Posté le: Lun 06 Nov 2006 23:00 Sujet du message: AFRICA PARADIS : projections en Belgique et France !
En avant première et en présence du réalisateur le film sera projeté:
En BELGIQUE à BRUXELLES, le 16 novembre au KINEPOLIS à 20h00
dans le cadre de la première semaine de développement EUROPE / AFRIQUE
en présence du commissaire Européen Monsieur Louis MICHEL et de chefs d'Etat Africains. Réservation guido.huysmans@skynet.be
A AMIENS le samedi 18 novembre à 22h00 à la Maison de la Culture salle ORSON WELLES
dans le cadre du festival International du Film d'AMIENS où il sera en clôture.
Réservation au 03 22 71 35 70.
Seconde interview de Sylvestre Amoussou pour son film Africa Paradis qui sort enfin le 28 février 2007 en france . _________________ http://nubiennes.skyblog.com
Tout d'abord, le scénario, ou comment partir d'une idée a priori très interessante pour arriver à un résultat lamentable.
Si vous êtes un réalisateur de série Z en herbe et que vous ne savez pas comment accomplir votre destin, ne cherchez plus, Sylvestre Amoussou, vous donne clés en main la recette pour réaliser une daube.
- Les postulats de base: il faut qu'ils soient le plus légers possible. Ne vous posez pas trop de questions. Par exemple, situez votre action dans un futur proche (2033 en l'occurence) , posez comme postulat que l'Afrique Unie est le plus développé des continents/pays, que l'Europe est en déclin "parce qu'elle n'a pas pu réaliser l'union", que l'Afrique repousse les immigrants européens venus chercher une place au soleil, qu'un courant xénophobe se développe en Afrique, mais surtout, n'allez pas plus loin! N'essayez pas par exemple d'apporter un semblant de cohérence historique dans vos postulats de base: par exemple les "anti-européens" africains diront qu'ils n'aiment pas les Blancs parce qu'ils sont paresseux et passent leur temps à s'amuser. Ne placez pas cette histoire qui se déroule en 2033 (après-demain!) dans la continuité de ce qu'il se passe aujourd'hui. A quoi bon par exemple faire de ces ultra-nationalistes les petits frères de ceux qui dénoncent aujourd'hui avec violence l'exploitation de l'Europe par l'Afrique? Non, c'est bien plus rigolo de faire dans le racisme primaire, et de faire dire à ses personnages que les Européens qui sortent de plusieurs siècles de domination sur le monde, qu'ils sont tous paresseux! On est dans un nanar, n'oublions pas!
- Le scénario: attention! la carrière d'un réalisateur de série Z est souvent très courte: rien ne vous garantit que les producteurs assez largués pour vous octroyer des fonds pour ce film auront envie de vous suivre pour d'autres aventures nanaresques. Hélas! après la sortie de votre film, vos chances de convaincre d'autres producteurs sont encore plus minces qu'à l'époque où personne ne savait que vous étiez réalisateur de daubes. En clair, il s'agit là sûrement de votre dernier film. En conséquence, mettez dans votre scénario absolument toutes les idées que vous dictera votre solide culture cinématographique: film d'action, romance à la Santa Barbara, JamesBonderie, comédie, comédie dramatique, film érotique, pourquoi choisir? On ne vit qu'une fois! N'hésitez devant rien, inspirez-vous des chefs d'oeuvre que vous avez eu l'occasion de voir: scène de karaté, méchants commandant une mission à un agent contre une enveloppe contenue dans une grosse malette, puis une seconde mission plus dangereuse impliquant forcément une plus grosse enveloppe contenue dans une plus grosse malette, déclaration d'amour sur la plage au soleil couchant, balancez toute la sauce, des flics sauvages qui tirent à balles réelles sur un clandestin échappé de la zone de rétention en plein quartier résidentiel, plus c'est gros, mieux ça passe! Et surtout n'hésitez pas à grossir le trait et à présenter les choses de manière dichotomique. Les gentils d'un côté, les méchants de l'autre. Mention spéciale à la soeur du personnage prinicpal, raciste notoire qui va quand même franchir la barrière et découvrir que les Blancs sont des hommes comme les autres.
