenir la stabilité des prix et garantir la solidité de la monnaie. Il n'y a pas besoin de "politique" monétaire.
Pour essayer de donner un sens aux décisions politiques , comprendre les raisons des conflits mondiaux ou régionaux, il est impératif d'appréhender les fondements du système économique moderne, qui aujourd'hui impose l'ouverture des frontières. Les règles sont toujours à l'avantage des initiateurs de cette ‘'ouverture'' ou plus prosaïquement appelé mondialisation ou globalisation. Après avoir tracé des frontières artificielles, diviser les hommes, aujourd'hui pour les mêmes objectifs on impose la mondialisation tout en utilisant une méthode opposée. Cette mondialisation dans ses objectifs va plus loin que la volonté seule de contrôler l'économie : le but est d'avoir une main mise sur la culture et le savoir, condition pour une uniformisation des us et coutumes planétaires, soumettre les humains au diktat des détenteurs du pouvoir suprême, l‘argent , motivation et arme de l‘oligarchie. Le billet de banque a permis à des tiers de partager avec l'acheteur et le vendeur le bénéfice dégagé d‘une transaction, d‘une production ou tout simplement de l‘effort fourni.
L'Objectif des banques centrales est dans la même logique, sauf que ces dernières ont un pouvoir ‘'supra étatique'': endetter les Etats pour les faire plier dans le sens de leurs intérêts (ceux qui auront pousser les États à faire les guerres en échange de soutien ). Napoléon en est un exemple criant, la Banque de France dans sa conception et sa réalisation fut le résultat d'une volonté de quelques familles. En échange de financement des campagnes militaires, l'empereur égocentrique concéda à quelques familles l'autorisation de créer la Banque de France : créée le 18 janvier 1800 (28 nivôse an VIII), cette initiative imputé à Napoléon, à peine installé au pouvoir, fait suite à une proposition du financier suisse Jean-Frédéric Perregaux. Celui-ci a fait fortune en spéculant sur les assignats de la Révolution. Ces billets sans valeur ont dégoûté les Français du papier-monnaie. Ils ont rapidement disparu et laissé la place aux pièces en or ou en argent. Sous le Directoire, tandis que les affaires reprennent, le manque de monnaie se fait sentir. Jean-Frédéric Perregaux fonde alors à Paris une banque de dépôts, la «Caisse des Comptes courants». Avec un groupe d'amis banquiers, il propose au Premier Consul d'octroyer à son établissement l'autorisation d'imprimer à nouveau des billets de banque. Ce droit d'émission vise officiellement à collecter l'épargne et à augmenter la quantité de monnaie en circulation. C'est ainsi qu'est créée par décret la Banque de France. Le nouvel établissement absorbe la Caisse des Comptes courants et s'installe à son siège, l'hôtel de Toulouse, rue de la Vrillière.
Actuellement, les gouverneur de ces banques centrales sont nommés dans une opacité digne des sociétés secrètes, à l'instar de celle de la Banque d'Italie dont le gouverneur est souvent nommé à vie. D'ailleurs le gouvernement Berlusconi a eu énormément de mal à avoir la démission du gouverneur, impliqué dans des affaires financiers .
Si le but des banques centrales est d'endetter les Etats pour les contraire à adopter une politique non pour les intérêts du pays, mais ceux des financiers, quelles sont les responsabilités des hommes politiques et dirigeants qui se soumettent à cette règle ?
Cette lutte des Financiers internationaux pour installer leur système frauduleux d'argent-dette a été particulièrement virulente aux Etats-Unis depuis le tout début de leur existence, où les faits montrent que plusieurs hommes d'Etat américains étaient bien au courant du système d'argent malhonnête que les Financiers voulaient imposer et de tous les malheurs qu'il entraînerait pour l'Amérique. Ces hommes d'Etat ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour conserver aux Etats-Unis un système d'argent honnête, libre du contrôle des Financiers. Les Financiers font tout pour tenir cachée cette facette de l'histoire des Etats-Unis, de peur que l'exemple de ces patriotes ne soit suivi encore aujourd'hui.
La Banque centrale européenne (BCE) est la banque centrale chargée de la politique monétaire dans les 12 pays de la zone euro.
La Federal Reserve Bank (appelée souvent Federal Reserve ou "Fed"), est la banque centrale des États-Unis, créée en 1913. En réalité, il s'agit d'une banque privée, propriété de banques nationales privées qui sont les actionnaires et pour le bénéfice privé desquelles elle opère. Comme on le dit parfois : la Fed n'est pas fédérale (c'est une société privée à but lucratif) et n'a pas de réserves.
Les origines des banques sont certes à peu près connues mais les motivations elles le sont moins et qui plus est, dissimulées. Le mot banque apparaît dans la langue française au VX° siècles. Les banquiers du nord de l'Italie réalisaient leur travail dans des lieux ouverts et s'installaient sur des bancs, d'où dérive probablement le nom. Les trésoriers du Temple ont disparu avec lui ; d'autres tels les Médicis ouvrent des établissements bancaires dans les grandes villes, qui agissent en ambassades, voire même deviennent les financiers des souverains.. L'activité de changeur Change de monnaie s'était développée face à la prolifération des devises au sortir du bas moyen-âge. Les princes d'Europe ont besoin de ces devises autant que d'épices orientales pour financer les États et les conflits incessants : le florin a un cours extraordinaire. Auparavant, le dogme chrétien avilissait le contact avec l'argent. Se produit alors, avec l'essor du commerce pratiqué par les républiques maritimes italiennes, les galères de la Républiques de Venise ont des échanges actifs avec la Hanse , l'ouverture de sociétés commerciales dépassant les comptoirs : la première bourse voit le jour à Amsterdam, son nom vient de la famille Borsa . Enfin, l'activité de crédit , jusqu'alors exercée par la communauté juive compte tenu de la prohibition évoquée ci-dessus, cesse d'être tenue par eux seuls. Les Églises ouvrent des monts de piété permettant aux miséreux de convertir leurs biens en espèce sonnantes et trébuchantes.
De la convergence de ces trois activités financières est né le monde contemporain de la banque, par concentrations successives.
Les financiers aux services des idéologies ou les idéologies au service des financiers ?
Ce qui c'est joué en France avec Napoléon n'est pas une exception, l'histoire montre à quel point les conditions dans lesquelles les banques centrales ont vu le jour sont troubles et obscures, toutes les nations modernes ont subi pareil chantage et menaces avant de céder au familles et groupes qui sont les vrais propriétaires de ces banques qui souvent portent à tort le nom du pays dans lequel ils sont, sans doute pour préserver l'ambiguïté de leur raison d'être.
Historique de La Banque impériale ottomane [2]
L'exemple de la banque Ottomane à lui seul démontre que les banques centrales existent non pas pour les intérêts de la nation dont il porte le nom en général, mais à l'affaiblir par l'endettement, comment expliquez l'ouverture de l'agence marseillaise de cette banque en 1916, alors que les Ottomans étaient en guerre avec la France ?
