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Les Africains dépossédés de leurs richesses

 
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Auteur Message
Sikimuya
Grioonaute


Inscrit le: 25 Sep 2006
Messages: 13
Localisation: Belgique

MessagePosté le: Ven 06 Oct 2006 19:16    Sujet du message: Les Africains dépossédés de leurs richesses Répondre en citant

Bonjour à tous,

Voici un texte que j'ai découvert par hasard en surfant sur le web.

Il s'agit du problème de l'arabisation de l'Afrique c'est pourquoi j'ai trouvé bon de le poster sur le forum pour sensibiliser les visiteurs à ce sujet.

Salutations


Sikimuya

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IX. Les Africains dépossédés de leurs richesses
2001 : l’odyssée de l’arabisation, encore et toujours, 40 ans plus tard

Les analystes font remarquer que les pays de la Corne de l’Afrique (Soudan, Somalie, Ethiopie …) ‘importent’ les tensions et affrontements des puissances régionales du Proche-Orient voisin (Iran, Irak, Israël, Arabie Saoudite, …), en plus de l’influence des grandes puissances mondiales.

Mais, concernant le Soudan, les ambitions vont plus loin. L’expansionnisme mentionné à propos des années 1960 a repris : lors de la campagne électorale de 1982 « le Front National Islamique voulait évincer les cultures et les langues du Sud, et y abolir l’usage de l’anglais, pour laisser la place libre à la culture arabe. »

Un responsable Nouba, interrogé sur les causes de l’épuration ethnique dans les Monts Nouba, qui frappe plusieurs centaines de milliers de personnes :
« Le Front National Islamique veut utiliser le Soudan comme son fer de lance en Afrique pour propager sa doctrine dans les pays environnants. La forte identité culturelle des Nouba constitue un obstacle gênant à cet effet. »

« Le résultat d’un tel mouvement serait l’arabisation et l’islamisation du Sud, et l’éradication complète de l’identité africaine du Sud. Au bout d’une centaine d’années, non seulement les habitants du Sud seront des musulmans, mais ils se prétendront également Arabes. »

« Seuls soixante pour cent des Soudanais sont musulmans. »
Témoignages
« Des dizaines de témoignages recueillis directement révèlent une guerre génocidaire, menée par le gouvernement du Soudan, dans le but d’effacer à jamais la société et la culture Nouba. » Arthur Howes : « On estime à 15 000 le nombre d’enfants noubas retirés de force à leurs parents, emmenés dans les ‘camps de la paix’, où on les convertit religieusement puis les entraîne militairement ; ils deviendront ainsi les complices des destructions de leurs propres communautés. »

Tomo Kriznar, témoin exceptionnel qui a connu les Nouba libres, puis les Nouba capturés et conditionnés par les islamistes:

« Au bout de sept jours à vélo, j’arrivai enfin à Niaro (Kauniaro). En 1949, dans ce village Nouba, le reporter George Roger photographia les scènes qui rendirent les Nouba célèbres dans le monde entier. Puis l’artiste allemande Leni Riefenstahl, séduite par la beauté et la puissance des Nouba, publia en 1976 le livre Les Nouba de Kau, qui les rendit encore plus célèbres.
Il en était ainsi il y a bien longtemps.
A Kauniaro, plus personne n’est décoré, ou nu, ou orné de scarifications.
Les locaux qui m’accueillirent étaient habillés soit en tenue arabe, soit en tenue anglaise, mais ils se prétendaient tous Arabes. Tous les garçons et les hommes, sans exception, font partie des milices du Front National Islamique qui dirige le pays … Les islamistes ont forcé les Nouba à se vêtir et à adopter une identité arabe. Ceux qui ont résisté, ont disparu […]

Les quelques Nouba qui restent à Liri dansent comme le préconisent les nomades arabes Baggara, les vainqueurs […]

Les Nord-Soudanais appellent ces endroits ‘Dar es Salaam’ c’est-à-dire ‘camps de la paix’. En réalité, il s’agit de baraquements bien gardés, érigés sur les ruines des anciens villages nouba conquis. Ce sont à la fois les points de départ des attaques, des camps de concentration destinés à convertir les Nouba à l’identité arabe, et des camps d’entraînement pour les janissaires […]

Kadugli, qui fut autrefois un centre administratif verdoyant et bien tenu au centre des Monts Nouba, s’est transformé en décharge au cours des dix-sept ans de guerre. La tribu Nouba de Kadugli a été remplacée par un brassage de populations venant de tout le Soudan, et à l’allure peu avenante. Hommes et femmes, membres du Front National Islamique, défilent et re-défilent dans la rue principale. Je n’ai jamais vu autant de soldats qu’ici. »


Ushari Mahmoud :
« Les officiers de l’armée, quand ils reviennent du Sud, ramènent souvent des enfants noirs avec eux. Ils les distribuent à leurs proches, pour s’occuper de leurs maisons. Les gens ne considèrent pas cela comme de l’esclavage. Mais c’en est. Le président Béchir a lui-même deux ou trois enfants qu’il a trouvés dans le Sud. Et, bien entendu, ces enfants sont élevés comme des musulmans. cela fait partie des plans du gouvernement pour arabiser le pays. Mais le mot même que nous utilisons pour désigner un Noir, abd, signifie esclave. »

Un journaliste qui s’est rendu sur place :
« Les Rizeigat, tout comme leurs voisins à l’est, les Misseriya, convoitent les paturages des Dinka, plus abondants que les leurs […] Martin Mawiens Dut, un juge du village razzié, me raconta :
‘Les Arabes ont attaqué quatre fois. C’était au mois de mai. La dernière fois, j’étais en train de nettoyer un terrain. C’était le matin. Ils sont arrivés à cheval, à pied, sur des ânes, des chameaux, ou en Toyotas équipées de fusils automatiques. Il y avait l’armée, les milices PDF, et les murahaliin, tous ensemble. Ils ont conquis la ville, l’ont brûlée. Ils ont capturé tout le bétail, et la population de la région, et les ont emmenés au nord. Ceux qui n’ont pas été pris sont revenus, en rampant, de leurs cachette dans les fourrés. Nous avons trouvé beaucoup de corps, surtout des hommes. Ils ont pris les femmes et les enfants. Ils ont pris ma femme, Adhal Akoom, ma fille, Amin, et mon fils, Kon. Il a cinq ans. Je n’ai pas de nouvelles d’eux.’
Les morts ont été enterrés, et les habitants étaient occupés à reconstruire leur village, Nyamlell. Mais les attaquants avaient pris soin de brûler tous les champs de papyrus aux alentours, qui fournissent la paille pour les toits … ‘Les jellaba ont même coupé les arbres, les manguiers. Ils ont brisé les pots d’argile utilisés pour transporter l’eau. Ils essayent de tout détruire, pour que nous ne revenions pas.’ »

Bona Malwal, ancien ministre :
« Le Front National Islamique a célébré la conversion à l’Islam de 1 600 Dinkas, le mois dernier, à la Grande Mosquée de Khartoum, lors d’une cérémonie à laquelle assistaient les responsables du régime. Ces Dinkas, attaqués par les milices arabes, se sont réfugiées à Khartoum pour éviter d’être capturés et de finir en esclaves, ou pour fuir la famine. Le régime célébrait par la même occasion ce qu’il considère comme le succès de sa politique : l’utilisation de la famine comme une arme de guerre. »

« Lorsque les forces de l’opposition, la NDA, capturèrent la ville de Hamish Koreib, à l’est du Soudan, en mars dernier, on découvrit dans les écoles coraniques de la ville plus de 40 000 enfants sud-soudanais, soit capturés dans le Sud, soit raflés de force dans les villes du Nord. »

Sylvie Brunel, conseiller stratégique d’Action contre la Faim
« La junte, qui redoute que sa capitale ne devienne peu à peu une ville ‘noire’, refuse aux déplacés à la fois de vivre et de travailler à Khartoum, mais aussi de pérenniser leur installation dans des camps autour de Khartoum, destinés à n’être que provisoires. Des organisations caritatives islamiques se sont installées dans ces camps avec la bénédiction du régime. Pour recevoir leur aide, le sésame est simple : la conversion à l’Islam, changement de nom compris. »

Macram Max Gassis, évêque soudanais :
« Mes amis, un autre esprit du mal est à l’œuvre en Afrique ; un mal qui s’attaque aux Africains Noirs, un mal pire que l’apartheid : la haine ethnique et religieuse … Au travers de ces actes odieux , le régime essaie, par l’ ‘arabisation’ et l’ ‘islamisation’ des non-Arabes et des non-musulmans, de les forcer à abandonner leur culture et leur religion. »

Non-sens

Le plus effrayant, peut-être, dans cette politique d’arabisation violente du Soudan, c’est qu’il n’y a pas d’Arabes au Soudan.

« Le royaume de Kouch, dont le début est estimé à 3000 ans avant JC, constitue la plus ancienne civilisation noire connue. »

« On savait par de nombreux documents que Faras avait été une ville importante … La mission polonaise d’archéologie y découvrit le palais des rois nobates et la cathédrale […] Dans la basilique à trois nefs, la mission polonaise mit au jour le plus important ensemble de peintures chrétiennes de la vallée du Nil … Elle découvrit les tombeaux des évêques, dont celui de l’évêque Petros, que son portrait présentait sous un aspect très négroïde ; l’étude de son squelette confirma l’appartenance à ce type racial. Une liste des évêques, inscrite dans une niche, permit de rétablir la chronologie … Ce document prouvait que la Nubie avait été touchée par le christianisme avant l’époque byzantine. »

Soudan : Noir, d’où vient le nom du pays : bilad es soudan, pays des Noirs en arabe. Quant à la capitale : « Le nom de la capitale ne vient pas de l’arabe, mais des langues nilotiques : le mot ka’rtoum signifie point de rencontre, la ville se trouvant à la jonction des deux Nils. »

Sharif Harir, Soudanais, Docteur en Anthropologie, et co-fondateur d’un parti politique au Nord-Soudan :
« Le royaume de Funj [au Nord-Soudan, ndlr] qui s’établit en 1504, premier royaume semi-centralisé et islamisé, est présenté comme le précurseur politique du Soudan moderne. Il était indigène et Africain … Non seulement les Fours et les Funjs étaient des Noirs, mais ils possédaient leur propres langues alors que celle de la cour était l’arabe. L’apparence physique des familles royales et leur revendication d’une généalogie arabe du point de vue racial n’était pas compatible avec la réalité : ils étaient clairement Soudanais, c’est à dire Noirs et de morphologie négroïde ... La répartition géographique des groupes ethniques du Darfour n’a pas beaucoup changé depuis le temps du Sultanat du Darfour. »

Les souverains de ces royaumes s’appropriaient la culture islamique et se cherchaient une ascendance arabe pour pouvoir mettre en avant une relation avec le Prophète, et se positionner ainsi au-dessus des autres, ce que leur physique seul de permettait pas336. Remarquons au passage que les souverains français et européens firent exactement de même, en insistant sur leur généalogie et en se faisant sacrer par le Pape, afin d’asseoir leur légitimité.

Francis M. Deng, ancien ministre et ancien ambassadeur :
« Je récuse l’identification exagérée du Nord avec l’Arabisme et le Moyen-Orient, qui simplifie à l’extrême la contribution considérable de l’Afrique Noire à la constitution raciale et culturelle du Nord. Je rappelle aussi que la population de plusieurs pays d’Afrique est de majorité musulmane, sans avoir pour autant perdu son identité Africaine … L’identification exagérée du Nord à l’Arabisme et à une version arabisée de l’Islam est le résultat d’une longue histoire de discrimination raciale, culturelle et religieuse, dans laquelle être musulman, de culture arabisée, et se réclamant de descendance arabe, permettait d’élever son statut social au-dessus des Africains, rabaissés au niveau inférieur, païens, et cibles légitimes pour l’esclavage … Or, sans nul doute, un pourcentage élevé de Soudanais du Sud vivaient dans les villes du Nord, à l’époque du Mahdi [voir aussi les chiffres de la note35 , ndlr] ; quelquefois le pourcentage montait à 85 %. Où sont passé ces gens ? Il n’y a pas besoin d’être un expert pour reconnaître qu’un grand nombre de Soudanais du Nord se faisant passer aujourd’hui pour Arabes sont en fait des Soudanais du Sud, en majorité Nilotiques, et en grande partie Dinka. La classification des Soudanais en gens du Nord et du Sud est une invention récente qui contredit la complexité des réalités raciales et culturelles du terrain. »



« La plupart des habitants du Nord partagent ces caractéristiques physiques avec ceux du Sud : pigmentation, forme du nez, chevelure, qui sont typiquement africains. Et pourtant, ils se considèrent comme des Arabes. Alors il leur faut un autre moyen pour s'identifier Arabe et faire partie du monde arabe, et l'Islam est l'un d'eux. Pour eux, il ne s'agit pas seulement d'une religion, mais d'un vecteur de promotion raciale. »

« Il n’y a pas de purs Arabes au Soudan ; chaque tribu arabe nomade qui s’est aventurée au sud de l’Egypte, au cours des deux derniers millénaires, s’est mélangée avec les populations locales. Les Soudanais riverains, qui parlent arabe et se désignent eux-mêmes comme des Arabes, ont la plupart du temps la peau très foncée. Ils ne représentent que 40% de la population, d’après le recensement de 1956. »

Pour un habitant d’Arabie Saoudite, un Soudanais n’est pas un Arabe, c’est un Africain :
« Le Soudan avait été colonisé par l’Egypte et restait perçu comme peuplé d’Africains vaguement islamisés ».

De même pour un Libyen : lors des troubles en Libye ayant conduit à l’expulsion ou aux meurtres d’Africains par la foule, les Soudanais (du Nord) furent attaqués au même titre que les autres Africains noirs.

« L’élite actuelle, comme l’ancienne, cherche de nouveau à faire du Soudan ‘quelque chose’ d’arabe et de musulman. Cette résurgence des méthodes passées est au cœur du déclin politique de l’Etat soudanais. »

La Mauritanie : fortes similitudes
De l’autre côté de l’Afrique, un autre pays héritier de la traite trans-saharienne, la Mauritanie, se distingue également. La France et l’Angleterre appliquant des politiques similaires actuellement avec le Soudan, nous mentionnons brièvement le cas de la Mauritanie pour montrer que la puissance coloniale française s’est comportée comme la britannique au moment de l’indépendance de ce pays, et que les conséquences y perdurent également jusqu’à présent.