- La direction d'acteur: quelle direction d'acteur? Déjà desservi par un scénario tiré par les cheveux, vos acteurs seront d'autant plus mauvais si vous ne leur donnez aucune indication sur la manière dont ils doivent jouer, ou mieux, si vous leur donnez des indications complètement à côté de la plaque. Vous arriverez comme M. Amoussou à un résultat des plus joyeux: un père au bord de l'extase parce que son fils rentre simplement du boulot, des gamins mauvais à la base qui récitent leur texte, un méchant qui ponctue toutes ses phrases d'un méchant regard de méchant, bref, tout le monde ou presque sera guindé, mal à l'aise, caricatural... et mauvais. Même Eriq Ebouaney qui avait pourtant assumé le rôle d'un Lumumba assez convaincant.
- Les décors, accessoires, et autres costumes: who cares? Qui dit nanar dit film à petit budget. Si vous avez en plus la chance d'être africain, les spectateurs s'attendront d'autant moins à ce que vous fassiez preuve de débrouille pour présenter des décors, accessoires et costumes cohérents avec l'histoire. Celui qui joue le méchant chargé d'enlever une fillette en plein jour a envie de porter un gilet en velours hyper-voyant, et de continuer le reste du film avec? Laissez-le faire. Vous n'avez pas d'argent. Ceux qui vous reprocheront ce détail seront des pinailleurs. Vous situez votre action en 2033 mais tous les ordinateurs apparaissant dans le film sont des modèles que personne n'a vu depuis 1988? Pas grave, ce qui est important, c'est la force du récit, ceux qui disent le contraire sont des pinailleurs.
Pas une seule seconde on ne croit à cette histoire, on oscille tout au long du film entre la pitié face à tant de naïveté et la colère face à cette heure et demi gachée.
Deux petites consolations, tout de même: premièrement Emil ABOSSOLO M'BO arrive à tirer son épingle du jeu, ce qui relève du miracle. Et puis, les distributeurs classique ayant refusé d'ajouter le film à leur catalogue (oubliez les "vérités qui dérangent", ils n'ont pas voulu du film parce qu'il est naze. Point.) le film passe dans si peu de salles tellement confidentielles que seuls les plus motivés réussiront à le voir.
Ce film est peut-être un navet mais il ne dénote pas de tous ces navets qui sortent tous les mercredis. Puisse que nous sommes sur grioo, je tiens à vous dire que je continuerai à aller voir les films réalisés par des afros fussent-ils des navets, d'abord pour moi c'est un acte militant (jusqu'à ce que j'ai l'impression que les afros produisent au moins autant d'images et donc de navets que tous les autres)
Nous pouvons aujourd'hui faire la fine bouche en littérature parce que les productions afros ont atteint une certaine dimension quantitative et qualitative. C'est loin d'être le cas en matière cinématographique.
Vous avez le droit de ne pas aimer Africa Paradis (je ne l'ai pas non plus aimé), mais ne caricaturez pas. Ebouaney par exemple est égal à lui-même càd bon. Je n'ai pas non plus envie de défendre ce film, mais je pense qu'il devrait être vue par tous les frangins et frangines sans s'attendre à découvrir la révolution cinématographique du siècle . _________________ Il dit
le griot à la langue pendante
" vous irez plus loin encore
dans la forêt blanche
des bétons entassés
et vous pleurerez
dans les quartiers boueux
d'une ville sans refuge "
Il dit aussi
le griot nouveau
" regardez !
il est des hommes
que les révoltes étreignent ".
Posté le: Mar 06 Mar 2007 23:37 Sujet du message: Libre à vous
Eriq Ebouaney est mauvais dans ce film, je le maintiens, la scène dans le bar où il expose son plan d'enlèvement est à se tordre de rire, on n'y croit pas une seule seconde.
Libre à vous de soutenir un mauvais film afro parce que c'est un film afro. Je ne suis pas dans cette optique.
Je ne suis pas de ceux qui se disent "pas mal pour un Africain" et je m'estime en droit d'attendre un minimum, surtout pour un film traitant d'un sujet aussi délicat.
Votre position c'est quoi? "Oui cest un navet mais il ne faut pas le dire, vu que c'est réalisé par un frère?"
Je n'ai pas envie de voir ce film, ne serait-ce que parce que l'histoire que le réalisateur s'est proposé de raconter ne m'intéresse pas : un racisme anti-blanc des Nègres en 2033 peut avoir d'autres motivations et modalités qu'un mimétisme stupide du racisme anti-noir des Blancs que nous connaissons actuellement. C'est d'une paresse intellectuelle, avant même que d'être un échec cinématographique...