La naissance de la Banque impériale ottomane fut l'aboutissement d'un contrat exécuté le 4 février 1863. Le contrat, conclu par les actionnaires de l'Ottoman Bank fondé en 1856 avec le capital britannique, les associés français nouvellement incorporés et le Gouvernement ottoman, fut immédiatement ratifié par le Sultan Abdulaziz, décidé à mettre fin à la crise financière qui sévissait dans tout l'Empire depuis la Guerre de Crimée. Ainsi la Banque impériale ottomane, qui se chargeait de l'héritage légué par l'Ottoman Bank, commençait à rendre ses services dans le secteur bancaire le 1er juin 1863.
Les ottomans connaissaient le danger de ce système, pourtant ils ont fini par céder en espérant trouver le salut dans des promesses occidentales qui ne seront jamais tenues.
Les USA aussi ont subit pareil chantage [3] :
Nous sommes en 1750. Les Etats-Unis d'Amérique n'existent pas encore; ce sont les 13 colonies sur le continent américain qui forment la «Nouvelle-Angleterre», possession de la mère-patrie, l'Angleterre. Benjamin Franklin écrivait de la population de ce temps: «Impossible de trouver de population plus heureuse et plus prospère sur toute la surface du globe.» Faisant rapport en Angleterre, on lui demanda le secret de cette prospérité dans les colonies, alors que la misère régnait dans la mère-patrie:
«C'est bien simple, répondit Franklin. Dans les colonies, nous émettons notre propre papier-monnaie, nous l'appelons Colonial Script, et nous en émettons assez pour faire passer facilement tous les produits des producteurs aux consommateurs. Créant ainsi notre propre papier-monnaie, nous contrôlons notre pouvoir d'achat et nous n'avons aucun intérêt à payer à personne.»
Les banquiers anglais, mis au courant, firent adopter par le Parlement anglais une loi défendant aux colonies de se servir de leur monnaie script et leur ordonnant de se servir uniquement de la monnaie-dette d'or et d'argent des banquiers qui était fournie en quantité insuffisante. La circulation monétaire dans les colonies se trouva ainsi diminuée de moitié.
«En un an, dit Franklin, les conditions changèrent tellement que l'ère de prospérité se termina, et une dépression s'installa, à tel point que les rues des colonies étaient remplies de chômeurs.»
Alors advint la guerre contre l'Angleterre et la déclaration d'indépendance des Etats-Unis, en 1776. Les manuels d'histoire enseignent faussement que la Révolution Américaine était due à la taxe sur le thé. Mais Franklin déclara: «Les colonies auraient volontiers supporté l'insignifiante taxe sur le thé et autres articles, sans la pauvreté causée par la mauvaise influence des banquiers anglais sur le Parlement: ce qui a créé dans les colonies la haine de l'Angleterre et causé la guerre de la Révolution.»
Les Pères Fondateurs des Etats-Unis, ayant tous ces faits en mémoire, et pour se protéger de l'exploitation des banquiers internationaux, prirent bien soin de stipuler clairement dans la Constitution américaine, signée à Philadelphie en 1787, dans l'article 1, section 8, paragraphe 5: «C'est au Congrès qu'appartiendra le droit de frapper l'argent et d'en régler la valeur.»
La banque des banquiers
Mais les banquiers ne lâchèrent pas le morceau. Leur représentant, Alexander Hamilton, fut nommé Secrétaire du Trésor (l'équivalent de notre ministre des Finan- ces) dans le cabinet de George Washington, et se fit l'avocat d'une banque nationale privée et de la création d'un argent-dette avec de faux arguments, tels que: «Une dette nationale, pourvu qu'elle ne soit pas excessive, est une bénédiction nationale... Le gouvernement se montrera sage en renonçant à l'usage d'un expédient aussi séduisant et dangereux, soit d'émettre son propre papier-monnaie.» Hamilton leur fit aussi accroire que seul l'argent/dette des banques privées était valable pour les transactions avec les pays étrangers.
Thomas Jefferson, le Secrétaire d'Etat, était fortement opposé à ce projet, mais le président Washington se laissa finalement convaincre par les arguments d'Hamilton. Une banque nationale fut donc créée en 1791, la «Bank of the United States», avec une charte d'une durée de 20 ans. Quoique nommée «Banque des Etats-Unis», elle était plus véritablement la «banque des banquiers», puisqu'elle n'appartenait pas du tout à la nation, au gouvernement américain, mais aux individus détenteurs des actions de la banque, les banquiers privés. Le nom de «banque des Etats-Unis» fut délibérément choisi dans le but de laisser croire à la population américaine qu'elle était propriétaire de la banque, ce qui n'était pas du tout le cas. La charte expira en 1811 et le Congrès vota contre son renouvellement, grâce à l'influence de Jefferson et d'Andrew Jackson:
«Si le Congrès, dit Jackson, a le droit d'après la Constitution d'émettre du papier-monnaie, ce droit leur a été donné pour être utilisé par eux seuls, non pas pour être délégué à des individus ou des compagnies privées.»
Ainsi se terminait l'histoire de la première Banque des Etats-Unis, mais les banquiers n'avaient pas dit leur dernier mot.
Les banquiers déclenchent la guerre
Nathan Rothschild, de la Banque d'Angleterre, lança un ultimatum: «Ou bien le renouvellement de la charte est accordé, ou bien les Etats-Unis sont impliqués dans une guerre très désastreuse.» Jackson et les patriotes américains ne se doutaient pas que le pouvoir des banquiers pouvait s'étendre jusque-là. «Vous êtes un repaire de voleurs, de vipères, leur dit le président Jackson. J'ai l'intention de vous déloger, et par le Dieu Eternel, je le ferai!» Nathan Rothschild émit des ordres: «Donnez une leçon à ces impudents Américains. Ramenez-les au statut de colonie.»
Le gouvernement anglais déclencha la guerre de 1812 contre les Etats-Unis. Le plan de Rothschild était d'appauvrir les Américains par la guerre à un tel point qu'ils seraient obligés de demander de l'aide financière... qui bien sûr ne serait accordée qu'en retour du renouvellement de la charte de la «Bank of the United States». Il y eut des milliers de morts, mais qu'importe à Rothschild? Il avait atteint son but: la charte fut renouvelée en 1816.
On assassine Abraham Lincoln
Abraham Lincoln fut élu Président des Etats-Unis en 1860 avec la promesse d'abolir l'esclavage des Noirs. 11 Etats du Sud, favorables à l'esclavage des Noirs, décidèrent donc de quitter l'Union, de se séparer des Etats-Unis: ce fut le début de la Guerre de Sécession, ou Guerre Civile Américaine (1861-65). Lincoln, étant à court d'argent pour financer les armées du Nord, partit voir les banquiers de new-York, qui lui offrirent de l'argent à des taux allant de 24 à 36%. Lincoln refusa, sachant parfaitement que c'était de l'usure et que cela mènerait les Etats-Unis à la ruine. Mais son problème d'argent n'était pas réglé pour autant.
Son ami de Chicago, le Colonel Dick Taylor, vint à la rescousse et lui suggéra la solution: «Que le Congrès passe une loi autorisant l'émission de billets du Trésor ayant plein cours légal, payez vos soldats avec ces billets, allez de l'avant et gagnez votre guerrre.»
C'est ce que Lincoln fit, et il gagna la guerre: de 1862 à 1863, Lincoln fit émettre 450 millions $ de «greenbacks» (appelés ainsi par la population parce qu'ils étaient imprimés avec de l'encre verte au verso).
