OGOTEMMELI Super Posteur
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Posté le: Sam 25 Nov 2006 21:37 Sujet du message: La sortie de crise ivoirienne, selon des résidents français |
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Citation: | Propositions de sortie de crise d'un groupe de français regroupés au sein de l'ONG 'Vision-Vérité-Côte d'Ivoire'
Monsieur le Président de la République,
L'Association Vision-Vérité-Côte d'Ivoire vous sait gré d'avoir initié, dans le cadre de cette nouvelle concertation nationale, une rencontre avec les communautés étrangères et particulièrement avec les ressortissants français.
A nos yeux, cela témoigne de votre ouverture humaniste et mondialiste contrairement à l'image d' «ivoiritaire» xénophobe que donne de vous la querelle qui vous est faite. Cette rencontre est une application concrète de vos appels répétés pour rappeler aux ivoiriens de ne pas se tromper de cible et de ne pas faire la confusion entre les français qui vivent en Côte d'Ivoire et la politique française en Côte d'Ivoire.
Monsieur le Président,
- Qui sommes-nous et que défendons-nous?
Vision-Vérité-Côte d'Ivoire regroupe en son sein des hommes et des femmes non ivoiriens d'origine mais qui résident en Côte d'Ivoire de façon permanente et, pour certains d'entre eux, depuis de nombreuses années. C'est un mouvement de personnes qui, toutes tendances confondues, veulent assumer simplement leurs responsabilités citoyenne; dans leur pays d'accueil, la Côte d'Ivoire, en s'appuyant sur les valeurs universelles, valeurs fondatrices de l'Etat ivoirien, valeurs liées aux notions de République et de Démocratie; il s'agit de valeurs tout à fait basiques, aujourd'hui galvaudées, bafouées. Ce sont:
- la Souveraineté Nationale,
- la Légalité Constitutionnelle, qui implique le respect de la Loi fondamentale et la conquête du pouvoir par les urnes,
- l'Unité Nationale sur la base de la cohésion sociale, qui rejette les considérations fragmentaires (telles l'ethnie, la région, la religion),
- la Résistance Patriotique face à l'occupant et ses collaborateurs; telle qu'elle s'est glorifiée dans l'histoire de la France et dont le concept, partout dans le monde, est si respectueusement perçu,
- la Paix, considérée non pas comme une fin en soi (concept oiseux, quand il n'est que cela), mais, comme un objectif majeur par lequel les intérêts économiques, sociaux et culturels du Peuple peuvent- être garantis et développés,
- la concertation populaire, application normale et obligatoire du principe de Démocratie.
Ces hommes et ces femmes, ne sont pas des transfuges, mais, sous le prétexte d'être des étrangers, ils ne peuvent s'enfermer dans le mutisme et le devoir de réserve. On ne vit pas dans une famille sans le mériter et sans le devoir de la protéger et de la faire respecter. Vision-Vérité-Côte d'Ivoire, s'est donné la mission, depuis le début de la guerre, d'alerter l'opinion, tant au plan international que national, sur toutes les entorses aux valeurs ci-dessus et sur toutes les ignominies dont l'Etat et le Peuple ivoiriens sont victimes.
Monsieur le Président,
- Quelle analyse faisons-nous de la crise?
I - la crise ivoirienne n'est pas une crise ethnique, au sens de crise du monde noir englué dans des atavismes insurmontables qui le rendent réfractaire aux grandes valeurs républicaines et démocratiques, valeurs qui n'auraient d'autres origines et d'autres socles que ceux du monde occidental. Nous récusons cette thèse, dénoncée sous le vocable de l'afro-pessimisme, assortie de loufoqueries racistes et obscurantistes, tant africaines qu'occidentales, qui tentent d’occulter les vraies raisons des retards, des guerres et coups d'états en Afrique.
II - la crise ivoirienne est une crise artificielle et non pas une crise ivoiro-ivoirienne.
La thèse de « crise ivoiro-ivoirienne » consiste à prétendre qu'en Côte d'Ivoire, le point de rupture est né du déséquilibre des rapports sociaux lié à la configuration ethnique et religieuse. L'équilibre des rapports sociaux n'est jamais parfaitement atteint dans aucune société humaine, la France en est un exemple.
En Côte d'Ivoire, est apparue, surtout, la conscience grandissante de la volonté de rupture avec le système politique en place depuis les indépendances. Alors, pour dévier le processus du changement, un front commun constitué de forces de l'intérieur et de l'extérieur, a provoqué la rupture de l'équilibre social, décidé à garder le pouvoir sans l'onction du Peuple et à continuer de s'approprier, sans réserve, les richesses du pays. C'est, donc, bel et bien, un processus artificiel qui n'a, jusqu'à présent, aucun rapport avec les mécanismes d'une guerre civile.
Cependant, il est à craindre que ce front commun ne la fomente.