« Le rapport publié jeudi par le Research Institute for Social Development (UNRISD) de l’ONU, intitulé "Race, discrimination, slavery and citizenship in the Afro-Arab borderlands", montre du doigt le Soudan et la Mauritanie pour leurs pratiques de discrimination raciale et d’esclavagisme… »

Un chercheur mauritanien détaille par ailleurs :
« La population mauritanienne est composée pour moitié d’Africains noirs, et pour l’autre moitié, de Maures, dont 40 à 45 pour cent de Maures noirs, appelés Harratines, anciens esclaves ou esclaves d’aujourd’hui. Depuis la création du pays par la France en 1960, la Mauritanie est dirigée exclusivement par les Maures blancs [comparer au cas du Soudan, ndlr] … Le régime mauritanien a déporté 100.000 Noirs, tous Mauritaniens, vers le Sénégal et le Mali, en avril 1989 … Les différents régimes ont nié l’identité africaine du pays, le présentant à l’extérieur comme une nation exclusivement arabe [comparer avec le Soudan] … La première loi d’arabisation a été imposée en janvier 1965 [comparer] … L’éducation est utilisée comme un instrument pour sélectionner les individus issus des classes privilégiées et pour exclure les citoyens Noirs des postes à responsabilité [comparer] … … Les politiques concentrent les activités économiques au Nord, dans les mains des Maures blancs, négligeant délibérément le développement du Sud [comparer] … Située à la limite de l’Afrique Noire et de l’Afrique du Nord, la Mauritanie souffre d’une crise identitaire, à laquelle le régime a répondu par la négation de l’identité africaine et une inclination vers le monde arabe [comparer] …Le Colonel Taya a soutenu l’Irak pendant la guerre du Golfe [comparer]. »

Sur l’esclavage en Mauritanie, lire la déposition devant le Congrès américain de Samuel Cotton, universitaire Noir américain, qui a enquêté sur place, et publié un ouvrage reprenant le résultat de ses recherches, en français et en anglais. Il explique également que « la stratégie arabe de adrhab al abid bil abid, qui signifie ‘frapper l’esclave avec l’esclave’, a été utilisée avec succès par la classe dominante Beydane pour dresser les Noirs les uns contre les autres en Mauritanie. Le gouvernement mauritanien continue à utiliser ses forces militaires et de police à prédominance Haratine pour assassiner, violer, opprimer et contrôler les populations négro-africaines. » Les Haratines sont les descendants d’esclaves. Comparer à la politique du gouvernement soudanais.

« Le problème est que les Arabes de Mauritanie croient sincèrement que les Noirs sont inférieurs et qu’ils sont nés pour être esclaves …[comparer avec : « Je découvrais que Ushari Mahmoud, le chercheur sur l’esclavage soudanais, avait raison : le Soudanais arabe est persuadé que les Noirs sont des créatures d’un niveau inférieur. »] Les enfants des esclaves appartiennent au maître ; les parents esclaves de ces enfants n'ont aucun droit sur eux ... Bien entendu, les maîtres abusent des esclaves, tant sexuellement que pour leur main d’œuvre... »

« En 1960 lors de la création de la Mauritanie, la France se montra partiale en faveur de la souveraineté arabo-berbère, en dépit du passé esclavagiste des Beydane. Elle ne fit pas que forcer deux communautés - l’arabe et l’africaine - ethniquement différentes et historiquement opposées à devenir une nation, elle plaça un groupe qui avait possédé des esclaves depuis 1644 dans une position de pouvoir absolu. »
Lire la suite à la note, et comparer au cas du Soudan.

Après les massacres et les expulsions forcées de Noirs mauritaniens en 1989 :
« Lorsque l’ancien président français, Mitterrand, était au pouvoir, il donna l’instruction spécifique aux leaders africains de ‘simplement se tenir tranquilles’ au sujet de la question mauritanienne. Il se trouvait que le fils de Mitterrand, Jean-Christophe, vivait à l’époque en Mauritanie … Il était un ami très proche du président mauritanien Ould Sid Ahmed Taya. Il demanda à son père d’apporter son soutien à Taya, et Mitterrand accéda à sa demande. »

Toujours sur les événements de 1989 :
« Inal était un lieu d'extermination. Ceux qui y étaient envoyés l'étaient pour y être assassinés. Sur les 500 ou 600 personnes qui auraient été torturées à mort par les forces gouvernementales au cours de cette période de purification ethnique, 200 auraient été tuées rien qu'à Inal ... En décembre 1992, les officiers arabo-berbères directement responsables des tueries furent identifiés par les survivants, mais le gouvernement mauritanien refusa qu'une action en justice soit intentée contre eux. Au lieu de cela, ils attribuèrent des bourses aux officiers incriminés pour aller faire des stages à l’Ecole de Guerre de Paris, en France. Le 29 mai 1993, le président Ahmed Taya donna l'ordre à son parlement d'adopter une loi d'amnistie en faveur de tout membre des forces de sécurité qui aurait violé les droits de l'homme entre 1989 et 1992. »


L’extension du problème en Afrique
« Tourabi est un fanatique islamiste dont l’ambition ne s’arrête pas à l’islamisation du Sud-Soudan ; son but est de l’étendre à toute l’Afrique, jusqu’à l’Afrique du Sud. Le Sud Soudan n’est rien d’autre qu’un obstacle à son projet grandiose. »

Comparer aux taleban d’Afghanistan :
« Les Taleban … transforment discrètement l’Afghanistan en plaque tournante islamiste intégriste, soutenant discrètement le djihad dans le sous-continent indien, l’Insulinde, le Caucase et l’Asie centrale. »

A cela s’ajoute l’arabisation, qui n’est pas un phénomène religieux, car les habitants de l’ouest du Soudan sont musulmans, les Africains-Mauritaniens également, ainsi qu'une large proportion de Noubas. Rappelons le témoignage des Massalit :
« Pourtant, à l’ouest du Soudan, où tous les habitants sont musulmans, il apparaît clairement que la propagande ‘d’islamisation’ est un code qui cache autre chose. Derrière le vocable "islamisation" se cache une politique profondément raciste d’arabisation … »

Ouganda :
« Le président ougandais Yoweri Museveni a déclaré que les rebelles combattant le gouvernement ougandais étaient entraînés par Al-Qaida, le réseau d’Oussama Ben Laden. " L’ADF (Allied Democratic Forces) a été directement créé par Hassan el-Tourabi et Ben Laden. Les combattants sont entraînés au Soudan, en Afghanistan et au Pakistan. Le président a également établi une relation entre un autre groupe rebelle, la Lord's Resistance Army, et Ben Laden. » « La principale source de fusils dans cette région est le Soudan. Il donne au LRA les armes qui finissent dans les mains des enfants. La terreur, la désorganisation et la misère causés par la prolifération de ces armes a tété dévastatrice. Ces armes proviennent très probablement d’Ukraine. »

Congo :
« Des bombardiers soudanais ont tué 524 personnes lors de raids menés sur deux villes de la République démocratique du Congo. » « Le Soudan joue un rôle significatif dans la contrebande d’or et de pierres précieuses et monnaye auprès des dirigeants du Centrafrique et du Zaïre des facilités logistiques … Sans doute l’hostilité du président ougandais au maréchal Mobutu eût été moins forte, si ce dernier avait refusé l’utilisation d’aéroports et de routes aux islamistes. »

Libéria, Sierra-Leone, lieux de guerres atroces :
« Le réseau terroriste dirigé par Ben Laden aurait récolté des millions de dollars via la vente illicite de diamants extraits par le Front révolutionnaire uni (RUF) en Sierra-Leone … Les marchands de diamants sont sélectionnés par Ibrahim Bah, un ancien rebelle sénégalais formé en Libye, principal marchand de diamants du RUF … Après s’être battu dans les années 70 au Sénégal au sein du mouvement séparatiste de Casamance, Bah a suivi un entraînement en Libye … Là, il rencontre et forme plusieurs hommes qui vont prendre la tête de mouvements rebelles en Afrique de l’Ouest, notamment Charles Taylor au Libéria et Foday Sankoh, le fondateur du RUF, en Sierra Leone. » « Huit années d’horreurs indicibles infligées le plus souvent par des enfants-soldats drogués … dont les loteries à l’amputation … Charles Taylor confia à Foday Sankoh la mission de propager la guerre en Sierra Leone, regorgeant de diamants. »

Afrique du Sud :
« Pour les ‘nouveaux Afghans’, la culture du dollar se substitue de plus en plus à celle de la ‘guerre sainte’, et le grand banditisme à l’islamisme de pouvoir. Les réseaux du milliardaire saoudien Ben Laden sont exemplaires du redéploiement de l’activisme islamiste sunnite dont les circuits spécifiques finissent par se fondre dans ceux du grand banditisme et du crime organisé. Cette évolution est particulièrement décelable en Afrique du Sud.»

Les réseaux islamistes se sont implantés également à Madagascar.

Commentaire de Mansour Khalid, ancien ministre des Affaires étrangères, avant 1989 :
« La guerre civile au Soudan était l’incarnation de craintes et de schémas de pensée erronés, largement créés et attisés par le colonialisme, mais également entretenus par l’attitude condescendante et superficielle d’une large part des politiciens du Nord. La possibilité d’une nouvelle solidarité africaine, qui transcenderait les notions de race, de religion ou de nation n’a jamais fait surface chez ces politiciens ».

Et de Peter Adwok Nyaba, après 1989 :
« Une résolution pacifique du conflit, qui refuserait au Nord une complète hégémonie sur le Sud, et qui gèlerait le programme d’arabisation et d’islamisation de l’Afrique de l’Est, du Sud, et de l’Afrique Centrale, n’intéresse absolument pas le Front National islamique. »


Les richesses de l’Afrique Noire

« Derrière le vocable ‘islamisation’ se cache une politique profondément raciste d’arabisation » disent les Massalit. Autre chose aussi ?

« Le conflit est dû pour une grande part à l’argent, au pouvoir, au contrôle du pétrole et des ressources en eau, ainsi qu’aux minerais et au bois du Sud. Il y a beaucoup de richesses ici. Prétendre qu’il s’agit d’un conflit religieux est une simplification à l’extrême. »

« Les luttes pour le contrôle des ressources naturelles : terre, eau et minéraux, constituent le moteur de la guerre, bien plus que les questions de religion. »


Les officiers de l’armée sont sélectionnés et endoctrinés par le Front National Islamique. L’un d’entre eux parle :
« Les Nouba sont des primitifs. Ils doivent tous mourir. Alors seulement le Soudan sera aussi riche que l’Arabie Saoudite. Savez-vous combien de pétrole il y a ici ? »

Parallèles
On fera les parallèles suivants entre l’Afghanistan et le Soudan : présence de mercenaires arabes, financés depuis l’étranger, et détestés par les populations ; présence de pétrole ou d’autres richesses ; présence de hauts responsables d’Al-Qaida ; colonisation passée sous silence dans les presses occidentales, arabes et africaines ; abandon de la part des démocraties européennes. Akbal Aziz, médecin originaire d’Afghanistan, relève que « L’Arabie saoudite a tenté de promouvoir le wahhabisme dans la région à travers les talibans, pour ses intérêts propres … les enjeux économiques considérables du nouvel eldorado énergétique d’Asie centrale … la tentative désastreuse, par le trio Pakistan - Arabie saoudite - Etats-Unis, créateurs du régime taliban, de profiter seuls de cette nouvelle manne […] Le peuple afghan … a été totalement abandonné par les démocraties. » Comparer à la non-assistance à peuple en danger regrettée par Youssef Kuwa, le leader des Nouba (chapitre La décimation des Nouba, et chapitre Qui lutte contre la barbarie au 21ème siècle ? ).

« La mise en orbite des talibans par le Pakistan … recoupe les intérêts de compagnies pétrolières comme l’américano-saoudienne Unocal. »
La junte de Khartoum a trouvé d’autres volontaires, occidentaux, arabes et asiatiques, pour s’occuper du pétrole soudanais.

Les Occidentaux

De nombreux travaux ont été menés et publiés sur l’intérêt économique de la colonisation de l’Afrique par les Européens, et nous renvoyons à leurs conclusions. Mais puisque les dirigeants islamistes et les responsables français se servent du Centrafrique dans leurs manœuvres communes contre les Soudanais (voir plus loin), nous présentons en annexe un résumé de la désolation apportée dans ce pays africains par les conquérants successifs : on se reportera à l’Annexe 3.


Nous avons évoqué plus haut l’intérêt des Européens pour l’ivoire, les esclaves, le pétrole, le coton soudanais.

Signalons également ces passages :

« Cailliaud apprend que le prince [égyptien] est entouré de plusieurs conseillers, étrangers pour la plupart, souvent aventuriers sous des professions de couverture … qui le suspectent, lui le minéraliste officiel de Méhémet Ali, de vouloir faire porter la guerre en Egypte par la France, dès qu’il aura découvert les mines d’or et de diamant … Un Italien du nom de Frediani se fait très pressant dans cette interprétation des ‘intentions’ de Cailliaud. ». Cette scène se passe en 1820.
En 1999 : « Ariab, une compagnie minière française, a extrait des Monts de la Mer Rouge environ 50 tonnes d’or annuellement, au cours de ces dernières années. »

En ce qui concerne le pétrole, la France et l’Afrique :
« La Ve république réussit à capter, bien que la France en fût largement dépourvue, les deux principales ressources énergétiques, c’est-à-dire le pétrole et l’uranium, qui faisaient désormais l’indépendance et la puissance des nations. Et, si elle réussit ce tour de force, au point de faire du pays un grand producteur d’énergie nucléaire civile et militaire, c’était pour l’essentiel grâce à la famille franco-africaine, grâce à ses membres qui en détenaient dans leur propre espace frontalier …, ou qui servaient de relais pour aller quérir discrètement de l’uranium en Afrique du Sud en échange d’équipement des armées de l’Apartheid. »
Le monde arabo-musulman
La géographie physique des pays arabo-musulmans comprend majoritairement des étendues désertiques. Tout au contraire, l’Afrique Noire représente l’eau à satiété, la richesse des terres agricoles, les matières premières. Le tout à disposition dans un contexte fragile : sociétés fragmentées, pauvres, sans contre-pouvoirs par rapport aux dirigeants, travaillées par les Occidentaux …
Voir au chapitre Bilan Provisoire ce que le Soudan représente pour l’Egypte, de la bouche de M. Boutros Ghali, et l’énumération des exactions pilotées par la Libye contre les populations noires du Soudan.