Lincoln appela ces greenbacks «la plus grande bénédiction que le peuple américain ait jamais eue.» Bénédiction pour tous, sauf pour les banquiers, puisque cela mettait fin à leur «racket» du vol du créditde la nation et de création d'argent avec intérêt. Ils mirent donc tout en oeuvre pour saboter l'oeuvre de Lincoln. Lord Goschen, porte-parole des Financiers, écrivit dans le London Times (citation tirée de Who Rules America, par C. K. Howe, et reproduite dans Lincoln Money Martyred, par R. E. Search):
«Si cette malveillante politique financière provenant de la République nord-américaine devait s'installer pour de bon, alors, ce gouvernement fournira sa propre monnaie sans frais. Il s'acquittera de ses dettes et sera sans aucune dette. Il aura tout l'argent néces saire pour mener son commerce. Il deviendra prospère à un niveau sans précédent dans toute l'histoire de la civilisation. Ce gouvernement doit être détruit, ou il détruira toute monarchie sur ce globe.» (La monarchie des contrôleurs du crédit.)
Tout d'abord, dans le but de discréditer les greenbacks, les banquiers persuadèrent le Congrès de voter , en février 1862, la «Clause d'Exception», qui stipulait que les greenbacks ne pouvaient être utilisés pour payer l'intérêt sur la dette nationale. Ensuite, ayant financé l'élection d'assez de sénateurs et de députés, les banquiers firent voter par le Congrès en 1863 le retrait de la loi des Greenbacks et son remplacement par le National Banking Act (Loi des Banques Nationales, où l'argent serait créé avec intérêt par des compagnies privées).
Cette loi stipulait aussi que les greenbacks seraient immédiatement retirés de la circulation aussitôt leur retour au Trésor pour paiement des taxes. Lincoln protesta énergiquement, mais son objectif le plus pressant était de gagner la guerre et de sauver l'Union, ce qui l'obligea à remettre après la guerre le veto qu'il projetait contre cette loi et l'action qu'il entendait prendre contre les banquiers. Lincoln déclara tout de même: «J'ai deux grands ennemis: l'armée du Sud en face et les banquiers en arrière. Et des deux, ce sont les banquiers qui sont mes pires ennemis.».
Bretton Woods : Naissance du FMI et de la Banque mondiale [4]
Le 30 juin 1944, le soir, deux trains spéciaux quittaient Washington et Atlantic City. Ils étaient bourrés de centaines de messieurs bien habillés (il y avait peu de femmes), en costume " bon chic bon genre ". Ils conversaient en un si grand nombre de langues européennes que les reporters locaux baptisèrent la procession " la Tour de Babel sur roues ".
Leur destination était la localité de Bretton Woods, située dans les pittoresques montagnes du New Hampshire. Ils devaient y assister à la Conférence monétaire et financière des Nations unies.
Cette rencontre de quarante-quatre pays avait été mise sur pied par le Président Franklin D. Roosevelt. L'objectif était d'établir les règles d'un nouvel ordre économique international pour l'après-guerre.
La séance inaugurale de la conférence eut lieu dans la grande salle de bal de l'hôtel Washington qui pouvait facilement contenir les centaines de délégués.
Henry Morgenthau, secrétaire au Trésor des Etats-Unis et président de la conférence, lut un message de bienvenue de Roosevelt. Le discours d'ouverture de Morgenthau donna le ton de la réunion et, en fait, en incarna l'esprit. Il envisageait " la création d'une économie mondiale dynamique dans laquelle les peuples de chaque nation seront en mesure de réaliser leurs potentialités dans la paix et de jouir toujours davantage des fruits du progrès matériel sur une Terre bénie par des richesses naturelles infinies. "
Il mit l'accent sur " l'axiome économique élémentaire que la prospérité n'a pas de limite fixe. Elle n'est pas une substance finie qu'on puisse diminuer en la divisant ". Et il conclut ainsi : " La chance qui s'offre à nous, a été achetée dans le sang. Faisons-lui honneur en montrant notre foi dans un avenir commun ".
Les sept cents délégués se levèrent pendant que l'orchestre jouait le " Star Spangled Banner " (la Bannière étoilée).
Ce discours consensuel dissimulait les âpres discussions qui se déroulaient depuis des mois entre les chefs des délégations britannique (Lord J.M. Keynes en premier lieu) et américaine (H. Morgenthau). Les Etats-Unis voulant assurer définitivement leur suprématie sur le monde par rapport aux Britanniques. Le débat entre Américains et Britanniques avait été lancé dès avant l'entrée en guerre des Etats-Unis. W. Churchill avait déclaré au président Roosevelt : " Je pense que vous souhaitez abolir l'Empire britannique. (...) Tous vos dires le confirment. Malgré cela, nous savons que vous êtes notre seul espoir. Et vous savez que nous le savons. Sans l'Amérique, l'Empire britannique ne pourra pas tenir bon " (cité par George et Sabelli, 1994, p. 31). Les Etats-Unis réalisèrent leur objectif et les positions que J.M. Keynes défendit à Bretton Woods, bien que louées officiellement, furent marginalisées par H. Morgenthau.
La rédaction des statuts du Fonds Monétaire International occupa presque exclusivement les premières semaines de réunion. Ses dispositions étaient également en discussion depuis des mois. L'objectif premier des Etats-Unis était concentré sur la mise sur pied d'un système garantissant la stabilité financière de l'après-guerre : plus jamais de dévaluations concurrentielles, de restriction des échanges, de quotas d'importation et tout autre dispositif étouffant le commerce. Les Etats-Unis voulaient le libre-échange sans discrimination à l'égard de leurs produits - demande incontournable dans le sens où ils étaient alors le seul pays du Nord à disposer d'un excédent de denrées. Ils recherchaient ensuite un climat favorable à leurs investissements dans les économies étrangères et enfin, le libre accès aux matières premières, accès bloqué précédemment par les empires coloniaux européens.
La Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement - la Banque mondiale, comme on l'appelle - était une institution sans précédent. Sa structure fondamentale, telle qu'élaborée dans les Articles de sa Convention, est restée inchangée.
Les buts principaux de la Banque étaient de " porter assistance à la reconstruction et au développement des territoires des nations-membres en facilitant l'investissement de capital dans un but productif " et " de promouvoir une croissance équilibrée du commerce international à longue échéance... " (article I).
Critique de la Banque mondiale et du FMI [5]
Rappels historiques :
A ses débuts (1945), la Banque Internationale pour la Reconstruction et de Développement (BIRD) finançait les infrastructures de l'Europe dévastée par la guerre. Elle a ensuite étendu ses activités aux pays en voie de développement.
A la BIRD est venue se joindre l'IDA, Association Internationale pour le Développement, formant ainsi la Banque mondiale.
De ses origines jusqu'en 1993, la Banque mondiale a prêté 313 milliards de dollars, auxquels il convient d'ajouter des dizaines d'autres milliards en cofinancement.
Elle a traité ainsi environ 6 000 projets. Pour réaliser ces projets, les entreprises et les consultants ont signé pour plus de 212 milliards de dollars de contrats.