III - la crise ivoirienne bien que géographiquement circonscrite pour l'instant sur le continent est une crise de croissance de l'humanité dont la nouvelle configuration passe inéluctablement par les turbulences de la transformation dialectique du monde. En effet, aujourd'hui, se dessinent à l'horizon une «Autre» mondialisation et un autre schéma du rapport international avec l'émergence de nouvelles grandes puissances. Malheureusement, la France officielle reste arrimée aux anachronismes de sa vieille politique sur l'espace de son pré carré ouest-africain et, juge et partie en Côte d'Ivoire, elle s'emploie à préserver ces amarres là ; amarres totalement obsolètes.
IV - Il n'est pas question de dire qu'en Côte d'Ivoire les conflits sont nés avec la II° République et Laurent Gbagbo.
Laurent Gbagbo est présenté comme l'obstacle majeur à la Paix. Or, au-delà de Laurent Gbagbo, on ne peut oublier que la guerre qui est faite en/à la Côte d'Ivoire est une guerre du Vieux Monde au Nouveau Monde et que cette guerre ne peut prendre fin avec le départ de Laurent Gbagbo. La mise hors jeu de Laurent Gbagbo ne résoudra rien et ne permettra pas l'avènement de la Vraie Paix. C'est un leurre de le croire, mais les tenants de la guerre ne font pas l'économie de cette duperie car ils y puisent des avantages immédiats (cf. l'industrie de l'armement, les pillages à grande échelle ...)
Monsieur le Président,
- Quel est notre « vécu» de la guerre?
En raison de tout ce qui précède nous avons connu, nous vivons, aujourd'hui encore, les affres de cette guerre dans toutes ses dimensions multiformes et souterraines, telles que vécues par l'ensemble de la population et parfois, aussi, de façon spécifique :
La guerre des armes conventionnelles,
Le vil obscurantisme des médias, qui jouent effrontément sur la confusion des genres pour priver les populations de leurs repères, de leur intelligence,
La guerre anonyme, contre des personnes ciblées, pour accélérer, par la terreur et la psychose qu'elle provoque, le processus de discrédit du Pouvoir en place, le processus de déconstruction de l'Etat,
La guerre économique qui provoque l'appauvrissement général et l'indigence des populations pour affaiblir leur résistance; la guerre économique qui enrichit une poignée d'hommes et entraîne une hécatombe de licenciements,
Les risques auxquels nous expose la politique française énergiquement contestée, car certains, dans la plus grande confusion et en faisant des calculs antipatriotiques, peuvent exploiter contre nous le mécontentement populaire. Nous estimons que c'est ce qui s'est produit en novembre 2004.
La guerre chimique faite pour terrifier les populations et les pousser, encore, à abandonner le combat patriotique qui devient irréaliste et utopique.
Dans ce contexte, la souffrance des ivoiriens est indicible. Les souffrances de la communauté française, en moins grand nombre, certes, n'en sont pas moins des souffrances humaines : physiques, morales et matérielles. Citons :
- la souffrance des déplacés de guerre, dont certains n'ont pu survivre à leurs nouvelles conditions,
- la souffrance liée à la dislocation des familles:
1 ° parce que certains fonctionnaires du cadre français ont été contraints au' rapatriement imposé par la France,
2° parce que la délocalisation des entreprises a obligé certaines personnes à s'installer ailleurs,
3° parce que s'est posé le problème du cursus scolaire des enfants français, ivoiriens et autres, dû à la fermeture des écoles françaises 'et au refus de leur réouverture par les autorités françaises, au motif péremptoire qu'elles ont été saccagées par les patriotes,
- la souffrance liée au fait que la politique française puisse être une politique de règlement de comptes. En effet, il est à noter la bonne volonté, des parents d'élèves, des enseignants et opérateurs économiques, de rouvrir les écoles saccagées. Et du moment que l'Etat ivoirien, lui-même, a alloué un budget important pour leur réfection, il ressort du refus de la France de les rouvrir, un esprit de sanction qui porte, par exemple, à considérer que la France officielle est juge et partie dans cette guerre.
Monsieur le Président,
- comment apprécions-nous la Résolution 1721 ? Peut-elle permettre une véritable sortie de crise?
Vision-Vérité-Côte d'Ivoire ne pouvait passer à l'examen de la Résolution 1721 en écartant:
- 11 le contexte ci-dessus décrit, véritable soubassement de la crise et des décisions internationales, de l'ONU et de la France
- 2/ le vécu qui est le nôtre, comme il l’est pour tous les ivoiriens, avec des variantes, certes.
Pour Vision-Vérité-Côte d’Ivoire, la 1721 est une résolution de plus dont les multiples contradictions nous maintiennent dans l’impasse.
Néanmoins, nous en ferons une lecture positive dans la mesure où la primauté de la Constitution est respectée.
Dans le contexte de la course au pouvoir qui fait rage actuellement en France, le Président Chirac, avec son habituelle rigueur à toute épreuve (sic), déclarait, lors de la pose de la première pierre du Mémorial Charles de Gaulle à Colombey-les-deux-Bglises, le 9 novembre dernier, (les précisions nous sont nécessaires !) : « A ceux qui, aujourd'hui, par ignorance ou par calculs, voudraient ébranler la Constitution, je dis: «Mesurez toute l'irresponsabilité qu'il y aurait à brader ce qu'il y a de plus solide dans nos institutions: la Constitution. ». Bien! Notre surprise n'a d'égale que notre satisfaction d'avoir la confirmation d'un principe qui sera si utile à la résolution de la crise en Côte d'Ivoire.