« Ce qui est dramatique, c’est que ces riches et immenses territoires ne soient aujourd’hui considérés par les armées qui s’y affrontent que comme des proies à conquérir : diamants et minerais stratégiques au Congo, pétrole et terres fertiles au Sud-Soudan. Celui-ci est voué à devenir le ‘grenier du monde arabe’ sous l’emprise de multi-nationales islamiques, éventuellement en cheville avec des intérêts occidentaux. »

Effectivement, le Soudan n’est pas un pays pauvre pour tout le monde :
« A mon hôtel, j’ai pu apercevoir des hommes d’affaires allemands, attendant des représentants officiels soudanais. Des sheikhs des Etats du Golfe passaient rapidement, personnages trop importants pour attendre qui que ce soit, puis disparaissaient dans des limousines blanches. »

Peter Adwok Nyaba, membre du Parti Communiste soudanais pendant les années de paix, maintenant responsable au SPLM :
« Quels que soient les gouvernements au pouvoir à Khartoum, que ce soit le régime fondamentaliste actuel, celui des partis qu’il a renversés, ou celui de Nimeyri avant eux, ces gouvernements favorisent les intérêts du Nord arabe. Le fait qu’ils continuent tous à recevoir le soutien militaire, économique et politique des pays arabes et musulmans montre bien que le Nord Soudan constitue la ligne de front de la cause arabe et musulmane en Afrique Noire. »

a) L’esclavage
Le sujet a été abordé plus haut. Noter que « En 1850, les esclaves constituaient plus des deux-tiers de la valeur des caravanes [trans-sahariennes]. La situation n’évolua guerre durant le reste du siècle. »

b) L’or

Sous l’antiquité égyptienne,
« la Nubie, ou pays de Couch, devint une province égyptienne, gouvernée par un vice-roi. Sous Thoutmès III, le tribut de la Nubie était de quelque 250 kg d’or. Des fortins gardaient les mines, et l’importance des prélèvements indique que le pays était traité en colonie.»

Au 19ème siècle :
« Accompagné de Drovetti, Cailliaud rencontre ce futur compagnon de route, Ismaël Pacha, le troisième fils de Méhémet Ali, qui lui confirme sa participation à l’expédition. Le but à atteindre est la découverte de nouvelles richesses minières et la capture de nombreux esclaves, hommes et femmes, destinés à l’armée égyptienne et aux tâches de personnel domestique. […] [A Sennar,] Ismaël Pacha est satisfait de cette avance rapide … Si les mines d’or, d’argent ou de diamants n’ont pas encore été retrouvées, il a à sa disposition des esclaves hommes et femmes en grand nombre. »

c) L’eau

« En traversant la Gezira, ses réseaux de canaux et ses champs de coton, je réalisais la pertinence de la remarque qu’un Soudanais m’avait faite : ‘L’eau est notre première ressource naturelle.’ »

« Le Premier ministre égyptien, le Dr Hedjazi, déclara : ‘Reprenons les choses à la base. Nous voulons que le Soudan devienne notre grenier à blé, et celui du monde arabe. Comment pourraient-ils y parvenir sans l’eau ?’, en s’adressant au ministre de l’Irrigation. […] Le canal de Jonglei, long de 300 kilomètres, fournira chaque année quatre milliards de mètres cubes d’eau, à partager entre les deux pays. A partir de maintenant, parler du Soudan en tant que grenier à blé du Moyen Orient et pilier de la sécurité alimentaire de l’Egypte, avait un sens. »

Catastrophe écologique ?

Abel Alier :
« Dès 1904, l’Egypte proposa d’augmenter le flux du Nil … par la construction d’un canal de dérivation dans la région du Sudd, au Sud-Soudan […] En 1974 la décision de creuser le Canal de Jonglei fut prise … Deux ministres vinrent défendre le projet davant moi, en tant que président du High Executive Council de la Région Sud : la production agricole devait être développée pour faire face à la croissance de la population et pour l’industrie agro-alimentaire ; on parlait alors de l’obligation, pour le Soudan, de fournir le pain du monde arabe, et des besoins accrus de l’Egypte. »

Diverses opinions s’affrontèrent sur ce projet : certains évoquèrent le risque d’une catastrophe écologique, du fait du détournement d’une partie des eaux du plus grand marécage du monde, et de conséquences néfastes sur la production alimentaire des populations du Sud-Soudan, dont l’élevage et la pêche constituent les moyens essentiels de subsistance : « Le Canal de Jonglei aurait eu des répercussions énormes sur l’environnement immédiat et les conditions d’existence de plusieurs centaines de communautés du Sud Soudan. »
D’autres, comme Abel Alier, y étaient favorables, à condition que le projet améliore également les conditions de vie de la population où serait construit le canal, le plus long du monde. Après négociations et accord : « Le projet devait être bénéfique pour la population autour du canal, et pour le Sud de façon générale. L’Egypte et le Nord-Soudan en bénéficiaient aussi, bien évidemment, raison de leur intérêt à venir ici le creuser et à fournir l’assistance technique et financière … Les fonds provenaient essentiellement de la Communauté Economique Européenne, du United Nations Capital Development Fund, de la Food and Agricultural Organization (FAO) et du gouvernement hollandais ... Le projet fut lancé en 1976 … Les travaux furent confiés à une entreprise française, GTM (Grands Travaux de Marseille), et réalisés au moyen d’une excavatrice géante unique au monde, construite en RFA. »

Sur le bénéfice attendu - et promis - aux populations du Sud-Soudan, Abel Alier conclue, en langage diplomatique, par :
« Les dix premières années du projet [en temps de paix, ndlr] ont démontré que les deux gouvernements [égyptien et soudanais] ont déployé plus d’énergie à faire rentrer l’eau dans le canal au bénéfice des objectifs en aval, qu’à implémenter les investissements en projets sociaux et productifs dans le Sud. » (Sud-Soudan, Trop d’engagements trahis, chapitre Le Canal de Jonglei).

Gérard Prunier :
« Cette situation de misère financière au Sud était d’autant plus choquante qu’au même moment Khartoum négociait avec les pays occidentaux et avec l’Egypte deux grands projets qui, dans le désert économique sudiste, prenaient des allures de manne financière … La compagnie américaine Chevron engloutit 1,7 milliards de dollars dans son programme Soudan, soit environ douze années du budget régional … Une évaluation d’au moins 200 millions de dollars pour les dépenses des Grands Travaux de Marseille liées au canal de Jonglei paraît raisonnable. Face à ces sommes colossales que Le Caire, Khartoum et les Euro-Américains mettaient en jeu pour des intérêts qui n’avaient rien à voir avec la vie du Sud, l’état de sous-développement et de sous-investissement n’en devenait que plus choquant. Cette disproportion, qui faisait figure de véritable insulte économique … fut le facteur déclenchant de la nouvelle guerre. »

Les travaux ont été stoppés lors de la reprise de la guerre, en 1983.

Le Soudan et l’Egypte ont prévu un nouveau projet, Jonglei II, non négocié avec les Sud Soudanais. Par rapport au risque de catastrophe écologique, deux questions se posent :
- quelle est la validité de l’étude d’impact environnementale et écologique initiale ? L’étude a été initiée en 1949, et les connaissances techniques sur ces sujets ont énormément progressé depuis. Avec le recul obtenu sur des projets comme le barrage d’Assouan ou d’autres canaux mis en chantier, les experts ne font plus les même analyses qu’à l’époque.
- que reste-t-il de la validité de cette étude, sachant que « L’Egypte a conçu un Jonglei II très ambitieux qui vise à récupérer entre 8 et 10 milliards de mètres cubes, la moitié pour elle, l’autre pour le Soudan … Le projet initial accordait 2 milliards de mètres cubes à chacun. »


d) L’agriculture

« Le principal projet qui s’est concrétisé à cette période a été la création de l’Arab Authority for Agricultural Development (AAAD), dont l’initiative remonte aux discussions tenues par les ministres des Affaires étrangères de l’Arabie Saoudite et du Koweït au sommet arabe d’Alger de 1972 : il s’agissait d’organiser une conférence sur des engagements de financement, de la part des gouvernements arabes, pour le programme agricole soudanais, très ambitieux … Des lettres furent envoyées aux ministres d’Arabie Saoudite, du Koweït, du Bahrain, du Qatar et de l’UAE … L’AAAD fut lancée en 1974. » « Beaucoup de pays arabes, particulièrement le Koweit et l’Arabie Saoudite, ont investi des montants importants pour financer le développement de l’agriculture au Soudan. »

« Selon les experts du Fonds arabe pour le développement, le territoire devrait produire 48 pour cent de la consommation d’ huile végétale du monde arabe, 58 pour cent des céréales de base, et vingt pour cent du sucre. Le Soudan est également le premier producteur mondial de gomme arabique. »

Le fait que le Soudan soit dirigé par des islamistes ne soulève aucun problème éthique et ne perturbe pas les échanges économiques :
« Un accord de coopération dans les domaines du développement agricole et de la recherche scientifique a été signé hier entre le Soudan et l’International Centre for Biosaline Agriculture, à Dubai. Le ministre soudanais de l’Agriculture, Faisal Hassan Ibrahim, a déclaré : ‘Le Soudan dispose de vastes ressources naturelles pour le développement agricole, mais nous avons besoin des investisseurs des Emirats Unis pour développer l’agriculture et conduire des projets de recherche, qui seront bénéfiques pour toutes les parties ... La propriété intellectuelle de tous les projets et technologies développés appartiendra au Centre et à tous les pays arabes et musulmans … Les investissements dans le secteur agricole soudanais ne représentent qu’une étape dans l’amélioration de la production agricole au sein du monde arabe … Le bétail soudanais a été déclaré sain de toute maladie par l’ International Epizootics Organisation, basée à Paris. Nous comptons exporter 2 millions de moutons vers les Emirats sur l’année 2002. »

« Tiny Roland, businessman intéressé par les profits qu’il pourrait retirer de ses contacts et contrats avec des gouvernements et des mouvements de libération, voulait renforcer son emprise sur la Kenana Sugar Company et évincer les Koweïtiens. » « Les avoirs koweïtiens à l’étranger, publics et privés, s’élèvent à 200 000 dollars par habitant. »

Ceci ne représente bien entendu que deux exemples parmi d’autres.

Les Africains noirs dépossédés de leurs richesses

Même soumises et converties de force à l’Islam, les populations Noires ne seront probablement pas les bénéficiaires de ces richesses convoitées, anciennement les leurs :
« Les gouvernements arabes à Khartoum ont toujours traité le Sud comme une source de matières premières, et ses habitants comme de la main-d'œuvre bon marché, utilisable une fois qu'on lui a retiré sa liberté. »

« Bien que les dirigeants de Khartoum aient toujours proclamé que le Soudan est un pays musulman et ne doit être dirigé que par des musulmans, ceci n’a jamais inclus les musulmans Noirs de l’ouest du Soudan … Le Livre Noir détaille comment les tribus arabes minoritaires … ont dominé l’Etat depuis l’indépendance ; il décrit, chiffres à l’appui, la discrimination endurée par la majorité Noire. Seules trois tribus contrôlent l’Etat : les danagla, les shagia et les jaalieen, représentant 5,4 % de la population. »

« La raison pour laquelle le Nord annule et refuse toute autonomie régionale pour le Sud, ce n’est pas l’Islam, mais les eaux du Nil, les terres agricoles et les ressources minérales, dont le pétrole. Le Nord veut vendre les terres des Africains, les louer, ou envoyer des Arabes ou des habitants du Nord pour s’y installer. Même si les habitants du Sud devenaient musulmans comme ceux du Nord, ils continueraient à être exclus du pourvoir et des organes de décision, nécessaires à leur développement économique. »

En ce qui concerne le pétrole sud-soudanais, par exemple :

« Un oléoduc relie Bentiu au port de Marsa-Nimeyri sur la mer Rouge, pour rejoindre Yambo, en Arabie Saoudite, où le pétrole sera traité. Le nouveau pactole doit être entièrement drainé vers le Nord, acheminé vers les complexes pétrochimiques et les ports d’évacuation d’Arabie Saoudite contrôlés par les multinationales américaines.
Les lourds investissements consacrés aux infrastructures qui doivent drainer les ressources du Sud jusque vers les alentours de la mer Rouge répondent aux desseins économico-stratégiques des Américains avec leurs principaux partenaires que sont l’Arabie Saoudite et l’Egypte … Comme on le voit, dans ces grandes affaires, le Sud et ses populations ne sont pas pris en compte. » Ce passage date de 1984.