La Banque mondiale emprunte sur les marchés financiers la plus grande partie des fonds qu'elle prête. Elle ne peut pas faire faillite car ses prêts sont garantis par les gouvernements du monde entier.
Elle engage 2,5 milliards de dollars toutes les heures. Ses profits annuels dépassent toujours le milliard et ses réserves sont de l'ordre de 17 milliards de dollars.
Principales critiques :
a- De nombreux projets de la Banque ont entraîné des dommages écologiques irréversibles et déplacé déjà des millions de personnes. 800.000 seront encore déplacées entre 1994 et 1997.
- Plusieurs dizaines de pays du Sud et de l'Est sont sous tutelle de la Banque mondiale. Faute de pouvoir trouver sur les places financières des sources de prêts, les pays à monnaie faible dont la balance commerciale est déficitaire n'ont guère le choix : ils ne peuvent s'adresser qu'à la Banque mondiale. Celle-ci impose à des gouvernements qu'elle qualifie de "prodigues" (et qui le sont parfois) et incapables (ils le sont aussi parfois) une nécessaire "discipline" en réorientant les économies vers les secteurs d'exportation et en comprimant sévèrement les dépenses publiques - en particulier dans les domaines sociaux. De ce fait la Banque mondiale n'est plus seulement "une institution à caractère purement économique", mais, à travers les conditions des prêts qu'elle accorde, elle se substitue de plus en plus aux États.
Quand la somme des budgets de l'éducation en Afrique est réduite de 11 à 7 milliards de dollars en 10 ans ; quand 30.000 professionnels de la santé quittent ce continent parce qu'ils n'arrivent plus à y exercer leur métier,... les conséquences ne sont pas purement économiques ; quand pour un prêt de quelques millions de dollars, un pays doit souscrire à quarante pages de conditions détaillées, touchant les domaines les plus variés, on déborde sûrement le cadre purement économique... et certains critiques n'hésitent pas à parler de dictature.
- La Banque mondiale par l'importance qu'elle a acquise a pris la place, laissée vide il est vrai, des pays riches et industriels en matière de politique Nord - Sud et Nord - Est. Lesdits pays en sont arrivés à se considérer comme dégagés de leurs responsabilités à l'égard des pauvres et des moins riches.
- La Banque n'est soumise à aucun contrôle démocratique et son Conseil d'Administration, censé représenter l'ensemble des intérêts des pays membres, reflète essentiellement ceux des pays riches et des élites du Sud...
- Aucun code déontologique n'oblige les technocrates de la Banque à se conformer à des normes éthiques. C'est une notion qui n'existe pas. L'organisation est telle que l'institution ne sera jamais sanctionnée, que ce soit par les membres ou par le marché financier. Elle est protégée de tous côtés. La formule de la Banque mondiale est idéale (pour elle) : pas de risques et des profits garantis.
Aux origines de la crise d'endettement argentine : un mécanisme bien huilé de décapitalisation [6]
Des preuves existent désormais, fruit d'une enquête judiciaire de 18 ans faisant suite à une procédure déposée par un journaliste, Alejandro Olmos, dès 1982 : la crise de la dette argentine a pour origine un mécanisme de dilapidation et de détournements de fonds mettant en scène le gouvernement argentin, le FMI, les banques privées du Nord et la Federal Reserve américaine. C'est pourquoi la Cour Fédérale argentine a, en juillet 2000, déclaré "illégitime" la dette contractée par le régime Videla, car contraire à la législation et à la Constitution du pays. Le Tribunal a recommandé au Congrès d'utiliser cette sentence pour négocier l'annulation de cette dette odieuse.
Retour sur les faits : en 1976, la junte militaire de Videla prend le pouvoir et instaure une dictature qui durera jusqu'en 1983. Durant cette période, la dette extérieure argentine est multipliée par cinq (passant de 8 à 43 milliards de dollars), alors que la part des salaires dans le PNB (produit national brut) passe de 43 à 22%. La dictature mènera à la crise de la dette puis à l'entrée officielle du FMI aux commandes financières du pays.
La sentence du Tribunal argentin, lourde de 195 pages, retrace l'histoire de cet endettement originel. Divers types d'acteurs sont mis en présence : côté argentin, on trouve dans les rôles principaux le président Videla, le ministre de l'économie "offert" par le Conseil des chefs d'entreprise, Martinez de la Hoz, et le directeur de la banque centrale, Domingo Cavallo (celui-là même qui a démissionné le 20 décembre 2001).
On trouve ensuite le FMI, qui octroie un important prêt à l'Argentine dès 1976, apportant par là la garantie aux banques occidentales que le pays est un endroit privilégié pour recycler leurs surplus de pétrodollars. Mais le rôle du FMI ne s'arrête pas là, puisqu'on retrouve tout au long de la dictature Dante Simone, cadre du FMI au service du régime. Le FMI se justifie en affirmant qu'il avait octroyé un congé à Dante Simone et que celui-ci s'était mis à la disposition de la banque centrale du pays (p. 127 de la sentence). Cette dernière payait ainsi les frais de séjour et de logement de l'expert. Reste à savoir qui payait le salaire et si le congé était payé par le FMI…
Quoi qu'il en soit, Dante Simone a rédigé un rapport adressé à Domingo Cavallo de la banque centrale argentine (on a retrouvé un double au FMI), rapport assurant que d'importantes marges existaient en matière d'endettement avant qu'un danger économique majeur ne survienne (p. 31 de la sentence). Et le rôle de M. Simone a clairement été de rechercher d'importants et discrets financements externes…
Ces financements externes n'étaient de toute façon guère difficile à trouver, tant les banques occidentales, regorgeant de pétrodollars impossibles à placer suite à la crise dans les pays riches du Nord, étaient avides de débouchés nouveaux. L'enquête montre ainsi que la banque centrale argentine a pu réaliser des placements discrétionnaires auprès des banques américaines, ceci sans passer par l'accord du ministre de l'économie, mais en s'appuyant sur le généreux intermédiaire de la Federale Reserve américaine !
L'entente entre ces différents protagonistes sera telle que des prêts bancaires octroyés à l'Argentine ne prendront jamais la direction du pays, mais seront directement détournés par les banques dans des paradis fiscaux au nom de sociétés-écrans. La dette n'a ainsi pas profité aux populations locales, mais bien au régime dictatorial et aux banques du Nord, apportant au passage un important soutien d'ingénierie financière.
Le reste des fonds furent dilapidés dans de généreuses subventions aux grands groupes privés amis du ministre Martinez de la Hoz.
Que se passe pour les nations qui ne se soumettent pas au diktat du pouvoir financiers ?
Tentative de coup d'Etat si les politiques oublient pourquoi ils sont là et à qui ils ont fait allégeance, déstabilisations politiques par la propagande, révolutions colorées, créer des faux débats publics, dénigrements médiatiques, ‘'think thank'' ‘'club de réflexion'' et autre fondations aux desseins obscurs sont là pour donner crédit aux mensonges propagandistes. En Bolivie, le nouveau président Evo Morales entré en politique par voie syndicale, va en faire l'expérience de la non soumission au système et à l‘empire, lui qui sort du circuit habituel.