Monsieur le Président,
- quelles sont, à nos yeux, les solutions de sortie de crise?
1°/ nous ne sommes pas des politiciens et il nous apparaît présomptueux de dire au Président de la République ce qu'il doit faire parce que, bien entendu, vous disposez de données beaucoup plus complètes et fiables que les nôtres.
2°/ l'analyse qui précède' nous semble plus opportune et utile, non pas qu'elle soit révélatrice, en Côte d'Ivoire, de la signification de la crise et de la guerre, mais, parce qu'en participant au débat, elle peut vous permettre de mesurer la dimension de l'engagement citoyen démocratiquement nécessaire pour l'adoption de décisions conséquentes.
3 °/ nous nous permettrons, cependant, de vous encourager :
A - à rester dans la logique constitutionnelle car la première année de transition placée sous le signe du « tandem» avec le Premier Ministre, étape très utile pour notre prise de conscience, n'a pas permis de réaliser le Désarmement /la Réunification1 le Redéploiement de l'administration et l'organisation de nouvelles Elections. Au contraire, nous avons connu entre autre:
- les tentatives de dissolution de l'Assemblée Nationale,
- l'attaque meurtrière à l'Université de Cocody, rappelant étrangement
L’intervention armée les 17-18 Mai 1992 au cours de laquelle les étudiants ont été atrocement réprimés,
- le déversement de déchets toxiques aux conséquences terribles.
B- à œuvrer en vue d'obtenir les conditions d'un nouveau partenariat avec la France et ses multinationales pour des accords nécessairement, obligatoirement (ne craignons pas le pléonasme) équitables, sinon acceptables.
C- à reconsidérer la présence sur le sol ivoirien de la force Licorne vu son rôle très contesté au sein des populations, surtout les plus concernées.
Monsieur le Président,
Pour terminer, nous voulons vous dire notre souffrance à voir se déchirer l'histoire de nos deux pays. Sortis de la relation coloniale les rapports de nos deux Peuples auraient dû évoluer positivement vers la vraie fraternité.
Entre les milieux de la Pensée, qui ont, de tout temps construit le capital culturel par lequel la France rayonne universellement et les milieux de la Finance qui ont construit le capital matériel, surtout à leur grand profit, le hiatus est sans équivoque. Nous en souffrons. Les premiers, à l'unanimité ont depuis longtemps dénoncé l'histoire coloniale et les artifices des décolonisations accordées. Les politiciens quelque fois, s'en servent tardivement, (très et trop tardivement) et même s'en font valoir (par exemple le Pardon de Jacques Chirac à la République algérienne). Les deuxièmes, ceux de la Finance perpétuent la tradition coloniale sous de nouvelles versions, et les politiciens, en temps réel, (tragiquement réel) restent dépendants (sinon les hommes de main) de ces systèmes de profits et d'exploitation. C'est là une contradiction qui nous torture aujourd'hui et ici, d'autant plus que, à l'échelle de l'Histoire de notre Humanité, cela sera préjudiciable à la France dont la majorité d'entre nous sont les fils et les filles qui lui restent profondément attachés. Cela d'autant plus, aussi, que leurs parents, là-bas, font les frais de cette politique excessivement coûteuse pour les contribuables déjà très éprouvés par la crise économique qui sévit en France.
Nous avons observé que, malgré les partis pris des Autorités françaises d'aujourd'hui contre la Côte d'Ivoire, vous n'avez adopté aucune démesure. Nous savons que cela n'est pas un signe de faiblesse mais la projection, éclairée par les grands mouvements de l'Histoire, d'un politique qui assume la mission de préserver la fraternité planétaire sans accepter d'entraver la prospérité de son pays.
Monsieur le Président, la Côte d'Ivoire mérite d'être un pays phare. Les avanies qu'elle subit, les dénigrements dont on la souille ne peuvent cacher ses richesses du sol, du sous-sol et celle des hommes; des hommes avec des compétences dans tous les corps de métiers, qui font sa grandeur; des penseurs, des créateurs, des artistes talentueux qui font son orgueil.
Faites, Monsieur le Président, que les chances de sortie de crise que nous donne le respect de la Constitution en augmentent le foisonnement.
Merci, de nous avoir entendu.
Que vive la solidarité des Peuples.
Vision-Vérité-Côte d'Ivoire
Source : Presidence.ci
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Umoja Ni Nguvu !!!
Les Panafricanistes doivent s'unir, ou périr...
comme Um Nyobè,
comme Patrice Lumumba,
comme Walter Rodney,
comme Amilcar Cabral,
comme Thomas Sankara,
Et tant de leurs valeureux Ancêtres, souvent trop seuls au front... |
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