Après le départ de Chevron :
« Chevron vendit son permis, en 1989, au groupe Concorp basé en Ouganda. Concorp était dirigé par un islamiste soudanais, Ahmed Jar al Nabi, qui avait fait fortune sous le régime d’Amin Dada en gérant les contrats d’aide saoudienne à l’Ouganda. Il ne connaissait pas l’industrie du pétrole, mais était lié et soutenanit financièrement les Frères musulmans soudanais. Puis il revendit les droits à la compagnie Arakis, basée à Calgary ; derrière Arakis, on trouvait les soutiens pakistanais et londoniens de la banque islamique Baraka Bank. »

2001 : « Aucun fait concret ne permet d’affirmer que des revenus tirés du pétrole servent au développement dans le Sud, bien que 40% du budget national provienne du pétrole [extrait au Sud, ndlr]. » « Le pétrole [du Sud, ndlr] n’apporte pratiquement aucun bénéfice aux populations du Nord, et, pour le Sud, il a généré les attaques par les hélicoptères de combat.396 »

« Bien que la plupart des puits pétroliers aient reçu des noms arabes et que les compagnies pétrolières aient repris ces noms, les puits sont pratiquement tous situés sur des territoires Dinka ou Nuer, et ont des noms Dinka ou Nuer. Le nom originel pour Heglig, est Wunthou ...Les puits se trouvent sur des territoires Nuer et Dinka depuis plusieurs siècles [...] En dépit d’insinuations répandues dans les documents de Talisman, aucun territoire du Western Upper Nile n’est arabe. »

Les Soudanais dépossédés de leurs terres

« Les Soudanais du Nord ont toujours été attirés par les richesses du Sud. Le gouvernement leur a fourni des prêts, et beaucoup sont venus s’installer dans le Sud. Les propriétaires africains ont été déplacés par force dans les zones arides. »


Premier exemple, la région de Sennar, à l’est du pays, en 1821 :
« Dans ce pays où courent les pintades, où l’élevage des bœufs et des chameaux est pratiqué sans peine, où la chasse à l’éléphant est une distraction, pourquoi se fatiguer à obtenir un surcroît de nourriture ? … Cailliaud recueille auprès des habitants des informations sur la chasse aux animaux sauvages qui leur permet d’alimenter un commerce de peaux, d’ivoire et de plumes avec l’Egypte. Les éléphants, rhinocéros, hippopotames, girafes, antilopes, lions, onagres, autruches, crocodiles, abondent dans la région. C’est une richesse pour les Funjs. L’élevage est aussi source de revenus : ânes, chevaux, chameaux, bœufs à bosse, chèvres, moutons, volailles, sont élevés par des pasteurs. Les cultures concernent surtout le doura, le blé, les haricots, les fèves, le coton, le tabac, les bamyehs et le sésame qui fournit l’huile [..] Le pays est converti à l’Islam. »

La même région en 1998 :
« Le Southern Blue Nile fait partie, géographiquement, du Nord Soudan, et sa population est à majorité musulmane ; beaucoup ont pris les armes sous la bannière du SPLA, pour défendre l’égalité des droits due aux peuples marginalisés du Soudan. » « Les terres agricoles de l’Etat du Blue Nile [région du Soudan en conflit avec le régime, ndlr] représentent 200 000 hectares, détenues en majorité par des commerçants du Nord et des investisseurs étrangers, dont les Saoudiens. »


Deuxième exemple, les Nouba, au centre du pays :

« Parmi les raisons incitant le gouvernement soudanais à chasser les Nouba de leurs terres, citons :
- la culture arabe, qui considère les Nouba comme des citoyens de deuxième zone, des ’esclaves’ ;
- les Arabes s’imaginent que les terres sur lesquelles ceux-ci vivent ne leur appartiennent pas, qu’ils doivent donc en éradiquer leurs habitants indigènes et les récupérer pour eux-mêmes ;
- les Monts Nouba constituent l’une des zones les plus fertiles où s’installer, sans compter les autres ressources naturelles qui s’y trouvent. »
« ‘Les Nouba n’ont pas de terres. Ils doivent jeter une pierre depuis leur montagne, et là où la pierre tombe, se trouve la limite de leurs terres’. Beaucoup de représentants du gouvernement, et d’Arabes [lire Nord-Soudanais, ndlr] locaux, tenaient ces propos. »

Omar Abdelgabar a mené une étude dans la région de Dilling, avant l’arrivée au pouvoir du Front National Islamique. Son étude a été publiée. Extraits :

« La loi requiert que 60 % des terres exploitées industriellement soient allouées aux populations locales …
en fait pas un seul Nouba ne possède une exploitation agricole …
80% des propriétaires résident en-dehors de la région …
83% des propriétaires ne sont pas des fermiers, mais des jellabas, en général des commerçants exerçant déjà une autre activité …
Se servant de la loi de 1970, l’Etat soudanais a légalement exproprié les Nouba de leurs terres en faveur des jellabas ...
L’agriculture mécanisée devait augmenter la productivité …
en réalité les rendements restent faibles en comparaison des méthodes traditionnelles …
La nouvelle forme d’exploitation agricole est ‘unsustainable’ (néfaste à long terme),
du fait de la maximisation des profits à court terme, de la dégradation de l’écosystème,
et du transfert des bénéfices vers d’autres secteurs. »


« Nous, les villageois, utilisions ces terres pour nos cultures. En créant leur exploitation, ils nous ont expropriés. Je suis allé me plaindre, et j’ai été emprisonné. »

« Par un seul décret législatif, le gouvernement du Soudan a saisi les terres des petits paysans, non seulement dans les Monts Nouba, mais dans tout le Soudan. Ceci, combiné à la loi punissant l’accès à la propriété d’autrui, constitue la base juridique de la spoliation des Nouba. »


Comparer à la spoliation des Noirs en Afrique du Sud : « La loi foncière de 1913 attribua 87 pour cent des meilleures terres cultivables aux Blancs, et les Noirs durent s’entasser sur le reste », et à ce précédent historique :

Asservissement des Noirs. Abdullahi Mahadi, évoquant l’histoire des pays situés à l’ouest du Soudan : « La plupart de ces marchands venaient de Ghadamis [Libye actuelle]. En plus de leur participation aux raids esclavagistes, ils s’insinuaient auprès des chefs locaux. Certains accumulèrent tellement de propriété, d’influence et de puissance qu’ils devinrent les seconds des chefs africains … ils exercèrent une influence considérable auprès d’eux. Une manœuvre qu’ils utilisaient souvent était de se prétendre descendants directs du Prophète, des cherifs. Ceci leur créditait des privilèges considérables à la cour. Beaucoup se compromirent dans des pratiques douteuses, dans leur quête de fortune, en général des esclaves … Certains qui se prétendaient sheiks semblent avoir manipulé le système juridique pour avoir encore plus d’esclaves. Il est peu surprenant que beaucoup de ces commerçants arabes devinrent riches en restant peu de temps en Afrique Noire. »


Du fait de la confiscation de leurs terres, pour subsister, les paysans noubas sont devenus ouviers agricoles pour les exploitations des jellabas :
« Ainsi, en tant que mode capitaliste de production, ces exploitations ont détruit l’organisation habituelle du travail, le travail agricole familial ou collectif, pour constituer une base d’employés agricoles nécessaires à la rentabilité des exploitations … La World Bank, L’International Bank for Reconstruction and Development, l’International Development Agency ont contribué à financer les investisseurs privés. »

« Entre 1975 et 1985, la communauté internationale et les riches pays arabes ont injecté plus de 2 milliards de dollars dans l’agriculture soudanaise, et pourtant la productivité a stagné et la valeur des exportations a baissé. »

« L’Etat soudanais représente les intérêts d’un groupe ethnique dominant : les jellaba. »

Commentaire de Bona Malwal, en 2001 :
« Comme au Bahr El Ghazal nord et comme à l’ouest de l’Upper Nile, le régime cherche à éliminer l’ensemble des Monts Nouba de leur population africaine traditionnelle, pour repeupler le territoire par des Nord-Soudanais. »

La même politique est appliquée en Mauritanie ; voir la note.

La spoliation ne s’arrête pas là :
« A Wad Medani, dans une usine de textile, on me réduisait mon salaire à la fin du mois … je suis allé à Gedaref où, comme ouvrier agricole, j’ai rencontré le même problème. A la fin du contrat, ils nous donnaient moins d’argent que ce qui avait été convenu … Je suis allé couper la canne à sucre sur l’exploitation de Kenana : même chose. »

Effectivement, cette pratique peu honorable est largement répandue, au point qu’un Européen a pu la filmer. Vol des terres ancestrales des villageois, sur-exploitation des paysans reconvertis en ouvriers :
« Alors nous avons décidé de partir et de nous joindre au SPLA, pour notre liberté, et pour qu’au moins nos enfants aient un meilleur avenir que nous.415 »
Les responsables européens les appellent des ‘rebelles’ ; mais qui ne souhaiterait pas se rebeller dans de telles conditions ?

Le seuil du tolérable est largement dépassé : lors des famines meurtrières frappant le Nord et le Sud du Soudan, les exportations soudanaises de produits agricoles continuent ; ainsi pendant que la population meurt de faim au Sud-Soudan en 1998 : « Médecin Sans Frontières rapporte que sur un seul centre de secours, Ajiep, plus de 120 personnes meurent chaque jour de malnutrition et de maladie », le gouvernement du Soudan exporte 5000 tonnes de céréales. D’autres références seront mentionnées plus loin.

« Beaucoup de Sud-Soudanais sont persuadés qu’il existe un autre projet derrière cette guerre, nourri par les gouvernements successifs du Nord, et dont fait partie intégrante le soutien aux milices. L’ambition est de dépeupler progressivement les régions du Sud, particulièrement le Haut-Nil et le Bahr-el-Ghazal, de déraciner leurs habitants, et de les transformer, pour ce qui concerne les Dinka et les Nuer, d’éleveurs possédant leur bétail et résidant sur leurs propres terres, en sous-prolétariat sans terre et sans ressources : un réservoir de main d’œuvre bon marché pour le Nord. Une fois transférés au Nord, ces Sud-Soudanais sont dépouillés de leur culture et s’incorporeront progressivement dans la masse arabo-musulmane, occupant la dernière place dans l’échelle socio-économique. »

« Quand le SPLA a remporté ses victoires initiales, infligeant des pertes sérieuses à l’armée soudanaise, il gagna respect et félicitations dans le continent africain. Beaucoup d’Africains le considérèrent, avec justesse, comme une armée africaine triomphant d’un régime arabe. Plusieurs pays voyaient dans le SPLA et en John Garang l’opportunité de corriger les injustices de l’Histoire, et de changer le destin des Africains face aux Arabes et aux Occidentaux. »
La religion, prétexte à la colonisation économique

Au 19ème siècle, au sud du Sahara, l’Islam a servi de justification à des guerres de conquête économique :

Asservissement des Noirs. « Ces vagues de jihad en Afrique de l’Ouest fournissaient une nouvelle justification, et les moyens, pour capturer et vendre des esclaves sans discontinuer. » « La puissance et la prospérité du Sultanat du Ouaddaï (au Tchad actuel) reposait essentiellement sur les raids esclavagistes qu’il menait au sud, et sur l’exportation de ces esclaves au-delà du Sahara, sur les marchés de Cyrénaïque (Libye actuelle), Egypte et Empire Ottoman. Le Ouaddaï poussera en avant les frontières de l’Islam, au détriment de populations plus fragiles, utilisant le prosélytisme religieux comme justification à cet état de guerre à but économique. L’officier colonial français Henri Corbou écrivit en 1909 : ‘Il est clair que l’occupation du Wadaï menace de ruiner la confrérie Sanussiya, en supprimant leurs deux grandes richesses, la traite des esclaves et le trafic d’armes’ … Le consul britannique Dupuis écrivit en 1879, à propos de Benghazi, en Libye : ‘Chaque notable arabe, sans exception, possède des esclaves.’ … La plupart des esclaves traversant le Sahara au 19e siècle étaient des femmes et des filles destinées au service domestique ou sexuel. »

Le gouvernement soudanais actuel fait de même : il dissimule ses objectifs prédateurs derrière la façade de l’Islam et du jihad, une méthode mieux à même de mobiliser des combattants contre les Noirs, possesseurs du pétrole et des autres richesses naturelles. On verra plus loin un exemple d’appel au jihad diffusé à la télévision soudanaise.

« Ceux qui tiennent les rênes aujourd’hui à Khartoum sont des gens assoiffés de pouvoir qui se servent de l’Islam pour accroître leur pouvoir. »


Ainsi, la situation passée et présente au Darfour, chez les musulmans de l’ouest du Soudan, donne un éclairage essentiel sur ce qui pourrait se passer à l’échelle du continent africain. Dans les pays d’Afrique Noire dont l’Arabie Saoudite n’est pas encore le partenaire privilégié, celle-ci finance et construit des mosquées, et apporte de l’aide matérielle aux populations les plus démunies. Comparer au prosélytisme islamiste dans les prisons américaines, dans les prisons françaises (voir plus loin), et dans les pays arabes. Par contre, au Soudan, pays déjà fortement lié à l’Arabie Saoudite et lui fournissant ses richesses, les musulmans démunis sont délaissés. L’aide aux musulmans, en temps ordinaire et pendant les famines meurtrières, est abandonnée aux initiatives des Etats-Unis et de l’Europe.

Année 1980 : « La distribution d’aide alimentaire dans l’ouest du Soudan représenta l’une des plus grandes opérations de secours humanitaire ; l’objectif était de distribuer 125.000 tonnes entre décembre 84 et mai 85, sous la direction d’USAID et d’autres organisations humanitaires. »

Années 2000 : « Le World Food Program a commencé sa distribution d’aide alimentaire, don de l’Union européenne, dans l’Etat du Darfour [Etat du Nord Soudan, ndlr]... Le taux de malnutrition atteint 24 pour cent, un niveau alarmant ... L’état des enfants au Darfour est alarmant, a alerté Save the Children. »

Gérard Prunier, chercheur au CNRS, apporte un élément supplémentaire démontrant que la junte soudanaise place la richesse matérielle bien au-dessus de l’Islam et des valeurs spirituelles :
« Les Frères musulmans faisaient fortune grâce aux banques islamiques et surtout grâce à l’accaparement des grains lors de la famine de 1984.»
Cette famine, rappelons-le, a causé la mort de nombreux Soudanais du Nord, musulmans.

Le prosélytisme religieux en Afrique Noire
« Challenger, la République islamique d’Iran, qui renonce moins que jamais à ce qu’elle considère comme sa mission historique : devenir le phare, la référence du milliard et demi de fidèles que comptera l’Islam dans trente ans … Le tenant du titre - lieux saint et pétrodollars obligent - est l’Arabie Saoudite. Dans cette lutte sans merci, l’Afrique est l’enjeu principal … L’Afrique, le seul continent où les musulmans sont en majorité … Sait-on qu’il y a plus de musulmans au Nigéria que dans quelque pays arabe que ce soit, Egypte incluse ? » « Un autre exemple est celui de deux ambassades de pays pétroliers arabes essayant par tous les moyens de diviser les musulmans du pays hôte africain. Et la liste est longue. »

Influent également en Afrique différents mouvements islamistes, dont le FNI soudanais, où « il n’y a pas de courant de pensée novateur significatif, et Tourabi reste jusqu’à aujourd’hui l’unique théoricien … Celui-ci a beaucoup écrit sur le fiqh al-daroura, ‘la nécessité’ qui rend licite l’illicite, argument tellement utilisé que l’exception est devenue la règle. Les positions du mouvement changeaient radicalement selon les circonstances … » « Aidant, grâce à des fonds séoudiens, les étudiants pauvres à vivre, se loger, voire se marier, noyautant l’administration, puis offrant des emplois aux membres du parti, le Front national islamique soudanais, appelé Frères musulmans dans les années 1980, dégoûte bientôt ses promoteurs les plus religieux.»