Le Vénézuélien Chavez est un de ceux à qui les financiers n'ont pas fait de cadeau, jusqu'aux menaces d'assassinat, le dernier provenant de W. Bush.
Les services de renseignements sont les instruments de cette politique de déstabilisation :
Philip Agee est un ancien agent de la CIA [7] qui a quitté l'agence en 1967 après avoir perdu ses illusions en constatant que la CIA oeuvrait pour un statu quo dans la région. "J'ai commencé à réaliser que ce que nous faisions, mes collègues et moi, au sein de la CIA en Amérique latine n'était rien de plus que la continuation de pratiquement 500 ans d'exploitation et de génocide et ainsi de suite. J'ai commencé alors à penser à écrire un livre - chose impensable auparavant - pour expliquer les rouages." Le livre, "Inside the Company : CIA Diary" devint immédiatement un best-seller et fut publié dans plus de 30 langues. En 1978, trois ans après la publication du livre, Agee et un groupe de journalistes ont commencé à publier un bulletin "Covert Operations Information Bulletin" (bulletin des opérations clandestines" - appelé désormais Covert Action Quarterly [1] ) dans le cadre d'une "guérilla journalistique" visant à déstabiliser la CIA et à révéler ses activités.
Sans surprise, les réactions du gouvernement des Etats-Unis et de la CIA en particulier devant le travail d'Agee ont été quelque peu agressives, et celui-ci a été contraint depuis les années 70 à partager son temps entre l'Allemagne et Cuba. Actuellement, il est représentant d'une société pétrolière canadienne en Amérique latine.
Malgré la récente vague d'articles anti-Chavez dans les médias états-uniens, et les déclarations menaçantes de tout un ensemble de hauts représentants du Département d'Etat et de la Défense, Agee perçoit une stratégie plus cynique au Venezuela. S'appuyant sur les travaux de William I. Robinson sur l'intervention états-unienne au Nicaragua dans les années 80, et sur des documents récemment publiés qui détaillent les activités de la CIA et du gouvernement des Etats-Unis au Venezuela, Aggee suggère que la stratégie de la CIA de "promotion de la démocratie" est pleinement mise en oeuvre au Venezuela.
Avant d'espérer tout changement réel dans la condition humaine, il est plus que nécessaire de changer le système bancaire et économique qui est à l'origine de toutes les grandes décisions et de l'avenir du monde par cette main mise sur le pouvoir absolu des oligarques intrinsèquement lié au pouvoir politique. Les politiques eux mêmes sont les victimes de ce système délétère. Certains en sont conscients et complices, d'autres feignent l'ignorance, mais les plus nuisibles et pernicieux sont les ultra-libéraux ‘'décomplexés'' qui font la promotion de ce système à coup de mensonges, manipulations médiatiques, discours démagogiques, propos et comportements populistes. Ceux qui ont conduit la France en situation de quasi faillite, ne sont ni de gauche ni de droite, leur priorité est de servir un système auquel ils ont voué une allégeance absolu qui est nécessaire pour atteindre les plus hautes fonctions de responsabilités étatiques. Condition sans faille pour intégrer la famille politique, politiquement acceptable. Après l'ultra libéralisme décomplexé, dans le même objectif, les discours et déclarations décomplexées, phraséologies et vulgates ouvertement racistes et xénophobes, affichée et glorifiée par Sarkosy et ses semblables néo-conservateurs. Le but étant nul doute d'afficher ses convictions fussent-elles racistes, élitistes, ségrégationnistes ou négationnistes, leur volonté de pratiquer le déni de droit aux plus faibles résulte sans équivoques de convictions communes entre dogmes religieux et politiques. Des valeurs volontairement amalgamées, des projets politiques sublimés, des propos insultants, choquants revendiqués avec fierté sous prétexte de dire tout haut ce que les autres pensent tout bas.
Une révolution mentale semble plus que jamais indispensable, afin de sortir de cette emprise financière, trouver les solutions alternatives pour offrir une harmonie et une paix sociale, plus que jamais nécessaire, si nous ne voulons pas être les témoins du plus grand génocide à l'échelle planétaire, latent. Le conflits Nord/Sud tant redouté, ne sera pas, mais celui du ''Bien'' contre le ''Mal'', lui aura bien lieu. Le ''Bien'' sera t-il incarné par les détenteurs du pouvoir financiers, et le ‘'Mal'' par les soumis, les esclaves ? Ces derniers souvent amalgamés, volontairement confondus par l'Occident contre l'Orient, le monde chrétien contre le monde musulman ?
Ceux qui ont depuis des siècles décidé du destin de l'humanité, ne vont plus se contenter de l'asservissement et de la soumission totale des hommes. Après avoir monopoliser le contrôle des échanges : la clé d'une main mise absolu sur toutes les transactions, contrôle et gestion de l économie mondiale. Après la stratification des couches sociales (castes sociales), l'atomisation des individus (société individualiste) , la destruction du multiculturalisme (globalisation culturelle), l'uniformisation de la pensée (la pensée unique), l'étape suivante devait être la gestion de la démographie mondiale (élimination des populations par des catastrophes économiques, ‘'naturelles'' et souvent criminelles : guerres civiles (fomentées), endémies, épidémies… Les fléaux et les maux de l'humanité ne sont pas ceux désignés les responsables de la situation nauséeuse du monde, mais bien ces lignées de familles qui sont au sommet de la hiérarchie économique et sociale depuis des siècles.
NOTES:
[1] wikipedia
[2] Autheman, André; La Banque impériale ottomane, Paris: Comité pour l'Histoire économique et financière de la France, 1996.
[3] L'histoire du contrôle
(Article d'Alain Pilote, paru dans Vers Demain de juillet-août 1985.)
[4] Eric Toussaint, auteur de " La Bourse ou la Vie. La finance contre les peuples " Co-Edition Luc Pire
[5] http://www.amisdelaterre.org/publications/publications_7.html#par2
[6] Arnaud Zacharie Chercheur au CADTM
[7] http://www.coy.org/vertactionquarter
Dimanche 25 Décembre 2005
Zeynel CEKICI _________________ "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
Comment la dette nourrit la dette
Audit éclairant de la dette du Congo démocratique
par Emmanuel Makila
Mondialisation.ca, Le 11 janvier 2007
Afrik.com
Un audit de la dette congolaise au Sénat belge démontre que rien n’a changé depuis Mobutu. L’endettement des pays pauvres est un puissant ressort dans la redistribution à l’envers des richesses mondiales.
‘‘Qui paie ses dettes, s’enrichit’’, dit un adage. Un des paradoxes (apparents) du système économique mondial tient au fait que, globalement, l’épargne des pauvres finance la consommation des riches. Selon des experts, 125 milliards USD des flux financiers venus des pays du Sud en 2003 ont bénéficié aux pays du Nord et non l’inverse. Ainsi la dette que payent les pays du Sud ne les enrichit pas eux-mêmes, mais enrichit d’autres, ‘‘et pas un peu’’. Le Comité d’annulation de la dette du Tiers-monde (CADTM) veut donner une nouvelle lecture de la dette de la RD Congo, délibérément appauvrie en soumettant à un audit critique et citoyen. Ici une brève synthèse de la journée sur l’audit de la RDC au sénat belge. ‘‘Ouvrir la boîte noire, voir à qui profite le crime, c’est de tous temps ainsi qu’on résout une énigme policière où l’argent entre en jeu’’, écrit Erik Rydberg, journaliste au CADTM. La RDC, qui doit débourser jusqu’au quart de son budget pour rembourser sa dette, est l’image même ‘‘de la doctrine de la dette odieuse’’, négation du principe fondamental du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, a dit le sénateur belge Pierre Galland qui a invité le CADTM, organisateur d’un colloque sur ce thème au Sénat belge le 20 octobre dernier. Un coin du voile, cependant, a déjà été soulevé ‘‘Nous avons un devoir d’inventaire’’. Il fallait que ce soit dit.