Une autre raison que j'ai de voir le moins possible les films faits par des Africains, a fortiori lorsque je les suspecte d'être mauvais, c'est que je récuse le choix de courir vainement après un embryon d'industrie cinématographique africaine : avec des moyens toujours aussi rudimentaires.
Je suis persuadé que l'industrie du cinéma est un business obsolète : en Occident, ce sont de plus en plus les produits dérivés de cette industrie qui la maintiennent hors de la faillite ; sans oublier des subventions publiques considérables pour le cas de la France.
Au lieu de courir après un business moribond, si consommateur de ressources financières tellement rares en Afrique, il aurait été stratégiquement plus efficace de s'investir dans le multimédia, notamment dans la télévision : pas besoin de réseau de salles inexistant en Afrique, pas besoin de budgets colossaux pour produire des documentaires et téléfilms éducatifs ou divertissants, pas besoin de grand chose pour organiser des concours télévisés d'expressions artistiques (théâtre, danse, musique, art plastique, etc.), concours littéraires, jeux de culture générale afrocentrée, feuilleton inspirés de l'histoire africaine, etc.
La maigre expérience technique acquise par quelques professionnels africains du cinéma pourrait aider à booster la production multimédiatique, particulièrement audiovisuelle, plutôt que d'être gaspillée dans des "navets" désormais pléthoriques, que personne ne regarde ; faute de réseau de distribution en Afrique...
Le cinéma africain qui n'a jamais pu naître peut donc mourir, le plus vite possible : ça ne m'arrache pas une seule larme de crocodile... _________________ http://www.afrocentricite.com/ Umoja Ni Nguvu !!!
Les Panafricanistes doivent s'unir, ou périr...
comme Um Nyobè,
comme Patrice Lumumba,
comme Walter Rodney,
comme Amilcar Cabral,
comme Thomas Sankara,
Et tant de leurs valeureux Ancêtres, souvent trop seuls au front...
Heu, Zheim : je crains de m'être fait mal comprendre de toi. Alors, je la refais.
Pour moi l'industrie du cinéma est dépassée. Même avec des moyens colossaux, type holiwoodien, l'Afrique aurait beaucoup de mal à faire fructifier une telle industrie, à cause de con obsolescence. Désormais, c'est le multimédia. avec un avantage non négligeable qu'on peut y réussir sans grand moyens techniques et financiers, mais avec "seulement" beaucoup de créativité artistique.
Donc, comme nous autres africains sommes de toutes façons largués en matière de cinéma, il vaudrait mieux concentrer nos petits moyens à explorer les nouvelles pistes multimédiatiques, les seules ayant un véritable avenir en Afrique. Pour une fois, ce serait bien de faire des choix stratégiques perspicaces, plutôt que de perdre tant de temps à courir après des trains déjà partis... et en l'occurrence déjà arrivés
Les Panafricanistes doivent s'unir, ou périr...
comme Um Nyobè,
comme Patrice Lumumba,
comme Walter Rodney,
comme Amilcar Cabral,
comme Thomas Sankara,
Et tant de leurs valeureux Ancêtres, souvent trop seuls au front...
Pour moi l'industrie du cinéma est dépassée. Même avec des moyens colossaux, type holiwoodien, l'Afrique aurait beaucoup de mal à faire fructifier une telle industrie, à cause de con obsolescence. Désormais, c'est le multimédia. avec un avantage non négligeable qu'on peut y réussir sans grand moyens techniques et financiers, mais avec "seulement" beaucoup de créativité artistique.
Salut Ogo ,
L'industrie du cinéma comme elle est structurée maintenant est peut-être devenue obsolète comme tu dis , mais elle-même comme Art ne l'est pas vraiment ( enfin je ne sais pas si je t'ai bien saisi ) , je crois que cette industrie perdurera , sauf qu'elle changera dans sa conception , nous n'aurons surement plus de salles de cinéma comme maintenant , mais nous aurons surement d'autres moyens de visionner les films .
La règle première , je suppose , c'est de diminuer les coûts par tous les moyens possible !
Je crois que si nous ( africains ) voulons être tendance ( comme on dit ) et ne pas être encore une fois dévancés , c'est effectivement en améliorant notre réseau multimediathèque comme tu dis et aussi electronique , l'un ne va pas sans l'autre de toutes les manières !