Comparer à ce qui se passe au Moyen-Orient et dans le reste du monde :
« Le wahabisme prendra sa revanche au 20e siècle, se taillant un énorme royaume au cœur de la péninsule arabique, sur les décombres des anciennes notabilités régnantes, en particulier les Hachémites, gardiens éclairés de La Mecque, porteurs d’un islam réformiste, ouvert et tolérant … Les subsides que la nouvelle richesse financière du royaume saoudien lui permet de distribuer, seront un levier puissant pour répandre dans la société du Moyen-Orient la culture de l’intégrisme religieux le plus rigoriste … En quelques années, tout l’héritage de la réforme islamique avec ses jurisprudences modernisatrices et courageuses, est balayé par une vague d’intégrisme religieux … L’Iran de Khomeini vient surprendre l’intégrisme islamique arabe, wahabite et sunnite, sur sa droite, par un rigorisme encore plus expressif … le quiétisme chi’ite traditionnel s’enflamme dans un extrémisme peu commun qui vise bien sûr à mettre en déconfiture les sunnites, qui font la loi en islam depuis de siècles. » « Le Liban est surtout le terrain privilégié de la lutte d’influence que se livrent l’Iran et l’Arabie saoudite pour le leadership du monde musulman. »


« L’Arabie saoudite est le plus riche et le plus puissant des pays musulmans, et les Saoudiens ont utilisé leurs immenses ressources pétrolières et leur contrôle de deux lieux saints pour propager dans le monde une forme extrémiste de l’Islam […] L’Etat saoudien subventionne le wahhabisme dans tous les pays musulmans, du Maroc à la Malaisie […] la police religieuse saoudienne avait mis en place un organisme à son image en Afghanistan. C’est cette force entraînée par les Saoudiens qui aurait soustrait les femmes afghanes à la vue du public. Aussi incroyable que cela puisse paraître, le réseau wahhabite saoudien est particulièrement actif parmi les musulmans américains […] le régime saoudien et son réseau religieux influencent une majorité de mosquées aux Etats-Unis … et la même tendance a été observée dans toute l’Europe. »
« L’Arabie Saoudite n’a cessé de financer la construction de grandes mosquées et des écoles coraniques au Moyen-Orient, au Maghreb, dans les pays musulmans d’Asie, en Afrique noire, en Europe et aux Etats-Unis. »

« La Ligue islamique mondiale est l’outil le plus puissant de la domination saoudienne sur les communautés islamiques du monde … Le conseil attribue aux superviseurs régionaux différents objectifs … dont le contrôle des institutions islamiques dans les pays non musulmans. »

Nous donnons ci-après quelques exemples de publications traitant de ce sujet.

Au Bénin :
« Le wahhabisme est introduit par les étudiants qui reviennent des universités d’Arabie Saoudite … le wahhabisme a été à l’origine de plusieurs crises … les musulmans du quartier restent majoritairement hostiles à toute influence saoudienne ou koweïtienne. Le wahhabisme essaie de s’implanter par l’intermédiaire d’une ONG koweïtienne, Agence des musulmans d’Afrique … l’Agence a construit une mosquée … puisqu’elle finance, elle veut contrôler, et en particulier nommer l’imam de la mosquée, ce que les musulmans de Nikki n’acceptent absolument pas […] Des ONG saoudiennes et koweïtiennes se sont implantées à Djougou … il est bien évident que le prosélytisme constitue la priorité de ces ONG … Grâce aux prédications dans les mosquées, aux écoles et aux bibliothèques, les fondamentalistes sont omniprésents dans la ville. Ils s’insèrent dans le tissu communautaire et réussissent à contrôler la vie religieuse … Ces diplômés des universités arabes tiennent un discours ambivalent, qui peut paraître moderniste, mais qui reste totalement obscurantiste … Il règne un chômage pesant à Djougou, donc l’argent du Koweït et de l’Arabie Saoudite est bienvenu … Depuis plusieurs décennies, Djougou s’est tournée vers le monde arabe … La situation risque de devenir très difficile pour la Tidjaniyya … la situation observée à Djougou n’a rien d’exceptionnel en Afrique Occidentale. La progression des mouvements wahhabites est signalée en maints endroits, particulièrement au nord du Nigéria où elle a provoqué des troubles graves. »

Niger et Nigéria :
« L’Islam nigérien bénéficie pourtant d’une longue tradition de modération et de tolérance. A priori, rien ne prédisposait ce pays à servir de sanctuaire à des réseaux islamistes radicaux … Selon la tactique habituelle des Frères musulmans, ces représentations à Niamey mettent à profit la grave situation économique et sociale que connaît le pays, ainsi que l’incapacité du pouvoir central à assumer pleinement ses responsabilités - notamment dans les domaines sanitaires et sociaux - pour gagner en influence au sein des populations les plus déshéritées. En outre, grâce à une puissance financière inexplicable localement, ces associations sont d’ores et déjà parvenues à s’attacher de notables complicités au sein des appareils d’Etat. »

« D’importantes tariqas soufis s’opposent aux associations sous influence saoudienne, elles-même en guerre contre des mouvements proches des Iraniens. » « En septembre, des affrontements interreligieux à Jos, dans le centre du Nigéria, s’étaient soldés par au moins cent soixante-cinq morts, selon le bilan officiel. Des sources indépendantes avaient alors chiffré le nombre de victimes à plus de cinq cent. » « Au Nigéria, les trois jours d’émeutes anti-américaines dans la ville de Kano, la principale ville musulmane du pays, avaient entraîné la mort de 18 personnes. »

« Entre l’extension, aux conséquences toujours plus meurtrières, de la charia, et une armée qui défie souvent les institutions, le ‘géant’ de l’Afrique peine à se rendre crédible. On en vient à se demander si le Nigéria sortira un jour de cette spirale de violence meurtrière, qui relève plus de la guerre que de simples troubles interethniques ou interreligieux … Les 8 et 9 octobre, des affrontements entre musulmans et chrétiens de la ville de Jos, dans le centre du pays, avaient fait plusieurs centaines de morts. Et les 13 et 14 octobre, l’Etat et la ville de Kano, au nord du pays, avaient été le théâtre de querelles religieuses, très meurtrières elles aussi. L’incapacité manifeste du pouvoir central à freiner l’instauration de la loi islamique dans les principaux Etats du nord de la fédération, son impuissance face aux tueries interpellent les Nigérians, et toute l’Afrique de l’Ouest avec eux : ce pays n’est-il pas sur le point d’exploser ? »

Voir une critique de la chari’a au Nigéria à la note , et comparer au cas du Soudan.


Sénégal, Mali, des pays où la population est déjà musulmane :
« En-dehors de sa partie septentrionale, l’Afrique a longtemps semblé épargnée par le phénomène de l’islamisme radical. Dans les années 90, cependant, l’on observera une poussée islamiste croissante au sud du Sahara. Aujourd’hui, douze Etats de la fédération du Nigéria, passés aux mains de dirigeants islamistes, appliquent la loi religieuse. Au Sénégal, des groupes comme El Moustarshidines wal Moustrashidates essaiment, notamment dans les grandes villes et sur certains campus. Ils prônent un discours qui rappelle celui des Frères musulmans égyptiens. Même prosélytisme au Mali où prêcheurs, radios islamistes et medersa (écoles), soit d’inspiration moyen-orientale, soit carrément pakistano-afghanes, concurrencent de plus en plus imams et mosquées traditionnels. »

Pierre-Henri Bunel, officier du renseignement :
« Une réunion de la Conférence islamique s’est tenue à Dakar … Les Iraniens sont arrivés à dix-huit et repartis à six. Il en manque. Les Soudanais ont de la même manière ‘perdu’ cinq congressistes … Ils ont donc nécessairement des relais au sein de l’administration, de la police et de l’armée … Nombreux étaient les chantiers de mosquées en construction … On pouvait lire sur le panneau que la construction était offerte par une organisation saoudienne de diffusion de l’Islam … Je trouvais suspecte cette manie de construire des mosquées à l’écart des villes et villages … Les religieux musulmans qui bénéficiaient de l’accueil généreux de La Voix de l’Amérique étaient financés, entre autres par la Libye ou le Soudan … mes conclusions étaient que des musulmans étrangers originaires de pays arabes, mais aussi d’Iran et du Pakistan, étaient en train de conduire une action de radicalisation populiste au Sénégal en s’appuyant sur les mosquées. »
« Trente-six ressortissants pakistanais, entrés clandestinement au Mali, et soupçonnés d’activités subversives, ont fa
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Sikimuya
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MessagePosté le: Ven 06 Oct 2006 20:27    Sujet du message: Répondre en citant

suite....

« Trente-six ressortissants pakistanais, entrés clandestinement au Mali, et soupçonnés d’activités subversives, ont fait l’objet d’une mesure d’expulsion le 25 octobre …certaines des personnes interpellées recevaient régulièrement de fortes sommes d’argent en provenance de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso … ils auraient été pris en flagrant délit de ‘propagande, ne ratant jamais une occasion de défendre de façon enflammée la cause du milliardaire saoudien Ben Laden’.440 »
« Les réformistes peuvent sortir de leurs guettos d’intellectuels des villes et et prôner la révolution islamique aux ‘larges masses’ rassemblées par les confréries. Ils forment désormais l’armature du corps enseignant des écoles maraboutiques, qui scolarisent à présent plus d’un quart des élèves au Mali et au Sénégal. Comme le dit l’un d’eux : ‘qui tient l’école tient l’esprit et qui tient l’esprit, tient l’homme. »

Au Ghana :
« Le Ghana est l’un des pays africains où l’Iran fait un véritable forcing … Les 22 et 23 octobre 1989 s’est tenu … un séminaire sur l’unité de tous les musulmans … Les motions finales appellent à l’unité de tous les musulmans contre les ennemis de l’Islam en Afghanistan, au Liban, en Palestine, et condamnent le sionisme et l’apartheid. »

Ethiopie :
« Après l’attentat contre Hosni Moubarak en juin 1995, l’enquête menée par la sécurité éthiopienne mit à jour les activités séditieuses menées sous le couvert d’organisations caritatives islamiques. »


La théorie : probité et solidarité entre musulmans

Nous allons comparer la réalité dramatique soudanaise actuelle, ou l’afghane, ou la mauritanienne, d’une part, à la théorie wahhabite, ou aux écrits théoriques des Frères musulmans, d’autre part. Pour Hassan al-Banna, fondateur de la Confrérie des Frères Musulmans,

« seule est juste une société musulmane fondée sur la shari’a et sur le principe ‘Promouvoir le Bien et condamner le Mal’ ; seul est légitime, un ‘Etat islamique’, dirigé par les plus compétents des fidèles, et fondé sur la Loi divine et la justice sociale » ;
et
« L’Islam, aujourd’hui, interpelle l’Occident en lui opposant un triple refus : […] non à la domination politique et militaire des puissances pour qui le pétrole a plus de valeur que le sang ; non enfin à l’abandon de tout projet communautaire permettant aux hommes de vivre selon les principes d’une morale saine et d’un engagement fraternel. »


Néanmoins, en ce qui concerne Arabie Saoudite, les commentaires portant sur l’Islam dans ce pays insistent sur le caractère ségrégationniste de l’interprétation particulière qui en est faite, la volonté de séparer à tout prix les peuples sur des critères prédéfinis (race ou religion) :

« L’un des cinq cours de religion obligatoires pour les élèves d’Arabie Saoudite aborde la question délicate des amis que doivent avoir les bons musulmans. Après avoir examiné certains textes qui mettent en garde contre le danger d’avoir des amis chrétiens ou juifs, le manuel conclut que ‘les musulmans doivent se montrer loyaux les uns envers les autres et considérer les infidèles comme leurs ennemis.’ Cette vision du monde, extrémiste et anti-occidentale a, selon certains experts saoudiens, graduellement perverti le système éducatif du pays. »

« Les pirates de l’air responsables des attentats du 11 septembre n’étaient pas des fanatiques barbus, illettrés, venus des montagnes d’Afghanistan. Sur les 19 hommes impliqués, 13 étaient des Saoudiens … La religion d’Etat n’est pas une variante courante de l’Islam sunnite ou chiite, mais un mouvement particulièrement virulent et ultrapuritain : le wahhabisme. »

Ainsi, dans cette conception du monde, la grande majorité de l’humanité est considérée d’emblée comme des ennemis, indépendamment de ce que ces personnes peuvent penser, croire, dire ou faire.

Comparer cette idéologie à celle des mouvements prônant la solidarité entre tous les habitants de la terre et appelant à une plus juste répartition des richesses.


Comparer également cette interprétation saoudienne de la religion, à la vision de l’Islam de Muhammad al-Ashmawy :
« […] les croyants forment une seule communauté, et l’humanité est Une … Le concept authentique de l’Islam veut qu’il n’y ait qu’une seule religion, révélée par un seul Dieu, à tous les enseignants, messagers et prophètes de l’Histoire et tous les peuples du monde. Cette religion, en termes simples, consiste à avoir foi en Dieu et à manifester une conduite juste … Chaque messager a eu sa propre sharia, terme qui signifie chemin, méthode, ou voie, pour enseigner aux hommes comment la foi et la droiture devaient se vivre, en accord avec leur esprit, leur culture et leurs traditions. »

Par contre, entre les musulmans eux-mêmes, « l’Islam wahhabite propose une vision socialement libératrice et à même de souder une communauté ‘imaginaire’, par-delà toutes les différences d’origine de ses membres, qu’elles soient claniques, ethniques, régionales, nationales, sociales, religieuses ou autres. »

« Au Nord-Nigéria, les populations adhèrent au concept de fraternité musulmane. Une attaque contre les musulmans, n’importe où, au Moyen-Orient ou en Afghanistan, est considérée comme une attaque contre tous les musulmans. »

« Si les Américains se mettent à massacrer les Afghans et que les télévisions du monde entier montrent ces images, le danger sera alors très grand. Aucun gouvernement de pays musulman ne pourra accepter cela sans réagir. »

« La plus haute autorité religieuse d’Indonésie a appelé au jihad si les Etats-Unis et leurs alliés lançaient une attaque contre l’Afghanistan … Elle appelle tous les musulmans du monde à s’unir et à mobiliser leurs forces pour combattre au nom d’Allah en cas d’agression des Etats-Unis et de leurs alliés contre l’Afghanistan et le monde islamique. »

Au Pakistan, « La droite religieuse a recours aux notions faussement unificatrices que sont la guerre contre les ‘infidèles’ et le ‘Satan américain’, invoquant les idées de fraternité islamique. Derrière cette unité de façade, ils sont profondément divisés et se battent pour la domination. »


Les faits
La junte islamiste détenant le pouvoir à Khartoum fait tout son possible pour dissimuler à l’opinion internationale les massacres de musulmans noirs. Les médias africains, français et arabes tentent eux aussi de dissimuler ces exactions. Car les faits relevés au Soudan, pays soutenu par l’Arabie saoudite, sont en totale contradiction avec la théorie que les responsables saoudiens diffusent à l’échelle internationale.