Business as usual.
Lorsqu’on parle d’un nouveau départ pour le Congo, il faut donc comprendre, en réalité : business comme d’habitude. ‘‘Il y a quelque chose d’hallucinant, en effet, dans l’emballement de la malédiction usurière à laquelle la jeune nation congolaise sera sans cesse soumise après son Indépendance en 1961’’, écrit le confrère qui accuse le régime Mobutu d’avoir légué une ardoise de quelque 13 milliards USD, dont plus de 5 milliards USD propulsé par le service de la dette. Seulement, aujourd’hui, au sortir de la guerre civile (5 millions de morts), une nouvelle flambée de prêts rapaces s’abat sur le pays, plombée d’une dette de plus de 9 milliards USD.
Le malheur de la RDC part de l’époque coloniale (1884-1960). Le pays est d’ores et déjà mis sous coupe réglée, comme l’a mis en exergue Dieudonné Ekowana Hiemo, chercheur. Ressources naturelles ‘‘trustées’’ par des conglomérats belges (Société générale, Union minière) et britanniques pour ‘‘civiliser’’ l’indigène. Il y a un prix à payer. Arrive le coup d’Etat ouvrant le règne kleptocrate de Mobutu. Trente deux ans avec des fortunes diverses jusqu’à la chute du Mur en 1989. ‘‘La fonction géopolitique de rempart anticommuniste africain avec laquelle Mobutu a habilement su jouer lui assurera une complaisance aveugle des prêteurs de tous bords- qui fermeront aussitôt les vannes après cette date’’. Suivra la période noire : neuf séries de rééchelonnements de la dette (13 milliards USD en 1996). Et toutes les bonnes consciences ne manquent pas de mettre en évidence la responsabilité écrasante des institutions financières internationales. ‘‘Malgré les clignotants faisant état de pratiques mafieuses et d’une corruption généralisée, elles continueront à arroser le régime, jusqu’en 1991 pour le FMI, jusqu’en 1993 pour la Banque mondiale’’, écrit le CADTM qui évoque le rapport Blumenthal de 1968. C’est ici qu’on parle de l’enrichissement illicite des tenants du remboursement de la dette pour des commissions occultes dues au service de la dette.
L’apothéose
Les Rapports onusiens l’ont dénoncé. Un pillage méthodique orchestré par des ‘‘réseaux d’élites composés d’un petit noyau de dirigeants politiques et militaires et d’hommes d’affaires, et dans les zones occupées de certains chefs rebelles et administrateurs’’. Contrats opaques en fournée, ‘‘prêts odieux’’ en batterie, environ 7,4 milliards de dollars s’ajouteront au passif, dont un milliard de l’Agence belge de promotion des investissements, le Ducroire et d’autres opérations, dont celle dite de ‘‘consolidation’’ (2002), ‘‘un tour de passe-passe par lequel 60 % des créances sur le Congo changent de main, l’arriéré se transformant, via de nouveaux prêts, en... nouveaux emprunts. A bien y regarder, cela correspond (…) à une gigantesque opération de blanchiment’’ : les Etats occidentaux qui y participent à l’aide de leurs contribuables (Belgique, France, Suède, Afrique du Sud) passent à la caisse, remboursent des créanciers qui s’évanouissent dans l’anonymat, tandis que le peuple congolais, lui, reste plus endetté que jamais, étant désormais placé sous la tutelle des programmes PPTE (pays pauvres très endettés) de la Banque mondiale, écrit le CADTM dans son rapport.
Donc, pour reconstruire aujourd’hui son pays et lui redonner espoir, le peuple congolais devra faire une croix sur environ 30 à 40 % de son maigre budget rien que pour assurer le paiement du service de la dette - les intérêts, donc : la dette elle-même vient en sus.
Droit de savoir.
Le CADTM vise un intérêt dans son initiative. En plus d’une procédure judiciaire contre la BM via les agissements coupables de la société Anvil Mining dont les créances devront sur la RDC faire l’objet d’audit critique, ‘‘déceler les circonstances des prêts consentis par la Belgique à la RDC depuis son indépendance et le transfert de la dette belge au moment de l’indépendance du Congo afin de justifier l’annulation des créances belges ayant un caractère illicite et exiger la réparation des dommages écologiques et humains’’. Pour répondre aux questions ‘‘combien la RDC doit-elle réellement ? A qui ? Et pour quoi ?’’
Répudier cette dette ?
Cependant, il y a lieu de ‘‘répudier’’ cette dette colonialiste, si elle est qualifiée d’odieuse ou ‘‘de régime’’, dès lors qu’elle a été contractée par un régime despotique, non selon les besoins et les intérêts de l’Etat mais pour fortifier sa mainmise sur le peuple et le réprimer. ‘‘Les dépenses somptuaires du régime, les biens mal acquis, les fortunes bâties sur comptes suisses grâce à la corruption n’auraient pas existé sans corrupteurs, sans une exploitation délibérée des opportunités ainsi offertes aux banques et entreprises, qui savaient très bien ce qu’elles faisaient’’, cite le CADTM. Elle n’engage en rien le peuple et peut être à ce titre dénoncée par celui-ci. Le peuple doit ainsi avoir la force de dénoncer ces contrats. Il semble que des précédents existent.
The post, le 30 décembre 2006 _________________ "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
Prêts odieux de la Banque mondiale à la métropole coloniale belge pour coloniser le Congo
Après dix ans d'existence, la Banque mondiale ne compte que deux pays membres en Afrique subsaharienne : l'Ethiopie et l'Afrique du Sud. En violation du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, la Banque mondiale octroie des prêts à la Belgique, à la France, à la Grande Bretagne, pour financer des projets dans leurs colonies [1]. Comme le reconnaissent les historiens de la Banque : “ Ces prêts qui servaient à alléger la pénurie de dollars des puissances coloniales européennes, étaient largement destinés aux intérêts coloniaux, particulièrement dans le secteur minier, que ce soit par l'investissement direct ou l'aide indirecte, comme pour le développement du transport et des mines » [2]. Ces prêts permettent aux pouvoirs coloniaux de renforcer le joug qu'ils exercent sur les peuples qu'ils ont colonisés. Ils contribuent à approvisionner les métropoles coloniales en minerais, en produits agricoles, en combustible. Dans le cas du Congo belge, les millions de dollars qui lui ont été « prêtés » pour des projets décidés par le pouvoir colonial ont presque totalement été dépensés par l'administration coloniale du Congo sous forme d'achat de produits exportés par la Belgique. Le Congo belge « a reçu » en tout 120 millions de prêts (en 3 fois) dont 105,4 millions ont été dépensés en Belgique [3]. Ces prêts constituaient un véritable tour de passe-passe. Le pigeon : le peuple congolais.
par Éric Toussaint
...légués comme un boulet aux jeunes nations indépendantes
Lorsque le Congo accède à l’indépendance, les principaux actionnaires se mettent d’accord pour lui transmettre la charge de la dette contractée par le pouvoir colonial belge auprès de la Banque mondiale. Les prêts contractés par la Belgique auprès de la Banque mondiale afin de mieux exploiter le Congo belge sont devenus une dette du Congo indépendant. La Banque a généralisé ce procédé qui consiste à transférer la dette contractée par un pouvoir colonial au nouvel Etat indépendant.
