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Extrait d'un article de Yahoo.fr, le 20/02/2005


La presse européenne éclipse ou ignore l'Ours d'or de la 55e Berlinale

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BERLIN (AFP) - L'Ours d'or de la Berlinale remporté à la surprise générale par le film sud-africain "U-Carmen eKhayelitsha", une transposition explosive dans un township du célèbre drame lyrique de Bizet "Carmen" était éclipsé ou même totalement ignoré dimanche par la presse européenne.

Les journaux allemands faisaient leur Une sur les deux Ours d'argent remportés, également samedi, par le film allemand "Sophie Scholl - Les derniers jours" : Marc Rothemund a été sacré meilleur réalisateur et Julia Jentsch meilleure actrice.

L'édition dominicale du très sérieux Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) publiait ainsi en Une la photo de la jeune actrice brandissant son Ours d'argent en titrant : "Deux Ours pour Sophie Scholl". Même photo en Une du Tagesspiegel qui affirmait : "Jch est la meilleure".

La comédienne interprète dans ce film la diriulia Jentsgeante du mouvement étudiant munichois "La rose blanche", qui s'était opposé au nazisme.

L'Ours d'or remporté par le film du réalisateur britannique Mark Dornford-May n'était en revanche mentionné qu'en passant, bien qu'il réussisse avec bonheur à adapter au contexte sud-africain les amours de Carmen et de Don José, l'un des opéras les plus populaires du monde. A la cérémonie de clôture, le réalisateur a tenu "avant tout à remercier les habitants de Khayelitsha (le township près du Cap où ont été prises les images), qui nous ont aidés à tourner ce film extraordinaire".

Pour sa part, le quotidien italien "La Repubblica" publiait sur son site internet un article intitulé: "La Carmen sud-africaine remporte l'Ours d'or", mais choisissait une photo de Julia Jentsch pour l'illustrer.

Les journaux français parus dimanche, que ce soit Le Parisien ou Le journal du dimanche, faisaient encore plus fort puisqu'ils n'écrivaient pas une ligne sur le palmarès de la Berlinale.

Il est vrai que la France, pays le mieux représenté en compétition avec cinq films en lice, est repartie quasi-bredouille.

Alors qu'on parlait d'un prix d'interprétation pour Michel Bouquet ("Le promeneur du Champ de Mars") ou Romain Duris ("De battre mon coeur s'est arrêté"), le camp français a dû se contenter de l'Ours d'argent de la meilleure musique de film, décerné à Alexandre Desplat pour son travail dans "De battre mon coeur s'est arrêté" de Jacques Audiard.

Alexandre Desplat, âgé de 43 ans, a composé pour de nombreux téléfilms et films dont "Sur mes lèvres" (2002), également de Jacques Audiard et "La jeune fille à la perle" (2004) de Peter Webber.

Les sites internet des journaux britanniques "The Guardian" et "The Independent" ne faisaient dimanche eux non plus aucune mention de la Berlinale.

Les festivals de cinéma internationaux sont destinés à mettre en lumière les nouvelles tendances du cinéma et les performances hors du commun, mais il semble parfois à la lecture de la presse que le nationalisme prévale dans la couverture de ces événements, réduite à la mise en valeur des triomphes nationaux.

Et pourtant transposer dans un township sud-africain un opéra français - un choix qui aurait dû flatter l'ego hexagonal - n'allait pas de soi, traduire le livret en langue xhosa encore moins.

Le choix audacieux du jury présidé par le réalisateur allemand Roland Emmerich est donc pour l'instant quelque peu tombé à plat. Toutefois, cela "tombait sous le sens", a déclaré le cinéaste auteur de nombreux succès à Hollywood ("Independence Day", "Universal soldier").

C'est maintenant le public qui tranchera en allant ou pas voir le film, à condition que le film soit distribué de façon assez large.