Parrallèlement à l'industrie de la musique qui se débarassent petit à petit des immenses structures surtout de distributions ( les grands espaces commerciaux , le personnel , et les coûts qui sont affiliés à tout ceci ... ) , l'industrie du Cinéma va lentement mais surement vers cette même option. Elle va se débarasser des salles de cinéma pour investir dans l'électronique , nous commanderons nos films par 2 ou 3 clics de cellulaire ou d'ordinateur , comme nous le faisons maintenant avec les chansons .Nous n'y sommes pas encore dans le domaine du cinéma , parcequ'il existe encore trop de failles dans les conceptions et les configurations electroniques , l'Internet n'est pas encore un lieu sûr !
De nos jours on peut se payer un cd par le net , plus besoin d'aller dans un megastore pour l'acheter , ces mega-magazins tentent à disparaître pour donner place à du-tout-electronique , ainsi ira le 7 ème Art ( enfin , je suppose ! ) .
Citation:
il vaudrait mieux concentrer nos petits moyens à explorer les nouvelles pistes multimédiatiques, les seules ayant un véritable avenir en Afrique. Pour une fois, ce serait bien de faire des choix stratégiques perspicaces, plutôt que de perdre tant de temps à courir après des trains déjà partis... et en l'occurrence déjà arrivés
Je te suis à 100% ! _________________ "Always be intolerant to ignorance but understanding of illiteracy (..)in those homely sayings (mother wit) was couched the collective wisdom of generations" I know why the caged bird sings, p99, Maya Angelou
Pour apporter ma contribution.
Quand j'ai vu le film je me suis dit qu'il avait le niveau d'un téléfilm comme on en voit souvent à la télévision française.
Doit-on pourtant jeter la pierre? Je pense qu'on peut dire sur un forum comme ici "peut mieux faire" (même si le film a reçu un prix au FESPACO), mais je pense également qu'il faut néanmoins soutenir le cinéma "afro", d'une en allant voir le film, et si possible en allant le voir au cinéma "Images d'Ailleurs" qui passe toutes les semaines des films que personne ne veut plus passer.
Enfin n'oublions pas (voir l'interview sur grioo) que c'est un film à budget relativement petit, qu'il y a eu de grosses difficultés avec la production.
Inscrit le: 01 Mar 2007 Messages: 13 Localisation: region parisienne
Posté le: Jeu 08 Mar 2007 11:36 Sujet du message: Je n'ai pas aimé
Je suis allée voir le film hier....
En effet, parce que l'idée est bonne, mais le film en lui-même....pas terrible, trop de lacunes, pas assez de subtilité.
C'était le moment de dénoncer la bêtise et la cruauté de l'homme blanc, certes mais sans pour autant prendre sa place.
Effectivement il s'agit d'un film à petit budget, mais on peut arriver à un super resultat avec peu de moyens, là franchement en matière de décor, d'environnement, et surtout de scenario c'était pas très crédible...
J'ai trouvé que le monde de nos jours à 2033 a mal tourné trop rapidement, trop facilement, trop grossierement, pas credible.
En début de film...quand j'ai vu l'assemblee des nations unies d'Afrique...on aurait dit le rassemblement d'une association de quartier en banlieue parisienne....pas credible...
Les costumes....pourquoi reprendre les costumes "cravates, costumes" signes de réussite sociale ou exterieurs de richesse occidentale, alors que nous avons des tuniques ou tenues absolument somptueuses en Afrique ??? pourquoi reprendre les mêmes normes ?
Les coiffures....Un détail, mais quand même !franchement on aurait pour une fois pu se passer des tissages ratés de chateau rouge !!!! et au mieux, mettre en avant les belles coiffes africaines.
Les dialogues....les dialogues, trop minimalistes, trop simplets...pas credibles
Le plus bizarre pour moi : deux blancs qui veulent se rendre en Afrique afin d'avoir une vie meilleure pour échapper a la misere ....institutrices et ingénieur informatiques...on leur propose éboueur et femme de ménage...ils refusent.....vous croyez que dans la réalité les vrais immigrés refuseraient ??? combien de médecins ou d'avocats finissent infirmiers, voire aide soignants, éboueurs, ou autre.... ???
Vraiment dommage l'idée était vraiment très interressante.
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