Citons un extrait complémentaire de la déposition des Massalit, peuple musulman de l’ouest du Soudan :

« Lors de l’une des attaques les plus violentes, sur les villages des Monts Junun, des miliciens furent tués par les Massalit. Leurs papiers d’identité révélèrent que les attaques étaient orchestrées par le gouvernement lui-même. Parmi les victimes [membres des milices], furent identifiés un Syrien nommé Mahmoud Muhammad Shaghar, un Libyen nommé Fathy Abdel Salaam, un Algérien nommé Blunmi Hamaad, ainsi que des personnes originaires du Tchad et d’autres régions du Soudan. Ainsi, non seulement les raids sont-ils organisés par le gouvernement du Soudan, mais des membres des Frères musulmans participent directement à cette violence. […]Durant ces événements, les milices ont reçu du gouvernement armes, équipements, moyens de transport, entraînement et logistique militaires. »

Les représentants Massalit ont publié, le 24/12/2001, une liste de personnes emprisonnées ou torturées par les forces gouvernementales ou les milices associées.

On rapprochera ce témoignage de celui-ci, sur le Liban :
« Ce qui est certain : les cadavres des mercenaires et leurs cartes d’ identité trouvés sur les champs de bataille, et les aveux de certains terroristes de différentes nationalités, [montrent] qu’ils ont reçu leur entraînement au Liban. » Dans les zones où le gouvernement libanais ne pouvait plus exercer son autorité.


Un témoin nouba :
« Notre principal problème dans les années 1970 et 1980 a été la confiscation des terres fertiles, pour les exploitations mécanisées. Les gens du gouvernement sont venus et nous ont dit ‘Retournez dans vos montagnes’. Les gens ont perdu leurs fermes mais aussi les pâtures pour leurs animaux … Quand nos jeunes vivant au Nord ont vu cela, ils ont commencé à comprendre que le gouvernement du Soudan n’était pas notre gouvernement. Nos anciens, musulmans, ont changé de religion, déclarant ‘Si tous les musulmans sont frères, nous, nous ne sommes pas leurs frères’. »

Les Baggara, ‘très liés au parti Umma de Sadiq el Mahdi’, eurent droit au même sort :
« Les Baggara eux-mêmes constituent un groupe marginalisé et miséreux …Les nomades perdirent leurs pâturages et leurs chemins de transhumance [suite à l’appropriation des terres agricoles par le gouvernement] … à la saison sèche, chaque hectare d’herbe devient précieux, la survie du troupeau et des familles en dépend.459 »

Si l’on se reporte à la genèse des milices, on comprend que la caste au pouvoir a exproprié et appauvri à la fois les Nouba et les Baggara, puis les a dressés les uns contre les autres.

Samuel Cotton a visité les camps où sont parqués les réfugiés mauritaniens :
« Je pensais aux abjectes conditions dans lesquelles ils vivaient, à la manière dont ils étaient forcés de vivre dans ces endroits misérables, au milieu de nulle part, avec absolument rien à faire, ni travail, ni détente, et ne disposant d’aucune infrastructure communautaire. Je pensais à la crasse, au désordre, au chaos qui formait le cadre de leur existence. De quelle façon le mode de vie de milliers de gens - des fermiers et leurs familles, travaillant dur, dont les fermes et le bétail ont été volés par le gouvernement mauritanien simplement parce qu’ils étaient Noirs et voulaient conserver leur culture africaine. »

et, en Mauritanie également :
« Je ne suis pas le seul imam à avoir été déporté. Beaucoup d'autres imams de race noire ont été déportés. Ce qui est le plus choquant n'est pas que des imams aient été déportés, mais les sévices atroces, les viols, l'incendie des maisons, etc, à l'encontre de gens ordinaires qui sont musulmans, ainsi que les violations des principes de l'Islam lui-même. »

De nombreux Mauritaniens se sont réfugiés en France après les massacres, y compris des rescapés de maltraitances : des témoins disponibles pour qui veut les entendre.

Sur le jihad contre les musulmans noubas du Soudan :
« Le gouvernement déclarait officiellement que les musulmans des régions rebelles n’étaient pas des ‘vrais musulmans’, que leurs mosquées ne sont pas des ‘vraies mosquées’, et donc qu’il est habilité à les tuer. »

Un témoin Nouba :
‘L’ennemi n’a pas de religion ; ils brûlent nos mosquées et nos Corans, et tuent même nos imams’. »

Ces pratiques font écho à cet épisode historique de l’Asservissement des Noirs : « L’une des conséquences du jihad au Hausaland fut de justifier la capture de populations sous le prétexte qu’ils n’étaient pas de bons musulmans. Un traité de l’époque spécifie que l’identité islamique des communautés du pays Hausa n’était pas suffisante pour empêcher les musulmans eux-mêmes d’être capturés comme esclaves. Beaucoup, qui se considéraient musulmans, devinrent des victimes du jihad et furent esclavagisés. »

Un parallèle avec les Kurde, musulmans également :
« Prenant la parole à Qom le 17 aoüt, Khomeini prononce un discours d’une rare violence : « Nous citerons les dirigeants du PDKI devant les tribunaux, et nous les jugerons. Les Kurdes sont les plus grands des kofars (infidèles) et nous répondrons à leurs actes en conséquence. »


Un Nouba exilé à Khartoum témoigne :
« Je travaillais au quartier militaire, à Khartoum. Les nôtres étaient régulièrement torturés. Je les voyais pratiquer la torture, ils me demandaient même de venir participer … Mon frère a été soldat dans l’armée gouvernementale, et a été tué au Sud. Lors des inondations, la maison familiale, en fait une seule pièce, a été détruite. Sa femme a demandé de l’aide aux autorités. refus. Elle alla voir l’armée, en tant que femme d’un martyr. Refus également. Alors elle revint chez elle et décida de fabriquer de la bière de sorgho, pour avoir un peu d’argent et rebâtir sa maison. On l’arrêta et la mit en prison [interdiction de fabriquer de l’alcool, ndlr]. A cette époque elle avait un enfant très jeune, qui mourut en prison. Ses autres enfants restaient seuls à la maison. »



Mettre ces observations en parallèle avec : « Nous sommes partis pour le sud de la Jordanie, à Aqaba … les clients arabes de l’hôtel étaient essentiellement des Saoudiens qui venaient boire du whisky, ce qui est interdit dans leur pays » et « Depuis l’achèvement du pont routier qui relie Bahreïn à la terre ferme séoudienne, Manama est devenu le ‘bistrot’ de l’Arabie Séoudite, que l’on ne quitte qu’après avoir fait son plein d’alcool » et « Pour les riches Saoudiens, le Liban était devenu le lieu de divertissement de l’été, où l’on pouvait jouir des plaisirs occidentaux décadents dans un environnement arabe » et « Adnan Kashoggi était l’agent bien implanté de Lockhood, Northrop et Raython [compagnies d’armement, ndlr] en Arabie Saoudite. Au cours de l’exercice budgétaire 73-74, les ventes militaires américaines furent estimées à 1,99 milliards de dollars … Grâce à d’importants pots de vin, Kashoggi finit par se rendre indispensable … ceux qui l’ont connu jeune se souviennent qu’il était un hôte agréable qui servait à boire des vins fins. Sa réussite provient sans doute de son intimité avec Sultan, le ministre de la Défense. » et « L’alcool est autorisé au Qatar et à Oman. »

A propos des enfants Noirs :

« Les organisations internationales des droits de l’homme évaluent à plusieurs dizaines de milliers le nombre d’esclaves soudanais assimilés à des biens matériels, et estiment que le trafic d’esclaves soudanais avec l’Arabie Saoudite et les Etats du Golfe s’accroît. Le gouvernement soudanais n’entreprend pas d’investigations sur ces accusations, mais demande qu’on lui en apporte les preuves. Pour de nombreux observateurs, cette position a une odeur de soutien implicite.»
« Le responsable de l’association mauritanienne SOS-esclaves signale qu’un trafic d’enfants existe entre la Mauritanie et les pays du Golfe. »
Mai 2000 : « Un groupe d’enfants a déclaré s’être échappé d’un camp du Front National islamique près de Tesseney, à la frontière de l’Ethiopie. Ils viennent du Sud Soudan, avaient été vendus à un maître libyen, et attendaient dans ce camp leur départ … La Gazette possède une copie vidéo de ces témoignages. »

Sur les exécutions décidées au sommet de l’Etat, comparer :
« Le chef des talibans d’Afghanistan, le mollah Omar, a établi une liste de personnes à éliminer et l’a communiquée à ses réseaux à l’étranger ; plusieurs ont déjà été assassinées » et « De novembre 1990 à février 1991, 5000 fonctionnaires noirs mauritaniens furent arrêtés et détenus pendant plusieurs mois sans jamais avoir été inculpés. On découvrit que 500 à 600 d’entre eux avaient été exécutés ou torturés à mort par les forces gouvernementales. Human Rights Watch confirme le fait que ces détenus avaient été traités avec une cruauté si sauvage qu’elle est pratiquement impossible à décrire . Le fait que beaucoup soient maintenant infirmes, paralysés ou mutilés est en effet particulièrement éloquent » et « Le secrétaire général du PDKI est assassiné à Vienne, le 13 juillet 1989, par des agents des services spéciaux iraniens… Les trois Kurdes, Ghassemlou, Kaderi et Rassoul, sont assassinés … Les autorités autrichiennes laissent Sahraroudi et Bouzourgian repartir en Iran en toute impunité… La suite des événements, et notamment la série d’assassinats de dirigeants de l’opposition iranienne en Europe, montre que Ghassemlou avait été victime des illusions mêmes de ceux qui croyaient que Rafsanjani dirigeait un clan de’modérés’ » et « Les dirigeants arabes du Soudan … envoyèrent un décret secret … Il s’agissait d’arrêter et de faire passer en jugement tous les responsables politiques du Sud. Le décret stipulait que les procès devaient aboutir à des condamnations à mort ou bien à la prison à perpétuité » et « des milliers d’intellectuels noubas ont été tués ou torturés. »


Garba Diallo, historien mauritanien - et musulman - :
« Les Noirs de Mauritanie n’ont pas encore compris que ce n’est pas l’Islam qui est à l’origine du problème, il n’est que le moyen d’arriver à une fin. Les régimes successifs ont capitalisé sur la confusion des Noirs afin de promouvoir l’arabisation, de joindre la Ligue Arabe, et d’encourager la pratique de l’esclavage, etc, en apparence au nom de l’Islam. »

« Plusieurs citoyens mauritaniens [musulmans] réfugiés en France et en Belgique ont déposé une plainte devant la justice belge contre le président de Mauritanie, Maaouya ould Sid'Amhed Taya, [musulman], pour crimes contre l'humanité et génocide. »

Jean-Michel Foulquier a été frappé par les contrastes de Riyad :
« Le luxe et la misère s’y côtoient … Le centre commercial Ba Jasir a coûté 300 millions de dollars à son propriétaire … A quelque distance de là, le quartier Haret Al Abid (quartier des esclaves) porte bien son nom : s’y entassent dans des maisons décrépites … les descendants des esclaves noirs libérés après l’abolition de l’esclavage, qu’a rejoints au fil des années un prolétariat venu d’Afrique. C’est un autre monde : celui de la misère, du chômage, du séjour illégal, de la combine et de la drogue. »

Les Noirs américains convertis à l’Islam sont souvent issus de milieux en grande précarité ; ils ont cherché une voie pour se démarquer de la société blanche et ont fait des efforts pour se convertir et changer de mode de vie ; mais
« Les Noirs musulmans se plaignent d’être considérés comme des croyants de deuxième zone par les immigrés arabes […] Pour Al Deen, un ancien imam des prisons américaines, les immigrés musulmans ont toujours refusé de tendre la main aux Noirs américains musulmans. ‘Ils arrivent ici avec de l’argent, des diplômes et une vision très sectaire de l’Islam, et ils restent dans leurs petites communautés.’ Pour un peuple longtemps marginalisé dans son propre pays, être frappé d’ostracisme au sein même de sa communauté religieuse est une expérience douloureuse. »

Aux Comores :
« L’adhésion du pays en septembre 1993 à la ligue des Etats arabes a renforcé le camp des arabophones dont l’écrasante majorité y est composée de fondamentalistes … Contrairement aux autres citoyen, ils ne font pas l’amalgame entre arabité et Islam. Ils pensent d’ailleurs que le primat qu’on donne au premier dessert le second … Chacun d’entre eux a le souvenir d’avoir été, au moins une fois, discriminé dans les pays arabes où ils ont fait leurs études, du fait de sa peau noire. Toutes ces raisons ont fait qu’ils sont restés indifférents à l’adhésion du pays à la ligue arabe. »

Kashoggi est Saoudien ; dans The Revolution of Dis-May, Mansour Khalid raconte comment, en plus du pétrole (voir Annexe 4), ce personnage déjà milliardaire accrut encore sa richesse aux dépens du peuple soudanais.

Deux Européens, amis personnels de la famille régnante saoudienne, ont exprimé par écrit leur déception : le vrai wahhabisme a été rejeté en Arabie Séoudite pour cause de matérialisme.

