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KIGALI (Reuters) - Deux Rwandaises de l'ethnie tutsie venues se mettre sous la protection de l'armée française pendant le génocide de 1994 ont accusé mercredi des militaires français de l'opération "Turquoise" de les avoir violées sous les yeux de leurs compagnons d'armes impassibles.

Les autorités françaises nient pour leur part toute implication du contingent "Turquoise", envoyé avec un mandat de l'Onu vers la fin du génocide, dans des exactions au Pays des mille collines.

Les deux femmes, désignées pour des raisons de sécurité sous le nom de "Témoin 2" et "Témoin 3", ont raconté leurs mésaventures devant la commission mise en place par le gouvernement de Kigali pour examiner le rôle joué par la France:

"Les Français avaient pour habitude de venir chercher dans les tentes abritant des réfugiés des jeunes filles, dont moi-même, pour leur donner de la bière et des cigarettes", a raconté la témoin n°3. "Une fois saoûles, ils avaient des rapports forcés avec nous, un grand nombre de soldats français, dont certains prenaient des photos de nous".

La témoin n°2 a raconté s'être réfugiée dans un camp français alors qu'elle était à la recherche de ses enfants disparus. Elle a affirmé avoir été violée par un Rwandais sous les yeux d'un militaire français.

Ces dépositions sont les premiers émanant de témoins directs appelés à la barre de la commission rwandaise.

Mercredi, le porte-parole du Quai d'Orsay, Jean-Baptiste Mattéi, a répété que la France ne souhaitait pas commenter les travaux de la commission mise en place par Kigali.

La veille, un premier témoin avait déjà affirmé que des soldats français de l'opération "Turquoise" avaient violé des femmes qui fuyaient des bandes de miliciens durant le génocide anti-tutsi du printemps de 1994, qui a fait environ 800.000 morts dans la minorité tutsie et des chez des Hutus modérés.

Le président rwandais Paul Kagamé a rompu ses relations diplomatiques avec Paris en novembre après sa mise en cause par le juge antiterroriste français Jean-Louis Bruguière dans l'attentat contre son prédécesseur Juvénal Habyarimana en 1994 - attentat considéré comme le facteur qui déclencha le génocide.

http://fr.news.yahoo.com/13122006/290/deux-tutsies-accusent-l-armee-francaise-de-viols-au-rwanda.html