Or le droit international des Traités condamne explicitement ce type de transfert de dette. Le Traité de Versailles qui a été signé après la guerre 1914-1918 est très clair à ce sujet. Lors de la reconstitution de la Pologne en tant qu’Etat indépendant après la première guerre mondiale, il a été décidé que les dettes contractées par l’Allemagne pour coloniser la partie de la Pologne qu’elle avait soumise ne seraient pas à charge du nouvel Etat indépendant. Le traité de Versailles du 28 juin 1919 stipulait : « La partie de la dette qui, d’après la Commission des Réparations, prévue audit article, se rapporte aux mesures prises par les gouvernements allemand et prussien en vue de la colonisation allemande de la Pologne, sera exclue de la proportion mise à la charge de celle-ci... » [4]. Le Traité prévoit que les créanciers qui ont prêté à l’Allemagne pour des projets en territoire polonais ne peuvent réclamer leur dû qu’à cette puissance et pas à la Pologne. Alexander-Nahum Sack, le théoricien de la dette odieuse, précise dans son traité juridique de 1927 : « Lorsque le gouvernement contracte des dettes afin d’asservir la population d’une partie de son territoire ou de coloniser celle-ci par des ressortissants de la nationalité dominante, etc., ces dettes sont odieuses pour la population indigène de cette partie du territoire de l’Etat débiteur » [5]. Cela s’applique intégralement aux prêts que la Banque a octroyés à la Belgique, à la France et à la Grande Bretagne pour le développement de leurs colonies. En conséquence, la Banque agit en violation du droit international en faisant porter aux nouveaux Etats indépendants la charge de dettes contractées pour les coloniser. La Banque en connivence avec ses principaux actionnaires coloniaux et avec la bénédiction des Etats-Unis a posé un acte qui ne peut rester impuni. Ces dettes sont frappées de nullité et la Banque doit rendre compte de ses actes à la justice. Les Etats qui ont été victimes de cette violation du droit devraient exiger des réparations et utiliser les sommes en question pour rembourser la dette sociale due à leur peuple [6].
Deux poids deux mesures : le Plan Marshall
Entre 1948 et 1951, les États-Unis consacrent plus de treize milliards de dollars de l’époque (dont onze milliards en dons) au rétablissement de dix-sept pays européens, dont la Belgique, dans le cadre de l’Organisation européenne de coopération économique (OECE, aujourd’hui l’OCDE). Le montant total de l’aide correspond à environ 90 milliards de dollars actuels, dont plus de 3 milliards de dollars actuels rien que pour la Belgique.
En plus des dons accordés dans le cadre du Plan Marshall, il faut ajouter l’annulation partielle de la dette de la Belgique à l’égard des États-Unis en compensation de l’uranium fourni pour la fabrication des deux premières bombes atomiques américaines lâchées au-dessus des villes japonaises d’Hiroshima et de Nagasaki, y provoquant le premier holocauste nucléaire. L’uranium provenait de la mine de Shinkolobwé (près de Likasi ex-Jadotville) situé dans la province du Katanga au Congo belge. Premier acte, la Belgique bénéficie d’une annulation de dette grâce à sa colonie dont elle exploite les ressources naturelles. Deuxième acte, une quinzaine d’années plus tard, elle lègue au Congo indépendant avec la compicité de la Banque mondiale les dettes qu’elle a contractées pour exploiter ses ressources naturelles et son peuple.
Notes:
[1] Les colonies concernées par les prêts de la Banque mondiale sont pour la Belgique, le Congo belge, le Rwanda et le Burundi ; pour la Grande Bretagne, l’Afrique de l’Est (comprenant le Kenya, l’Ouganda et la future Tanzanie), la Rhodésie (Zimbabwe et Zambie) ainsi que le Nigeria auxquels il faut ajouter la Guyane britannique en Amérique du Sud ; pour la France, l’Algérie, le Gabon, la Mauritanie, l’Afrique occidentale française (Mauritanie, Sénégal, Soudan français - devenu Mali, Guinée, Côte d’Ivoire, Niger, Haute-Volta - devenue Burkina Faso, Dahomey - devenu Bénin).
[2] Kapur, Devesh, Lewis, John P., Webb, Richard. 1997. The World Bank, Its First Half Century, Volume 1, p. 687.
[3] Le fait que la Belgique soit bénéficiaire des prêts au Congo belge peut être déduit d’un tableau publié dans le quinzième rapport de la Banque mondiale pour l’année 1959-1960. IBRD (World Bank), Fifteenth Annual Report 1959-1960, Washington DC, p. 12.
[4] Cité par Sack, Alexander Nahum. 1927. Les Effets des Transformations des Etats sur leurs Dettes Publiques et Autres Obligations financières, Recueil Sirey, Paris, p. 159.
[5] Sack, Alexander Nahum. 1927. p. 158.
[6] Les réparations devraient être exigées des anciennes puissances coloniales via la Cour de Justice internationale de La Haye. A noter par ailleurs que tant que les agences de l’ONU, dont la Banque mondiale fait partie, continueront à bénéficier de l’immunité et tant que les statuts de la Banque ne seront pas modifiés, des Etats membres de la Banque peuvent difficilement aller en justice contre celle-ci. Par contre, des associations citoyennes représentant les victimes peuvent traîner la Banque en justice soit dans leur pays soit dans un pays où la Banque dispose d’une représentation ou là où elle a émis des emprunts. Ce point sera développé plus loin dans le livre.
En cas de reproduction de cet article, mentionnez s'il vous plaît la source.
URL: http://www.cadtm.org
Mercredi 31 Janvier 2007
Éric Toussaint _________________ "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
[1] Les colonies concernées par les prêts de la Banque mondiale sont pour la Belgique, le Congo belge, le Rwanda et le Burundi ; pour la Grande Bretagne, l’Afrique de l’Est (comprenant le Kenya, l’Ouganda et la future Tanzanie), la Rhodésie (Zimbabwe et Zambie) ainsi que le Nigeria auxquels il faut ajouter la Guyane britannique en Amérique du Sud ; pour la France, l’Algérie, le Gabon, la Mauritanie, l’Afrique occidentale française (Mauritanie, Sénégal, Soudan français - devenu Mali, Guinée, Côte d’Ivoire, Niger, Haute-Volta - devenue Burkina Faso, Dahomey - devenu Bénin).
hein hein je cherche le Cameroun je ne le vois pas dans ta liste
un oubli ??? on ne s'est pas fait flouer je n'en crois rien !! _________________
"Un jour j'ai entendu ces noirs prendre la parole, ils m'ont transmis leur vécu, j'ai compris leurs aspirations et j'ai cessé d'être l'ombre de moi même"
Qu'est ce qu'un camerounais sinon un africain, qu'est ce que le cameroun
sinon un ensemble de frontières inutiles. Vive l'intégration continentale, les USA "united state of Africa" et tous nos enfants, pères et mères des caraïbes.