Sujet de recherche : combien de moyens financiers les pays riches du Golfe apportent-ils, par solidarité, aux musulmans d’Afrique, et aux autres, pour élever leur niveau de vie ? Comparer à « L’ambassadeur saoudien à Washington a reconnu que la corruption atteignait des proportions considérables. Selon lui, rapporte Business Week, pas moins de 50 milliards de dollars auraient ainsi été prélevés sur les quelque 400 milliards de dollars consacrés aux infrastructures et au développement économique du pays pendant les dernières années. », à « On estime généralement que sur les 500 milliards de dollars qui ont quitté le Golfe pour aller s’abriter dans des paradis fiscaux, plus de la moitié se trouvent dans les banques helvétiques. » et à « Les experts estiment à quelque 350 milliards de dollars l’ensemble des fonds saoudiens directement investis aux Etats-Unis. » Egalement : « Ce sont donc 40 milliards que les Américains ont inscrits sur leurs carnets de commandes depuis la guerre du Golfe. » « Les Saoudiens richissimes ont placé 700 milliards de dollars à l’étranger … On estime à 1,3 milliers de milliards de dollars les investissements des Arabes du Golfe à l’étranger, comprenant peut-être 400 milliards de dollars d’actions américaines. » « Les Arabes ont déboursé 426 milliards de dollars en achats d’armes durant la décennie 80-90. » « La politique saoudienne de gestion de sa fortune pétrolière a conduit le pays à investir plus de 100 milliards de dollars de ses avoirs financiers aux Etats-Unis et en Europe ... Les revenus financiers du Koweït sont massivement réinvestis dans l’économis britannique. Londres est le siège du Koweït Investment Office qui gère, à partir de la capitale britannique, un portefeuille financier de quelque 100 milliards de dollars. »

Voici quelques indications :
« L’Afrique bénéficie de 11,8 % des 482 millions de dollars d’aide bilatérale globale, accordée par les sept pays arabes exportateurs de pétrole et membres de l’Opep, en 1980. »
« L’aide fournie par les Fonds arabes est consacrée essentiellement à des projets à caractère financier plutôt qu’à des projets de développement … Quel est le but de l’aide arabe à l’Afrique ? Est-elle destinée au développement, ou aux dirigeants, entendu que les fonds finissent souvent dans les banques étrangères et les firmes multinationales ? »

« La manne pétrolière n’est que partiellement absorbée par les pétromonarchies ; elle n’est pas investie non plus dans les nations arabes pauvres, ni ailleurs dans le tiers-monde. Suivant un mécanisme de « recyclage » des pétrodollars, elle est récupérée presque en totalité par les pays nantis. »


Comparer aux capitaux des sociétés islamiques d’investissement au Soudan,
jouant « un rôle dans la création d’un nouveau groupe économique islamiste : … la plus importante à Khartoum a été crée en 1983 avec un capital théorique d’un milliard de dollars ! 60 % devait être apporté par des non-Soudanais musulmans (essentiellement des Saoudiens) … Parmi les actionnaires, on trouve des hommes d’affaires du Golfe […] Cette société intervient dans l’immobilier, l’agro-alimentaire, l’assurance et le commerce. »

Mis à part un minuscule noyau d’hommes d’affaires, liés au Front national islamique, les Soudanais continuent à vivre dans la misère.

Pour ceux qui seraient intéressés, voici d’autres manifestations, en-dehors de l’Afrique :

« Tous les indicateurs du développement humain (IDH) de l’ensemble arabe sont au rouge et se situent en-deça du seuil de tolérance, illustrant la carence du système politico-culturel … Le taux moyen d’analphabétisation du monde arabe … demeure l’un des plus élevés du monde, de l’ordre de 38,1 %, juste après l’Asie méridionale et l’Afrique subsaharienne, deux zones géographiques qui ne disposent pourtant pas des mêmes richesses que le monde arabe. »

« Un autre facteur de troubles est l’impopularité des souverains dans le monde arabe, miné par la pauvreté, le sous-développement et une pression démographique élevée. Les monarchies pétrolières, peu peuplées mais regorgeant de richesses et jouissant d’une aisance provoquante, au voisinage de nations démunies et endettées, suscitent un sentiment de frustration à l’origine de tensions socio-politiques dans le monde arabe. »


« Cette normalisation totale des relations interarabes dans le Golfe se traduit, un an plus tard et pour les huit années suivantes, par un soutien financier des monarchies à l’effort de guerre irakien contre l’Iran. » Bilan : 1,5 millions de morts.

« Le soutien financier prodigué par Riyad aux courants islamistes rejetant l’unification du Yémen. »

« Un autre tabou vient de disparaître : la solidarité entre les Arabes et les Palestiniens … On ne semblait pas se rendre compte que tous les Etats arabes utilisaient la cause palestinienne à leurs fins propres sans se soucier le moins du monde de ce qui pouvait arriver à leurs ‘frères palestiniens’. »

« ‘Vous ne connaissez donc pas le principal slogan des talibans ? Les Tadjiks au Tadjikistan, les Ouzbeks en Ouzbékistan et les Hazaras sous la terre.’ La raison ‘officielle’ de l’acharnement des talibans contre ce peuple étant que les Hazaras, de confession musulmane chiite, étaient considérés par les ‘étudiants en religion’ comme faisant partie de la famille des ‘hypocrites’ (munafiqines), dont l’extermination était non seulement licite mais recommandée. » «Le commandant militaire a expliqué que plus de 700 personnes ont été tuées à Bamiyan par les talibans … dans l’un des plus récents massacres, en février dernier, 400 personnes ont été tuées à Yakawlang. »

Revoir aussi l’histoire des Kurdes au 20e siècle.

« Les chiites constituent presque 50% de la population du Koweït et du Quatar, 70% de celle de Bahrein et forment une minorité importante au sein du royaume wahhabite. Tenus précautionneusement à l’écart de la vie économique et sociale, ils sont l’objet d’une répression impitoyable et de mauvais traitements dans l’ensemble de la péninsule. »


Le projet islamiste
Pour une présentation des différents courants islamistes, de leur histoire et de leur activisme, nous recommandons l’ouvrage de Abderrahim Lamchichi : Pour comprendre l’islamisme politique.

Yves Lacoste : « Les islamistes militent pour la réalisation d’un énorme projet géopolitique, le regroupement de tous les musulmans, un milliard d’hommes et de femmes, en dépit de leur très grande diversité linguistique et culturelle, dans un même ensemble politique … La volonté d’abolir les frontières (imputées au colonialisme européen) qui séparent les Etats musulmans les uns des autres n’est pas le seul aspect de la stratégie géopolitique des groupes islamistes. Ils entendent par ailleurs favoriser l’expansion de l’Islam dans tous les pays, y compris dans ceux où il est présentement tout à fait minoritaire, et ils cherchent à s’opposer par divers moyens à l’intégration des musulmans émigrés et de leurs enfants dans les sociétés non musulmanes. »

« Hassan El Tourabi, un Africain de culture arabe, force motrice et architecte du fondamentalisme au Soudan, expliqua dans une interview avec Rory Nugent du magazine Spin pourquoi il considérait l'Afrique comme une 'terre vierge' et une cible rêvée : 'L'Afrique est fertile et mûre pour la graine islamique ... En Afrique, les racines de l'Islam vont s'ancrer profondément et vont rapidement devenir de plus en plus solides. Il y a beaucoup de choses à exploiter et très peu de compétition ... Qu'y a-t-il en Afrique en-dehors du tribalisme ? ... Nous allons apporter la civilisation au Sud du Soudan, et au-delà. Les gens là-bas en ont bien besoin’.
Les commentaires d‘El Turabi reflètent un point de vue raciste qui, historiquement, a rejeté le riche héritage culturel de l’Afrique. »

Pour un aperçu de la richesse des cultures traditionnelles du Soudan, on se référera, par exemple, aux ouvrages de Francis M. Deng relatifs aux Dinka, ou à ceux d’Evans-Pritchard sur les Nuer. Les sociétés nuers servent même de référence aux sociologues français.


En lisant une citation de Farakhan, reprise dans l’ouvrage de Gilles Kepel, on comprend pourquoi, comme on l’a vu, l’organisation Nation of Islam ne peut pas reconnaître la tragédie soudanaise :
« Cette nation appelée Israël n’a jamais connu la paix depuis quarante ans … Vous pensez que Dieu vous a permis de couvrir votre religion de merde (gutter religion) de Son nom saint et vertueux ! Quand on utilise le nom de Dieu pour sanctifier de mauvaises actions et dissimuler sa méchanceté par une vertu pieuse et hypocrite : c’est de la religion de merde, faire de Dieu un instrument ! Les chrétiens ont pratiqué une religion de merde quand ils ont emmené nos pères en Amérique, quand ils ont volé leurs terres aux Indiens au nom de Jésus … quand ils ont violé l’Afrique et volé sa substance, lui donnant la Bible et prenant ses ressources minières pour l’Europe et l’Amérique ! »

Reconnaître les crimes contre l’humanité commis à l’encontre des Soudanais et l’origine de ces crimes, serait admettre qu’il en est exactement de même avec l’Islam, le symbole que Farakhan s’est choisi pour se démarquer des Américains blancs. Le mouvement ne peut d’ailleurs se prétendre impartial, puisque

« Un prêt sans intérêts de plusieurs millions de dollars consenti par la Libye du colonel Kadhafi à Nation of Islam, et des dons substantiels par divers Etats arabes producteurs de pétrole, contribuent à brouiller l’image du mouvement.507 » Le Soudan donne également.

Question : les islamistes actuels agissent-ils comme les premiers dirigeants de l’Islam ? Ceux qu’ils citent comme modèles ? Réponse : non.
« Certains objecteront que la principale motivation des guerres menées par les Caliphes a été de répandre l’Islam, mais ceci n’est pas exact. Par exemple, le peuple égyptien ne fut pas converti à l’Islam avant les trois ou quatre siècles consécutifs à la conquête musulmane. En Andalousie, malgré huit siècles de gouvernance musulmane, la majeure partie de la population native était restée chrétienne. »

Les islamistes et la richesse

Un journaliste dresse une photo récente de Khartoum :
« Je découvris rapidement que le renouveau économique n’a pas amélioré la vie du Soudanais de la rue. Seul un très petit nombre recueille les bénéfices de la nouvelle richesse pétrolière... Routes, eau potable, électricité, transports publics, hôpitaux et écoles sont tous en décrépitude… Avec ce type d’investissements, un petit nombre de familles sont devenues extrêmement riches. Personne n’a une idée précise de l’argent gagné par cette nouvelle élite, mais on m’a expliqué que le renouveau économique soudanais a produit au moins quatre-vingt multi-millionnaires. […] Je suis passée en voiture devant leurs nouveaux hôtels particuliers - tout y est : escaliers de marbre, pelouses entretenues à la main et gardes du corps fortement armés. Ces petits palaces restent inoccupés la plus grande partie de l’année parce que leurs propriétaires préfèrent habiter sous des cieux plus cléments. Khartoum est également ‘trop chaud et trop poussiéreux’ pour les enfants, qui sont scolarisés dans des écoles anglaises et américaines, à Jeddah, à Londres et en Californie. »

La dernière phrase soulève une interrogation. Si les islamistes invitent les musulmans occidentaux à rejoindre l’Umma et résider dans un Etat musulman, pourquoi eux-mêmes, qui y sont déjà, fuient-ils vers les pays occidentaux quand ils en ont les moyens ?

Quel politologue, analyste, ou imam, sera capable de démontrer que ce constat soudanais correspond au modèle de société préconisé par l’Islam ? Par exemple,

« Tourabi insistait plutôt sur la position favorable de l’islam par rapport à la propriété privée, à l’épargne et à l’investissement, invoquant le verset coranique qui invite les musulmans à investir et à s’enrichir sur terre pour le bien de l’individu et de la communauté. »

« Je crois qu’il est très utile de mettre en relief les valeurs à travers lesquelles l’Islam s’adresse à toute l’humanité … La plus importante de ces valeurs est le devoir islamique de respecter l’homme, indépendamment de son origine, de sa religion et de ses croyances. Cela est également important pour l’ambition des Arabes et des Africains de construire une société fondée sur la liberté, la justice sociale et la fraternité humaine. »


Parallèle avec les talibans d’Afghanistan : « beaucoup de faux titres de propriété des terres ont été rédigés par les talibans au profit de parents ou de commerçants prêts à payer, et cela avec la complicité du département foncier et des cours de justice islamique. »

« L’an dernier, quasi clandestinement, Olivier Weber (grand reporter au Point) et François Margolin ont sillonné les vallées afghanes où se pratique à grande échelle la culture du pavot, dont est extrait l’opium et, partant, l’héroïne … Culture indispensable à l’achat des armes que nécessitent des conflits incessants. L’Afghanistan est le premier producteur au monde. Et de loin …Certes, les talibans promettent d’éradiquer ce ‘mal’ qu’ils condamnent. Mais, en attendant, ils ne tirent pas moins profit de son exportation, en ayant la bonne conscience de se dire que la drogue est aussi un moyen de corrompre et combattre les ‘satans’ d’Occident et d’ailleurs. » « Les différentes filières de Ben Laden permettent actuellement aux talibans d’exporter la morphine-base qui couvre 80% de la consommation européenne d’héroïne … D’après le Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues (Pnucid), le Soudan est ainsi devenu une des principales plaques tournantes des considérables profits tirés de la commercialisation de l’opium afghan. »

« Le nerf de l’islamisme n’est pas la religion, c’est l’argent.»

Le Soudan : le pays où l’on tranche la main aux Noirs qui ont volé une orange, et où les dirigeants se baignent dans l’argent du trafic de drogue et du pétrole volé aux Noirs.

« Le Soudan produit aujourd’hui environ 200 000 barils par jour, soit près d’un quart de la production de l’Angola … Les gains réalisés sont principalement investis dans l’effort de guerre, dans l’achat d’armes, l’emploi de mercenaires. Comme en Angola, le pétrole sert en premier lieu à alimenter une économie de guerre avec ses juteuses commissions et ses effets désastreux sur la recherche de la paix. »

« En prenant le pouvoir en 1989 le Front National Islamique avait quatre objectifs secrets parmi lesquels : devenir riche, et conserver le pouvoir le plus longtemps possible..»

« Résolument engagé dans une libéralisation de l’économie, le pouvoir islamique a lancé un vaste programme de privatisation qui a surtout profité à cette nouvelle caste d’hommes d’affaires islamistes ; une évolution qui n’est pas sans conséquence sur le financement des organisations islamistes et leurs expressions terroristes […] L’islamisme et ses différentes formes d’organisation profitent pleinement de ce processus de dérégulation et de mondialisation de l’économie … Les cadres du Front National Islamique investiront massivement les administrations et les milieux d’affaires qui mettent le pays en coupe réglée au profit des Frères musulmans. Ghazzi Salah ed-Din, considéré comme le mentor du général Bechir, est l’homme incontournable de tous les dossiers sensibles. Avec l’appui de son ami Ali Osman Mohamed Taha, numéro deux du FNI, il supervise pour Tourabi la poursuite de l’islamisation de la société et la captation des circuits économiques et financiers soudanais. A cette économie de racket est venue s’ajouter une sous-professionnalisation des grandes entreprises, brutalement épurées pour faire place aux ayant droit, relais et clients du FNI, ainsi qu’à leurs familles. »

« On ne dira jamais assez comment l’économie politique de l’islamisme soudanais est lié à la mobilisation de réseaux financiers dans la péninsule arabique et en Asie. »

« Tourabi annonça à tous les donateurs potentiels que son unique ambition était de remplacer le christianisme, la religion du colonialisme, par l’Islam, en tant que religion dominante en Afrique. Les dirigeants des richissimes pays du Golfe furent plus qu’heureux de financer l’expansionnisme islamique de Tourabi en Afrique. Cela leur donnait l’occasion d’étouffer les attaques qu’il aurait pu faire sur leurs propres modes de vie. »


« Beaucoup de Soudanais du Nord sont d’accord pour lâcher la mainmise du Nord sur le Sud … Ceux qui recherchent la poursuite de la guerre sont les responsables militaires qui, bien entendu, ne veulent pas se voir reprocher d’avoir perdu la guerre ; les fanatiques religieux qui rêvent d’étendre la domination de l’Islam au Sud, et au-delà ; et, bien évidemment, les politiciens et hommes d’affaires qui, d’une façon ou d’une autre, profitent de cette guerre. »




Richard Labévière reprend un parallèle intéressant de Benjamin R. Barber, expliquant qu’islamisme radical et mondialisation à l’américaine sont tous deux en guerre contre l’Etat-nation et contre la citoyenneté démocratique.
« Cette perte du politique annonce le règne sans partage d’une mondialisation incontrôlable, aux mains des mafias d’affaires et des fanatismes religieux. »
On verra par exemple que le Medef s’accomode très bien de l’islamisme totalitaire.

« Drainant énormément d’argent, cette économie offshore est en passe de s’intégrer à l’économie légale. On comprend mieux les propos embarrassés du procureur général de la Confédération helvétique lorsqu’on lui parle de l’affairisme islamiste. On comprend mieux pourquoi aucun gouvernement ne s’attaque de front à ces mécanismes parallèles et pourquoi il devient de plus en plus difficile de lutter contre le financement des réseaux terroristes. »

L’échec du projet islamiste au Soudan

« Dix personnes ont péri et 186 autres ont été sauvées par un hélicoptère qui les a retrouvées à la frontière du Soudan et de la Libye ; en route vers la Libye, elles s’étaient égarées à 300 kilomètres au nord de Dongola, au Nord-Soudan … Ces dernières années, des milliers de Soudanais ont quitté le pays pour fuir la misère, les maladies et l’insécurité ; le désert qui mène vers la Libye est devenu un cimetière pour beaucoup de ceux qui tentent cette aventure. »

Evolution dans l’Histoire : les Soudanais du Nord subissent maintenant le sort réservé autrefois aux esclaves. « En 1822, 40 000 esclaves furent capturés. Mais, du fait des mauvais traitements, des maladies et de la traversée du désert, à peine 5000 arrivèrent … Méhémet Ali écrivit : ‘La route par Dongola traverse un désert sans point d’eau et dure 80 heures ; un tiers des nègres qui l’empruntent meurent’.»

Comparer la théorie :
« Seul ce modèle islamiste - qui vise, selon les islamistes, à atteindre la vertu, la morale religieuse et la justice sociale - est susceptible, à leurs yeux, d’apporter toutes les réponses aux malaises actuels » ; ou

L’islamisme politique, né en Egypte avec les Frères musulmans, en 1928, « ne combat ni les chrétiens ni les juifs, mais la corruption et l’oppression. Partout dans le monde les musulmans se soulèvent contre les rois qui les ont dépouillés de leur argent et de leurs droits … Ils tentent de protéger leurs familles contre le venin du matérialisme et de l’immoralité, exportés par le libre Occident. Ils veulent une société sans drogue, sans criminalité ; une vie heureuse et productive pour tous »

avec la réalité soudanaise :
« En dépit de l’efficacité de ce quadrillage policier, tous les efforts de mobilisation sociale butent devant l’impuissance du régime à se forger une légitimité politique ou religieuse ; … on peut parler, à propos de la logique ultralibérale du régime, partisan du désengagement de l’Etat de l’économie, d’un véritable ‘reaganisme islamique’, qui laisse le champ libre aux affairistes liés au régime, mais a des conséquences dramatiques pour la majorité de la population. Contrairement au crédo de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, la déréglementation, la privatisation et la décentralisation ne libèrent pas, au Soudan, de forces économiques et sociales dynamiques, qui diffuseraient une nouvelle prospérité grâce aux lois du marché. Au contraire, le désengagement de l’Etat entraîne l’effondrement de tout le tissu économique et social. »

Abderrahim Lamchichi :
« Depuis le coup d’Etat …le nouveau régime a mis en place un système de terreur qui a mis brutalement un terme à toute vie politique, associative ou syndicale … Les Frères Musulmans et le Parti national islamique imposent une économie corrompue et mafieuse et un système totalitaire … la presse est baillonnée ; certains policiers et militaires torturent au nom de la shari’a ; les opposants sont impitoyablement traqués et pendus ; les femmes sont assujetties à un mode de vie avilissant ; une ‘islamisation’ forcée de la société est conduite par des Comités populaires de quartiers, gardiens des mœurs, ainsi que par un appareil policier et sécuritaire omniprésent [….]
Dans les rares pays où il s’est emparé du pouvoir - Afghanistan et Soudan par exemple -, le moins que l’on puisse dire est que l’islamisme a lamentablement échoué à proposer un projet de société viable. »

L’échec apparaît encore plus traumatisant, et le malheur des Soudanais entraînés malgré eux dans cette expérience, encore plus amer, lorsque l’on se réfère aux causes ayant donné précisément naissance aux mouvements islamistes :
« L’islamisme politique s’était manifesté là où des régimes autoritaires et impopulaires ont été incapables de répondre aux aspirations sociales, se fourvoyant dans des ‘projets de développement’ dont n’ont profité que des castes fermées, des clans liés aux pouvoirs ou des bureaucraties contrôlant des réseaux de clientélisme et de corruption. »

Muhammad al-Ashmawy, ancien président de la Haute Cour de justice égyptienne, expert en droit islamique : « Dans la première période de l’Islam, sous le règne des Caliphes les bien guidés, chaque musulman avait droit à une part du bayt al-mal, le trésor de l’Etat. Malheureusement, sous la dynastie Omeyyade, les Caliphes ont considéré le trésor de l’Etat comme leur propriété privée, et ont renié leurs devoirs d’assurer le nécessaire aux pauvres, aux nécessiteux, aux orphelins, aux veuves, aux personnes âgées et aux malades, à partir des revenus de l’Etat. Au lieu de cela, les Caliphes ont laissé les pauvres dépendre de la générosité du peuple, ce qui peut suffire au sein d’une petite communauté, mais non dans un Etat moderne. Il faut trouver une solution pour garantir des revenus permanents et stables aux pauvres, aux malades, aux orphelins, aux veuves et aux personnes âgées. De même, il faudrait introduire un système de sécurité sociale et de retraite. Ceci mettrait en application l’esprit de l’Islam, qui appelle à l’entraide entre les peuples, et tient les démunis et les malades en haute estime. »

Comparer au sort réservé aux pauvres et aux Noirs du Soudan.

Naguib Mahfouz, d’origine égyptienne, lauréat du prix Nobel : « Les deux vices principaux [d’une société] sont la pauvreté avilissante, et l’excès de richesse … Je crains le pire, si l’on se met à utiliser les châtiments corporels islamiques pour défendre un contexte qui ne relève pas de la protection de l’Islam. »


La mondialisation du mal contre les innocents
La liste des ennemis des Sud-Soudanais comprend donc, au minimum, et par ordre alphabétique :

- l’Allemagne
- l’Angleterre
- l’Arabie Saoudite
- l’Autriche
- Bahrein
- la Bulgarie
- le Canada
- la Chine
- la Corée du Nord
- l’Egypte
- les Emirats Arabes Unis
- les Etats-Unis
- la France
- l’Iran
- l’Irak
- la Jordanie
- le Koweit
- la Libye
- la Malaisie
- la Pologne
- le Qatar
- la Russie
- la Slovaquie
- la Suède
- la Syrie
- l’Ukraine

Les Sud-Soudanais n’avaient agressé aucun de ces Etats.

Tous les Etats qui jouent un rôle de premier plan à l’ONU figurent dans la liste ; on s’explique mieux l’absence de l’ONU sur le problème du Soudan. Sur le rôle de la Chine, voir plus loin..
« L’ONU ne dira pas un mot lorsque, dans la région martyre des Monts Nouba, l’une de ses missions sera lourdement bombardée. Et elle gardera le silence sur ce martyre interminable. »

Chapour Haghighat relève que « dans la seconde partie des années 80 … les 5 membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont approvisionné 90% du marché des armes au Moyen-Orient … D’après le Jane’s Defence Weekly, 53 pays ont vendu des armes à l’Irak et à l’Iran, et parmi eux les 5 membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, qui ont officiellement livré du matériel militaire aussi bien à l’Irak qu’à l’Iran. »


Parmi les pays qui vendent des armes au gouvernement soudanais, il faut ajouter à ceux déjà cités à ce sujet : l’Egypte, l’Irak, l’Iran, la Jordanie, la Libye, les Etats-Unis (au moment de la Guerre Froide), l’Angleterre (avant 1988), la Russie, la Chine.

Autre source :
« Déterminé à résoudre par les moyens militaires le conflit du Sud Soudan, le général Abboud se tourna vers l’Egypte pour les armes et pour l’entraînement […] A la suite de la guerre d’Ogaden, en 1977-78, Riyad accepta de financer les achats d’armes soudanais et somaliens […] En 1989, la Libye devient la source principale d’armement pour le Soudan […] En 1987-88 l’Irak fournit au Soudan un lot important d’armes, comprenant roquettes, lance-roquettes, fusils, avions […] En 1988, l’Irak, la Libye et les Etats-Unis étaient les principaux pourvoyeurs d’armes au Soudan […] En décembre 1991, Téhéran accepta de financer l’achat, par Khartoum, d’armement d’origine chinoise, estimé à 300 millions de dollars. »


Au 21ème siècle, les pays les plus riches : l’Allemagne, l’Arabie Saoudite, les Etats-Unis, la France, la Libye, … continuent à fermer les yeux ou encourager le vol et la spoliation des habitants les plus pauvres de la planète, et à en bénéficier. Les Sud-Soudanais n’ont rien : pas de vêtements, pas d’outils agricoles, pas de médicaments, pas de médecins, pas de voitures, pas de routes, pas de sécurité sociale, pas de retraite, pas d’hôpitaux, pas d’emplois administratifs, pas d’allocation chômage, pas de droit de vote. Pour un compte-rendu plus détaillé du dénuement des populations du Sud-Soudan, s’adresser à l’association Soudan Solidarité.

« Les infrastructures du Sud ont toutes été détruites. Dans un pays vingt-cinq fois grand comme la Hollande, il ne reste plus une boutique, une station-service en état d emarche, ni système éducatif, ni monnaie. Le dénuement des populations dépasse toute imagination. »

Les Saoudiens, qui se plaignaient des conditions non équitables de leurs traités commerciaux sur le pétrole conclus avec les Américains, ne disent mot lorsqu’on élimine d’autres peuples pour leur voler leur pétrole. Pour les dirigeants des pays arabo-musulmans cités, l’éthique et l’esprit de l’Islam semblent s’arrêter aux frontières du Soudan. Et rares sont les dirigeants occidentaux, ou chinois, ou russes, en position de donner des leçons.


Comparons de nouveau le cas du Soudan à celui de l’Afghanistan :
« Voilà un pays qui a été détruit. Pas seulement par les Pakistanais … Pas seulement par les Russes … Pas seulement par les Américains … D’autres pays également ont été secrètement impliqués : la Grande-Bretagne, l’Inde, la Chine, l’Iran, la France. […] Nous étions à l’hôpital de Kaboul quand une jeune fille de 17 ans, Zerbibi, y fut amenée. Elle avait perdu ses deux jambes en sautant sur une mine. Si un jour je la revois, j’espère avoir le courage de lui dire que ce sont ceux qui jouent à la guerre, à l’ingérence, les manipulateurs, qui devraient être là à demander son pardon, ainsi qu’à chaque personne blessée ou mutilée dans ce pays blessé et mutilé. »

Testament spirituel
Youssef Kuwa, le leader de la Résistance Nouba, nous a légué un poème, à ajouter au patrimoine mondial de l’anti-fascisme :


Mon Africanité

Mes frères,
De mes mille excuses,
Pardonnez-moi,
Pardonnez-moi pour ma franchise,
Pour mon courage.

Laissez-moi vous dire,
En dépit de tous ces discours
Sur mon Arabisme
Ma religion,
Ma culture …
Je suis un Nouba,
Je suis Noir,
Je suis Africain.

L’Africanité est mon identité
Elle est inscrite
Dans mon apparence,
Gravée sur mes lèvres,
Et clamée par ma peau.

Mon Africanité
S’entend dans l’écho
De ma démarche
S’inscrit dans mon passé hors du commun
Et dans la profondeur de mon rire.

Frères,
Pardonnez-moi
Pour ma franchise et mon courage
Malgré l’humiliation qu’a subie mon grand-père,
Malgré la vente en esclavage
De ma grand-mère
Malgré mon ignorance
Mon retard
Ma naïveté …
Mon jour viendra.

Je couronnerai
Mon identité par le savoir
J’allumerai ma bougie
Et à sa lumière
Je construirai ma civilisation,
Et en ce temps
Je tendrai la main,
Je pardonnerai à ceux qui essayèrent
De détruire mon identité
Car je n’aspire
Qu’à l’amour et à la paix.


Youssef Kuwa Maki
Commandant des forces de la Résistance
dans les Monts Nouba
décédé le 31 mars 2001
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youngsoldier
Bon posteur


Inscrit le: 07 Juil 2005
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MessagePosté le: Ven 06 Oct 2006 20:47    Sujet du message: Répondre en citant

Que faire et que dire quand le "Noir" ets oppressé par le "Noir"?
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