Dominique Strauss-Kahn devrait, dans les semaines qui viennent, être élu directeur général du Fonds monétaire international (FMI). Contrairement aux apparences, les questions qu'il aura à résoudre ne sont pas très différentes de celles qui agitent le Parti socialiste français. "Ce n'est pas le marché qui nous pose problème. (...) C'est la mondialisation." Cette phrase prononcée par François Hollande à l'université d'été du PS à La Rochelle, bien des dirigeants du FMI pourraient la faire leur. Paradoxalement, alors que la croissance économique mondiale n'a jamais été aussi forte, le moral du FMI n'a sans doute jamais été aussi bas. Créé en 1945 pour prévenir les crises économiques qui avaient contribué à la grande dépression des années 1930 et provoqué la Seconde guerre mondiale, le FMI est aujourd'hui confronté à trois problèmes existentiels. Sa raison d'être a disparu. Son action passée est contestée. Sa gouvernance n'est plus légitime.
Sa raison d'être ? Prêter de l'argent aux pays pauvres et endettés. Problème : la plupart de ces pays disposent aujourd'hui d'importantes réserves financières. Pire : le FMI et sa soeur jumelle, la Banque mondiale, sont d'autant plus désoeuvrés que, lorsqu'un pays est dans le besoin, il ne fait plus appel à eux mais à la Chine, au Venezuela ou à l'Arabie saoudite, qui sont ravis de montrer leur influence sur la scène internationale.
Ses méthodes ? Pour obtenir l'aide des institutions de Washington, les pays devaient mener une politique libérale, privatisant tout ce qui pouvait l'être. Non seulement la potion était socialement douloureuse, mais économiquement contestable. En Corée du Sud, la crise financière qu'a vécue l'Asie en 1997 est d'ailleurs connue sous le nom de "crise du FMI". Il s'en est fallu de peu qu'en 1998, le Japon et la Chine créent un "FMI asiatique".
Sa gouvernance ? Bien que basé à Washington, et passant pour être aux mains des Américains, ce sont les Européens qui y détiennent l'essentiel du pouvoir. Depuis 1945, les Etats-Unis, eux, gardent la haute main sur la Banque mondiale. A l'époque, ce duopole était logique : l'Occident était le banquier de la planète. Aujourd'hui, il n'a plus de raison d'être. Il est même contre-productif puisqu'il entache la légitimité des décisions qui y sont prises. Créés pour marquer la solidarité des pays riches avec les plus pauvres, le FMI et la Banque mondiale sont aujourd'hui perçus comme les maîtres arrogants d'un monde qui n'aurait connu ni la chute du mur de Berlin ni l'émergence de la Chine, de l'Inde ou du Brésil.
Comment, en 2007, légitimer un conseil d'administration où, en raison de quotes-parts établies il y a plus d'un demi-siècle, la Belgique pèse davantage que l'Inde, et les Pays-Bas près de deux fois plus que le Brésil ? Sur les vingt-quatre administrateurs du FMI, sept sont issus d'un pays membre de l'Union européenne. Le directeur général est systématiquement un Européen. Dominique Strauss-Kahn succédera à l'Espagnol Rodrigo de Rato. Il sera le quatrième Français à occuper cette prestigieuse fonction, après Pierre-Paul Schweitzer (1963-1973), Jacques de Larosière (1978-1987) et Michel Camdessus (1987-2000).
Quelle que soit la qualité des hommes, cette continuité pose aujourd'hui problème. Le FMI est incapable de s'adapter aux évolutions d'un monde qu'il a lui-même en partie façonné. D'où l'initiative russe : présenter un candidat "antiduopole". Habilement, Vladimir Poutine n'a pas choisi un Russe, qui serait apparu comme un homme de paille, mais un banquier de l'Union européenne : le Tchèque Josef Tosovsky. Il sera intéressant de voir quels pays émergents voteront pour lui.
Sur le fond, la Russie a évidemment raison. Il n'y a plus aucune raison que la Banque mondiale soit systématiquement présidée par un Américain et le FMI par un membre de l'Union européenne. M. Strauss-Kahn se présente comme le "candidat de la réforme", et souhaite revoir les droits de vote. Jean-Claude Juncker, premier ministre luxembourgeois et président de l'Eurogroupe, a même été explicite : "Au sein de l'Eurogroupe et des ministres des finances de l'Union européenne, tout le monde est conscient que M. Strauss-Kahn sera certainement le dernier Européen à devenir directeur du FMI dans un avenir prévisible", a-t-il déclaré.
Mais, à vrai dire, le directeur général n'est qu'un symbole. Moins que sa nationalité, c'est la composition du conseil qui importe. Pour que la Chine et les autres pays émergents aient plus de pouvoir, il faut que l'Europe en ait moins. La création de l'euro rend encore moins compréhensible la représentation européenne actuelle. Comment expliquer que la France, l'Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, l'Italie et la Finlande ne parlent pas d'une seule voix alors qu'elles ont monnaie commune ? "Il faut que chaque pays de la zone euro accepte de peser moins pour que l'Union pèse davantage", analyse l'économiste Jean Pisani-Ferry. Mais, outre qu'il n'est jamais facile d'abandonner son fauteuil, cette réforme imposerait aux pays de la zone euro de trancher une redoutable question : qui doit les représenter à l'extérieur ? Le président de la Banque centrale européenne - "Monsieur Euro, c'est moi", a dit Jean-Claude Trichet - ou le président de l'Eurogroupe ?
L'avenir du FMI dépend donc en grande partie des Européens. Mais réformer le FMI sans ouvrir le dossier de la Banque mondiale n'a pas de sens. Les critiques émises à l'encontre de Dominique Strauss-Kahn sont d'ailleurs les mêmes que celles entendues au printemps après la démission de Paul Wolfowitz de la présidence de la Banque. Le remplacement de ce proche de George W. Bush par un autre Américain, également proche du président, avait suscité de nombreuses réactions. Mais l'Europe, elle, s'était tue, s'en tenant au compromis passé après-guerre.
Au-delà, c'est toute la gouvernance des institutions internationales qui est à repenser. Réformer la Banque mondiale, chargée de lutter contre la pauvreté, devrait conduire à s'interroger sur l'avenir de la FAO, l'organisation chargée par l'ONU de combattre la faim dans le monde et qui vit actuellement une crise très profonde. Et si les critères de représentativité décidés il y a soixante ans sont dépassés, l'égalitarisme n'est pas la panacée. L'impasse dans laquelle se trouve l'Organisation mondiale du commerce (OMC), où règne le système un pays/une voix, le prouve. Pour régler ces questions, une seule instance semble légitime : les chefs d'Etat et de gouvernement qui composent le G7. A condition, bien sûr, qu'eux-mêmes se soient transformés au préalable en G20 ! _________________ "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
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